:
Merci, monsieur le président.
Nous vous remercions de nous avoir invités à participer à votre étude sur la surveillance post-commercialisation des produits pharmaceutiques. Comme vous l'avez mentionné, Neil Maxwell, vérificateur général adjoint, m'accompagne aujourd'hui. Je crois que certaines constatations de nos rapports précédents sur les activités de réglementation et de surveillance post-commercialisation de Santé Canada seraient utiles pour l'étude menée par le comité.
Je vais aujourd'hui passer en revue certaines constatations sur le programme des médicaments que nous avons faites en 2006 dans le chapitre intitulé L'affectation des fonds aux programmes de réglementation - Santé Canada. J'aurai aussi le plaisir de vous parler de deux autres vérifications au cours desquelles nous avons examiné des programmes semblables à ceux sur les produits pharmaceutiques. Nous avons présenté les résultats de ces vérifications en 2004, dans notre chapitre sur la réglementation des matériels médicaux, et en 2000 dans notre chapitre sur le régime de réglementation des produits biologiques.
[Français]
Tout d'abord, commençons par notre chapitre de 2006 sur l'affectation des fonds aux programmes de réglementation. Lors de cette vérification, nous avons examiné des questions liées à l'affectation des ressources financières à trois programmes de réglementation.
Ces programmes portaient sur la sécurité et l'utilisation des produits de consommation, des appareils médicaux et des produits pharmaceutiques, sujet qui vous intéresse davantage aujourd'hui. Il est important de noter que la vérification portait sur l'affectation des ressources financières et sur la mesure dans laquelle cela a eu un effet sur la capacité du ministère de s'acquitter de ses responsabilités en matière de réglementation.
Nous n'avons pas examiné les autres aspects des produits pharmaceutiques, comme les activités du ministère après la commercialisation des produits. Nous avons conclu que Santé Canada ne savait pas s'il s'acquittait pleinement de ses responsabilités en matière de réglementation pour le Programme des médicaments.
Premièrement, Santé Canada devait établir les activités à mettre en œuvre pour s'acquitter de ses responsabilités en matière de réglementation. Les gestionnaires de programme ont indiqué que certaines activités essentielles de vérification relatives à la conformité et à l'application de la loi étaient insuffisantes. Cela pourrait avoir des conséquences pour la santé et la sécurité des Canadiens, par exemple les exposer à des produits non sécuritaires, inefficaces ou dangereux.
Deuxièmement, nous avons constaté que Santé Canada devait établir des objectifs de rendement pour ses activités.
Troisièmement, Santé Canada devait établir le niveau des ressources financières requises pour mener les activités nécessaires afin d'assumer ses responsabilités en matière de réglementation. Nous avons constaté que les exigences des programmes de réglementation augmentaient tandis que le financement demeurait stable. Il était donc difficile pour les gestionnaires de programme de s'acquitter pleinement des responsabilités du ministère en matière de réglementation. Même si le financement est demeuré constant, le financement de base du Programme des médicaments a diminué de 32 p. 100 en trois ans, si l'on tient compte de toutes les sources de financement.
De plus, la majeure partie des fonds supplémentaires que Santé Canada a reçus a été affectée aux activités avant la commercialisation des produits, et les fonds qui étaient destinés au Programme des médicaments ont servi à d'autres programmes. Le tableau que nous avons distribué donne plus de précisions à ce sujet.
[Traduction]
Dans ses réponses à nos recommandations, Santé Canada a déclaré qu'il comptait, entre autres, améliorer le processus de planification opérationnelle; examiner le financement, y compris le financement de base alloué aux programmes de réglementation; travailler à l'élaboration d'une stratégie et d'un régime pour le recouvrement des coûts, y compris celle d'un modèle de coûts complets; mettre en place un cadre de gestion budgétaire comprenant des lignes directrices au sujet de l'allocation des ressources et du suivi des décisions du Conseil du Trésor; et améliorer la mesure du rendement.
Santé Canada a aussi promis d'effectuer des examens complets pour établir des données de référence pour les programmes en précisant le niveau d'activités requis que les responsables des programmes doivent mettre en oeuvre; établir des objectifs de rendement pour ces activités, et préciser les ressources requises pour faire ce travail.
Santé Canada a promis d'apporter ces changements au plus tard le 31 mars 2008. Le ministère doit soumettre son prochain rapport d'étape à la fin d'avril. Le comité voudra peut-être examiner les progrès réalisés, surtout dans le cadre de l'étude de référence sur les produits pharmaceutiques.
Les deux autres vérifications portaient sur des programmes semblables aux produits pharmaceutiques. Nous avons fait des constatations semblables au sujet des activités après la commercialisation. Veuillez prendre note que ces vérifications sont plus anciennes et que nous n'avons pas effectué de vérifications récentes pour établir si les problèmes que nous avions relevés ont été corrigés.
