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HERI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 10 février 2000

• 1208

[Traduction]

Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)): Je déclare ouverte la séance du Comité permanent du patrimoine canadien,

[Français]

qui se réunit aujourd'hui avec des représentants du conseil d'administration du Centre national des Arts.

[Traduction]

C'est avec grand plaisir que nous accueillons ici aujourd'hui des représentants et des membres du conseil d'administration de la Société du Centre national des Arts. Le CNA a déjà témoigné deux fois devant nous auparavant, la première il y a environ un an et la seconde, six mois plus tard, pour nous présenter un rapport d'étape.

Nous avons le plaisir de recevoir M. David Leighton, président du conseil d'administration; M. Peter Herrndorf, qui est le nouveau directeur général et chef de la direction;

[Français]

M. Bernard Geneste, qui est le secrétaire de la société;

[Traduction]

et Mme Kelly Ann Beaton, la directrice des communications.

Nous regrettons d'avoir dû retarder le début de la réunion, nous n'avons pas pu faire autrement, ayant été appelés deux fois à voter à la Chambre. Nous espérons pouvoir tirer le meilleur parti possible de l'heure qui nous reste.

Avant de vous laisser la parole, monsieur Leighton, je tiens à vous dire combien nous sommes heureux des excellentes nouvelles que nous avons reçues à propos du CNA, particulièrement après les débuts difficiles que vous et vos collègues avez connus. Ce sont d'excellentes nouvelles.

• 1210

Vous avez maintenant la parole, monsieur Leighton.

[Français]

M. David S.R. Leighton (président du conseil d'administration, Centre national des Arts): Merci, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs.

[Traduction]

Lorsque j'ai comparu devant votre comité le 10 juin dernier, je venais tout juste d'être nommé président du conseil d'administration du Centre national des Arts. Elaine Calder, qui était alors la directrice et présidente intérimaire, vous avait présenté notre rapport au nom du CNA. Mme Calder avait déjà annoncé son intention de quitter le CNA à la fin du mois et le rapport qu'elle vous a présenté était un résumé de ses huit mois en fonction. À l'époque, nous étions—le conseil d'administration, le comité de sélection et moi-même—activement engagés dans la recherche d'un nouveau directeur général et chef de la direction.

Depuis, il y a eu énormément de changements.

Le comité permanent avait adressé de nombreuses critiques à nos prédécesseurs, en particulier en raison de l'absence de planification et de lacunes évidentes dans la gestion et le contrôle des finances. Dans son rapport, Mme Calder s'était penchée sur ces questions et avait souligné que des mesures avaient été prises pour y remédier depuis qu'elle était entrée en fonction, au mois d'octobre précédent. Elle avait présenté, je crois, un compte rendu très impressionnant que la suite des événements n'a fait que confirmer. Les contrôles financiers sont en place et donnent de bons résultats. Le Bureau du vérificateur général a approuvé les mesures prises et la présentation des résultats dans notre récent rapport annuel concernant l'exercice 1998-99, dont nous vous avons remis quelques exemplaires.

Permettez-moi de souligner le travail extrêmement professionnel qu'a effectué Mme Calder au cours de son bref mandat de directrice intérimaire. C'est elle qui s'est chargée de la «basse besogne» qui a permis d'assainir la situation du Centre et c'est à elle que l'on doit une grande partie des améliorations qui se sont manifestées par la suite, en particulier sur le plan de la qualité de notre gestion financière et de nos méthodes de compte rendu.

J'aimerais également remercier la population de la région de la capitale nationale de nous avoir appuyés au cours de cette période de bouleversements au sein de l'administration.

Le conseil d'administration a mené avec rigueur le processus destiné à trouver un successeur à Mme Calder et a été en mesure d'annoncer au mois d'août que M. Peter Herrndorf avait accepté le poste de directeur général et chef de la direction à compter du 1er septembre 1999. M. Herrndorf a d'impressionnants états de service dans le domaine des arts, de l'édition et de la radio et télédiffusion. Titulaire d'une maîtrise de la Harvard Business School, M. Herrndorf a occupé des postes de cadre supérieur à la SRC, d'éditeur du magazine Toronto Life et de président du conseil d'administration et chef de la direction de TV Ontario. Il a également été président du conseil d'administration du Musée canadien des civilisations et du Festival de Stratford.

En fonction depuis cinq mois, M. Herrndorf a pris la situation en main rapidement, avec autorité et efficacité. Le moral du personnel, qui était assez bas, est aujourd'hui au beau fixe. Le directeur général travaille sans relâche et de manière constructive avec les cadres, le personnel et le conseil d'administration afin de définir la vision et l'orientation future du Centre.

M. Herrndorf a l'intention de vous présenter les grands traits de l'orientation stratégique du CNA dans les commentaires qu'il va formuler, et il se tiendra à votre disposition, tout comme moi, pour répondre aux questions que vous voudrez éventuellement nous poser. Les principaux éléments de notre orientation stratégique sont directement attribuables à l'initiative de M. Herrndorf et ont reçu l'approbation du conseil d'administration.

Je cède la parole à M. Herrndorf.

Le président: Merci monsieur Leighton.

Monsieur Herrndorf, nous tenons à vous féliciter pour votre nomination. Nous vous écoutons.

M. Peter Herrndorf (directeur général et chef de la direction, Centre national des Arts): Merci.

[Français]

Monsieur le président, mesdames et messieurs,

[Traduction]

Je vous remercie de me donner l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui. C'est un honneur pour moi de témoigner ici à titre de directeur général et chef de la direction du Centre national des Arts, la vitrine des arts de la scène du Canada, et je me réjouis de cet échange avec vous.

J'aurais aimé, dans mes remarques préliminaires, vous entretenir d'une foule de choses mais puisque notre temps est limité, je m'efforcerai d'être bref. Je vais me contenter de brosser un tableau sommaire des réalisations du CNA et d'évoquer quelques-unes des initiatives que nous avons l'intention de mettre en oeuvre prochainement.

À mon arrivée au Centre national des Arts, je n'ignorais pas le passé glorieux de cet établissement trentenaire. Je savais qu'il avait un mandat important et un potentiel énorme. Je savais également qu'il nous faudrait rebâtir des fondations solides si nous voulions aller de l'avant avec confiance.

• 1215

Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous annoncer que nous avons progressé considérablement dans la consolidation de ces fondations. Sur le plan financier, nos progrès sont indéniables. Nous venons tout juste d'annoncer qu'au cours de l'exercice 1998-1999, nous avons affiché un excédent d'exploitation de plus de 2 millions de dollars et éliminé du même coup le déficit accumulé au cours des années antérieures.

