:
Mesdames et messieurs, je sais que d'autres personnes s'en viennent. Je vous souhaite néanmoins encore une fois la bienvenue à une nouvelle réunion du comité permanent des anciens combattants.
Nous recevons aujourd'hui un invité et un témoin très spécial. Nous avons tous passé beaucoup de temps à préparer la création du poste d'ombudsman, et nous recevons aujourd'hui le premier titulaire de ce poste, le colonel Patrick B. Stogran.
L'ordre du jour se lit comme suit: conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, nomination par décret du colonel Patrick B. Stogran au poste d'ombudsman des anciens combattants, renvoyée au comité le mardi 13 novembre 2007.
Je ne sais pas, monsieur, si on vous a dit que ce sera 10 ou 20 minutes, mais il s'agit de 10 minutes que vous pouvez utiliser comme bon vous semble. Vous êtes le centre d'attention aujourd'hui. Ensuite, nous avons déterminé l'ordre dans lequel chacun d'entre nous pourra vous poser des questions.
Vous avez la parole, monsieur.
:
Monsieur le président, permettez-moi de commencer par remercier le Comité de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
Il y a à peine deux semaines, j'obtenais ma libération des Forces canadiennes et je déposais une couronne au Monument commémoratif de guerre du Canada, à l'occasion du jour du Souvenir, ce qui a été ma première tâche officielle en tant que premier ombudsman des anciens combattants au Canada.
Je ne vous cacherai pas que ce fut une décision difficile que de quitter les Forces. Je crois que j'avais encore beaucoup à offrir, mais je pense que le type de tâches que j'envisage au bureau de l'ombudsman va me passionner tout autant que le métier des armes. Par ailleurs, j'ai très hâte non seulement de contribuer à l'amélioration de la vie et du bien-être des anciens combattants qui ont pris part aux conflits passés, mais aussi de paver la voie pour ceux qui continuent, aujourd'hui encore, à perpétuer notre tradition à l'étranger.
[Français]
Pour l'instant, je ne suis pas vraiment en mesure de discuter en détail de la situation critique que vivent nos vétérans, des défis avec lesquels ils doivent composer ou de ce que j'ai l'intention de faire à cet égard. Je me contenterai de dire qu'il s'agit d'une situation extrêmement complexe et qu'avec autant de dossiers délicats dans la balance, je crois qu'il faut être prêt à toute éventualité.
Cependant, à la lumière des recherches qui m'ont amené à accepter cette nomination et des multiples réunions et consultations auxquelles j'ai pris part depuis, je suis confiant que ma philosophie à l'égard de l'approche que j'adopterai pour relever ce défi a bien mûri et se reflétera fidèlement dans mes actions.
Je vais donc commencer par me présenter et exposer ma philosophie aux membres du comité.
[Traduction]
Je fais partie d'une culture au sein de laquelle les priorités sont les suivantes: mission, compagnon, soi. Pendant toute ma carrière militaire, je n'ai pas dérogé à ces principes, et c'est connu que je m'exprime lorsque je pense que les idées reçues du moment pourraient compromettre la capacité de notre armée de remplir sa mission ou n'est pas dans l'intérêt de nos soldats. Les positions fondées sur des principes ne sont pas toujours ce qu'il y a de mieux pour faire avancer une carrière, mais je peux vous assurer que je n'ai jamais laissé des motifs de carrière avoir le dessus sur mon dévouement à l'égard de ma profession.
Je suis en outre fier du fait que nos récentes expériences en Afghanistan témoignent de l'exactitude de mes assertions.
Les membres du comité, et surtout nos anciens combattants, peuvent avoir l'assurance que je saurai mettre en application les valeurs inhérentes à ces priorités — mission, compagnon, soi, au sein du bureau de l'ombudsman des anciens combattants. En tant qu'ombudsman, je m'emploierai à défendre les droits de nos anciens combattants. C'est dans cette optique que j'ai passé les deux premières semaines de mon mandat à rencontrer et à visiter le plus d'anciens combattants et d'associations d'anciens combattants possible. Dans le cadre de mon mandat à titre d'ombudsman, j'entends accorder une place primordiale à la consultation. Il m'incombe de démontrer une empathie constante envers les anciens combattants et de demeurer à l'écoute de leurs préoccupations.
Il nous incombera par ailleurs de maintenir notre indépendance, que j'ai d'ailleurs l'intention de défendre avec vigueur. Cela s'impose si je souhaite éviter que la complaisance politique ou bureaucratique vienne ternir mon objectivité ou nuire au traitement équitable de nos anciens combattants.
J'ajoute sans hésiter que Anciens Combattants Canada a joué un rôle proactif dans l'établissement du bureau de l'ombudsman des anciens combattants. Nous avons eu recours à du personnel temporaire pour étudier le fonctionnement du bureau de l'ombudsman du MDN, préparer des organigrammes et des descriptions de travail, établir une infrastructure, et même recevoir et enregistrer des plaintes de clients. Jusqu'à maintenant, nous en avons reçu plus de 100.
Nous avons embauché des employés pour une durée déterminée dans le but de donner de l'élan au processus d'admission et d'enquête, et nous examinons présentement les dossiers que nous avons reçus à ce jour afin de cerner les cas qui pourraient être traités promptement. J'envisage avec optimisme d'atteindre une capacité de fonctionnement que je qualifierais d'intermédiaire d'ici le printemps, et nous devrions être entièrement opérationnels d'ici l'automne 2008.
Au cours des prochaines semaines, ma priorité, personnellement sera d'embaucher un directeur général des Opérations maîtrisant les rouages du gouvernement et capable de faire avancer les choses tout en évitant que nous nous nous embourbions nous-mêmes dans la bureaucratie. Les lacunes à l'égard de l'accès aux services en temps opportun semblent être un thème récurrent des critiques formulées au sujet des services aux anciens combattants, alors je vais faire en sorte que la mise en place d'un processus de décision et d'intervention rapide figure parmi les principales priorités du bureau.
