Nous accueillons un invité très spécial aujourd'hui, Carl Castro, le directeur du Programme de recherche en médecine opérationnelle militaire, au quartier général.
Monsieur, nous sommes honorés que vous preniez le temps de vous joindre à nous, en dépit de votre horaire chargé.
Dans un premier temps, j'aimerais vous dire qui nous sommes. Nous sommes le Comité permanent des anciens combattants du Parlement du Canada, et nous sommes représentés par les quatre partis politiques de la Chambre des communes. À ce comité siègent donc des membres du Parti conservateur, le parti au pouvoir; du Parti libéral, l'opposition officielle; du Bloc québécois, le troisième parti; et du NPD, dont je fais partie. Je suis certain que notre président arrivera d'une minute à l'autre. Permettez-moi de me présenter; je suis Peter Stoffer, le vice-président du comité.
En règle générale, monsieur, nous allouons entre 10 et 15 minutes à nos témoins pour leur présentation, puis nous poursuivons avec la période de questions. Encore une fois, monsieur, merci beaucoup.
Dans le cadre de notre étude sur les services de santé, nous nous penchons sur des questions telles que le trouble de stress post-traumatique et d'autres problèmes avec lesquels les soldats, nos militaires hommes et femmes, revenant d’un déploiement peuvent être aux prises, et sur les procédures et politiques que le gouvernement pourrait adopter à l'avenir.
Alors monsieur, je vous cède la parole.
Si vous me le permettez, j'aimerais insister sur trois aspects. Tout d'abord, sachez que l'armée américaine a reconnu officiellement le programme de formation Battlemind comme un programme de formation en santé mentale, et je tiens à dire que c'en est réellement un. Il a été adopté par le secrétaire Geren il y a environ un an et, cette année, il est devenu obligatoire. Il comporte une variété de modules de formation que suivent les soldats avant, pendant et après le déploiement. Je veux simplement mettre l'accent là-dessus.
Et le troisième aspect dont j'aimerais parler, et qui est probablement le plus important pour votre travail, c'est qu'il s'agit, à ma connaissance, du seul programme de formation en santé mentale au monde — certainement parmi tous les pays de l'OTAN — étayé par des études de validation sur des échantillons aléatoires. C'est un programme largement éprouvé. Nous avons noté que sur les trois groupes de soldats choisis au hasard, ceux qui avaient suivi la formation Battlemind, dans les neuf mois suivant leur retour, présentaient moins de symptômes de stress post-traumatique ou de dépression, et en général, avaient plus de facilité à effectuer la transition du combat à la vie chez eux avec leur famille.
C'est donc ce que je voulais dire aujourd'hui, et je vais vous laisser le reste du temps pour que vous puissiez poser vos questions.
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Très bien. Si, à la fin, j'ai omis de répondre à une de vos questions, n'hésitez pas à me le dire.
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que nous avons envisagé de changer la façon dont nous offrions la formation en santé mentale car en 2001 et 2002, au début de la guerre en Afghanistan, l'armée américaine n'avait aucun programme de formation en santé mentale normalisé — que ce soit dans l'armée, la force aérienne, le corps des marines ou la marine. Nous avons donc pensé qu'il serait utile d'uniformiser la formation et, parallèlement, de répondre à une question fondamentale: la formation en santé mentale est-elle efficace et utile?
Nous avons donc pris du recul et voulu découvrir ce que les soldats devaient savoir et à quel moment ils devaient le savoir. Par conséquent, si un soldat s'apprête à partir en mission pendant six mois, un an ou plus longtemps, que doit-on lui dire? Qu'est-ce qu'un soldat, un marin ou un aviateur a besoin de savoir? Et lorsqu'il est dans un environnement de combat, comment nous l'appuyons tout au long du déploiement? Et la même chose à son retour, qu'a-t-il besoin d'entendre?
Dans l'armée américaine, lorsque les soldats reviennent du front, ils sont en garnison pendant deux semaines, puis ils sont laissés à eux-mêmes pendant un mois. Que devons-nous dire alors à un soldat que nous ne verrons pas pendant un mois à propos de la santé mentale?
