:
Merci, monsieur le président. Il me fait plaisir d'être présent. Pour moi, c'est une première comparution devant un comité de la Chambre des communes et j'envisage cette expérience comme un atout.
Au nom de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada, j'aimerais profiter de l'occasion pour vous remercier de l'invitation à comparaître aujourd'hui devant le Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes. De plus, j'aimerais vous féliciter de l'initiative que vous prenez pour tenter d'améliorer le sort des anciens combattants et des aînés. La population âgée continuera de croître de façon importante d'ici les 20 prochaines années. Il est important que le gouvernement fédéral tente par tous les moyens d'améliorer le bien-être et le mieux-être des aînés au Canada.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada est un organisme sans but lucratif qui a pour membres 12 associations francophones d'aînés qui représentent plus de 3 300 membres, incluant le Mouvement des Aînés du Québec, la FADOQ. Nous travaillons en étroite collaboration avec tous nos membres pour faire en sorte que les aînés francophones de partout au pays puissent avoir accès à des services et à des soins de qualité dans leur langue maternelle.
Nous aimerions profiter de l'occasion aujourd'hui pour vous faire part de notre expérience dans le domaine de la santé, et nous espérons que les éléments que nous allons aborder pourront apporter un nouvel éclairage et vous aider à trouver de nouvelles pistes de solution pour améliorer la qualité des services et des soins offerts aux anciens combattants.
Nous tenons à souligner que notre domaine d'expertise touche d'abord les aînés francophones. Nous n'avons pas eu à travailler de façon particulière auprès des anciens combattants, mais peut-être est-ce appelé à changer au cours des prochaines années. Disons toutefois que beaucoup d'anciens combattants sont membres de nos associations provinciales et profitent des services qu'on leur donne.
Selon notre expérience, voici les principaux enjeux que nous avons été en mesure de définir en termes de besoins de santé pour les aînés francophones en milieu minoritaire. D'abord, si on se fie à quelques données statistiques, il est permis d'affirmer que sur le plan de tous les déterminants de la santé, les aînés francophones en situation minoritaire sont grandement désavantagés comparativement à l'ensemble des aînés anglophones. À titre d'exemple, des données recueillies en Ontario montrent que 43 p. 100 des aînés francophones ont un revenu moindre, comparativement à 27 p. 100 des aînés anglophones. De plus, 36 p. 100 des aînés francophones n'ont pas fait d'études secondaires, comparativement à 24 p. 100 des anglophones. Les données manquent pour les autres provinces canadiennes, mais nous croyons que de telles données se retrouvent ailleurs au pays.
Il est toujours très difficile pour les aînés d'avoir accès à des services en français. Selon une étude récente réalisée par le docteur Louise Bouchard et Valérie Bourbonnais de l'Université d'Ottawa, 66,2 p. 100, des aînés francophones de l'Ontario ne parlent pas leur langue maternelle avec leur médecin de famille. C'est plus de la moitié. De plus, l'étude révèle que les aînés francophones sont plus enclins à ne pas avoir de médecin de famille que les anglophones.
Des témoignages recueillis sur le terrain montrent également que les aînés sont souvent confrontés à de grands défis par rapport à la santé. Le « vieillir à domicile » reste un enjeu majeur pour les aînés en général, et encore plus pour les aînés francophones. À titre d'exemple, j'ai eu la chance dernièrement de discuter avec une dame âgée francophone du Manitoba qui habite un petit village à prédominance francophone à plusieurs kilomètres de Winnipeg. Elle disait à quel point elle avait peur de devoir vendre sa maison pour des raisons de santé et d'être obligée d'aller vivre dans un foyer de soins, dont le plus près était à une centaine de kilomètres de chez elle, surtout qu'il n'y avait aucun service en français. J'ai vu alors toute la vulnérabilité de cette dame âgée francophone qui avait peur d'être déracinée de son milieu et de se retrouver complètement isolée de sa communauté francophone.
Au Nouveau-Brunswick, lorsque le temps est venu de bâtir la nouvelle résidence pour les vétérans, à Moncton, la direction de la résidence a été donnée à la Régie régionale Beauséjour, c'est-à-dire à la régie régionale francophone. Cela a permis à ce centre d'offrir d'excellents services dans les deux langues officielles. Cela n'aurait pas eu lieu si le centre avait été bâti dans un centre comme Saint John ou Fredericton. Comme c'est à Moncton, le bilinguisme régnant, les services sont automatiquement une priorité. Ce n'est pas le cas dans toutes les régions du pays.
Le manque de services de soutien à domicile en français constitue souvent un enjeu de taille pour tous les aînés, mais particulièrement pour les aînés francophones.
Les aînés veulent rester à domicile, mais pour ce faire, ils ont besoin de services de soutien à domicile.
Le soutien ou le manque de soutien pour les aidants naturels — cela peut s'appliquer aux vétérans aussi — a des répercussions sur l'état de santé des aînés. Faute de services en français, les aînés francophones ont plus souvent tendance à recourir au réseau informel lorsqu'ils ont besoin de soins et de soutien, d'où l'importance d'avoir un bon réseau d'appui pour les aidants naturels, ce qui n'est pas toujours le cas.
L'absence de centres de soins de longue durée qui puissent offrir des services et un milieu de vie en français aux aînés francophones est également une grande préoccupation pour les aînés francophones. Chez nous, au Nouveau-Brunswick, la situation des aînés qui sont dans des lits d'hôpitaux ordinaires et qui n'ont pas de place dans des foyers de soins de longue durée est un problème majeur. Chez nous, c'est aussi le cas des vétérans: il y a un manque de places.
Pour pallier ces différents problèmes, la Fédération des aînées et aînés francophones a dû être créative et penser à de nouvelles façons de faire pour joindre les aînés, et ce, avec peu de ressources. Pour ce faire, nous avons dû développer une stratégie qui repose sur certains principes. Je vous en citerai quelques-uns.
Les aînés doivent être beaucoup plus que des « patients » de notre système. Il faut mettre en oeuvre des stratégies où les aînés vont être directement interpellés, consultés et mis à contribution dans la mise en oeuvre de solutions à certains problèmes sociaux qui vont se poser au cours des prochaines années.