Enfin, un autre principe fondamental que j'ai l'intention de respecter dans le cadre de la conception et de la mise en oeuvre des processus et des structures du bureau sera d'établir et d'entretenir une relation personnelle avec les gens qui ont recours à nos services.
On a laissé entendre que, s'il n'était pas appuyé par une loi, l'ombudsman des anciens combattants ne disposerait pas du pouvoir nécessaire pour régler les problèmes que vivent nos anciens combattants. J'affirme que cela reste à voir.
Je comprends comment une loi peut faciliter les choses, mais je crois en fait que cela peut représenter une source autant de contrainte que de liberté. D'après mon expérience, on peut affirmer que d'autres ombudsmans ont réussi à transformer profondément leur domaine malgré les frustrations qu'ils ont pu vivre en raison de l'absence de loi. Je peux ajouter que je ne suis certainement pas réticent à relever ce genre de défi et à parler en faveur de l'adoption d'une loi si le besoin s'en fait sentir.
Je crois que le gouvernement, quel qu'il soit, pourrait difficilement ne pas tenir compte des suggestions que je pourrai formuler en ce qui concerne l'amélioration de la qualité de vie des gens qui ont servi le pays, même des suggestions concernant l'accroissement de l'efficacité du bureau de l'ombudsman des anciens combattants, puisque, à l'heure actuelle, une majorité de Canadiens ressentent beaucoup de compassion et d'empathie pour la cause de nos anciens combattants. Je pense en outre qu'il sera beaucoup plus facile pour moi de déterminer avec précision comment cette loi devrait être formulée et de la faire adopter une fois que j'aurai acquis une certaine expérience.
[Français]
On a laissé entendre que s'il n'était pas appuyé par une loi, l'ombudsman des vétérans ne disposerait pas du pouvoir nécessaire pour avoir un véritable impact sur les problèmes que vivent nos anciens combattants. Je ne suis certainement pas en position de réfuter les propos d'ombudsmans d'expérience, à savoir que le bureau devra se doter de mesures législatives pour être véritablement efficace, mais je ne suis pas non plus découragé par l'absence d'une telle loi. Je crois en fait que cela peut représenter autant une source de contraintes que de liberté. Cependant, si je constate que l'absence d'une loi constitue véritablement un handicap pour moi, je n'hésiterai pas à l'exprimer aussi clairement que possible.
Le mandat de l'ombudsman des anciens combattants a en outre été critiqué en raison du fait qu'il n'interviendra pas dans le cadre des révisions et des appels. Pourtant, je ne vois aucun problème à demeurer à l'extérieur du processus de révision et d'appel. En effet, s'il y a des problèmes systématiques inhérents au processus décisionnel actuel, je crois que l'entrée en jeu d'un intervenant ou d'un niveau d'instance additionnel ne constituerait que du tape-à-l'oeil bureaucratique pour soulager temporairement les symptômes du problème, au lieu de s'attaquer à sa cause profonde. Le bureau de l'ombudsman des vétérans a notamment pour mandat d'examiner les nouveaux enjeux et les problèmes d'ordre systématique, ce qui me donnera toute la latitude nécessaire pour examiner le processus actuel de révision et d'appel et, s'il y a lieu, le rendre plus efficace.
[Traduction]
En terminant, je tiens à réitérer la promesse que j'ai faite au moment de ma nomination au poste d'ombudsman des anciens combattants: ce qui importe avant tout, ce sont les anciens combattants; leur cause est mon engagement.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, colonel, d'être ici.
Merci d'avoir accepté ce poste très important. On vous posera peut-être des questions sur l'organisation du bureau de l'ombudsman, sur sa structure, sur les liens hiérarchiques, etc., mais, cela dit, tout le monde ne voudra que vous souhaiter la meilleure des chances, en ce début de mandat très important.
Je suis heureux de vous avoir entendu dire dans votre déclaration que, si vous sentiez, une fois que vous aurez acquis une certaine expérience dans le rôle d'ombudsman des anciens combattants, qu'il devient nécessaire d'adopter une loi pour vous venir en aide, vous n'hésiterez pas à le signaler. C'est encourageant.
Je vous souhaite la meilleure des chances. Vous allez certainement profiter de beaucoup de soutien.
Par ailleurs, ce qui ressort de votre déclaration, c'est le fait que vous souhaitez adopter un cycle de décisions et d'intervention rapide. Le témoignage de la personne que nous avons reçue mardi — qui pourra vous être transmis, si la motion dont nous allons nous occuper à un moment donné est adoptée — constituait une étude de cas de la situation contraire, c'est-à-dire un manque de rapidité. C'était le récit de neuf années de service d'un homme qui a maintenant pris sa retraite, ainsi que de ce que sa femme a vécu. Il souffre aujourd'hui du syndrome du stress post-traumatique.
Ma courte expérience du service militaire m'a appris que les décisions peuvent se prendre rapidement et fermement au sein de la hiérarchie militaire, et qu'on peut passer à l'action rapidement dans certaines situations précises. Cela fait partie de la culture de l'armée.
S'il y a un thème qui revient souvent chez nos anciens combattants, c'est celui des chinoiseries de l'administration. Il y a aussi l'idée que les choses ne se font pas en temps opportun. S'il n'est pas trop tôt pour vous poser cette question, puisque vous venez tout juste de commencer à jouer votre nouveau rôle, pouvez-vous nous parler un peu de l'importance de cet état de choses à vos yeux? Pouvez-vous préciser ce que vous avez dit tout à l'heure?
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Monsieur le président, comme je l'ai souligné dans ma déclaration, un thème qui, selon moi, est sans aucun doute un thème récurrent, c'est cette idée que les choses ne se font pas en temps opportun. En effet, je dirais que les histoires que j'ai entendu raconter au sujet de nos anciens combattants ayant servi en temps de guerre et qui n'ont reçu leur allocation que peu de temps avant la fin de leur mandat sont rien de moins que tragiques.
