Bonjour à tous. Mon nom est Marie-Josée Lemieux. Je suis vice-présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Je suis accompagnée de M. Beaulieu, secrétaire général, et de Me Lorquet, avocate de l'ordre.
La mission principale de l'Ordre des psychologues du Québec est la protection du public. Il assure la qualité des services offerts par les membres, favorise le développement de la profession et défend l'accessibilité aux services psychologiques. Actuellement, l'Ordre des psychologues du Québec compte 8 150 membres qui exercent soit dans le domaine de la santé, en pratique privée ou dans le réseau public de la santé, dans les institutions scolaires ou dans les grandes entreprises.
Nous sommes sensibles au fait que le Comité permanent des anciens combattants soit préoccupé par l'accès aux services psychologiques pour les victimes de traumatismes liés au stress opérationnel, et inquiet au sujet d'une pénurie éventuelle de psychologues. C'est donc avec plaisir que nous avons accepté l'invitation du comité à venir lui donner des informations concernant: le contexte de la hausse des critères de formation donnant accès à la profession de psychologue au Québec; une vue d'ensemble de la formation des psychologues dans la province de Québec; l'évolution des effectifs de psychologues dans le contexte de la norme doctorale et du vieillissement de la population; ainsi que des stratégies envisageables pour encourager plus de psychologues à développer une expertise auprès des anciens combattants.
Le diplôme de doctorat est devenu la norme d'accès à la profession de psychologue depuis bientôt deux ans. L'entrée en vigueur de la norme doctorale a été confirmée par une modification réglementaire survenue en juillet 2006. Le nouveau règlement sur les diplômes a été modifié par le gouvernement du Québec, conformément à l'article 184 du Code des professions du Québec, à la suite d'un vaste processus de consultation, notamment auprès de l'Office des professions, des universités, du ministère de l'Éducation ainsi que du ministère de la Santé.
En vertu de l'ancien règlement, la délivrance du permis de l'Ordre des psychologues se faisait sur la base d'un diplôme de maîtrise. Le nouveau règlement n'inclut que les diplômes de doctorat pour l'accès à la profession. Les étudiants s'inscrivent maintenant aux études doctorales à la suite de leur baccalauréat.
Dans les dernières décennies, l'évolution et la diversification des pratiques dans le domaine de la psychologie se sont traduites par une augmentation des besoins de formation initiale afin de bien préparer un psychologue à faire face à des clientèles diversifiées et à une gamme de services en pleine évolution. Pendant de nombreuses années, les jeunes psychologues qui sortaient de l'université ne se sentaient pas suffisamment préparés à faire face aux exigences de la profession, en particulier sur le plan de la formation pratique. Ils avaient alors recours à une formation additionnelle pour compléter leur formation.
Six études menées durant les années 1990 indiquent que les étudiants finissants en psychologie ainsi que leurs formateurs considéraient premièrement, que la formation théorique et pratique était insuffisante et que les jeunes psychologues ne se sentaient pas prêts à exercer leur profession sans avoir recours à une formation supplémentaire. Deuxièmement, ils croyaient que les cours et activités de formation universitaire devaient porter davantage sur le contenu clinique. Et finalement, ils étaient d'avis que la durée de la formation pratique auprès de la clientèle devrait être prolongée et devrait comporter beaucoup plus d'heures de contact avec la clientèle ainsi que beaucoup plus d'heures de supervision.
Dans les faits, en vue de combler de tels déficits, une majorité de psychologues se dotaient, une fois sortis de l'université, de formation pratique complémentaire ou de supervision individuelle liée à des aspects fondamentaux de la pratique. Une grande proportion d'entre eux se disaient suffisamment préparés à la pratique autonome et compétente de la psychologie seulement une fois ces formations additionnelles complétées.
Face à de telles constatations et conformément à son mandat de protection du public, l'Ordre des psychologues du Québec se devait de proposer une voie qui tiendrait compte de l'évolution des connaissances et de la diversification des services professionnels rendus par les psychologues.