À titre d'exemple, nous avons mis en place un programme d'accompagnement communautaire qui consiste à former des aînés bénévoles, leaders dans leur communauté, pour aider les aînés plus vulnérables ou en moins bonne santé, en vue de les appuyer dans leur quête de services de santé en français. Ce projet a connu beaucoup de succès, mais n'a été financé que pour une période de neuf mois. Bien que le programme n'ait pu continuer, je pense que s'il avait bénéficié d'un financement approprié, il aurait été très profitable et aurait permis au système de santé d'épargner bien des sous.
Ensuite, il est important de mettre l'accent sur la prévention et la promotion de la santé. Dans ma province, par exemple, moins de 1 p. 100 du budget total de la santé est consacré à la prévention. Tout l'argent est alloué à la cure, et c'est un problème majeur. Les aînés ne veulent pas attendre d'être malades pour qu'on agisse. À ce titre, nous menons dans les communautés francophones des forums de santé qui connaissent beaucoup de succès et qui rassemblent un grand nombre d'aînés. Il est bon pour les aînés francophones qui se sentent souvent isolés de pouvoir participer à de tels événements. Cela leur permet d'échanger et de relativiser leur propre situation sur le plan de la santé. Ces rencontres sont bonnes pour le moral et pour la santé.
Il faut également miser sur le savoir-faire et l'expérience des retraités. À ce chapitre, la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada travaille présentement avec chacune des associations provinciales et fédérations provinciales et territoriales pour bâtir un plan d'action intergénérationnel en santé dans chacune des provinces et chacun des territoires. Nous croyons que la mise en oeuvre de ces plans d'action est porteuse de prévention et de promotion de la santé pour les aînés. Entre parenthèses, ce programme a permis, jusqu'à présent, de valoriser le vieillissement auprès des petits enfants. En s'investissant dans des actions qui ont pour but d'appuyer en santé les autres générations — les petits enfants, les jeunes parents, etc. —, les aînés qui s'impliquent seront beaucoup plus portés à prendre soin de leur santé, et de tels contacts avec d'autres générations ne pourront qu'avoir un effet bénéfique sur leur état physique et mental.
En ce qui a trait à la situation plus particulière des anciens combattants et à la prestation de services de santé, nous pensons qu'il est important pour le gouvernement fédéral de contempler des modèles où les anciens combattants et leur famille pourront avoir plus d'importance à l'intérieur du système et avoir leur mot à dire sur la façon de rendre des services.
Comparons cela à l'école par rapport aux parents. Si vous impliquez les parents dans l'école, il y a des chances que le service scolaire soit meilleur parce que les parents sont impliqués. De ce fait, nous pensons que parce que les vétérans ou les aînés en général sont impliqués dans leur domaine de santé, dans leur autodétermination, ce sera meilleur pour le système.
Il faut de plus en plus transcender le modèle traditionnel de médecin-patient pour permettre aux clients et à leur famille d'exercer et d'assumer des choix par rapport à la prestation des soins de santé. On parle de plus en plus de santé et de l'autodétermination des clients, et des études démontrent que plus vous permettez à un client d'exercer des choix par rapport à la prestation des soins, plus rapidement celui-ci pourra recouvrer la santé. Il faut donc impliquer le patient dans sa cure.
Nous aurions aimé présenter un peu plus longuement certaines initiatives, mais nous espérons que nous aurons la chance, lors de notre échange, de les aborder.
En terminant, j'aimerais remercier le comité de nous avoir donné la chance aujourd'hui de présenter les besoins des aînés francophones du Canada. Je crois aussi que beaucoup de nos besoins sont aussi les besoins des aînés anglophones. Nous espérons que les différentes pistes que nous avons présentées pourront vous aider dans le développement de nouveaux modèles destinés à améliorer la qualité des soins aux anciens combattants et à leur famille.
De plus, j'aimerais terminer en félicitant le gouvernement fédéral qui, comme certains gouvernements provinciaux maintenant, assigne de façon spécifique des ministres ou sénateurs aux dossiers plus spécifiques des aînés. Nous sommes donc très heureux de constater que la sénatrice Marjory LeBreton a été nommée à ce poste et qu'il nous est maintenant possible de rencontrer des représentants du gouvernement haut placés qui peuvent entendre ce qui préoccupe les aînés.
Ajoutons que lorsqu'on doit se présenter à Ottawa, ou dans n'importe quelle province, on doit cogner à 10 ou 12 portes parce que chacun a un dossier sur les aînés ou les anciens combattants. On n'a pas les ressources humaines et financières pour faire ce travail. Donc, une porte est au moins ouverte ici, à Ottawa, à laquelle nous pourrons cogner à un moment donné, soit le poste de Mme LeBreton, que nous avons déjà rencontrée.
Encore une fois, merci. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions. Le court laps de temps que nous avons eu pour faire cette présentation ne nous a pas permis de vous apporter plus de substance, comme des statistiques, des recherches, etc. Ce sera pour une prochaine fois.
:
J'aimerais simplement ajouter ou reprendre quelques idées. Mon président a parlé du Nouveau-Brunswick. J'aimerais saisir l'occasion pour parler de l'hôpital Montfort, qui dessert les anciens combattants et la Défense nationale également. Il s'agit là encore d'une institution bilingue qui est en mesure de rendre les services dans les deux langues officielles.
Ailleurs au pays, on doit surveiller une certaine contribution, celle de la Société Santé en français. Cette dernière a — à défaut d'un autre terme — un outreach dans des zones de langue minoritaire du reste du Canada. Cette société a fait ses preuves ces cinq dernières années. Je crois savoir qu'actuellement, elle est en train de mettre en place des services de santé en français partout au pays, là où la situation est très précaire dans ce domaine.
L'absence de centres de soins de longue durée est vraiment un problème. C'est un iceberg qui est devant nous et que l'on n'a pas encore frappé. À titre de président ontarien de cette association, je puis vous assurer qu'ailleurs au pays, c'est un problème qui va devenir de plus en plus aigu et qui ne sera pas facile à résoudre, car on a affaire aux ministères qui ont trait aux municipalités, on a affaire à l'habitation en général et on a affaire à tous ces programmes de soutien. La chose n'est pas résolue.
