:
La séance est ouverte. Bienvenue à la 26
e séance du Comité spécial sur les relations Canada-Chine.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 23 septembre 2020, le Comité se réunit pour étudier les relations entre le Canada et la Chine.
[Français]
Il s'agit d'une réunion hybride, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 25 janvier 2021.
[Traduction]
Conformément à la motion adoptée par le Comité le lundi 26 avril 2021, la réunion d'aujourd'hui vise à permettre à l'Agence de la santé publique du Canada d'expliquer pourquoi les documents demandés n'ont pas été fournis conformément à la motion du Comité portant production de documents adoptée le mercredi 31 mars 2021.
Je rappelle que cette motion visait à obtenir des documents non caviardés liés au transfert de virus de mars 2019, ainsi qu'à la révocation des habilitations de sécurité et au congédiement de deux employés du Laboratoire national de microbiologie.
[Français]
Ces documents devaient être remis au légiste et conseiller parlementaire avant le 20 avril 2021.
J'aimerais d'abord remercier l'Agence de la santé publique du Canada d'avoir devancé la production des documents manquants. Tous les documents, dans les deux langues officielles, ont été rendus accessibles vers midi aujourd'hui aux membres du Comité, qui pourront les consulter au moyen des cartables numériques.
Avant d'accueillir les témoins, j'aimerais clarifier, à l'intention des membres du Comité, la façon dont nous procéderons ce soir quant aux tours de questions. Puisque la greffière a reçu des opinions divergentes de la part des vice-présidents, j'aimerais proposer un compromis.
[Traduction]
Je propose que les témoins disposent d'un maximum de 10 minutes pour leur propos liminaires et que nous fassions un premier tour de questions qui sera suivi d'un deuxième tour, puis d'un tour subséquent. Ensuite, nous ferons une pause santé — aux alentours des 20 heures —, puis entamerons un autre tour, suivi d'un deuxième tour et d'un tour subséquent.
Y a-t-il des objections à ce plan?
Des députés: Non.
Le président: J'aimerais également rappeler à tout le monde que, même si les témoins doivent répondre à toutes les questions que le Comité leur pose, les membres du Comité ont été exhortés à traiter les témoins « avec courtoisie et équité », comme le précise La procédure et les usages de la Chambre des communes à la page 1079 de la version anglaise.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
[Français]
Nous recevons M. Philippe Dufresne, légiste et conseiller parlementaire à la Chambre des communes, ainsi que M. Michel Bédard, légiste adjoint et conseiller parlementaire à la Chambre des communes.
[Traduction]
De l'Agence de la santé publique du Canada, nous accueillons Iain Stewart, président, ainsi que le Dr Guillaume Poliquin, vice-président par intérim, Laboratoire national de microbiologie.
Enfin, du ministère de la Justice du Canada, nous accueillons Christian Roy, directeur exécutif et avocat général, Services juridiques de la santé.
Bienvenue à tous, et merci d'être ici. Je cède maintenant la parole à M. Stewart pour sa déclaration préliminaire.
Vous avez la parole, monsieur.
:
Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez dit, je suis accompagné de mon collègue, le Dr Guillaume Poliquin, ainsi que de Christian Roy, du ministère de la Justice.
Distingués membres du Comité, je veux d'abord vous parler des mesures que nous avons prises pour répondre à votre motion du 31 mars dernier.
Nous avons examiné les documents pertinents et avons mis les bouchées doubles pour préparer en très peu de temps une série de documents qui vous aideront dans votre étude. Comme je l'ai indiqué dans ma lettre au légiste, M. Dufresne, nous avons caviardé les documents pour toute information concernant des renseignements personnels, des enquêtes ou des questions de sécurité. La raison pour laquelle nous avons agi ainsi est simple: en tant que fonctionnaires, nous sommes tenus par la loi de préserver la confidentialité des renseignements confidentiels. Ce n'est pas un signe que nous ne voulons pas collaborer ou pas répondre. Nous divulguons autant de renseignements que nous le pouvons dans les limites de la loi.
Le document d'orientation du gouvernement du Canada intitulé Pour un gouvernement ouvert et responsable est utilisé depuis de nombreuses années pour expliquer les obligations des témoins devant les comités parlementaires. Je retiens en particulier ce passage dans l'annexe E:
Les fonctionnaires ont également le devoir et l'obligation juridique particulière de maintenir le caractère confidentiel de l'information à laquelle ils ont accès dans l'exercice de leurs fonctions. Par conséquent, lorsqu'ils comparaissent devant les comités parlementaires, ils sont liés par ces obligations juridiques, […], de ne pas divulguer d'information confidentielle pour des raisons de sécurité nationale ou de respect des renseignements personnels…
Cela est extrait de l'annexe E du document Pour un gouvernement ouvert et responsable.
Conformément à ces directives, j'ai réfléchi, en toute bonne foi, aux moyens de répondre aux demandes légitimes d'information des membres de ce comité, dans les limites que je suis tenu de respecter. Et notamment de mon obligation, en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, loi adoptée par le Parlement, de prévenir la divulgation de renseignements personnels et l'atteinte au droit à la vie privée des personnes.
Pour respecter les directives dont j'ai parlé, nous avons caviardé certains renseignements sensibles. Je ferai donc de mon mieux pour aider le Comité dans son étude, tout en m'abstenant de divulguer des informations qui doivent rester confidentielles pour diverses raisons. Je n'ai pas le pouvoir de vous divulguer d'autres renseignements. Comme vous le verrez, les limites de ce que nous pouvons divulguer sont bien documentées dans l'ensemble du dossier, qui comprend des communications publiques et des documents déjà divulgués à la suite d'une demande d'accès à l'information. Ces limites demeurent en place.
Voici ce que je peux dire sur les deux sujets que nous avons abordés la dernière fois.
Vous avez reçu de nombreux documents de l'Agence de la santé publique du Canada concernant le transfert d'Ebola et Henipavirus du Laboratoire national de microbiologie, le LNM, à l'Institut de virologie de Wuhan en mars 2019. La chronologie de base du transfert se trouve à la page 118 du dossier fourni au légiste. Ces documents permettent de constater que, lors du transfert de ces échantillons, le LNM a suivi les lignes directrices internes normales et toutes les exigences applicables en vertu de la Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines, la LAPHT, et de son règlement, de la Loi sur le transport des marchandises dangereuses, la LTMD, et du règlement connexe ainsi que de la Norme canadienne de biosécurité.
Voici comment se fait normalement un transfert. Le LNM reçoit régulièrement des échantillons d'autres laboratoires de santé publique et leur envoie des échantillons, afin de contribuer à l'avancement de la science. Les transferts sont faits en suivant des protocoles stricts, y compris les exigences que je viens de mentionner, ainsi que la procédure opérationnelle normalisée du LNM. Le LNM dispose de procédures détaillées décrivant les étapes nécessaires au transfert des agents pathogènes du groupe de risque 4, conformément au Règlement sur le transport des marchandises dangereuses, ou TMD. Il s'agit notamment de procédures détaillées décrivant étape par étape les rôles et les responsabilités de toutes les personnes liées à l'envoi, la documentation requise par le LNM et le laboratoire destinataire, le moment où il faut lancer un avis de plan d'intervention d'urgence, un PIU, ainsi que la manière d'emballer les échantillons. Des approbations sont requises à différentes étapes du processus, de l'autorisation initiale de transfert jusqu'aux détails précis de l'expédition.
Le processus d'expédition des agents pathogènes du groupe de risque 4 est décrit dans le cadre du PIU obligatoire. Ce plan aide les intervenants d'urgence locaux et décrit ce qu'il faut faire dans le cas improbable d'une fuite de matières pendant leur transport.
Pour ce qui est du transfert de virus de mars 2019, la documentation relative aux approbations nécessaires figure aux pages 275 à 284 du dossier en français. Cela comprend l'autorisation de transfert du LNM. Un certain nombre de courriels concernent le PIU qui était en place pour l’expédition, comme à la page 142.
Toutefois, l'accréditation de laboratoire et la lettre du directeur du laboratoire ont été entièrement caviardées, car il s'agissait de renseignements fournis par des tiers.
Vous remarquerez que l'on fait référence à des accords de transfert de matériel, ou ATM. Il est important de comprendre qu'à l'époque, il n'était pas nécessaire d'avoir un ATM pour les transferts de virus. Un ATM n'est pas une exigence de sécurité, mais un document qui fournit un mécanisme pour le transfert de matériaux réglementés d'une partie à une autre, principalement pour protéger les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, des experts en propriété intellectuelle sont consultés pour déterminer si un ATM est nécessaire.
Bien que ce soit la seule fois où nous avons transféré des échantillons de virus à ce laboratoire, les collaborations avec des laboratoires à l'étranger sont essentielles pour faire progresser la recherche en santé publique sur les maladies infectieuses. Le Laboratoire national de microbiologie de l'ASPC est reconnu internationalement pour son excellence scientifique et ses contributions à la santé dans le monde.