Conséquemment, vers la fin des années 1990, l'Ordre des psychologues du Québec propose de développer, en partenariat avec les universités québécoises, un modèle de formation axée sur sept compétences professionnelles. De plus, l'ordre a aussi recommandé d'augmenter le nombre d'heures consacrées à la formation pratique pendant le parcours universitaire. Ainsi, l'ancienne norme qui prévoyait un stage de 600 heures a été augmentée à 2 300 heures. Ces nouvelles exigences, de l'avis des universités qui dispensaient jusqu'alors des programmes de maîtrise professionnelle, ne pouvaient être offertes qu'à l'intérieur d'un programme de doctorat.
Par ailleurs, notons que la norme doctorale axée sur les compétences est la norme la plus répandue en Amérique du Nord. La majorité des provinces canadiennes, ainsi que la majorité des États américains, ont le doctorat comme norme d'accès à la pratique autonome de la profession.
Notons aussi que les provinces canadiennes ont conclu un accord de réciprocité qui permet la mobilité de tous les psychologues sur le territoire canadien. Cet accord est fondé sur les compétences, à l'instar du modèle de formation québécois.
À l'occasion des consultations qui ont précédé l'adoption du nouveau règlement, certains intervenants consultés ont exprimé des réserves et posé des questions relativement à l'impact de la hausse au niveau doctoral sur une éventuelle pénurie de psychologues au Québec.
Les universités se sont alors engagées à augmenter le nombre de places dans les programmes et à réduire la durée des études. Ainsi, depuis l'année académique 2006-2007, soit l'année de l'entrée en vigueur du nouveau règlement, le nombre d'admissions dans les programmes au Québec a augmenté de 39 places, soit de 17 p. 100.
Par ailleurs, le gouvernement du Québec a récemment fait des modifications au Code des professions afin de doter les ordres professionnels d'outils réglementaires leur permettant de faciliter la reconnaissance de permis étrangers. Aussi, le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec subventionne les ordres professionnels pour qu'ils conçoivent, en partenariat avec les universités, des programmes favorisant l'accès à la formation complémentaire pour les candidats provenant de l'extérieur du Canada qui formulent une demande d'étude d'équivalence de leur diplôme.
L'Ordre des psychologues du Québec, en partenariat avec l'Université de Sherbrooke, a récemment proposé au ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles le projet de concevoir un programme-cadre pour les candidats à l'équivalence. Cette mesure devrait contribuer à faciliter l'accès à la formation d'appoint et, de ce fait, accélérer l'accès aux permis de l'ordre pour les personnes immigrantes.
Enfin, l'Ordre des psychologues du Québec participe présentement aux travaux de la table de concertation réunissant l'Office des professions du Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux, et le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, en vue d'effectuer une mise à jour des données de prévision de la main-d'oeuvre dans les secteurs de la santé et de l'éducation et en pratique privée.
Par ailleurs, actuellement au Québec, 2 300 psychologues travaillent exclusivement en pratique privée. Un sondage effectué en 2005 par l'Ordre des psychologues du Québec nous informe qu'un grand nombre d'entre eux sont intéressés à occuper un poste à temps plein ou à temps partiel dans le réseau public. L'intérêt marqué des psychologues à occuper un poste dans le secteur public pourrait être intéressant pour les autorités du ministère des Anciens combattants, qui sont soucieuses d'assurer la pérennité de l'offre de services aux anciens combattants.
Comme je l'ai dit plus tôt, l'Ordre des psychologues du Québec compte actuellement quelque 8 150 membres, soit près de la moitié du nombre total de psychologues sur tout le territoire canadien.
L'augmentation du nombre de membres est demeurée assez stable au cours des 10 dernières années. Ce nombre a connu un rythme de croissance moyen de 200 psychologues par année. À titre indicatif, parmi plus de 8 000 membres, actuellement près de 2 000 membres offrent des services de traitement pour les gens souffrant du syndrome de stress post-traumatique. Un peu plus de 4 500 membres offrent des services de traitement pour les troubles anxieux. Près de 5 000 d'entre eux offrent des services de traitement pour la dépression et près de 500 membres offrent des services de traitement pour l'alcoolisme et la toxicomanie.
Enfin, en termes de stratégie envisageable, il importe de préciser qu'il existe plusieurs profils de formation offerts dans les programmes de doctorat des universités québécoises. On retrouve notamment des profils en psychologie clinique, en neuropsychologie, en enfance-famille et en travail-organisation, sans oublier le profil psychologie communautaire. Ce sont principalement les professionnels issus des profils cliniques qui sont appelés à oeuvrer auprès des victimes de traumatismes liés au stress opérationnel et leur famille.