En outre, M. Lirette a parlé de l'accompagnement communautaire qui, en zones de langue minoritaire, est très important. Grâce à des programmes d'accompagnement communautaire, on a une chance de retarder très souvent la mise en institution de personnes qui, graduellement, perdent leurs moyens. Ce sont les centres de longue durée qui coûtent extrêmement cher au système de santé. Cela étant dit, c'est quand même important d'en avoir.
Enfin, permettez-moi de vous décrire très brièvement une journée santé-prévention comme on en a organisé et pour lesquelles on demande du financement afin d'en organiser d'autres dans toutes les zones de langue minoritaire. Au début de la journée, on présente toujours une maladie sur le plan technique, par exemple les maladies du coeur ou l'alzheimer. Puis, il y a toujours une infirmière qui prend la pression artérielle des gens et qui procède à des prélèvements sanguins. On avertit les gens en place. Habituellement, de 100 à 250 personnes viennent à ces journées santé-prévention. Cette première partie est très technique. Ensuite, c'est la nutrition. Un peu plus tard dans la journée, on fait venir soit un policier ou un représentant des services sociaux, et l'on traite des abus faits aux personnes âgées. Habituellement, on termine avec une présentation de type entertainment.
En conclusion, les programmes intergénérationnels sont des programmes qui ont tendance à briser l'isolement des aînés. Les francophones en zones de langue minoritaire partout au pays en ont grandement besoin.
Je ne veux pas prendre plus de temps. Je vous remercie de votre attention.
:
Merci beaucoup. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui. C'est la première fois que je comparais devant un comité au Canada. Comme vous l'avez sans doute remarqué en raison de mon accent, je ne suis pas Canadien. Je viens de l'Australie, mais j'ai déjà comparu devant quelques comités parlementaires, lorsque j'étais en Australie et que je travaillais pour le ministère australien de la Santé.
Je suis directeur de la Fédération internationale du vieillissement, une organisation créée il y a 35 ans. Elle est active au Canada depuis 15 ans. Elle fait partie des quatre principales ONG qui ont statut consultatif général aux Nations Unies et se penche précisément sur les questions liées au vieillissement.
Nous mettons généralement l'accent non pas sur les questions liées aux maladies, mais plutôt sur les enjeux sociaux entourant le vieillissement. Nous agissons comme modérateurs et nous tentons de rapprocher les gouvernements et les ONG des pratiques exemplaires; nous nous intéressons à ce qui se passe dans chaque pays, en particulier du point de vue des programmes et des politiques de soutien aux aînés.
Nous sommes heureux de voir que votre comité s'intéresse aux questions touchant les anciens combattants, puisque cet enjeu n'existe pas seulement au Canada, mais aussi dans de nombreux autres pays, et je pourrai certainement vous donner le point de vue du système australien de soins fournis aux anciens combattants pendant la période de questions et réponses. Mais je me contenterai aujourd'hui de parler de certains aspects du rapport de novembre 2006 publié par le Conseil consultatif de gérontologie ainsi que de certaines recommandations formulées par cette organisation, en particulier du point de vue des anciens combattants, de cette tranche de population comme elle existe aujourd'hui ainsi que de la tendance qu'ont les gouvernements d'envisager les choses du point de vue d'un modèle de soins axé sur la maladie plutôt qu'un modèle de soins axé sur le mieux-être.
La Fédération internationale du vieillissement appuie les gouvernements et est en faveur des politiques et des programmes qui adoptent des modèles qui favorisent le mieux-être et les interventions visant à réduire véritablement le fardeau des maladies.
Comme Willie l'a indiqué, les gouvernements ne consacrent pas beaucoup d'argent à la prévention et à la promotion de la santé, parce que leurs résultats se font généralement voir à long terme et que les avantages du point de vue de la santé ne se concrétisent pas nécessairement pendant les courts mandats des gouvernements.
Dans la plupart des pays, les efforts déployés dans le cadre des programmes de santé et de mieux-être sont insuffisants. Certains aspects du Programme des soins à domicile pour les anciens combattants sont assez novateurs et se sont attiré une reconnaissance mondiale, comme notamment les programmes canadiens de prévention des chutes et les interventions rapides dans la prévention des chutes, ce qui aide les anciens combattants et leur rend service.
L'autre point qui constitue selon moi une préoccupation majeure est l'appui reçu par les aidants, c'est-à-dire les gens qui sont à la maison pour aider les anciens combattants qui en ont besoin. Au cours des 10 ou 15 dernières années, on a beaucoup mis l'accent sur l'appui fourni par les aidants à domicile, ou encore les conjoints et les familles des aînés, et le fait que cet appui contribue aux économies réalisées par le gouvernement. Naturellement, nous favorisons les programmes qui appuient ces aidants en particulier, et je sais qu'il existe de très bons modèles, tant au Canada qu'à l'étranger, et que ces modèles permettent de trouver des façons d'appuyer les aidants de ces anciens combattants, afin que ceux-ci demeurent autonomes, ou qu'ils puissent rester dans leur collectivité ou à la maison plus longtemps.
Ce faisant, les gouvernements l'ont volontiers reconnu, et on passe rapidement des soins à domicile à des programmes d'appui communautaire à domicile... Pour les aînés, il continue d'y avoir des questions entourant les programmes d'appui communautaire à domicile: Où puis-je obtenir les renseignements sur ces programmes? Avec qui dois-je communiquer, et existe-t-il des points d'accès ou de référence uniques? Ces références sont-elles les mêmes d'une province à l'autre, en particulier pour ce qui est des programmes de soins à domicile?
Un guichet unique, utilisé comme élément d'orientation et d'évaluation, est sans aucun doute une initiative opportune, recommandée par le Conseil consultatif de gérontologie. Les gens ne recherchent ces services qu'en cas de crise et ils ne savent pas vers qui se tourner. Mais s'il existe un point d'évaluation et d'orientation unique qui tient compte des problèmes de l'ancien combattant et de toute sa famille de même que de l'infrastructure familiale, et qui les oriente vers les services adéquats, les familles et les anciens combattants eux-mêmes seront plus à l'aise en cas de problème et sauront où aller.