En effet, aujourd'hui, le personnel qui revient de prétendues opérations de maintien de la paix et qui est victime de stress post-traumatique n'est probablement pas traité avec autant d'empressement que la situation l'exige, selon moi. Je dirais que, après la guerre de Corée et avant notre intervention en Afghanistan, nous avons vu les opérations comme quelque chose qui se passait loin de chez nous, et qui, à ce titre, ne méritait pas beaucoup d'attention.
En réalité, on a affirmé que nous ne devrions pas envoyer de soldats à l'étranger à moins que ce ne soit pour préserver la paix. Je dirais, au contraire, que nous ne devrions pas envoyer de soldats à l'étranger à moins qu'il n'y ait une guerre. J'affirme que nos soldats — peu importe où nous les avons envoyés dans le monde — ont été confrontés à des situations tout aussi graves que celles qui ont eu lieu au cours des deux grandes guerres et pendant la guerre de Corée, ce qui fait qu'il est ridicule que nous ne nous soyons pas occupés de leurs inquiétudes le plus rapidement possible.
Je dois dire que je me suis battu contre la bureaucratie tout au long de ma carrière. Je me suis battu contre les bureaucrates civils et militaires pendant toute ma carrière, et je pense que ce que j'ai fait en Afghanistan se passe de commentaires. Nous avons fait bouger les choses. Notre bataillon devait être retiré de l'ordre de bataille, ce qui fait qu'il était en manque de ressources, notamment d'argent; néanmoins, lorsque nous avons été appelés à nous déployer en Afghanistan, nous nous sommes trouvés en situation de tirer certains fils et de faire bouger les choses rapidement. Qu'il suffise de dire que je suis le genre de personne qui aime bien passer outre à la bureaucratie.
Cela dit, j'ai été confronté à un énorme édifice bureaucratique seulement en acceptant ce poste. Je dirais qu'on est en train de discuter de certaines choses qui vont peut-être limiter grandement ma liberté de mouvement au bureau.
Tout ça pour dire que je suis resté dans l'armée pendant 31 ans parce que j'aime bien me battre. J'ai joint les rangs du bureau de l'ombudsman parce que je crois sincèrement que les anciens combattants ont des droits, et je me sens redevable envers eux. Tout ce que je peux dire, dans l'immédiat, c'est que le gouvernement a fait preuve de beaucoup de courage en me nommant à ce poste, parce que j'ai l'intention d'être impitoyable lorsque je m'attaquerai aux obstacles au règlement rapide des cas.
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Puis-je dire autre chose, monsieur le président?
Je sais que vous venez tout juste d'accepter le poste, il y a quelques semaines — quoique je sais aussi que vous avez étudié et que vous vous êtes préparé pendant pas mal de temps, puisqu'on vous a d'abord offert le poste —, mais y a-t-il quoi que ce soit dans le mandat, dans le mandat qui a fait l'objet d'une déclaration publique lorsque vous avez accepté le poste ou dans le contexte du mandat, qui vous cause des soucis et dont vous voudriez nous parler?
Vous laissez entendre ici que la possibilité pour l'ombudsman d'intervenir dans le processus de révision et d'appel des cas est une bonne chose. J'ai tendance à être d'accord avec vous, c'est sûr, là-dessus, quoique j'espère que vous pourriez, par exemple, examiner le processus d'appel et de révision, de façon générale, et, à titre d'ombudsman, formuler des observations sur ce processus, sinon sur les cas individuels. Prévoyez-vous certaines limites à votre mandat, ou est-il trop tôt pour le savoir? Aussi, avez-vous le droit de formuler des observations sur le processus d'appels et de révision, en général?
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Monsieur le président, il est en effet trop tôt pour que je puisse affirmer catégoriquement que mon mandat est défini de façon trop vague ou non, ou encore qu'il s'agit de quelque chose avec quoi je vais être en mesure de travailler. Cependant, selon moi, j'ai toujours été le genre de personne pour qui l'absence de directives offre des possibilités, plutôt que d'être une contrainte. Je pense, dans le premier cas, que la façon dont le mandat est défini m'offre la possibilité d'ajouter de la valeur au poste et d'en faire quelque chose de plus important que ce à quoi les anciens combattants et, en fait, les Canadiens, s'attendent.
Au contraire, comme je l'ai dit dans ma déclaration, si — j'insiste sur ce « si » — il y a un problème concernant le processus de révision et d'appel, je pense que cela serait mauvais. En fait, cela reviendrait à de la poudre aux yeux bureaucratique que d'ajouter un étage à l'édifice bureaucratique en m'occupant des décisions et en participant au processus. En fait, je pense qu'il est beaucoup plus constructif de disposer d'une ressource en mesure de régler les problèmes du système et de formuler les recommandations au nom des anciens combattants.
Le mandat étant formulé de telle façon que le devoir du bureau est de se pencher sur les problèmes systémiques ainsi que sur les nouveaux enjeux — à mon sens, cela signifie que je peux enquêter lorsque je vois de la fumée, sans avoir à attendre le feu — nous serons en mesure d'avoir une influence importante sur toutes les étapes du processus de révision et d'appel où il y a une contrainte liée à ce que j'appellerais les impératifs bureaucratiques.
Qu'il suffise de dire que la loi ne nous autorise pas à participer à la révision des décisions. J'ai rencontré des membres des Forces qui participent au processus décisionnel, et j'ai l'impression que leurs intentions sont sincères. Ainsi, si le système les appuie, je pense que l'ombudsman sera en mesure d'améliorer le processus pour les anciens combattants.
Je ne sais pas comment vous appeler, ce matin. Dois-je vous appeler colonel, monsieur ou monsieur le conseiller spécial? Je ne vous appelle pas encore monsieur l'ombudsman.
