:
Étant donné que nous avons le quorum et un ordre du jour chargé, je vais ouvrir la séance du Comité des affaires autochtones et du Nord. Nous commençons toujours par reconnaître qu'à Ottawa, nous nous réunissons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin. Par ailleurs, je siège ici, dans la circonscription d'Hamilton-Est-Stoney Creek, sur les terres traditionnelles des Premières Nations Haudenosaunee, Anishinabe et Chonnonton.
Je crois que toutes les personnes présentes ont déjà participé à une réunion virtuelle sur Zoom. Par conséquent, je pense que vous êtes au courant de toutes les situations qui pourraient survenir. Toutefois, j'aimerais souligner qu'il est important de savoir que nous ne pouvons pas mener correctement la réunion sans avoir accès à une interprétation claire et efficace, et cela nécessite que vous ayez sélectionné le bon canal sur le globe d'interprétation, qui est centré au bas de votre écran. Vous avez le choix entre le canal du parquet, le canal anglais et le canal français. Lorsque vous intervenez, veuillez parler clairement et lentement. Votre microphone ne doit être allumé que lorsque vous vous exprimez, ce qui facilitera les choses.
Nous sommes très heureux d'accueillir pendant la première heure de la séance Marco Mendicino, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, qui se joint à nous par vidéoconférence et qui est accompagné des fonctionnaires du ministère suivants: Natasha Kim, sous-ministre adjointe associée, Politiques stratégiques et de programmes; et Alec Attfield, directeur général, Citoyenneté.
Je souhaite la bienvenue à chacun de vous.
Monsieur le ministre, bienvenue à la séance de notre comité. Nous vous invitons à faire une déclaration préliminaire d'environ six minutes, si possible. Nous passerons ensuite aux questions. Veuillez maintenant prendre la parole.
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Monsieur le président, chers collègues, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous pour parler de cette importante mesure législative.
Avant d'aller plus loin, je tiens également à souligner que je me joins virtuellement à vous aujourd'hui depuis les territoires traditionnels des Mississaugas de Credit. C’est un honneur pour moi de comparaître devant le Comité afin d'appuyer le projet de loi du gouvernement visant à modifier le serment de citoyenneté pour veiller à ce que les nouveaux Canadiens comprennent le rôle des peuples autochtones dans le passé et le présent du pays ainsi que dans notre avenir collectif.
[Français]
Comme vous le savez, monsieur le président, notre gouvernement s'est fermement engagé à mettre en oeuvre les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
Notre gouvernement croit aussi qu'il doit reconnaître les actes répréhensibles du passé sur le plan des relations que notre pays a entretenues avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
Nous visons à continuer de tisser des liens avec les peuples autochtones en nous fondant sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et la collaboration.
[Traduction]
Les membres du Comité se rappelleront que le 94e appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation recommande de modifier le serment de citoyenneté en y ajoutant la mention suivante: « y compris les traités conclus avec les peuples autochtones ». Notre gouvernement s’est clairement engagé à mettre en œuvre les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada — et ce projet de loi représente l’un des nombreux moyens par lesquels nous donnons suite à cet engagement. Le projet de loi est d’une importance toute particulière, parce que le serment de citoyenneté représente bien plus que des mots. C'est une reconnaissance des droits nouvellement conférés, et un engagement à assumer ses responsabilités en tant que citoyen. C'est un engagement envers le Canada — son passé, son présent et son avenir.
Pendant que nous nous penchions sur la modification du libellé du serment, nous avons travaillé en étroite collaboration avec des dirigeants des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Nous avons également dialogué avec des experts et des membres du public à l’échelle nationale. Le libellé proposé dans le présent projet de loi donne suite à l’appel à l’action numéro 94 et témoigne de l'engagement pris à l'égard des droits des Autochtones présentés à l'article 35 de la Charte, lequel a été façonné par la teneur de ce que nous avons entendu au cours de ces vastes consultations. Le libellé du nouveau serment tient compte de l'esprit de l'appel à l'action et des commentaires de nos partenaires inuits, métis et des Premières Nations.
[Français]
Le projet de loi que nous avons présenté reflète une proposition révisée de serment de citoyenneté qui intègre le principe de réconciliation dans le but, nous l'espérons, de l'inculquer aux nouveaux citoyens.
[Traduction]
Afin que les nouveaux arrivants comprennent mieux le serment, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada travaille également à la révision du guide de citoyenneté et de l'examen de connaissances, afin d'y inclure plus de renseignements sur les divers peuples autochtones du Canada. Cela donne suite à l'appel à l'action numéro 93 de la Commission de vérité et réconciliation. À cette fin, le ministère continue de consulter des organisations autochtones nationales, des dirigeants autochtones et des groupes de défense. Nous poursuivrons ces consultations, réfléchirons aux commentaires obtenus et les inclurons dans nos travaux.
Nous déployons également des efforts pour accroître la représentation des Autochtones lors des cérémonies de citoyenneté. J'ai personnellement assisté à des cérémonies de citoyenneté auxquelles était convié un aîné qui a prononcé une allocution ou offert une prière ou une bénédiction d'ouverture, et cela a été une expérience enrichissante pour tous les participants.
Ainsi, le serment de citoyenneté, le guide d'étude et le test révisés, de même que la présence accrue des Autochtones lors des cérémonies de citoyenneté sont des éléments qui, ensemble, soutiennent l'important travail de réconciliation.
[Français]
Je crois que les membres du Comité conviendront qu'il est important que le principe de la réconciliation avec les Autochtones soit présenté aux nouveaux arrivants et aux citoyens éventuels tôt dans le processus d'obtention de la citoyenneté.
[Traduction]
Lorsqu'ils prêtent le serment, les nouveaux citoyens reçoivent l'héritage des personnes qui les ont précédés et des valeurs qui ont défini notre pays, qui est maintenant le leur. Notre histoire devient leur histoire — et leur vécu s'intègre à la nôtre.
Et maintenant, par l'intermédiaire de ce projet de loi, ce vécu comprend le fait de reconnaître et d'affirmer les droits des peuples autochtones, tout en inculquant aux nouveaux Canadiens l'obligation de tous les citoyens de respecter ces droits, ainsi que les traités, accords et autres arrangements constructifs.
[Français]
Ces changements sont une étape importante et nécessaire pour promouvoir le vaste programme du Canada pour la réconciliation et pour renforcer la relation précieuse de notre pays avec les peuples autochtones. Cette modification proposée ajoute seulement quelques mots au serment de citoyenneté, mais la portée de cet ajout est immense.
[Traduction]
La réconciliation est un projet national, et elle requiert la participation de tous. Par l'intermédiaire du changement proposé, les nouveaux membres de la famille canadienne comprendront mieux le rôle unique qu'ils jouent dans cette réconciliation.
Meegwetch.
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Cela facilite certainement le travail des interprètes. Je vous remercie de vos observations.
Je suppose que la plupart d'entre nous ont assisté et pris la parole à des cérémonies de citoyenneté. Dans ma circonscription, j'aime toujours commencer par repérer les gens qui représentent d'anciennes civilisations — ceux qui viennent de Chine, de Syrie et d'ailleurs — et leur faire remarquer que notre propre histoire locale remonte à il y a au moins 11 000 ans. Certains d'entre eux en sont très surpris. Je suis heureux de dire que, dans mes entretiens avec les membres des Premières Nations locales — et cela concerne, bien sûr, le recul des glaciers et le début de nos activités dans la région —, ils disent: « Ah non, nous étions ici bien avant cela. » Nous avons tous beaucoup à apprendre, je crois, sur nos origines.