Nous avons convenu, entre autres, qu'il fallait adopter une approche fondée sur la force. Nous ne voulions pas aborder la question en laissant croire qu'un soldat ou un militaire éprouverait des problèmes. En fait, nous leur avons dit que pour être dans l'armée, ils devaient avoir beaucoup de force, et que nous voulions qu'ils misent là-dessus pour faciliter leur transition à la maison et se préparer à combattre et à tenir tout le long du déploiement. Nous mettons donc l'accent sur les habiletés et les forces, et non pas sur les faiblesses ou les troubles.
Dans le cadre de notre évaluation continue, nous demandons toujours à nos soldats ce qu'ils pensent de la formation. L'ont-ils trouvée utile? Ont-ils appris quelque chose? L'instructeur était-il bon?
Nous procédons en quelque sorte à une évaluation de la formation. Environ 90 p. 100 des soldats ont coté la formation bonne ou excellente. Si nous arrivons à faire dire à des membres des rangs juniors qu'une formation en santé mentale est bonne ou excellente, je crois que nous avons frappé dans le mille.
De plus, vous savez probablement que les Forces canadiennes offrent maintenant la formation Battlemind, après le déploiement, dans le cadre de son Programme de décompression dans un tiers milieu, et reçoivent une rétroaction positive des participants.
À certains égards, la formation elle-même est unique. Premièrement, dans l'armée américaine, avant l'introduction de la formation Battlemind, nous amenions les soldats dans un bataillon. Ceux-ci se retrouvaient donc 700 ou 800 dans un auditorium bruyant, puis un intervenant en santé mentale venait leur parler pendant une dizaine de minutes. Nous nous sommes rendus compte que cette formation devait être offerte à des petits groupes, de la taille d'un peloton de 25 ou 30 membres. Il y a un instructeur ou un animateur, mais il reste que la formation est interactive. Même si c'est une formation didactique, en ce sens que les soldats reçoivent une présentation PowerPoint, ils sont encouragés à interagir et à partager leur expérience.
Par conséquent, les anciens combattants qui ont déjà été déployés sont invités à venir raconter ce par quoi ils sont passés, comment ils ont vécu leur transition et comment ils se sont adaptés. Et nous voulons en même temps normaliser les symptômes et les réactions que les autres soldats peuvent avoir, et il s'agit de l'un des trois éléments sur lesquels nous mettons énormément l'accent. Ensuite, nous insistons beaucoup sur la sécurité, que ce soit celle des soldats ou celle de leur famille, car nous ne voulons pas que nos membres reviennent avec des troubles et que cela se répercute sur leur vie familiale; et enfin, nous les encourageons à prendre soin l'un de l'autre.
Vous vous sentez peut-être bien, mais il n'en est peut-être pas ainsi pour votre camarade; jetez donc un oeil sur lui. En tant que chefs, préoccupez-vous de vos subalternes. Il y a donc de l'auto-assistance et ce que nous appelons dans l'armée « l'assistance d'un camarade ». Les chefs ont également une responsabilité envers les membres des rangs inférieurs.
Nous essayons que tous les modules de formation englobent chacun de ces éléments, car nous voulons que les militaires y accordent beaucoup d'importance, que ce soit avant, pendant ou après le déploiement.
Je vous expose les grandes lignes de la formation, mais c'est ce en quoi consiste le programme, en gros.
Ai-je répondu à toutes vos questions? Si ce n'est pas le cas, veuillez m'en excuser.
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Bonjour, colonel. C'est un plaisir d'apprendre que vous offrez de nouvelles formations afin d'aider vos jeunes militaires à mieux comprendre ce que j'appelle les blessures psychologiques plutôt que le stress opérationnel. Je considère ces blessures au même titre que des blessures aux bras ou aux jambes, par exemple. Si je parle de blessures psychologiques, vous saurez donc de quoi il s'agit.
