:
On nous a fait savoir qu'on a besoin de cette pièce-ci aux fins du budget. Nous avons essayé d'en trouver une autre, Dr Bennett, mais il n'y a rien de disponible ce jour-là. J'ai cru comprendre qu'il n'est pas inhabituel, le jour de la présentation du budget, de devoir reporter des séances car aucune pièce n'est disponible. Je vous remercie de votre question.
Y a-t-il d'autres questions?
Êtes-vous donc tous d'accord pour que nous annulions la réunion de février pour faire de la place pour le budget?
Merci.
La dernière chose que j'aimerais signaler est qu'il y aura une courte pause—cela concerne aussi les témoins—avant l'arrivée du ministre à 12 h 15, afin de permettre à celui-ci de s'installer et aux témoins de se retirer, si cela n'est pas trop demander. Les témoins peuvent assister au reste de la réunion, mais le ministre et ses employés seront présents. Je voulais simplement vous le signaler. Je vous ferai signe quand ils arriveront.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le comité le mardi, 20 janvier 2008, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins que nous accueillons aujourd'hui dans le cadre de l'étude sur l'approvisionnement en radio-isotopes.
Sont parmi nous aujourd'hui Grant Malkoske, vice-président des Technologies stratégiques, et David McInnes, vice-président des Relations internationales, qui représentent tous deux MDS Nordion; et Douglas Abrams, président de la Société canadienne de médecine nucléaire.
J'aimerais rappeler aux témoins que les présentations sont limitées à dix minutes par organisation, et que nous passerons aux questions par la suite.
Je vous souhaite la bienvenue. Nous avons bien hâte d'entendre ce que vous avez à dire.
Commençons par les témoins qui représentent MDS Nordion.
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Bonjour madame la présidente, membres du comité.
Je m'appelle Grant Malkoske, je suis vice-président des Technologies stratégiques chez MDS Nordion. Je suis accompagné de David McInnes, vice-président des Relations internationales.
MDS Nordion est une entreprise d'Ottawa spécialisée en sciences de la vie qui compte plus de 700 employés à Laval, à Vancouver et en Belgique.
Nous sommes heureux de pouvoir comparaître devant vous aujourd'hui pour exposer notre point de vue sur la pénurie d'isotopes médicaux entraînée par l'arrêt du réacteur NRU. Cet arrêt a eu une incidence considérable sur la production d'isotopes médicaux et sur notre capacité à approvisionner le milieu de la médecine nucléaire en isotopes médicaux, et donc sur la capacité de celui-ci à subvenir aux besoins des hôpitaux, des médecins et des patients.
Comme vous le savez sans doute, nous avons comparu devant le Comité permanent des ressources naturelles la semaine dernière. Comme nous l'avons expliqué ce jour-là, la chaîne d'approvisionnement en isotopes médicaux est composée d'une série de maillons, dont le dernier est le milieu hospitalier. Ces maillons sont le réacteur, l'installation de traitement, le fabriquant de produits radiopharmaceutiques, et enfin l'hôpital ou la radiopharmacie qui administre le produit au patient.
Le réacteur NRU d'EACL est notre principale source d'isotopes médicaux. Ces derniers sont traités dans l'installation de MDS Nordion ici à Ottawa. Il est important de noter que MDS Nordion n'est pas le fournisseur direct de produits radiopharmaceutiques pour les hôpitaux. Nous distribuons des isotopes médicaux, qui sont des ingrédients pharmaceutiques actifs, à nos clients, les sociétés radiopharmaceutiques, qui sont toutes situées à l'extérieur du Canada. Nos clients, eux, fabriquent les produits radiopharmaceutiques et les distribuent dans les hôpitaux et les radiopharmacies du Canada et du monde entier.
Nos deux principaux clients sont des sociétés américaines, qui sont responsables de la totalité de l'approvisionnement en produits radiopharmaceutiques au Canada. Les isotopes médicaux produits au Canada représentent plus de la moitié des isotopes médicaux dans le monde entier et sont utilisés dans 60 000 interventions médicales par jour, dont 5 000 au Canada.
Un aspect important de la question est la capacité de production mondiale. Le réacteur NRU est le réacteur le plus fiable au monde en ce qui concerne la production d'isotopes médicaux. La fiabilité de son approvisionnement est supérieure à 97 p. 100. Seuls trois autres pays peuvent assurer un approvisionnement d'appoint: l'Afrique du Sud, la Belgique et les Pays-Bas.
Si le fonctionnement d'un de ces réacteurs est interrompu, le réacteur NRU est capable d'accélérer sa production pour répondre à la totalité de la demande supplémentaire. On ne peut pas en dire autant dans le cas contraire, cependant, comme nous l'avons vu en novembre et décembre derniers. Si un réacteur NRU est à l'arrêt pendant plus d'une semaine, aucune réacteur étranger, aucune combinaison de réacteurs étrangers, ne peut combler l'écart en approvisionnement. Les autres réacteurs du monde ont augmenté leur production à capacité, mais la pénurie mondiale d'isotopes médicaux était quand même d'environ 35 p. 100. Cette pénurie se serait maintenue si le réacteur NRU était resté à l'arrêt.
Le soir du 21 novembre, on nous a avisé que le réacteur NRU ne serait pas remis en marche après son arrêt périodique. Nous avons immédiatement mis en oeuvre le protocole d'urgence que nous avions mis sur pied en cas d'imprévus. Puisque nos réserves n'allaient durer que deux jours, nous avons commencé à contacter nos clients, les fabricants de produits radiopharmaceutiques. Nous avons maintenu un rapport étroit avec eux pendant la durée de la panne.