Vous êtes sûrement au courant du fait que ce comité, dont je fais partie avec fierté, a travaillé très fort pour produire un rapport sur la fonction que vous occupez présentement. C'était un rapport unanime, que mes amis de l'autre côté de la table ont appuyé. Dans ce rapport, on mentionne que la très grande majorité des ombudsmans, dont l'ombudsman de l'Ontario, André Marin, et les ombudsmans qui ne sont pas venus témoigner mais sur lesquels j'ai pu lire de l'information, ont été nommés en vertu d'une loi du Parlement. Ces ombudsmans rendent des comptes au Parlement, contrairement à vous, parce que conformément à l'alinéa 127.1(1)c) de la Loi sur l’emploi dans la fonction publique, vous avez été nommé conseiller spécial du ministre. Si on ne va plus loin dans votre nomination... Votre personnel relève du ministère.
Puis-je en déduire — et j'aimerais avoir vos commentaires à ce sujet — que vous êtes le représentant politique et que vous êtes aussi membre du personnel se rapportant au sous-ministre des Anciens Combattants? Avec toute cette ambiguïté, comment peut-on bien servir à la fois le ministre, les anciens combattants et le ministère? C'est le problème que vous aurez à résoudre au cours des trois prochaines années, car je pense que vous avez été nommé pour trois ans, si j'ai bien lu les informations. Au cours des trois prochaines années, j'espère que vous allez porter une attention très spéciale aux anciens combattants.
J'aimerais entendre vos commentaires.
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Monsieur le président, lorsque je dis « anciens combattants », je parle des membres des forces, mais aussi de leur famille.
J'étais en Bosnie, en 1993, à l'époque où on se tirait dessus là-bas, et à l'époque où nous y envoyions des gardiens de la paix qui devaient être des témoins de la situation ou des otages. À ce moment-là, on avait l'impression de contribuer à la paix sans verser de sang, mais les familles des soldats, des marins et des membres du personnel de la force aérienne qui les attendaient à la maison étaient victimes de toutes les peurs, anxiétés et appréhensions que vit notre nation en ce moment dans le cadre du conflit en Afghanistan. Je ne le sais que trop bien.
Je pourrais ajouter que, malgré la notoriété que m'a value mon déploiement en Afghanistan dans le cadre de la première mission de combat depuis la guerre de Corée, la situation à laquelle j'ai été confronté en Bosnie, moi qui n'étais qu'un observateur militaire non armé, était beaucoup plus dangereuse pour moi et presque aussi médiatisée. À l'époque, ma femme n' a pas eu accès à beaucoup des choses que nous avons mises en place après avoir tiré les leçons de cette expérience. Lorsque je suis rentré d'Afghanistan, après avoir été loin de chez moi pendant très longtemps, l'une des choses les plus importantes que j'ai comprises, c'est que les familles vivent des traumatismes. En effet, les membres de la famille des soldats envoyés à l'étranger peuvent vivre les mêmes traumatismes liés au stress opérationnel qu'eux. Je pourrais même dire qu'ils sont encore plus susceptibles de subir ces traumatismes parce qu'ils sont impuissants dans la situation.
Je dois m'excuser auprès des membres du comité de n'avoir pas mis le mot « famille » dans mon rapport. Les familles sont assurément au centre de mes préoccupations. Les membres du personnel qui sont envoyés à l'étranger forment une unité. Ce sont eux, ainsi que leur famille, qui font preuve d'une grande force en les appuyant. Nous devons les soutenir non seulement pendant les déploiements, mais aussi après que les soldats, les marins et les membres du personnel de la force aérienne se sont acquittés de leurs tâches à l'étranger.
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Bonjour, monsieur l'ombudsman. C'est vraiment avec grand plaisir que nous vous recevons aujourd'hui. Personnellement, j'aime le franc parler, et, à cet égard, nous sommes comblés avec vous. En vous écoutant parler ce matin, je m'aperçois aussi que vous avez les deux pieds sur terre. Je trouve cela rafraîchissant.
Je tiens à répéter que vous avez en moi une alliée, en ce qui concerne vos priorités, et celles-ci tournent autour des anciens combattants. Je suis meneuse de claque pour les anciens combattants, et non pour le ministère. Je pense que le ministère fait du très bon travail, mais je constate depuis des années qu'il y a place à l'amélioration. J'ai hâte de voir les améliorations que vous allez apporter.
J'aimerais prendre un instant pour faire quelque chose. Pendant la dernière réunion, on a parlé de la définition d'ancien combattant donnée par mon ami, M. Perron. Je veux lire, pour le compte rendu, la vraie définition d'ancien combattant:
Le terme « ancien combattant » désigne, comme dans le passé, les soldats ayant servi en temps de guerre — pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée —, mais également les membres des Forces ayant effectué l’entraînement de base au sein des Forces canadiennes avant d’obtenir une libération honorable.
Ces critères s'appliquent également aux militaires des Forces canadiennes qui ont servi dans les forces de réserve, dans les zones de service spécial et au Canada. En fait, ces exigences ont pour effet de reconnaître le risque potentiel auquel sont exposés tous les militaires des FC lorsqu'ils prêtent le serment d'allégeance et endossent l'uniforme canadien.
ACC et le MDN ont une entente selon laquelle ils n’accordent le statut d’ancien combattant à d’anciens membres des FC qu’à des fins « de commémoration » ou de « reconnaissance publique ». L'admissibilité aux prestations et aux services d'ACC est fondée sur la nécessité ou sur d'autres critères précis, et non sur la simple reconnaissance du statut d'« ancien combattant ». En d’autres termes, posséder le statut d’ancien combattant ne signifie pas automatiquement avoir droit à des prestations.
C'est ce que j'avais à dire.
Vu le nombre de personnes qui vont relever de vous, je suis sûre que vous avez du pain sur la planche. Encore une fois, j'aimerais dire que que vous avez fait montre d'une intégrité et d'une compétence qui me rassurent quant au fait que vous occupiez ce poste. Je vous en remercie.