Depuis que le présent comité a commencé ses travaux, je me bats — et mes collègues ici présents peuvent le confirmer — pour faire en sorte que l'armée canadienne prépare nos jeunes qui partent pour l'Afghanistan ou un autre théâtre d'opérations. Le système n'est en œuvre que depuis un an, et je sais que ce n'est pas assez long pour que les statistiques soient vraiment significatives. J'aimerais toutefois que vous me donniez un ordre de grandeur.
Par exemple, si avant l'entrée en vigueur de votre programme, 10 p. 100 ou 15 p. 100 des militaires revenant au pays souffraient de blessures psychologiques, le programme a sûrement dû donner lieu à une amélioration, comme vous l'avez dit plus tôt. Pourriez-vous me donner un ordre de grandeur, s'il vous plaît?
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Permettez-moi de vous présenter quelques données que nous avons recueillies il y a environ six mois concernant notre formation offerte avant le déploiement.
Avant que le programme ne soit mis sur pied il y a un an, évidemment, beaucoup de soldats qui ont été déployés en Irak n'ont pas reçu la formation Battlemind avant de partir, mais certains l'ont reçue. Pendant que les soldats étaient déployés — durant le déploiement —, nous avons mené une enquête sur l'état de santé mentale des forces déployées en Irak. Parmi les soldats qui n'avaient pas reçu la formation Battlemind, entre 20 et 22 p. 100 présentaient des symptômes du trouble de stress post-traumatique, alors que seulement 12 p. 100 de ceux qui avaient suivi la formation étaient affectés par ce syndrome.
Le nombre n'est pas encore à zéro; ce n'est donc pas la panacée. Cette formation n'empêche pas les troubles de santé mentale; elle permet néanmoins de réduire considérablement les symptômes connexes.
Monsieur, sachez que je suis parfaitement d'accord avec vous pour dire que le trouble de stress post-traumatique est une maladie et qu'on devrait le considérer ainsi. J'ignore si vous suivez la situation de près, mais dans l'armée américaine, il y a un grand débat quant à savoir si on devrait décerner la Purple Heart aux militaires qui ont des blessures psychologiques, au même titre que les blessures physiques. Comme vous pouvez l'imaginer, les anciens combattants qui sont blessés physiquement ne sont pas très en faveur de cette proposition, mais on en discute.
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C'est une très bonne question. En fait, j'aurais probablement dû commencer par cela, étant donné que votre comité s'intéresse principalement aux anciens combattants.
Nous travaillons très étroitement avec le Department of Veterans Affairs. En fait, ils ont pris le programme de formation Battlemind, que nous avons conçu pour le service actif, et l'ont modifié pour les anciens combattants qui s'adressent au ministère afin d'obtenir de l'aide psychologique. On n'a pas mené d'étude ni d'évaluation systématiques, mais on dit que les soldats...
On l'a utilisé pour tous les services. Nous l'avons conçu spécialement pour l'armée, parce que l'armée était ma priorité, mais on l'a aussi utilisé pour les marins, les aviateurs et, bien entendu, les soldats. Il semblerait qu'on l'ait aimé et bien coté. Il est pertinent et touche les éléments importants.
Lorsque nous avons mis sur pied le programme de formation Battlemind, nous ne pensions pas que nous donnions à nos membres un vocabulaire avec lequel s'exprimer lorsqu'il est question de santé mentale. Je n'avais pas réalisé que nos soldats ne parlaient pas de leurs problèmes psychologiques parce qu'ils n'arrivaient pas à mettre des mots sur ce qu'ils ressentaient. C'est très important qu'ils puissent le faire.
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Comme cela fonctionne-t-il?
Dans notre pays, bien sûr, nous avons des réservistes et, quand ils reviennent d'un déploiement, ils retournent à leur emploi civil régulier, tout comme votre garde nationale. Comment assurez-vous un suivi auprès de ces militaires?
La dernière question que j'aimerais vous poser est celle-ci: De quelle manière les familles participent-elles également à cette formation? On nous a dit que le trouble de stress post-traumatique pouvait être transmis aux conjoints et aux enfants si, de retour chez elle, une personne a beaucoup de mal à lutter contre ses démons intérieurs à cet égard.