Le matin du 22 novembre, lors d'une réunion avec EACL, on nous a fait part du risque que la période d'arrêt du réacteur se prolonge. Nous avons indiqué à EACL que cette panne entraînerait une pénurie mondiale d'environ 30 p. 100.
L'après-midi du 22 novembre, nous avons assisté à une réunion régulière avec EACL et Ressources naturelles Canada, pendant laquelle nous avons répété l'incidence prévue qu'aurait cette panne sur l'approvisionnement mondial.
Le 23 novembre, nous avons contacté les autres fournisseurs en Afrique du Sud, en Belgique et aux Pays-Bas pour obtenir un approvisionnement d'appoint. Nous avons maintenu un contact quotidien avec eux.
il est important de noter que nous ne savions pas exactement quand le réacteur NRU serait remis en marche. Les renseignements que nous donnait EACL quant aux solutions possibles et à la date de la remise en marche du réacteur changeaient constamment. À la fin novembre, EACL nous a avisé qu'elle espérait le remettre en marche début décembre. Nous avons émis un communiqué de presse en fonction de ce renseignement.
À partir du 5 décembre, des fonctionnaires de divers ministères nous ont demandé de tenir des séances d'information régulières avec eux pour les tenir au courant. Plus tard, des fonctionnaires de Ressources naturelles Canada et de Santé Canada ont décidé de nous faire participer à l'élaboration d'un protocole de communication, au cas où une telle interruption de la chaîne d'approvisionnement devait se reproduire.
En plus d'avoir demandé à plusieurs reprises aux autres fournisseurs de nous approvisionner en isotopes médicaux supplémentaires, nous avons pris certaines mesures pour stimuler l'approvisionnement. Nous avons obtenu la permission de la Food and Drug Administration des États-Unis pour combiner tout approvisionnement d'appoint disponible. Nous sommes entrés en contact avec l'organisme de réglementation du secteur nucléaire en Belgique pour leur confirmer l'ampleur de la pénurie et faire en sorte que l'installation de traitement belge puisse obtenir une dispense spéciale afin d'accroître la limite de traitement. Nous avons envoyé des conteneurs réglementaires à tous nos fournisseurs pour qu'ils puissent nous envoyer des nouveaux isotopes le plus rapidement possible.
En plus d'avoir cherché à obtenir un approvisionnement d'appoint dont j'ai parlé plus tôt, le 3 décembre, nous avons aussi organisé une réunion avec les fournisseurs du monde pour leur faire une demande sans précédent: qu'ils partagent leur approvisionnement régulier. Ils ont refusé.
Malgré nos tentatives répétées d'obtenir un approvisionnement d'appoint, les fournisseurs étrangers ont seulement pu nous donner une faible quantité d'isotopes, soit environ 20 p. 100 de la demande. Tous les isotopes reçus par MDS Nordion avant l'adoption du projet de loi le 12 décembre provenaient de l'Afrique du Sud. Nous n'avons pas pu obtenir le moindre approvisionnement d'appoint de l'Europe.
Bien que la pénurie d'isotopes était d'environ 35 p. 100, elle variait d'un pays à l'autre. Au Canada, elle était d'environ 65 p. 100 parce que le réacteur NRU est notre principale source d'approvisionnement. Comme nous l'a indiqué le milieu de la médecine nucléaire, la pénurie était plus grave dans certaines régions que dans d'autres. Tous les hôpitaux ne font pas affaires avec le même fournisseur, ce qui explique cette variation géographique. Notre client, Bristol-Myers Squibb Medical Imaging, est encore aujourd'hui le principal fournisseur de produits radiopharmaceutiques finis au Canada.
Nous avons réussi à convaincre Bristol-Myers Squibb de faire en sorte que le Canada reçoive sa juste part de produits radiopharmaceutiques finis. Elle nous a informé que le Canada avait effectivement reçu sa juste part de la quantité limitée d'isotopes médicaux disponible pendant la panne du réacteur NRU.
En conclusion, madame la présidente, nous estimons avoir agi rapidement et avec diligence pour répondre à la pénurie d'isotopes médicaux causée par cette panne. Cependant, aucune source d'approvisionnement d'appoint ne peut répondre à la pénurie mondiale entraînée par l'arrêt prolongé du réacteur NRU. Clairement, il est essentiel que le gouvernement, l'industrie et le milieu de la médecine nucléaire trouvent, ensemble, une solution à long terme pour assurer l'approvisionnement fiable en isotopes au Canada.
Merci.
Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente, membres du comité, de cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis pharmacien spécialisé en médecine nucléaire et en produits radiopharmaceutiques, directeur de l'Edmonton Radiopharmaceutical Centre, au Cross Cancer Institute. Je suis actuellement président de la SCMN, et membre du comité spécial mis sur pied pour formuler des avis sur la pénurie d'isotopes.
J'aimerais vous donner des renseignements généraux au sujet de la médecine nucléaire et de la radiopharmaceutique. Je n'entrerai pas dans autant de détails que M. Malkoske afin de ne pas vous ennuyer deux fois de suite.
De nombreux isotopes différents sont utilisés en médecine nucléaire pour diagnostiquer et traiter toute une gamme de maladies. La plupart des tests de diagnostic pour les maladies du coeur et le cancer, et bien d'autres maladies, seront touchés par une pénurie. La majorité des applications pharmaceutiques concernent les maladies thyroïdiennes, quoique de plus en plus de thérapies très prometteuses sont en cours d'élaboration.
