:
Merci, monsieur le président. Je remercie également les honorables membres du comité.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour participer à la discussion au sujet de l'Accord économique et commercial global.
[Traduction]
Je m'appelle Emechete Onuoha, vice-président, Affaires gouvernementales internationales pour Xerox Canada. Je suis enchanté d'avoir le privilège de témoigner devant vous aujourd'hui.
Monsieur le président, j'ai pensé vous parler un peu de la situation et de la présence de notre société au Canada. Nous mettrons principalement l'accent sur les facettes du commerce et de la libéralisation des échanges qui touchent l'innovation en ce qui concerne la création de conditions propices à l'innovation et à l'excellence, particulièrement dans l'industrie des TIC.
C'est avec grand plaisir que nous avons entendu les paroles que le a prononcées récemment à l'occasion du sommet commercial qui a eu lieu au Mexique, où il a fait un lien entre l'innovation et le programme commercial du Canada. À cet égard, permettez-moi de dresser un bref portrait de notre entreprise afin de situer mes propos.
Xerox est une société de 22,3 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Active dans 163 pays, elle compte 140 000 employés de par le monde. Nous exploitons cinq centres de R-D dans quatre pays, soit le Canada, les États-Unis, la France et l'Inde. Nous sommes un chef de file des services relatifs aux processus d'affaires, de la gestion des documents et de la commercialisation de la recherche. Cette dernière revêt une importance stratégique dans le contexte canadien, et je vous en dirai un peu plus à ce sujet, monsieur le président.
Nous oeuvrons au Canada depuis 1954. Pour la société Xerox, le Canada est un des marchés les plus importants du point de vue stratégique. Nous employons environ 3 000 personnes dans toutes les régions représentées à cette table. Depuis plusieurs années, Xerox considère le Canada comme une des entreprises les plus performantes de son univers, et nous sommes un des 100 plus importants employeurs du pays. Nous avons également établi un centre de R-D de calibre mondial en Ontario, lequel s'est vu décerner récemment le prestigieux Green Chemistry Award de l'Institut de chimie du Canada pour ses réalisations hors du commun dans le domaine de la recherche en génie.
Le centre de recherche de Xerox au Canada, aussi appelé XRCC, détient un mandat international dans le domaine des matières et formule environ 160 idées brevetables par année, c'est-à-dire trois inventions par semaine. Voilà qui en fait, selon nous, une des plateformes de savoir les plus productives et les plus prolifiques du monde. Nous sommes parvenus à attirer la crème des scientifiques des matériaux de 35 pays, lesquels travaillent, vivent et paient des impôts au Canada. Le XRCC engage aussi 42 étudiants coop universitaires ayant un haut potentiel, issus principalement d'universités canadiennes à fort coefficient de recherche.
La société Xerox est une des 100 entreprises qui dépensent le plus en R-D dans toutes les industries du Canada. Actuellement, presque tous nos investissements directs étrangers s'effectuent dans cette province. Nous sommes également fiers de notre installation de fabrication avancée et de notre centre de développement de fourniture, tous deux situés en Ontario. En fait, la totalité des appareils et de la technologie d'imagerie numérique que nous vendons par l'entremise de réseaux de distribution s'étendant dans toutes les régions du monde contiennent de la propriété intellectuelle inventée ou développée ici même, dans notre centre de recherche canadien. Aucune autre entreprise de TI partageant notre espace concurrentiel établi ne peut en dire autant.
Nous jouissons d'un bilan de réalisations mutuellement bénéfique. Xerox et le Canada considèrent tous deux que l'innovation constitue un facteur de réussite essentiel à la résilience économique et au développement durable à long terme. Ces investissements stratégiques en recherche appliquée et en commercialisation sont donc des facteurs de réussite essentiels à l'innovation. Puisque l'innovation est la différence entre les bonnes idées et les résultats, ou la différence entre le savoir étayé par le leadership et la position de chef de file sur le marché, nous considérons qu'il est extrêmement important de créer un environnement où les gens et la main-d'oeuvre qualifiée peuvent se déplacer librement. Il s'agit là d'une disposition de l'AECG qui a une importance stratégique pour le Canada, étant donné qu'il se fait beaucoup d'échanges d'employés qualifiés entre nos installations en Europe et notre centre de recherche au Canada.
À titre d'entreprise chef de file en technologie de l'information, Xerox continue d'attirer le talent de toutes les régions du monde. Pour améliorer la résilience économique constante du Canada pour une grande partie du XXIe siècle, il est essentiel que le secteur privé effectue des investissements axés sur les résultats dans la R-D à valeur ajoutée et dans la commercialisation de la recherche. L'investissement étranger direct, un autre aspect sur lequel nous mettons l'accent pour que nos collègues commerciaux en comprennent l'utilité et la valeur au Canada, est essentiel à notre réussite dans l'avenir.
Outre les ressources financières, de nombreuses entreprises ayant des idées et/ou une technologie prometteuses n'ont pas la recherche, le développement et le génie, la R-D et E, l'infrastructure, les processus et le savoir-faire en gestion nécessaires pour concrétiser et lancer sur le marché des produits et services potentiellement rentables grâce à une commercialisation efficace. Ce mouvement vers un marché libre, une autre caractéristique fondamentale du programme de commerce libéral, est un facteur de réussite essentiel pour nous également.
Ce genre d'expertise en commercialisation n'est pas nécessairement répandue au Canada, mais elle existe. En collaboration avec la communauté de pratique du secteur privé et les intervenants pertinents de l'industrie, le gouvernement du Canada et Industrie Canada pourraient envisager de dresser un inventaire exact des entreprises du secteur privé dotées de solides capacités bien établies en matière de R-D et E, que pourraient exploiter les entreprises prometteuses qui en sont dépourvues. En traçant un portrait juste de ces capacités, on favoriserait la collaboration.
Actuellement, nous explorons cette voie dans nos installations de R-D et E afin de permettre aux petites et moyennes entreprises canadiennes qui ne possèdent pas de capacité de commercialisation d'y concevoir des prototypes et d'y entreprendre de la recherche-développement avancée afin de les aider à se préparer à l'exportation, laquelle est, comme vous le savez, un facteur de réussite essentiel dans l'avenir qui sera renforcé par un meilleur accès au marché grâce au mécanisme de l'AECG.