Nous avons aussi terminé les quatre premiers mois de notre exercice 1999-2000 avec des recettes nettement supérieures aux prévisions, et des dépenses clairement inférieures au budget, ce qui nous permet de prévoir également un confortable excédent pour l'exercice en cours. Nous sommes par ailleurs sur le point de conclure des négociations avec le ministère des Travaux publics et la ville d'Ottawa au sujet d'un protocole PTLI qui nous permettra de recevoir 48,5 millions de dollars dans les dix prochaines années, que nous consacrerons à l'amélioration des immobilisations, lesquelles en ont grandement besoin.

Les progrès se traduisent également par l'élargissement de notre public et une augmentation considérable des recettes aux guichets, des abonnements et de la fréquentation du public. De manière générale, les recettes provenant des abonnements du CNA ont connu une augmentation sans précédent, soit une hausse de 7,3 p. 100 par rapport à l'an dernier. Le CNA a également attiré beaucoup plus d'abonnés aux diverses séries, soit 34 644 personnes, ce qui constitue un record pour les années 90, et l'orchestre du CNA a eu cette saison plus de 15 000 abonnés, ce qui est également un record.

Cela prouve très clairement que le public apprécie la qualité des concerts et des spectacles de théâtre et de danse que nos directeurs artistiques—Pinchas Zucherman, Jean-Claude Marcus, Marti Maraden et Michel Dozois—présentent sur les scènes du CNA. Si vous voulez bien me permettre une petite parenthèse, j'aimerais les féliciter tous pour la superbe saison 1999-2000 qu'ils nous proposent. La saison de danse est spectaculaire, la saison de théâtre, en anglais et en français, est fascinante et le nouveau directeur musical, Pinchas Zucherman, ne cesse de susciter des commentaires élogieux à l'occasion de sa première saison complète à la tête de l'orchestre.

Nos productions touchent aussi les Canadiens et Canadiennes des autres régions du pays. Nous sommes convaincus que le CNA doit profiter à l'ensemble de la population canadienne et pas seulement à ceux qui ont la chance d'habiter à proximité de la rue Elgin, à Ottawa. Ce point de vue n'est pas une invention du conseil d'administration ou du directeur général. Il est énoncé en toutes lettres dans notre mandat et c'est ce que les Canadiens et Canadiennes sont en droit d'attendre du CNA.

C'est pourquoi nous sommes si fiers du succès qu'a remporté la «Tournée du Canada» qu'a entreprise l'Orchestre du CNA l'automne dernier—tournée que la Chambre des communes et votre président ont tenu à souligner officiellement le 6 décembre. Le maestro Zucherman a toujours cherché à mettre la musique à la portée des auditoires les plus vastes possibles. On peut affirmer que Pinchas et l'orchestre sont très bien parvenus à réaliser cet objectif dans le cadre de la Tournée du Canada, car ils ont joué devant des salles combles dans presque toutes les dix villes où ils ont présenté des concerts.

Les activités de rayonnement de la tournée—dans les localités où s'est rendu l'Orchestre ainsi que sur Internet—ont contribué à rendre encore plus éclatant le succès de l'Orchestre. La tournée s'est avérée importante pour nous parce qu'elle a prouvé que nos concerts pouvaient attirer et toucher le public et parce qu'elle a confirmé que nous pouvions utiliser efficacement les nouveaux médias pour entrer en contact avec certains membres de notre public—à Dauphin, Digby ou Vegreville—qui vivent à des centaines ou à des milliers de kilomètres des villes où l'Orchestre a donné des concerts. Par ailleurs, la tournée a prouvé que nous pouvions collaborer avec les écoles et les enseignants pour toucher les enfants et les jeunes qui composeront le public de la prochaine génération. Nous proposons des activités de diffusion externe aussi bien dans les domaines de la danse et du théâtre que dans celui de la musique.

Enfin, la tournée a mis en relief une autre caractéristique de toutes les productions du CNA. Au cours de la tournée, nous avons conclu des partenariats avec des orchestres qui étaient nos hôtes dans chacune des villes d'étape. Nous appliquons le même principe pour toutes nos autres productions. Nos départements du Théâtre français, du Théâtre anglais et de Danse coproduisent généralement ou présentent les meilleures oeuvres des autres théâtres et compagnies de danse du Canada.

Ainsi, jeudi dernier avait lieu la première de Whylah Falls à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, une coproduction de l'Eastern Front Theatre et du Théâtre anglais du CNA. C'est l'exemple parfait du type de créations en partenariat que nous pouvons mettre en oeuvre dans tout le pays. La pièce L'Odyssée présentée le mois dernier en coproduction avec le Théâtre du Nouveau Monde de Montréal est un autre excellent exemple.

• 1220

Malgré tous ces succès, il reste encore beaucoup à faire. Avec votre permission, je vais donc évoquer brièvement les changements généraux que nous sommes en train de mettre en place.

La plus fondamentale de nos initiatives en cours est sans doute celle qui vise à remplacer la culture bureaucratique au sein de l'organisation du CNA par une mentalité plus créative et un sens plus aiguisé des affaires. David Leighton et moi-même sommes extrêmement optimistes quant à l'avenir des arts de la scène au Canada, à l'influence potentielle de nouveaux médias tels qu'Internet et à l'avenir du Centre national des Arts.

Nous estimons, en conséquence, que nous pouvons nous permettre d'adopter une approche plus ambitieuse dans la définition des orientations que nous souhaitons prendre. Que nous décidions de privilégier les tournées, comme celle que va entreprendre l'Orchestre en Europe et au Moyen-Orient l'automne prochain, les enregistrements, les diffusions à la radio, à la télévision et sur le Web, ou d'accorder plus d'importance aux programmes destinés à la jeunesse, nous sommes bien placés pour répondre à la demande en matière de productions artistiques de grande qualité. Nous pouvons proposer des productions qui touchent un large segment de la population canadienne, tout en respectant les paramètres que nous imposent nos ressources.

L'engagement vis-à-vis de l'innovation et de l'expansion artistiques doit être au coeur de notre stratégie. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la plupart de nos partenariats artistiques nous ont permis de présenter sur nos scènes à Ottawa les créations des meilleurs établissements artistiques du Canada. C'est ainsi que nous avons accueilli Les Grands Ballets Canadiens, les Ballets Jazz de Montréal, le Ballet national du Canada et le Royal Winnipeg Ballet au cours de l'année écoulée. Nous avons récemment présenté des oeuvres dramatiques provenant notamment du Vancouver Playhouse, du Citadel Theatre d'Edmonton, du Soulpepper Theatre de Toronto et du Théâtre Denise-Pelletier de Montréal. Par ailleurs, nous présentons tous les deux ans Les Quinze jours de la dramaturgie, un extraordinaire festival accueillant les meilleurs théâtres de langue française du pays.

