:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je suis ravie de me présenter devant le comité aujourd'hui afin de vous donner un aperçu des activités post-commercialisation relatives aux produits pharmaceutiques. Dans ma déclaration préliminaire, je donnerai un aperçu des principaux volets de notre programme, des mesures que le ministère a récemment prises pour améliorer celui-ci et des nouvelles stratégies que nous envisageons d'utiliser pour renforcer notre système de sécurité.
[Français]
À titre d'autorité fédérale chargée de réglementer les produits de santé et les aliments, Santé Canada joue un rôle clé dans la protection et l'amélioration de la santé et de la sécurité des Canadiens.
Permettez-moi, ce matin, de vous donner un aperçu de la façon dont nous réglementons les produits pharmaceutiques, ce qui est le centre d'intérêt principal de ce comité.
[Traduction]
Je vais commencer par vous parler du rôle que jouent les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans la réglementation des produits pharmaceutiques.
Comme vous le savez, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont un intérêt mutuel évident à assurer l'utilisation sécuritaire et efficace des produits pharmaceutiques. Le gouvernement fédéral est responsable de la surveillance réglementaire de l'innocuité des produits pharmaceutiques qui sont mis à la disposition des Canadiens. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux offrent également des programmes d'assurance-médicaments aux Canadiens. Dans le cas du gouvernement fédéral, c'est par l'entremise de la Direction générale de la santé des premières nations et des Inuits, pour les collectivités des premières nations.
Pour que la vente d'un produit pharmaceutique soit autorisée au Canada, le fabricant doit fournir au ministère la preuve scientifique qu'il s'agit d'un produit sûr, efficace et de qualité. Des scientifiques examinent ensuite cette preuve afin de déterminer si les risques associés au produit en question sont acceptables à la lumière des avantages potentiels qu'il présente.
Une fois que la vente du produit est approuvée, Santé Canada entreprend un certain nombre d'activités post-commercialisation importantes que le comité a définies dans le mandat de l'étude concernée. Il s'agit d'activités de surveillance post-commercialisation, de conformité et d'application de la loi de même que d'activités de gestion et de communication des risques.
La surveillance post-commercialisation est le processus de suivi des produits pharmaceutiques et des autres produits de santé déjà approuvés sur le marché dans le but d'évaluer les tendances des signaux et de l'innocuité lorsque ces produits sont utilisés par une population plus importante. Il incombe au fabricant de rendre compte des effets indésirables graves de tout produit.
Par ailleurs, Santé Canada encourage les professionnels de la santé et les patients à faire de telles déclarations. Santé Canada évalue l'information remise et prend les mesures appropriées si un risque grave pour la santé est établi, ou si les risques associés à un produit sont plus importants que les avantages qu'il présente. Ces mesures peuvent aller de l'émission d'avertissements destinés au public et aux professionnels de la santé à l'annulation de la commercialisation d'un produit.
Dans le monde entier, les responsables de la réglementation des produits de santé font face à de nouveaux défis en raison de l'évolution des modes de commercialisation, d'une mondialisation accélérée de l'industrie, de l'évolution rapide de la science, de la complexité accrue des produits réglementés et des attentes toujours plus élevées du public. Ces dernières années, on a pris des mesures afin d'atténuer certaines des pressions que subit notre système de réglementation et de régler certains des problèmes qu'il connaît. Grâce aux investissements que nous avons faits par le passé, le processus d'examen des médicaments est devenu beaucoup plus efficace et mieux adapté aux besoins des divers intervenants. Santé Canada a comblé son retard en matière de présentation et a atteint ses objectifs de rendement calqués sur les normes internationales en ce qui concerne l'examen des présentations de nouveaux produits pharmaceutiques et biologiques, tout en respectant ses normes élevées en matière d'innocuité.
À la suite des problèmes d'innocuité de haut profil reliés aux inhibiteurs de la COX-2 et à la lumière des recommandations formulées par le Comité permanent de la santé en 2004, des mesures ciblées ont été prises en vue de renforcer l'innocuité des produits pharmaceutiques et d'autres produits de santé grâce au financement qui a été considérablement accru.
J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier le Comité permanent de la santé pour le travail qu'il a accompli dans le passé en ce qui a trait aux problèmes reliés aux produits de santé, particulièrement le rapport 2004 Dans l'armoire à pharmacie qui a contribué à orienter notre travail le plus récent sur le renforcement et la modernisation du système de sécurité pour les produits pharmaceutiques.
Pour votre gouverne, nous avons apporté une trousse d'information contenant tous les divers rapports qui se sont appuyés sur les travaux du Comité permanent de la santé au cours des dernières années. Vous y trouverez plus de détails sur la question dont nous allons parler ce matin.