Xerox continue de tirer parti de l'avantage canadien dans le cadre du mandat international dans le domaine des matières confié au XRCC, lequel, comme je l'ai souligné, crée plus de trois inventions par semaine. Grâce à ce prolifique rendement sur le plan de la PI, nous continuons de considérer le Canada comme une destination propice à l'investissement étranger direct pour notre société.
Sachez que dans divers domaines d'importance stratégique pour le Canada, comme la recherche en santé, en biomédecine, en énergie ou dans les TIC, la science des matériaux revêt une importance considérable et permet au Canada d'être un concurrent sans rival à cet égard sur l'échiquier mondial. Tant que la recherche en science des matériaux s'effectue dans certains des domaines les plus importants qui constituent une priorité stratégique au Canada, nous pensons que la contribution que nous effectuons grâce au centre de recherche chargé du mandat international de Xerox continuera de produire de la valeur dans l'avenir.
Par conséquent, nous sommes heureux de participer aux échanges portant sur la résilience économique à long terne du Canada et sur l'importance de la libéralisation du commerce et d'un cadre commercial axé sur des règles. Nous croyons que le Canada est une plateforme naturelle pour l'innovation et que quand les efforts sont affectés de manière coordonnée à la commercialisation de la recherche, au développement et au génie, le Canada présente des occasions certainement sans égales pour l'avenir.
Sur ce, monsieur le président, je conclurai mon exposé. C'est avec plaisir que je cède la parole à mon collègue.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est toujours un honneur pour moi de venir comparaître devant le comité.
En octobre, on a annoncé que l'AECG entre le Canada et l'Union européenne avait été conclu. Après quatre mois, aucun texte n'a encore été rendu public, et il est donc très difficile pour quelqu'un comme moi, un spécialiste des questions relatives aux investissements qui pourrait examiner très attentivement le chapitre qui porte sur le sujet, de se prononcer sur les répercussions de l'accord.
Pourquoi n'a-t-on encore publié aucun texte à cette étape-ci?
À mon avis, c'est entre autres parce que les négociations sont encore en cours. Il me semble aussi qu'on a d'autres raisons de ne pas divulguer le texte de l'accord. Peu importe quelle est la raison, je veux signaler que pour évaluer les coûts et les avantages de tout accord commercial ou d'investissement, il est très important de pouvoir en consulter le contenu du texte. Rien vraiment ne justifie qu'un tel accord fasse l'objet d'un examen public éclairé, d'une analyse, d'un débat ou d'une évaluation si l'on ne peut pas consulter un texte.
Cette situation est comparable à celle où un agent immobilier vous incite à acheter une maison en vous disant que c'est une très bonne affaire, mais en ne vous laissant pas, ni vous, ni votre avocat, examiner le contrat de vente de la maison et en vous disant que vous devez simplement vous engager à l'acheter. Nous n'achèterions pas de maison dans cette situation, et en tant que spécialiste, je trouve que ce n'est une bonne idée pour personne de chanter les louanges d'un accord sans qu'un texte puisse faire l'objet d'un examen public éclairé et de débats.
J'ajouterais que la divulgation du texte nous permet de faire une évaluation sérieuse et rigoureuse. D'après mon expérience, lorsque j'ai examiné le texte de l'APIE entre le Canada et la Chine il y a environ un an et demi, c'est seulement en creusant un peu dans la façon dont les dispositions fonctionnent qu'on peut découvrir des choses. Par exemple, dans l'APIE, on donnait en principe aux investisseurs chinois le plein accès à l'économie canadienne, mais on ne donnait pas aux investisseurs canadiens l'accès à l'économie chinoise.
Pour revenir à l'AECG entre le Canada et l'Union européenne, comment pouvons-nous évaluer l'accord commercial si nous n'avons pas le texte? Je m'appuie surtout sur deux sources.
Premièrement, il y a le résumé technique. Il s'agit du résumé technique de l'AECG que le gouvernement a rendu public en octobre. Il contient un certain nombre de points centrés sur les investissements révélant certaines précisions ou exigences sur le contenu de l'AECG.
Deuxièmement, il y a ce qui est censé être un texte provisoire du chapitre sur l'investissement de l'AECG ayant fait l'objet de fuites. C'était entre le milieu et la fin novembre, soit un mois après l'annonce de la conclusion de l'AECG.
Puisque j'ai examiné les deux documents, j'aimerais seulement soulever quelques points que je trouve importants.
Tout d'abord, le texte provisoire qui a été divulgué montre que, de toute évidence, on ne s'est pas encore entendu sur certains points du chapitre sur l'investissement. Dans le texte, on indique par certaines couleurs les propositions d'une partie qui n'ont pas encore été acceptées. On peut s'attendre à ce qu'il reste des questions mineures en suspens après la conclusion de l'accord, mais les volets du texte provisoire de novembre sur lesquels il n'y a pas encore eu d'entente portent sur des questions très importantes.
Par exemple, dans tout accord commercial ou d'investissement qui prévoit l'arbitrage en cas de différend entre un État et un investisseur, le Canada n'a jamais accepté une disposition d'application générale, mais l'Union européenne propose d'inclure une telle disposition dans l'AECG entre le Canada et l'Union européenne, et la question est considérée comme étant non résolue.
Si une disposition d'application générale était incluse dans l'AECG, selon la façon dont ce type de disposition est interprété par certains tribunaux, cela voudrait dire en réalité que toute obligation de toute entité gouvernementale canadienne constituerait une obligation imposée par un traité.
Par exemple, si une municipalité a conclu un contrat avec une entreprise européenne et que le contrat prévoit que les différends qui s'y rattachent seront résolus par des tribunaux canadiens en vertu d'une disposition d'application générale de l'AECG, le contrat inclura un droit permettant à l'entreprise européenne de demander à ce que le différend qu'elle a avec la municipalité qui a été porté devant les tribunaux canadiens fasse l'objet d'une interprétation indépendante en passant par le processus d'arbitrage entre l'investisseur et l'État.
En effet, on réécrit de nombreux contrats du secteur public au pays si l'on inclut une disposition d'application générale. Je veux seulement souligner que c'est une décision très importante sur laquelle il n'y a pas encore eu d'entente, si l'on se fie au texte daté de novembre 2013 qui a fait l'objet de fuites.
D'autre part, dans le résumé technique de l'AECG, on indique que la Loi sur Investissement Canada a été exclue de l'AECG. Toutefois, selon le texte de novembre 2013, il n'y a pas encore eu d'entente à ce sujet. On décrit à l'encre rouge une proposition d'exclure la Loi sur Investissement Canada des dispositions sur le règlement des différends dans l'AECG.