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Les réservistes et la garde nationale des États-Unis sont eux aussi soumis à cette évaluation post-déploiement de la santé d'une période de trois à six mois, qui comprend l'examen de la santé mentale, et ils doivent également suivre la deuxième formation Battlemind.
Là où nous rencontrons un obstacle, c'est lorsque les membres des Forces quittent l'armée, car nous les perdons de vue complètement. Donc, nous n'effectuons pas un très bon travail de suivi auprès de nos anciens combattants qui quittent leur service militaire, et nous essayons de trouver une manière de le faire qui ne soit pas considérée comme une intrusion dans la vie privée.
Pour ce qui est des conjoints, nous avons ce que nous appelons la formation Battlemind pour les conjoints et les couples, qui prend la forme d'un module pour le prédéploiement et d'un autre pour le postdéploiement. Encore une fois, ce programme suit les mêmes principes. Il repose sur les forces du conjoint et de la famille, sur les éléments à repérer quand les choses ne vont pas bien; il s'agit également de savoir quand obtenir de l'aide, pour soi-même ou pour le militaire. Mais nous n'effectuons aucun suivi auprès des enfants.
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Bonjour, colonel Castro, et merci d'être ici aujourd'hui.
J'ai lu le document d'information, et j'ai trouvé l'expression que vous utilisiez très appropriée, à savoir que « le terme Battlemind décrit la force intérieure du soldat d'affronter la peur et l'adversité avec courage ». Je pense que c'est un message très positif que vous vous efforcez de transmettre du mieux que vous pouvez. J'ai écouté vos réponses à des questions posées par mes collègues, et je les ai trouvées fort instructives.
Au Canada, nous effectuons le suivi auprès de nos membres des forces armées qui quittent le service militaire; cela fait partie intégrante des activités du ministère des Anciens combattants.
J'ai également trouvé fort intéressante votre déclaration selon laquelle depuis que vous avez commencé ce programme, vous avez réussi à réduire de moitié les problèmes de santé mentale, mais n'étiez pas satisfait de ces résultats. Je suis heureuse de cet aveu, car les chiffres devraient être bien meilleurs. Cependant, il s'agit d'un accomplissement important, quand on considère depuis combien de temps ce programme particulier est en place. Je pense que vous faites quelque chose de bien dont vous devriez être très fier.
Ce que notre comité effectue actuellement, c'est une comparaison des services offerts aux anciens combattants par les pays membres du Commonwealth et du G8. Nous venons de mener un examen très approfondi sur les soins de santé, dont la question du stress post-traumatique était une composante essentielle. Donc, nous sommes tous très intéressés par cette question.
J'ai également lu, ici, que vous aviez des brochures et des présentations vidéo destinées à aider les soldats à se préparer pour le retour chez eux — ce qui est vraiment bien — et que vous traitiez même de la question des militaires qui sursautent en entendant de grands bruits, car cela fait également partie de l'épuisement au combat, ou peu importe le nom que vous voudrez lui donner.
J'aimerais vous demander si la participation des soldats à la formation Battlemind est obligatoire ou facultative? Voilà ma première question.
Ensuite, j'ai consulté le site Internet du programme Battlemind, où l'on trouve des liens vers divers sites Web qui fournissent des informations pour les familles. On y trouve même des liens vers des sites d'enfants. Donc, à quel point est-il important de fournir un soutien aux familles?
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En ce qui concerne la première question, je pense qu'il est vraiment important de comprendre que de nombreux symptômes et réactions qu'ont les membres des Forces armées dans un environnement de combat tiennent fortement de l'adaptation. En fait, être hyper-alerte ou hyper-vigilant lorsqu'on se trouve dans un contexte de combat et que quelqu'un tente de nous tuer est, je dirais, avantageux. Mais si, de retour à la maison, vous sautez sur le plancher ou tressaillez quand une porte claque, les gens pourront penser que quelque chose ne tourne pas rond. Mais c'est tout à fait compréhensible, et ces réactions s'en iront avec le temps. Donc, nous croyons réellement qu'une normalisation de ces symptômes et réactions dans une perspective de guérison complète est essentielle.