Les améliorations apportées au cours des dernières années pour renforcer la surveillance post-commercialisation qui intéresse surtout votre comité, comprennent notamment une meilleure supervision des essais cliniques, l'amélioration des méthodes d'évaluation et de surveillance des produits commercialisés et une surveillance plus stricte du respect de la loi et une application plus stricte de celle-ci.
Nous avons amélioré notre capacité de recueillir un plus grand nombre de données plus fiables à propos de l'innocuité des produits actuellement sur le marché ainsi que notre capacité d'évaluer ces données et de communiquer les risques connexes. Par exemple, nous avons créé le site Web MedEffet Canada, un guichet unique qui permet de fournir au moment opportun des renseignements sur l'innocuité des produits de santé. Il y a actuellement 17 000 personnes inscrites à l'avis électronique MedEffet. Nous distribuons le Bulletin canadien des effets indésirables à près de 67 000 médecins par le truchement du Journal de l'Association médicale canadienne et à 25 000 pharmaciens à l'échelle du Canada.
Nous avons par ailleurs ouvert deux nouveaux bureaux régionaux des effets indésirables, pour un total de sept, et nous avons connu une augmentation de 50 p. 100 du nombre de déclarations d'effets indésirables soumises à Santé Canada depuis 2006.
Même s'il nous fallait effectuer ces investissements pour combler au plus vite les lacunes de l'actuel système de sécurité du Canada, la plupart des intervenants étaient d'avis que Santé Canada devait changer sa façon de réglementer les produits de santé.
[Français]
À l'automne de l'année 2006, Santé Canada a mis en oeuvre un vaste examen de ses cadres législatif, réglementaire et stratégique visant les produits de santé, connu sous le nom de Plan de renouveau. Ce document propose un certain nombre d'orientations visant à moderniser le système de réglementation, notamment des stratégies destinées à renforcer la sécurité des produits pharmaceutiques tout au long de leur cycle de vie.
[Traduction]
Nous avons mené des consultations nationales auprès de plus de 150 intervenants désignés dans le plan de renouveau. Vous en avez une copie devant vous. Ils ont été nombreux à appuyer les approches proposées en vue de la modernisation de notre système.
Le plan de renouveau définit un certain nombre de lacunes touchant le système de réglementation. Par exemple, la législation en vigueur, adaptée aux réalités des années 50, est aujourd'hui dépassée. Il s'agit d'un système réactif, qui n'est pas toujours axé sur les domaines dans lesquels les risques sont les plus élevés et utilise des instruments grossiers, créant ainsi souvent des approches universelles de la réglementation des produits. Le système met l'accent sur la pré-commercialisation et sur des approches ponctuelles pour évaluer l'innocuité des produits, au lieu d'examiner les risques et les avantages associés aux produits tout au long de leur cycle de vie. L'expérience des inhibiteurs de la COX-2 a démontré la nécessité de combler ces lacunes, en particulier en ce qui concerne les autorisations délivrées après la vente et les capacités connexes, afin de prévenir des incidents similaires à l'avenir.
La proposition de plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation, annoncée par le premier ministre en décembre 2007, ainsi que le document de travail connexe publié à la mi-janvier, modifieraient radicalement le système de réglementation des produits pharmaceutiques et des autres produits de santé, de sorte qu'ils réagissent plus efficacement aux changements rapides que connaît l'environnement de réglementation et protège mieux la santé et la sécurité des Canadiens. Ce changement pourrait s'opérer grâce à la mise en oeuvre d'une approche axée sur le cycle de vie, laquelle est conforme aux autres organismes de réglementation de premier plan, par exemple la Food and Drug Administration des États-Unis et l'Agence européenne des médicaments.
Dans le cadre de l'approche axée sur le cycle de vie qui est proposée, on pourrait prendre un certain nombre de mesures pour prévenir de façon plus proactive les incidents liés à la sécurité, garantir une supervision mieux ciblée et réagir rapidement à des incidents qui définissent la norme internationale des activités de vigilance.
La réussite de la mise en oeuvre de ce plan d'action exigerait des modifications législatives à la Loi sur les aliments et drogues. Plus précisément, on requerrait le pouvoir d'adopter des approches axées sur le cycle de vie pour la réglementation des produits de santé, passant ainsi d'un examen pré-commercialisation à un examen consistant à évaluer continuellement les risques et les avantages associés à un produit, avant et après sa mise en marché, en énonçant les conditions pertinentes sur la licence. Cela fournirait des outils modernes et efficaces de vérification du respect et d'application de la loi (notamment un régime moderne d'amendes et de sanctions), et le pouvoir de retirer du marché les produits de santé jugés dangereux. Cela permettrait au ministère, en collaboration avec les provinces et territoires, d'obliger les hôpitaux à rendre compte des effets indésirables graves de certains médicaments. Enfin, cela améliorerait la transparence des activités de réglementation de Santé Canada et favoriserait une plus grande participation du public à la prise de décision de nature réglementaire.