Nous continuerons de privilégier toutes ces activités, puisque nous avons pour mission de présenter ce qui se fait de mieux au pays. En revanche, nous devons aussi monter au CNA un plus grand nombre de productions que nous pouvons présenter ensuite en tournée. Nous devons continuellement redoubler d'invention et d'imagination et nous atteler à des projets plus captivants, afin de donner la preuve de nos capacités artistiques, pour ainsi dire. Et je sais fort bien que nous disposons de la direction artistique, des musiciens et des artistes qui nous permettent d'exceller dans ce domaine.

Où tout cela nous mènera-t-il? Eh bien, nous espérons par exemple qu'à Calgary les gens seront extrêmement fiers d'avoir un intérêt direct dans deux excellents orchestres. Ils ont leur propre ensemble, l'Orchestre philharmonique de Calgary, qui mérite bien entendu leur appui fidèle, mais nous espérons qu'ils manifesteront un intérêt tout aussi fort à l'égard de l'Orchestre du CNA, que de nombreux journalistes n'ont pas hésité à qualifier, au cours de la tournée, d'Orchestre du Canada. C'est un orchestre que l'on pourra voir régulièrement à Calgary et qui bénéficiera d'une plus grande visibilité dans cette ville grâce aux médias—radio, télévision, CD et Internet.

Et nous espérons aussi que le CNA sera perçu comme un établissement qui produit quelques-uns des meilleurs spectacles de théâtre du Canada, et que ces spectacles seront à la portée de tous les amateurs de théâtre du pays, toujours en partenariat avec les théâtres locaux et régionaux de leurs propres villes.

Je précise que nous envisageons tout cela sans aucune augmentation du financement fédéral. De fait, nous avons tablé sur un montant inchangé de nos crédits parlementaires au cours des prochaines années. Pour atteindre les buts que nous nous fixons, je crois que le CNA doit augmenter nettement sa propre production de recettes. Nous devons améliorer nos stratégies de marketing et de financement—nous sommes sur le point de lancer une fondation du CNA dans ce but—et le produit net de nos autres centres de recettes doit atteindre un niveau beaucoup plus élevé. Je vous en parlerai avec plaisir dans quelques instants.

Ces recettes nous permettront ainsi d'interfinancer nos projets de programmation, plutôt que notre infrastructure. En d'autres termes, nous devons investir dans les conditions mêmes de notre propre succès. Et cela sera possible si nous parvenons à toucher un plus grand nombre de Canadiens et de Canadiennes en leur proposant la musique, le théâtre et la danse qui savent les émouvoir et les inspirer.

• 1225

J'aimerais conclure ces remarques en rappelant que je n'occupe mes fonctions que depuis cinq mois environ. Il reste encore beaucoup à faire, mais je suis convaincu que nous sommes dans la bonne direction. Je suis également satisfait du soutien et de l'assistance que me prodigue le conseil d'administration et j'espère que nous pourrons collaborer avec votre comité sur des bases similaires.

Merci, monsieur le président. Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Herrndorf, pour votre message rempli d'espoir et pour les progrès remarquables qu'a accomplis le CNA.

[Français]

Conformément à notre procédure, on va commencer avec deux députés de l'opposition suivis de deux députés libéraux. Au tour suivant, on fera la même chose et ensuite il y aura un tour ouvert.

[Traduction]

Je vous signale qu'il nous reste 35 minutes. Je vous demande donc d'en tenir compte pour que tout le monde ait la chance de poser des questions.

Monsieur Mark.

M. Inky Mark (Dauphin—Swan River, Réf. ): Merci, monsieur le président.

J'aimerais souhaiter la bienvenue aux représentants du Centre national des Arts. Vous êtes venus il y a six mois, et je suis content de vous revoir.

Le vérificateur général avait laissé entendre que le CNA éprouvait ce qu'on pourrait appeler des problèmes de leadership. Ma première question porte là-dessus. On a reproché à l'ancien président du conseil d'administration de pratiquer une gestion à outrance, de faire de la microgestion. Allons-nous avoir dorénavant un conseil qui s'occupe davantage de questions de politique générale au lieu de microgestion?

M. David Leighton: Je pense être bien placé pour répondre à cette question.

Je tiens à dire que les rapports entre les deux sont excellents. Je suis conscient des problèmes qui existaient dans le passé. J'estime que le chef de la direction devrait s'occuper des questions de gestion—avec l'aide du conseil d'administration, étant donné que c'est lui qui dirige les opérations. Cela ne veut pas dire que le conseil va jouer un rôle passif ou qu'il ne prendra pas ses responsabilités au sérieux, puisqu'il est appelé à remplir de nombreuses fonctions, et de façon consciencieuse.

Nous avons pris plusieurs mesures, dont certaines figurent dans notre rapport annuel, en vue d'essayer d'inculquer au conseil un sens des responsabilités. Nous avons entrepris d'énoncer très clairement les fonctions du conseil en préparant ce que j'appellerais une description de poste pour les membres de celui- ci. Cette description a fait l'objet de nombreuses discussions et de nombreuses ébauches. Le processus a toutefois été fort intéressant. Il nous a permis de corriger certaines lacunes décelées dans le passé.

Il reste encore beaucoup à faire à ce chapitre, et nous y travaillons. Peter et moi avons entrepris de rédiger notre propre description de travail et de délimiter nos responsabilités. Nous avons l'avantage d'avoir tous les deux présidé un conseil d'administration et occupé des fonctions de chef de direction. Nous sommes donc convaincus que nous pouvons travailler ensemble de façon efficace, ce que nous faisons.

Le président: Monsieur Mark, avez-vous une autre brève question à poser?

M. Inky Mark: La voici: avez-vous établi un processus formel qui montre que le CNA est un organisme transparent et responsable, et qui permet au public d'avoir accès à vos assemblées générales? Ensuite, comptez-vous établir un processus de vérification interne en vue de procéder, du moins périodiquement, à un examen de vos dossiers afin d'éviter de vous retrouver dans la même situation que DRHC?

M. David Leighton: Je devrais peut-être répondre également à ces questions puisqu'elles intéressent avant tout le conseil d'administration. Mais si vous avez d'autres commentaires...

Un témoin: Non, allez-y.