[Français]
Les activités après la commercialisation des produits posaient un problème lors de notre vérification de 2004 portant sur les matériels médicaux. Nous avons constaté que Santé Canada n'effectuait pas d'inspections après la commercialisation des produits et ne savait pas dans quelle mesure les règlements étaient respectés.
Le ministère a obligé les fabricants à signaler les évènements indésirables graves, mais n'a pas fait grand-chose pour augmenter le nombre et la qualité des rapports reçus des professionnels de la santé. Le taux d'incidents déclarés au Canada était beaucoup moins élevé qu'aux États-Unis et au Royaume-Uni. De plus, il existait des faiblesses dans l'analyse et l'interprétation de l'information sur les évènements indésirables et il n'y avait pas de système proactif pour déceler des tendances qui pourraient révéler l'existence d'un risque grave pour la santé.
Nous avons aussi remarqué que Santé Canada n'a jamais préparé de plan de communication ou de stratégie pour les matériels médicaux, afin de s'assurer que les Canadiens sont pleinement informés des risques.
En plus de recommander à Santé Canada de corriger ces faiblesses au niveau des activités après la commercialisation, nous lui avons recommandé, en raison des faiblesses constatées aussi dans les activités avant la commercialisation, de faire un choix: soit d'affecter des ressources financières et humaines suffisantes pour mettre en œuvre le programme tel qu'il est conçu, soit de modifier le programme et les règlements de manière à pouvoir gérer les risques pour la santé et la sécurité d'une façon nécessitant moins de ressources.
[Traduction]
Enfin, lors de notre vérification de 2000 sur le régime de réglementation des produits biologiques, nous avons constaté que Santé Canada avait de la difficulté à gérer la charge de travail des activités avant et après la commercialisation. Les représentants du ministère avaient indiqué qu'il était difficile de doter les postes. Nous avions recommandé au ministère de mettre sur pied des bases de données suffisantes pour pouvoir traiter, analyser et diffuser adéquatement l'information sur les réactions et les effets indésirables des produits biologiques.
Comme vous le constaterez dans ces trois chapitres, nous avons depuis plusieurs années déjà des inquiétudes au sujet de l'affectation des ressources et de la surveillance des produits après leur commercialisation. Il semble que le ministère a mis l'accent sur les activités avant la commercialisation au détriment des activités après la commercialisation.
Comme vous le savez, je ne peux faire de commentaire sur la politique adoptée, mais je trouve encourageant que certains des problèmes que nous avons soulevés dans nos rapports, comme les problèmes de surveillance après la commercialisation et la sous-déclaration des événements indésirables, sont inclus dans le Plan de renouveau: Transformer l'approche de la réglementation des produits de santé et des aliments au Canada.
Je profite de l'occasion pour informer le comité sur d'autres travaux que nous effectuons. Notre rapport qui sera déposé le 6 mai contiendra un chapitre sur la surveillance des maladies infectieuses. Nous serions heureux d'en discuter avec le comité après le dépôt du rapport.
Nous commençons aussi une vérification sur les dossiers de santé électroniques. Nous prévoyons fournir ce rapport au Parlement à l'automne 2009. Plusieurs vérificateurs généraux des provinces effectuent en même temps des vérifications sur le même sujet, ce qui nous permettra d'avoir un tableau complet de la mise en oeuvre des dossiers de santé électroniques au Canada.
Enfin, nous commencerons d'ici peu à préparer un plan de vérification pour les cinq prochaines années. Nous serions heureux d'en discuter avec vous à une date ultérieure.
J'espère que nos commentaires d'aujourd'hui vous aideront dans votre étude sur la surveillance post-commercialisation des produits pharmaceutiques. J'ai hâte de lire le rapport du comité et la réponse du gouvernement.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration préliminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je suis très heureuse de comparaître devant ce comité, qui étudiera la surveillance après-vente des produits pharmaceutiques et la protection de la vie privée. Je suis accompagnée par Me Patricia Kosseim, avocate générale, qui est spécialiste en droit de la santé.
Vous avez reçu un texte assez complet préparé par le commissariat, qui commence en disant que les Canadiens sont à la fois portés à considérer comme très importants les soins de santé qu'ils reçoivent et, en même temps, la continuation de la protection de leur vie privée.
Ce matin, je vais aborder brièvement des questions qui sont traitées plus longuement dans le document que je vous ai distribué. Il s'agit de la réidentification potentielle des données, des conséquences des dossiers de santé électroniques sur la protection de la vie privée, des exigences relatives à la notification des atteintes à la protection des renseignements personnels et, finalement, du concept de l'information personnelle comme produit du travail.