L'adoption d'une approche axée sur le cycle de vie pour la réglementation des produits de santé fournira des renseignements sur les risques et les avantages associés à un médicament, en fonction de l'utilisation pratique qui en est faite, et permettra à Santé Canada de mieux réagir aux problèmes touchant la sécurité lorsqu'ils surviennent, ce qui limitera les effets néfastes sur la santé des Canadiens de l'usage de produits jugés dangereux.
Voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Je suis accompagnée de mes collègues, qui pourront vous donner des détails sur certaines des questions dont nous avons parlé. Je peux vous laisser le soin de poser des questions, ou nous pouvons vous donner des détails immédiatement, si vous le préférez.
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Merci d'être parmi nous aujourd'hui.
Nous débutons nos séances d'information sur la postcommercialisation des produits et des médicaments. Nous avons donné la priorité à ce sujet parce que nous lisons les journaux et parce que plusieurs citoyens se disent inquiets. Des produits sont sur le marché et ont des effets sur la vie et la santé des gens. Plusieurs se demandent s'ils devraient encore consommer certains produits pharmaceutiques ou encore utiliser certains cosmétiques.
À la page 2 de votre présentation, madame Ballantyne, vous dites: « Grâce aux investissements annoncés dans le budget 2003, le processus d'examen des médicaments est devenu beaucoup plus efficace [...] » Vous dites encore qu'en 2004 « [...] des mesures ciblées ont été prises en vue de renforcer l'innocuité/la salubrité des produits pharmaceutiques et d'autres produits de santé, grâce aux fonds prévus par le budget 2005. »
Si ma mémoire est bonne, la vérificatrice générale avait relevé que le financement des programmes de réglementation supervisés par Santé Canada était à la hausse, mais que le financement de base, dans le domaine des médicaments, était à la baisse de 32 p. 100 sur trois ans, soit de 7,1 millions de dollars en 2003-2004 et de 4,8 millions de dollars en 2005-2006.
Comment se fait-il que vous ne parliez pas de cette lacune? Vous semblez dire que le budget dont vous disposez va vous permettre d'atteindre les objectifs visés par votre réforme. Comment expliquer que vous ne nous parliez pas de manque de financement et de ressources? Il semble que Santé Canada, avec les différentes directions qui s'occupent de l'innocuité des médicaments, n'arrive pas à remplir ses obligations et à superviser l'ensemble des étapes jusqu'à la postcommercialisation des produits.
Ce sont mes premières questions.
:
D'accord. C'est parce que j'aimerais vous donner une réponse précise.
[Traduction]
Nous examinons actuellement notre base de ressources, à la suite du rapport du vérificateur général et des investissements qui ont été faits dans le passé. Nous examinons les ressources dont nous avons besoin pour assumer nos responsabilités en matière de réglementation d'une manière efficace et plus moderne. Ce travail et ces discussions se poursuivent à l'heure actuelle.
Il n'y a aucun doute qu'il y a un problème de ressources. Nous examinons divers mécanismes pour y remédier, parce que c'est important pour nous de faire en sorte que nous puissions effectuer notre travail de manière à répondre aux attentes et aux besoins des Canadiens. Nous espérons donc pouvoir présenter d'ici quelques semaines une réponse au comité des comptes publics. Nous avons fait un examen exhaustif de nos programmes et services pour donner suite au rapport du VG. Nous avons entamé des consultations qui se poursuivent sur notre régime de recouvrement des coûts, qui est également désuet puisqu'il date du milieu des années 90.
À notre avis, il faut transformer la manière dont nous réglementons les produits dans le domaine de la santé au pays, afin de répondre aux besoins des Canadiens aujourd'hui et à l'avenir et de nous tenir à jour relativement à nos partenaires internationaux, parce que nous avons actuellement du retard. Nous devons faire cela de manière responsable et veiller à accorder suffisamment d'attention non pas seulement à la situation antérieure à la mise en marché, mais aussi à ce qui se passe par la suite.