M. David Leighton: Je vais d'abord répondre à votre deuxième question, qui porte sur la vérification interne. Nous sommes en train de mettre sur pied un processus de vérification interne, avec l'aide du bureau du vérificateur général qui, à la dernière réunion du comité de vérification, nous a présenté un exposé sur les diverses façons de procéder à des vérifications internes.

• 1230

Je tiens à préciser qu'il est difficile de créer une fonction de vérification dans une entreprise relativement petite comme la nôtre. Les grandes sociétés et autres organismes peuvent embaucher des vérificateurs internes. Nous ne jugeons pas cela utile dans notre cas, de sorte que nous allons sans doute faire appel aux services de vérificateurs externes. Ce processus est presque terminé.

Votre première question portait sur la transparence. Toutes les réunions du conseil d'administration sont ouvertes au public. Il y en a quatre par année. Nous tenons d'abord une réunion à huis clos, et ensuite une réunion publique. C'est une formule que nous avons l'intention de garder. Nous faisons également état de nos activités dans notre rapport annuel et autres documents publiés, et nous comptons continuer dans cette voie.

M. Inky Mark: Accepteriez-vous que vos réunions publiques soient diffusées par la CPAC?

M. Peter Herrndorf: Absolument.

M. Inky Mark: Cela rendrait le processus très transparent.

M. Peter Herrndorf: Nous serions heureux de le faire, si la CPAC était d'accord.

[Français]

Le président: Monsieur de Savoye.

M. Pierre de Savoye (Portneuf, BQ): Merci, monsieur le président. Je vous remercie, messieurs et madame, d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer aujourd'hui. Je joins mes excuses à celles du président, mais il y a à la Chambre des votes auxquels nous devons participer. Malheureusement, le temps dont on dispose sera écourté et je n'aborderai donc qu'un seul sujet, qui m'apparaît d'une importance énorme.

Je jetais un coup d'oeil sur votre bilan annuel de 1998-1999, où vous traitez des langues officielles. Je m'apercevais qu'à la page 6, vous mentionniez que la démission du président-directeur général, à l'automne de 1998, avait eu pour résultat la restructuration temporaire de la direction et que le CNA avait dû annuler toute formation linguistique.

Or, on se rappellera que dans votre système SILO 2, qui voit à votre bon respect de la Loi sur les langues officielles, vous aviez à l'époque 47 superviseurs bilingues alors que vous auriez dû en avoir 61. Votre organisme compte quand même beaucoup de personnel d'expression française. On constate, par exemple, que vos services de soutien administratif comptent 83 personnes d'expression française et 23 personnes d'expression anglaise, et qu'à l'exploitation, on trouve 192 personnes d'expression française et 137 personnes d'expression anglaise. Mais au niveau supérieur, hélas, la proportion est inverse, et parfois largement.

Cela dit, je vous poserai trois questions. Est-ce que vous avez repris la formation linguistique de manière à vous conformer à la Loi sur les langues officielles, qui est venue au monde à peu près en même temps que vous? Il semble que vous ayez pris du retard par rapport à l'application de la loi.

Comment se fait-il qu'il y ait, au niveau de la haute administration, moins de francophones qu'il ne devrait y en avoir comparativement au reste de votre administration?

Dans quelle langue se déroulent les rencontres de votre conseil d'administration? Est-ce que vous offrez des services d'interprétation simultanée à l'intention du personnel d'expression française? Puisqu'on parle ici de CPAC, ce serait évidemment indispensable.

Donnez-nous l'heure juste. Il y a une loi que vous devez respecter. Ce que je comprends mal, c'est que vous dites avoir perdu votre PDG et avoir dû annuler toute formation linguistique. Pourtant, la loi vous y oblige. Est-ce que vous avez répondu au ministère du Revenu que vous aviez perdu votre PDG et que vous étiez par conséquent dans l'obligation de lui remettre les déductions à la source un peu plus tard? Pourquoi respecter une loi et ne pas respecter l'autre? Où en êtes-vous exactement? Merci.

[Traduction]

Le président: Monsieur Herrndorf.

M. Peter Herrndorf: Merci beaucoup pour ces questions. Je vais commencer par la première.

D'abord, pour ce qui est de la formation linguistique, j'estime—et j'image que je vais servir de cobaye—que l'organisme devrait être encore plus bilingue qu'il ne l'est actuellement. Comme vous le savez, je suis des cours de français depuis trois mois et j'espère que la prochaine fois que je vous rencontrerai, je serai en mesure de vous répondre en français.

• 1235

Mais cela fait partie d'une optique plus vaste. Je pense que le Centre national des Arts, en raison de la façon dont il fonctionne, doit être particulièrement sensible aux deux langues et aux deux cultures, et nous nous engageons à améliorer la situation au moyen de programmes de formation linguistique.

Vous avez ensuite parlé de...

M. Pierre de Savoye: Monsieur le président, pouvons-nous avoir des chiffres ou des dates précises? Ce n'est pas la première fois que des représentants du CNA viennent nous voir et prennent des engagements à cet égard. Pouvez-vous être plus précis?

M. Peter Herrndorf: Je vous fournirai volontiers ces précisions dans une ou deux semaines, si vous êtes d'accord.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Merci, monsieur le président. Vous pourrez transmettre cet engagement à tous les membres du comité. Merci.

[Traduction]

M. Peter Herrndorf: D'accord.

Pour répondre à votre deuxième question sur la haute direction, je tiens à préciser que nous avons actuellement un comité qui regroupe 14 cadres, soit huit anglophones et six francophones. La langue d'usage est l'anglais, quoique le français est souvent utilisé. Plusieurs de mes collègues s'expriment beaucoup mieux en français, et nous les encourageons à utiliser cette langue. Donc, les réunions que nous avons ressemblent de près à celles qui ont lieu à Ottawa, où les deux langues sont utilisées fréquemment.

Pour ce qui est de la composition de nos effectifs, environ 55 p. 100 de nos employés sont anglophones, et 45 p. 100, francophones.

Enfin, les réunions du conseil d'administration se déroulent dans la même langue que celles du comité de la haute direction, c'est-à-dire en anglais surtout, quoique le français soit souvent utilisé.

Pour revenir au point principal, je vous fournirai des précisions d'ici une semaine.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Monsieur le président, une dernière petite remarque.

[Traduction]

Le président: Un instant. Monsieur Herrndorf, vous pourriez transmettre ces renseignements à la greffière, qui se chargera de les remettre aux membres du comité.

M. Peter Herrndorf: Avec plaisir.

[Français]

Le président: Une dernière question brève.