Ce laboratoire de confinement maximal jouit d'une réputation internationale de longue date en matière d'échange de matériaux dans le but de faire progresser les connaissances scientifiques. Compte tenu de notre statut de partenaire collaborateur de l'OMS pour les virus responsables de fièvres hémorragiques, ainsi que de notre connaissance des réglementations et des normes pour ces types de transferts, le laboratoire de Winnipeg est souvent sollicité pour fournir du matériel à des programmes nouveaux ou existants, y compris à des laboratoires situés aux États-Unis. Le LNM est disposé à fournir des matériaux de manière sûre, responsable et transparente à d'autres laboratoires afin de favoriser une coopération mondiale plutôt que la recherche sur une maladie donnée soit monopolisée par seulement quelques équipes. Il s'agit d'une composante de l'avancement de la recherche et de la science dans le domaine de la santé publique visant à améliorer la santé publique à l'échelle mondiale.
Vous constaterez qu'une des personnes mentionnées dans la motion a pris part au transfert. En ce qui concerne la situation des deux personnes nommées dans la motion, nous avons déjà confirmé qu'elles ne travaillent plus pour le LNM. Nous avons aussi déjà mentionné qu'il y avait eu une enquête administrative: nous ne pouvons pas discuter de la nature de cette enquête administrative, de sa portée, ni de ses conclusions. Cela dit, pour éviter toute déduction indue, je tiens à répéter, comme le prouve la documentation que vous avez reçue, que le fait que le transfert des virus ait eu lieu — ce qui, encore une fois, a été fait conformément aux politiques internes et avec les approbations appropriées — n'est pas lié au départ des deux employés.
Comme vous le savez, il y aussi une enquête de la GRC; je ne peux pas faire de commentaires à ce sujet, et les questions doivent être adressées à la GRC.
Je répondrai maintenant volontiers à vos questions, de mon mieux.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Nous ne connaissons toujours pas l'origine du coronavirus, parce que le gouvernement de la Chine a bloqué l'enquête sur les origines de la pandémie du COVID-19.
Non seulement le gouvernement chinois a retardé le début de cette enquête, mais il n'a pas non plus permis aux enquêteurs de l'OMS d'accéder librement aux preuves scientifiques. Par conséquent, le monde ne sait toujours pas d'où vient le virus. Il est essentiel de déterminer son origine exacte, si la communauté mondiale veut être en mesure de prévenir la prochaine pandémie. Le gouvernement chinois a été opaque, il a été tout sauf transparent dans l'enquête sur l'origine du coronavirus.
Ici, au Canada, nous menons une autre enquête au sujet d'autres virus, une enquête qui porte en fait sur l'expédition d'Ebola et Henipavirus du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg à l'Institut de virologie de Wuhan, le 31 mars 2019, à peine huit mois avant que n'éclate, dans la même ville de Wuhan, ce qui allait devenir une pandémie.
Une enquête concernant deux scientifiques chinois employés par ce laboratoire de Winnipeg a entraîné leur congédiement. Mme Qiu et M. Cheng ont été congédiés le 20 janvier de cette année pour — et je cite — des infractions à la politique en vigueur. Ici, comme en Chine, le gouvernement du Canada bloque notre enquête sur les transferts de ces virus à l'Institut de virologie de Wuhan et bloque notre enquête sur les raisons pour lesquelles Mme Qiu et M. Cheng ont été congédiés.
Le parallèle entre ces deux situations est épouvantable. Nous sommes dans une démocratie parlementaire et pourtant , dans nos enquêtes, nous nous heurtons aux mêmes genre d'obstacles que les enquêteurs qui tentent de découvrir les origines de la pandémie de COVID-19 en Chine.
Il y a deux ans de cela, un 5 juillet, Mme Qiu et M. Cheng ont été escortés hors du laboratoire par la GRC, en même temps que des étudiants chinois. Dans les mois qui ont précédé cette expulsion musclée, le gouvernement du Canada avait remplacé l'ordinateur de Mme Qiu au laboratoire et lui avait retiré ses autorisations de voyager en Chine pour lesquels elle avait présenté une demande, mais nous ignorons toujours pourquoi elle a été congédiée.
Mme Qiu a effectué cinq voyages en Chine en 2017 et en 2018. Elle a été invitée au laboratoire national de biosécurité de Wuhan, à l'Académie chinoise des sciences, soit deux fois par an en deux ans, à raison de deux semaines à la fois. L'un de ces voyages visait à former des scientifiques et des techniciens du nouveau laboratoire de virologie de niveau 4, à Wuhan, mais nous ne savons toujours pas pourquoi ces deux chercheurs ont été congédiés du laboratoire du gouvernement du Canada à Winnipeg, parce que le gouvernement du Canada nous empêche d'obtenir cette information, information que nous avons réclamée par la voie d'une motion adoptée le 31 mars dernier.
Monsieur Stewart, vous dites que vous êtes lié par la Loi. Le document Pour un gouvernement ouvert et responsable n'est pas la Loi; c'est un document produit par le CPM et le BCP dans les premiers temps de ce gouvernement. Ce n'est pas un texte de loi. L'alinéa 8(2)c) de la Loi sur la protection des renseignements personnels dit ceci:
... communication exigée par subpoena, mandat ou ordonnance d’un tribunal, d’une personne ou d’un organisme ayant le pouvoir de contraindre à la production de renseignements ou exigée par des règles de procédure se rapportant à la production de renseignements;
Il s'agit de l'article de la Loi qui précise en quelles circonstances des renseignements personnels peuvent être communiqués.
Notre comité est un organisme qui a compétence pour obliger la production de renseignements. La motion que nous avons adoptée le 31 mars vous ordonnait de produire des documents non caviardés sur « le transfert des virus Ebola et Henipah à l'Institut de virologie de Wuhan » en Chine, et de produire des documents concernant le congédiement de Mme Qui et de M. Cheng.
Vous n'êtes pas en conformité avec la Loi adoptée par le Parlement du Canada, intitulée Loi sur la protection des renseignements personnels, en vertu de l'alinéa 8(2)c), qui nous donne expressément le pouvoir d'obliger la production de ces renseignements personnels.
Monsieur Stewart, que répondez-vous au fait que vous ne respectez pas cet article de la Loi?
:
Je suis désolé. Je mangeais mon souper.
Merci pour votre service à la nation, et merci de collaborer avec ce comité pour trouver une solution afin de protéger la vie privée des personnes concernées, ce que à quoi tiennent les parlementaires que nous sommes. Après tout, c'est une loi que nous avons adoptée. Merci aussi de nous renseigner afin que nous puissions mieux comprendre la situation. Nous reconnaissons qu'il s'agit d'une question exigeant que nous agissions de façon équilibrée.
Merci d'avoir mentionné le document d'exploitation intitulé Pour un gouvernement ouvert et responsable. Comme M. Chong l'a dit, celui-ci n'a peut-être pas force de loi, mais c'est un document d'application qui marque une différence radicale par rapport au gouvernement Harper qui ne voulait pas d'un gouvernement ouvert et responsable, et qui a cherché divers moyens de contrecarrer la transparence. J'en parle en toute connaissance de cause, puisque j'étais député de l'opposition à l'époque. Je comprends ce moment de l'histoire.
Nous essayons d'avoir un gouvernement ouvert et responsable. En même temps, nous avons des questions auxquelles nous voulons des réponses.
Vous avez parlé de l'obligation faite aux fonctionnaires de respecter la Loi en ce qui a trait à la protection des renseignements personnels. Comme vous le savez, ce comité est un organe du Parlement, et les parlementaires ont également certains droits et certaines responsabilités. Nous essayons de concilier les deux. J'aimerais en savoir un peu plus à propos des conseils juridiques que vous avez reçus au sujet du caviardage très important des documents. Nous le reconnaissons, et je trouve cela frustrant, même en tant que député du côté ministériel.
Pourriez-vous nous expliquer cela? Si vous ne vous sentez pas à l'aise, vous pourrez toujours vous tourner vers le conseiller juridique du ministère de la Justice. Je serai très heureux d'entendre l'un de vous deux nous décrire les critères que vous avez utilisés en tant que fonctionnaires tenus de respecter cette loi.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence parmi nous ce soir.
Monsieur Stewart, je vous remercie des documents que vous nous avez fait parvenir, qui ne sont peut-être pas aussi complets que nous l'aurions souhaité. Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'en discuter ce soir. Je vous remercie également des explications que vous avez données ce soir, jusqu'à présent, quoiqu'elles puissent aussi nous apparaître insatisfaisantes.
Quoi qu'il en soit, une de mes principales préoccupations, personnellement, est de savoir pourquoi, le transfert de ces virus à Wuhan s'étant fait dans les règles de l'art, les deux scientifiques en question avaient été remerciés malgré tout. Or, ce soir, vous avez clairement établi — je pense que cela règle une partie du problème — qu'il n'y a aucun lien entre ces transferts de virus vers Wuhan et le congédiement de ces scientifiques.
Cela dit, nous sommes toujours dans l'expectative quant aux motifs de ces congédiements. Or vous semblez considérer les parlementaires comme de simples justiciables en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, auxquels on ne peut transmettre des informations concernant des citoyens et des citoyennes. Cependant, comme M. Chong vous l'a signalé, cette Loi permet à certaines instances de demander des documents et des informations et de les obtenir.
Je me doute bien que vous n'auriez jamais osé transmettre des documents caviardés ou refuser de répondre à un tribunal. Or, à sa façon, le Parlement constitue un tribunal, et la Loi sur la protection des renseignements personnels, comme toute loi au Canada, doit être constitutionnelle. Elle doit donc pouvoir répondre aux dispositions de la Constitution canadienne, qui prévoit, entre autres, une disposition particulière qui s'appelle le privilège parlementaire et qui a souvent préséance sur certaines dispositions juridiques. C'est en vertu de ce privilège parlementaire et des dispositions de cette Loi que nous nous croyons investis du droit de vous demander ces documents non caviardés et des réponses à nos questions.