Il faut reconnaître que les gens n'ont accès à ces services que lorsqu'il y a un problème, et c'est à ce moment-là qu'ils ont besoin d'aide et de services rapidement. Il s'agit donc de diffuser l'information sur les services disponibles. Au Canada, la collectivité des ONG de même que les organisations de prestations de services ont un rôle essentiel à jouer; elles doivent informer les anciens combattants au sujet de la gamme de services disponibles, mais également se pencher sur les inégalités des services offerts dans les provinces au Canada. La même situation prévaut dans de nombreux pays où les compétences en matière de santé relèvent du niveau provincial.
Pour ce qui est de certaines tendances que l'on peut observer, jetons un coup d'oeil aux programmes de soins à domicile pour les anciens combattants; je vous donnerai un exemple de l'Australie. On envisage là-bas d'avoir recours à des équipes pluridisciplinaires pour procéder à l'évaluation, de sorte qu'il n'y ait qu'un seul point d'accès. Les évaluations sont ainsi uniformes et on peut y avoir accès partout au pays. Un certain montant est également alloué à des séries de services de prestation de soins, de sorte que l'on peut réellement appuyer les familles et les anciens combattants grâce à un ensemble de soins communautaires aux aînés, ou un ensemble de soins aux anciens combattants, ce qui fait partie de la gamme des services dont un ancien combattant peut avoir besoin pour rester à la maison beaucoup plus longtemps. Naturellement, nous mettons l'accent sur la façon de permettre aux gens de rester dans la collectivité où ils vivent et où ils sont actifs aussi longtemps que possible. Le problème soulevé au sujet des gens qui doivent s'installer dans des établissements de soins de longue durée ou d'autres établissements de soins n'est pas propre au Canada; on le retrouve partout, et c'est un problème qui touche également le multiculturalisme des populations aînées dans tous les pays.
Pour ce qui est de la gamme de programmes et services, il faut mettre l'accent sur la santé et le mieux-être. À long terme, cela permettra sans doute de réduire le fardeau financier des gouvernements dans le domaine des soins, ou alors les coûts associés aux soins seront limités à des périodes beaucoup plus courtes dans les cas des soins de longue durée. Dans les pays développés, 4 ou 5 p. 100 seulement des personnes de plus de 70 ans aujourd'hui iront dans des établissements de soins de longue durée. Bon nombre de personnes dans la collectivité y demeureront, et seuls les ennuis de santé les obligeront à subir des interventions et à être hospitalisés.
Pourquoi plus de gens ne se tournent-ils pas vers les soins résidentiels? En fait, c'est parce qu'on cherche de plus en plus à élaborer des services communautaires qui permettent aux gens de demeurer à la maison pendant beaucoup plus longtemps. Il s'agit également de créer des programmes et des services qui favorisent l'autonomie, la santé et le mieux-être, en vue de minimiser le fardeau lié aux maladies à long terme.
La gestion des cas est une autre question soulevée par le conseil consultatif dans son rapport, et il s'agit d'un modèle qui a été suivi et adopté dans bon nombre de pays. Le problème, pour les coordonnateurs ou les gestionnaires de cas, réside dans la charge de travail qu'ils finissent par devoir assumer. Le système australien prévoyait des gestionnaires de cas pour chaque région géographique, de sorte que la charge de travail de ces gestionnaires de cas était assez importante; on a reconnu très rapidement que ce programme était sous-financé, parce que les gestionnaires de cas tentaient d'appuyer entre 70 et 90 personnes chaque semaine, ce qui était tout simplement impossible.
Je pense que la question de l'uniformité d'accès, ou de l'accès aux services sans discrimination, est importante. Un ancien combattant qui vit au Manitoba veut avoir le même accès aux services, que ce soit des services de soins de santé ou des services de soins à domicile, que s'il vivait à l'Île-du-Prince-Édouard.
À l'échelle nationale, le gouvernement canadien ainsi que le secteur des ONG doivent se pencher sur cette question et commencer à parler des différences. Par exemple, quels sont les services offerts au Manitoba par rapport à ceux offerts à l'Île-du-Prince-Édouard? Je pense que ce sont les questions prioritaires.
Un programme national pour les anciens combattants règle bon nombre de ces problèmes et les programmes financés de façon indépendante par le ministère des Anciens combattants permettent de se doter d'un modèle beaucoup plus uniforme. Mais dans le cas des autres aînés, ce n'est pas nécessairement uniforme.
Naturellement, je souhaite féliciter le comité, qui cherche des façons d'appuyer, d'examiner et d'améliorer la qualité des soins fournis aux anciens combattants. Je serai très heureux de répondre à vos questions ou de parler de certains des points de vue internationaux.
Merci d'être ici ce matin.
Je pense que c'est un peu ironique que les députés de ce côté-ci de la table parlent de vieillissement. Nous avons tous vieilli hier soir. C'était notre fête de Noël et nous nous sentons tous un peu plus vieux ce matin.
Je peux sans peine comprendre certains des commentaires de M. Lirette. Ma circonscription est très rurale, très étendue et comporte de très petites collectivités. Vous avez principalement parlé des services que vous essayez de fournir, des langues et de tout le reste, mais je suis certain que dans le nord du Québec et dans d'autres endroits au Canada, pas seulement dans ma propre circonscription, il existe certains endroits où il n'y a pas de services. Nous prenons ce que l'on nous offre. Dans ma collectivité, personnellement, nous n'avons pas assez de médecins. Il y a trois médecins, alors qu'il devrait y en avoir 16.
Et les défis liés à la prestation de services aux gens à mesure qu'ils vieillissent, de même que les complications liées à un manque de services et à la nécessité de voyager rendent les choses plus difficiles; et lorsqu'il s'agit d'un ancien combattant par-dessus le marché, avec tous les problèmes qu'ils ont, ça devient tout simplement encore plus difficile.
Ainsi, je comprends très bien tous vos efforts, et nous avons de la chance d'avoir des gens comme vous qui tentent de fournir ces services. C'est l'une des forces du Canada, ces groupes qui tentent d'aller de l'avant et de réunir tout le monde.
J'ai des questions pour M. Shaw.