M. Pierre de Savoye: Monsieur le président, je vous ai fait la faveur de vous dire quelques mots en anglais. Après vos trois mois de français, pourriez-vous nous dire quelques autres mots en français?

[Traduction]

M. Peter Herrndorf: La prochaine fois que je comparaîtrai devant vous, nous pourrons avoir une longue discussion en français.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Je vous prends au mot. Merci.

[Traduction]

Le président: Je vais maintenant céder la parole aux deux députés libéraux. Vous avez droit à deux questions. Les noms qui figurent sur la liste sont ceux de MM. Shepherd et Bélanger.

M. Alex Shepherd (Durham, Lib.): Merci beaucoup.

Monsieur Herrndorf, vous dites, dans votre déclaration, que vous être très fier d'avoir réalisé un excédent cette année. Je jette un coup d'oeil sur vos états financiers et je vois la ligne suivante, «crédit parlementaire pour dépenses d'exploitation». Autrement dit, c'est le gouvernement fédéral qui a versé l'argent. Si nous comparons l'année 1999 à l'année 1998, nous constatons que le Parlement a versé des crédits additionnels de 2 333 000 $, ce qui est supérieur à l'excédent que vous avez réalisé. N'est-il donc pas juste de dire que l'excédent provient presque exclusivement des crédits parlementaires?

M. Peter Herrndorf: C'est faux. L'excédent affiché au cours de l'exercice 1998-1999 résulte, dans une large mesure, de l'extraordinaire générosité de Canadiens de toutes les régions qui ont participé à la campagne du défi et fait des dons importants au Centre national des Arts. Ces Canadiens étaient conscients des difficultés que connaissait le Centre national des Arts et croyaient en sa vocation. Grâce à leur générosité... Je pense, David, que nous avons recueilli plus de 2 millions de dollars.

M. David Leighton: C'est exact.

• 1240

M. Peter Herrndorf: Le Centre a aussi pris des mesures rigoureuses pour réduire ses dépenses, instituer des contrôles financiers, et il s'agit là d'un facteur très important.

Enfin, comme vous l'avez mentionné, et comme je l'ai indiqué dans ma déclaration, compte tenu des résultats enregistrés au cours des quatre premiers mois de l'exercice 1999-2000, nous prévoyons enregistrer un confortable excédent avec des recettes nettement supérieures aux prévisions, et des dépenses inférieures au budget. C'est de cette façon que nous réaliserons un excédent en 1999-2000.

M. Alex Shepherd: D'accord, je comprends ce que vous dites, mais il est vrai que si vous n'aviez pas reçu des crédits additionnels de 2 millions de dollars, vous n'auriez pas affiché d'excédent. C'est un commentaire tout à fait juste.

M. Peter Herrndorf: Le seul point sur lequel je ne suis pas d'accord avec vous, c'est qu'il y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de compte. Il est vrai que celui que vous avez mentionné constitue un facteur parmi d'autres, mais la générosité des Canadiens était loin d'être négligeable.

M. Alex Shepherd: Le vérificateur général a laissé entendre que le Centre n'a pas de plan stratégique échelonné sur plusieurs années. Quelles mesures avez-vous prises pour remédier à cette situation?

M. Peter Herrndorf: Quand je suis entré en fonction, j'ai demandé au conseil de nous accorder un délai raisonnable pour analyser la situation du Centre national des arts et préparer un plan stratégique qui sera présenté, au cours de l'année, d'abord au conseil, et ensuite aux principaux intervenants, y compris le comité parlementaire et le ministère du Patrimoine. C'est ce que nous sommes en train de faire. Mon exposé de ce matin s'inspire essentiellement de l'orientation stratégique que j'ai établie, de concert avec le conseil d'administration et la haute direction.

Comme David Leighton l'a mentionné dans sa déclaration liminaire, le conseil d'administration a approuvé les principaux éléments de l'orientation stratégique. Il y a environ deux semaines et demie, les cadres du Centre national des Arts ont participé à une retraite de deux jours au cours de laquelle ils ont examiné la question plus à fond. Au milieu de mars, je compte présenter au conseil d'administration un exposé—un plan stratégique, un plan d'activités, appelez cela comme vous voulez—dans lequel j'exposerai plus en détail les grandes lignes de notre orientation stratégique. Nous y travaillons, et nous produirons un document avant la fin de l'année civile.

Le président: Excusez-moi, monsieur Shepherd, puis-je donner la chance à d'autres de s'exprimer?

Monsieur Bélanger.

[Français]

M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): Merci, monsieur le président. Messieurs et madame, soyez les bienvenus.

Autant il est important pour des gens qui représentent les contribuables de critiquer et de poser des questions lorsque cela s'impose, autant il est important de reconnaître le travail bien fait. J'ai été un de ceux qui ont sévèrement critiqué et posé des questions assez probantes lors d'une des comparutions des représentants du Centre national des Arts. Autant j'ai été sévère à ce moment-là, autant je me dois de reconnaître aujourd'hui qu'un progrès considérable a été tant pour ce qui est des chiffres qu'en ce qui concerne la participation du public et le respect du mandat du Centre national des Arts.

Je voudrais donc premièrement vous féliciter du travail accompli en relativement peu de temps et vous encourager à continuer dans le même sens.

Je veux aussi souligner le travail de Mme Calder. Je suis content, monsieur Leighton, que vous en ayez parlé dans vos commentaires, parce que Mme Calder et Mme Riley ont oeuvré dans une situation passablement difficile pendant un certain temps. Avant de quitter, elles ont réussi à prendre le virage qui a mené où on en est aujourd'hui.

Il faut faire ce que je viens de faire quand on est honnête avec soi-même.

• 1245

[Traduction]

Monsieur Leighton, M. Herrndorf a dit que «la plus fondamentale de nos initiatives en cours est sans doute celle qui vise à remplacer la culture bureaucratique au sein de l'organisation du CNA» par une mentalité plus créative et un sens plus aiguisé des affaires. Je voudrais vous poser une question à ce sujet. Vous êtes un expert reconnu dans ce domaine. J'aimerais avoir des précisions là-dessus, car, en effet, c'est peut-être une des choses les plus difficiles à accomplir. J'aimerais savoir si le gouvernement du Canada et les parlementaires ici réunis peuvent vous aider à atteindre cet objectif.

M. David Leighton: Je pense qu'il est nécessaire de situer les choses dans leur contexte pour comprendre l'engagement qui a été pris en faveur d'une culture plus entrepreneuriale. Le Centre national des Arts a subi d'importantes compressions budgétaires pendant trois ou quatre ans. Je n'étais pas là à l'époque, mais si je me souviens bien, elles représentaient environ 30 p. 100 des crédits alloués par le gouvernement fédéral.

