:
Nous sommes, évidemment, le Comité permanent des anciens combattants et je déclare donc la séance ouverte. Aujourd'hui, nous participerons à une vidéoconférence sur le processus de sélection du Tribunal des anciens combattants (révision et appel).
Aujourd'hui, nous accueillons Victor Marchand, le président du Tribunal, et Dale Sharkey, la directrice générale — ah, vous voilà. C'était rapide. Je suis assez impressionné.
Normalement, vous disposez de 20 minutes pour faire votre exposé liminaire, et ensuite nous ouvrons la période des questions, les membres des différents partis vous interrogeant à tour de rôle en fonction de l'ordre établi au préalable.
Donc, vous disposez maintenant de 20 minutes, que vous pourrez partager entre vous comme bon vous semble. La parole est à vous.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs. Merci de cette invitation.
[Traduction]
Je suis ravi d'avoir aujourd'hui l'occasion de vous adresser la parole au nom du Tribunal des anciens combattants (révision et appel) pour vous donner un aperçu général des activités de la dernière année et de celle qui est en cours, et pour répondre à toutes vos questions.
Étant donné que 12 nouveaux membres ont été nommés au TACRA en 2006-2007, et six nouveaux membres y ont été nommés en 2007-2008, les derniers mois ont été caractérisés par une activité intense, puisque des efforts considérables ont dû être consacrés à la formation des nouveaux membres et à leur intégration dans le programme de travail du tribunal. Comme vous le savez, le TACRA est un tribunal quasi judiciaire indépendant qui mène ses activités indépendamment du ministre et relève directement du Parlement par l'entremise du ministre des Anciens combattants.
La majorité des demandes sont prises en charge par le Bureau de services juridiques des pensions, qui est distinct du tribunal. Notre mandat consiste à fournir un recours indépendant pour l'obtention d'une indemnisation liée à l'invalidité. Depuis 1995, nous avons réglé plus de 108 000 demandes, et sur les 175 000 bénéficiaires d'allocations d'invalidité, environ 6 p. 100 l'ont obtenue par suite d'une décision du TACRA.
Nous nous efforçons toujours de faire en sorte que le processus soit aussi rapide et efficace que possible, mais le fait est que certains dossiers sont plus longs à traiter que d'autres, en raison de leur complexité. Pour aider les appelants à mieux comprendre ce processus, nous avons préparé un dépliant qui décrit le processus et répond aux questions clés des demandeurs. Nous ferons parvenir au comité des copies du dépliant en décembre.
Voici donc les dernières statistiques. Au cours des 16 derniers mois, il y a eu une diminution importante du nombre de demandes de révision préalable à l'audience; il y a eu une diminution de 50 p. 100 du nombre de demandes de révision. En même temps, il y a eu une augmentation de 25 p. 100 du nombre de demandes préalable à l'appel. Au cours du dernier exercice, soit 2006-2007, le BSJP a reçu 15 000 demandes, dont 43 p. 100 ont pu être réglées par l'entremise de services et conseils; le TACRA a rendu 7 132 décisions finales. Pour l'année en cours, selon les tendances, il est probable que le tribunal instruise 7 000 affaires encore cette année, c'est-à-dire un volume de dossiers aussi important que l'an dernier.
Nous effectuons des analyses approfondies du délai de traitement des demandes, à la fois par les représentants des demandeurs et par le tribunal. En ce qui concerne les demandeurs, le délai entre le moment où ces derniers se mettent en rapport avec le TACRA, ou un autre représentant, et le moment où on leur annonce la décision est, en moyenne, de 7,5 mois pour une demande de révision et 10 mois pour un appel. Il convient de vous faire savoir que pour la majeure partie de cette période, la demande est entre les mains du représentant, et non du tribunal. On demande souvent aux représentants d'obtenir des documents pertinents, tels que des rapports médicaux, et il leur faut un certain temps pour préparer le dossier.
Le TACRA n'a pas d'arriéré important d'affaires à instruire. Comme nous avons maintenant un effectif complet au tribunal, ce dernier est plus à même à présent d'entendre des affaires que jamais auparavant. Nous travaillons avec le BSJP et la Légion royale canadienne pour faciliter l'instruction d'autant d'affaires que possible.
Pour 2006-2007, le taux de décisions favorables était de 60,7 p. 100 pour les révisions et 37,5 p. 100 pour les appels où la décision a été modifiée en faveur du demandeur. Mais, il convient de voir ces chiffres dans le bon contexte. Par exemple, le ministère des Anciens combattants a rendu 24 000 décisions initiales au cours du dernier exercice financier, et sur ce nombre, nous avons rendu des décisions finales sur 5 700 demandes de révision. Comme vous aurez certainement compris, nous ne modifions pas chacune des décisions ministérielles.