Cependant, bien que le taux varie d'une source à l'autre, de 80 p. 100 à 85 p. 100 des procédures de diagnostic en médecine nucléaire dépendent du produit radiopharmaceutique appelé le technétium-99-m. Il s'agit là d'un isotope de courte vie qu'on peut facilement dériver d'un isotope de plus longue durée de vie, le molybdène-99. La récente pénurie d'isotopes était attribuable au fait que les stocks de molybdène-99 ont commencé à s'épuiser quand le réacteur NRU n'a pas été remis en marche après la période d'arrêt prévue.
Puisque la demi-vie du technétium-99-m est de seulement six heures et que la durée de conservation de la plupart des produits radiopharmaceutiques est de seulement 12 heures, ces produits sont préparés au jour le jour et ne peuvent être stockés. Cette faiblesse est compensée par l'utilisation d'un générateur dans lequel le molybdène-99, dont la demi-vie est de 66 heures, soit environ trois jours, peut être utilisé en tant que source de technétium-99-m. Ces générateurs peuvent être utilisés jusqu'à deux semaines.
L'Alberta n'a pas été gravement touchée par la crise, puisque les trois grands centres à Edmonton, Red Deer et Calgary obtiennent leurs générateurs de technétium 99 m de Covidien, qui obtient la plupart de ses isotopes de la Hollande. Cependant, comme on l'a fait remarquer précédemment, l'incidence était très inégale, et beaucoup de petites cliniques en Alberta se servaient de générateurs provenant de BMS, qui dépend de l'approvisionnement en isotopes du réacteur NRU.
Mon rôle était de faciliter l'approvisionnement du plus grand nombre de petits centres possibles, ce que nous avons fait en collaboration avec Santé Canada. Nos plus grands efforts visaient à accroître la durée de vie des générateurs au-delà de leur date d'expiration normale, de faciliter le transport de générateurs usagés aux petits centres, et de nous pencher sur l'utilisation d'autres isotopes.
Je pense que je vais m'en tenir à cela. Je n'entrerai pas dans les détails puisque j'imagine qu'on me demandera de plus amples détails.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie MDS Nordion et le président de la société de la médecine nucléaire d’être parmi nous aujourd’hui, parce qu’il s’agit d’une question très importante. Comme l’a dit la société, cette situation avait tout pour devenir une crise médicale nationale.
MDS Nordion nous a dit qu’ils étaient conscients du problème le 22 novembre et qu’ils ont rencontré Ressources naturelles Canada pour en discuter le jour même. Les médecins avec qui vous faites affaires qui ont besoin de ces isotopes n’ont pas été mis au courant avant le 27 novembre, cinq jours plus tard. Le docteur O’Brien a dit dans son communiqué de presse qu’il n’a parlé à aucun employé de Santé Canada avant le 5 décembre. Il s’est donc écoulé 13 jours avant que qui que ce soit ait pu parler à des employés de Santé Canada pour déterminer la marche à suivre et trouver un moyen de collaborer.
Comment avez-vous appris ce qui se passait le 22 novembre? La société de la médecine nucléaire avait-elle été consultée? Cette situation allait évidemment avoir une incidence sur la société de la médecine nucléaire et sur les patients qui consultent des spécialistes en médecine nucléaire. Si vous aviez été mis au fait de la situation le 22 novembre, pensez-vous que vous, et les médecins du pays, auraient pu prendre des mesures pour vous attaquer au problème, comme par exemple en faisant le tri des patients en fonction des besoins? Pensez-vous que vous auriez pu pallier le problème pendant, disons, un mois? À propos des mesures qui ont fini par être prises--c’était de la gestion de crise plus qu’autre chose, l’arrêt du réacteur et sa remise en marche subséquente—pensez-vous que vos patients auraient pu recevoir des soins pendant environ un mois si vous aviez été consultés plus tôt? Pensez-vous que les mesures que le gouvernement a fini par prendre auraient pu être évitées si vous aviez été en mesure de mieux gérer la situation?
Voilà les questions que j’aimerais vous poser. Quelles autres mesures aurait-on pu prendre avant que cela ne devienne une crise nationale et avant la mise en arrêt et la remise en marche du réacteur?
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Il nous a fallu peu de temps pour mettre en place des politiques, conjointement avec Santé Canada, nous permettant de transporter des générateurs qui avaient déjà été utilisés. S'ils étaient assez petits, on les envoyait ailleurs. Cela a très bien fonctionné pour un certain nombre de petits centres, surtout plus au nord et plus au sud.
Nous avons aussi décidé d'utiliser des générateurs après leur date d'expiration normale, en veillant à effectuer des tests de sécurité adéquats pour nous assurer que rien ne s'était trop détérioré après la date d'expiration.
C'était là les deux choses qu'il fallait faire. Santé Canada a répondu assez bien en mettant sur pied un processus nous permettant de faire ces choses et nous, de notre côté, avons mis sur pied nos propres processus. Il nous a fallu du temps pour le faire, mais une fois que c'était en place, nous étions prêts. Nous ne pouvions pas faire grand chose d'autre.
L'autre chose que nous avons faite—et c'est un de ces cas où il aurait été utile d'avoir été rapidement tenu au courant—a été de demander aux centres qui avaient des cyclotrons de se servir du fluor-18 pour effectuer les scintigraphies osseuses, ce qui nous aurait permis de réserver le technétium pour d'autres procédures. Nous n'avions pas de produit radiopharmaceutique pour accomplir cela à Edmonton, et en collaboration avec le Dr Gulenchyn à Hamilton, nous avons rapidement effectué un essai clinique avec le fluor, mais nous n'avons pas eu besoin de nous en servir. Au bout du compte, cela n'a pas été nécessaire.
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Merci de votre question.