Quand un organisme est confronté à une situation de ce genre, il a tendance—et c'est tout à fait normal—à se replier sur lui- même. Chaque service a commencé à regarder ce que faisait l'autre et à dire qu'il allait protéger ses intérêts au détriment de l'autre. On a assisté à une sorte de repli sur soi où l'on se servait de tous les outils bureaucratiques existants pour protéger ses intérêts. C'était un phénomène tout à fait naturel. Dans les circonstances, les gens ont agi de façon prévisible.

Le problème, c'est que quand cette pratique devient trop enracinée, il faut essayer de changer le comportement de l'organisme, amener ce dernier à adopter une mentalité plus créative, à penser au bien de l'organisme dans son ensemble. C'est une démarche très difficile, un processus long et laborieux. Il a fallu des années pour former cette carapace, et il en faudra plusieurs pour s'en débarrasser.

Nous avons touché le fond il y a un an. Nous sommes en train d'effectuer une remontée. Je pense, et M. Herrndorf sera sans doute d'accord avec moi, qu'il va falloir non pas des mois, mais des années pour instaurer cette nouvelle mentalité. Il va falloir recruter du sang neuf au sein de la haute direction. Il y a plusieurs postes vacants, et nous allons les pourvoir. Certains jeunes au sein de l'organisation sont en train d'être formés en vue d'assumer ce rôle de leadership.

M. Peter Herrndorf: J'aimerais ajouter quelques mots, si vous me le permettez.

M. David Leighton: Oui.

M. Peter Herrndorf: Ce qu'il y a d'intéressant au sujet du Centre national des Arts, c'est qu'il s'agit d'abord et avant tout d'un organisme créatif qui s'appuie sur une équipe fort créative. Que vous parliez de Pinchas, de Marti Maraden, de Jean-Claude Marcus ou de Michel Dozois, ce sont tous des gens qui font de l'excellent travail sur le plan artistique, que ce soit sur la scène du Centre national des Arts ou au sein d'autres compagnies à l'échelle du pays. Il faut leur donner la plus grande marge de manoeuvre possible pour qu'ils puissent accomplir leur travail.

Autre chose qui nous occupe beaucoup, c'est que nous sommes un organisme d'affaires. Nous sommes très pris par les activités de marketing et de parrainage et les campagnes de collecte de fonds. Nous dirigeons un restaurant. Nous avons une entreprise de traiteur en plein essor. Nous avons un parc de stationnement commercial. Nous louons de l'équipement. Nous dirigeons divers types de projets spéciaux, dont un, en ce moment, pour le gouvernement du Canada qui se rapporte à l'exposition mondiale de l'an 2000 à Hanovre. Ce sont là des activités économiques pour lesquelles il faut beaucoup faire preuve d'esprit d'entreprise.

• 1250

Voilà donc une organisation dotée de créativité et d'esprit d'entreprise, ce que l'infrastructure du Centre national des arts dans son ensemble devrait soutenir et renforcer. Une organisation qui redoute trop le risque, qui est trop centrée sur elle-même et qui est trop bureaucratique va réellement à contre courant des principales attentes des Canadiens, attentes que le Centre national des Arts est parfaitement en mesure de réaliser. C'est cela, à mon avis, le noeud de la question.

Le président: Madame Lill.

Mme Wendy Lill (Darmouth, NPD): Merci beaucoup d'être venus aujourd'hui. Je m'excuse de mon léger retard.

Quelque chose me tracasse. J'entends d'excellentes nouvelles ici, aujourd'hui, mais c'est un peu comme lorsque vous apprenez qu'un de vos amis vient de rencontrer l'amour de sa vie, et cela vous fait immensément plaisir pour lui, mais un autre de vos amis vient de recevoir un diagnostic de cancer en phase terminale, et vous en êtes attristé. Alors que vous êtes ici à nous donner ces excellentes nouvelles, la SRC continue de subir des compressions les unes à la suite des autres. Nous le savons, la SRC est l'incubateur de la culture, cette culture que vous mettez si bien en valeur dans votre merveilleux Centre national des Arts. Nous ne pouvons pas ne pas voir ces parallèles, et le problème est grave.

Je vous entends dire que vous ne vous attendez plus à des poussées de croissance subventionnées par l'État. Je dirais que nous avons besoin de bien plus de poussées de croissance financées par le gouvernement et d'investissements dans la culture, et il me semble que la SRC en a grand besoin. Je ne pense pas que nous devrions constamment nous en excuser. Je crois que nous devons aller de l'avant avec notre culture et dire que c'est elle qui nous donnera la force d'agir et de nous ouvrir sur le monde, et aussi de composer avec la convergence des médias et toutes ces choses qui nous attendent dans le futur. Je ne m'excuse donc pas de vouloir investir dans la culture. C'était mon petit sermon sur le sujet.

Je tiens aussi à dire que j'ai vu la coproduction Whylah Falls et je me suis entretenue avec Carole McDougall, une membre de votre conseil d'administration qui se dit très heureuse de la situation actuelle. J'avais discuté avec elle il y a un peu plus d'un an, alors que les choses n'allaient pas si bien. J'ai aussi parlé aux employés. Tout le monde ressent une énergie nouvelle et ils ont beaucoup d'espoir, et cela me réjouit.

La seule question que je me pose, c'est que nous connaissons l'impression d'élitisme qui règne à propos du conseil d'administration, et vous aurez beaucoup à faire pour le supprimer. À part, disons, les quatre réunions publiques et l'idée d'Inky de les diffuser sur CPaC, avez-vous d'autres idées d'activités de rayonnement pour le conseil d'administration, ou de moyens d'atteindre les communautés pour qu'elles réalisent enfin que ceci est leur centre et non pas une inaccessible tour d'ivoire à Ottawa?

M. Peter Herrndorf: Peut-être pourrais-je faire quelques remarques là-dessus. Premièrement, lorsque nous avons parlé du financement du Centre national des arts, il ne s'agissait pas de décourager d'autres subventions. C'était plutôt que nous ne comptons pas sur de telles subventions. Ce que nous disions, c'est que parce que nous ne comptons pas dessus, nous devons prendre des mesures pour nous assurer de générer nos propres recettes. Je crois que l'investissement dans les arts, au Canada, est un excellent investissement, et je partage votre point de vue là-dessus.

En ce qui concerne les activités de rayonnement, le plan stratégique devra certainement en prévoir. Il faudra faire de l'information sur le terrain dans la région de la capitale nationale et dans les communautés francophones et anglophones de tout le pays. Nous devrons rayonner dans tout le pays.