En ce qui a trait aux liens vidéo pour les enfants, notamment, nous sommes d'avis que plus les gens pourront obtenir de l'information, mieux ce sera. Il y a une minorité très bruyante, je dirais, qui pense que si l'on apprend aux soldats et aux membres de leur famille en quoi consiste le trouble de stress post-traumatique, ils simuleront des blessures juste pour obtenir une indemnisation. Je rejette catégoriquement cette manière de penser. D'après mon expérience auprès des soldats, ceux-ci ont l'esprit patriotique et travaillent dur, et ils n'essaient pas d'obtenir quoi que ce soit gratuitement — ce qui ne veut pas dire que personne n'agit de la sorte. Mais on ne met pas au point des programmes qui visent à débusquer les quelques personnes qui tenteront d'en profiter aux dépens de ceux qui ont besoin d'aide. Donc, c'est l'approche que nous avons véhiculée partout dans l'armée, mais aussi dans les services. Nous tâchons de le faire.
Vous aviez une autre question. Ai-je répondu à la première?
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Eh bien, le président ne vous interrompra pas, monsieur, alors vous pouvez prendre autant de temps que vous le voulez pour répondre à mes questions; c'est moi qu'il interrompra.
Je vous lance rapidement deux questions. Je vous ai entendu dire au cours de votre exposé, tout à l'heure, que les psychologues et autres s'occupaient de 30 personnes à la fois, ce qui, d'après ce que vous en avez dit, fonctionne vraiment bien dans certains cas. Nous n'avons pas réellement envisagé de faire une telle chose; nous avons procédé de façon individuelle. Mais si elles présentent toutes les mêmes symptômes, le fait de traiter 30 personnes à la fois est sensé. Ce serait probablement une très bonne façon de faire.
Vous avez également mentionné que le Canada recourait à certains éléments de ce programme Battlemind après le départ des soldats du champ de bataille pour aller en période de repos et de récupération. Pourriez-vous nous en dire un peu plus là-dessus, s'il vous plaît?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Colonel Castro, je vous remercie beaucoup d'être parmi nous. Je dois d'abord vous dire que je suis la fille d'un soldat qui a été au front pendant six ans. Lorsqu'il est revenu, mon père a dû être hospitalisé pendant quelques mois parce qu'on croyait qu'il était devenu fou. Il est mort en se battant pour ses droits. Je suis donc très heureuse de voir qu'aujourd'hui, on fait plus d'efforts que dans les années 1950 pour nos soldats qui reviennent du front.
Vous avez dit qu'au lieu d'avoir recours à la décompression, les soldats de l'armée canadienne à Chypre pouvaient bénéficier de la même formation que celle offerte aux soldats américains. Cette dernière est dispensée avant, pendant et après le combat. Par contre, nos soldats ne bénéficient que de la formation après combat.
Croyez-vous que les deux autres parties de la formation soient essentielles? Je pense que la troisième partie n'est pas suffisante. Un bon nombre de jeunes hommes et de jeunes femmes qui reviennent d'Afghanistan souffrent de problèmes comme le syndrome de stress post-traumatique bien qu'ils soient passés par Chypre.
Le fait de bénéficier des deux autres parties de la formation pourrait-il les aider? Serait-il facile de transposer cette formation pour l'offrir à nos soldats qui sont ici?
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C'est une excellente question. Merci, madame.
Évidemment, nous estimons nécessaire d'adopter une approche systémique, de sorte que nous avons maintenant des données selon lesquelles la formation prédéploiement s'est avérée efficace, d'après l'évaluation en cours de déploiement. Nous n'avons pas de données fiables sur les résultats provenant du débreffage psychologique qui a lieu lors du déploiement, mais nous avons des preuves empiriques qui montrent que les militaires et les fournisseurs de soins les apprécient, et nous savons certainement que la formation postdéploiement est efficace.