Il ne faut pas généraliser, mais certains de nos anciens combattants nous disent qu'ils n'ont pas l'impression d'être bien servis par le ministère des Anciens combattants. Ils ont l'impression qu'il y a des lacunes et des défauts. Selon votre expérience, cette impression est-elle généralisée à tous les anciens combattants au monde? La situation est-elle semblable en Australie? Ont-ils l'impression d'être bien servis? Nous recevons parfois des invités des États-Unis, et ils disent qu'ils n'ont pas l'impression d'être bien servis par certains de leurs ministères des Anciens combattants dans le domaine des soins de santé. Et bien entendu, les problèmes s'aggravent toujours avec l'âge.
:
Je ne suis pas au courant de cette situation. Mais pour revenir à ce que vous avez dit au sujet des services dans la langue de notre choix, le gouvernement du Canada et la Société Santé en français ont créé un bon programme. Il prévoit, par exemple, la formation de professionnels. Ainsi, l'école de médecine de Moncton, qui est une école de médecine francophone, forme les gens dans toutes sortes de professions pour qu'ils fournissent des services à la collectivité.
[Français]
C'est un moyen que le gouvernement a mis en place pour aider à la formation des professionnels et s'assurer ensuite de la présence de services en français partout au pays. Cette entente viendra à échéance au printemps, si je ne me trompe pas, et il faut la renégocier. C'est là que le gouvernement devrait savoir que le succès de la Société Santé en français partout au pays doit être renouvelé pour arriver à répondre aux questions que vous posiez plus tôt.
Quant aux vétérans, j'ai fait des efforts au cours des derniers jours pour obtenir plus d'information, puisque nous n'étions pas nécessairement au courant de la situation des vétérans. On me dit que la paperasserie administrative, le red tape comme vous l'appelez, est énorme. Ces gens se découragent face à tout cela et il faut presque des professionnels pour faire les demandes ou les recherches pour obtenir des services. Je me rappelle tout le travail qu'a fait Mme Bradshaw, du temps où elle était députée, pour l'installation du Centre de santé des anciens combattants de Moncton. Je crois qu'il a fallu trois ou quatre ans pour qu'on prenne une décision, et les vétérans étaient situés au cinquième étage d'un vieil hôpital. Maintenant, le service est excellent, mais il faut investir trop de temps dans la paperasserie administrative des gouvernements provincial et fédéral.
Au Nouveau-Brunswick, on a aussi ce qu'on appelle un nouveau gouvernement. Depuis janvier, il a éliminé tous les revenus de sa liste de critères pour être admis dans un foyer de soins, même le revenu de vétéran. En effet, avant le 1er janvier, quand un vétéran devait entrer dans un foyer de soins de longue durée, tout son revenu y était consacré, et son épouse demeurait une femme pauvre. On m'a dit hier, avant que je parte, qu'au Nouveau-Brunswick, on a un peu réglé le problème. Mais je crois qu'il faudra que votre comité aille voir comment les femmes de ces vétérans sont traitées lorsque ceux-ci sont admis dans un foyer de soins de longue durée. Deviennent-elles des personnes pauvres? Si vous prenez toutes les femmes qui n'ont pas travaillé à l'extérieur du foyer et qui ont élevé de grosses familles, que ce soit les femmes des anciens combattants, les femmes de pêcheurs ou les femmes de fermiers, ce sont des femmes pauvres au Canada.
On vient de découvrir que plus de 200 000 personnes auraient droit au Supplément de revenu garanti et ne l'ont pas parce qu'elle ne sont pas au courant qu'elles peuvent l'avoir. C'est pourquoi on presse le gouvernement de nous donner les moyens d'aller de porte en porte et de faire connaître ces choses. Cela prend des ressources humaines. Jusqu'à maintenant, le gouvernement provincial a fait des efforts du côté des services sociaux et on a ajouté beaucoup de noms à ces listes, mais il en reste encore presque 200 000 qui y ont droit. On n'a pas de moyen pour les contacter. Il me semble que dans les données du gouvernement fédéral, ils sont quelque part et on connaît leur situation. Il suffirait qu'on trouve un moyen technologique de leur donner ce supplément, sans qu'elles soient obligées d'embaucher un avocat pour toucher leurs prestations. Je voulais ajouter ce commentaire.
:
Messieurs, bonjour. C'est agréable d'avoir des francophones à la table, pour une fois, afin de jaser un peu.
Une considération me touche beaucoup. On parle des anciens combattants d'un certain âge, mais il ne faut pas oublier nos jeunes anciens combattants qui souffrent de blessures psychologiques. Cependant, je vais me limiter aux anciens combattants traditionnels.
D'abord, j'aimerais vous donner un petit cours d'histoire. Je veux envoyer un message: lundi prochain, j'aurai 67 ans. N'oubliez pas de me souhaiter bonne fête le 10 décembre.
Dans ma jeunesse, la coutume voulait que les grands-parents paternels soient confiés aux soins de l'aîné des fils et que les grands-parents maternels soient confiés aux soins de l'aînée des filles. C'était la « loi de pousse » qui réglait la société québécoise de l'époque.
D'ailleurs, cette tradition québécoise s'est transmise jusqu'à moi, à cause de mon âge avancé. Ma belle-mère est décédée à l'hôpital, mais après le décès de son mari, elle a habité chez moi. J'en ai assumé la charge sans aide gouvernementale. C'est ainsi j'ai été éduqué.
Mais aujourd'hui, ça ne fonctionne plus comme cela. On prend les vieux, comme j'aime les appeler et comme j'aime m'appeler moi-même, et on les place à peu près n'importe où. On essaie d'établir un système pour qu'ils puissent demeurer chez eux aussi longtemps que possible. J'approuve ce système à 300 p. 100, mais il faut l'améliorer parce que les vieux sont bien dans leurs vieilles affaires.
J'aimerais maintenant donner un peu d'information technique à M. Shaw. Je pense que le système de santé et des affaires sociales du Québec est le système le plus avancé de toutes les provinces canadiennes. Par exemple, y a-t-il, ailleurs au Canada, de l'aide pour que les citoyens puissent construire ou modifier leur maison en maison « cogénérationnelle »? Cela existe au Québec. Y a-t-il, ailleurs au Canada, un système comme celui des Centres locaux de services communautaires, les CLSC, que l'on retrouve au Québec et qui offre des soins de santé aux malades dans les résidences?