L'internat occupe une place importante au sein de la formation doctorale. L'accueil d'internes, c'est-à-dire d'étudiants qui font la plus grande portion de la formation pratique dans les cliniques spécialisées pour le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel, peut constituer un moyen privilégié pour assurer une offre constante de services adaptés à la réalité des anciens combattants.
À titre d'exemple, le gouvernement du Québec réfléchit actuellement à la possibilité d'offrir des bourses d'études pour les internats comme moyen de recruter des psychologues dans les secteurs de pratique où les ressources sont le plus limitées. Dans le cadre des services dispensés aux anciens combattants, un système de bourses d'études pour internat pourrait certes constituer un moyen efficace pour le ministère des Anciens combattants de susciter l'intérêt des étudiants pour cette clientèle. La formation clinique auprès de cette clientèle permettrait aussi de développer une expertise spécifique à la réalité des anciens combattants.
Enfin, la subvention de recherche en milieu clinique, en collaboration avec le milieu universitaire, est aussi une voie qui peut contribuer à améliorer de façon globale l'offre de service aux anciens combattants. Les sommes investies par le ministère dans le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel méritent certainement d'être soutenues par de la recherche clinique afin, notamment, d'en évaluer l'efficacité et d'améliorer la pratique.
Voilà ce qui complète ma présentation. Il nous fera maintenant plaisir de répondre à vos questions.
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D'accord. Alors, si vous me permettez, je voudrais ajouter quelque chose.
On vous a parlé des bourses. En échangeant avec M. Rossignol, on a compris que vous étiez à la recherche d'idées et de stratégies pour trouver de nouveaux psychologues. Il n'est pas de notre compétence de dire qu'un psychologue doit aller travailler à tel endroit, qu'il y en a trop ou pas assez à un autre endroit. Ça ne relève pas de notre compétence.
Toutefois, on sait par nos membres qu'il y a actuellement un grave problème sur le plan de la rémunération des internes durant leur formation doctorale, ce qui n'est pas le cas dans la majorité des provinces canadiennes. Souvent,dans le cadre des programmes de doctorat en psychologie au Canada, les jeunes étudiants reçoivent une rémunération pour leur travail, que ce soit par l'intermédiaire d'une bourse ou d'un salaire. Au Québec, ce n'est pas le cas. C'est une autre culture.
Lorsque M. Beaulieu et moi avons rencontré la sous-ministre de la Santé au printemps dernier, cette dernière nous a dit que, compte tenu du risque de pénurie dans certains secteurs, elle était en train de considérer l'option d'offrir des bourses pour inciter des étudiants à s'installer et à se perfectionner comme psychologues dans un secteur ou dans une spécialité. Quand on vous parlait de bourses, tout à l'heure, on pensait par exemple à l'Hôpital Sainte-Anne.
En effet, il existe à cet endroit une spécialité, le SSPT ou le stress opérationnel, qui s'intègre à la culture des anciens combattants. Il peut être très intéressant pour les services à cette population d'attirer des internes avec des bourses pour leur internat. Ils se développeront ainsi à l'intérieur de ce système et ils pourront offrir des services spécialisés.
Voulez-vous ajouter quelque chose, maître Lorquet?
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L'aspect culturel est très important.
[Français]
Je vais continuer en français, si vous me le permettez.
Une fois que le psychologue est entré dans un milieu de services, il est confronté à cette réalité de la culture. L'apprentissage se fait à ce moment-là. L'enjeu est d'attirer le psychologue dans ce réseau de services. La voie de la formation initiale, par le biais de l'internat... Les gens passent un an dans un milieu d'internat. Par exemple, ils passent un an à l'Hôpital Sainte-Anne ou un an dans une des cliniques de traitement des TSO du Canada. Il y en a cinq dans le moment et il y en aura bientôt dix. C'est certainement une voie d'avenir, parce que le jeune psychologue est formé sur place, il connaît la culture, il a un intérêt pour cette clientèle. Il y a plus de chances qu'il y reste.