Bien sûr, les parlementaires ne sont pas irresponsables. Les parlementaires comprennent que certaines informations personnelles ne doivent pas être divulguées publiquement et que des informations ne doivent pas être divulguées publiquement si elles impliquent des questions de sécurité nationale ou des questions touchant des enquêtes criminelles. C'est la raison pour laquelle nous vous avons offert la possibilité de nous communiquer ces informations sous le couvert du huis clos, de telle sorte que nous ne divulguions pas ces informations au public.
Malgré cette offre que les parlementaires vous ont faite, vous avez choisi de ne répondre à aucune de leurs demandes. Bien sûr, vous avez donné un certain nombre de précisions, mais vous n'avez pas fourni des documents non caviardés et vous n'avez pas répondu aux questions fondamentales que se posent les parlementaires depuis le début.
J'aimerais donc poser ma prochaine question à M. Christian Roy.
Qu'est-ce qui, juridiquement, vous amène à penser que l'Agence de la santé publique du Canada est autorisée à ne pas répondre à une demande des parlementaires, et ce, en contravention aux articles de la Loi sur la protection des renseignements personnels évoqués par M. Chong et à l'encontre du privilège parlementaire?
:
Je vous remercie de votre question.
Essentiellement, nous reconnaissons le pouvoir des comités de demander des documents et de convoquer des témoins. Cela étant dit, lorsque nous parlons de l'alinéa 8(2)c), nous parlons d'un pouvoir de contrainte. Il existe ici une différence de point de vue, puisque nous ne reconnaissons pas le pouvoir de contrainte du Comité à cet égard.
Il demeure que les hauts fonctionnaires du gouvernement continuent d'avoir des obligations envers la Couronne et envers la primauté du droit, en ce sens qu'ils doivent respecter les lois qui sont adoptées par le Parlement. Ils ont également des obligations envers les personnes à qui le Parlement a conféré un droit en matière de vie privée.
La position que le président Stewart a exprimée dans le contexte de sa correspondance et dans son discours d'ouverture est conforme à la position mise en avant par de hauts fonctionnaires et des ministres depuis au moins une décennie. Ce n'est donc pas une nouvelle position.
À cet égard, cela tourne essentiellement autour de la question visant à savoir si le Comité peut ultimement contraindre à la production de renseignements, tel qu'exigé par l'alinéa 8(2)c).
Je vous remercie.
:
Certainement. Merci, monsieur Harris.
Comme je l'ai dit lors de comparutions précédentes, le pouvoir du Comité de réclamer des documents et des dossiers découle de l'article 18 de la Constitution. Il découle du privilège parlementaire et donne le pouvoir de convoquer des personnes et d'exiger la production de documents. Cette autorisation prend le pas sur les dispositions légales ordinaires et, dans leurs décisions, le Président Milliken et la Cour suprême du Canada ont reconnu la primauté des dispositions constitutionnelles, en particulier le privilège parlementaire. En fait, le document de 2015 cité aujourd'hui à propos de la politique du gouvernement renvoie à la décision rendue par le Président Milliken en 2010.
Il est question du même pouvoir que celui clairement précisé par le Président Milliken, et qui est le même pour toutes les législatures, à savoir que le pouvoir constitutionnel des comités et de la Chambre l'emporte sur les lois ordinaires comme la Loi sur la protection des renseignements personnels ou la Loi sur l'accès à l'information et qu'il n'est pas limité par ces autres dispositions. Les dispositions légales sont des considérations d'intérêt public importantes, mais elles ne sont pas limitatives. Le Président Millliken a été explicite sur le fait que les lois ne permettent pas au gouvernement de déterminer unilatéralement qu'une chose est confidentielle.
La Chambre et les comités peuvent toujours se ranger à des arguments contraires, mais au bout du compte, c'est aux comités et, ultimement, à la Chambre de décider.
Pour en revenir au document du gouvernement qui a été cité aujourd'hui et à la décision du Président Milliken, il a été dit que les comités ou la Chambre sont souvent d'accord avec les positions présentées par le gouvernement quant au fondement de la confidentialité. En effet, le fait que les comités aient ce pouvoir ne signifie pas qu'ils doivent l'exercer dans tous les cas. Il faut tenir compte de considérations touchant à l'intérêt public, qui sont valables et importantes.
Les comités peuvent se prévaloir de nombreux outils, comme l'examen des documents à huis clos, la limitation de l'accès à l'information aux seuls membres du Comité, la tenue de séances d'information confidentielles ou l'analyse des parties caviardées par un tiers, ce tiers pouvant être mon bureau.
Dans l'affaire des détenus afghans, la décision rendue par le Président Milliken en 2010 prévoyait la mise sur pied d'un comité composé de parlementaires, d'arbitres et de juges. Un processus a été mis en place, mais au bout du compte, le dernier mot revenait aux comités et à la Chambre.
Selon le processus proposé ici, mon bureau examinerait les documents montrant les parties que le gouvernement se propose de caviarder et nous donnerions ensuite notre avis au Comité.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à souligner d'entrée de jeu que, d'après moi, les questions de M. Chong ont été téléguidées par M. Oliphant pour laisser entendre qu'il a dit des choses qu'il n'a en fait pas dites. Je pense que les arguments de M. Chong étaient très clairs. Il a fait valoir que, dans notre système, le Parlement est suprême, ce qui signifie que nous nous attendons à ce qu'il y ait plus de transparence dans les enquêtes portant sur des questions importantes.
Monsieur Dufresne, je vous remercie de vos commentaires très clairs sur le fait que les comités ont le pouvoir constitutionnel d'exiger des documents. La Cour suprême et le Président Milliken ont confirmé dans leurs décisions qu'il y a des considérations d'intérêt public importantes dont les membres du Comité tiendront compte, et c'est à eux de prendre ces questions en considération.
Monsieur Roy, pouvez-vous répondre à cela? Si nous devons croire votre version de la réalité, à savoir que les comités n'ont pas le pouvoir d'exiger des documents, alors que diable a-t-il bien pu se passer dans le cas des détenus afghans? Comment interprétez-vous les événements qui se sont produits dans le cas des détenus afghans, si vous ne croyez pas que le Parlement a le pouvoir d'exiger la production de documents?
:
Oui, monsieur le président, mais je ne suis pas certain que ce soit un rappel au Règlement.
Vous avez jugé la motion acceptable, ce que je comprends, parce que la députée avait la parole et qu'elle pouvait présenter une motion. Je comprends que la motion concerne directement la discussion, et je devine que vous allez rendre une décision favorable.
Je pense que vous devriez cependant consulter les autres membres du Comité. Nous pourrions passer directement à cette motion, mais il y a peut-être des questions vraiment importantes que les autres députés qui n'ont eu qu'un seul tour jusqu'à maintenant aimeraient poser avant que nous passions à cette motion.
Je pense que cette motion prend naissance dans la déception de Mme Zann de n'avoir pas reçu les documents non caviardés et qui propose une solution. Je crois que M. Harris y a fait allusion vers la fin de ses questions quand il a demandé au légiste et conseiller parlementaire s'il effectuerait ce genre de travail, ce à quoi le légiste a dit oui.
J'aimerais savoir si, selon vous, nous en sommes maintenant au débat sur la motion. Je pense que c'est une bonne motion et je serai heureux de l'appuyer, mais je ne veux pas non plus que nous privions M. Bergeron, M. Harris ou d'autres membres du Comité de leur temps de parole pour poser des questions avant que nous passions à la motion.
Je voulais simplement savoir comment vous voulez procéder. C'est vous le président.
:
Excusez-moi, monsieur le président.
Je respecte et j'apprécie beaucoup les efforts de Mme Zann. Je remarque que l'adoption d'une motion n'étant assortie d'aucun délai ni d'aucune conséquence me semble moins forte que la mesure que le Comité a déjà prise. Je propose que nous ajoutions un délai clair pour la réception des documents. Si nous ne recevons pas les documents, nous pourrons réinviter M. Stewart, mais il me semble qu'à un moment donné, nous nous tapons la tête contre les murs. Je pense que nous devons faire rapport de cette question à la Chambre.
Bien que je ne sois pas du tout d'accord avec M. Roy dans l'interprétation de la loi, j'ai eu l'impression, à la lumière de ses commentaires, qu'il serait plus susceptible de conseiller le respect de la loi si la Chambre ordonnait la production des documents. Mon amendement dit que si les documents ne sont pas fournis, la question sera renvoyée à la Chambre. Ensuite, il reviendra à la Chambre d'en exiger la production, si elle le souhaite. Cela pourrait avoir plus de poids. Je pense que bon nombre des mêmes questions s'appliquent, mais cela pourrait avoir plus de poids aux yeux de MM. Roy et Stewart.
Plutôt que de nous répéter, nous devrions plutôt être prêts à réagir advenant qu'une motion répétée ne soit pas respectée, d'où, je pense, l'importance de l'amendement.
J'avais l'intention de parler de la motion, mais je serai heureux de parler de l'amendement.
Je suis d'accord pour dire que la motion n'est pas complète, mais je pense que l'amendement présuppose quelque chose que nous n'avons pas nécessairement besoin de présupposer pour l'instant. Je ne pense pas que ce soit une question de conséquences; je pense qu'on cherche ici à lier les mains du Comité trop tôt. Nous devons prendre le temps de bien faire les choses.