En fait, la difficulté que pose une situation intergénérationnelle, c'est qu'on voudrait bien garder ses parents chez soi. On peut les aider physiquement, mais lorsqu'ils ont besoin de soins de santé, on ne peut pas le faire parce qu'on n'est pas expert. C'est là que le CLSC vient à la rescousse.
Je pense que les soins de santé devraient être développés au niveau provincial, avec un retour d'impôt fédéral lorsque les soins de santé pour les personnes âgées — j'inclus les anciens combattants — sont donnés par leur famille. Les personnes âgées ont besoin de soins à domicile, mais il faut avoir des outils pour le faire, et je pense qu'on en manque.
Monsieur Lirette, le cours de politique 101 que vous nous avez donné plus tôt est très vrai. La vision d'un gouvernement ou d'un politicien ne va pas au-delà de la prochaine élection. Il légifère en vue de sa réélection, au lieu d'avoir la vision qu'a toute compagnie qui se respecte et de penser à ce que seront ce pays et cette société dans 50 ans.
Lorsqu'on change, si vous venez d'un coin de pêcheurs, on essaie de garder le bateau aligné sur le bon port.
Ce sont les commentaires que je voulais faire. Si vous le voulez, vous pouvez en ajouter, les approuver ou les désapprouver.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être ici aujourd'hui.
L'un des problèmes que nous avons pour ce qui est des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre de Corée -- même s'il ne reste qu'un ancien combattant de la Première Guerre mondiale -- réside dans le fait que lorsqu'ils se sont enrôlés, bon nombre d'entre eux n'avaient pas fait beaucoup d'études. Ils avaient souvent une quatrième année, une cinquième année ou une sixième année. Dans le cas des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale, c'était peut-être un peu plus, mais en général, ces gens ne sont pas ce que l'on appelle des universitaires; ils n'étaient que des Canadiens moyens, qui travaillaient pour gagner leur vie, avant de s'enrôler.
Beaucoup plus tard, lorsqu'ils ont vieilli et qu'ils ont fait des demandes de services, ils devaient remplir des formulaires; certains de ces formulaires sont si compliqués qu'il faut l'aide d'un grand avocat simplement pour les comprendre. Ne diriez-vous pas que lorsque le gouvernement envoie des formulaires ou des renseignements au public, ils devraient être simples à comprendre, faciles à remplir et clairs? Voilà ma première question.
Comme vous savez, certaines de ces personnes souffrent de ce que l'on appelait auparavant le traumatisme dû aux bombardements, mais que l'on nomme aujourd'hui le syndrome de stress post-traumatique. Au cours de séances précédentes, des victimes du SSPT nous ont dit que le simple fait de remplir les formulaires sur le SSPT causait d'énormes problèmes. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Deuxièmement, il y a le problème de l'argent. Vous savez, bon nombre de ces anciens combattants sont très autonomes. Ils sont têtus et indépendants. Ils disent « Je vais pelleter ma propre allée », mais ensuite ils ont une crise cardiaque, ils meurent et ils laissent leur épouse derrière, et on a tout un problème, n'est-ce pas? Comme vous l'avez dit, ils ont besoin d'aide, et ce, aujourd'hui.
Ce qui est préoccupant, bien entendu, c'est que lorsqu'ils atteignent 65 ans, une partie de leur pension est déduite des autres pensions parce que c'est ainsi que les programmes ont été créés il y a des années. J'aimerais savoir ce que vous pensez de la déduction des pensions, ce que signifie la perte de revenu à 65 ans, et ce que signifie le manque d'accès à certains médicaments, parce que beaucoup de ces personnes ont besoin de médicaments, et selon la province où on vit, il se peut que certains médicaments ne soient pas couverts. Il y a quelques années, en Nouvelle-Écosse, l'Aricept, un médicament contre l'Alzheimer, n'était pas couvert; mais il était couvert au Nouveau-Brunswick, alors les gens demandaient s'ils devaient déménager au Nouveau-Brunswick pour avoir ces prestations.
Voilà certaines des préoccupations actuelles. Aucun gouvernement fédéral ou provincial ne va régler tous les problèmes du jour au lendemain, mais je pense que nous pouvons le faire collectivement. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Merci.
:
J'aimerais beaucoup avoir vos idées ou vos recommandations sur la façon d'améliorer ces services et sur ce que le comité des anciens combattants pourrait faire pour apporter son appui et passer à la prochaine étape. Si ce n'est pas aujourd'hui, ça peut être plus tard, mais je l'apprécierais beaucoup.
Je pense que nous sommes tous d'accord, comme les anciens combattants, pour dire que c'est une bonne chose qu'ils puissent conserver leur autonomie le plus longtemps possible dans une collectivité, dans leur propre environnement social. Vous avez piqué ma curiosité avec vos observations sur ce qui s'est passé en Australie, les anciens combattants qui ne voulaient pas qu'on leur fasse la charité, qui veulent se sentir utiles, qui veulent payer pour les services qu'ils reçoivent.
Manifestement, certains d'entre eux ne seront pas en mesure de le faire, mais je pense qu'au Canada, nous avons tendance à penser qu'il faut agir d'une certaine façon et donner aux gens leur indépendance. Ce que l'on constate, par contre, c'est que pour que les gens demeurent chez eux, que ce soit à leur domicile ou dans un complexe d'habitation pour les aînés... Et vous savez, très franchement, ça fonctionne bien dans certains endroits. Les aînés sont avec d'autres aînés du même âge, ils profitent d'équipement de loisir et du divertissement qui vient avec tout cela.
Mais nous avons des problèmes au Canada, comme ailleurs je pense, avec le nombre de professionnels dans nos villes. Nous n'avons pas suffisamment de médecins dans nos villes, et nous n'avons pas suffisamment des autres professionnels dont nous avons besoin. Manifestement, pour ce qui est des anciens combattants, nous faisons face aux mêmes problèmes si nous souhaitons fournir certains de ces services aux anciens combattants pour qu'ils puissent demeurer chez eux.
Je me demandais si l'un d'entre vous avait des idées sur la façon de coordonner les efforts ou de travailler avec le secteur public pour veiller à ce que nous ayons des services professionnels à offrir à nos anciens combattants qui en ont besoin et qui pourraient ainsi demeurer chez eux.