Cela dit, il est temps de passer à notre série de questions. Le premier groupe d'intervenants comprend Mme Dancho, M. van Koeverden et Mme Normandin. J'ai aussi le nom de Mme Mathyssen sur ma liste, mais je suppose que c'est Mme Kwan qui prendra la parole.
Passons tout de suite à notre première intervenante, Mme Dancho, qui dispose de six minutes. Nous vous écoutons.
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Je tiens d'abord à dire que je participe à la séance de façon virtuelle depuis le territoire visé par le Traité n
o 1, soit le berceau de la nation métisse ici, au Manitoba.
Les conservateurs sont ravis de pouvoir enfin discuter de ce projet de loi. Il a fallu beaucoup de temps pour en arriver là. Comme nous le savons, en 2008, l'ancien premier ministre, Stephen Harper, a présenté des excuses officielles pour les pensionnats indiens, ce qui a vraiment contribué à lancer le processus, et il a nommé le sénateur Murray Sinclair à la présidence.
Nous voici, 12 ou 13 ans plus tard, en train de discuter enfin de l'appel à l'action numéro 94 pour modifier notre serment de citoyenneté. En tant que conservateurs, nous prenons très au sérieux les institutions et les traditions du Canada. C'est très important pour nous, et nous sommes très heureux d'appuyer cette modification et de recevoir le ministre parmi nous. Merci, monsieur Mendicino, d'être des nôtres aujourd'hui.
Avant de poser ma première question, je tiens à saluer le sénateur Murray Sinclair, un habitant de ma circonscription, qui, comme nous le savons, prend sa retraite du Sénat. Si vous m'écoutez en ce moment, monsieur le sénateur, je tiens à vous remercier infiniment de tout le travail que vous avez accompli en vue de changer réellement le cours de l'histoire dans l'intérêt des peuples autochtones.
Monsieur le ministre, j'ai quelques questions à vous poser sur le degré de priorité que le gouvernement accorde à cette mesure législative. Son élaboration a pris environ cinq ans. C'est, je crois, le ministre John McCallum qui a donné le coup d'envoi aux discussions, en 2016, grâce à la création d'un groupe consultatif. Son successeur, le ministre Hussen, a présenté la première itération du projet de loi, qui, bien sûr, est mort au Feuilleton lors du déclenchement des élections de 2019.
Puis, ce fut à votre tour d'occuper ce rôle. Vous avez présenté le projet de loi, mais lorsque le premier ministre a prorogé le Parlement, nous avons évidemment perdu presque toute une année de travail législatif. Nous avons dû repartir à zéro en septembre.
Environ cinq mois plus tard, nous voilà enfin prêts à en discuter au Comité. Cela fait donc cinq ans, trois ministres et trois versions du projet de loi. J'aimerais obtenir un engagement ou une reconnaissance de votre part quant au degré de priorité que vous accordez à l'objectif de mener à bien cette initiative. Je veux vous entendre dire que vous allez prendre cela très au sérieux pour vous assurer que le projet de loi sera adopté, et ce, avant la tenue possible d'élections au printemps. Quelle priorité y accordez-vous?
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Je me ferai un plaisir de répondre à la question, madame Dancho. Auparavant, je tiens à exprimer, moi aussi, ma gratitude à votre concitoyen, le sénateur Sinclair, qui a été une grande source d'inspiration et de soutien dans le cadre de ces discussions.
Bien entendu, comme vous le savez, le gouvernement libéral s'est engagé, dès 2015, à mettre en œuvre tous les appels à l'action. Je suis le troisième ministre. J'espère sincèrement que la troisième fois sera la bonne. C'est le premier texte de loi que j'ai présenté, et j'ai certainement continué à plaider en faveur de la modification du serment de citoyenneté, qui répond directement à l'appel à l'action numéro 94.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, il ne s'agit pas seulement de modifier la formulation du serment. Il s'agit d'inviter les gens à faire une promesse solennelle lorsqu'ils obtiennent la citoyenneté et deviennent ainsi membres de notre grande famille, ce qui — comme vous le savez et comme vous m'avez entendu le dire à maintes reprises — est l'une des fonctions uniques de ce poste. Plus important encore, je pense que le libellé servira d'outil éducatif général pour tous les Canadiens sur le rôle...
J'ai ici le résumé et l'ensemble des 94 recommandations. J'ai parcouru le tout. Si je comprends bien, c'est l'une des recommandations les plus simples à mettre en œuvre. Il y a beaucoup de bon travail à faire ici.
J'ai toutefois des réserves. Cela fait cinq ans que dure ce mandat, et je crains qu'à ce rythme, nous n'y arrivions jamais vraiment, d'autant plus qu'il y a des recommandations beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre. Celle-ci est plus simple. Je suis quand même heureuse d'entendre que vous vous engagez à faire tout en votre pouvoir.
Vous avez parlé de la révision du guide de citoyenneté. Depuis combien de temps ce travail est-il en cours? Le ministre McCallum y travaillait il y a cinq ans, mais cet objectif ne figure plus dans la lettre de mandat.
Quand comptez-vous présenter le tout aux partis d'opposition? Par ailleurs, pouvez-vous prendre l'engagement de consulter les dirigeants autochtones du Manitoba?
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Très bien. Je pense qu'il me reste environ une minute et 20 secondes.
Je vous ai déjà posé cette question. Je sais que vous êtes avocat. Vous avez une bonne connaissance du droit. Dans la version anglaise du serment proposé, pourquoi utilise-t-on le mot « aboriginal » plutôt que le mot « indigenous »?
J'ai étudié l'histoire autochtone dans le cadre d'un cours donné par le fils du sénateur Murray Sinclair, le professeur Niigaan Sinclair. Je crois comprendre que le terme « aboriginal » est dépassé, mais il y a peut-être des circonstances constitutionnelles qui s'y rattachent et dont je ne suis pas au courant.
Si nous voulons changer le libellé d'un serment après 40 ans, nous avons intérêt à ne pas faire fausse route. J'aimerais donc savoir pourquoi on utilise le mot « aboriginal », et non « indigenous ».
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais, moi aussi, commencer par reconnaître que je me joins à vous depuis le territoire traditionnel des Haudenosaunee, des Attawandaron, des Anishinabe, des Hurons-Wendats et, plus récemment, de la Première Nation des Mississaugas de Credit.
Je vous remercie d'être des nôtres aujourd'hui, monsieur le ministre. Nous sommes très heureux de voir un nouveau visage.
Madame Dancho, nous sommes également très contents de vous voir. C'est bien d'avoir du sang neuf ici, surtout lorsqu'il s'agit de gens qui ont une connaissance approfondie de questions comme celle-ci.
Monsieur le ministre, il s'agit d'un projet de loi incroyablement important. Je vais m'en tenir à une question très brève, car j'aimerais vous entendre parler de cette mesure législative, puisque c'est la vôtre.
Veuillez nous expliquer pourquoi il s'agit d'un projet de loi essentiel et pourquoi ce genre de mesures importantes demandent du temps. Vous pourriez peut-être aussi nous parler de la façon dont nous misons un peu plus sur les cérémonies et les examens en mode virtuel, dans le contexte actuel de la COVID-19, et de la possibilité d'y recourir à l'avenir dans les régions éloignées.
Je vous cède la parole afin que vous puissiez nous faire part de votre perspective personnelle. Donnez-nous un peu d'information. À vous la parole.
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Merci beaucoup, monsieur van Koeverden.
Monsieur le président, pour répondre à la question de mon collègue, je crois qu'il est important de réfléchir à l'origine de cet appel à l'action, qui remonte au rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation. On y trouve une description détaillée, douloureuse et déchirante des injustices historiques dont ont été victimes les enfants autochtones et leur famille; ces enfants ont été littéralement arrachés à ceux qui étaient là pour prendre soin d'eux. Leurs droits ont été brimés, et des traités ont été résiliés dans la foulée de politiques d'assimilation, comme en témoignent les paroles de certains représentants du gouvernement de l'époque. Le gouvernement au pouvoir n'allait pas lâcher prise tant que tous les Autochtones ne se seraient pas intégrés dans la société.