Je n'appuierai pas l'amendement tel quel, même si je ne suis pas totalement contre. Si nous rejetons l'amendement, je pense que je modifierais la motion de façon à demander très explicitement au légiste d'examiner les documents, ce que recherchait M. Harris, je crois, au regard de la pertinence ou de la validité des caviardages, afin de conseiller le Comité à ce sujet.
Le légiste pourrait recevoir deux séries de documents, l'une expurgée et l'autre pas. Il est notre avocat, notre conseiller juridique. Il pourrait les examiner et nous présenter un rapport, et nous pourrions ensuite l'appeler à témoigner de nouveau. Si, à ce moment-là, il nous dit qu'il pense que les documents ne sont pas ceux recherchés ou qu'ils sont par trop caviardés, nous pourrions proposer une motion semblable à celle proposée par M. Genuis. Je pense que c'est une motion que j'ai déjà entendue. Cela se tiendrait, mais présuppose le résultat d'un événement qui n'a pas encore eu lieu.
Je ne sais pas si sept jours représentent un délai approprié, mais je n'y vois rien de mal. Je ne peux pas vraiment donner avis d'un amendement, mais je signale à mes collègues du Comité que nous devrions rejeter cet amendement, car il est prématuré. Cela change passablement la nature de la motion et introduit une chose que le Comité pourrait vouloir faire ou ne pas vouloir faire. Prenons notre temps et procédons une étape à la fois.
Je pense que c'est dans cet esprit que nous en étions à la première motion. Nous avons maintenant un ensemble de documents plus complet et nous avons pu refaire venir l'Agence. Je suis un peu nerveux de voir que ses représentants n'ont pas eu tout le temps voulu pour expliquer les choses, parce que je pense que les membres du Comité pourraient poser des questions très importantes, mais ce n'est pas grave; nous en sommes là. Prenons quand même notre temps.
Je répète — et je suis désolé de le faire une troisième fois — qu'il serait important de rejeter l'amendement. Cependant, demandons très clairement au légiste de faire un travail d'analyse et de nous conseiller. Nous pourrons ensuite examiner le genre de motion que M. Genuis a à l'esprit.
:
Monsieur le président, j'ai le désagréable sentiment de m'être fait chaparder mon temps de parole. Quoi qu'il en soit, je vais malgré tout m'exprimer sur l'amendement qui a été proposé par M. Genuis.
D'abord, voici ce que j'aurais voulu dire, si j'avais pu intervenir lors du deuxième tour. Pour des raisons qui leur sont propres, les gens de l'Agence de la santé publique du Canada ont choisi de ne pas révéler en public des informations qui leur étaient demandées. Le Comité leur a donné la possibilité de révéler ces informations au légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes, de telle sorte qu'il puisse nous donner des avis quant au traitement qui doit être donné à ces informations.
Comme je le disais tout à l'heure, les parlementaires ne sont pas irresponsables. Ils ne chercheront pas à rendre publiques des informations qui ont un caractère personnel, ou des informations qui pourraient avoir des incidences sur la sécurité nationale ou encore des informations qui font l'objet d'enquêtes criminelles.
Conséquemment, je crois que, ce qui était déjà prévu, c'était que nous demandions à l'Agence de la santé publique du Canada de nous fournir les documents non caviardés par l'intermédiaire du légiste et conseiller parlementaire, qui nous conseillerait quant à la suite des choses. C'est la lecture que je fais de la motion que nous a rappelée la greffière, il y a quelques instants.
Étonnement, l'Agence de la santé publique du Canada n'a pas saisi cette main tendue de la part des membres du Comité pour partager des informations qui auraient pu ne pas être rendues publiques, traitant finalement le Comité parlementaire comme n'importe quel autre justiciable qui demanderait de l'information à ladite Agence.
Monsieur le président, je crains que l'on se dirige manifestement vers une escalade, dont l'Agence de la santé publique du Canada ne sortira pas gagnante. C'est ce que je voulais exprimer plus tôt. Je me disais que l'Agence doit réaliser qu'elle a tout avantage à collaborer avec le Comité, avec les parlementaires.
Comme je le disais, nous sommes des gens raisonnables. Je ne crois pas que quiconque parmi nous veuille faire un mauvais usage ou un usage inapproprié des documents ou des informations qui nous seraient communiqués qui irait à l'encontre des dispositions de la Loi sur la protection des renseignements personnels, à l'encontre de la sécurité nationale ou à l'encontre des enquêtes criminelles, et que, conséquemment, nous saurions traiter ces informations avec toute la prudence que requièrent les circonstances.
Or je constate que l'Agence de la santé publique du Canada, conseillée en cela par M. Roy, persiste et signe et prétend que le Comité n'a pas le pouvoir d'obtenir ces informations, ces documents.
Cela va à l'encontre de l'avis qui nous a été donné encore une fois ce soir par le légiste et conseiller parlementaire, qui invoque bien sûr les dispositions constitutionnelles à cet égard et le jugement à la fois de la Cour suprême et du président Milliken. Malgré tout, Me Roy persiste et signe en disant que le Comité n'a pas ce pouvoir.
Ce que je craignais est en train de se produire. On se dirige vers une escalade, et je ne crois pas que ce soit à l'avantage de l'Agence de la santé publique du Canada que nous entreprenions cette escalade.
Cela dit, je suis d'accord avec M. Genius pour dire que la motion de Mme Zann, qui était, je pense, tout à fait bien intentionnée, n'allait pas suffisamment loin. En fait, elle allait beaucoup moins loin que la motion antérieure que nous avions adoptée, puisque non seulement il n'y avait pas d'échéancier, mais il n'y avait pas de conséquences.
Pour reprendre les arguments de M. Oliphant, je crois que ce que M. Oliphant propose était déjà prévu dans la motion que nous avons déjà adoptée, à savoir qu'advenant le cas où l'Agence refuserait de fournir les documents, M. Stewart et ses collaborateurs seraient convoqués par ce comité, ce qui a lieu présentement.
Or il ne sert à rien de reproduire cela une énième fois puisque, manifestement, nous sommes dans un cul-de-sac et qu'il y a une volonté délibérée de la part de l'Agence de la santé publique du Canada, conseillée en cela par M. Roy, de ne pas fournir les informations demandées au Comité, que ce soit par l'intermédiaire ou non du légiste et conseiller parlementaire.
Cela me peine, parce que j'aurais véritablement souhaité que nous puissions trouver un compromis acceptable avec les dirigeants de l'Agence de la santé publique du Canada et avec M. Roy, et parce que, comme je l'ai dit et le répète une énième fois, nous sommes des gens raisonnables et il n'y a aucune raison pour laquelle les parlementaires voudraient outrepasser leur pouvoir et rendre publiques des informations qui iraient à l'encontre des dispositions de la Loi sur la protection des renseignements personnels, à l'encontre de la sécurité nationale ou à l'encontre d'enquêtes policières.
Cependant, il n'appartient pas à l'Agence de la santé publique du Canada ni à Me Roy de déterminer s'ils doivent ou non produire ces documents. Cette obligation est légale — elle existe — et, compte tenu de ce refus délibéré et répété, je n'ai d'autre choix que d'annoncer que je vais voter en faveur de l'amendement proposé par M. Genuis.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de participer au débat sur la motion de Mme Zann et sur l'amendement de M. Genuis.
Tout d'abord, je suis un peu déçu que nous n'ayons pas pu poser plus de questions sur la nature des documents et sur les autres documents qui ont été rendus publics — l'ont-ils été d'ailleurs? — afin que nous en sachions un peu plus sur la nature des autres documents, mais je suppose que nous sommes déjà engagés dans ce débat.
Je dirai ceci. Je crois que M. Roy a déformé ou mal interprété — et je dis cela avec beaucoup de respect — la décision du Président Milliken. Je me fonde en cela sur mon expérience, car j'ai fait partie du comité sur l'Afghanistan qui a réclamé ces documents aux termes de la procédure parlementaire. La demande a été rejetée et l'affaire a été renvoyée à la Chambre. Il y a eu un long débat à la Chambre, auquel j'ai participé. La décision a été très claire: la Chambre des communes et les comités avaient droit à ces documents. Quels que soient les documents disponibles, les comités y avaient droit, et si les comités ne pouvaient pas les obtenir, la Chambre pourrait prendre un ordre.
La seule distinction est la suivante: le Président Milliken a dit qu'il retarderait la prise d'un ordre en attendant que les partis à la Chambre aient eu l'occasion de déterminer les mesures qu'ils pourraient vouloir prendre afin de protéger l'intérêt public relativement à la divulgation des documents, parce qu'il s'agissait de questions de relations internationales qui comportaient des violations potentielles de la Convention de Genève et des violations très graves du droit international.
Finalement, un comité a été formé — j'en faisais partie — pour déterminer la nature des mécanismes. Le comité en question a décidé, à la majorité — et je ne faisais pas partie de cette majorité — de la façon dont les choses devraient se dérouler, et a présenté un rapport au Président. À la majorité, le Parlement — nous avions alors un gouvernement minoritaire — a appuyé une méthode de traitement des documents, et le Président a dit qu'il la mettrait en œuvre.