Il est important de penser à la capacité de production mondiale. Le fait est que si le réacteur NRU doit être arrêté abruptement, comme cela s'est passé, le reste du monde est incapable de compenser et de produire une quantité égale d'isotopes. Honnêtement, on a beau planifier, il n'y a aucune réelle solution dans une telle situation.
Dans le cours normal de l'approvisionnement, quand les réacteurs fonctionnent sans imprévu, ils sont régulièrement mis à l'arrêt dans le monde. Les périodes d'arrêt en Europe sont prévues bien à l'avance. D'ailleurs, dans le cours normal de la production, ces arrêts n'interrompent pas du tout la chaîne d'approvisionnement en isotopes médicaux.
De surcroît, nous avons des ententes relatives à l'approvisionnement d'appoint avec certains de nos fournisseurs pour faire en sorte que les isotopes soient disponibles même quand certains réacteurs sont à l'arrêt, ce qui n'a pas une aussi grande incidence que l'arrêt du réacteur NRU. Nous avons donc des plans pour recevoir un approvisionnement d'appoint des Européens et des Sud-Africains.
Dans un tel cas, à notre avis, nous ne pensons pas que la planification faisait partie du problème.
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Permettez-moi de clarifier ma réponse.
Quand le réacteur NRU a été arrêté, nous avons immédiatement commencé—le 23 novembre, comme je l'ai indiqué il y a quelques instants—à contacter nos fournisseurs en Europe et en Afrique du Sud. Idéalement, nous aurions voulu un montant supplémentaire d'isotopes pour combler le vide créé par la fermeture du réacteur NRU, le plus possible d'ailleurs. Ils ont augmenté leur capacité de production. Selon les renseignements qui nous ont été transmis, ils aurait augmenté leur production de 10 p. 100 à 15 p. 100.
Nous avons pris une autre mesure. Nous leur avons demandé s'ils étaient disposés à changer la distribution de leur capacité de production normale, dans le cours normal de leur production. C'est à cette demande qu'ils nous ont dit non. Ils avaient une quantité de production de base dont ils n'ont pas voulu nous accorder une plus grande part.
Nordion a pu obtenir environ 20 p. 100 de la production supplémentaire mondiale de 10 p. 100 à 15 p. 100; malgré cette production d'appoint, il y avait toujours une pénurie de 35 p. 100 à l'échelle mondiale. Nous avons donc distribué les 20 p. 100 de la production supplémentaire de 10 p. 100 à 15 p. 100 à nos clients, les fabricants.
Je pense qu'il a une différence nette entre la capacité de production normale et la production accrue effectuée pour combler les lacunes.
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Merci, madame la présidente, et merci à tous ceux qui ont comparu devant nous aujourd'hui.
Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour éviter que ne se reproduise une telle situation navrante, qui a obligé le Parlement à devoir prendre une décision très difficile sans avoir tous les faits à sa disposition, pour éviter que la chaîne d'approvisionnement en isotopes—si essentielle aux traitements médicaux et aux thérapies—ne soit rompue à l'avenir, et pour éviter aux députés d'avoir à choisir entre la sûreté, préconisée par la présidente de la Commission de sûreté nucléaire, qui se basait sur des connaissances et de l'expertise dans le domaine, et des traitements essentiels dont dépendait la vie de patients.
Après avoir entendu tous les témoignages aujourd'hui et ceux devant le Comité des ressources naturelles, je ne suis pas sure que nous comprenions davantage ce qui a entraîné cette crise et comment nous aurions pur l'éviter. Je pense qu'il nous faut comprendre un peu mieux la succession des événements, puisque la confusion règne, et personne ne nous a donné une chronologie adéquate.
Vous nous avez dit, M. Malkoske, qu'un employé du ministère des Ressources naturelles vous a parlé de la situation le 22 novembre. C'est bien ça?
J’ai un peu de mal à croire que vous ne pouviez prédire, le 27 novembre, qu’il y aurait un problème, et que vous avez attendu d’être assailli par des appels téléphoniques et des lettres quand les premiers problèmes cliniques se sont manifestés, au lieu de les prévoir.
J’ai donc quelques réserves à propos de ce qu’a dit M. Malkoske, c’est-à-dire que seule la communication entrait en jeu, et non la planification. Cela veut dire qu’il n’y a aucun plan B. Si la seule autre solution possible est de remettre en marche un réacteur vieux de quarante ans dans une région susceptible aux tremblements de terre—si c’est notre seul plan B—nous ne sommes pas de très bons planificateurs. J’aimerais donc savoir quel est maintenant notre plan B si la situation devait se reproduire. Je n’ai toujours pas entendu parler de leçons que nous avons tirées.
Deuxièmement, vous avez dit que le problème concernait principalement la communication. J’aimerais que MDS Nordion ait la chance de répondre aux allégations, faites dans le Journal de l’Association médicale canadienne, selon lesquelles le gros problème est le manque de communication apparent entre vous et EACL, dans la mesure où vous n’assistez pas aux réunions et êtes incapables de savoir ce que fait l’autre. Il y a aussi les allégations faites dans un article des Pays-Bas selon lesquelles ils n’obtiennent aucun renseignement des Canadiens, et que vous aviez refusé de coopérer avec les deux plus importants fournisseurs d’isotopes en Europe. Il y a un représentant de Nordion à nos réunions, mais soit EACL ne communique pas avec Nordion, soit elle interdit à Nordion de communiquer avec nous. Dans tous les cas, il s’agit de communication, sans parler des ministres des Ressources naturelles et de la Santé, qui ne semblent pas avoir de téléphone...