L'une des premières choses qui est prévue, dans la région de la capitale nationale, c'est que la dernière semaine de mai, le Centre national des arts tiendra une journée portes ouvertes. Nous espérons avoir 30 000 visiteurs cette journée-là, et c'est justement pour les raisons que vous venez de donner que nous l'organisons. C'est le Centre national des Arts des Canadiens et des Canadiennes et nous espérons que les familles, les parents, les enfants et les grands-parents viendront reconnaître le côté humain des arts de la scène, leur côté enchanteur, plaisant et stimulant, mais aussi leur côté drôle.

La tournée que vient de terminer l'orchestre dans tout le pays est le meilleur exemple de rayonnement que je puisse donner. Tandis que l'orchestre était en tournée nous avons, aux fins de rayonnement, diffusé de l'information par l'Internet dans tout le pays, et nous avons utilisé toutes sortes d'outils de formation musicale et éducative, comme les ateliers maîtres. Dans chaque ville que nous avons visitée, que ce soit Halifax, Calgary, Edmonton ou Vancouver, nous avons mené ce genre d'activité de rayonnement. C'est relativement nouveau pour nous, mais vous allez voir que ça deviendra une habitude à l'avenir. Je tiens à souligner encore une fois que le Centre national des Arts appartient aux Canadiens et aux Canadiennes et que nous ferons tout en notre pouvoir pour créer des liens entre eux et le Centre, qu'ils soient à Ottawa ou que nous allions où ils se trouvent, partout au pays.

• 1255

Le président: Monsieur Muise, vous avez la parole.

Pardonnez-moi. Monsieur Leighton, je vous fais mes excuses.

M. David Leighton: Une toute petite chose, en réponse à votre question. Nous mettons en oeuvre un processus en vertu duquel au moins une réunion du conseil d'administration par année sera tenue hors d'Ottawa. Nous faisons une rotation, en commençant cette année par Moncton et Caraquet.

M. Peter Herrndorf: La réunion même du conseil aura lieu à Caraquet.

M. David Leighton: Le problème est en partie que notre conseil d'administration est très réduit, puisqu'il ne se compose que de 10 membres en tout, dont deux membres d'office, les maires d'Ottawa et de Hull. Cela laisse donc à une seule personne le fardeau de représenter une vaste partie du Canada. Nous avons fait une demande, et nous travaillons à une redéfinition de la loi qui nous régit, car nous voudrions pouvoir désigner deux autres membres au conseil, ce qui nous donnerait beaucoup plus de flexibilité et nous permettrait de mieux représenter les régions.

Le président: Avant de laisser la parole à M. Muise, je dois vous dire qu'il est près de 13 heures, et si les membres du comité et nos témoins le veulent bien, nous prolongerons la réunion de quelques minutes. J'ai sur ma liste les noms de Mme Bulte et de M. Bonwick, et ainsi tout le monde aura eu la possibilité de poser ses questions. Est-ce que cela vous convient?

Des voix: D'accord.

Le président: Monsieur Muise, je vous cède la parole.

M. Mark Muise (Ouest Nova, PC): Merci, monsieur le président. Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos invités et à les remercier.

J'ai l'impression que vous avez enfin repris les rênes, lesquels nous ne pouvions même pas apercevoir l'année dernière, et cela fait bien plaisir. Je suis vraiment heureux du retournement de la situation.

L'une des questions que j'avais à poser, qui a déjà été effleurée, touche le plan stratégique, et je pense que c'est d'une très grande importance. Je reconnais que vous avez beaucoup de pain sur la planche, et je suis heureux de constater que vous avez déjà entrepris de dresser un tel plan. Je suis impatient de pouvoir l'examiner aussitôt qu'il sera terminé.

Je m'intéressais à votre rapport annuel, où vous disiez que les dépenses liées aux campagnes de financement ont, en fait, augmenté d'environ 80 000 $ l'année dernière, et vous expliquiez que c'est en partie attribuable à la Campagne du défi. Pourriez- vous nous décrire vos projets à long terme, concernant les activités continues de collecte de fonds? Est-ce que ces dépenses devront augmenter? Le cas échéant, croyez-vous que cette augmentation sera neutralisée par les bénéfices que vous en retirerez?

M. Peter Herrndorf: Merci pour cela. Nos initiatives en matière de financement comporteront trois volets. Dans un premier temps, nous allons mettre sur pied une fondation du Centre national des arts par l'entremise de laquelle nous procéderons à des collectes de fonds. Dans un deuxième temps, nous mettrons la dernière main, je l'espère, au recrutement d'un directeur exécutif du développement qui s'occupera de l'administration de la fondation. Enfin, notre stratégie de financement prévoit que nos activités seront d'envergure nationale.

Cette stratégie de financement correspondrait à la définition de financement au sens très large du terme. Nous ne ménagerions pas nos efforts pour solliciter des commandites et des dons importants. Pour la première fois, nous nous lancerions dans les dons par anticipation. En tant qu'organisation, nous lancerions des campagnes nationales, semblables à celles qu'ont menées d'autres organismes voués aux arts, ainsi que des universités et des hôpitaux. Nous tirons notre épingle du jeu en ce qui a trait aux événements spéciaux et notre dossier est très bon au chapitre des membres. Mais nous ferons toutes ces activités d'un bout à l'autre du pays.

Un point sur lequel je veux insister, c'est que nous avons beaucoup parlé à un grand nombre de nos collègues des orchestres de toutes les régions du pays, y compris les orchestres locaux, les compagnies théâtrales et de danse, et nous estimons, à l'instar à coup sûr de nombreux organismes, que les Canadiens étant devenus plus prospères depuis les cinq ou six dernières années, il y a de fortes chances que nous parvenions à persuader les Canadiens, les familles canadiennes et les fondations d'investir davantage dans la qualité de vie de leurs concitoyens—qu'ils commenceront en fait à investir davantage en faisant des dons importants aux organismes voués aux arts, aux hôpitaux et aux universités. Nous croyons également que nous pouvons le faire à l'échelle nationale sans nuire pour autant aux collectes de fonds auxquelles se livrent les orchestres au niveau local.

• 1300

Comme vous le remarquerez, de la façon dont nous effectuons nos tournées, nous travaillons en partenariat, qu'il s'agisse du théâtre à Dartmouth, de l'Orchestre philharmonique à Calgary, du Canadian Stage à Toronto. C'est ainsi que nous faisons les choses. Cependant, nous estimons que, comme le Centre national des arts appartient à tous les Canadiens, nous devrions demander leur demander à tous de participer aux activités de financement au nom du Centre des arts.