Il y a aussi toute la dimension de la formation continue des psychologues qui exercent déjà la profession. Près de 2 000 psychologues au Québec offrent des services de traitement du stress post-traumatique. Près de 2 000 psychologues offrent ce type de services au Québec. Il est probable que très peu d'entre eux sont habilités à travailler directement avec cette clientèle, parce qu'ils ne la connaissent pas. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas capables de travailler avec elle, mais ils ne connaissent pas la culture. Je pense que la voie de la formation continue présente certainement un intérêt.
La formation continue n'est pas obligatoire au Québec. Elle le deviendra peut-être grâce à un projet de loi du Québec, le projet de loi 50. Par l'entremise d'une formation continue obligatoire, l'ordre aura un droit de regard sur le type de formation offert à ses membres. S'il y a un besoin au Québec de spécialiser et de donner une formation pointue à nos psychologues en termes de services aux anciens combattants, on sera certainement ouverts à le faire. On sera disposés à évaluer le contenu de ces formations, à évaluer les superviseurs qui donneront cette formation, dans la mesure où, bien entendu, il y a un besoin. Parfois, un besoin, ça se crée. Il s'agit d'en parler et de créer de l'intérêt. Je pense que c'est certainement une avenue à envisager.
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La réponse ressemble à ce qu'on a dit plus tôt. Il y a la formation initiale et la formation continue. Je crois comprendre cependant que les cliniques au Québec, notamment celle de Sainte-Anne-de-Bellevue, sont bien pourvues en professionnels. Elles comptent déjà un bon nombre de psychologues. Le ministère des Anciens Combattants subventionne de façon adéquate cette offre de services. Selon ce qu'on m'a dit, au fur et à mesure que la demande augmente au Québec, les services sont rendus disponibles et on embauche du personnel. Les services ne sont pas seulement offerts à l'individu lui-même, mais à sa famille et à ses proches également.
Vous avez parlé des pompiers et des policiers. Il s'agit d'un service bien particulier à cette clientèle, c'est-à-dire des personnes qui ont subi des traumatismes, peu importe le milieu. À cet égard, le Québec est très bien doté: en effet, 1 900 psychologues offrent des services relatifs au stress post-traumatique. Évidemment, il y a des grippes d'hommes et des grippes de femmes, des stress post-traumatiques de militaires et de policiers, respectivement. Pour les personnes ayant subi un accident d'auto ou une attaque dans la rue, la CSST, la SAAQ et l'IVAC paient toutes, à titre de tiers payeurs, les psychologues qui offrent des services à cette clientèle. Le spectre est quand même assez large.
C'est de culture militaire que l'on parle. Comme je l'ai dit plus tôt, il s'agit peut-être en effet d'entretenir un dialogue et de mieux faire connaître cette clientèle. Je pense que le ministère fait déjà cet effort depuis 20 ans, mais qu'il y a encore du chemin à faire. À mon avis, les psychologues de la province de Québec sont disposés à en faire davantage. Le rôle de l'Ordre des psychologues, cependant, est quand même limité. De par notre mandat, nous octroyons des permis, surveillons l'exercice de la profession ainsi que la compétence de nos membres et faisons de la discipline. Il ne faut pas nous demander d'aller au-delà de notre mandat.
Je crois que nous sommes un joueur important dans le domaine de la psychologie au Québec. Nous pouvons faire passer des messages et faciliter le processus visant à mieux faire connaître cette clientèle. Dans ce sens, nous allons vous rendre ce service, si nous sommes en mesure de le faire.
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Si on se fie au modèle médical et si on entend le mot « spécialité » en ce sens, comme un cardiologue est un médecin spécialisé en cardiologie, les spécialités comme telles n'existent pas en psychologie au Québec.
Chaque psychologue membre de l'ordre a la responsabilité, de par son code de déontologie, de donner des services et de faire des actions seulement en fonction de ses compétences, de sa formation et de ce qu'on a le droit de faire comme psychologue.
Cela dit, sur le plan de la formation, certains psychologues se forment en travail communautaire, d'autres en organisation et d'autres en clinique. Ce sont les psychologues formés en psychologie clinique qui peuvent développer les compétences pour traiter les gens souffrant du syndrome de stress post-traumatique. Or, le domaine de la psychologie clinique est extrêmement vaste.