Je crois que c'est ce qui explique la motivation de donner suite à tous les appels à l'action qui ont été publiés par la Commission de vérité et de réconciliation, car c'est un pas important vers la réconciliation.
Ce n'est là qu'un des moyens d'y arriver. Cela n'englobe pas l'ensemble des nombreux efforts et initiatives de notre gouvernement sur le chemin de la réconciliation, et nous prenons ces mesures en partenariat avec les détenteurs de droits et les dirigeants autochtones de tout le pays. Comme je l'ai dit dans ma réponse précédente à Mme Dancho, j'estime qu'il s'agit néanmoins d'un grand pas dans la bonne direction.
Prêter le serment solennel lorsqu'on devient citoyen est plus qu'une simple récitation. C'est un engagement. C'est aussi une responsabilité. Une partie de cette responsabilité consiste à apprendre l'histoire du Canada, à comprendre la situation actuelle en matière de réconciliation et à savoir quelle direction nous souhaitons prendre à l'avenir. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'espère sincèrement que nous pourrons modifier ce serment.
Il importe de noter que nous avons pu faire des progrès considérables sur le plan de la tenue des cérémonies de citoyenneté. Celles-ci ont davantage lieu en mode virtuel. Depuis le début de la pandémie, nous avons accueilli plus de 50 000 nouveaux citoyens. Nous commençons également à offrir des examens en ligne.
Grâce à un meilleur accès et, espérons-le, à un serment de citoyenneté modifié, nous apporterons une contribution importante à la réconciliation alors que nous continuerons à élargir la grande famille des citoyens canadiens.
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Merci, monsieur le ministre. Il est bon d'entendre vos réflexions.
J'aimerais, à mon tour, profiter de l'occasion pour saluer et remercier le sénateur Sinclair et demander le consentement unanime, si telle est la pratique du Comité — je n'en suis pas sûr —, pour souhaiter au sénateur Sinclair une bonne retraite et un bon anniversaire. Il a fêté son 70e anniversaire cette semaine. Le travail qu'il a accompli au cours de sa carrière de sénateur, de juge et de tant d'autres façons a amélioré le Canada, et ce, d'une manière que le Comité ne pourra sans doute jamais vraiment comprendre ou saisir pleinement.
Monsieur le président, si vous me le permettez, je tiens à souhaiter au sénateur Sinclair non seulement un bon anniversaire, mais aussi une bonne retraite et à le remercier de son travail incroyable.
Je crois qu'il me reste environ une minute. Comme dernière question, j'aimerais demander au ministre de nous expliquer pourquoi le gouvernement a décidé de modifier le libellé, comme l'a proposé la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Pourquoi est-ce important? Quelles en sont les répercussions concrètes, le cas échéant, sur les nouveaux Canadiens et les personnes qui assistent aux cérémonies de citoyenneté? Je voudrais simplement ajouter que, pendant ma campagne, j'ai participé à une cérémonie et réaffirmé ma citoyenneté. En tant que Canadien de première génération, je peux dire que c'était très important pour moi.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Bonsoir, monsieur le ministre. C'est un plaisir de vous voir pour la première fois cette année.
Je comprends que nous aurons l'occasion de nous voir à de nombreuses reprises et peut-être encore plus, puisque nous avons fait voter hier une motion pour M. Raïf Badawi, sur laquelle j'entends bien effectuer un suivi serré.
Quant à ce qui nous intéresse ce soir, je vais vous voler votre effet puisque je vais vous parler de Constitution. C'est une différence entre l'appel à l'action numéro 94 et le libellé du projet de loi. Dans l'appel à l'action, le mot « Constitution » n'apparait pas, alors qu'il se retrouve dans le projet de loi.
J'aimerais commencer par vous demander de qui émane l'initiative d'inclure la Constitution dans le projet de loi.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Simplement pour clarifier, je vais intervenir pendant la première heure, puis Mme Lindsay Mathyssen prendra le relais pendant la deuxième heure.
Merci beaucoup, monsieur le ministre, de comparaître devant le Comité.
J’en profite pour mentionner que je suis sur le territoire traditionnel des peuples Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, à Vancouver.
Monsieur le ministre, en ce qui a trait à la reformulation du serment de citoyenneté, pourriez-vous nous dire si vous ou vos collaborateurs avez consulté directement le président de la Commission, Murray Sinclair, sur ce nouveau libellé? Si oui, qu’en pense-t-il?
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Pour clarifier, des représentants de votre ministère pourraient peut-être nous fournir les commentaires formulés par le sénateur Sinclair. Je souhaite vraiment comprendre son point de vue là-dessus. Je crois que ce serait utile à notre travail.
Maintenant, c’est la troisième fois que nous en arrivons à ce point. Je souhaite sincèrement que nous puissions conclure cette étude et adopter cette loi. Espérons que ce sera fait et que nous ne serons pas une fois de plus interrompus par une élection qui reporterait la prise de mesures à cet égard.
Outre la modification du libellé du serment de citoyenneté, l’autre élément essentiel, bien sûr, est l’éducation. Le guide de citoyenneté pourrait servir à cette fin, et j’ai une question pour le ministre sur celui-ci. Sinon, j’estime qu’une éducation continue est de mise.
Est-ce que le ministre ou son ministère fournissent des ressources? Avez-vous un plan en place pour veiller à l’éducation des nouveaux arrivants et, je dirais même, des Canadiens en général?
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Merci, monsieur le président.
J’aimerais céder la dernière minute de mon temps à M. Viersen. Monsieur le président, pourrais-je vous demander de m’interrompre et de me le rappeler le moment venu?
Monsieur le ministre, je vous remercie d’être là. J’ai échangé avec beaucoup de chefs de Kenora, ma circonscription dans le Nord de l’Ontario, pour savoir ce qu’ils pensent entre autres de ce dossier. Personne ne trouve que c’est une mauvaise chose. Tout le monde est en faveur de ce changement.
Selon moi, l’appui du Parlement à ce changement l’illustre bien. Cela dit, les électeurs de ma circonscription ont trop souvent vu le gouvernement promettre monts et merveilles en matière d’eau potable et de sécurité alimentaire, ou encore de transport et d’infrastructures, pour n’obtenir que bien peu au bout du compte. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quand les membres des Premières Nations de ma circonscription peuvent espérer des gestes concrets et des résultats significatifs de la part du gouvernement?
:
Merci, monsieur le président.
Merci d’être des nôtres, monsieur le ministre. Merci pour votre travail acharné dans ce dossier. Car il s’agit bel et bien d’un sujet important.
Je crois que beaucoup de mes collègues ont abordé l’importance de l’éducation. La Commission de vérité et de réconciliation nous a laissé un plan détaillé. Je vous montre ceci qui, pour moi, n’est pas un accessoire: ce sont les appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation.
Avant d’être député, j’étais le chef de l’enseignement des traités de la Nouvelle-Écosse. Nous savons tous que l’éducation est de compétence provinciale.
Ce que les appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation ont permis, c’est de vraiment comprendre un point de vue gardé muet pendant de nombreuses années. Il est important de comprendre le génocide culturel auquel les commissaires ont fait référence.