Le processus de sélection des membres a été modifié en décembre 2004. Nous avons été l'un des premiers organismes à bénéficier d'un processus de sélection remanié qui est à la fois efficace et transparent. Ce nouveau processus est en vigueur depuis trois ans, si bien que nous avons maintenant une certaine expérience de cette façon de faire, et nous prenons le temps maintenant de réfléchir à l'opportunité ou non de changer certains critères. Ce processus se déroule en trois étapes. Premièrement, le comité de présélection; ensuite, l'évaluation écrite; et, enfin, l'entrevue et le contrôle des références.
De décembre 2004 jusqu'à présent, neuf cycles ont été organisés, 659 demandes ont été reçues, 446 demandes ont été retenues à l'étape de la présélection, 397 personnes ont passé l'examen, 239 personnes ont réussi à l'examen, 234 demandeurs ont fait l'objet d'une entrevue, 197 postulants ont réussi à l'entrevue et quatre personnes ont retiré leur candidature. Par rapport à tous ces chiffres que je viens de vous donner, 25 personnes ont été nommées. Notre bassin de membres potentiels compte à présent 168 candidats qualifiés. En 2006-2007, 12 nouveaux membres ont été nommés. En 2007-2008, six nouveaux membres ont été nommés.
Le TACRA compte à présent 28 membres. Tous sont des membres permanents. Quatorze d'entre eux se trouvent dans les différentes régions, soit trois en Colombie-Britannique, un en Alberta, six en Ontario, et quatre au Québec. Quatorze membres sont postés à Charlottetown. Sur l'ensemble de l'effectif, 13 sont bilingues et huit sont des femmes.
Avant de conclure et de céder la parole à la directrice générale, j'aimerais attirer votre attention sur ce que je considère comme une réalisation importante par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés cette année: la mise sur pied d'une nouvelle procédure de traitement des plaintes.
Dale, c'est à vous.
:
Avec la création de la Déclaration des droits des anciens combattants et du Bureau de l'ombudsman des vétérans, le tribunal s'est rendu compte qu'il conviendrait peut-être de prévoir un processus plus officiel en vertu duquel des personnes satisfaites de la façon dont elles ont été traitées par les employés ou les membres du TACRA pourraient nous faire part de leurs observations ou de leurs opinions, afin que nous créions une procédure qui soit relativement formelle mais souple en même temps, puisque nous avons voulu que les gens puissent déposer une plainte de diverses manières, que ce soit par téléphone, par courriel ou par le mécanisme que nous avons créé sur notre site Internet.
Nous avons mis en oeuvre cette nouvelle procédure en octobre 2006. Jusqu'ici, nous avons reçu 21 plaintes que je qualifierais d'officielles. Nous prenons toujours le temps qu'il faut pour les examiner en profondeur; selon nos conclusions, nous allons éventuellement prendre les mesures qui nous semblent appropriées et, bien entendu, chaque plaignant reçoit une réponse écrite du tribunal.
Les plaintes que nous recevons sont de divers types. Elles portent généralement sur la façon dont les intéressés ont été interrogés lors des audiences, sur le délai de traitement des demandes et sur les questions que les membres ont pu poser lors de l'audience sur la crédibilité de certains éléments de preuve ou des témoignages du demandeur. Ils peuvent estimer que certains ont manqué de professionnalisme lors de l'audience ou que toute la preuve pertinente n'a pas été examinée en profondeur et que l'on n'a pas posé suffisamment de questions à ce sujet-là.
Bien sûr, ce processus de traitement des plaintes ne règle pas le problème de celui qui est insatisfait de la décision rendue par le tribunal. Comme vous le savez, c'est la raison d'être du TACRA; dans le cas de ces personnes, nous cherchons à les renseigner et à les informer du prochain palier de recours, pour qu'ils soient au courant des choix qui s'offrent à eux.
Jusqu'à présent, nous avons connu un certain succès, et nous espérons que cela complétera le Bureau de l'ombudsman récemment créé.
:
Merci, monsieur Marchand et madame Sharkey. Vous êtes en train de venir de fréquents invités. Si je ne m'abuse, cette réunion marque la troisième fois que vous comparaissez devant le comité, et je pense que nous commençons à manquer de questions à vous poser. La dernière fois, bon nombre des questions des membres portaient sur le fait que vous manquiez de membres et que de nouveaux membres n'avaient toujours pas été nommés au tribunal; or nous savons maintenant, d'après votre exposé liminaire, que vous avez à présent un effectif complet.