La Loi sur la protection des renseignements personnels s'applique aux institutions et organismes fédéraux ainsi qu'aux sociétés d'État. Elle s'applique donc aux programmes gouvernementaux de surveillance médicale comme le Système canadien d'information sur les effets indésirables des médicaments de Santé Canada, appelé CADRIS, ainsi que d'autres initiatives gouvernementales comme les plans du Partenariat fédéral pour les soins de santé visant à créer des dossiers de santé électroniques.
[Traduction]
Je vais commencer en traitant de la ré-identification des données, qui pourrait avoir une incidence sur la protection de la vie privée dans la surveillance post-commercialisation des médicaments.
Du point de vue de la protection des renseignements personnels, l'une des questions clés qui a été soulevée est celle de la ré-identification, en particulier à une époque où les données sur la santé et les programmes de surveillance sont de plus en plus numérisés, où l'information accessible au public par Internet prolifère et où la technologie capable de lier l'information entre diverses bases de données est très avancée. Les renseignements personnels sont rigoureusement définis dans nos lois comme étant des « renseignements concernant des personnes identifiables ». La question de savoir ce qui est identifiable, ou potentiellement identifiable, est pertinente pour votre étude.
Le concept de ré-identification était au coeur d'une décision rendue en janvier 2008 par la Cour fédérale dans l'affaire Gordon et Santé Canada et la Commissaire à la protection de la vie privée. Nous étions des intervenants. J'attire l'attention du comité sur quatre points.
Premièrement, dans une situation mettant en jeu des renseignements personnels sur une personne, le droit au respect de la vie privée l'emporte sur le droit d'accès à l'information. Voilà la première conclusion d'importance de cette décision récente, qui ne fait l'objet d'aucun appel.
Deuxièmement, la Cour fédérale a adopté le critère juridique proposé par le commissariat, qui dit ceci: « Un renseignement concerne un individu identifiable lorsqu'il y a une possibilité sérieuse qu'un individu puisse être identifié au moyen du renseignement, que ce renseignement soit pris seul ou en combinaison avec d'autres renseignements disponibles ».
Troisièmement, la cour a conclu que la divulgation de certains renseignements, en particulier des circonstances factuelles, lorsqu'ils sont combinés à des renseignements personnels, doit être examinée pour qu'on puisse établir ses effets sur les renseignements personnels.
Enfin, la Cour fédérale a insisté sur l'importance du pouvoir discrétionnaire du ministre dans la décision de communiquer ou non exceptionnellement de tels renseignements personnels dans l'intérêt public.
Concernant les dossiers médicaux électroniques, des initiatives importantes sont mises de l'avant afin d'élaborer pareils dossiers, ce qui augure bien pour le système de santé canadien: une qualité, une efficacité et une productivité accrues des services de santé, une plus grande sécurité pour les patients, des décisions qui reposent davantage sur des éléments probants, un transfert des connaissances plus aisé et un accès amélioré aux services et au traitement.
Par contre, comme les info-structures relatives à la santé prolifèrent partout au Canada, les distinctions traditionnelles entre les soins de santé, la surveillance, l'assurance de la qualité et la recherche deviennent de plus en plus floues. Cela n'est pas nécessairement négatif. Cependant, le concept des fins de l'utilisation, si fondamental en droit de la protection des données et si présent dans l'esprit des gens lorsqu'ils donnent leur consentement éclairé dans toute circonstance importante — nous demandons tous pourquoi vous voulez cette information et ce que vous allez en faire — est de plus en plus remis en question.
Le concept des fins de l'utilisation étant étiré, ces fins peuvent se multiplier. Au-delà des fins relatives à la santé, les renseignements personnels pourraient être soumis à des fins autrement plus inquiétantes, sous les pressions grandissantes de l'extérieur. Au nombre de ces fins pourraient en figurer qui soient liées aux domaines du marketing, de l'emploi, de l'assurance, de l'application de la loi et de la sécurité nationale. Les Canadiens ne pensent manifestement pas que l'élaboration des dossiers de santé électroniques implique de telles fins.
Un autre concept important de plus en plus éprouvé dans le contexte des dossiers médicaux électroniques et des essais cliniques électroniques est celui de la responsabilité, alors qu'un nombre croissant d'entités adoptent des systèmes interexploitables, que des partenariats public-privé se forment afin de maximiser les ressources et d'atteindre des objectifs de commercialisation et que les données circulent au-delà des frontières provinciales et nationales dans une économie mondialisée. C'est ici que je rejoins ma collègue, la vérificatrice générale.
Afin d'aider à relever certains de ces défis, notre commissariat participe au tout nouveau forum Inforoute Santé du Canada - Protection de la vie privée, qui regroupe des représentants des ministères de la Santé et des bureaux de protection de la vie privée de tout le Canada. Nous sommes heureux de participer à cette discussion cruciale afin de commencer à traiter des questions du consentement éclairé, des fins secondaires et de la responsabilité liées à la mise en oeuvre de systèmes interexploitables pancanadiens de dossiers médicaux électroniques.