Le Canada a l'habitude d'exclure la Loi sur Investissement Canada de cette façon d'autres traités qui prévoient l'arbitrage entre un investisseur et un État, mais il me semble que cela n'a pas encore été accepté par la Commission européenne. Bien entendu, j'ignore s'il y a eu une entente, mais il sera impossible de le vérifier tant que nous n'aurons pas de texte.
Si la Loi sur Investissement Canada n'était pas exemptée du règlement des différends, cela voudrait dire que non seulement les entreprises européennes au Canada, mais aussi les entreprises américaines, selon les principes du traitement de la nation la plus favorisée dans le cadre de l'ALENA, pourraient soulever des objections concernant des décisions prises en vertu de la Loi sur Investissement Canada, par exemple, sur des questions de sécurité nationale, dans une situation d'arbitrage entre un investisseur et un État. On contournerait tout processus judiciaire, que ce soit un processus canadien, européen ou international d'une autre manière.
Monsieur le président, veuillez me le signaler si mon temps est écoulé.
Je vais peut-être soulever un autre aspect que je trouve important par rapport au résumé technique et au texte qui a fait l'objet d'une fuite.
Le résumé technique indique que le droit du Canada et des gouvernements européens de réglementer a été préservé. On fait également référence à la protection de l'exercice de la souveraineté sur les ressources naturelles.
J'ai cherché les mots « souverain » et « réglementer » dans le texte provisoire divulgué. Je l'ai examiné très attentivement. Aucune disposition ne prévoit la protection du droit de réglementer pour quiconque, et nulle part on ne traite de « l'exercice de la souveraineté ». Le traité en fait peut-être mention — bien entendu, nous ne pourrons pas le vérifier tant que le texte ne sera pas publié —, mais selon le texte provisoire du chapitre sur l'investissement que j'ai consulté, il y a, je crois, des questions importantes en suspens.
J'ai un dernier point à soulever. À quoi sert-il donc d'inclure dans un accord entre le Canada et l'Union européenne un chapitre sur l'investissement qui prévoit un processus d'arbitrage entre les investisseurs et les États? Beaucoup de gens se posent la question. Lorsque nous pensons aux cas d'arbitrage entre les États et les investisseurs qu'il y a eu, il s'agissait vraiment de protéger les investisseurs étrangers dans des pays dont les tribunaux nationaux n'ont pas été pensés de façon à les rendre fiables et indépendants.
Je ne pense vraiment pas que l'on puisse dire cela au sujet des tribunaux canadiens et européens. S'il existe des préoccupations à propos de certains pays candidats en Europe, le Canada a déjà conclu des APIE avec presque tous ces pays. Pour les investisseurs canadiens en Roumanie, par exemple, ou en Pologne, si nous avions des préoccupations au sujet de leurs tribunaux — je ne dis pas que nous en aurons, mais si c'était le cas —, les investisseurs canadiens ont déjà accès à un processus d'arbitrage entre les États et les investisseurs dans le cadre des APIE que le Canada a conclus avec ces pays.
La question que je me pose est la suivante: qu'est-ce qui cloche à la Cour européenne de justice, à la Cour européenne des droits de l'homme, aux tribunaux canadiens, à la Cour suprême du Canada pour que les investisseurs étrangers aient besoin d'avoir le droit de se retirer des processus judiciaires et de porter plainte contre l'État, au Canada et en Europe, dans le cadre d'un processus d'arbitrage qui n'est clairement pas indépendant, ouvert, équitable et équilibré comme l'est un processus judiciaire, que ce soit à l'échelle nationale, régionale ou internationale?
C'est ainsi que je termine mon exposé. Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais dire qu'il est bon de voir le vice-président exercer cette fonction aujourd'hui.
Je remercie les deux témoins d'être ici aujourd'hui.
Monsieur Onuoha, j'apprécie vos commentaires. Je vais consacrer la plupart de mon temps à M. Van Harten, mais les précisions que vous avez apportées aujourd'hui sont très judicieuses. Nous avons déjà entendu parler de bien des choses que vous avez mentionnées au sujet de l'innovation et du fait que le centre en Ontario s'inscrit dans la tendance de la mondialisation à créer des regroupements ou des centres d'excellence, surtout en ce qui a trait à l'AECG et au fait que beaucoup de multinationales mettent au point le concept des groupements.
Monsieur Van Harten, comme je l'ai dit au début, je me sens comme si je vous connais, parce que je vois votre nom dans tant de courriels. Vous avez une formation universitaire fort impressionnante, et de toute évidence, ce dossier vous passionne.
Avez-vous de l'expérience hors du milieu universitaire, dans le secteur privé? Je sais que vous avez été le stagiaire d'un juge et que vous avez aussi participé à des enquêtes très importantes. Avez-vous travaillé dans le secteur privé en tant qu'avocat ou chercheur?
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Honnêtement, c'est une excellente question, et je vous en remercie.
J'aimerais commencer par dire que je suis tout à fait en faveur de la médiation. Le mode alternatif de résolution des conflits, MARC, est très positif et peut réduire les coûts s'il permet d'accélérer le processus de règlement des différends. Si les parties concernées se sentent plus à l'aise de résoudre un différend qui les concerne surtout ou seulement, je trouve que c'est une excellente idée. Je ne pense pas que les tribunaux devraient tenter d'entraver des initiatives de ce genre de quelque manière que ce soit.
À mon avis, l'arbitrage n'est pas toujours judicieux. Dans le contexte du droit public fondamental, imaginons que des différends en vertu du droit criminel ou de la Charte pourraient être résolus grâce à l'arbitrage, sans aucune possibilité de contester la décision devant les tribunaux. Comment se sentirait une personne accusée si, par exemple, elle savait que les arbitres — qui gagnent leur vie, évidemment, à faire de l'arbitrage — sont conscients du fait que le nombre de fois qu'on fait appel à leurs services dépend de leur nombre de poursuites fructueuses? Ce n'est vraiment pas un contexte dans lequel on a recours à l'arbitrage, ni dans lequel on devrait pouvoir y avoir recours.
Quand nous avons éliminé la possibilité de recourir à l'arbitrage commercial pour les différends commerciaux — soit les différends entre des entreprises —, et quand nous avons ajouté des dispositions visant l'arbitrage des investissements dans les chapitres des accords commerciaux et des APIE, le processus de règlement des différends a perdu son caractère judiciaire.