Dans notre sagesse, ou dans notre absence de sagesse — selon la décision finale qui pourrait être rendue —, nous avons prévu ce cas de figure lors de notre étude en vue de demander les documents. Nous savions que nous avions droit aux documents. M. Dufresne nous a conseillés sur les règles en vigueur. Nous avons suivi le processus et obtenu les conseils juridiques appropriés du conseiller parlementaire. Cet avis était conforme à la décision du Président Milliken, une décision très importante, et c'est probablement la principale décision à ce sujet dans les démocraties parlementaires de Westminster.
Nous avons inscrit cela au paragraphe b) de notre décision, qui dit que le légiste doit « discuter avec le Comité, à huis clos, de l'information que contiennent les documents et qui, à son avis, pourrait raisonnablement compromettre la sécurité nationale ou révéler quelque chose d'une enquête criminelle en cours », etc., de sorte que le Comité puisse alors déterminer comment garantir l'intérêt public relativement à la confidentialité de ces questions.
C'est ce qui s'est produit après que le Président a déclaré que le Parlement avait droit à ces documents. Nous avons pris cette mesure.
Si M. Roy avait décidé qu'il voulait discuter avec le Comité des mesures que nous proposons et s'il en était satisfait, la situation aurait été différente. M. Roy a essentiellement dit: « Non, vous n'avez pas ces pouvoirs. Vous n'avez pas droit à ces documents. » Et ce n'est pas ce que dit la décision.
Pour l'instant, nous n'avons pas vraiment d'autre choix que de déterminer si la décision du Président Milliken sera maintenue. Cette décision a en fait jeté des bases qui ont permis aux comités de faire leur travail au Parlement et de suivre la convention qui... Cette convention n'a pas été inventée par la Chambre du Parlement du Canada. Elle a été appliquée dans d'autres assemblées législatives et parlements, ailleurs dans le monde, pour veiller à ce que le Parlement ait le droit d'accéder à des documents, mais encore faut-il que le Parlement s'engage à trouver des moyens de protéger l'intérêt public.
C'est ce dont nous sommes saisis maintenant, et je pense que la motion de Mme Zann était tout à fait recevable. Je n'ai pas vu l'amendement écrit, alors avant même que nous ne votions là-dessus, que nous choisissions le libellé ou que nous décidions de l'amender ou pas, je pense que nous devrions tous en avoir une copie pour pouvoir l'examiner chacun de notre côté.
Je pense qu'il nous incombe de ne pas laisser tomber cette question en cédant aux arguments de M. Roy avec lesquels nous ne sommes pas d'accord. À moins que M. Dufresne ne nous dise que nous faisons fausse route, je pense qu'il faut d'abord obtenir l'avis du Président de la Chambre, et de la Chambre elle-même, pour pouvoir déterminer quels documents nous allons recevoir.
C'est un principe constitutionnel fondamental qui a été clairement énoncé par M. Dufresne, et si le gouvernement ou les fonctionnaires dans ce cas — je ne sais pas qui prend la décision, si les fonctionnaires la prennent d'eux-mêmes ou sur les instructions de quelqu'un d'autre — décident que ce sera une impasse, alors nous n'avons pas d'autre choix, pas d'autre ligne de conduite à tenir que de continuer. Il y aura peut-être d'autres discussions sur la meilleure façon de protéger l'intérêt public, mais c'est une discussion qui se fonde sur le fait que nous avons le droit, en tant que députés, en vertu des règles du privilège parlementaire, d'avoir accès à ces documents.
Si nous pouvions avoir une copie des documents et avoir une autre occasion d'en discuter pour savoir si c'est exactement... Comme M. Oliphant l'a dit, il y a peut-être une autre voie à suivre, à part ce que précise cette motion, mais je pense que l'objectif général de l'amendement devrait être respecté, et nous devrions aller plus loin que nous ne l'avons fait jusqu'ici.
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Puis-je rapidement clarifier ma motion en répondant à Mme la greffière?
Premièrement, je viens de vous envoyer un courriel avec la version française, alors j'espère que cette version vous permettra de distribuer la motion.
Deuxièmement, j'ai agi à dessein en ne soulevant pas la question des privilèges du Comité. Je crois comprendre que les questions de privilège ont des conséquences différentes, selon qu'on parle de la Chambre ou des comités, et le Comité est saisi d'une autre option. Je propose, si vous êtes d'accord, étant donné que vous avez préparé cette ébauche de rapport, que vous la distribuiez aux membres afin que nous puissions l'examiner, mais ce n'est pas l'amendement que je propose.
L'amendement que je propose — et vous l'avez noté dans vos commentaires — dirait que, si les documents ne sont pas fournis dans les sept jours, un rapport doit être envoyé à la Chambre. Si ce rapport est ensuite adopté, cela équivaudra à un ordre de production de documents émanant de la Chambre. À ce moment-là, il ne s'agirait toujours pas d'une question de privilège, mais d'un ordre de la Chambre.
Madame la greffière, corrigez-moi si je me trompe, mais j'ai intentionnellement évité de tomber dans les extrêmes.
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D'accord, j'y vois maintenant plus clair. L'explication de M. Genuis concernant son amendement a été utile. Cela va peut-être le surprendre, mais je ne suis pas du tout contre. Je pense qu'il apporte quelque chose d'utile. Je continue toutefois de penser que c'est prématuré.
Comme M. Stewart est ici aujourd'hui, j'aimerais avoir son avis à ce sujet. Nous avons entendu son avocat au ministère de la Justice, mais nous n'avons pas encore réussi à communiquer avec l'Agence de la santé publique pour savoir s'il est possible que nous en arrivions à nous entendre sur ce que nous pourrions promettre ou faire pour obtenir les renseignements que nous voulons.
Je vais être très clair, et vous allez assister à l'un de ces moments d'indignation de Rob Oliphant.
Même si nous avons de nombreux avocats dans cette salle, j'affirme que les avocats n'ont pas toujours raison, en particulier ceux du ministère de la Justice. Ils ont essuyé un échec devant la Cour suprême du Canada sur la loi visant à prévenir la discrimination génétique, contre laquelle ils se sont battus jusqu'au bout. J'ai donc appris à remettre en question les avis des avocats de notre ministère de la Justice. Ce n'est pas la première fois qu'une situation semblable se produit. Les avocats du ministère de la Justice ont fourni au Service canadien du renseignement de sécurité des conseils en matière de rétention de données et de renseignements. Quand je présidais le comité de la sécurité publique, j'ai été outré d'apprendre que pendant 10 ans, le ministère de la Justice conseillait le SCRS en matière de rétention d'information.
Je dis cela pour mettre en garde l'Agence de la santé publique du Canada et lui suggérer d'obtenir une deuxième opinion. Elle compte un grand nombre de médecins. Elle doit avoir une deuxième opinion, parce que je pense que le ministère de la Justice ne lui donne pas les conseils les plus judicieux. Je sais que la situation est très difficile et, même si je suis du côté du gouvernement, je suis inquiet.
Mon intervention fait écho à celle de M. Bergeron. Nous reconnaissons la valeur du service public rendu par l'Agence de la santé publique du Canada. Nous voulons travailler avec vous pour obtenir les renseignements dont nous avons besoin et nous vous garantissons que nous allons en préserver l'intégrité. Nous pourrions le faire de la manière que propose Mme Zann, en demandant à notre avocat d'en évaluer la teneur d'abord. Vous pouvez aussi nous proposer un autre moyen de nous sortir de cette impasse, sans en faire toute une histoire, comme c'est en train de se produire.
Si nous en arrivons là, j'appuierai l'amendement de M. Genuis en demandant à la Chambre de confirmer notre demande. Je le ferai certainement. Je pense toutefois que tout le monde doit faire des concessions dans ce débat.
Vous êtes ici et vous avez un avocat. Votre avocat a toutefois tracé une limite avec laquelle je ne suis pas d'accord. Cela ne correspond certes pas à notre compréhension, non seulement de notre droit constitutionnel, mais aussi de notre responsabilité en tant que parlementaires. Nous avons une responsabilité, parce qu'en bout de ligne, c'est le Parlement qui a préséance les autres pouvoirs du gouvernement. Ultimement, c'est cela.
Je me demande comment nous pouvons éviter ce genre de motion sur ceci et sur cela pour nous sortir de cette impasse et trouver simplement une solution. S'il n'y a rien à faire, je comprends. Si nous ne pouvons rien faire pour apaiser vos inquiétudes au sujet de la protection de la vie privée et de votre intégrité en tant que service public, compte tenu des lois auxquelles vous êtes assujettis, je comprends. Nous allons alors emprunter la voie proposée par M. Genuis et passer par la Chambre et voir où cela nous mènera.
J'essaie seulement de trouver une manière plus constructive de nous mettre au travail et de nous sortir de cette impasse afin que nous obtenions ces renseignements. Nous devons nous acquitter de notre responsabilité et vous donner l'assurance que vous n'enfreignez aucune loi et que votre intégrité est intacte. C'est tout ce que nous voulons. Vous êtes un organisme important qui subit beaucoup de pression ces temps-ci.
Je veux que ce soit très clair: en tant que parlementaires, nous savons que [Difficultés techniques], et j'ai travaillé avec l'Agence de la santé publique du Canada dans le passé. Vous ne le savez pas, mais j'ai obtenu des subventions de l'Agence. C'était dans ma vie antérieure à la Société canadienne de l'asthme.