Notre engagement envers le respect et l’inclusion est l’une des belles qualités de ce pays. J’ai souvent raconté cette histoire qui remonte à 1603 environ. Je n’irai pas dans les détails, mais c’est l’histoire de l’accueil réservé aux colons français par le grand chef de la nation micmaque, Henri Membertou. Il les a pris sous son aile et leur a montré de quelle façon survivre aux hivers rigoureux. Il y a beaucoup d’histoires du genre partout au Canada où les Autochtones ont appris aux nouveaux arrivants comment survivre sur ce territoire.
Je crois que nous faisons un premier pas important. Je suis très heureux que, dans ces 94 appels à l’action, nous constations l’importance de parler aux Néo-Canadiens. Quand je faisais des présentations sur les traités, ce que me disaient invariablement les Canadiens, c’était: « Pourquoi ne nous a-t-on jamais dit cela? », « Pourquoi personne ne nous a parlé des pensionnats? », « Pourquoi personne n’a jamais parlé de cette histoire? » Nous savons tous que c’est une étape importante que nous franchissons ici.
Et, ce faisant, la terminologie ne doit pas être négligée. En effet, l’article 35 de la Loi constitutionnelle parle des droits des peuples autochtones. Par « peuples autochtones », on entend les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Donc, nous devons nous assurer de respecter la Constitution, la loi suprême du Canada, qui non seulement reconnaît les droits inhérents issus des traités, mais les portent à notre attention.
J’en viens maintenant à ma question. Selon vous, de quelle façon cette loi contribue-t-elle à créer un Canada plus respectueux et inclusif?
:
Merci beaucoup, monsieur Battiste. Je suis heureux de vous voir. Si je ne vous l'ai pas déjà dit, je tiens à vous remercier de vos contributions comme leader au sein de la communauté avant votre arrivée en politique active.
Vous avez raison. L'éducation est un thème récurrent dans certaines questions ce soir.
J'aimerais apporter une clarification supplémentaire à la question de Mme Kwan, si vous me le permettez. On m'a rappelé qu'en plus du guide d'étude, il y aura du nouveau matériel didactique qui accompagnera le guide pour aider les enseignants et les apprenants autodidactes. Ce nouveau matériel comprendra notamment des vidéos, des examens de pratique et des activités pour les enseignants et les organismes d'établissement.
Je tiens à le préciser, car je pense que cela touche au cœur même de l'expérience d'enseignement: comment le serment de citoyenneté modifié s'inscrit dans le cadre global de notre façon d'éduquer les Canadiens et tous ceux qui sont intéressés à savoir ce que sont les traités; quelles ententes ont été adoptées; comment elles ont ensuite été ignorées, bafouées et vidées de leur substance; et comment aujourd'hui, au Canada, nous devons faire un pas en arrière pour comprendre ce que signifie le fait de réinstaurer une relation qui est basée sur le respect mutuel et sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones à disposer d'eux-mêmes et à choisir leur mode de vie.
C'est ce que fait le nouveau serment. Ce n'est pas le début ou la fin. Ce n'est pas toute la composante éducative. Toutefois, cela ouvre assurément une porte vers une meilleure compréhension de la place qu'occupent les peuples autochtones, les Premières Nations, les Inuits et les Métis au Canada.
C'est un élément d'une importance capitale pour marcher ensemble sur la voie de la réconciliation.
Outre la vérification du son, je veux me présenter en bonne et due forme. À titre d'information, je vous parle de Yellowknife, qui fait partie du territoire traditionnel des Dénés Yellowknives, les Dénés Wiiliideh de la nation dénée. La ville se trouve sur le territoire du Traité no 8 dans les Territoires duNord-Ouest. Notre région natale, celle de ma famille dans le Nord, se trouve encore plus au nord, sur le territoire du Traité no 11, sur le cercle polaire, mais nous habitons et travaillons à Yellowknife, et c'est de cet endroit que je vous parle aujourd'hui.
Je tiens à vous remercier, à saluer cette rencontre et à vous exprimer ma reconnaissance, si je puis dire, à l'égard de la nature non partisane des comités permanents comme le vôtre. Lorsqu'on parle de questions qui sont au cœur même de la réconciliation, il est toujours bon de se rappeler qu'on parle d'une question qui doit être en soi non partisane. C'est ce que l'on a pu constater lors des excuses qui ont été présentées à la Chambre des communes en 2008 et dans le cadre desquelles tous les partis nationaux ont exprimé leur engagement indéfectible à l'égard de la réconciliation au Canada.
Pour mettre les choses en contexte, j'aimerais souligner quelques points. Je sais que vous avez reçu beaucoup d'information sur la commission, sur notre travail et sur les appels à l'action en général, et bien sûr plus précisément sur l'appel à l'action dont il est question aujourd'hui, mais j'aimerais vous rappeler quelques points qui fournissent un contexte important. La Commission de vérité et réconciliation du Canada n'était qu'un élément d'une très grande convention de règlement qui concernait la vaste contestation judiciaire portant sur les pensionnats indiens et le règlement à l'amiable sans précédent qui en est résulté. La commission n'était qu'un élément du tout. Je le mentionne parce que je pense qu'il est facile de perdre de vue l'objectif premier de la commission, qui visait fondamentalement trois objectifs. Le premier était de documenter, d'enregistrer et de conserver pour la postérité l'histoire complète et le legs des pensionnats indiens; le deuxième élément très important, pour parler de façon très générale, était d'éduquer la population canadienne; et le troisième était de susciter une réconciliation continue. Ces trois éléments, comme vous le savez déjà, sont interreliés et interdépendants.
Pour revenir à la question de l'éducation qui, je le sais, intéresse beaucoup le Comité, si on regarde le vaste regroupement des 94 appels à l'action, on constate qu'environ 70 % d'entre eux — je n'ai plus le pourcentage exact en tête, mais je pense que c'est environ 70 % — comportent un élément lié à l'éducation, en commençant, d'abord et avant tout, par le besoin de faire de la sensibilisation dans nos écoles, d'enseigner à nos enfants, d'apporter des changements dans les programmes, mais aussi de former impérativement les gens qui travaillent avec ou pour les peuples autochtones, ou en leur nom: tout le secteur des services sociaux et d'aide à l'enfance, le secteur de la santé, le secteur judiciaire, le milieu des affaires, et bien sûr, les secteurs de l'éducation et de la culture. De plus, il est très important que les systèmes de gouvernance qui régissent les gouvernements, pas seulement au sein de comité comme le vôtre, mais dans tous les secteurs des ministères, soient bien informés de tout ce que nous avons appris grâce aux connaissances des survivants des pensionnats indiens.
Le problème auquel nous nous sommes heurtés en disant que nous voulions éduquer la population était qu'on n'y arriverait pas en se contentant d'éduquer les enfants, parce que les enfants n'apprennent pas seulement à l'école, mais aussi à la maison. Comment allons-nous joindre leurs parents? Comment allons-nous joindre les adultes dans notre société, qui ne sont plus dans le système d'éducation? Nous avons un besoin tellement criant d'éducation, si je peux m'exprimer ainsi, à une époque et dans un pays où nous avons tous entendu des gens dire qu'ils ne savaient rien de tout cela, qu'ils n'en avaient jamais entendu parler. Comme j'ai entendu quelqu'un le dire un peu plus tôt pendant la séance: comment se fait-il que personne ne nous ait jamais dit cela?
Il y a donc du rattrapage à faire. Nous avons essayé de penser à toutes les façons de répondre aux besoins d'éducation dans tous les secteurs, dans les organisations professionnelles et même dans les organisations sportives, mais il faut aussi penser aux nouveaux arrivants, qui ne savent pas ce qui s'est passé. Il faut donc trouver des façons de garder l'histoire vivante et de leur faire réaliser qu'ils sont un élément important dans cette histoire, parce que le chapitre de la réconciliation est en train de s'écrire, et qu'ils doivent être prêts à y jouer un rôle actif. Il faut donc trouver des façons de les aider à comprendre, dès le départ, qu'il existe un contexte au Canada, que nous avons un beau et grand pays et que, peu importe où on se trouve, on est sur les terres ancestrales de quelqu'un. Nous devons nous doter de meilleurs outils didactiques et sociétaux pour connaître ce contexte et pour comprendre qu'il s'agit du fondement même de la réconciliation en cours.