Voilà une de mes principales préoccupations. Il est possible de judiciariser l'arbitrage beaucoup plus qu'il ne l'est dans l'arbitrage investisseur-État. Par exemple, l'arbitrage entre États en vertu de l'ALENA fait intervenir les autorités judiciaires beaucoup plus que ne le fait l'arbitrage investisseur-État.
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Excellente question. Merci.
Nous visons une croissance viable et rentable. Malgré le fait que nous menons nos activités au Canada depuis 1954 et que nous poursuivons des recherches sur des matériaux de pointe à valeur ajoutée au pays depuis 1974, notre principal objectif est d'accroître les investissements. Nous ne nous contentons pas forcément du statu quo de notre entreprise, d'autant plus que cette dernière évolue. À l'heure actuelle, la nature de notre entreprise est très différente de ce qu'elle était en 1954, et même en 1974. Par exemple, traditionnellement, nos profits et nos revenus étaient générés par la vente d'appareils qui font des marques sur du papier. La marque de commerce Xerox est connue dans le monde entier pour avoir essentiellement maîtrisé la technologie et l'art de vendre des boîtes qui font des marques sur du papier.
Il y a 15 ans, environ, bien au-delà de 85 % de nos revenus étaient générés par la vente de ces appareils. Aujourd'hui, je représente une entreprise dont moins de 50 % des revenus sont générés par la vente de ces appareils traditionnels dans le monde entier. Nous nous tournons vers les secteurs des services et de l'externalisation de processus d'affaires avancés.
Bref, nos marchés et la nature de la demande évoluent. Par conséquent, la nature de nos recherches, de nos développements et des technologies que nous utilisons au pays changent aussi pour nous permettre de garder un avantage concurrentiel par rapport à nos compétiteurs externes. En effet, la plus forte concurrence pour les investissements étrangers directs vient de l'intérieur de notre entreprise, et non de l'extérieur. Comme je l'ai déjà mentionné, aucune autre entreprise ne mène des recherches de ce genre.
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Pour faire suite aux commentaires de M. Pacetti, l'AECG fera du Canada l'un des seuls pays du G8 qui, comme vous l'avez mentionné, aura signé un accord de libre-échange fondé sur des règlements avec deux des plus grandes économies, c'est-à-dire l'UE et les États-Unis.
Je représente la circonscription de Kelowna— Lake Country, dans la région de l'Okanagan. L'innovation en matière de technologie est un élément très important dans nos travaux avec notre collège et notre université, et nous avons également un incubateur et un accélérateur. J'étais très enthousiaste d'entendre vos commentaires sur les trois idées brevetées par semaine, c'est-à-dire environ 160 par année. Je crois que c'est très excitant que cela vienne d'une entreprise. Nous essayons de faire circuler cette façon de voir les choses un peu partout au Canada. En effet, un emploi sur cinq est fondé sur le commerce.
Monsieur Onuoha, dans vos commentaires, vous avez fait allusion au fait que Xerox souhaitait travailler avec des petites et moyennes entreprises, et vous avez dit qu'il fallait les « préparer à l'exportation ». Je suis très enthousiaste, car en ce moment, il y a tellement d'occasions pour les petites et moyennes entreprises. La plupart d'entre elles n'exportent qu'aux États-Unis, et ce pays continue d'être notre allié le plus important. À votre avis, quel rôle jouera Xerox auprès des PME pour les préparer à l'exportation? En tant que gouvernement, comment pouvons-nous collaborer avec vous pour vous aider à réaliser ce projet?
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Monsieur Cannan, merci d'avoir posé la question.
L'un des défis qui se posent, même dans notre propre chaîne d'approvisionnement au Canada, c'est qu'un grand nombre d'entreprises ont des technologies et des technologies IP très prometteuses, mais elles ne peuvent pas les généraliser ou les optimiser, ou même faire du prototypage.
Étant donné nos talents naturels en commercialisation de la recherche, nous avons cerné, dans notre centre de recherche canadien, la capacité d'utiliser une certaine partie de la capacité de recherche en surplus pour aider ces entreprises canadiennes débutantes à poursuivre le processus de R.-D. et E en utilisant nos plateformes et notre infrastructure, et les capitaux que nous y avons déjà investis.
Par exemple, nous avons déjà lancé certains travaux en partenariat avec les programmes phares du Conseil national de recherches, dans lesquels le CNRC tente de commercialiser les recherches en sciences appliquées qui se concentrent plutôt sur les besoins du marché. Nous sommes actuellement la plateforme du niveau 1 du programme de recherche phare lié à l'électronique imprimée qui, comme vous le savez peut-être, M. Cannan, est utile pour la fabrication additive avancée, surtout l'impression 3D. Mon entreprise est actuellement un chef de file mondial dans la production de têtes d'impression 3D, l'un des deux éléments essentiels d'une imprimante 3D standard. Par l'entremise de cette interaction avec le CNRC, nous utilisons notre plateforme de recherche pour incuber et étendre les applications qui ont été mises au point par des entreprises canadiennes qui n'ont pas la capacité de les généraliser. En plus de faire des recherches fondamentales dans notre centre de recherches, nous avons également une usine de prototypage intégré, ainsi qu'un centre de fabrication de matériel de développement.
La caractéristique unique qu'offre cette structure, c'est que ces trois éléments se retrouvent actuellement sous un même toit. C'est l'installation de cette nature la plus unique au Canada. Il y en a seulement deux ou trois en Amérique du Nord, et seulement six ou sept dans le monde.
Étant donné que nous avons tous ces éléments de la chaîne de valeur rassemblés sous un même toit, nous avons la capacité de présenter le centre de recherches comme étant une option clé en main pour la R.-D. et E aux entreprises prometteuses qui ont mis au point des technologies qui pourraient profiter de la science des matériaux.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a quatre domaines de recherche scientifique qui semblent revêtir une importance mondiale, concurrentielle et stratégique pour le Canada en ce qui concerne la recherche en santé et la recherche biomédicale, ainsi que la recherche en matière de TIC et la recherche énergétique de l'avenir. La science des matériaux joue certainement un rôle dans tous ces domaines.
Nous faisons la promotion de notre plateforme, et nous avons discuté de ces points avec le gouvernement du Canada et Industrie Canada. Il y a deux semaines, j'ai eu l'occasion de parler avec le ministre de certains des travaux que nous essayons d'effectuer.