Pourriez-vous me dire quel est le plan B? J’aimerais aussi que MDS Nordion me dise quelle R et D est en cours pour veiller à ce que, à l’avenir, on puisse se servir du fluor et des isotopes dans des accélérateurs de particules qui ne nécessitent pas d’uranium enrichi à haute teneur afin de nous sortir de cette fâcheuse situation entraînée par le fait que vous avez le monopole de 50 p. 100 de l’approvisionnement mondial sans aucun plan B.
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Comme je l’ai mentionné, nous sommes le fournisseur d’un fabricant de produits radiopharmaceutiques. Celui-ci est un des deux fournisseurs qui approvisionne le Canada. Bristol-Myers Squibb et Covidien fournissent des produits radiopharmaceutiques au Canada. Nous approvisionnons Bristol-Myers Squibb en isotopes médicaux dont il se sert pour fabriquer le produit final. Covidien obtient ses matières premières des Pays-Bas. Il y a deux systèmes d’approvisionnement en parallèle.
D’une part, à propos du plan B, je suis d’accord que la situation est précaire. Je pense qu’il nous faut une stratégie nationale d’approvisionnement en isotopes au Canada. Vieux de 50 ans, le réacteur NRU est le réacteur le plus fiable au monde. La fiabilité de son approvisionnement est de 97 p. 100. Il s’agit du seul réacteur de cette envergure au monde. C’est pourquoi nous estimons qu’il est absolument essentiel d’investir dans l’infrastructure du réacteur NRU afin de pouvoir renouveler son permis au-delà de 2011.
Les réacteurs MAPLE sont exclusivement des réacteurs à production d’isotopes. Un seul tel réacteur pourrait produire la quantité d’isotopes dont nous avons besoin. Le deuxième est un système auxiliaire. Il faut mettre les réacteurs MAPLE en marche le plus rapidement possible.
Il y a un plan B, à notre avis. La difficulté dans le monde aujourd'hui est le risque qu'un autre événement imprévu comme la panne du réacteur NRU se reproduise. Dans le même ordre d'idées, si l'Arabie saoudite cessait soudainement d'approvisionner le monde en produits pétroliers et gaziers, que ferions-nous dans l'immédiat? Il y aurait une pénurie. L'arrêt du réacteur NRU a entraîné le même genre de situation.
Il ne s’agit donc pas de planifier en vue de tels imprévus. Comment est-ce possible? Le reste du monde n’a pu combler que 15 p. 100 du vide laissé par le réacteur NRU. Si le réacteur NRU avait continué de fonctionner, il y aurait quand même eu un écart de 15 p. 100. Même si nous avions planifié trois ou six mois à l’avance, cela n’aurait pas amélioré la situation. Il est intéressant de noter que, pendant la panne, nous avons contacté les Belges, nous avons contacté les Hollandais, nous avons contacté les Sud-Africains le 23 novembre pour les convaincre de nous accorder le montant maximal supplémentaire possible. Nous avons fait preuve de diligence. Nous avons tout essayé.
Autre détail intéressant, pendant la panne, il y avait aussi un réacteur européen qui était complètement à l’arrêt dans le cadre d’un entretien régulier. Ce n'est que le 18 décembre qu'il a été remis en marche. Un réacteur français a lui aussi été arrêté pendant cette période, avant l’adoption du projet de loi . Quel genre de planification aurait évité une telle situation?
Il faut se pencher sur la question de la capacité de production mondiale. C’est là la question fondamentale.
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Pour répondre à la première question, je crois que, pendant la fermeture du réacteur, nous aurions pu stabiliser la quantité de technétium et de molybdène que nous étions en mesure d'obtenir. Je pense que nous aurions maximisé les approvisionnements mondiaux reçus, ce qui nous aurait permis d'atteindre un certain équilibre. À ce stade, il y aurait probablement eu approximativement 30...
BMS détient approximativement 80 p. 100 du marché canadien; et Covidien; approximativement 20 p. 100. Covidien a été en mesure de prendre un peu d'expansion, et cela aurait pu porter sa part à 35 p. 100. Si, disons, Covidien aurait pu doubler sa part à 40 p. 100, nous aurions probablement eu une pénurie de 50 à 60 p. 100 de radio-isotopes, et nous aurions dû nous assurer que nous possédions des approvisionnements suffisants.
Cependant, nous aurions probablement été en mesure d'envisager le recours à d'autres isotopes pour certains des essais. Le thallium 201 aurait probablement permis un peu plus de scintigraphies cardiaques au technétium, et l'usage de fluorure provenant de cyclotrons aurait pu permettre d'améliorer certaines des scintigraphies osseuses. Le problème avec les fluorures est qu'il y a très peu de cyclotrons au Canada, et qu'ils ont une très courte demi-vie de deux heures. Cela aurait été une solution provisoire. Seuls les plus grands centres au Canada pourraient le faire.
Nous aurions probablement pu mieux rationaliser ce que nous faisions. Le pourcentage de Canadiens manquant leurs essais aurait probablement été de 50 à 60 p. 100. Ce sont les conclusions que je tire en me fondant sur les chiffres actuels.
Le communiqué a été rédigé parce que nous étions soulagés qu'une décision ait été prise. Nous étions d'avis que le gouvernement avait dû disposer des renseignements appropriés pour prendre cette décision. Nous ne sommes pas en mesure d'évaluer comment la décision a été prise ou pour quelle raison, mais le fait qu'une décision ait été prise a certainement été un soulagement pour tous les radionucléistes au Canada.
:
Bonjour, madame la présidente, mesdames et messieurs du comité.
[Traduction]
Je suis accompagné cet après-midi de mon sous-ministre et de ma sous-ministre adjointe pour parler de ce dossier.