Donc, nous jugeons nécessaire d'adopter une approche systémique qui nous permettra d'atteindre les militaires à chaque phase car, comme je l'ai souligné, ne donner qu'une seule partie de la formation ne réduira pas les taux à zéro. Donc, notre objectif est de rendre les taux les moins élevés possibles. Nous ne descendrons probablement jamais jusqu'à zéro, mais notre objectif reste assurément de les abaisser le plus possible.
Je pense que cela pourrait s'appliquer aux Forces armées canadiennes, car la formation postdéploiement a été transcrite et traduite, si l'on veut, en anglais canadien plutôt qu'américain.
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Merci, monsieur le président.
C'est le côté relax de la chose. Il faut le prendre ainsi, sinon on a la tête pleine.
Je reviens sur la question de ma collègue Mme Demers. À 67 ans, je vais aux réunions ou aux cérémonies commémoratives du 11 novembre. J'y vois des hommes de 80 ou 85 ans, debout, qui tremblent et qui pleurent, et lorsqu'on tire les coups de canon commémoratif, ils se bouchent les oreilles, ne pouvant pas le supporter.
Je ne suis pas médecin ni psychologue, mais j'essaie de m'informer le plus possible. Les conjointes de ces hommes me disent qu'ils noient leurs problèmes dans le gin Beefeater. J'y vois là une blessure psychologique. Je ne suis pas ici pour vous faire la morale. Les Américains, les Canadiens, les gens du monde capitaliste, du monde libre, doivent faire un effort pour soigner ces anciens combattants vieux de 80 ans qui souffrent de blessures psychologiques.
Ce sont mes commentaires. Pouvez-vous commenter l'ordre que je vous donne de prendre soin des vieux anciens combattants?
Vous avez tout à fait raison, monsieur. Il y a beaucoup d'anciens combattants, depuis la Seconde Guerre mondiale, qui ont des problèmes de santé mentale, mais qui ont ce que nous appelons une fonctionnalité élevée. Ils sont capables d'accomplir leur travail, d'élever une famille, d'avoir un conjoint qui les épaule, mais ils ont tout de même des symptômes que l'on pourrait soulager s'ils venaient chercher des soins de santé mentale.
Nous essayons de dire à tous les soldats qui reviennent d'un déploiement que l'une des choses qu'ils méritent, pour avoir servi leur pays dans un contexte de combat, c'est de profiter pleinement de la vie, sans remords et sans souffrance. Nous leur disons que s'ils sont incapables de profiter de la vie, ils doivent venir chercher l'aide dont ils ont besoin, car ils y ont droit. Les soldats reconnaissent qu'ils ont fait un sacrifice, et nous devons maintenant prendre soin d'eux. La stigmatisation psychologique subie lorsqu'ils admettent souffrir d'un problème de santé mentale est bien réelle et importante. De nombreux soldats considèrent qu'il s'agit d'un défaut, d'une faiblesse de caractère.
Ce que nous savons avec certitude, c'est que lorsque nos anciens combattants vieillissent et demandent l'aide du ministère des Anciens Combattants, l'un des principaux problèmes que l'on doit traiter, c'est le stress post-traumatique de ceux qui n'ont jamais reçu d'aide, mais qui sont là pour des affections physiques. C'est vraiment ce qui est à l'origine de tout le processus de formation au sein du ministère des Anciens Combattants destiné à soigner les personnes âgées souffrant de maladies mentales. Auparavant, c'était toujours les jeunes anciens combattants ou ceux d'âge moyen qui consultaient, mais avec le vieillissement de la population, il y a soudain une grande proportion de personnes âgées ayant des problèmes de santé mentale, et nous devons déterminer si les traitements qui sont efficaces pour les personnes de 20 ans le sont autant pour celles de 80. Nous l'ignorons encore, mais nous y travaillons. Nous devons faire mieux, j'en conviens.
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Je vous remercie, monsieur Perron.