Ce n'est pas de la théorie. Nous avons volontairement entrepris d'utiliser notre plateforme pour respecter notre objectif d'être une entreprise socialement responsable et d'utiliser nos actifs pour accroître la résilience, la croissance rentable et la capacité d'exportation des entreprises canadiennes.
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Je remercie les témoins d'être ici.
Franchement, si ces consultations publiques avaient eu lieu dans la magnifique circonscription de Mississauga, ma collègue y aurait manifestement participé.
Monsieur Onuoha, si, pour une raison ou une autre, Mississauga ne répond pas à vos exigences, la grande ville de London, la 10e du Canada, à l'autre bout de la route, serait des plus heureuses d'absorber l'excédent de votre recherche-développement.
Monsieur Van Harten, je suis heureux de vous revoir devant notre comité.
Vous me rappelez un peu ma mère, qui venait de l'île du Cap-Breton. Je me rappelle que, peu importe ce qu'elle savait d'une question, elle avait une opinion. Elle était comme ça. Vous avez beaucoup d'opinions. Je le dis parce que vous avez dit que sans l'écrit, on ne peut pas tellement se prononcer, mais, mon Dieu, vous en aviez sûrement long à dire!
Si vous permettez, j'ai quelques questions.
J'ai trouvé votre méthode très intéressante et très raisonnée, du moins la teneur de votre dialogue, mais une de vos affirmations m'a tout à fait étonné. Ce n'est pas quand vous avez dit que vous aimeriez supprimer les barrières non tarifaires. Absolument pas. Je pourrais ajouter que probablement tous nos témoins ont exprimé ce désir.
Cela finit toujours par présenter la difficulté, parce que, juridiquement, si vous voulez, et contractuellement, c'est possible, et si nous ne nous donnons pas une espèce de mécanisme de règlement des différends pour essayer d'atténuer l'impact de ces barrières non tarifaires... les plus insidieuses, d'après moi, pour n'importe quel pays et pour toute entreprise qui essaie de fonctionner. Je le dis en ma qualité d'homme d'affaires; c'est le plus difficile.
Ma question porte sur une de vos déclarations que j'ai trouvée par-dessus tout frappante. Vous parliez des arbitres. Dans votre première série d'observations et de questions vous avez fait allusion à la contestation de leur indépendance judiciaire. Vous disiez que, en raison de leur mode de nomination, leur jugement manifestait un parti pris. C'est vraiment fondamental, parce que ça concerne leur crédibilité. En avez-vous une preuve précise? Je vous le demande sincèrement. Détenez-vous une preuve précise de parti pris dans leur jugement, parce qu'ils avaient été nommés? Avez-vous quelque chose de précis à dire à ce sujet?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer en français. Mon intervention d'aujourd'hui consistera à présenter un topo rapide de la situation des artisans fromagers.
Je préside le Regroupement des producteurs et transformateurs du Québec. Celui-ci est composé d'environ 40 entreprises au Québec. Ces entreprises sont réparties sur l'ensemble du territoire où on retrouve trois secteurs de production laitière, soit le lait de vache, de chèvre et de brebis.
Il est certain que la situation actuelle nous inquiète énormément. On comprend très bien l'importance d'une telle entente. Cependant, cela inquiète énormément le secteur agricole, particulièrement notre secteur de la transformation.
On a fait un petit topo de ce qui se fait en Europe actuellement. On voit bien que l'Europe des 27 pays produit et transforme environ 8 milliards de kilos de fromage. Cette production est réparti principalement en France, en Italie et en Allemagne. Si on observe la France, on constate qu'elle exporte essentiellement 760 millions de kilos de fromage à travers le monde. Si on les convertit en tonnes, cela donne 760 000 tonnes. Cela équivaut essentiellement à environ 2,8 milliards d'euros.
Le calcul est assez simple à faire. En fin de compte, la France exporte à travers le monde à un prix moyen de 4,17 €, ce qui équivaut à environ 7,25 $CA, selon le taux de change. Pour les producteurs, transformateurs et certains semi-industriels au Québec, ce prix ne paie même pas celui du lait.
Vous comprendrez qu'à ce moment-là, nous avons convenu qu'il fallait essayer de comprendre comment ces gens faisaient pour en arriver à un prix aussi bas. Force est de constater que les programmes de subvention sont nombreux, tant pour la production que pour les installations des fromageries. Il y a même des subventions accordées par l'entremise de programmes à des entreprises comme Lactalis, Bongrain et aux fromageries artisanales européennes.
D'ailleurs, en épluchant davantage et en faisant un peu plus de recherche, on a constaté que pour certains secteurs, comme le secteur ovin ou la celui de la chèvre, les programmes de subventions vont couvrir jusqu'à 115 % des bénéfices bruts générés par les entreprises. Donc, cela veut tout dire. Si elles n'étaient pas appuyées par l'État, ces entreprises ne survivraient pas. Pour le secteur de la vache laitière, c'est un peu la même chose. Je pense que les derniers chiffres que j'ai vus étaient de l'ordre de 76 %. Il y a 17 500 tonnes qui arrivent ici au pays, dont 16 000 tonnes de fromages fins.
Prenons, par exemple, le lait de chèvre. On transforme 10 millions de litres annuellement, secteur industriel inclus, dont 80 % sont transformés en fromage, soit 8 millions de litres. Cela donne un rendement moyen de 10 % et il en résulte 800 000 tonnes. Dix pourcent des 16 000 tonnes de fromages fins qui vont provenir de l'Europe représentent deux fois le volume du secteur du lait de chèvre au Canada. C'est donc complètement différent. À cet égard, il est certain que la concurrence est tout à fait déloyale à cause des subventions qui sont accordées par les programmes.
On sait que le Québec et l'Ontario sont les provinces qui importent et qui consomment le plus de ces fromages importés. C'est particulièrement vrai pour le Québec parce que je pense que les ventes de ces fromages y sont de l'ordre de 58 à 60 %. Alors, inévitablement, c'est certain que ces deux provinces seront affectées
Il est certain que cette situation est alarmante pour nous. Comme je le disais précédemment, le secteur des producteurs et des transformateurs du Québec est formé d'une quarantaine d'entreprises. On génère au-delà de 200 emplois à travers tout le territoire. On produit au-delà de 250 variétés de fromages. C'est un secteur qui s'est énormément développé au cours des 20 dernières années.