[Français]
J'ai le plaisir d'aborder avec vous la question de l'incidence sur la santé de la fermeture du réacteur nucléaire de Chalk River.
À titre de membres du Comité permanent de la santé, vous êtes bien au fait de l'importance d'un diagnostic de qualité, surtout lorsqu'il s'agit de maladies graves comme le cancer et les maladies cardiovasculaires. Les isotopes servent à diagnostiquer et à traiter le cancer et les cardiopathies.
[Traduction]
Comme les membres le savent, le réacteur de Chalk River est une source essentielle d'isotopes médicaux au Canada et dans le monde. L'arrêt prolongé du réacteur NRU a réduit considérablement la quantité d'isotopes disponibles au Canada et à l'étranger.
Dès que j'ai été informé de la situation, le 5 décembre, mes fonctionnaires et moi avons réagi immédiatement pour contenir une situation qui devenait critique. Nous avons communiqué avec 773 établissements de santé du pays, y compris 245 centres de médecine nucléaire, pour évaluer la gravité de la pénurie. Nous avons constaté qu'il y avait déjà pénurie dans les petits centres ruraux et éloignés, surtout dans le Canada atlantique, et qu'elle était imminente ailleurs.
Nous nous sommes informés auprès des quatre autres fournisseurs d'isotopes médicaux en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Afrique du Sud pour savoir s'ils étaient en mesure de nous approvisionner en isotopes. Nous avons appris que le réacteur français et le réacteur sud-africain faisaient l'objet d'un entretien de routine au même moment. Nous avons été à même de constater que les fournisseurs étrangers ne pouvaient accroître leur production que de 10 à 15 p. 100. De plus, les fournisseurs étrangers ont signalé qu'ils ne pourraient pas nous fournir d'isotopes supplémentaires avant le 29 décembre, au plus tôt. Selon les renseignements que nous recevions à ce moment, cela aurait été trop peu, trop tard, puisque la pénurie, j'en suis absolument convaincu, aurait pris des proportions impossibles à gérer bien avant cette date.
Pendant ce temps, nous avons également réuni un groupe d'experts formé de spécialistes en oncologie, en cardiologie et en médecine nucléaire ainsi que de représentants de l'Association médicale canadienne et de la Société canadienne de médecine nucléaire. Selon ce groupe, il était évident que nous étions en pleine crise sanitaire, et qu'il fallait intervenir. L'un des membres de ce groupe d'experts, la Dre Karen Gulenchyn, a dit au Comité permanent des ressources naturelles la semaine dernière ce qui suit: « Nous croyons que des pénuries ingérables seraient survenues dans un délai d'une semaine ». Le groupe estimait qu'approximativement 10 p. 100 des patients étaient en danger de mort.
Le groupe d'experts nous a également informés qu'un autre 30 à 40 p. 100 des patients faisaient face à un risque de diagnostic et de traitement inadéquats, car les médecins ne possèdent pas l'équipement nécessaire. Ce message revient dans une lettre du 10 décembre 2007 adressée à Linda Keen dont j'ai obtenu une copie. Dans celle-ci, le Dr Brian Day, président de l'Association médicale canadienne, a déclaré que l'AMC « se joint à la Société canadienne de médecine nucléaire... pour exprimer sa grande inquiétude et sa grande déception concernant la perturbation de l'approvisionnement en radio-isotopes médicaux causée par l'arrêt prolongé du réacteur de Chalk River. »
Il poursuit en affirmant ce qui suit :
Cet événement est d'autant plus dévastateur pour les soins aux patients partout au Canada, et même dans le monde, qu'il est aggravé par ce que nous croyons être un manque de compréhension véritable des implications d'un arrêt prolongé pour les patients qui doivent avoir accès à des procédures diagnostiques vitales. Les médecins, dans leur cas, sont de plus en plus obligés de prendre des décisions cliniques difficiles sans pouvoir s'appuyer sur des outils de diagnostic appropriés qui leur sont essentiels.
J'espère que nous pouvons tous convenir qu'une erreur de diagnostic ou de traitement aujourd'hui pourrait engendrer une situation compliquée ou grave demain.
Bref, afin de répondre aux besoins des patients comme les Canadiens s'y attendent à juste titre, nous avons conclu qu'une quantité réduite d'isotopes médicaux obtenus de fournisseurs étrangers ne pouvait pas combler la pénurie engendrée par l'arrêt du réacteur de Chalk River, qui produit plus de la moitié de l'approvisionnement mondial. Par conséquent, il nous incombait de demander à la Commission canadienne de sûreté nucléaire des renseignements sur les moyens de régler cette crise croissante.
Nous voulions d'abord savoir s'il était possible de tenir une audience rapidement pour examiner le bien-fondé du dossier de sécurité d'EACL sans influencer de quelque façon que ce soit la décision de la Commission. Malheureusement, aucune audience n'a été tenue.
Ensuite, notre gouvernement a émis une directive stipulant que les décisions de la Commission devraient tenir compte de la santé des Canadiens dont le traitement nécessite le recours à des substances nucléaires. Cependant, cette directive n'a eu aucun effet.
Par conséquent, notre gouvernement a dû prendre une mesure décisive le 11 décembre en soumettant au Parlement le projet de loi . Bien sûr, ce projet de loi a été adopté avec l'appui de tous les partis et, à partir du 19 décembre, la production d'isotopes est revenue à ce qu'elle était avant l'arrêt du réacteur et les livraisons d'isotopes ont repris pendant la période des Fêtes.