Cela termine la période de cinq minutes que vous a laissée votre ami, notre collègue libéral...
M. Gilles A. Perron: Maintenant, je vais prendre la mienne.
Le président: Non, non, vous la prendrez tout à l'heure.
Nous allons maintenant passer à M. Albrecht, du Parti conservateur, qui dispose de cinq minutes.
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C'est une très bonne question. Nous sommes aux prises avec ce problème actuellement.
Le système d'entraide, bien entendu, fait partie intégrante de la culture militaire. Il est essentiel de s'occuper de soi-même et de ses collègues. Nous avons essayé de miser là-dessus. Mais vous avez tout à fait raison de dire que lorsque les soldats reviennent, après trois ou six mois, ils sont réaffectés dans d'autres unités ou bien ils quittent l'armée et ne sont donc plus en contact avec leurs camarades.
Nous envisageons de mettre en oeuvre un projet pilote pour voir si nous pourrions avoir ce qu'on appelle un commandant ou un premier sergent « virtuel ». Cela permettrait aux militaires de rester en contact au moyen d'une caméra Web, du courrier électronique et d'appels téléphoniques, afin qu'ils puissent continuer de partager leurs expériences.
Ce que nous savons des anciens combattants, c'est que ceux qui ont participé à des opérations de combat ne veulent pas en parler à ceux qui n'ont pas vécu cela; quand ils le font, ils préfèrent que ce soit avec une personne qui était là-bas avec eux. La raison est très simple: parfois, c'est douloureux de parler des expériences de combat. Les soldats qui ont servi ensemble savent utiliser les mots qu'il faut pour expliquer des situations sans avoir à entrer dans les détails.
C'est donc un puissant réseau de soutien social que nous voulons essayer de conserver, par l'entremise d'un copain, d'un commandant ou d'un premier sergent virtuels.
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Oui, vous avez tout à fait raison. Par contre, une des bonnes choses, pour ainsi dire, à propos du Département des anciens combattants aux États-Unis, c'est qu'il constitue le plus grand organisme de formation de psychologues aux États-Unis. Le département compte un programme de formation très solide, que vous pourriez évidemment mettre à profit. Il connaît une expansion à l'heure actuelle, à cause de la nouvelle demande.
Pour ce qui est des ressources, très tôt, dans les guerres en Afghanistan et en Irak, nous en avons manqué dans tous les services ainsi qu'au Département des anciens combattants. Mais ces dernières années, on a renfloué la caisse, et il y a maintenant beaucoup de fonds. Il s'agit maintenant de former les gens et d'amener les cliniciens sur place pour offrir le soutien.
Je crois que nous disposons d'assez de ressources. Les gens pensent maintenant à l'effet à long terme, comme votre collègue l'a mentionné. Ces anciens combattants, qui seront âgés de 60 à 80 ans, auront aussi des problèmes. C'est presque toute une génération d'anciens combattants dont il faudra prendre soin. Il faut donc prévoir un budget et attribuer des ressources en conséquence.
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Merci, monsieur le président.
Colonel, encore une fois, je tiens à vous remercier de votre présence. Pour plusieurs, le stress post-traumatique est encore un sujet tabou. On n'a commencé à en parler que depuis quelques années. Auparavant, on n'en parlait pas, cela demeurait caché. Pourtant, le stress post-traumatique n'est pas uniquement relié à la guerre. Les gens peuvent subir un choc post-traumatique en cas de viol ou s'ils se font voler dans la rue, par exemple.
Le battle mind training dont vous avez parlé me fait beaucoup penser au budo training, qui était très populaire en Californie dans les années 1980-1990. Cet entraînement se concentre sur les forces et les compétences des gens, plutôt que sur leurs faiblesses, ce qui les amène à les utiliser de façon beaucoup plus efficace.
Cette formation pourrait-elle être appliquée à d'autres fins, afin que nos vétérans et nos soldats en profitent? Si les personnes qui suivent une formation pour devenir des psychologues pouvaient transmettre ces données, la société entière y gagnerait.