On travaille beaucoup à développer le marché ontarien et celui de l'Ouest canadien. Vous conviendrez que la fleur de lys n'est peut-être pas toujours populaire, mais sur les étals de fromage de l'Ontario et du reste du Canada, le FLEUR DE LYS québécois est très populaire à cause de la qualité du produit. Cependant, avec ce qui va entrer incessamment au pays, il est certain que cela va plutôt être un Fleur de Lys français.
Beaucoup de personnes me diront que différentes instances vont travailler fort à promouvoir les produits canadiens et québécois pour les aider à maintenir leurs parts de marché et leur donner la visibilité qu'ils méritent. Cependant, tout cela va générer des écarts de prix. Le consommateur a beau aimer les produits canadiens et québécois, son comportement est rationnel. Je crois que nous sommes tous en mesure de bien le comprendre.
Je vous avoue que lors de notre dernière assemblée générale, les gens étaient très inquiets. Leur grande inquiétude est de se retrouver dans une position similaire à celle vécue actuellement par les entreprises françaises. Vous êtes en mesure de constater tous les problèmes qu'elles vivent, malgré l'appui financier qui est accordé à ce secteur en France.
J'ai d'ailleurs une anecdote fort intéressante à vous raconter. Quelques-uns de nos membres sont des Européens d'origine. Parmi eux, deux sont venus s'installer ici pour avoir la liberté de gérer leur propre entreprise afin de ne pas dépendre de l'État. Aujourd'hui, la donne change. Malheureusement, force est de constater que nous n'aurons pas le choix. Nous devrons être subventionnés ou soutenus par l'État. Ce n'est pas ce qu'on voulait et ce qu'on souhaitait. Toutefois, la donne vient de changer de manière importante.
Avez-vous des questions? Sinon, je peux compléter au fur et à mesure. J'ai abrégé ma présentation parce que j'ai remis la copie du texte d'une présentation que j'ai faite devant le Syndicat des producteurs de chèvres du Québec. Celui-ci donne un bref aperçu des volumes de fromages transformés au Québec et au Canada. Les écarts sont importants. Voulez-vous que je vous donne plus de détails sur certaines questions de façon plus précise?
Je peux énumérer certains chiffres dont il est important de tenir compte. Grosso modo, le Canada produit environ 400 millions de kilos de fromage. De cette production, 215 millions de kilos proviennent du Québec, qui produit 32 millions de kilos de fromages fins. Pour l'Association des fromagers artisans du Québec, c'est 800 000 kilos de fromages.
Les écarts sont importants relativement au chiffre de 8 milliards de kilos que nous avions initialement avec l'Europe. Devant une telle situation, avec l'entrée massive de fromages européens sur lequel nous n'avons pas de contrôle et dont nous ne savons pas à qui ces contingents seront distribués, comment voulez-vous que le marché du fromage soit concurrentiel?
Pour en avoir discuté hier avec eux, je sais que cela demeure une énigme et une inquiétude pour l'ensemble des producteurs, des transformateurs et des membres de l'industrie alimentaire. Ces divers éléments font en sorte que nous ne connaissons pas encore la mise en marché de ces produits. Nous savons que les détenteurs de contingents qui sont obligés d'importer du fromage vont acheter ceux qui présentent une plus-value intéressante. Les fromages qui ont une plus-value intéressante sont inévitablement les fromages fins, les fromages que nous fabriquons.
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Monsieur le président, au nom de GreenField Speciality Alcohols, je vous remercie pour cette occasion de vous faire part de notre point de vue sur l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.
J'aimerais d'abord vous parler brièvement de notre société.
Nous sommes le principal producteur d'alcool spécialisé au pays et produisons de l'alcool industriel en vrac à base de maïs, de l'alcool emballé et de l'éthanol-carburant. Nous offrons aussi des coproduits agricoles connexes.
En plus d'être le principal producteur d'éthanol-carburant au pays, nous sommes également le leader du marché dans la production d'alcool industriel de haute qualité destiné aux marchés intérieurs et aux marchés d'exportation. De plus, nous sommes un des principaux producteurs d'alcools neutres pour l'industrie des boissons alcoolisées au Canada, aux États-Unis et dans certains marchés internationaux.
Notre société commercialise également des coproduits de la production d'alcool, y compris les céréales à distillerie, l'huile de maïs et le dioxyde de carbone.
GreenField possède et exploite quatre usines de transformation de pointe en Ontario et au Québec. Chacune est stratégiquement située près d'un approvisionnement en maïs. Nous transformons annuellement plus de 60 millions de boisseaux de maïs canadien. Ensemble, ces quatre usines produisent annuellement 650 millions de litres, dont 125 millions de litres d'alcool industriel de consommation. Le reste est de l'éthanol-carburant.
Nous sommes également connus comme étant un des principaux producteurs d'alcool spécialisé en Amérique du Nord. On retrouve nos alcools spécialisés dans une grande variété de produits de consommation: peintures, solvants, encres, détergents, répulsifs, produits pharmaceutiques et désinfectants. L'industrie des aliments et des saveurs utilise également nos alcools spécialisés. Bien entendu, ces alcools spécialisés sont très fréquemment utilisés comme alcool neutre dans la production de vodka et de coolers alcoolisés, et pour accroître la teneur en alcool de boissons.
En tant que membre de l'Association canadienne des importateurs et exportateurs, GreenField suit activement les procédures entourant l'AECG. Nous nous réjouissons du fait que l'Union européenne et le Canada ont signé une entente de principe sur l'AECG en octobre dernier et attendons avec impatience l'entrée en vigueur de l'accord. Nous sommes favorables à la libération et à l'ouverture du commerce entre le Canada et l'Europe.
Plus particulièrement, nous n'avons aucune objection à ce que les tarifs canadiens sur les importations d'alcool, d'éthanol-carburant ou de coproduits connexes européens soient éliminés. Sur le marché mondial, nous figurons, selon nous, parmi les producteurs à faible coût et sommes totalement prêts à concurrencer de façon équitable sur le prix, la qualité et le service.