À mon avis, cette approche dont nous discutons et qui est fondée sur le cycle de vie représente une véritable transformation. Nous ne nous contenterons plus de réagir et d'étudier un médicament donné de manière ponctuelle pour le mettre ensuite en marché et laisser les forces du marché, en l'occurrence les Canadiens, faire l'expérience des éventuels effets secondaires et subir les conséquences de nos décisions. Nous soutenons donc qu'avec l'approche du cycle de vie, nous allons suivre les médicaments et produits de santé tout au long de leur cycle de vie, de sorte que lorsqu'ils seront diffusés dans le vrai monde, après les effets cliniques, quand ils seront utilisés par des gens très jeunes ou très vieux souffrant d'un certain nombre d'états pathologiques, nous pourrons suivre l'ensemble de la situation et appliquer ainsi une certaine clairvoyance en matière de réglementation, laquelle n'est pas simplement un instrument ponctuel. Oui, nous pouvons toujours rappeler un produit... En fait, en l'occurrence, nous ne le pouvons pas car nous ne sommes pas habilités par la loi à rappeler un produit de santé au Canada, ce que je trouve personnellement absolument consternant.
Nous disons donc qu'au lieu de procéder comme nous le faisons actuellement, nous pourrions calibrer plus précisément ce que nous devons faire.
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Au sujet de l'ICH, la Conférence internationale sur l'harmonisation, je pense que nous devons dire tout à fait catégoriquement et fermement qu'il n'est nullement question, dans le cadre de cette modernisation, de diminuer l'importance des données scientifiques qu'il faut pour obtenir l'approbation, pour s'assurer qu'un produit présente des avantages et peu de risques avant qu'il soit mis en marché. Il est très important de le dire. Il n'y a aucun compromis là-dessus.
Au cours de la période préalable à la mise en marché, on se trouve en fait à faire des expériences avec un médicament, et il reste encore beaucoup de choses que l'on ignore quand il est diffusé dans l'ensemble de la population. C'est à ce niveau que l'on commence vraiment à accentuer l'effort scientifique. C'est un domaine relativement neuf. Nous n'avons probablement pas assez d'épidémiologistes pharmaceutiques au Canada.
Par contre, nous espérons ardemment pouvoir travailler avec nos partenaires décideurs dans les provinces notamment afin d'obtenir les meilleures interventions au moment le plus logique. Ce que nous voulons, en fait, c'est d'exercer une surveillance sans relâche des risques qui sont plausibles, qui paraissent logiques.
Et il se fait actuellement beaucoup de planifications. Au niveau de l'examen préalable à la vente, ce qui se fait dans le monde consiste en grande partie à s'assurer qu'avant de permettre à une compagnie pharmaceutique de vendre un médicament, même dans une situation préalable à la mise en marché, on met en place un plan vraiment solide quant à la manière dont on va faire un suivi pour évaluer les risques sur le marché et l'on constate un engagement beaucoup plus solide au niveau de cette planification.
Cela commence d'ailleurs à transparaître dans la réglementation. Il ne s'agit pas d'amoindrir la norme exigée; il s'agit en fait de bien diriger, de bien étudier et de bien planifier. La planification n'est pas tout et il faut donc intervenir si quelque chose ne va pas, mais l'idée de planifier au départ est fondamentalement bonne, à notre avis, et cela permettra d'améliorer la surveillance.
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Vous n'êtes peut-être pas à l'heure actuelle en train de réduire les exigences à l'étape préalable à la commercialisation. Je dirais en fait que le ministère et les gouvernements qui se sont succédé, pas uniquement le présent gouvernement mais aussi le gouvernement antérieur, ont pris toutes les mesures désastreuses qu'ils devaient prendre pour passer déjà d'un modèle de surveillance préalable à la commercialisation à un modèle de gestion du risque.
Dès que j'ai été élue en 1997, la première chose qui s'est passée, c'est que le ministre libéral de la Santé s'est débarrassé du seul bureau indépendant de recherche sur les médicaments qui restait pour tester — écoutez bien — les répercussions post-commercialisation. Autrement dit, les effets indésirables du mélange d'un certain médicament et de certains aliments, ou du mélange de médicaments ou du mélange d'un médicament et d'un produit de santé naturel — plus rien.
Les scientifiques ont été obligés de quitter le ministère parce qu'ils ont tenu bon et ont dit, « Nous n'allons pas nous laisser intimider par le gouvernement, qui a été intimidé par les grandes sociétés, pour nous forcer à minimiser nos normes et nos données scientifiques ». Nous sommes donc arrivés à un stade où tous les mécanismes de contrôle rigoureux qui existaient préalablement à la commercialisation se trouvent essentiellement remplacés par l'autoréglementation de la part de l'industrie.