C'était l'objectif même de cet appel à l'action. J'aimerais ajouter, parce qu'il s'agit de sujets abordés précédemment, et j'en suis très heureuse, que le serment ne sort pas de nulle part. Les gens qui vont prêter le serment de citoyenneté ont reçu des outils pour travailler. Ils ont eu l'occasion d'étudier une brochure et d'autres publications qui leur ont été fournies. La commission a également fait savoir qu'elle souhaite que le matériel — la brochure pour les nouveaux arrivants — soit réécrit pour inclure des éléments de cette histoire également.
Que ce soit fait ou non, je pense qu'il faut toujours être vigilant, car c'est la façon de faire, et j'appuie totalement les propos d'un de vos membres, à savoir qu'il existe un besoin d'éducation dans toute la société en général. Ce besoin ne touche pas seulement les nouveaux arrivants. Nous ne cherchons pas à cibler seulement les nouveaux arrivants, bien au contraire. Nous nous efforçons de faire en sorte qu'ils ne soient pas oubliés. Nous ciblons tous les autres secteurs, comme je l'ai déjà mentionné, mais nous voulons aussi ne pas oublier les nouveaux arrivants au Canada.
Enfin, j'aimerais terminer par une petite histoire pour marquer le point. Selon les dernières statistiques dont j'ai pris connaissance, d'ici 2036, environ 35 % des habitants du Canada seront radicalisés, si je peux me permettre d'utiliser ce terme, et beaucoup d'entre eux seront de nouveaux arrivants de première génération. On parle d'une population très importante qui enrichit, mais aussi qui transforme la démographie du Canada, et nous devons nous assurer que les gens sont bien informés à leur arrivée de la place et du rôle historiques des peuples autochtones, des erreurs qui ont été commises, et du courage dont fait preuve maintenant notre pays pour tenter de corriger les torts et d'orienter le pays dans une nouvelle direction, je l'espère, en étant toujours — et je le répète souvent — un exemple pour le monde entier.
C'est le contexte dans lequel s'inscrit ce projet de loi, et je vous remercie sincèrement du travail que vous faites pour l'examiner rapidement.
Ahneen. Bonsoir. Je m'appelle Cynthia Wesley-Esquimaux. Je suis la présidente du Cercle de gouvernance du Centre national pour la vérité et réconciliation et un témoin honoraire de la Commission de vérité et réconciliation. Je suis également une fière membre et résidente de la Première Nation des Chippewas de Georgina Island du Lake Simcoe, en Ontario. De concert avec les Chippewas de Beausoleil et de Rama et les Mississaugas d'Alderville, de Curve Lake, d'Hiawatha et de Scugog Island, nous sommes signataires des Traités Williams de 1923 portant sur des traités signés au XVIIIe et XIXe siècle et sur des terres se trouvant dans différentes régions du centre-sud de l'Ontario.
J'aimerais tout d'abord souligner que je me trouve sur les terres ancestrales des Chippewas. Je tiens à remercier le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes d'avoir invité le centre à témoigner afin d'apporter sa contribution à votre étude sur le projet de loi . Il s'agit d'une initiative importante qui donnera vie à une des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, soit l'appel à l'action numéro 94.
Le Centre national pour la vérité et réconciliation aimerait remercier l' d'avoir parrainé le projet de loi sur le sujet, ainsi que l' d'avoir parrainé le projet de loi et son prédécesseur, le projet de loi . Nous encourageons tous les parlementaires à faire en sorte que le projet de loi C-8 reçoive la sanction royale au cours de la présente session parlementaire. Nous sommes heureux des efforts déployés pour rendre notre société plus inclusive en accueillant des gens qui deviendront citoyens de notre pays. Cet ajout au serment de citoyenneté, qui « reconnaît et confirme les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis », s'inscrit dans un véritable esprit de réconciliation.
Lors de la deuxième lecture du projet de loi, le ministre Mendicino a mentionné qu'au moment de la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, trop peu de Canadiens étaient au courant de la tragédie des pensionnats indiens. Il a aussi mentionné que « le gouvernement actuel croit fermement qu'il faut reconnaître les injustices du passé et envisager une nouvelle relation fondée sur les droits inhérents des peuples autochtones. » Nous sommes d'accord et soulignons que des progrès considérables ont été réalisés pour sensibiliser la population, instaurer une nouvelle relation et reconnaître les droits des Premières Nations, des Inuits et des Métis qui sont prévus à l'article 35 de la Constitution canadienne. En effet, de grands progrès ont été accomplis en vue de reconnaître, appliquer et faire respecter les droits de la personne internationaux des peuples autochtones.
Pour la Commission de vérité et réconciliation, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones constitue le « cadre de réconciliation », car elle facilite l'établissement de nouvelles relations, comme l'a mentionné le ministre Mendicino, soit des relations basées sur la collaboration et la compréhension mutuelle, de même que sur la reconnaissance et le respect des droits de la personne des peuples autochtones.
Nous souhaitons donc exprimer au gouvernement fédéral notre appui et notre reconnaissance à la suite du dépôt du projet de loi , qui a été co-élaboré avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Le projet de loi C-15 constitue en soi un symbole de réconciliation et une nouvelle approche à la relation. Il est complémentaire à l'objectif du projet de loi , pour reconnaître et confirmer « les droits — ancestraux ou issus de traités — des Premières Nations, des Inuits et des Métis ».
Nous espérons tant que les nouveaux citoyens et tous les Canadiens comprendront mieux l'histoire et la relation avec les peuples autochtones. C'est pourquoi la Commission de vérité et réconciliation a recommandé que la trousse d'information pour les nouveaux arrivants et l'examen de citoyenneté soient modifiés pour témoigner d'une histoire plus inclusive des peuples autochtones du Canada, en incluant notamment de l'information sur les droits ancestraux, les traités et l'histoire des pensionnats indiens. Même si le projet de loi ne porte pas sur les changements requis dans la trousse d'information, nous espérons que le gouvernement du Canada entreprendra cette initiative complémentaire à l'appui de l'objectif de l'appel à l'action numéro 94. Comme cela a déjà été mentionné, il s'agit là d'un travail d'éducation et de sensibilisation essentiel.
Il est important pour les nouveaux arrivants de comprendre les lois du Canada, y compris la Constitution, qui reconnaît et confirme les droits ancestraux ou issus de traités des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Nous devons faire en sorte que la société comprenne mieux l'histoire et la culture riches, diversifiées et vivantes des peuples autochtones du Canada. Personnellement, j'ai décidé de consacrer ma vie à bâtir des ponts de connaissances entre les gens et les peuples. Je vois des avantages sans fin à réunir les gens de culture, d'origine et d'âge différents pour participer à un dialogue concret. Je demeure fortement engager à l'égard de l'éducation publique et la mobilisation des jeunes de toutes les cultures et origines, et je consacre beaucoup de temps tout au long de l'année à offrir ce genre de programmes éducatifs à des gens partout au pays.