À ce jour, les exportations de GreenField en Europe ont été limitées, notamment en raison des barrières tarifaires et non tarifaires. L'élimination des droits européens sur nos produits — celui sur l'alcool non dénaturé s'élève actuellement à 0,19 euro le litre, et celui sur l'alcool dénaturé s'élève à 0,11 euro le litre — serait une première étape encourageante pour nous permettre de pénétrer les marchés européens. Il faut toutefois souligner que l'élimination immédiate ou progressive des tarifs de l'UE ne permettra pas à elle seule d'accroître les exportations de GreenField en Europe. Certaines barrières non tarifaires devront être éliminées avant qu'il existe une réelle ouverture du commerce pour nos produits.
À titre d'exemple, les Règlements 1829/2003 et 1830/2003 de l'UE portent sur les aliments et ingrédients génétiquement modifiés. Ces règlements s'appliqueraient à tous nos produits alcoolisés qui pourraient se retrouver dans l'industrie alimentaire. Tout produit dérivé d'un organisme génétiquement modifié, comme le maïs hybride, ne peut être importé en Europe sans l'approbation de l'UE, et cette approbation exige une traçabilité et un étiquetage obligatoire d'OGM sur la préparation commerciale. L'alcool destiné à la consommation dérivée du maïs génétiquement modifié serait considéré comme un produit alimentaire créé à partir d'OGM.
Pour compliquer encore les choses, la responsabilité relative à l'application des règlements de l'UE pour l'importation d'OGM revient aux pays membres de l'Union européenne et chacun dispose de son propre organisme de réglementation de la salubrité des aliments.
Dans notre cas, la majorité du maïs produit en Ontario et au Québec est hybride et possède des caractéristiques encore non approuvées par l'Union européenne.
Même s'ils sont parfaitement sécuritaires et qu'ils ont été approuvés pour utilisation dans la nouriture et les aliments pour animaux au Canada, aux États-Unis et en Asie, il est impossible pour nous, de façon pratique, d'exploiter nos usines en tentant de déterminer l'origine du maïs hybride à identité préservée et approuvée pour l'UE et de le faire certifier. Cette inégalité entre les règlements relatifs aux OGM demeurera une barrière non tarifaire pour bon nombre des alcools que nous produisons au Canada
L'initiative réglementaire européenne sur l'enregistrement, l'évaluation, l'autorisation et les restrictions relatifs aux substances chimiques, mieux connue sous l'acronyme REACH, constitue un autre exemple de barrière non tarifaire. Plusieurs de nos produits d'alcool industriels dénaturés sont utilisés à titre d'intermédiaires chimiques et demandent l'ajout de dénaturants approuvés afin de respecter les spécifications relatives à la préparation commerciale. En vertu de l'initiative REACH, tout produit d'alcool dénaturé que nous voulons exporter en Union européenne doit d'abord être enregistré. Il serait extrêmement complexe et dispendieux pour nous de respecter les protocoles relatifs à l'enregistrement et à l'étiquetage établis en vertu de cette initiative. Comme vous pouvez le constater, tant qu'il n'y aura pas une certaine harmonisation des règlements canadiens et de ceux de l'Union européenne, nous aurons de la difficulté à pénétrer les marchés de l'UE.
Nous nous réjouissons du fait que le cadre de l'AECG permette la création d'un groupe de travail pour examiner les questions relatives à la biotechnologie, comme les OGM, afin d'obtenir une telle harmonisation.
Avant de terminer, j'aimerais parler des possibilités d'exportation d'éthanol-carburant vers l'Union européenne. Pour l'heure, tout l'éthanol-carburant que nous produisons est vendu au Canada à des sociétés pétrolières canadiennes qui le mélangent au carburant afin de respecter les normes fédérales et provinciales en matière de carburant renouvelable. Il y a une pénurie d'éthanol-carburant au pays, ce qui signifie que le Canada est un des principaux importateurs d'éthanol provenant des États-Unis. À titre d'exemple, l'an dernier, le Canada a importé environ 1,2 milliard de litres de sa consommation totale de 3 milliards de litres. En vertu de ce déséquilibre structurel en matière d'approvisionnement, il est peu probable que nous puissions vendre des quantités considérables d'éthanol-carburant en Union européenne dans un avenir rapproché.
Cependant, le prix courant de l'éthanol en Union européenne est plus élevé qu'en Amérique du Nord, ce qui témoigne des coûts plus élevés de production en raison des économies d'échelle, des coûts plus élevés des matières premières et du coût plus élevé de l'énergie. Il pourrait s'avérer important de pénétrer ce marché de qualité. Actuellement, l'UE importe environ 20 % de son mandat d'éthanol-carburant qui s'élève à 5 %. L'idée d'accroître à 10 % le contenu renouvelable du carburant destiné au transport en Europe gagne du terrain. Certains fabricants automobiles européens recommandent la normalisation d'un mélange de 20 % d'éthanol d'ici 2025. À long terme, l'UE constitue un marché futur pour les biocarburants produits au Canada, comme l'éthanol.
Membres du comité, j'aimerais terminer en félicitant le gouvernement d'avoir proposé cet accord commercial entre le Canada et l'Union européenne. En tant que membre de l'Association canadienne des importateurs et exportateurs et de l'Association canadienne des carburants renouvelables, GreenField Speciality Alcohols continue de s'informer sur les procédures entourant l'AECG et est impatiente d'y contribuer.
Merci.
Avec la donne qui change de façon draconienne, nous souhaitons obtenir une compensation financière, comme l'avait souligné le lors de la signature de l'entente de principe. Avant même que le tout n'entre en vigueur, que ce soit en janvier 2015 ou en janvier 2016 comme le souhaitent les différentes instances, nous voudrions que le gouvernement intervienne rapidement en accordant une enveloppe budgétaire aux fromageries, comme il l'a fait en réservant, dans son budget de la semaine dernière, 500 millions de dollars au secteur de l'automobile en prévision d'une entente avec la Corée du Sud.
Il est un peu blessant de voir qu'on protège le secteur de l'automobile d'un impact éventuel important alors qu'on aurait dû faire la même chose pour le secteur laitier et fromager du Canada. Il serait de bonne guerre qu'avant même l'entrée en vigueur de l'entente, le gouvernement aide les entreprises de ce secteur à améliorer leurs bases en vue de faire face à ce qui s'en vient.
Il y a deux choses qui sont claires. Premièrement, les entreprises étrangères s'empareront de 30 % du marché des fromages fins québécois et canadiens, ce qui n'est pas rien. C'est majeur. Deuxièmement, comme je l'ai dit plus tôt, leurs prix seront nettement inférieurs aux nôtres en raison des subventions dont ces entreprises bénéficient. Pour ces raisons, le gouvernement doit intervenir rapidement, et ce, avant l'entrée en vigueur de cette entente.