Je vous ai posé une question en septembre ou en février — en tout cas, lors d'une de vos dernières visites — et vous pourrez peut-être me répondre maintenant ou, du moins, mieux me répondre, puisque l'effectif du tribunal est complet. Cela concerne le nombre de membres du tribunal. Il me semble que vous avez dit que le tribunal a un effectif de 28 membres; vous en avez parlé il y a quelques instants seulement. Cet effectif est-il suffisant pour rendre toutes les décisions que vous avez à rendre, étant donné que vous n'avez pas d'arriéré? Êtes-vous convaincus que ce nombre suffit maintenant?
Avant d'avoir réellement 28 membres actifs, vous étiez convaincus que, si jamais vous obteniez un effectif complet, ce serait suffisant. Vous avez maintenant atteint ce nombre, et vous venez de dire qu'il n'y a pas d'arriéré; peut-on donc supposer que ce nombre suffit pour accomplir le travail du tribunal.
:
Peut-être pourrais-je répondre à cette question.
Lorsque le ministère a créé la nouvelle Charte des anciens combattants, qui a eu pour effet de permettre aux vétérans récents de toucher des indemnités d'invalidité à la place d'une pension, il y avait eu une entrée massive de demandes peu de temps avant la création du programme d'indemnités d'invalidité. Je pense que les gens voulaient participer peut-être au régime de pension, ou encore ne comprenaient pas bien le processus. Donc, cette année-là, ils ont reçu environ 35 000 demandes, soit plusieurs milliers de demandes de plus, par rapport au nombre auquel ils se seraient normalement attendus pour une année donnée. D'après mes discussions avec les responsables ministériels, il semble qu'au cours de l'année suivante, ils ont peut-être reçu moins de demandes, étant donné que beaucoup de gens avaient déjà présenté une demande, avant l'adoption de la nouvelle Charte des anciens combattants. Donc, voilà la bulle dont il est question ici, et qui diminue petit à petit, à mesure que ces demandes suivent les différentes étapes du processus.
:
En fait, je ne partage pas votre avis.
Par exemple, en date du 1er avril 2006, je pense qu'il y avait au ministère environ 30 000 demandes. Quand on regarde la situation dans son ensemble, on voit qu'une petite proportion de ces dossiers font l'objet d'un appel. Considérant la quantité de demandes que nous traitons, je peux facilement vous dire que sur ces 30 000 demandes, par exemple, pas plus de 20 p. 100 font l'objet d'un appel chez nous. En fait, il arrive souvent que ces appels soient reliés aux mêmes dossiers. Ce qui réduit d'autant plus le nombre.
Chaque dossier comporte plusieurs demandes. Le pourcentage des dossiers soumis à une révision ou faisant l'objet d'un appel chez nous dépasse rarement 10 p. 100 ou 15 p. 100, selon la nature des réclamations pendantes. Non, il n'y a pas beaucoup de dossiers faisant l'objet d'un appel chez nous. Ce qui est vrai, par contre, c'est qu'un grand nombre de demandes sont soumises au ministère des Anciens Combattants.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à Mme Sharkey et à M. Marchand. Je suis ravie de vous revoir. Je tiens, personnellement, à vous remercier d'être déjà venus nous voir trois fois. Vous nous avez tenu nettement au courant de vos activités, à mon avis, les nouvelles que vous annoncez aujourd'hui sont excellentes.
Je me rappelle que la dernière fois que nous nous sommes entretenus avec vous, vous aviez un arriéré de 8 000 dossiers à traiter, et j'estime donc que vous méritez des félicitations. C'est merveilleux, et c'est surtout une très bonne nouvelle pour les anciens combattants. Voilà donc une première observation que je voulais faire.
Deuxièmement, ce qui est arrivé aujourd'hui est inhabituel, en ce sens que les témoins qui font un exposé nous remettent généralement à l'avance une copie de leur texte écrit. Je sais que je ne suis pas la seule autour de cette table à avoir essayé de noter rapidement vos propos. Nous essayions tous de noter tous les renseignements que vous nous communiquiez, étant donné que nous n'avions pas de documents de référence. Je voulais juste vous mentionner cela.
Vous avez apporté des changements importants à votre façon de faire, et vous avez surtout réalisé beaucoup de progrès. Je tiens à vous dire à quel point j'apprécie l'excellent travail que vous accomplissez au TACRA.
Peut-être pourrais-je vous demander quelque chose qui fait suite à la question posée par M. Perron — en tout cas, je pense bien que c'est M. Perron qui vous l'a posée. Vous avez dit que vous avez été nommé président du tribunal. Je comprends dans quelles conditions cela s'est produit, mais pourriez-vous me dire depuis combien de temps vous êtes président?