Le Centre national pour la vérité et réconciliation a été créé parce que les personnes touchées par le système des pensionnats indiens avaient une vision commune, soit créer un lieu d'apprentissage et de dialogue sûr, où la vérité sur leurs expériences est honorée et conservée pour les générations futures. Elles souhaitaient que leur famille, leur communauté et toute la population du Canada apprennent de ces leçons difficiles afin que l'histoire ne se répète pas. Elles voulaient transmettre la sagesse des aînés et des gardiens du savoir ancestral sur la façon de créer des relations justes et pacifiques entre les peuples. Elles savaient que la réconciliation ne concerne pas seulement le passé; elle concerne aussi l'avenir, un avenir que tous les Canadiens vont bâtir ensemble.
Le projet de loi est une étape importante de ce voyage que nous faisons ensemble pour créer un avenir meilleur pour tous les Canadiens.
Le Centre national pour la vérité et réconciliation et son cercle de gouvernance sont prêts à appuyer le processus de réconciliation du gouvernement [Difficultés techniques].
Meegwetch.
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Nakurmiik. Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de vous voir tous par Zoom, comme toujours. Je suis président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, l'organisation nationale qui représente 65 000 Inuits au Canada.
Je me souviens de ma première rencontre avec le ministre responsable, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, au début de 2016, pour discuter des modifications à apporter au serment de citoyenneté et au guide de citoyenneté. Les discussions durent depuis cinq ans maintenant. En fait, nous ne parlons que d'un paragraphe. Je sais qu'il y a d'autres considérations politiques, mais je dirais honnêtement que cela fait longtemps. Il n'y a aucune exigence législative concernant le guide de citoyenneté. Nous sommes ici pour vous demander s'il est possible de passer à l'action.
La mise en œuvre des appels à l'action 93 et 94 semble avoir été acceptée par tous. Il ne semble y avoir aucune opposition politique quant à l'idée de mentionner explicitement « les Premières Nations, les Inuits et les Métis » et de réviser le guide pour qu'il reflète davantage le respect que le gouvernement du Canada a pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis, et la manière dont nous nous présentons aux nouveaux Canadiens et à tous les Canadiens.
Notre organisation a présenté sa position et sa version du serment de citoyenneté. Je vais la lire. C'est un paragraphe:
Je jure (ou j'affirme solennellement) que je serai fidèle et porterai sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs, que j’observerai fidèlement les lois du Canada, y compris les traités, les accords et les arrangements constructifs conclus avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, et que je remplirai loyalement mes obligations de citoyen canadien.
Nous avons repris la formulation établie dans la déclaration des Nations unies en ce qui concerne la manière dont les États-nations interagissent avec les peuples autochtones, laquelle reflète l'autodétermination. Nous l'avons incluse dans le serment. Voilà ce que nous avons fait, tout simplement.
Différents calculs ont été faits. À l'Inuit Tapiriit Kanatami, nous n'avons pas d'opinion négative sur le serment tel qu'il a été présenté à nouveau en octobre 2020, mais l'idée derrière ce que nous avons proposé, c'est d'essayer de simplifier ce qui est toujours un processus difficile.
En ce qui concerne le guide de citoyenneté, notre organisation et les régions inuites ont contribué de façon considérable à une version révisée du guide. Il est fort probable que ce ne sera pas rendu public avant que le serment ait été modifié, du moins c'est ce que nous avons entendu. En attendant, et cela a été le cas au cours des quatre dernières années, les nouveaux Canadiens continuent d'étudier une version obsolète du guide. Je sais que ce n'est pas nécessairement ce que ce comité a été chargé d'examiner, mais l'attente à cet égard a pour conséquence que, chaque année, on fait découvrir le Canada, les Premières Nations, les Inuits et les Métis à des milliers de personnes à l'aide de documents qui ne sont plus à jour. Cela ne semble tout simplement pas concorder avec la bonne volonté dont font preuve, je le sais, les dirigeants politiques.
Nous allons continuer de collaborer avec le gouvernement du Canada pour nous assurer que le guide reflète la manière dont les Inuits aimeraient être présentés aux nouveaux Canadiens. Nous avons hâte que le projet de loi soit adopté de sorte que le serment soit modifié pour que les Premières Nations, les Inuits et les Métis soient inclus dans la nouvelle loi.
Nakurmiik.
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Je pense que le Centre offre une très belle expérience. Il y a de nombreuses occasions d'apprentissage. Il y a habituellement toute une équipe de personnes sur place. Il y a des archives au cœur du Centre de sorte que les gens peuvent venir. C'est un petit Centre, par contre — vous avez raison —, et le nombre de personnes qu'il est possible d'y accueillir est limité.
Des aînés y sont présents régulièrement. De nombreuses discussions sont cours. Nous sommes en train d'embaucher une nouvelle personne à la direction. Il y a donc des changements à cet égard.
Sinon, les portes sont ouvertes. En général, lorsqu'il n'y a pas de pandémie, les portes sont ouvertes en tout temps. Il y a beaucoup de discussions, et les visiteurs peuvent repartir avec de la documentation et des petits cadeaux.
Habituellement, je m'y trouve. Je ne suis pas là en tant qu'invitée à des processus éducatifs, mais j'ai participé à certains d'entre eux, et je pense qu'ils sont très intéressants. De plus, il y a de la danse. En fait, comme je l'ai dit [Difficultés techniques].
Les Canadiens ont de nombreuses occasions de venir ici et d'apprendre quelque chose sur l'histoire des pensionnats. Les archives sont constamment enrichies. Ces ressources sont de plus en plus accessibles aux gens de tout le pays, que ce soit dans des établissements d'enseignement ou des organisations.
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Je crois que cette question est liée au point qu'a fait valoir M. Obed, mais il pourra en parler davantage lui-même. Je tiens seulement à dire que, dans le libellé original de l'appel à l'action, le problème est que, lorsqu'il est question de traités, y compris les traités modernes, il y a un risque que ceux qui ne sont pas signataires de ce qu'on appelle un « traité » se sentent exclus, car il y a toujours des négociations.
La Constitution comporte des dispositions pour les traités modernes, alors elle est très inclusive. L'une des choses qui, à mon avis,... Ce n'est pas différent, mais c'est plus clair, je crois. Il est également clair que la reconnaissance des droits des Autochtones dans la Constitution a été reconnue par les tribunaux canadiens et la Cour suprême du Canada à de nombreuses reprises au cours des dernières décennies. Cela est bien établi.
Je pense que l'une des choses importantes... Dans leur vie quotidienne, les gens au Canada ne se rendent pas compte que les peuples autochtones ont des droits. Leurs droits sont différents — non pas plus nombreux ou meilleurs, mais bien différents — des droits d'autres Canadiens, et c'est pourquoi c'est précisé dans la Constitution. Ce n'est pas le cas en ce qui concerne tous les autres groupes ou sous-groupes de personnes au Canada, alors j'estime qu'il faut en prendre conscience.
La dernière chose que j'aimerais dire... Je ne vais pas parler du commentaire formulé par le député du Bloc québécois, mais il y a une raison pour laquelle j'ai mentionné dans mon exposé que tous les partis, y compris le Bloc québécois, se sont engagés à faire progresser la réconciliation. Si nous avons ici un exemple de cet engagement, j'espère sincèrement qu'il y aura une volonté politique non partisane d'aller de l'avant rapidement.
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Merci, monsieur le président.
Le Parlement a repris ses travaux, et je me trouve à Ottawa, alors je vous parle depuis le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe. Je pense à toutes les formidables Premières Nations dans mon coin de pays.
J'aimerais revenir à la discussion que Mme Dancho a entamée en ce qui concerne l'échéancier. Le temps que nous consacrons à un projet de loi assez simple nous préoccupe. Nous avons abordé cela, mais j'aimerais aussi parler, avant qu'il n'y ait éventuellement un déclenchement d'élections... Nous avons vu un excellent projet de loi proposé par le député Romeo Saganash mourir au Feuilleton en raison du déclenchement d'élections, et, malheureusement, être également retenu au Sénat. Heureusement, il a été présenté de nouveau, mais j'aimerais savoir si vous espérez une adoption rapide.