Nous savons que vous êtes débordés et que vous avez une pandémie à gérer. Vous êtes terriblement occupés. Nous ne voulons pas vous causer d'autres problèmes. Nous voulons trouver une solution et faire notre travail. Comme cela arrive parfois avec la procédure parlementaire, le respect des règles nous entraîne parfois trop loin avec toutes ces motions, alors que nous pourrions simplement nous arrêter et essayer de trouver une solution.
Je le répète, s'il n'y a rien que nous pouvons faire pour apaiser vos craintes, nous ferons rapport à la Chambre et j'appuierai l'amendement proposé par M. Genuis à la motion.
Je ne sais pas comment nous pouvons faire cela tout en respectant la procédure, monsieur le président, mais ne pourrions-nous pas demander à quelqu'un qui n'est pas membre du Comité de prendre la parole au cours d'un débat sur une motion qui a été proposée pendant que nous étions encore en train d'interroger les témoins? C'est la partie délicate. Je pense qu'avec le consentement unanime nous pourrions demander à M. Stewart de répondre, même s'il n'est pas membre du Comité. La décision vous revient.
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Non. Je remercie M. Oliphant pour ses commentaires et je comprends qu'il y a plusieurs façons de procéder.
Il va sans dire que nous cherchons une façon d'aller au fond des choses pour savoir si nous pouvons nous acquitter de notre devoir et de notre obligation, comme l'a souligné M. Oliphant, c'est-à-dire décider s'il est dans l'intérêt public que ce comité aille plus loin.
Nous parlons de l'amendement. Quant à savoir ce que M. Stewart peut penser de la tournure des événements, il n'en pense peut-être rien et s'appuie simplement sur l'avis juridique qu'on lui a donné. Soit dit en passant, je suis d'accord avec la motion originale de Mme Zann, mais l'amendement de M. Genuis propose une procédure différente de celle que notre comité avait d'abord décidé d'adopter pour traiter cette affaire. Quant à demander au légiste d'évaluer la teneur des documents, je pense que cela revient au même.
Il y a une grande différence entre l'amendement que M. Genuis propose et le paragraphe b) de notre motion.
Notre motion initiale précise que le légiste et conseiller parlementaire obtiendra les documents non-expurgés. Par la suite, le légiste et conseiller:
discute avec le Comité, lors d'une réunion à huis clos, de tous les renseignements obtenus qui pourraient, selon lui, compromettre la sécurité nationale ou divulguer des détails d'une enquête criminelle en cours, mise à part l'existence d'une enquête, afin que le Comité puisse déterminer quels renseignements peuvent être dévoilés lors d'une réunion publique.
Autrement dit, agissant sur l'avis du légiste et conseiller parlementaire, et connaissant la teneur des documents et le genre d'enquête en cours et tout le reste, il revient au Comité de déterminer ce qui doit être rendu public et ce qui ne doit pas l'être.
En vertu de l'amendement de M. Genuis, les documents seraient transmis au légiste et conseiller parlementaire dans les deux semaines suivant la demande et ainsi de suite. Le légiste et conseiller parlementaire doit en expurger les renseignements qui pourraient « compromettre la sécurité nationale ou divulguer des détails d'une enquête criminelle en cours, mise à part l'existence... ». Ces documents sont ensuite déposés à la Chambre par le Président à la prochaine occasion après leur approbation, je suppose, puis renvoyés au Comité.
Cela place le légiste et conseiller dans la position de juger ce qui... C'est son opinion qui prévaudra. Il prend la décision d'expurger les documents. Ce n'est donc plus le Comité qui décide de ce qui est pertinent ou ce qui doit être fait, mais le légiste.
Cette approche pourrait être plus acceptable pour le Comité, et il revient à celui-ci de l'accepter. En fait, je préfère la démarche initialement proposée par notre comité, soit d'avoir quelqu'un qui reçoit les documents en premier et les garde dans un lieu secret. Cette personne donnerait un avis sur la manière de les traiter et nous gérerions ensuite l'affaire nous-mêmes. Cela me convient. Je trouve que c'est la bonne façon de procéder.
L'autre procédure est un peu plus bureaucratique dans un sens: elle exige que le légiste et conseiller agisse comme juge, ce qu'il ne souhaite peut-être pas faire. C'est bien différent.
Je pense qu'il est bon de le savoir. C'est pourquoi je demanderais à M. Genuis d'expliquer pourquoi il a choisi cette méthode au lieu de demander à la Chambre des communes de déterminer que c'est notre méthode qui devrait être utilisée. Voilà ce que je voulais dire.
Je veux revenir sur les propos de M. Oliphant. Je ne suis pas certain que nous soyons en mesure de négocier en public avec M. Stewart sur ce qui serait acceptable pour lui. J'ai l'impression que nous ne disposons pas de tous les outils requis pour faire cela ce soir à cette réunion. Je pense qu'il vaudrait la peine d'entendre si, oui ou non, une décision sans nuances a été prise dans les officines de l'Agence de la santé publique du Canada ou du gouvernement. Vont-ils s'entêter, ou est-il possible de poursuivre les discussions avec l'Agence de la santé publique du Canada pour trouver un moyen d'aller au fond des choses.
En gros, nous ne savons pas ce qui se passe. Nous ne devrions pas agir à l'aveuglette, nous devrions plutôt chercher à avoir une meilleure idée de la teneur de ces autres documents, mais nous sommes maintenus dans l'ignorance. Cette information nous permettrait de déterminer si c'est une affaire qui ne présente aucun intérêt pour nous ou si c'est une affaire grave qui mérite une enquête plus poussée. Le cas échéant, le Comité a l'obligation de faire un examen plus approfondi, à aller jusqu'au bout et à s'assurer que tous ces documents sont mis à notre disposition.
En l'absence de ces documents, nous n'avons vraiment pas d'autre choix que d'aller de l'avant.
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Merci, monsieur le président.
Premièrement, en réponse aux propos de M. Oliphant, il est important de souligner que M. Stewart et l'Agence de santé publique auront beaucoup de portes de sortie une fois que cette motion amendée sera adoptée, si jamais elle l'est.
La motion exige la production de documents dans les sept jours suivant la demande. Bien entendu, l'issue la plus facile pour l'Agence de santé publique serait de produire ces documents. Cela nous éviterait de faire rapport à la Chambre.
Si l'Agence souhaite adopter une proposition de compromis, elle pourrait certainement la proposer aux membres du Comité et par l'entremise des députés de la Chambre. La Chambre pourrait ensuite décider de ne pas présenter de motion portant adoption de rapport, parce que si la Chambre demande des documents, sa demande ne prendra effet qui si elle est approuvée par la Chambre, ce qui est loin d'être automatique.
Il y a d'autres mesures disponibles dans les sept jours suivant la demande et avant une éventuelle adoption. Sept jours à compter d'aujourd'hui équivalent à une semaine de relâche. Le rapport ne pourra être adopté avant la semaine suivante.
Je dirais que cette motion met en place une série de mesures initiales qui peuvent être prises, sans toutefois les rendre obligatoires, et laisse la porte ouverte au compromis.
Ma suggestion irait dans le même sens que ce qu'a dit M. Oliphant: adoptons l'amendement et la motion et encourageons l'Agence de la santé publique du Canada à utiliser ces portes de sortie, tout en sachant que nous avons un chemin de tracé si jamais elle décidait de ne pas les utiliser.
Monsieur Harris, au lieu de vous donner les motifs qui m'ont incité à formuler mon amendement comme je l'ai fait, permettez-moi seulement de dire que vos arguments m'ont convaincu et que j'appuierais un amendement dans le sens que vous avez proposé.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Sur le plan procédural, j'essaie de suivre.
Tout d'abord, il y a eu une motion de Mme Zann. Il y a ensuite eu un amendement proposé par M. Genuis, suivi d'un amendement de M. Harris. Or, quand M. Oliphant a fait sa proposition, on l'a tout de suite mise aux voix.
Je fais appel à vous, monsieur le président, pour coordonner ces amendements et ces sous-amendements afin d'en arriver à une motion, et ce, pour que nous puissions voter de façon raisonnable sur ce qui est présenté, parce qu'il y a plusieurs changements. Il y a aussi la proposition de M. Fragiskatos.
Comme vous le savez bien, les étapes à suivre sont les suivantes: il faut y aller en fonction des amendements, les voter et passer ensuite aux sous-amendements, et ce, jusqu'à l'adoption de la motion finale. Ce serait bien de fonctionner de cette façon, monsieur le président, avec tout le respect que je vous dois.
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Je déteste le faire, mais, parce que nous nous enlisons, j'ai dessiné un schéma indiquant ce qui est censé se passer. Pour le moment, cela n'a aucun sens pour moi.
Le premier problème, il me semble, c'est que la motion de Mme Zann suppose la comparaison de deux séries de documents et que le libellé de la motion le reflète mal. Ce n'est pas précisé. Toutefois, je pense que son intention était que nous recevions les documents caviardés et les documents non caviardés, qu'ils soient comparés et qu'on évalue pour nous... Le mot « teneur » est un mot que j'utilise souvent; il a une connotation quelque peu théologique et évoque l'idée d'exactitude. Je pense qu'il serait probablement préférable d'employer « pertinence » ou « conformité » ici.