Le président: Madame Bulte.

Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.): Merci, monsieur le président.

Je vous remercie tous les deux d'être ici.

Premièrement, je vous félicite du nombre de vos abonnés qui fait l'envie, comme vous le savez. Par le passé, nous n'avons pas ménagé nos efforts, mais nous n'avons jamais atteint de tels niveaux. Vous avez doublé vos revenus tous en limitant vos dépenses et je vous en félicite.

Je vais vous poser une question difficile. Je vous ai entendu parler de la Tournée du Canada. Vous avez parlé des activités de rayonnement. Qu'est-ce qui distingue le Centre national des arts d'un théâtre ou d'un orchestre régional? Vous dites que le centre a un caractère national, mais les théâtres régionaux coproduisent avec d'autres théâtres. Cela n'est pas unique au CNA. Les théâtres ou les orchestres régionaux organisent des activités de financement. Le Theatre Centre au Manitoba lance une campagne de financement au moment où on se parle. Qu'est-ce qui différencie le Centre national des arts de ces groupes?

M. Peter Herrndorf: Nous avons déjà discuté de cela ailleurs. Cette différence tient à plusieurs choses qui sont toutes importantes.

La première c'est que le Centre national des arts appartient à tous les Canadiens et ce, d'une façon très tangible. Chaque contribuable canadien en possède une partie. Il leur sert de vitrine nationale pour les arts de la scène au Canada. C'est une différence énorme.

Deuxièmement, le rôle national du Centre national des arts est énoncé dans une loi. Le Parlement du Canada s'est exprimé sur cette question. Autant que vous et moi aimons le Canadian Stage, le Parlement du Canada n'a pas en fait parlé au nom de celui-ci.

Troisièmement, en ce qui a trait au partenariat avec Dartmouth, Calgary, Vancouver ou Québec, nous agissons en vertu d'un mandat national. Nous le faisons parce que nous voyons notre rôle... Je vais vous donner un exemple. Pendant les Quinze jours de la dramaturgie, un festival français qui a lieu tous les deux ans, ce sont les meilleurs théâtres de langue française du pays que nous accueillons alors. Nous ne le faisons pas pour couper les dépenses, pour les harmoniser comme nous le faisions lorsque vous et moi participions au Canadian Stage. On le fait parce que l'on croit que c'est dans l'intérêt des Canadiens et que les Canadiens d'un bout à l'autre du pays voient les meilleures oeuvres qui sont produites. Il s'agit donc d'un engagement et, en fait, un engagement passionné, par des Canadiens pour que les meilleures pièces de théâtre soient vues et célébrées à l'échelle du pays.

Je devrais signaler, si vous le permettez, monsieur le président, que nous avons parmi nous Hamilton Southam, le fondateur du Centre national des arts. Il est assis tout juste derrière moi. C'est un homme qui à bien des égards a formulé toutes ces idées et qui a toujours manifesté énormément de passion dans son travail. Vous saurez peut-être qu'il y a trois semaines le Centre national des arts a rebaptisé l'Opéra en son honneur étant donné la contribution qu'il a apporté à ce débat.

• 1305

Mme Sarmite Bulte: Merci beaucoup.

Le président: Merci.

Monsieur Bonwick.

M. Paul Bonwick (Simcoe—Grey, Lib.): Merci, monsieur le président.

La première chose que je veux que vous fassiez Peter, c'est de transmettre un message. Ceux qui ont parlé aujourd'hui vous ont félicité, mais j'aimerais que vous disiez à toute votre équipe que le comité reconnaît que cette réussite est attribuable à tous ceux qui travaillent au CNA. C'est ma première requête.

J'ai une très courte question, mais je veux vous dire brièvement ce que je pense, en tant que député, des crédits parlementaires. Je ne les considère pas tant comme une marge brute d'autofinancement qui expliquerait un excédent sur votre résultat net mais plutôt comme une responsabilité absolue de la part du gouvernement fédéral d'assurer qu'il y a un Centre national des arts. Tout comme nous avons une responsabilité en matière de commerce, de soins de santé et d'éducation nous avons une à l'égard du Centre national des arts.

Cela dit, toutefois, vous avez parlé de l'incroyable appui financier que vous avez reçu d'un bout à l'autre du Canada pour le CNA. Cela en dit beaucoup sur le sentiment qu'entretienne les Canadiens pour le CNA. Mais en cette période de prospérité économique ils ne lésinent pas à contribuer. Je n'essaie pas de me montrer pessimiste, mais les économies ont tendance à être cycliques.

Je n'ai pas eu l'occasion d'examiner le rapport financier que vous nous avez présenté, mais je me demande si vous vous préparez de quelque manière, par exemple en transférant un pourcentage ou un montant raisonnable de votre excédent dans une réserve pour les imprévus. Ainsi, dans quatre ou cinq ans, si vous constatez que le puits s'assèche en raison du ralentissement de l'économie, vous serez prêts à faire face à la musique plutôt qu'à faire de nouveau appel à nous pour nous dire qu'il vous faut un autre million de dollars.

M. Peter Herrndorf: Votre observation est très perspicace. Nous devons être très prudents cette année, l'année prochaine et l'année qui suivra pour ne pas revivre le genre de situation dans laquelle s'est trouvé cet organisme au cours des dernières années.

Au milieu des années 80, comme l'a dit David Leighton, j'ai été président du Festival de Stratford. L'année qui a précédé mon arrivée à la présidence, le festival avait accumulé un déficit de 3,4 millions de dollars. Ce genre de déficit a menacé le fondement même de Stratford. Nous avons du très méthodiquement nous sortir de cette ornière. Bien sûr, Le Festival de Stratford est maintenant un organisme merveilleux et actif.

Nous devons prendre soin de constituer des réserves et administrer très prudemment. Nous devons aussi nous assurer de limiter nos dépenses tant que nous ne sommes pas tout à fait sûrs d'obtenir des recettes supplémentaires. Nous devons donc administrer de façon très circonspecte.

Le président: Merci beaucoup.

Je pense que tout le monde a eu la chance de poser des questions. M. Bélanger m'a demandé de lui réserver quelques secondes avant de lever la séance.

M. Mauril Bélanger: Monsieur le président, je vous remercie, mais si je vous avais demandé deux secondes c'était pour souligner la présence de M. Southam, ce qui a été fait.

Le président: Je vous remercie beaucoup, monsieur Leighton, monsieur Herrndorf ainsi que vos collègues d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Nous vous en sommes vraiment reconnaissants. Ce fut une excellente réunion.

La séance est levée.