Vous êtes maintenant en train de passer à l'étape suivante et vous utilisez toutes sortes d'expressions prétentieuses à propos de l'octroi progressif de licences ou de cycle de vie. D'après ce que je peux voir, ce sont simplement de belles paroles pour permettre au gouvernement de faire un pas de plus vers l'élimination de la Loi sur les aliments et drogues, qui se fonde sur le principe de précaution et le principe consistant à éviter de causer du tort, pour se conformer aux normes réglementaires et commerciales de même qu'à celles de l'OMC.
Il semble que ce sont les pressions commerciales de la part de la communauté internationale qui sont à l'origine de cette situation. Laissez-moi vous donner un exemple, et vous pourrez répondre. Si nous avons ce modèle de précaution, comment se fait-il que l'on a mis sur le marché des aliments rances pour bébés et que personne n'a jugé bon de le signaler à Santé Canada, parce qu'on allait attendre de voir si quelqu'un allait tomber malade? Puis, lorsque quelqu'un tombe malade, on vous le signalera et vous interviendrez peut-être.
C'est l'exemple parfait de la façon dont le gouvernement a agi au cours des 10 dernières années et de la façon dont votre ministère agit à l'heure actuelle. J'aimerais savoir où, dans tout cela, se situe le mécanisme qui permet de s'assurer d'intervenir de façon beaucoup plus proactive lorsque des produits dangereux entrent sur le marché.
Tout d'abord, je ne crois pas que cela soit possible dans les cas de tous les aliments, mais en ce qui concerne les médicaments, que l'on s'assure au moins que les médicaments sont sûrs avant qu'ils soient vendus sur le marché. Vous êtes passés à l'autoréglementation, c'est-à-dire que vous laissez l'industrie se réglementer elle-même. Vioxx en est un bon exemple. On le met sur le marché. Il est préférable que ce soit les compagnies pharmaceutiques qui fassent les essais et s'occupent des aspects réglementaires, mais on le met sur le marché et ensuite lorsque quelqu'un meurt, on les indemnise parce que c'est meilleur marché pour les compagnies pharmaceutiques.
Il faut nous expliquer comment une telle façon de procéder sera mieux pour les Canadiens.
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J'ajouterais que ce qui est intéressant, pour ce qui est de bâtir la science autour de la surveillance post-commercialisation, c'est qu'elle est en pleine évolution. Vous avez demandé si une partie du travail avait déjà été fait. La réponse est non, parce que nous ne disposions pas de l'outil nécessaire.
J'ai un rapport de trois pages, que je pourrais laisser au comité, qui décrit ce que nos partenaires réglementaires sont capables de faire sur leur territoire. Ici au Canada, comme l'a mentionné Mme Bennett, nous avons l'occasion de nous positionner comme chef de file, à l'aide d'outils tels que le Système national d'information sur l'utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP), et le Service canadien de prescriptions et d'utilisation optimale des médicaments (SCPUOM). Ce sont ces ressources que nous pouvons mettre à contribution.
Dans d'autres pays, par exemple, la Nouvelle-Zélande, la France et la Norvège, il existe des centres de vigilance pharmaceutique qui sont liés aux établissements de santé. Au Royaume-Uni, on retrouve la base de données sur les cabinets de généralistes, qui permet à un groupe de médecins de faire le suivi de leurs patients et permet que les renseignements recueillis soient explorés. L'exploration de données, qui était moins répandue autrefois, est un outil dont nous nous servons dans le cadre de certains partenariats avec le Royaume-Uni et la HRA, notre pendant. Nous bénéficions de la base de données sur les cabinets de généralistes.
Mais nous aussi pouvons apporter des contributions. Nous entretenons des discussions, tel que l'a indiqué Mme Ballantyne, avec nos partenaires réglementaires à l'étranger afin que nous puissions participer à l'expérience mondiale de surveillance.
La réalité est-elle que les rares cas des faits indésirables, surtout ceux observés dans une sous-population, sont moins aptes à être repérés au Canada si on ne peut pas explorer les données mondiales? Si on souhaite répondre aux besoins d'une sous-population, il faudrait peut-être se renseigner dans un autre coin du monde. Par exemple, dans le cas de certains produits, tels que les remèdes chinois traditionnels et les remèdes ayurvédiques indiens, il est beaucoup plus probable que les Canadiens pourront trouver les renseignements dans les coins du monde où il existe une plus grande population témoin.
Je vous ai fourni des exemples de nos partenariats étrangers. Nous savons que nous ne pouvons pas tout accomplir seuls, nous devons collaborer avec nos partenariats réglementaires étrangers afin de pouvoir bénéficier de l'ensemble de l'expertise.