Il y a donc un processus que nous amorcerions. Nous demanderions que l'Agence de la santé publique du Canada remette l'ensemble des documents à notre conseiller juridique. Lui et son équipe les examineraient pour en déterminer la pertinence en fonction des critères déjà énoncés dans notre toute première motion. Il reviendrait nous dire si, à son avis, c'est pertinent. Il ne ferait pas le caviardage, puisqu'il aurait les deux séries de documents.
Si cela ne se produit pas — si nous n'obtenons pas les documents non caviardés ou si nous les jugeons non conformes à ce que nous avons demandé —, nous aurions un processus pour nous adresser à la Chambre, qui répondrait par un ordre. Les documents se retrouveraient ensuite à la Chambre, mais je ne sais pas trop comment cela se ferait parce qu'il y a plusieurs ruptures dans mon schéma, là où la logique des événements m'échappe. Et puis, les choses pourraient aboutir autrement.
Nous ne pouvons pas dicter au Président ce qu'il doit faire. Je veux dire que ce libellé... J'essayais simplement de comprendre... Nous ne devons pas présupposer. Nous pouvons adopter une motion et la présenter à la Chambre, qui pourra alors prendre position, mais nous ne pouvons pas dicter au Président sa conduite. Le Président agira selon ses lumières et rendra une décision, et c'est alors que quelque chose se produira.
Nous avons aligné une série de maillons, mais sans vraiment créer une chaîne. Je pourrais laisser aller les choses et me contenter de dire: « Advienne que pourra », mais je dois dire que je ne suis pas convaincu de la cohérence de la succession d'étapes que nous prévoyons. C'est ce que je cherchais à dire parce que je ne savais pas exactement quand et où le légiste parlementaire avait obtenu les documents et ce qu'il était censé en faire ni à qui il devait faire rapport. À mes yeux, il y avait quelque chose qui clochait.
Voilà où j'en suis. Je n'ai pu que détailler les difficultés, mais je ne propose pas de solution, puisque les membres du Comité semblent converger vers... De façon très générale, nous voulons savoir ce qu'il y a dans ces documents. Nous ferions confiance à notre conseiller juridique, d'abord pour les examiner, puis pour nous conseiller, mais nous voudrions ensuite les voir tous s'il dit qu'ils ne correspondent pas à notre demande. Nous voudrions également nous en référer à la Chambre pour obtenir un appui et une décision du Président afin de nous assurer que ce que nous faisons est conforme à la procédure parlementaire. Nous réitérerions notre demande à l'Agence, lui donnant ainsi de nouveau l'occasion de nous faire parvenir les documents, après quoi le Président aurait éventuellement à décider des conséquences ultimes. Ce ne serait pas à nous d'en décider.
L'attitude résolue qui me paraît résulter de la situation dans laquelle nous nous trouvons tous me plaît. Je pense qu'il y a maintenant consensus à ce sujet, mais je ne sais pas trop quelle en est la logique ni par quel mécanisme ce différend trouvera son dénouement.
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Merci, monsieur le président.
Je suis favorable à l'amendement de Garnett Genuis. Je l'appuie parce que nous avons besoin des documents non expurgés de l'ASPC. L'Agence de la santé publique du Canada nous dit, à nous et aux médias, que le congédiement de la Dre Qiu et du Dr Cheng n'a rien à voir avec l'émergence du coronavirus à la fin de 2019. L'ASPC nous dit, à nous et aux médias, que l'envoi du virus Henipavirus et du virus Ebola à l'Institut de virologie de Wuhan n'avait rien à voir avec l'émergence du coronavirus à la fin de 2019, apparemment à Wuhan.
Nous pouvons être certains de deux ou trois choses. Il ne fait aucun doute que Dre Qiu et Dr Cheng ont travaillé au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, au Manitoba. De plus, il ne fait aucun doute que, pour travailler là, il faut avoir une cote de sécurité de niveau secret, cote qui leur a forcément été donnée puisqu'ils y ont travaillé. Il n'est pas plus douteux que le Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg a collaboré étroitement avec l'Institut de virologie de Wuhan et que la Dre Qiu a expédié le virus Ebola et Henipavirus à l'Institut de virologie de Wuhan le 31 mars 2019, à peine huit mois avant l'apparition du coronavirus. Il n'est pas douteux qu'elle ait formé des techniciens à cet institut de virologie pour en faire un laboratoire de niveau 4, le seul en République populaire de Chine. Enfin, il ne fait aucun doute que le coronavirus a fait son apparition avec fracas à Wuhan quelques mois plus tard.
Il a été fait allusion au Comité de théories du complot. Permettez-moi de citer Ian Bremmer, qui est tout sauf un complotiste.
Il a déclaré aujourd'hui que « la réticence de la Chine à coopérer avec l'Organisation mondiale de la Santé pour étudier les origines du coronavirus a fait qu'il est impossible de déterminer comment la maladie est apparue, avec le résultat que la réponse scientifique à cette question demeure incertaine. En effet, abstraction faite de toutes les allégations de complot, la théorie selon laquelle le coronavirus serait en fait, par inadvertance, sorti d'un laboratoire de biologie de Wuhan demeure à la fois plausible et profondément préoccupante. »
C'est Ian Bremmer qui le dit. J'ajouterais que l'ancien chef de Cabinet du premier ministre a un collègue dans son Eurasia Group.
Il y a deux théories sur l'apparition du coronavirus. La première, c'est qu'il s'agit d'un cas de zoonose et la deuxième, qu'il est sorti du laboratoire de l'Institut national de virologie à Wuhan. Ce n'est pas seulement Ian Bremmer qui le dit. Ce sont aussi des gens comme Nicholas Wade, auteur scientifique très respecté, qui a été rédacteur en chef adjoint de Nature, revue scientifique, avec comité de lecture, de grande réputation, qui a collaboré avec la revue Science, autre publication universitaire avec comité de lecture, et qui a également travaillé pendant de nombreuses décennies au New York Times. Il y a à peine cinq jours, il signait un article dans lequel il posait des questions sur l'origine du coronavirus.
Si je soulève ce point, c'est que le Laboratoire national de microbiologie du gouvernement du Canada a collaboré étroitement avec l'Institut de virologie de Wuhan. Le public canadien a le droit de savoir quelle était l'ampleur de cette collaboration, pourquoi ces deux scientifiques ont été congédiés, ce qui s'est passé exactement avec le transfert du Henipavirus et du virus Ebola et quels étaient les autres arrangements et activités entre cette institution du gouvernement du Canada et ce laboratoire de virologie à Wuhan.
C'est pourquoi il nous faut obtenir cette information. Dans une démocratie parlementaire, le public a le droit de savoir.
J'espère que le Comité, avant de lever la séance aujourd'hui, adoptera la motion amendée pour obliger l'ASPC à produire cette information, qui est non seulement exigible en vertu des précédents établis par...
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Monsieur le président, avec tout le respect que je vous dois, je ne prends pas la parole très souvent au Comité, pas aussi souvent que beaucoup d'autres membres, et je traite actuellement d'un point qui est très pertinent à l'amendement et à la motion principale dont nous sommes saisis.
Le problème est le suivant. Dre Qiu a formé des gens à l'Institut de virologie de Wuhan afin que celui-ci puisse devenir un laboratoire de niveau 4, le seul de niveau 4 en Chine. En quoi est-ce pertinent? Ce l'est du fait que le secrétariat d'État des États-Unis, notre plus proche allié et principal partenaire commercial, nous a informés plus tôt cette année que les normes n'étaient pas respectées dans ce laboratoire, qu'elles ne répondaient pas aux critères du niveau 4, et qu'on y manipulait souvent des virus très dangereux dans des conditions correspondant au niveau 2 ou 3.
C'est pourquoi il nous faut ces documents. Nous devons savoir ce que le gouvernement du Canada a fait, par le truchement du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, dans ses efforts de collaboration avec l'Institut de virologie de Wuhan, en Chine.
Voilà pourquoi nous devons obtenir ces documents. Nous sommes une démocratie parlementaire et, en vertu de deux séries de conditions, nous avons droit à ces documents. Comme mes collègues et le légiste parlementaire l'ont souligné, le Président Milliken a rendu des décisions établissant des précédents en....
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Merci, monsieur le président. Je vais conclure rapidement.
Ce que je soulève est tout à fait pertinent, et il ne s'agit pas de questions d'inspiration complotiste.
Nicholas Wade a posé des questions il y a cinq jours dans le Bulletin of the Atomic Scientists, qui jouit d'une solide réputation. Ian Bremmer soulève des questions sur les origines de ce virus et le rôle que l'Institut de virologie de Wuhan a joué. D'autres personnes soulèvent des questions. Elles ne viennent pas d'une zone obscure du Web qui se nourrit de complots. Ce sont des gens de solide réputation qui soulèvent des questions des plus valables.
En tant que parlementaires canadiens, nous aimerions savoir quel a été le rôle du Laboratoire national de microbiologie dans sa collaboration avec l'Institut de virologie de Wuhan. Il a formé des gens pour travailler dans un laboratoire de niveau 4. Il a envoyé des scientifiques et des virus à Wuhan. Nous devons savoir en quoi consistait cette collaboration et pourquoi Dre Qiu et Dr Cheng ont été congédiés. Nous devons savoir exactement ce qui s'est passé dans cette affaire.
Permettez-moi de terminer en insistant sur le fait que nous sommes une démocratie parlementaire et que nous avons le droit, à deux conditions, d'obtenir ces documents.