En outre, parlant d'échéancier — soit dit en passant, je suis la porte-parole du NPD pour la condition féminine — je tiens à dire qu'on fait beaucoup référence à l'enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées et au fait que le rapport a été publié il y a déjà plus d'un an. Nous attendons toujours que le gouvernement agisse. Il y a beaucoup de retards et bien des excuses ont été données.
Comment vous sentez-vous face à tous ces retards? Qu'est-ce que cela signifie en ce qui a trait aux processus et à la façon de les améliorer? Avez-vous des conseils à donner au gouvernement?
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J'aimerais ajouter quelque chose.
Comme vous le savez probablement, si vous les avez tous lus, il y a un lien considérable entre les appels à la justice dans le rapport sur l'enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
Comme j'avais commencé à le dire avant que mon temps soit écoulé, l'autre tâche qui incombe au Centre national pour la vérité et réconciliation est de nous aider à évaluer si certains aspects s'améliorent ou se détériorent, notamment la protection des femmes et des filles autochtones, la violence envers les femmes et les filles autochtones, l'incarcération, la réhabilitation des délinquants et la justice alternative. Il y a bien des choses qui se rattachent à ces appels et qui ont un lien entre elles.
Nous savons, et Mme Wesley-Esquimaux vient d'en parler, qu'il y a beaucoup de bon travail qui s'effectue partout au pays. Mais aucun d'entre nous — pas même moi en tant que commissaire ou Mme Wesley-Esquimaux, qui travaille au Centre national et qui est présidente du Cercle de gouvernance, ou bien le président de notre organisme inuit national — dispose d'un portrait complet, car il n'existe aucun mécanisme de suivi qui nous permet de savoir si dans l'ensemble du pays la situation s'améliore ou s'aggrave ou bien si certains aspects s'améliorent alors que d'autres se détériorent. C'est ce que nous devons savoir.
Nous avons besoin de cette information. Je tiens à le souligner, car c'est essentiel. Des gens ont littéralement sué sang et eau pour effectuer ce travail en vue d'éduquer notre pays et d'éveiller les consciences. Ces gens sont en train de dépérir. Nous manquons de respect ou de dignité en tant que pays en ne leur permettant pas de voir le fruit de leurs efforts grâce à la mise en œuvre de ces appels à l'action.
Nous avons très intentionnellement adressé nos appels à l'ensemble des secteurs de la société, et ce serait une erreur de ne pas reconnaître que de nombreux secteurs de la société accomplissent de grandes choses. Nous devons simplement nous encourager les uns les autres à faire progresser les choses plus rapidement, précisément au sein du gouvernement.
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Je vais ajouter quelque chose rapidement.
En ce qui concerne le projet de loi sur la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, l'ITK serait très déçu si ce travail n'était pas mené à bien et que le projet de loi n'était pas adopté avant les prochaines élections. Ce serait très décevant, compte tenu du fait que le gouvernement actuel considère cette mesure législative prioritaire. Il est tout simplement question de droits de la personne, de la reconnaissance et de la mise en oeuvre des droits des peuples autochtones au Canada. Je ne crois pas avoir rencontré un seul Canadien qui affirme ne pas être en faveur de la mise en oeuvre de droits de la personne au pays. Il y a différents débats au sujet des peuples autochtones. Ce serait merveilleux si le projet de loi de Romeo Saganash et le nouveau texte proposé, qui est dans le même esprit que le projet de loi, soient enfin adoptés.
Pour ce qui est de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous avons besoin d'un plan d'action. On s'emploie à élaborer un plan d'action et des engagements sont pris à certains moments — un engagement a été pris récemment, la semaine dernière, au sujet des refuges pour les femmes inuites — alors, nous observons qu'il commence à y avoir des progrès, mais il est certain que nous souhaitons un plan d'action complet et l'utilisation des ressources financières et humaines du gouvernement fédéral pour la mise en oeuvre des appels à la justice.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Je vais tenter d'être la plus concise possible.
Je vais parler aussi de la Constitution, parce que, comme Mme Wilson l'a mentionné, c'est un enjeu important pour les gens du Québec.
Le Bloc québécois risque de proposer un amendement qui ne fera pas allusion à la Constitution, mais qui va inclure les termes utilisés dans la Constitution, notamment la reconnaissance des droits des Autochtones, qu'ils soient ancestraux ou issus de traités. Si cet amendement est accepté, il sera alors facile pour nous de voter en faveur du projet de loi, et peut-être même d'accélérer son adoption.
Préférez-vous un amendement qui permettra d'accélérer le processus et de s'assurer d'adopter le projet de loi à l'unanimité ou l'inclusion du mot « Constitution », au risque que le Bloc refuse de l'appuyer? J'aimerais avoir votre avis à cet égard.
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Merci. Je n'ai pas été en mesure de poser toutes mes questions au cours du dernier tour, alors je suis heureuse d'avoir la parole de nouveau.
En ce qui concerne le commentaire que vous avez formulé, à savoir que les communautés accomplissent beaucoup de travail, mais qu'elles souhaitent un peu de leadership de la part du gouvernement fédéral, je dois dire que je suis tout à fait d'accord avec vous. Il est certain que nous souhaitons l'adoption rapide de ce projet de loi. Il est plus que temps que cette mesure soit adoptée.
Il y a une chose qui me préoccupe, et je comprends bien la frustration et la déception. J'ai écouté récemment une entrevue à l'émission The Current avec le juge et sénateur Murray Sinclair à propos du temps qu'il faut pour que des changements s'opèrent. Il a été très courtois, comme c'est toujours le cas, car il a donné le bénéfice du doute. Il a expliqué que ce genre de changement prend beaucoup de temps et qu'il va s'opérer sur une longue période.
Cependant, j'ai entendu ce qu'ont à dire des gens de certaines collectivités dans ma région — les Chippewas of the Thames First Nation et la Oneida Nation of the Thames, qui sont visées par un avis de faire bouillir l'eau, ainsi que la Munsee-Delaware First Nation. Ces collectivités sont préoccupées. Un de leurs dirigeants a dit ceci: « Nous sommes à un point de rupture, et si on n'agit pas, si on ne prend aucune mesure, je ne sais pas ce qui va se produire. »
Qu'avez-vous à dire à ce sujet? Il est encore une fois question du processus, mais aussi de l'action du gouvernement fédéral et de son leadership en ce qui a trait à des projets de loi comme celui-ci et à d'autres éléments des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation, outre les 19 mots qui doivent changer dans ce projet de loi. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins de ce soir. Votre témoignage est très précieux pour nous, car il nous permet de comprendre certains de ces enjeux très importants sur lesquels nous nous penchons en tant que comité.
J'ai bien aimé les témoignages et un grand nombre des questions qui ont été posées ce soir. Ce qui revient constamment lorsque je discute avec les gens, c'est le fait que tout cela avance lentement et prend du temps. Les témoins de ce soir l'ont d'ailleurs mentionné également. Nous avons aussi beaucoup parlé de l'éducation et de son importance pour la réussite de ces mesures.
J'aimerais relater une petite histoire. Cet automne, j'ai eu l'occasion de rencontrer le vice-chef Derocher, d'un conseil tribal de ma région. Il est venu me voir. Nous avons eu une discussion dans le contexte de la Journée du chandail orange. Nous nous sommes parlé peu après cette journée. Nous venons de très petites collectivités situées dans le Nord de la Saskatchewan. Il se trouvait dans la grande ville de Saskatoon, qui est tout de même assez petite comparativement à bien d'autres villes. Il était à Saskatoon le 30 septembre, le jour de la Journée du chandail orange. Il m'a parlé de tous les chandails orange qu'il a vus dans la ville ce jour-là. Alors que le vice-chef Derocher me racontait cette journée, il avait les larmes aux yeux en me parlant de cette expérience et de l'importance de reconnaître ce genre de choses. Il a aussi expliqué que l'éducation constitue la solution à de nombreux problèmes, non seulement l'éducation grâce au livret pour les nouveaux arrivants, mais aussi l'éducation dans nos écoles et l'éducation des adultes dans notre société.