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Je vous remercie d'être venus aujourd'hui nous aider dans le cadre de notre étude sur un domaine d'une importance aussi critique, afin de nous assurer que les Canadiens peuvent avoir confiance en l'innocuité des médicaments qu'ils prennent.
C'est justement la question que je voulais vous poser. Les Canadiens peuvent-ils être sûrs de notre surveillance post-commercialisation, notamment en ce qui concerne les effets indésirables des médicaments?
Je sais qu'il y a eu des cas récemment d'effets indésirables graves ou qui auraient pu le devenir. Après avoir lu les documents que nous avons reçus, je sais que les professionnels de la santé ne sont pas tenus d'en faire rapport. Je suis sûre que bon nombre d'entre eux le font, mais selon ce que j'ai lu, il se peut que de nombreux professionnels ne le fassent pas. Je suis étonnée et peut-être même choquée d'apprendre que cela se passe sur une base volontaire. Je comprends que l'industrie fait l'objet de contraintes obligatoires, mais dans le cas des professionnels de la santé, le système semble être facultatif. Pourriez-vous nous indiquer le nombre de médecins exerçant dans les hôpitaux et dans des cabinets privés qui fournissent de façon régulière ces renseignements?
Toujours dans la même veine, vous avez mentionné des cas rares d'effets indésirables, mais comment pouvons-nous savoir qu'il s'agit de cas rares? Quelqu'un pourrait souffrir d'effets indésirables graves et croire qu'il s'agit d'un cas rare. En fait, si les rapports sont insuffisants, quelle qu'en soit la raison, peut-être que les cas ne sont pas si rares que ça. Je crois qu'il s'agit d'un facteur critique si l'on veut instaurer une confiance.
Il me semble qu'il y a un besoin d'améliorer le système. Allons-nous apporter des changements qui amélioreront considérablement le niveau de confiance, ou allons-nous négliger l'élément de l'information? C'est l'information qui nous permettra de prendre les meilleures décisions quant à la santé et la sécurité des Canadiens qui prennent des produits pharmaceutiques.
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Vous avez tout à fait raison, les fabricants sont tenus de faire rapport d'effets indésirables, mais non les professionnels de la santé, ni les Canadiens bien sûr.
Le signalement des effets indésirables est insuffisant pour diverses raisons, notamment les obstacles aux rapports et les systèmes de communication. Nous nous penchons activement sur cette question, car il s'agit d'un élément fondamental de l'activité de surveillance post-commercialisation. Il va sans dire que nous devons essayer d'augmenter les rapports au moyen d'une approche sur plusieurs fronts, car ceci nous permettra d'alimenter notre base de données en ce qui concerne l'attribution progressive des licences et le cycle de vie.
Mes collègues qui travaillent sur ces questions depuis beaucoup plus longtemps que moi pourront répondre mais j'aimerais dire que dans le cadre de nos consultations, lorsque nous avons examiné les pratiques internationales, les pratiques nationales et consulté un éventail de personnes, on a conclu qu'en ce moment il y a de nombreux responsables qui commencent à mettre sur pied des systèmes de déclaration d'incidents. À titre d'exemple, quelques provinces, je crois que c'est le Manitoba et la Saskatchewan, dotent leurs hôpitaux ou leurs régies régionales de la santé de systèmes de déclaration critique. L'Institut canadien pour la sécurité des patients, comme nous le savons, préconise une démarche semblable, afin que ce ne soit pas une personne qui soit tenue responsable et que nous puissions tirer des leçons au sein du système.
À la suite de nos consultations, nous avons trouvé que peut-être le meilleur point de départ serait des rapports obligatoires par les hôpitaux signalant des effets indésirables graves de médicaments réglementés, car nous savons que les personnes seront hospitalisées, malheureusement, si elles sont victimes d'effets indésirables graves. Une première étape possible serait d'instaurer un système de déclaration obligatoire dans les établissements de santé. Nous travaillons activement avec nos collègues dans les provinces et les territoires, et il reste toujours des problèmes à régler, mais je crois que nous voulons nous lancer sur cette voie, parce que nous devons augmenter le nombre de rapports par divers moyens.
Nous avons d'autres approches. Par exemple, nous travaillons avec des groupes comme l'Association médicale canadienne et l'Institut canadien d'information sur la santé en espérant pouvoir obtenir des déclarations dans un avenir rapproché sans être obligés de compter sur une déclaration volontaire ou d'attendre une déclaration volontaire.