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C'est une très bonne question.
Je crois qu'il y a d'autres groupes qui peuvent profiter de la formation battlemind. En réalité, d'autres groupes aux États-Unis l'utilisent, particulièrement le FBI et notre Département d'État, qui déploie également beaucoup de civils en Irak et en Afghanistan.
Je crois que cette formation sera utile dans les professions où les gens sont exposés à des événements traumatisants. Si l'on considère le service militaire comme une profession et le combat comme un élément qui en fait partie, alors je crois que toute situation présentant ces caractéristique pourrait profiter de la formation battlemind. Toutefois, je ne crois pas que cette formation soit utile pour les victimes de viol, les victimes d'agression, les enfants maltraités, parce que ce sont des victimes qui n'y sont pour rien. C'est différent pour le TSPT lié au combat ou au travail.
Dans nos manuels de diagnostics et de statistiques, on ne fait aucune distinction, mais une des conclusions qui se dégagent très tôt dans la recherche, c'est que ce sont deux choses différentes. Il y a, d'une part, les victimes et, d'autre part, ceux qui sont exposés à des risques professionnels, comme les agents de police, les pompiers, les ambulanciers paramédicaux, etc. Pour ces gens, je crois que la formation battlemind peut donner des résultats, mais pas pour les gens qui sont des victimes. Ces derniers ont besoin de quelque chose de différent. Selon moi, le traitement que nous leur offrons est approprié, mais nous ne devrions pas essayer d'appliquer la même chose à nos anciens combattants ou à nos accidentés du travail, si vous voulez.
Je sais que vous avez ces approches pour traiter les traumatismes liés au stress au travail. Il s'agit d'une blessure professionnelle. Je crois que c'est ainsi que nous devons voir la chose comme armée, comme pays. On envoie des gens au front, et les dangers liés au combat ne se présentent pas seulement sous forme de blessures physiques, mais aussi de blessures psychologiques.
Je sais que j'ai pris un long détour pour répondre à votre question. Bref, je crois que cette formation est applicable, mais pas dans tous les cas.
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D'accord, je ne vois aucun problème avec cela. J'aimerais que tout le monde tienne compte peut-être...
Je vais vous laisser parler, monsieur Shipley, mais je veux juste ajouter ceci. Peut-être que mercredi serait mieux que mardi ou jeudi parce que le rapport doit être déposé à la Chambre, et cela se fait habituellement après la période des questions. Il y a des exceptions, mais je crois que cela se fait les lundis ou les vendredis, où le taux de présence est relativement faible.
Donc, si je soumettais le rapport un mercredi, après la période des questions, nous pourrions tenir une conférence de presse, si nous le voulons, après le dépôt du rapport parce que je ne pense pas que nous puissions vraiment en tenir une avant le dépôt du rapport. Et si nous avons des comités prévus pour 15 h 30 ou 17 h 30, vous comprendrez que, comme la période des questions se termine à 15 heures, il est difficile de tenir une conférence de presse d'une demi-heure — si c'est ce que vous voulez faire.
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Je suppose que M. Stoffer n'en disconviendrait pas.
Bien. À moins qu'il y ait un débat ou une discussion sur cette question, nous allons passer à la mise aux voix. Tous ceux en faveur de la motion visant à déposer le rapport le mercredi 28 mai, suivi d'une conférence de presse.
(La motion est adoptée.) [Voir le Procès-verbal]
Le président: Maintenant, je veux juste parler brièvement de la séance du 27 mai, qui tombera évidemment un mardi. La séance sera télévisée, et nous accueillerons le ministre. La séance portera sur le Budget principal des dépenses.
Le ministre sera ici pour parler du Budget principal des dépenses. Il y aura aussi le Budget supplémentaire des dépenses. Si les membres du comité souhaitent — et c'est votre choix, puisque c'est votre comité — présenter une motion pour pouvoir interroger le ministre à la fois sur le Budget principal des dépenses et le Budget supplémentaire des dépenses, vous pourrez choisir de le faire.