:
Très bien. Je suis sûre que je n'ai pas besoin de vous rappeler que je suis une des personnes qui avaient formulé par le passé de sérieuses critiques au sujet de la composition du tribunal et individus qui y étaient nommés.
Je sais que vous ne pouvez pas nous parler de quiconque en particulier, mais je voudrais que vous nous décriviez en termes généraux la nature de l'expérience et les antécédents des personnes nouvellement nommées au tribunal, de même que leurs qualifications car, par le passé, je trouvais préoccupant que bon nombre des membres du tribunal n'aient jamais été membres des Forces canadiennes.
De plus, il y avait, selon moi, trop peu de membres ayant une expertise médicale. Donc, je vous invite à nous parler en termes généraux de l'expérience des nouveaux membres qui viennent d'être nommés et nous décrire leurs qualifications.
Le TACRA a toujours eu pour exigence opérationnelle de maintenir un bon équilibre au sein du tribunal en ce qui concerne le domaine d'expertise, les antécédents, le sexe et la langue, qui sont les éléments les plus importants, et, enfin, la représentation des différentes régions du Canada. À notre avis, si vous choisissez des membres qui viennent de beaucoup de milieux différents, vous êtes certain de créer, au sein du tribunal une culture d'ouverture qui reflète les attitudes de la population en général. Autrement dit, vous voulez certainement avoir parmi vos membres des avocats, mais vous voulez aussi des personnes qui ont été membres des Forces armées canadiennes. Vous voulez des gens qui ont de l'expertise dans le domaine de la médecine, des soins infirmiers et de la psychologie et je dirais même dans le domaine de l'éducation, qui fait partie du secteur des sciences sociales. À mon avis, il est également important d'avoir parmi les membres du tribunal des gens qui viennent de milieux de vie différents et qui ont une bonne expérience des conditions qui prévalent dans ce milieu, ayant eux-mêmes connu directement ces conditions. Donc, En ce qui me concerne, il faut des gens représentant tous les segments de la société canadienne, y compris, évidemment, les Forces canadiennes.
Par contre, nous avons eu du mal à trouver des candidats du secteur policier souhaitant devenir membres du tribunal car, comme vous le savez, nous examinons aussi les demandes présentées par des membres de la GRC.
Donc, voilà ce qui me semble important: avoir des membres qui représentent le secteur militaire, le secteur juridique, le secteur de la santé et, aussi, des personnes pouvant représenter la population générale.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Marchand, madame Sharkey, merci de vous joindre à nous par téléconférence aujourd'hui.
Je voudrais revenir sur ce que vient de dire mon collègue, M. Gaudet, concernant cette notion du bénéfice du doute.
Premièrement, je tiens à vous féliciter. Votre annonce au sujet de la disparition de l'arriéré me semble très positive. C'est un progrès important qui a été possible, je suppose, du moment que vous aviez un effectif complet au tribunal.
Comme j'avais une autre réunion de comité, je suis arrivé un peu en retard. En conséquence, je ne sais pas au juste à quel moment vous avez obtenu un effectif complet. Est-ce pour cette raison que vous avez pu faire disparaître l'arriéré?
:
Je pense qu'il serait approprié de vous donner une idée du genre de situation à laquelle un membre du tribunal peut être confronté.
N'importe quel jour, il peut avoir en face de lui un ancien combattant des forces actives âgés de 85 ans, qui possède, pour seule preuve, ses documents de service militaire qui remontent à une soixantaine d'années. Le cas suivant que ce membre du tribunal peut avoir à traiter concerne, mettons, un fantassin de la force régulière qui présente une demande d'indemnité pour chondromalacie rotulienne et ce dernier possède tout son dossier médical. Le membre du tribunal chargé de statuer sur ce dossier voit bien qu'il a été traité pour problème de genoux sur une période de six semaines, de six mois, ou peut-être même de six ans, dans certains cas, et il a également l'opinion d'un chirurgien orthopédique qui appuie son affirmation, soit qu'il a commencé à souffrir de chondromalacie rotulienne pendant qu'il était membre de la force régulière.
Donc, ce membre du tribunal est confronté à un dilemme, dans un sens, parce que dans l'un des deux cas, il bénéficie d'éléments de preuve d'une qualité incroyable. Mais il doit aussi statuer sur le dossier d'un ancien combattant des forces actives âgé de 85 ans qui peut parfois se souvenir des circonstances entourant son accident en Italie en 1943 mais qui ne possède aucun dossier permettant de confirmer que l'accident a réellement eu lieu. Par conséquent, ce membre du tribunal doit faire preuve de beaucoup de jugement en essayant de déterminer ce qu'il devrait faire, et il doit également rendre sa décision ce matin-là.