En ce qui concerne les déclarations des fabricants, bien que 66 p. 100 des déclarations que nous recevons proviennent en fait des fabricants, ces derniers les obtiennent des professionnels de la santé ou des consommateurs. Par exemple, s'il y a un numéro sans frais sur une étiquette et qu'un consommateur téléphone au fabricant, le fabricant doit alors le déclarer. En d'autres termes, l'élément d'obligation est que le fabricant doit nous faire part de toute information dont il est mis au courant, peu importe où il l'obtient. Le fabricant doit faire une déclaration, qu'elle provienne d'un médecin, d'une infirmière, d'un dentiste, d'un naturopathe ou d'un consommateur.
Le problème, c'est que la qualité peut varier énormément, selon jusqu'à quel point ils étaient près de la situation. Si un vendeur qui se trouvait dans le bureau d'un médecin nous faisait parvenir une déclaration complète qu'il avait obtenue de ce médecin, ce serait bien sûr beaucoup plus utile que si nous savions seulement que quelqu'un avait eu une réaction cutanée, sans que l'on sache quelle était la dose exacte, et sans qu'il y ait de relation temporelle pour nous dire à quel moment le médicament avait été pris, ce qui est moins utile. Les 17 000 déclarations que nous recevons chaque année au Canada et les 350 000 déclarations étrangères par an nous permettent d'avoir des données complètes. Ça devient donc un exercice qui nous permet de cerner les tendances.
Donc, une fois que nous avons déterminé ce que nous appelons un signal, il y a des signaux éventuels, alors ces derniers font l'objet d'une enquête plus approfondie. Il peut parfois s'agir d'une étude post-commercialisation. On peut communiquer avec des organismes de réglementation étrangers, avec des universitaires ou les provinces ou les territoires pour obtenir de l'information sur l'utilisation. On peut dans certains cas acheter des données d'utilisation de groupes comme INS, ou Brogan Inc., et d'autres qui ont ce genre d'information et ainsi être en mesure d'évaluer la situation en ayant tous les éléments.
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Je pense que le point que vous soulevez est le fait que nous pouvons recevoir de l'information de diverses sources. Par exemple, on apprend aujourd'hui qu'un Québécois a une réaction fatale après avoir pris une dose excessive de médicaments contre le rhume.
Nous ne limitons pas l'enquête ou la création d'une déclaration à quelqu'un qui nous envoie en fait une déclaration par télécopieur — et nous avons des numéros de téléphone et de télécopieur sans frais — à la déclaration électronique en ligne, etc. S'il y a une publication dans un journal scientifique, particulièrement en ce qui concerne un Canadien, et que nous sommes mis au courant, cela peut devenir un cas.
Cela dépend donc tout d'abord s'il s'agit ou non d'un produit réglementé. Si c'est l'un de nos produits, par exemple, si c'est un cosmétique, est-ce que ce produit est réglementé par une autre division de Santé Canada? Nous avons de nombreux systèmes de surveillance — pour les médicaments vétérinaires, les cosmétiques, les pesticides, etc.
Cependant, si le cas est porté à notre attention et qu'il s'agit d'un médicament ou d'un produit réglementé, nous faisons alors un suivi et nous examinons les tendances. Donc, si une telle préoccupation était soulevée, alors nous ferions une recherche dans la base de données. Certains domaines de cette base de données sont publics, de sorte que si vous vouliez faire vous-même une recherche, vous pourriez le faire. Cela est unique. En fait, seul le Canada permet de faire une telle recherche. Ensuite, il y aurait une enquête plus approfondie qui serait faite en se fondant sur la tendance.
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Pourrais-je ajouter quelque chose pour répondre à votre question? Nous surveillons constamment les médias et d'autres rapports pour voir ce qui se passe. Comme vous pouvez bien vous l'imaginer, on nous fait part d'un certain nombre d'événements et nous recevons plusieurs signalements.
Nous avons des gens sur place. Par exemple, nous avons sept bureaux régionaux au sein de la Direction des produits de santé commercialisés. Il y a donc des gens dans les provinces et les territoires qui travaillent avec ces collectivités, qui tentent de faire en sorte que les Canadiens et les professionnels de la santé déclarent davantage, qui encouragent tout le monde à déclarer davantage.
Dès que nous obtenons ces données, nous les examinons rapidement, nous les évaluons pour voir s'il y a ou non un problème. Si nous constatons que c'est réellement un gros problème et que c'est quelque chose que nous devons communiquer aux Canadiens, nous avons toutes sortes de moyens de communiquer le risque. Nous avons certains critères pour déclencher la communication appropriée du risque sans, comme M. Lee le disait, semer la panique parmi la population.
Parfois, nous faisons une mise à jour de l'information. Dans ce cas, nous fournissons l'information, nous l'affichons sur notre site Web, sur le site MedEffet, au besoin. La deuxième étape consiste à transmettre l'information aux médecins. Nous avons un avis à l'intention des professionnels de la santé qui est envoyé par l'intermédiaire de la l'AMC, qui sont postés directement à tous les médecins du Canada. Ces avis sont envoyés aux pharmaciens. Nous travaillons avec les associations.