On peut lire dans votre site Web que vous pouvez « refuser de traiter toute demande d'examen, sauf celles reçues par le ministre ». Dans quelles circonstances refuseriez-vous de traiter une demande?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord vous souhaiter la bienvenue au comité, que vous visiterez régulièrement, j'en suis convaincue, au cours de la prochaine année. J'espère que nous faisons en sorte de vous mettre tout à fait à l'aise.
Je dois dire que nous avons suivi de près le processus de sélection de l'ombudsman après que le gouvernement a brisé une promesse électorale en nommant deux candidats conservateurs défaits au TACRA, ce qui a marqué le retour des nominations partisanes peu subtiles. Je suis particulièrement heureuse de voir un ancien officier possédant beaucoup d'expérience sur le terrain défendre les intérêts des anciens combattants. Ce sont de très bonnes nouvelles pour nous.
Permettez-moi d'aborder pour commencer le mandat, le rôle et le budget qui vous ont été donnés. Au départ, l'ombudsman de la Défense nous avait dit qu'il serait possible de se doter d'un bureau de l'ombudsman des anciens combattants avec un budget d'aussi peu que 250 000 $ par année. Nous savions tous, à ce moment-là, qu'il ne s'agissait que d'une fraction du coût réel, vu ce qu'on dépense pour le TACRA et le Bureau de services juridiques des pensions. D'après ce que je sais, votre budget actuel est d'environ cinq millions de dollars. Peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous pensez de ce budget, compte tenu des attentes, et peut-être pourriez-vous aussi le comparer au budget de l'ombudsman de la défense, compte tenu des services qu'il offre. Avez-vous eu l'occasion de faire cette comparaison?
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Monsieur le président, je mentirais si je disais que je n'ai pas été surpris lorsque j'ai pris connaissance de la désignation du poste, vu que je connaissais la désignation du poste d'ombudsman du MDN et que j'avais lu le rapport et les recommandations. En réalité, le poste d'ombudsman des anciens combattants équivaut à un poste de niveau EX-2 ou de DG.
Ma famille ne va pas mourir de faim. J'ai accepté le poste pour lui-même, pas mal comme je l'ai fait pendant toute ma carrière. Cela dit, cela a créé certaines difficultés, notamment la conséquence que le personnel du bureau de l'ombudsman est moins expérimenté. Par ailleurs, une certaine part des délégations internes sont vues comme des délégations faites au niveau du DG, plutôt qu'au niveau que j'aurais prévu pour l'ombudsman.
De plus, je pense que les gens qui occupent des postes de sous-ministre adjoint ou de sous-ministre verront peut-être le poste comme étant davantage le niveau de travail du DG — peut-être pas pendant mon mandat, mais plutôt pendant celui de mon successeur. Je dis cela parce que j'ai vraiment l'intention de profiter de la marge de manoeuvre que la charge m'offre.
Enfin, je me préoccupe de ce que pensent les anciens combattants. Je crois qu'ils auraient les mêmes attentes que moi face au nouveau poste, c'est-à-dire qu'ils s'attendent probablement à ce que leur ombudsman ne soit pas moins important que celui des membres actifs des Forces.
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Monsieur le président, je préférerais ne pas répondre à cette question. Je suis l'ombudsman des anciens combattants. J'ai déjà dit que je me suis engagé à défendre leur cause.
Il ne fait aucun doute qu'une personne ayant servi à l'étranger et ayant besoin d'aide, qu'elle ait servi dans le cadre des prétendues missions de maintien de la paix, auxquelles on ne pensait pas parce qu'elles se déroulaient en dehors du champ de vision, à l'époque où nous rapatriions anonymement les corps, dans le temps... Pendant mon service, on m'a tiré dessus, craché dessus et menacé avec des couteaux. J'ai été détenu, même si j'étais supposément un soldat chargé du maintien de la paix. Il n'y a probablement pas tant de gens que ça qui ont plus de compassion que moi pour ces soldats, dont bon nombre sont rentrés dans un contexte différent, avant l'établissement des cliniques de SSVSO, avant que les Forces canadiennes ne commencent à s'occuper beaucoup des blessures liées au stress opérationnel.
Au risque de parler sans tenir compte de mon mandat, d'après ce que je sais, les Forces canadiennes, dans le cadre du traitement de ces blessures, essaient aussi de joindre les anciens membres des Forces qui ont été laissés pour compte dans le passé.
Ce que je peux dire, c'est que l'ensemble des membres des Forces canadiennes ayant pris leur retraite, et surtout les prétendus soldats du maintien de la paix — je devrais arrêter d'en parler comme d'une catégorie à part —, devraient savoir que c'est avec empathie que j'envisage ce qu'ils ont vécu pendant la période critique qu'ont été les années 90.
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Merci, monsieur le président.
Colonel, monsieur l'ombudsman, je suis très heureux que vous soyez ici.
Voilà qui est moins important, pour être tout à fait honnête, que le fait que nous ayons maintenant un ombudsman et que c'est quelqu'un comme vous qui occupiez le poste, quelqu'un qui possède vos compétences, quelqu'un qui a été actif et qui est très ouvert à l'idée de discuter avec les gens de son expérience, pour que nous comprenions, et qui souhaite faire avancer les choses de façon efficace.
Je suis content que nous ayons créé ce poste. Évidemment, je pense que le poste aurait dû être créé il y a bien longtemps, mais personne n'avait pris l'initiative de le faire jusqu'à maintenant. Je suis content que cela soit maintenant fait.
Compte tenu du nombre de demandes dont vous avez parlé, je pense qu'il va y avoir une espèce de période de pointe pendant un certain temps. Les témoins avec qui nous avons discuté, les gens qui ont comparu devant nous à l'occasion de toutes sortes d'événements, du PAAC au trouble du stress post-traumatique en passant par le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) — toutes ces choses —, nous ont fait part de leur besoin d'un porte-parole, alors je vous remercie de jouer ce rôle.