Je n'ai pas l'intention d'utiliser tout mon temps de parole; je vais donc le céder à mes collègues.
Vous avez mentionné à plusieurs reprises, à juste titre, que vous avez surtout voulu vous assurer que les membres du TACRA sont bilingues et qu'ils peuvent assurer les services dans les deux langues officielles.
Dans ma circonscription électorale — et il est probable que je vous ai déjà dit cela, puisque je le dis assez souvent — 60 p. 100 des habitants sont membres de premières nations, et la langue pose justement problème: c'est un obstacle. Je suis confronté à ce problème tous les jours quand je suis dans le Nord, à cause des problèmes qui existent dans cette région relativement à l'accès aux soins de santé. La langue représente un vrai problème.
Pouvez-vous me dire, sachant qu'il n'y a que deux langues officielles mais que d'autres problèmes peuvent également se présenter, comment un membre du tribunal — ou, avez-vous un membre du tribunal qui…? Je suppose qu'aucun membre du TACRA n'est en mesure de comprendre les différents dialectes qui se parlent dans cette région; donc, que faites-vous dans ces cas-là? Engagez-vous quelqu'un, ou autorisez-vous une personne à accompagner le membre du tribunal, qu'il s'agisse d'un premier appel ou d'une audience tenue à Charlottetown? Que faites-vous lorsque le demandeur n'est pas en mesure de parler l'une des deux langues officielles?
:
En ce qui concerne les demandes de réexamen, le président a mentionné, par rapport aux délais, que nous n'avions probablement pas un effectif complet à ce moment-là, si bien que nous essayions de concentrer nos efforts sur le premier palier de réexamen, où bon nombre de demandeurs n'ont pas eu accès à quelque recours que ce soit, et sur les appels, qui constituaient notre deuxième plus importante priorité. Les demandes de réexamen constituaient notre dernière priorité. Donc, au cours de cette année-là, il se trouve que nous avons entendu moins d'affaires de ce genre. Cependant, dès lors que nous avions plus de membres et plus de temps, nous avons pu faire disparaître l'arriéré, si bien que nous étions à jour. Il n'y a donc pas d'arriéré. Et, si je ne m'abuse, vous allez voir que les chiffres pour l'actuel exercice financier sont très semblables à ceux des années précédentes.
S'agissant de l'augmentation du nombre de demandes de révision à compter de 2004-2005, encore une fois, il s'agit de la bulle — c'est-à-dire l'arrivée massive de demandes qui suivaient les différentes étapes du processus. Donc, naturellement, bon nombre de décisions rendues sur les demandes initiales plus abondantes seraient plus proportionnelles, par rapport aux décisions favorables, si bien qu'un plus grand nombre de personnes demanderaient un recours au premier palier. Quand on parle de la diminution, au second palier, on dit qu'il y a eu une augmentation de 25 p. 100 du nombre d'appels, et je pense que c'est justement à ce palier-là que les représentants sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés pour ce qui est de bien défendre les demandes. En conséquence, nous avons constaté une légère diminution.
Je peux également vous affirmer qu'à compter de cette année — et nous avons parlé de la réduction générale de notre arriéré — les représentants ont déployé énormément d'effort afin de faire avancer leurs demandes de révision, ce qui a certainement contribué à obtenir une diminution de 50 p. 100.
Je me rends compte que vous avez l'air perplexe, vu tous les chiffres que je viens de vous lancer.
:
C'est une question à laquelle il est difficile de répondre parce que, au cours de la première étape du processus, quand les demandeurs arrivent, se mettent en rapport avec leurs représentants et souhaitent qu'on prépare leur dossier, il y a une multitude de facteurs qui ne relèvent aucunement de la responsabilité des représentants. Il faut attendre longtemps avant d'obtenir une opinion médicale. Ou peut-être essaient-ils d'avoir accès à des documents archivés.
Par le passé, nous avions établi comme norme un délai de 120 jours pour les révisions — c'est-à-dire ce délai maximum pour l'ensemble du processus, à partir du premier contact avec l'avocat jusqu'à la date de l'audience; or, nous nous sommes heurtés ces dernières années à de nombreuses autres difficultés. À l'heure actuelle, 70 p. 100 des demandeurs sont des membres des Forces canadiennes et ils s'adressent à des experts externes non militaires afin de prouver le bien-fondé de leurs demandes. De même, il y a eu de très importantes améliorations pour ce qui est d'obtenir des documents historiques, mais s'ils font toujours partie des Forces canadiennes, cela peut encore constituer un défi. Les soldats se déplacent d'un endroit à l'autre et leurs dossiers se déplacent avec eux, si bien que la première étape du processus devient problématique; il reste que nous jouissons d'excellents rapports coopératifs avec les avocats.