Comme mes collègues l'ont déjà mentionné, la décision rendue en 2010 par le Président Milliken établissait un précédent, non seulement à la Chambre des communes du Canada, mais aussi dans les parlements du Commonwealth. Cette décision a clairement établi que les comités de la Chambre ont le droit de demander, sans restriction, des documents et autres éléments d'information au gouvernement du Canada, ce qui est exactement ce que nous avons fait dans notre motion du 31 mars, il y a environ cinq semaines. Ce sont des documents que nous n'avons pas encore reçus dans leur version non caviardée, comme nous l'avions demandé.
La loi elle-même prévoit que, pour ce qui est des renseignements personnels, le Comité a le droit, en vertu du paragraphe 8(2)c), de les obtenir. Pourtant, nous ne faisons que rencontrer de l'obstruction, et ce, pendant une pandémie qui vient limiter les pouvoirs du Parlement et sa capacité de demander des comptes au gouvernement.
Pour toutes ces raisons, j'espère que d'ici la fin de cette séance, dans une demi-heure, nous aurons adopté les amendements et la motion qui feront en sorte que l'ASPC nous communiquera cette information, que le public canadien est en droit de connaître.
Merci, monsieur le président.
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Je pense que nous sommes d'accord sur le fait que nous voulons les documents. Je ne comprends pas très bien sur quoi portait ce débat. Nous voulons les documents. Je ne pense pas que qui que ce soit au Comité ait dit le contraire. Nous voulons exercer notre privilège parlementaire. Nous comprenons tous cela.
Je dirais qu'une décision du Président — c'est peut-être une question à laquelle M. Dufresne peut répondre pour nous —, mais je ne vais même pas tenter d'y répondre... Je pense qu'il y a un problème à cet égard. Ce n'est pas parce que le Président de la Chambre déclare que la Chambre a tel pouvoir que la Cour suprême en a fait autant. On nous a dit à quelques reprises que la Cour suprême l'avait fait. Je n'ai jamais vu de citation et je ne sais donc pas exactement ce qu'il en est.
Je serais heureux de savoir que la décision du Président Milliken a été confirmée par un tribunal parce que, lorsqu'un organe du gouvernement déclare pouvoir obtenir telle chose... Eh bien, c'est sûr qu'il dira pouvoir l'obtenir, puisque c'est son travail.
Cela étant dit, je ne pense pas que nous soyons en train de discuter de cela en ce moment. Nous avons tous convenu qu'il s'agit d'un ensemble important de documents. Nous voulons y aller avec prudence. Nous voulons procéder judicieusement. Nous voulons nous assurer qu'il y aura moyen de négocier avec l'ASPC, de trouver un moyen lui permettant d'exercer son autorité et sa responsabilité, comme nous pourrons exercer les nôtres. Il n'y a pas de désaccord là-dessus.
Ce sur quoi je ne suis pas d'accord, ce sont les idées farfelues qui vont jusqu'à suggérer des rapprochements qui n'ont aucun sens, qu'il y a quelque chose dans ces documents qui va permettre de répondre à la question qui intrigue le monde entier, à savoir l'origine du coronavirus, de la COVID-19. Je pense que c'est un mauvais discours, voire de la désinformation. À mes yeux, on tente de faire des rapprochements qui n'ont pas leur place dans un comité du Parlement. Cela ne fait que semer des idées étranges dans la tête des gens.
Sortons de l'impasse. Je suis heureux de cette motion. Je pense qu'il sera assez difficile de savoir exactement ce que nous allons faire par la suite et comment tout cela s'appliquera, mais je m'en accommoderai. La motion me paraît acceptable. Adoptons-la.
Il y a une certaine tendance au dénigrement au sein du Comité, et je trouve cela très problématique. Je souhaiterais simplement que nous adoptions la motion. Nous verrons ensuite comment procéder.
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Monsieur le président, j'ai bien honnêtement l'impression d'avoir manqué un épisode. Les choses allaient rondement, nous étions sur le point d'adopter une motion qui faisait consensus et nous voilà engagés dans un tout autre débat où nous reprenons la rhétorique un peu enflammée. Je pensais que nous étions rendus à une autre étape. Nous avons tous compris la situation et nous sommes tous et toutes d'accord sur le fait que nous voulons ces documents, que nous voulons aller au fond des choses, que nous voulons comprendre ce qui s'est passé.
J'ai alors l'impression que certains de mes collègues craignaient que la motion soit adoptée trop vite et que cela ne leur permette pas de continuer leur diatribe vengeresse, ou je ne sais trop. Je trouve cela pour le moins particulier. Comme dirait ma mère, qui vient du Bas-Saint-Laurent, « ça s'emmieute pas, ça rempironne ».
Or nous devrions plutôt être en train de voter sur une motion qui fait consensus. Pourquoi nous retrouvons-nous dans cette situation un peu bizarre alors que tout le monde s'entendait? Nous nous retrouvons aux prises avec de nouvelles tensions non seulement entre les membres du Comité et certains de nos témoins, mais également entre nous. Je ne comprends pas pourquoi nous en sommes arrivés là. Cela m'étonne et me déçoit, monsieur le président.
Passons au vote le plus rapidement possible. En effet, nous perdons actuellement du temps, et je crains que nous ne terminions cette séance sans être en mesure d'adopter notre motion.
Dans un souci de coopération qui caractérise les relations entre les membres de ce Comité depuis le début de cette séance, ne pourrions-nous pas simplement revenir à la motion sur laquelle nous étions presque sur le point de voter, sur laquelle nous étions tous et toutes d'accord et que nous pourrions adopter à l'unanimité, monsieur le président?
L'essentiel, je pense, c'est que nous avons préparé la voie à suivre. Nous demanderons tout d'abord à l'Agence de la santé publique du Canada de fournir les documents au légiste parlementaire, chose que nous avons déjà demandée, lequel les examinera et en évaluera la teneur pour le Comité, suivant en cela la procédure existante. Si l'Agence ne se plie pas à cette demande, nous demanderons un ordre de la Chambre ayant, à une exception près, exactement le même objet. Après que sera accompli ce que la motion prévoit, comme le Comité en a décidé, nous avons ajouté: « ces documents soient déposés au Bureau du greffier, à la première occasion ».
Je pense que cet ajout est superflu à cet endroit et que tout ce qui suit le mot « publique » au paragraphe b) amendé est également superflu, puisque la Chambre ordonnerait alors quelque chose qui est conforme à notre motion, c'est-à-dire que les documents soient remis au légiste parlementaire, qui en discute avec le Comité, après quoi nous prenons les décisions. Nous poursuivons ensuite notre étude. Nous ne renvoyons pas les documents à la Chambre, qui les retournerait ensuite au Comité. Ce serait une étape inutile.
Je pensais avoir éliminé ce passage lorsque j'ai proposé mon amendement, mais cela, apparemment, ne s'est pas produit. Nous avons toujours le paragraphe c) dans l'amendement initial de M. Genuis. C'est un peu le problème, je suppose, quand nous travaillons sur des documents à l'improviste. Je souhaite donc proposer un amendement, à savoir supprimer tout ce qui suit les mots « lors d'une réunion publique » qui figurent au paragraphe b) de la motion maintenant amendée, qui se terminerait alors sur le mot « publique ».
Quelqu'un veut-il débattre de l'amendement proposé?
Quelqu'un s'oppose-t-il à l'amendement proposé?
M. Genuis s'y oppose, et je vais donc demander à la greffière de mettre l'amendement aux voix.
(L'amendement est adopté par 7 voix contre 4. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Nous revenons maintenant à la motion principale modifiée.
Comme personne d'autre ne souhaite en débattre, je vais demander à la greffière de mettre la motion principale aux voix.
(La motion modifiée est adoptée à l'unanimité. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Monsieur Genuis, allez-y.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à souligner ce que M. Bergeron vient de dire au sujet de la tentative sincère du Comité de trouver une voie permettant à l'Agence de la santé publique du Canada de se conformer aux ordres et aux demandes de documents et, simultanément, de protéger les intérêts publics légitimes en empêchant la divulgation de documents et d'information qui ne devraient pas être rendus publics. En fait, nous avons cette même responsabilité dans l'exercice de nos fonctions parlementaires.
J'exhorte le conseiller juridique — monsieur Roy ou quelque autre à qui ce dossier sera confié — à examiner très soigneusement la décision de M. Milliken, le contexte dans lequel elle a été rendue, les autorités sur lesquelles elle se fonde et le fait qu'elle concerne le droit parlementaire, qui est une branche du droit constitutionnel qui prend sa source au Royaume-Uni. Au Royaume-Uni, on ne parle même pas de droit constitutionnel, mais de droit administratif. Il porte sur le processus décisionnel, les pouvoirs du Parlement et des divers organes du Parlement, qui ont été repris dans notre système parlementaire. La décision de M. Milliken devrait servir de phare aux autres parlements qui fonctionnent comme le nôtre, avec une structure constitutionnelle et un gouvernement responsable.
Je pense qu'il est essentiel que cet examen approfondi se fasse en consultation avec des spécialistes en droit parlementaire. Je prévois que vous constaterez qu'il s'agit d'une très bonne décision et que la méthode que nous employons pour faire remettre les documents au Comité est tout à fait dans les balises de cette décision. Je vous exhorte à prendre cela très au sérieux et j'espère que nous pourrons en arriver à une solution qui donnera satisfaction au Comité et lui permettra de poursuivre son enquête.
Je ne vous demande pas de réagir à ces observations.