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Oui, tout à fait, et nous avons pris acte de ce qu'il a exprimé. Par contre, il faut faire attention. Comme je le disais plus tôt, les 16 000 tonnes que le gouvernement consent pour les fromages fins correspondent à un pourcentage nettement plus important que ce que l'on sous-entend présentement. En effet, comme on va cibler principalement les fromages fins, on va importer d'Europe des fromages qui ont une valeur ajoutée. Il est certain qu'on ne parle pas ici de 6 %, mais bien d'un impact qui sera nettement supérieur, c'est-à-dire de l'ordre de 30 %. Lors d'une réunion qui se tenait hier, certains ont même parlé d'un impact plus important. C'est le premier point.
Nous avons rencontré M. Frédéric Seppey, qui était le négociateur en chef pour le secteur agricole dans le cadre de l'accord de libre-échange. l'une des premières questions que nous lui avons posée visait à savoir comment avait été déterminées ces 17 700 tonnes, dont 16 000 tonnes de fromages fins. Or la réponse a été fort simple: depuis mai 2009, la négociation visait à ne proposer aucune augmentation, et le Canada était vraiment insistant à ce sujet, alors que l'Europe réclamait 25 000 tonnes. Jusqu'en janvier 2013, le Canada a maintenu sa position. C'est donc dire que, de 2009 à 2013, les gens savaient que cela aurait un impact important.
En octobre 2013, lors d'une visite à Bruxelles, M. Harper a réussi à conclure une entente, soit de fixer la quantité à 17 500 tonnes, et ce, en échange d'exportations de boeuf et de porc canadiens. Pour nous, il est tout de même surprenant de voir que, malgré le peu d'analyse, on ait convenu d'un chiffre aussi important. Pourtant, pendant quatre ans, nous avons maintenu notre position, soit qu'il n'y ait aucune augmentation.
Si, pendant quatre ans, vous convenez qu'il faut maintenir l'augmentation à zéro, c'est que vous admettez implicitement que l'impact est important.
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C'est une excellente question.
Le tiers de nos besoins est satisfait grâce aux importations. Que faire? Il y a quelques facteurs dont il faut tenir compte. Le commerce entre le Canada et les États-Unis dans le secteur de l'éthanol se fait du nord au sud et non d'est en ouest. La logistique est un élément crucial et elle le demeurera tant qu'il n'y aura pas de production d'éthanol dans l'ouest du pays. Nous continuerons d'importer de l'éthanol des États-Unis, car, comme vous le savez, l'éthanol importé des États-Unis n'est frappé d'aucun droit et le transport a préséance sur tout.
Il ne faut pas oublier également que la demande en pétrole est très saisonnière, ce qui signifie que la demande en éthanol l'est également. Pendant trois ou quatre mois dans l'année, la demande augmente d'un bon 15 %. L'industrie canadienne de l'éthanol, et c'est le cas pour notre société, aime fonctionner à plein régime pendant toute l'année. Notre usine a été conçue et construite en fonction de l'offre et de la demande de façon à ce que l'on puisse offrir un taux d'inclusion de 100 % en dehors des périodes de pointe. Nous ne voulons certainement pas exporter notre produit. Pour revenir à ce que vous disiez, en tant qu'industrie, nous aimerions que les choses soient plus équilibrées: ne pas basculer vers l'exportation, mais continuer d'importer, car c'est ainsi que l'industrie profite du prix le plus élevé.
C'est une question d'équilibre. Il est très difficile d'obtenir du financement pour construire des usines lorsqu'il y a des problèmes. En ce qui a trait au libre-échange entre le Canada et les États-Unis, l'industrie américaine éprouve des difficultés en matière de mélange et de mandat. Tant qu'elles n'auront pas été résolues, l'investissement sera très difficile, même pour une société comme la nôtre. Alors que notre bilan s'améliore, nous nous demandons s'il ne faudrait pas construire une autre usine. Nous avons déjà choisi des sites, mais les risques actuels nous font hésiter. C'est pourquoi nous nous concentrons sur le coût de production.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Arsenault, je suis très fière de vous annoncer que la porte-parole adjointe de l'opposition officielle en matière d'agriculture, Ruth Ellen Brosseau, a déposé aujourd'hui une motion à la Chambre des communes afin de s'assurer que les conservateurs respectent leur promesse de compenser adéquatement les producteurs de fromages. Soyez assuré que certains députés seront vigilants à cet égard.
Par ailleurs, ce qui m'inquiète est le fait que les conservateurs refusent toujours de présenter le texte de l'accord au Parlement. De plus, ils n'ont proposé aucune mesure compensatoire dans le dernier budget fédéral. C'est une raison de plus qui fait en sorte qu'il faudra que nous soyons vigilants.
Ma question porte sur la gestion de l'offre. Nous savons que le Canada participe à d'autres négociations, notamment celles du Partenariat transpacifique. Nous savons également que d'autres pays, qui participent à ces négociations, sont en désaccord avec notre système de gestion de l'offre. C'est le cas de l'Australie.
Dans le cadre de ces négociations, croyez-vous que notre système pourrait être mis en péril?
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Je m'excuse de laisser cette impression, mais je pense que, dans une certaine mesure, elle est assez réelle.
Comme je vous le disais, actuellement, le prix moyen des produits qui entrent ici est de 10 $CA le kilo. Après leur mise en marché, ces produits sont commercialisés à un montant qui se situe autour de 30 $ le kilo. Vous allez donc vous retrouver avec des fromages fins, comme du gruyère de grotte, du comté, du cantal et du salers. Ce sont tous des fromages français à valeur ajoutée importante. Ils vont concurrencer des fromages d'ici comme le Louis D'or, qui est récipiendaire de nombreux prix au Canada, au Québec et aux États-Unis. Il se détaille à 65 ou 70 $ le kilo.
Le Louis D'or est un fromage équivalent de type gruyère qui se compare assez bien à l'emmental, au comté et à tous ces fromages. Ils ont beau l'aimer, mais il est certain que les consommateurs sont rationnels.
On a beaucoup travaillé au cours des dernières années à développer notre marché de consommation. Ainsi, il est certain qu'à partir d'un tel écart de prix, on va le perdre assez rapidement. C'est certain parce que ces produits vont littéralement envahir nos marchés.