Chacun se rend compte que ce qu'il y a de plus frustrant pour le demandeur, c'est d'avoir à attendre que son affaire soit entendue, et nous nous efforçons tous de trouver différents moyens de réduire ce délai. Comme vous l'expliquait le président, l'une des priorités que nous nous sommes fixées cette année consiste à examiner notre façon de travailler avec d'autres de façon à entendre les affaires plus rapidement.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier nos invités. Vous nous avez fait un exposé très informatif et les renseignements que vous nous avez présentés ce matin étaient à la fois positifs et encourageants.
Je voudrais simplement aller un peu plus loin et obtenir des éclaircissements au sujet d'un certain nombre de points qui ont déjà été soulevés, avant d'en soulever un ou deux de plus.
Dans votre exposé, vous avez dit que, pour les révisions, le délai de traitement est d'environ sept mois et demi, alors que pour les appels, il est d'environ 10 mois. À votre avis, ce délai est-il susceptible de baisser, puisque vous avez maintenant un effectif complet?
Chers membres du comité, je constate qu'il n'y a plus personne sur ma liste d'intervenants; donc, à moins que quelqu'un ne souhaite intervenir, je vous propose de passer à l'examen d'une motion.
Comme personne ne semble vouloir intervenir, je voudrais remercier nos témoins pour l'exposé et les observations qu'ils ont faits ce matin par voie de vidéoconférence. Nous vous souhaitons bonne chance.
D'ailleurs, je suis très impressionné par le fait que vous ayez réussi à éliminer l'arriéré, comme vous l'ont déjà dit d'autres membres du comité. Vous faites de bons progrès.
Merci beaucoup.
:
Nous passons maintenant à l'avis de motion déposé par M. Shipley. Je vais le lire à haute voix pour les fins du compte rendu et je vais probablement demander ensuite à M. Shipley de vous en parler brièvement pour lancer la discussion.
Voici donc la motion:
Que le Comité des anciens combattants travaille avec Anciens combattants Canada en vue d'organiser un voyage d'études concernant les opérations sur les bases canadiennes, suite à nos discussions sur les soins de santé et le Programme pour l'autonomie des anciens combattants.
Ceci dit, je vais laisser M. Shipley parler en premier, puisqu'il est l'auteur de la motion.
Une ou deux personnes ont fait savoir que certains membres du comité souhaiteraient peut-être revenir sur les discussions tenues la semaine dernière à huis clos. Je vous signale que si vous souhaitez parler de cette décision, vous pouvez le faire, conformément au règlement sur les éléments de discussions tenues à huis clos qu'on peut soulever en public. Toutefois, étant donné que c'est une question de sécurité nationale, et si les membres souhaitent effectivement faire le voyage en question, je leur conseille de faire preuve de jugement en formulant leurs commentaires. Je vous fais remarquer également que vous n'avez pas le droit de parler de ce qui a été dit par les membres au cours de cette discussion, étant donné qu'elle s'est déroulée à huis clos.
Je voulais vous faire ce petit rappel en prévision du débat qui pourrait suivre sur la question.
Monsieur Shipley.
:
Merci, monsieur le président.
Il est évident que la motion que j'ai déposée fait suite à notre dernière réunion, à laquelle nous avons discuté surtout de la situation de nos anciens combattants et des problèmes auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils reviennent ou lorsqu'ils s'inquiètent, à leur retour, de la date de leur éventuel redéploiement, et nous avons également parlé des soins de santé et du Programme pour l'autonomie des anciens combattants.
La dernière discussion a porté sur une motion proposant que nous fassions un voyage pour rencontrer certains témoins et pour effectuer des visites en Afghanistan. À mon avis — et c'est la raison pour laquelle j'ai proposé la motion — nous avons l'occasion de faire quelque chose, parce que nous tous, quel que soit le parti que nous représentons au comité, sommes préoccupés par la situation, si bien que nous voulons avoir la possibilité de recueillir les commentaires de nos anciens combattants sur les problèmes auxquels ils sont confrontés. Il peut s'agir de problèmes psychologiques, comme il peut s'agir de problèmes physiques.