Avez-vous l'impression de disposer d'une marge de manoeuvre suffisante pour vous acquitter de vos tâches?
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Monsieur le président, j'ai déjà répondu à cette question dans une certaine mesure, lorsque nous avons parlé tout à l'heure de mon mandat, en ce sens que je considère que l'absence de directives précises est plutôt quelque chose qui m'offre des possibilités qu'une contrainte.
En ce qui concerne la marge de manoeuvre, j'envisage toutes sortes de façons d'accroître la valeur liée au poste, pas seulement en lisant entre les lignes, mais aussi à partir de la façon même dont le mandat est formulé.
Je donne peut-être l'impression de parler de façon radicale, mais je veux conserver ce petit côté dur. Les bureaucrates d'Anciens Combattants Canada sont selon moi véritablement préoccupés par le bien-être des anciens combattants, et il est très facile, je pense, de se laisser prendre par leur paradigme. J'ai l'intention de continuer, dans la mesure du possible, de me concentrer sur la cause des anciens combattants et de permettre à mon personnel de jouer avec les mécanismes du gouvernement, de façon à éviter de m'inscrire dans un paradigme établi et de façon à obtenir davantage de marge de manoeuvre, dans les limites permises par la loi.
La principale limite du mandat, comme il est formulé, c'est que je dois respecter la loi. Le processus décisionnel est visé par une loi, et il est en fait défini par celle-ci, alors la réponse courte, c'est non, en ce moment, je n'ai pas l'impression que ma marge de manoeuvre est restreinte.
En ce qui concerne les questions au sujet du mandat et de la place qu'occupe l'ombudsman des anciens combattants, ainsi que la possibilité que cette place ait une incidence sur son rôle, il s'agit de questions que nous allons poser au ministre lorsqu'il viendra ici.
Permettez-moi de vous dire que je pense que vous ferez de votre mieux, compte tenu des outils dont vous disposerez pour vous acquitter de vos tâches. S'il faut que vous disposiez d'un autre ensemble d'outils et d'une boîte à outils plus grosse, dans le cadre du présent mandat ou du prochain, soit. Je suis convaincu que vous n'hésiterez pas à vous exprimer.
Permettez-moi également d'être le premier aujourd'hui à vous inviter dans ma région, c'est-à-dire le nord de l'Ontario. Je serais très heureux de faciliter une rencontre de votre personnel et de mes légions et mes anciens combattants où que ce sera, dans un contexte non partisan, bien sûr.
Mon collègue a parlé de la publicité en ce qui concerne votre nomination. Je pense que les gens savent que vous avez été nommé à ce poste, mais je pense que ce que vous dites est très important, lorsque vous dites que votre travail consiste également à sortir sur le terrain, à être le visage — si je peux utiliser ce mot — du bureau, tout en ayant un directeur des opérations qui fasse fonctionner la boutique. Le fait que vous donniez un visage au soutien, au réconfort et au coup de main offert aux anciens combattants est très, très important.
Je devrais poser une question. Vous avez laissé entendre, dans votre exposé, que le bureau serait partiellement fonctionnel d'ici le printemps, et que, d'ici environ un an, il sera pleinement opérationnel. Est-ce que cette affirmation est fondée sur des discussions que vous auriez eues avec l'ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes ou avec d'autres personnes? Il y a des postes d'ombudsman à l'échelle provinciale au sein de l'industrie dans l'ensemble du pays, alors je présume que vous avez eu l'occasion de discuter avec les titulaires de certains de ces postes de cette expérience.
Comment en êtes-vous arrivé à prévoir cette échéance pour la mise sur pied d'un bureau pleinement opérationnel?
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Monsieur le président, c'est tout à fait le cas. Je pense que mon bureau va se caractériser par trois choses.
La première, c'est la consultation auprès des anciens combattants et la collaboration avec eux. Nous ne devons faire qu'un avec eux.
En ce qui concerne la deuxième, j'ai beaucoup pontifié, si vous voulez, ou philosophé au sujet de ce poste, parce que plusieurs ombudsmans ont insisté sur le fait que je dois être impartial. Je ne vois pas comment je pourrais être impartial si, en fait, je suis là pour représenter des gens. J'ai un parti pris envers les anciens combattants.
Je ne veux cependant pas dire par là que le deuxième élément qui va caractériser mon bureau ne sera pas l'objectivité. Pour être objectifs, nous devons être consciencieux dans nos travaux de recherche et d'enquête. Nous devons être réfléchis, et aussi pragmatiques lorsque viendra le temps de formuler des recommandations. Ça va être très important. Les deux choses que le bureau de l'ombudsman ne doit pas perdre, ce sont: premièrement, sa crédibilité, et deuxièmement, l'appui de la population, qui, à l'heure actuelle, a beaucoup de sympathie et de compassion pour nos anciens combattants. L'objectivité est donc une préoccupation très importante.
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Encore une fois, merci, monsieur le président.
Vous pouvez comprendre ce qui inquiète M. Perron — que nous ayons produit un rapport unanime et que le gouvernement n'ait pas encore mis en oeuvre certaines des recommandations qu'il renferme. Cela nous inquiète, car non seulement les membres de l'opposition ont signé le rapport en question, mais aussi les membres du Parti conservateur. Nous avons des inquiétudes touchant certains aspects du rapport. Encore là, nous aborderons la question avec le ministre et non pas avec vous, précisément. Vous pouvez comprendre en quoi cela est frustrant
Bien entendu, comme vous l'avez dit, l'indépendance, la capacité de faire ce qui vous paraît convenir le mieux aux anciens Combattants et à leur famille, représente un élément clé de la question. Pendant votre déclaration, vous nous avez dit que Anciens combattants Canada s'est montré très proactif en vous aidant à mettre sur pied le bureau. Combien de gens travaillent pour vous en ce moment et sont encore...? Par exemple, le service d'accueil à Charlottetown ne serait plus conforme.
Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire les témoignages — ce n'est probablement pas le cas — pour constater les événements qui ont mené à la création de ce poste d'ombudsman des anciens combattants, mais le Tribunal des anciens Combattants (révision et appel), pour être franc avec vous, n'était pas favorable à ce que vous soyez là, c'est le moins qu'on puisse dire. Si les responsables du Tribunal pouvaient avoir ce qu'ils veulent, je crois qu'ils ne voudraient probablement pas vous voir ici, mais voici, vous y êtes, et ils vont vous voir.
Bien entendu, je m'inquiète de l'indépendance réelle du poste. Avez-vous encore à votre service des gens qui travaillent toujours pour Anciens Combattants Canada? Si c'est le cas, à quel moment la séparation se fera-t-elle, à quel moment y aura-t-il une véritable indépendance du poste?
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Merci, monsieur le président.
Ma question est entièrement factuelle. Aucune conjecture ici.
Je vous adresserai aussi mes félicitations, colonel, et je vous appellerai monsieur l'ombudsman, pour les quatre années de services rendus à notre pays et, maintenant, la décision de relever un autre défi. Il semble que vous soyez fin prêt à relever ce défi et à profiter des occasions qui vous seront offertes de venir en aide aux collègues et aux anciens combattants partout au pays.
Je représente les gens de Kelowna — Lake Country dans l'intérieur de la Colombie-Britannique. Nous y comptons plusieurs aînés et anciens combattants, et j'espère bien que vous vous rendrez aussi... Bill Tanner, à qui je parlais hier, est le grand défenseur des anciens combattants — il en représente bon nombre — chez nous. Il m'a dit de vous adresser ses félicitations aussi. Je sais que bon nombre d'autres personnes qui sont venues me voir à mon bureau après que votre nomination au poste a été annoncée attendent avec impatience les résultats positifs à venir.
Une des questions dont le comité a pu débattre — je suis ici depuis assez peu de temps —, c'est la question de s'adresser non seulement à nos anciens combattants, mais aussi aux membres actuels du service. Vous avez servi votre pays pendant plusieurs années. En tant que membre des Forces nouvellement retraité qui occupe maintenant le poste d'ombudsman, croyez-vous qu'il serait utile que notre comité aille visiter les différentes forces et s'entretienne avec certains des membres dans les bases pour savoir ce qu'ils pensent des anciens combattants? Vous rappelez-vous avoir vu comment Anciens Combattants Canada traitait les anciens combattants à l'époque où vous étiez membre des Forces en poste?
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Monsieur le président, d'abord, au sujet de M. Bill Tanner, je me rends à Calgary la semaine prochaine et j'ajoute un segment à mon itinéraire pour me rendre à Peachland, afin de rendre visite à M. Tanner aussi bien qu'à Ken Barwise. Dès le début de mon affectation, j'ai pu voir que ce sont deux hommes que je devrais rencontrer. J'ai donc hâte de rencontrer M. Tanner.
Pour ce qui est de rencontrer les jeunes soldats, personnellement, ma façon d'aborder les choses — et loin de moi l'idée de formuler des recommandations à l'intention du comité... mais je suis d'avis qu'il m'appartient de rencontrer de jeunes soldats. J'avancerais, à propos de la façon pour nous de dissocier l'ancien combattant traditionnel, de l'ancien combattant jadis membre d'une mission de maintien de la paix de l'ancien combattant contemporain ayant combattu en Afghanistan, que l'idée que je fais mienne, c'est celle qu'il y a un seul ancien combattant — et que les besoins des anciens combattants dits traditionnels, qui ont servi en temps de guerre,vont correspondre exactement à ceux des ex-membres de missions de la paix dans une vingtaine d'années, probablement, et à ceux de nos jeunes soldats, marins et membres de la force aérienne qui servent en Afghanistan aujourd'hui, dans une quarantaine ou une cinquantaine d'années.
Vous me demandiez ce que je pensais des anciens combattants et de ce genre de questions à l'époque où j'étais jeune officier. Je dois dire, pour être franc, que l'importance d'établissements comme les Anciens combattants de l'armée, de la marine et des forces aériennes du Canada et la Légion royale m'échappait tout à fait. Jeune, jamais je ne m'attendais, même dans mes rêves les plus fous, à devenir un ancien combattant, et je dois dire que, même si jadis j'inculquais aux jeunes soldats l'importance de noter chaque blessure et chaque type de traumatisme qu'ils subissent pendant leur carrière, pour des raisons liées aux affaires des anciens combattants, j'ai été moi-même d'une triste négligence à cet égard pendant ma carrière, et voilà que cela revient me hanter. Tout cela pour dire que j'ai un autre message qui devrait être communiqué aux jeunes soldats qui servent actuellement le Canada avec bravoure dans la campagne contre la terreur.
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi d'ajouter ma voix à celle de Gilles. Cela ne fait aucun doute à nos yeux, vous êtes sincère et vous êtes animé des meilleures des intentions. Tout de même, personnellement, je suis très déçue de constater le statut qu'ils ont décidé d'accorder à votre poste.
Essentiellement, ce que je vois, c'est que votre champ d'action est limité. Le statut de votre poste par rapport à celui de l'ombudsman de la Défense a une incidence sur votre rôle pour ce qui est des questions qui recoupent les deux ministères. Après toute la rhétorique que nous a servie le gouvernement en disant que l'ancien combattant prime, voilà qu'il attribue un rang relativement bas au poste de l'ombudsman des Anciens combattants. Si vous voulez mon avis personnel, maintenant que le gouvernement a créé ce poste, il doit en élever le titulaire au rang que méritent les anciens combattants. Ce n'est pas une mesure qui devrait être adoptée à un moment donné, selon moi, c'est une mesure qui devrait être prise immédiatement.