À partir de là, cela dépend de l'intérêt du psychologue en formation et du milieu. Les milieux font connaître aux universités et aux écoles de formation continue leurs besoins de formation spécifiques. Certains psychologues se forment dans des champs extrêmement précis de la psychologie. Par exemple, le travail auprès des enfants autistes est extrêmement précis.
À l'heure actuelle au Québec, près de 2 000 psychologues formés traitent les gens qui souffrent du syndrome de stress post-traumatique. On n'a pas de statistiques révélant combien d'entre eux offrent des services aux anciens combattants au Québec. On sait que l'Hôpital Saint-Anne, dans son programme d'aide aux employés, fait affaire avec 900 psychologues pour sa population au Canada.
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En ce qui concerne l'internat rémunéré, je vais vous dire quel est le problème, c'est facile. Chaque province est responsable de son système de santé. Donc, le Québec a choisi son modèle. Est-ce le bon modèle? Je ne le critique pas. Par contre, c'est pour cela qu'il est énormément difficile de comparer une province avec une autre lorsqu'on parle de santé ou d'éducation. Ce sont des champs de compétence provinciale. C'est pour cela qu'il est très difficile de faire des comparaisons.
Le programme au sujet duquel vous posiez des questions, c'est justement le programme à l'étude. Le but du Comité permanent des anciens combattants est de trouver des moyens pour donner un meilleur service à trois types d'anciens combattants: les anciens combattants âgés, soit ceux de 80 ans et plus, ceux qui ont participé à des missions de paix et les plus jeunes, qui ont surtout des problèmes de stress post-traumatique. Il faut essayer de trouver une manière pour qu'ils puissent être traités le mieux possible.
Je suis convaincu qu'il y a lieu pour l'Ordre des psychologues du Québec de s'asseoir avec les hauts dirigeants du ministère des Anciens combattants. Vous dites qu'il y a assez de psychologues au Québec. En proportion, il y a 7 millions d'habitants et il y a 8 000 psychologues, ce qui représente environ 0,01 p. 100 de la population du Québec.
En Afghanistan, pour les 2 500 militaires et les 4 000 ou 5 000 civils qui sont sur les lieux, il y a un psychiatre, une infirmière qui a une certaine formation en psychologie ou en psychiatrie, et il y a les padres, qui sauvent les âmes. C'est l'effectif en place pour prendre soin de ces soldats.
Plus tôt, on vous a posé la question à savoir s'il y a moyen de faire de la prévention. Oui, il y a moyen d'en faire. On dépense des millions de dollars pour envoyer nos soldats s'entraîner aux États-Unis durant cinq ou six mois avant de les envoyer en mission. On leur parle de stress post-traumatique durant quelques heures, des symptômes, de la condition, etc. Je fais allusion ici aux propos tenus par le Dr Chantal Descôteaux, médecin chef à la base de Valcartier.
Je suis ici depuis 11 ans et ça fait à peine deux ans que la Défense nationale parle, du bout des lèvres, de blessures psychologiques ou de blessures opérationnelles. Il était toujours question de dépressions nerveuses, de dépressions semi-nerveuses, bien nerveuses, pas trop nerveuses, toutes nerveuses, mais c'étaient toutes des dépressions nerveuses. Cela allait jusqu'au suicide, la fin malheureuse du stress post-traumatique.
J'ai rencontré des gens de l'âge de mon fils qui étaient atteints de stress post-traumatique. Quand je les ai vus tout « fuckés » — excusez le terme —, « capotés », drogués, soûls, divorcés parce que leur femme et leurs enfants en avaient peur, c'était pathétique.
Vous avez du travail à faire. Je suis prêt à vous donner un coup de main, à vous obtenir des contacts. On pourrait sensibiliser le ministère des Anciens combattants afin de trouver des méthodes en vue d'assurer une meilleure formation, en vue d'avoir plus de psychologues, d'en avoir plus dans les régions éloignées, non seulement au Québec mais dans tout le Canada. On ne parle pas de politique ou de pays, on parle de la santé et de l'avenir de la jeunesse, des « ti-culs » de 25 ou 30 ans qui sont « capotés ».
C'était mon commentaire final, bien émotionnel. La parole est à vous. Merci beaucoup, c'était formidable.