À mon avis, l'occasion qui se présente maintenant en est une qu'il ne faut pas manquer ou laisser passer — c'est-à-dire, de leur rendre visite dans les bases situées sur notre territoire, à partir desquelles ils sont déployés à l'étranger et auxquelles ils retournent après leur service. Il serait possible de faire cela. L'une des expériences les plus enrichissantes que nous ayons eues — et je pense que nous étions tous de cet avis l'an dernier, au cours de la dernière législature — a été cette réunion du comité à laquelle nous avons invité des familles et des membres des Forces canadiennes, d'abord dans un cadre formel… ensuite, nous avons discuté avec eux lors d'une rencontre informelle un soir. Ils nous ont parlé de leurs problèmes. Des membres de leurs familles sont venus nous parler, et je pense que nous avons tous reconnu à quel point ces discussions nous avaient été profitables.
Donc, il s'agirait d'une sorte de prolongation de cette formule, qui nous permettrait de réunir les renseignements qu'il nous faut pour avancer assez rapidement vers la mise en oeuvre complète du Programme des soins de santé et du Programme pour l'autonomie des anciens combattants.
Voilà l'objet de cette motion.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Bev soulève une question importante et utile, en ce qui me concerne, personnellement, et il en va peut-être de même pour mes collègues, mais je leur laisserai le soin de se prononcer sur la question eux-mêmes.
Cela pourrait effectivement constituer une étape importante de l'étude, et M. Marchand a déclaré dans ses témoignages il y a quelque temps qu'il existe effectivement deux catégories générales de dossiers, à savoir ceux qui sont liés aux opérations intérieures et ceux qui découlent des opérations internationales, si je puis dire. Donc, il me semble logique d'entendre au moins ces deux points de vue distincts.
Je comprends la décision du comité de retenir également l'optique internationale. Cela va tout à fait de pair avec l'idée d'une optique intérieure. À mon avis, nous ne sommes pas obligés de visiter chaque base ou chaque unité, tout comme nous ne sommes pas obligés d'aller observer les opérations partout où elles se déroulent à l'étranger. Pour moi, un bon échantillonnage des deux types de situations serait tout à fait approprié.
En fait, il serait même possible de ne pas effectuer les deux types de déplacement au cours de la même période, même s'il serait bon que les voyages ne soient pas trop éloignés dans le temps les uns des autres, pour que nous puissions être sensibles aux deux types de visions en même temps. Donc, nous n'aurions pas de véritable objection, si ce n'est que ce projet ne devrait pas avoir pour effet d'infirmer la décision d'aller observer les opérations à l'étranger. À mon sens, ce projet doit être complémentaire et, dans la mesure du possible, la planification devrait inclure les deux.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à féliciter Bev d'avoir fait cette proposition. Selon moi, elle est très importante et très valable, et je suis sûre que la plupart des membres du comité, comme moi n'ont pas encore eu l'occasion de visiter une base au Canada pour voir ce qui s'y déroule.
C'est un peu difficile lorsqu'on a déjà tenu une discussion à huis clos et que l'on en tient une autre maintenant en public, mais l'une n'annule pas l'autre, et ce projet en est un qui nous touche ici au Canada. Il va nous permettre de rencontrer non seulement des membres des Forces canadiennes qui sont sur le point d'être déployées à l'étranger, mais aussi des membres de leurs familles, et cela me semble également très important.
Nous avons déjà parlé en comité de l'impact que peut avoir sur la famille le départ des membres qui sont déployés à l'étranger, et pour moi, c'est l'occasion d'en savoir plus long, comme comité, sur ce qui arrive, non seulement au membre qui est envoyé ailleurs, mais aussi à la famille qui reste derrière et les conséquences que cela peut avoir pour elle.
Je dois également vous avouer que cela m'inquiète toujours beaucoup quand je constate que deux personnes qui n'ont jamais siégé au comité arrivent dans la salle uniquement parce qu'il va y avoir un vote. Pour moi, cela laisse supposer que les membres de l'opposition n'ont pas l'intention d'appuyer cette motion, et j'estime que ce serait une véritable tragédie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. À un moment donné, vous allez m'interdire de garder ce petit livre dans lequel j'inscris absolument tout, parce que j'aime bien prendre des notes.
Je vous ramène donc au 17 mai. Je vous fais remarquer, d'ailleurs, que ce n'est pas la première fois qu'un membre du comité propose que nous allions parler directement aux personnes qui sont actuellement en affectation. Quand nous avons débattu de cette question le 17, une décision a été prise par la suite — la même décision que nous avons prise la semaine dernière. On nous a dit à maintes reprises que cela ne fait pas partie de notre mandat; que nous n'avons pas pour mandat d'aller parler aux membres des Forces canadiennes. Eh bien, je suis tout à fait en désaccord. Et j'étais tout autant en désaccord à ce moment-là.