Ma question porte sur les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation. Il y a deux appels à l'action dans la section intitulée « Nouveaux arrivants au Canada », à savoir les numéros 93 et 94. Le ministre a parlé de ces deux appels à l'action aujourd'hui. Certains d'entre vous y ont fait référence également. Il me semble que l'ordre dans lequel nous faisons les choses est un peu problématique du point de vue du processus, car nous nous occupons du serment de citoyenneté avant l'éducation. Je pense que ces deux appels devraient être combinés et qu'on devrait s'attaquer au volet éducation par la suite.
J'aimerais entendre tous les témoins à ce sujet. Mme Wilson peut commencer.
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Merci. Vous avez absolument raison de placer l’éducation au cœur de la question, comme j’ai essayé de le souligner dans ma déclaration préliminaire.
En deux mots, la réponse est: « Oui, idéalement », mais si on peut expliquer pourquoi l’une, la brochure pour les nouveaux arrivants, n’est pas encore prête, cela ne devrait pas retarder l’autre. Le plus tôt on attirera l’attention des personnes qui prêtent serment sur ce à quoi elles s’engagent, le plus tôt également, cela deviendra en soi un apport. Idéalement, les deux devraient aller de pair, mais je ne crois pas qu’on se lamentera pour toujours à cause de l’absence d’une des deux. Si l’une d’elles n’est pas prête ou qu’on n’y a pas acquiescé, il faut faire tout de suite ce qu’on peut.
Franchement, je dois dire que, parmi tous les appels à l’action, le no 94 me semble l'un des plus simples à mettre en œuvre. C'est ainsi que je le perçois. D'autres, vraiment difficiles à appliquer, exigent des transformations du système, et c'est à eux que songe le sénateur Sinclair quand il dit que ces changements prennent du temps. Mais si nous tardons à réaliser les tâches faciles, combien de temps faudra-t-il pour celles qui sont vraiment difficiles?
Si la réponse est que nous retenons la brochure prête à sortir, comme disait M. Obed, je ne suis absolument pas d'accord et je ne comprends pas qu'on le justifie. Si on prétexte des motifs politiques, il ne faut pas considérer le problème comme politique. C'est un enjeu de réconciliation, avec la priorité et l'urgence que cela comporte.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence et de leurs témoignages déjà très intéressants.
Je précise d'abord que je m'adresse à vous en ligne à partir du territoire non cédé traditionnel des nations des Squamish, de Musqueam et des Tsleil-Wautuhs.
Je veux vous questionner sur l'éducation. Pardonnez-moi d'insister sur ce sujet, le premier dont nous discutons, mais la différence entre la recommandation numéro 94 de la Commission de vérité et de réconciliation et le projet de loi est énorme. Cela concerne vraiment les droits des Autochtones et leur protection par la Constitution.
Je sais qu'on a pris ombrage de la modification du libellé, y compris du mot « Constitution ». De la part d'un avocat de mon cabinet, qui a reçu des mandats de Premières Nations de toute la Colombie-Britannique sur diverses affaires, notamment de droits et de titres... En Colombie-Britannique, bien sûr, presque aucun traité n'a été signé. La plupart des nations ont renoncé en cours de route, mais, bien sûr, la province est submergée par un déluge de revendications, non encore prouvées — mais certaines très solides — de droits et de titres. Je crois que l'allusion aux « droits des Autochtones » et le rattachement de leur protection à la Constitution leur donne une importance très capitale dans la province. Cette protection les couvre par la loi suprême du pays, ce qui, d'après moi, est très significatif.
Cela étant posé, ce serait ma question à Mme Wilson. J'espérais que vous m'expliqueriez pourquoi cela ne se trouvait pas dans la première mouture de la recommandation no 94. Quelles réactions les consultations avec les Premières Nations de la Colombie-Britannique sur cette recommandation particulière ont-elles entraînées?
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La question n'a fait l'objet de consultations précises avec aucun groupe autochtone. Tous nos appels à l'action découlent d'un riche ensemble de ressources dans lesquelles nous avons dû puiser — résultats accessibles de recherches que nous avions rassemblés, travaux de recherche que nous avions commandés sur divers sujets; thèmes qui sont ressortis de près de 7 000 déclarations que nous avons reçues de survivants des pensionnats surtout, mais, également, de certains autres membres du public, qui ont bien voulu faire des déclarations à la Commission de vérité et de réconciliation.
Cet appel à l'action... je dois dire que c'est vraiment le seul qui semble prescriptif. Je me rappelle un petit malaise à sa lecture. Tous les autres portaient sur des aspects perfectibles, sans se vouloir exclusifs — on pouvait y ajouter autre chose — ni prescriptifs. Mais cet appel, en raison de son libellé particulier, pouvait facilement amener à conclure, à tort, que nous essayions d'en limiter la portée aux traités. Il visait plutôt à extraire... peut-être gauchement, si je peux m'exprimer franchement. C'est certain que nous n'avons pas été parfaits en tout.
Mais, à la fin, quand nous faisions pression pour obtenir plus de temps, etc., nous avons essayé, du mieux que nous avons pu, d'extraire l'esprit de notre message, l'esprit et l'intention des traités. Il en existe, d'autres font l'objet de négociations ou d'autres encore ne sont pas entérinés. Il s'agissait de ne pas être restrictif, disons-le seulement comme cela.
Avons-nous directement délibéré avec les dirigeants autochtones de la Colombie-Britannique sur cette question? La réponse est non.
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Je voulais seulement ajouter une précision.
Je vous écoutais... Nous parlons de temps, et j'ai songé, pendant que vous reconnaissiez le territoire à partir duquel vous parliez, que ce genre de reconnaissance a commencé à se faire presque instantanément, parce que ça ne coûtait vraiment rien.
Quand vous avez dit que ce serait le niveau judiciaire le plus élevé du pays, la loi suprême du territoire et quand vous avez parlé des traités et des abandons en cours de route et que, dans certains autres cas, il fallait apporter des preuves, j'ai immédiatement songé que, très souvent, ce sont les Autochtones qui doivent prouver qu'ils ont le droit de revendiquer ces terres et qui doivent faire ce travail. Ça prend beaucoup de temps, parfois 20 ou 30 ans, avant même qu'on puisse parler d'une revendication ou qu'on y réagisse. Mes enfants ont eu le temps de devenir des adultes avant que je ne puisse mener à terme une revendication. Je parle donc en connaissance de cause.
Ça fait partie du problème. Les délais concernent souvent les frais escomptés, et ça ne justifie pas l'inaction.
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Merci, monsieur Weiler. Votre temps est écoulé.
Nous avons pris plus de temps que prévu. Le protocole exige que je demande le consentement unanime pour poursuivre, mais, actuellement, tous ceux qui sont présents ont pu s'exprimer.
Monsieur Viersen, ça vous conviendrait si nous levions la séance tout de suite? D'accord. Acceptez mes excuses pour les retards. Ils semblent généraux dans les séances de nos comités, en raison de l'interprétation et ainsi de suite.
Chers témoins, je vous remercie de vos merveilleux exposés et de vos réponses franches et honnêtes.
Je remercie les membres du Comité. Sur ce, je lève la séance.