Cela dit, j'ai une dernière question à poser. Pour ce qui est du mandat qui vous est attribué, pourriez-vous nous dire quel rôle vous vous attendez à jouer en vue d'améliorer la qualité des soins dispensés dans les établissements de soins de longue durée au pays? Auparavant, il y a eu des employés d'ACC qui ont occupé un poste aux titres variables à cet égard, allant d'ombudsman à responsable de la qualité des soins. Comment entendez-vous travailler avec les responsables internes des contrôles, au ministère, pour étudier les plaintes que vous allez peut-être recevoir au sujet des soins dispensés aux patients? Vous allez devoir vous retrouver dans un dédale bureaucratique. Pourriez-vous nous révéler un peu comment vous allez vous y prendre?
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Monsieur le président, je devrais peut-être affirmer, en toute franchise, que le dédale bureaucratique me fait un peu peur; je ne pourrais entrer dans les détails quant à savoir ce que nous pourrions faire pour contrer ce problème. C'est pourquoi, à mon avis, il importe de pouvoir compter sur un bureaucrate chevronné de haut rang, et qui comprend les rouages de la bureaucratie et auprès duquel je peux insister, que je peux intimider même, et qui m'aidera à réduire les formalités bureaucratiques. Certes, je me suis déjà penché par le passé sur la situation des établissements de soins de longue durée. Je vais me rendre à l'hôpital Sainte-Anne demain. C'est une préoccupation.
Mon principal allié m'apparaît être, pour ainsi dire, la crédibilité que j'ai en tant qu'ancien combattant moi-même et, encore une fois, ma notoriété publique. J'ai tout à fait l'intention d'exploiter cela — si vous me permettez l'usage d'un terme un peu osé — et d'être le porte-voix des anciens combattants, de faire bloc avec les anciens combattants.
Quant au rang, j'ajouterais peut-être que je n'ai jamais, pendant toute ma carrière... je suis demeuré dans l'infanterie parce que j'aime le combat et, certes, je ne crois pas que cela va nuire à ma capacité de déceler les problèmes ou de faire face au service auquel l'ombudsman fait face. Ce serait peut-être la perception de la personne de l'autre côté du bureau du service pour ce qui est du niveau hiérarchique du poste, mais j'ai tout à fait l'intention de tirer le maximum des trois prochaines années, d'être entendu, de travailler méticuleusement.
Je ne saurais promettre telle ou telle réalisation, car, encore une fois, les formalités et la bureaucratie m'apparaissent un peu effrayantes, mais j'avancerais que, même si mes réalisations ne s'approchent pas même de mes attentes ou de mes désirs, chaque pas que j'aurai fait, je l'aurai fait dans la bonne direction, en vue d'améliorer la vie et le bien-être de nos anciens combattants. C'est ce à quoi je m'engage pour les trois prochaines années
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En ce moment, mesdames et messieurs les membres du comité, il y a des places disponibles, mais je crois que nous avons fait le tour des questions, à moins que je ne voie quelqu'un qui souhaite...? D'accord.
Il y a d'autres affaires dont nous devons traiter et, éventuellement, un avis de motion de la part de M. St. Denis.
Maintenant, colonel, je voudrais vous remercier au plus haut point d'être venu témoigner aujourd'hui. J'ai été touché d'apprendre votre devise — mission, compagnon, soi-même. Votre volonté de rendre visite à notre ancien combattant de la Première Guerre mondiale, M. Babcock, qui est le plus vieux survivant de l'époque que nous ayons, j'en suis sûr, m'a aussi beaucoup impressionné. Certes, il ne reste plus personne qui ait combattu pendant la guerre des Boers ou quelque chose du genre. Cela m'a donc impressionné.
Mon politicien préféré de tous les temps est Auguste ou Octave. Il a accordé beaucoup d'honneur aux anciens combattants de Rome; bon nombre de ses efforts ont servi à stabiliser l'Empire romain. De toute manière, je crois que vous avez un rôle important à jouer. C'est bien.
De même, je vous remercie d'être venu aujourd'hui. L'avis de motion, si M. St. Denis souhaite le présenter, sera très pertinent. Je dirai que, même si vous êtes là comme témoin, vous êtes invité à rester avec nous, s'il...
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Merci, monsieur le président.
Je crois que nous avons tous été très impressionnés par le courage du couple venu témoigner mardi. D'une certaine façon, ils représentent un grand nombre d'anciens combattants et leurs familles, qui ont eu à composer avec les formalités bureaucratiques et la lenteur des rapports avec Anciens Combattants ou le MDN, dans le cas qui nous occupe. Je sais que la fonction publique fait de son mieux, mais il y a des questions systémiques qu'il faut régler.
Je crois que ce serait une façon de remercier le couple d'être venu témoigner, de reconnaître que ce qu'il a dit est assez important pour que nous demandions à l'ombudsman de regarder les témoignages et, en temps et lieu, sans exercer de pressions indues sur lui ou sur son bureau, au fil de l'évolution des choses, qu'ils envisagent ce cas, exemple terrible de ce que vivent certaines anciens combattants qui ont à traiter avec le ministère. D'autant plus que le mari souffre du trouble de stress post-traumatique... pour les gens comme lui, les formalités bureaucratiques et la rapidité d'exécution deviennent encore plus importantes. C'est déjà une chose d'avoir une blessure à la jambe, mais une blessure psychologique... Je crois que les inquiétudes à ce sujet ne font qu'ajouter à la blessure. Si c'était une blessure à la jambe, ce ne serait pas le cas, mais c'est le cas quand il est question d'une blessure psychologique.
Je vais remettre quelques corrections grammaticales au greffier, mais ce sont des détails dont je n'imposerai pas la lecture au comité.
J'aimerais présenter cette motion. C'est notre première motion, et je présume que nous pouvons, en tant que comité, renvoyer une question à l'ombudsman. À lui de juger ce qu'il fera d'une recommandation ou d'un renvoi de notre part, mais, pour partir le bal, ce que nous avons entendu plus d'une fois, j'ai cru que nous pourrions refiler les témoignages à l'ombudsman.