C'est nous qui avons remporté le vote au mois de mai. Nous l'avons emporté de nouveau la semaine dernière. Nous sommes là pour servir les anciens combattants. Toutes ces personnes qui portent l'uniforme à l'heure actuelle sont les personnes que nous devons servir, et il me semble donc important de saisir toutes les occasions qui se présentent pour leur parler, que ce soit ici au Canada ou à l'étranger.
En ce qui concerne la motion — je suis en faveur. J'ai parlé à M. Shipley hier soir. Je pense que nous devrions effectivement nous rendre dans un certain nombre de villes où se trouvent les anciens combattants. À l'heure actuelle, il n'y en a vraiment pas beaucoup ici à Ottawa à qui on pourrait s'adresser.
Je voudrais aussi revenir sur les commentaires de M. Shipley tout à l'heure au sujet d'une soirée que nous avons passée avec des membres des Forces canadiennes et leurs familles. Je me permets de vous rappeler cette soirée. C'était une soirée qui nous a tous marqués. C'était une soirée exceptionnelle, mais n'oublions qu'il s'agissait principalement de militaires qui servent actuellement dans les Forces canadiennes. Ils étaient encore en uniforme. Selon moi — et j'ai affirmé cela dès que le comité a commencé son travail — il faut absolument parler aux militaires en uniforme.
Nous sommes bien d'accord pour adopter cette motion, à condition qu'elle n'infirme pas la décision prise la semaine dernière. Il s'agit d'une décision qui a été prise par le comité à deux reprises, et nous avions tous l'impression que c'était en cours de préparation. Ensuite, il y a eu des changements pour les diverses raisons que vous avez expliquées. Il est possible que la décision de proroger la Chambre les fait tout simplement disparaître. Il reste que la décision avait déjà été prise. Moi, je veux bien participer. À mon avis, c'est justement cela que nous devrions faire. Mais, nous devrions le faire seulement quand nous aurons respecté les engagements que nous avons pris à la réunion de la semaine dernière.
Je me permets de vous rappeler que la décision que nous avons prise la semaine dernière est assortie de certaines conditions, conditions qui sont liées à la question de la sécurité nationale, comme vous l'avez mentionné. Nous en sommes tout à fait conscients, et si vous relisez la motion de la semaine dernière, vous saurez qu'il nous faut la collaboration d'un ministère en particulier. L'idée qui est proposée est bonne. Nous devrions justement faire ce genre de chose plus souvent, mais pas avant d'avoir respecté l'obligation que nous avons tous acceptée la semaine dernière.
Je vous remercie.
:
D'abord, merci de m'avoir permis de participer à la réunion, malgré le peu de préavis que vous avez reçu.
Je voulais simplement vous signaler que je remplace M. Todd Russell. Comme vous le savez, il représente une base très importante au Labrador. Pour ma part, je représente l'autre base.
S'agissant de ma contribution… À mon avis, en organisant cela… Par le passé, Terre-Neuve-et-Labrador a toujours contribué un assez grand nombre de soldats, étant donné que nous avons une plus faible population. Donc, on peut dire que, par habitant, nous sommes l'une des provinces du Canada à avoir contribué le plus de soldats.
Je suis donc là pour le représenter aujourd'hui. Si je vous en parle, c'est uniquement parce que quelqu'un a parlé d'un remplacement de dernière minute. En réalité, cela ne s'est pas du tout fait à la dernière minute; le fait est que je représente M. Russell qui est malheureusement malade et ne peut donc pas être présent.
Voilà donc mon petit grain de sel, et j'espère pouvoir, d'ici la fin de la réunion, en ajouter encore.
Je voulais simplement remettre les pendules à l'heure.
:
Merci, monsieur le président.
Ayant écouté la discussion, je constate que tout le monde désire en arriver à une meilleure compréhension de la situation des personnes qui défendent notre nation de diverses façons et qui souffrent à présent, ou ont le potentiel de souffrir — d'un problème physique ou mental. Il n'y a pas de doute à ce sujet-là.
Je n'ai tout de même pas l'intention de modifier ma résolution. À mon avis, il faut…
J'écoutais les propos de M. Simms, en particulier… J'accepte les chiffres qu'il a présentés, parce que ce qu'il dit est tout à fait vrai. Cela a été le cas pendant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale. Je ne suis pas au courant des chiffres actuels. Mais, pour moi, cela ne fait que renforcer l'importance des visites que nous pourrions faire au Canada. Et cela n'empêche pas que nous allions en Afghanistan à un moment donné. Je vous dis simplement…