Très franchement, je ne sais pas s'il existe une réponse.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis chanceux parce que ma mère a eu 98 ans au mois d'octobre et je lui ai parlé hier soir à 22 heures. Elle est en pleine forme. M. Perron parlait de cela. Notre père est décédé à la maison et on aimerait que ce soit aussi le cas de notre mère. Je pense que c'est une question d'attitude, mais il est fort probable qu'avec les baby-boomers, ce ne sera pas la même chose. On se lance des fleurs parce que les autres ne nous en lancent pas souvent. On va s'en lancer.
M. Marcel Gagnon avait fait le tour du Québec pour les aînés et le Supplément de revenu garanti, et je pense que cela a débordé sur les autres provinces. Cela a fait du bien. Présentement, notre curé devenu député fait la même chose.
Je me demande si on devrait faire la même chose pour les anciens combattants. Je ne le sais pas. On devrait peut-être partir en croisade pour dire aux anciens combattants qu'ils ont certains droits. La semaine dernière, on a rencontré quelqu'un qui, depuis sept ans, cherche à être reconnu comme ancien combattant. Il a été dans l'armée pendant 20 ans. Il a participé à la guerre de Bosnie. Il a participé à quelques guerres. Il essaie depuis sept ans, et il n'est pas encore reconnu comme ancien combattant. Il n'a donc pas droit à une pension et il souffre du syndrome post-traumatique.
Voici ce que j'aimerais savoir. D'après vous, quelles seraient les meilleures solutions pour aider les gens? Il est fort probable que, pour la génération des baby-boomers, comme vous le dites si bien, ce ne sera pas la même chose. J'ai l'impression que ce ne sont pas les gens qui font partie de la FADOQ ou de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada qui causent le problème. Je pense plutôt que ce sont ceux qui n'en font pas partie.
Je ne sais pas comment faire. Plus tôt, vous avez suggéré une solution que le gouvernement connaît. J'aimerais trouver des solutions. Je pense qu'on a pas mal situé les problèmes. C'est de solutions qu'on a besoin.
J'aimerais que vous répondiez tous les trois.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous nos témoins.
En ma qualité d'ancien combattant, je vais faire une brève observation au sujet de la récupération, puis j'aurai quelques questions précises pour M. Shaw.
Il n'y a pas de récupération. Ce qui s'est produit, c'est que lorsqu'un ancien combattant prend sa retraite, il reçoit une pension de retraite sous le régime de la Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes, plus la prestation de raccordement jusqu'à ce qu'il arrive à l'âge de 65 ans. À l'heure actuelle, les anciens combattants à la retraite reçoivent des prestations de deux sources: le régime de la Loi sur la pension de retraite des Forces canadiennes et le Régime de pensions du Canada.
Le Régime de pensions du Canada est conçu de façon à remplacer la prestation de raccordement. Le calcul des prestations du Régime de pensions du Canada dépend de ce que le prestataire a fait depuis le moment de sa retraite, dans mon cas, entre l'âge de 47 ans et celui de 65 ans. Une personne qui n'a pas fait grand-chose pour être admissible au RPC dans cette période de 15 à 18 ans recevra de petites prestations.
Il ne s'agit pas d'une récupération. Les deux programmes fonctionnent selon la façon dont ils ont été conçus; les prestataires reçoivent exactement ce pourquoi ils ont payé dans les deux régimes.
On peut toujours discuter de l'équité de la conception de ces régimes, et c'est une analyse que quelqu'un pourrait entreprendre à un moment donné. Mais les versements que les militaires devraient faire à leur régime de pensions augmenteraient considérablement, et ils n'en seraient probablement pas très heureux.
C'est une question qui soulève beaucoup d'émotions, mais beaucoup d'anciens combattants ne comprennent pas vraiment les faits. Bien des gens me demandent pourquoi je n'appuie pas une réforme, puisque je suis un ancien combattant et que je suis maintenant député. Eh bien, si l'on regarde ce qu'il en est, le régime fonctionne exactement pour ce pourquoi il a été conçu. On peut discuter de la conception du régime, mais les anciens combattants reçoivent ce pourquoi ils ont payé.
Cela dit, monsieur Shaw, vous avez vu de bonnes choses dans le régime australien et maintenant dans le régime canadien, puisque vous avez vécu les deux systèmes. Pourriez-vous nous donner des exemples des points forts ou des points faibles du système australien et du système canadien dans l'optique des aspects sur lesquels nous devrions nous pencher?
:
Je puis vous parler des points forts — des points faibles aussi.
En Australie, il s'agit d'un programme national de soins de santé. Tout le programme de soins de santé est administré à l'échelle nationale et la prestation des services relève des gouvernements des États ou des territoires, tout en demeurant contrôlée à l'échelle fédérale. Le régime des soins aux personnes âgées est également un régime fédéral, en Australie, et la prestation des services de même que le contrôle relèvent de l'échelon fédéral. Il en va exactement de même des services aux anciens combattants.
L'avantage, c'est que les services sont uniformes. Il existe un régime national de soins de santé et d'assurance-médicaments. Tous les citoyens ont droit au même degré de services et les coûts de ces services sont les mêmes, où que l'on vive.
Il y a cependant quelques inconvénients, des aspects pour lesquels le régime canadien est supérieur au régime australien. Au Canada, il y a davantage de possibilités d'innovation et d'élaboration de pratiques exemplaires dans la prestation des soins de santé parce que les gouvernements des provinces n'ont pas à s'aligner sur ce que font les autres provinces. Ils peuvent élaborer leurs propres programmes.
C'est un avantage, mais je n'ai pas constaté que les pratiques exemplaires élaborées dans une province sont reprises par les autres provinces. L'un d'entre vous vient-il de la Colombie-Britannique? Cette province a un excellent programme pour les aînés, le programme ActNow BC. J'ai parlé à des personnes de six ou sept provinces différentes pour leur demander s'ils connaissaient ce programme. Ils n'en avaient jamais entendu parler, même s'il s'agit d'un excellent programme.
Le Canada a un très bon régime qui encourage l'innovation et les pratiques exemplaires, mais ces pratiques ne sont pas communiquées; on n'en tire pas de leçons. En Australie, le fait que le régime soit entièrement fédéral empêche l'innovation.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être venus comparaître devant nous aujourd'hui.