Le Dr Andrew Ross, spécialiste en médecine nucléaire de Queen Elizabeth II Health Sciences Centre, à Halifax, a qualifié notre mesure de « cadeau de Noël fantastique ». Il n'était pas le seul à penser ainsi. En effet, l'Association médicale canadienne et la Société canadienne de médecine nucléaire ont remercié les parlementaires de toutes les allégeances politiques d'avoir agi si rapidement.
Maintenant que la situation est réglée, les fonctionnaires de mon ministère continuent de travailler avec les membres du groupe consultatif d'experts afin d'élaborer un plan d'urgence au cas où une perturbation de l'approvisionnement se produirait à l'avenir.
[Français]
Nous devons notamment évaluer le recours à des sources et à des techniques diagnostiques de substitution au besoin et examiner les moyens d'améliorer la collaboration internationale afin de mieux coordonner l'approvisionnement.
Ce travail vise également à assurer l'envoi d'un avis opportun au sujet de problèmes susceptibles de perturber l'approvisionnement.
En conséquence, nous avons établi un protocole de notification entre EACL, Ressources naturelles Canada et Santé Canada. Ce protocole indique clairement avec qui communiquer et quand le faire. Il indique en outre que toute information concernant le fonctionnement du réacteur de Chalk River et, par conséquent, l'approvisionnement en isotopes médicaux, doit être communiquée sur-le-champ.
[Traduction]
À l'avenir, lorsque mon ministère recevra de l'information au sujet d'une éventuelle pénurie, nous serons en mesure de nous inspirer des pratiques exemplaires utilisées en décembre et des leçons retenues de cette expérience pour communiquer immédiatement avec les provinces, les territoires, le milieu des soins de santé et les experts pertinents afin d'en évaluer l'incidence possible et d'adopter des stratégies pour y faire face.
Pour terminer, madame la présidente, je tiens à souligner que l'intervention de notre gouvernement était dictée par la nécessité de protéger la santé des Canadiens. L'arrêt de la production des isotopes à Chalk River signifiait que les professionnels de la santé ne disposaient pas de tous les outils nécessaires pour répondre aux besoins urgents des patients. À mesure que l'arrêt se poursuivait, les possibilités d'une crise sanitaire augmentaient. Notre gouvernement a agi de façon décisive pour régler la situation avant que cela ne soit trop tard. Nous avons agi avec l'appui de tous les partis au Parlement.
[Français]
Ensemble, tous les parlementaires ont mis de côté leurs opinions partisanes afin d'agir comme il se devait alors que des vies étaient menacées.
Notre gouvernement a pris les mesures nécessaires pour protéger la santé des Canadiens et des Canadiennes, et je remercie toutes les personnes présentes ici aujourd'hui de leur vote qui a contribué, en décembre, à atteindre ce résultat.
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Vous pouvez peut-être vous renseigner auprès de votre personnel, mais je crois que ces deux livraisons à Nordion se sont faites avant la fin de décembre.
Je ne veux pas parler trop longtemps de la décision prise au Parlement. Nous étions tous en faveur. Il nous manquait des isotopes, et nous devions faire quelque chose pour en produire. J'ai cru comprendre que le réacteur fonctionnait normalement, et qu'un comité de Ressources naturelles Canada examinait ces questions.
Cependant, je n'approuve pas la façon dont votre gouvernement a traité Mme Keen. Un organisme de réglementation doit respecter la loi et établir des règlements. Si le Cabinet ou le Parlement doit prendre des décisions qui dépassent les capacités d'un organisme de réglementation, il le fera, et le Parlement en assumera les responsabilités.
J'aimerais discuter de quelques questions avec vous. Premièrement, je voudrais aborder le sujet des communications dont vous avez traité lors de votre intervention, je crois en réponse à une question de M. Malkoske ce matin. Vous ne vous êtes pas contenté de parler des communications au Canada, mais également des communications dans le monde. Très peu de réacteurs sont capables de produire ces isotopes. Nous en sommes le plus grand producteur.
Si vous examinez la situation, nous avons eu un arrêt prolongé. Juste après la fermeture de notre réacteur, deux réacteurs dans d'autres pays ont été fermés. Il me semble que cela serait une solution simple d'établir un protocole international entre tous les producteurs stipulant qu'il ne devrait pas y avoir plusieurs fermetures à des dates très rapprochées, car il y a toujours la possibilité qu'une de ces fermetures soit prolongée pour une raison ou une autre.
Discute-t-on de ces questions à l'échelle internationale? Y a-t-il un risque que la même situation se produise l'année prochaine, dans deux ans ou dans dix ans?
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Je sais que M. Rosenberg est un homme compétent. J'étais secrétaire parlementaire du ministre de la Santé depuis 18 mois au moment où M. Rosenberg a commencé à exercer ses fonctions actuelles.
J'ai été informé de la situation quand la Presse canadienne a publié des articles sur la question le 1er décembre et lors du reportage de la CBC d'Halifax du 4 décembre. Je ne sais pas quelles coupures votre ministère conserve quotidiennement. Votre ministère refuse de partager cette information avec les porte-parole de l'opposition, mais nous trouvons ces articles. Votre ministère était au courant de la situation à l'époque. Il est impossible qu'une telle situation puisse se produire...
Je ne peux pas concevoir que, le 22 novembre, le président d'EACL a été informé de l'arrêt prolongé... Ironiquement, M. Burns est responsable de l'énergie nucléaire. Cela me fait penser un peu à l'émission Les Simpsons. M. Burns n'est pas un valet des libéraux. Il a été nommé par les conservateurs comme président de cette société. Il affirme que le ministre des Ressources naturelles a été informé en même temps que lui.