Nous utilisons également les médias pour transmettre cette information. Nous reconnaissons que dans une situation de crise, il faudrait transmettre cette information le plus rapidement possible. Par exemple, l'été dernier il y a eu un problème de dentifrice de contre-façon. Nous pensions qu'il y avait peut-être quelque chose dedans. Grâce à nos programmes d'inspection, nous avons trouvé des rapports et confisqué ce dentifrice à la suite je crois d'une plainte qui avait été faite. Nous l'avons analysé dans nos laboratoires. Nous devions réagir dans un délai de 24 heures. Il valait mieux que les gens nous demandent pourquoi nous avions réagi si rapidement plutôt qu'ils nous demandent pourquoi nous avions attendu si longtemps.
Nous devons constamment trouver un juste équilibre. Nous tentons de le faire de façon beaucoup plus efficace pour réagir aux besoins. Nous devons cibler nos ressources dans les domaines qui présentent le plus de risques. C'est ce dont nous parlons dans le plan d'action, de mesures préventives, car il est tout dans notre intérêt de nous assurer de bien protéger la santé et d'assurer la sécurité.
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Je vais commencer par la première partie de votre question, soit les outils dont il s'agit.
Au cours des dernières années, nous avons proposé toute une gamme d'outils, y compris entre autres la capacité d'obtenir des compagnies de réaliser des études, et que d'autres également le fassent. Pour ce qui est d'exiger des changements sur les étiquettes, en fait à l'information sur l'utilisation du médicament, nous devons veiller à ce que nous ayons des pouvoirs clairs.
Réévaluation. La réévaluation est une composante très importante. En Europe, par exemple, on exige une réévaluation de tous les produits aux cinq ans. Il est difficile, après cinq ans, d'être au courant de tout ce qui est connu sur un médicament. Nous examinons donc cet outil pour savoir si, du point de vue des données et de la sécurité, une réévaluation vaut le coup.
Voilà le genre d'outils que nous examinons. Nous nous penchons sur leur fonctionnement dans d'autres pays, puis, de retour au Canada, nous parlons à des Canadiens — groupes de patients, universitaires et autres — sur la façon dont ces outils pourraient fonctionner. Ce que nous visons, c'est d'intégrer ces outils au système d'homologation et de les rendre obligatoires sur le marché pour ensuite utiliser les données aux fins de nos analyses. Il y a donc des outils précis qui peuvent servir à cette fin.
J'ai parlé de plans de pharmacovigilance et de gestion des risques, soit des engagements pris...
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Pour ce qui est du premier point que vous avez soulevé, concernant l'équilibre entre les avantages et les risques de tout produit de santé, vous avez absolument raison: nous voulons donner un accès rapide à des produits novateurs, mais nous voulons d'abord et avant tout protéger la santé et la sécurité des gens.
Ce qui m'amène au PCEM. Nous sommes actuellement en train d'examiner le rapport du comité permanent sur le PCEM. Nous prenons ce rapport très au sérieux; nous examinons les liens entre vos recommandations et la nouvelle approche proposée, parce qu'il y a en effet des liens. Nous allons faire connaître nos conclusions avant la date butoir d'avril.
Pour ce qui est du PCEM, vous avez absolument raison, il vise l'accès et l'accès rapide aux produits. Le PCEM examine cette information de même qu'un autre critère, qui est, comme vous le savez, la rentabilité. Il faut examiner cet aspect de très près dans la façon dont nous concevons l'approche de cycle de vie. Pour l'instant, je ne suis pas en mesure de vous donner une réponse précise à ce sujet.
Vous nous avez demandé quelle était la marche à suivre lorsqu'un médicament sur le marché était utilisé à d'autres fins. J'inviterai mes collègues à y répondre, mais je crois comprendre qu'un tel médicament aurait à faire l'objet d'un nouvel examen, parce qu'il est utilisé à des fins non prévues. La compagnie pharmaceutique aurait à soumettre le médicament au processus de réglementation de nouveau parce qu'il est utilisé à d'autres fins.
Je sais que, surtout pour les enfants, les utilisations non prévues... nous savons que les effets cliniques sont souvent effectués auprès d'adultes. Parfois, des médicaments sont administrés à des enfants sans que des essais adéquats aient été effectués. Il s'agit d'une utilisation non prévue, laquelle pose certains défis. Il faut examiner cette question.
Mes collègues aimeraient peut-être ajouter quelque chose.