Dans les observations qu'il a faites en réponse à la question de M. Hawn, M. Shaw a mentionné un élément très important, c'est-à-dire l'absence d'un système ou d'un régime qui permette de communiquer les pratiques exemplaires. C'est malheureux, parce que quand on parle de retard à adopter des méthodes exemplaires, cela peut nuire aux gens qui... On rate le coche.
À notre dernière réunion, nous avons entendu un témoin du Conseil consultatif de gérontologie, ainsi qu'un chercheur du ministère. Ils nous ont parlé de projets pilotes, dans le cadre desquels on suivait le cheminement d'un groupe d'anciens combattants et, dans certains cas, des conjoints et conjointes. Certains de ces projets étaient en Colombie-Britannique. Les personnes suivies vieillissaient et devaient aller dans des foyers pour personnes âgées car il n'y avait pas de soins à domicile, ne serait-ce que pour déneiger l'entrée, tondre la pelouse ou faire de l'entretien ménager. Ce ne sont pas des services que l'on associe automatiquement à la santé, mais nous reconnaissons pour la plupart qu'ils sont liés à la santé. Une personne faible ne peut pas tondre sa pelouse. Si l'on ne peut pas tondre sa pelouse, il est moins possible de continuer à demeurer dans sa maison. Cela peut devenir un cercle vicieux. On a également suivi une cohorte d'anciens combattants, de même que les conjoints et conjointes dans certains cas, à qui des soins à domicile étaient dispensés. On a analysé les résultats. Pour mesurer la réussite, on s'est fondé sur les coûts, même si c'est une mesure un peu grossière. On a évalué quels étaient les coûts pour le pays pour l'un et l'autre groupes. On a constaté qu'en moyenne, il en coûtait moins cher pour le groupe qui recevait des soins à domicile.
Il faut aussi ajouter à cela la question de la qualité de vie, le fait de pouvoir demeurer plus longtemps dans sa maison... jusqu'à sa dernière heure, si possible... plutôt que d'avoir à vivre dans un foyer. Ce sont là aussi des avantages, bien qu'ils soient difficiles à mesurer.
Je pose la question à la cantonade. Croyez-vous que cette analyse représente la vérité? C'est une question de pratiques exemplaires, car alors nous devrions adopter cette mesure de façon générale, pas seulement pour les anciens combattants. Vous semble-t-il logique d'aider les gens à demeurer plus longtemps dans leur maison, pas seulement pour améliorer leur qualité de vie mais aussi pour réduire les coûts?
:
Toute la recherche indique que ce que vous dites est vrai. Plus le gouvernement nous aide à faire la promotion de la santé, par exemple un programme d'éducation physique...
Nous avons un programme appelé « Grouille ou Rouille », « Move or Rust », qui existe depuis 30 ans sans financement du gouvernement. Dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, 700 personnes y prennent part. On vient juste de convaincre notre nouveau gouvernement de l'importance de ce programme du point de vue de la santé.
Toute la recherche a prouvé ce que vous dites. Plus longtemps on maintient l'activité et l'autonomie chez les personnes âgées, moins il en coûte au système de santé. C'est un fait que la recherche prouve partout au pays. Cependant, on ne semble pas encore injecter suffisamment de fonds dans cette promotion de la santé.
Je disais plus tôt, dans mon mémoire, que chez moi, moins de 1 p. 100 du budget total alloué à la santé est affecté à la promotion de la santé. Tout le reste va à ce qu'on appelle le domaine curatif.
Nous sommes aux prises avec des exercices, des programmes pour promouvoir la santé, des forums sur la santé. Santé Canada nous a énormément aidés dans ce domaine. Cependant, il semble que les gouvernements fédéral et provinciaux ne réalisent pas encore que la promotion de la santé, c'est important.
Récemment, il a été question de nous donner un programme portant sur l'abus fait aux aînés, mais il n'y a pas assez de fonds pour nous permettre de faire ce programme d'une façon adéquate à l'échelle d'un pays comme le nôtre.
Oui, c'est vrai, et la recherche le prouve. Je peux vous procurer toute la recherche voulue démontrant que les soins à domicile réduisent le coût de la santé, en ce qui concerne les aînés qui peuvent vivre de manière autonome le plus longtemps possible.
:
Il y a des systèmes dans chacune des provinces qui peuvent être différents.
Chez nous, au Nouveau-Brunswick, depuis une trentaine d'années, il y a ce que l'on appelle les services à domicile ou le programme extramural. Cela fonctionne bien. Ce service offre tous les soins au patient une fois qu'il est sorti de l'hôpital, et ce, aussi longtemps qu'il en a besoin. Il peut s'agir de services de physiothérapie, de services sociaux et de tous les services médicaux nécessaires, sauf les services du médecin, qui ne va pas au domicile. Ce n'est plus la pratique maintenant, mais le médecin ira au foyer de soins de longue durée. C'est un service que le système offre. Bien entendu, le programme extramural de soins au foyer, à domicile, impose moins de stress au système régulier, à l'hôpital par exemple. Un patient qui devait demeurer à l'hôpital pendant deux semaines il y a 10 ans y demeure maintenant deux jours. Cela favorise une rotation des places disponibles.
Pourtant, un problème se pose: il y a des aînés hospitalisés en attente d'une place dans un foyer de soins de longue durée parce qu'ils ont perdu leur autonomie. C'est le problème majeur, et on le rencontre dans chacune des provinces actuellement. Il y a trop de personnes âgées qui occupent des lits d'hôpitaux qui ne sont pas disponibles pour des urgences. À Moncton, dans les deux hôpitaux, c'est un grand problème. Plus de 200 personnes âgées attendent une place dans un foyer de soins de longue durée, mais il n'y a pas assez de places dans ces foyers.
Aussi, sachez que les aînés sont davantage en meilleure santé, qu'ils vivent de plus en plus vieux et qu'ils ont moins besoin de services. Il n'y a que 2, 3 ou 4 p. 100 des personnes âgées dans les foyers de soins de longue durée qui ont perdu leur autonomie. Tout le reste est actif dans la société, et plus longtemps on peut les garder actifs et autonomes, moins il en coûte au système de santé. C'est un fait: la recherche le prouve, encore une fois.