J'ai été ministre avant. Je sais que les conseils fournis à un ministre ne sont pas nécessairement sur le bureau du ministre tout de suite, mais je peux vous assurer qu'ils sont dans le cabinet du ministre ou du sous-ministre avant la fin de la journée. Je ne peux pas concevoir qu'il y ait eu un arrêt prolongé à Ressources naturelles le 22 novembre et que le ministre des Ressources naturelles en a seulement été averti le 3 décembre; et le ministre de la Santé, le 5 décembre; et que personne du ministère de la Santé... Je suis sûr que Nordion a publié un communiqué de presse le 21 novembre.
Une voix: Le 30.
L'hon. Robert Thibault: Le 30 novembre, Nordion a publié un communiqué de presse pour avertir ses clients de la situation. Je ne peux pas croire que le ministère de la Santé n'aurait pas pris connaissance de cette information.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie le ministre et son personnel de leur présence ici.
Je sais que vous croyiez que vous vous trouviez dans une situation dangereuse. Vous l'avez dit pendant le débat du 11 décembre. Cependant, rien de ce que vous n'avez fait, monsieur le ministre, avant ce moment me donne à croire que vous avez réagi comme si vous vous trouviez dans ce type de situation. Même si vous n'étiez pas au courant avant le 5 décembre... Rien ne prouve que vous ne dites pas la vérité, à part qu'il semble incroyable que vous n'ayez pas été informé de cette dangereuse situation avant le 5 décembre, surtout après que MDS Nordion nous a fourni des preuves irréfutables qu'elle avait informé votre gouvernement de la situation le 22 novembre.
Alors, même si vous n'étiez pas au courant le 5 décembre, il semble que vous n'avez pas réagi rapidement. Vous n'avez pas informé publiquement les intervenants du milieu de la santé. Vous n'avez pas informé les parlementaires. Vous n'avez pas pris des mesures immédiates pour résoudre la situation très rapidement. Même lorsqu'on a demandé à votre sous-ministre s'il avait été averti de la situation le 5 décembre, il a répondu « j'ai été informé de la situation le 5 décembre, et je crois que le ministère a également été averti le 5 décembre ». Il a clairement laissé la porte ouverte à la possibilité qu'une personne du ministère aurait été au courant. Il y aurait eu des communications quelque part si c'était une situation aussi dangereuse que vous le dites.
Nous savons aussi aujourd'hui grâce au témoignage de MDS Nordion que, le 23 novembre, le gouvernement faisait des appels dans le monde entier afin de trouver d'autres fournisseurs. Il serait très bizarre que le ministère de la Santé ne soit pas au courant de la situation. Si nous acceptons le fait que vous n'étiez pas informé de ce qui se passait le 5 décembre, cela voudrait dire qu'il y a eu une rupture claire des communications dans votre gouvernement. Nous espérions que vous alliez aborder cette question aujourd'hui, que vous reconnaîtriez ce problème et que vous diriez comment vous alliez le résoudre. Vous n'avez rien dit dans le cadre du protocole ou de vos observations aujourd'hui qui laisse entendre la façon dont vous allez vous assurer dans votre gouvernement que lorsqu'une personne d'un ministère, comme les Ressources naturelles, apprend l'existence d'une situation dangereuse, il existe un mécanisme permettant de communiquer ces renseignements aux plus hauts échelons du gouvernement.
Monsieur le ministre, vous pouvez hocher la tête tant que vous voudrez, mais j'ai également été ministre dans un gouvernement, et je sais que si j'avais été dans une situation similaire, j'aurais perdu mon emploi, car nous fonctionnons, comme vous devriez le faire également, sur des principes de responsabilité ministérielle. Au bout du compte, vous êtes responsables des décisions qui sont prises ou non prises, et vous avez échoué dans vos tâches — pas personnellement, mais quelque chose dans votre système n'a pas bien fonctionné — et il y a eu une rupture de communication. Vous n'avez pas abordé cette question.
J'aimerais donc entendre ce que votre gouvernement prévoit faire pour s'assurer que lorsque des situations dangereuses sont signalées au gouvernement, elles sont transmises du fonctionnaire qui a reçu l'information au ministère, puis au ministre, puis au prochain ministère concerné et, finalement, à vous en tant que ministre de la Santé responsable de cette situation.
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J'ai écouté ce que vous aviez à dire. Maintenant, écoutez-moi.
Comment osez-vous mettre en doute les employés de mon ministère qui ont affirmé très clairement qu'ils n'étaient pas au courant de la situation? Si vous avez la moindre preuve qu'ils savaient quelque chose, fournissez-la. Sinon, je vous suggère d'arrêter de porter ces accusations.
Mon ministère a agi franchement et extrêmement rapidement. Je dis qu'il l'a fait parce qu'il croit en la santé et la sécurité des Canadiens. Je démissionnerais si je pensais jamais que j'avais laissé tomber les Canadiens, mais je peux vous affirmer que j'ai reçu des courriels et des lettres de gens partout au pays me disant que nous avions agi rapidement. Ces gens avaient tous un ami, un parent ou un voisin ayant un besoin urgent de radio-isotopes, et nous avons fait ce qui s'imposait pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens. Ce sont les personnes que j'écoute et, si elles me disaient de démissionner, je le ferais. Cependant, je ne démissionnerais pas parce que vous croyez que vous pouvez faire un meilleur travail.
Je vis cela en tant que ministre de la Santé depuis cinq ans, et je peux vous dire que toutes les fois qu'une situation comme celle-ci se produit, l'opposition demande la démission du ministre de la Santé. Je crois que c'est dégoûtant et vous devriez être gênée.