[Français]
Le troisième sujet, en ce qui a trait à la protection de la vie privée, porte sur les exigences en matière de notification des atteintes à la protection des données, ce qu'on appelle en anglais data breach disclosures.
La numérisation de plus en plus fréquente des données sur la santé vient accroître la portée et l'incidence d'éventuelles atteintes à la protection de la vie privée. Plusieurs affaires récentes ont mis cette problématique en lumière. J'en donne quelques exemples dans mon mémoire. Pas un jour ne passe sans qu'on lise que quelque part au Canada, on a découvert dans une poubelle derrière une clinique, un hôpital ou un bureau de médecin, des dossiers de santé d'individus identifiables.
Industrie Canada s'interroge actuellement sur les possibilités d'inclure, dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, des exigences de notification en cas d'atteinte à la protection des renseignements personnels. Cette initiative est la bienvenue. Nous espérons qu'elle incitera les organisations à adopter des mesures de protection de la sécurité convenables et à faire preuve d'ouverture et de transparence si un incident survient.
Entre-temps, j'ai émis les lignes directrices pour les aider à prendre les mesures qui s'imposent, notamment pour évaluer le risque et l'étendue des dommages potentiels d'un incident, décider s'il convient de signaler l'incident et, le cas échéant, déterminer le moment propice, le meilleur moyen pour le faire et la personne qui doit en être informée. Lorsqu'on traite des renseignements personnels très sensibles concernant la santé, on devrait tenir compte de considérations particulières telles que les risques de dommages psychologiques en termes de bris de données.
Je vous réfère maintenant à mon texte sur les considérations concernant le produit du travail, une question qui a été beaucoup discutée lors d'autres travaux parlementaires sur la protection des données. Je suis disponible pour répondre à toutes vos questions concernant l'application des considérations de la protection des données à ce champ d'opération.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les députés. À mes côtés aujourd'hui se trouve Mike Sheridan, notre chef de l'exploitation. Au nom d'Inforoute Santé du Canada, je vous remercie de l'occasion que vous nous offrez de contribuer à votre étude sur la surveillance des produits pharmaceutiques après la mise en marché.
Puisque nous n'avons pas beaucoup d'occasions de comparaître devant vous, je souhaite en profiter pour vous parler du travail important que nous avons entrepris et qui, je crois, transformera les soins de santé offerts aux Canadiens.
Créée en 2001 par les premiers ministres du Canada, Inforoute a pour mandat d'accélérer le développement et l'adoption des dossiers de santé électroniques, les DSE comme nous aimons les appeler, partout au pays. Inforoute est une organisation indépendante, à but non lucratif, dont les membres sont les 14 sous-ministres de la santé du Canada. Inforoute est financée par le gouvernement fédéral et joue un rôle d'investisseur stratégique avec les 13 provinces et territoires, en investissant conjointement dans des systèmes de base dans l'ensemble du pays. Je vais vous expliquer dans un instant ce que sont ces systèmes de base.
Je dois dire d'abord que cette collaboration s'est avérée une réussite aussi unique que remarquable. En travaillant ensemble, les provinces et territoires partagent les meilleures pratiques, les conceptions et les systèmes, ce qui a permis de réduire considérablement les coûts, les délais et les risques.
J'ai lu certains témoignages présentés devant votre comité et j'ai remarqué que des témoins précédents avaient suggéré que notre infrastructure de DSE émergente fasse partie de la solution vers une surveillance efficace des médicaments après leur mise en marché. Inforoute reconnaît volontiers que le potentiel existe bel et bien. Cependant, comme vous le verrez plus tard, il y a des obstacles.
Néanmoins, la bonne nouvelle, c'est que bien que nos solutions n'aient pas été spécifiquement conçues pour la surveillance, elles réduisent déjà le nombre d'événements indésirables médicamenteux.
Prenons un exemple simple, si vous me le permettez. Un soir à Ottawa, un homme âgé se présente dans une urgence, confus et désorienté. Les médecins doivent stabiliser son état au moyen de médicaments, mais il leur faut d'abord savoir s'il prend d'autres médicaments. Heureusement, aujourd'hui, toutes les urgences de l'Ontario ont accès à des visualiseurs des profils pharmaceutiques des patients, grâce auxquels les médecins autorisés peuvent accéder au profil pharmaceutique de tous les bénéficiaires du programme de médicaments de l'Ontario, prévenant ainsi des interactions dangereuses et des événements indésirables médicamenteux avant la prescription ou la délivrance d'un médicament.
J'aimerais vous donner des explications sur les systèmes de base qu'Inforoute et ses partenaires sont à mettre en place. Toutefois, je dois dire avant toute chose que nous avons convenu dès le début que pour réussir, nous devions mettre la confidentialité et la sécurité au centre de tous les plans que nous élaborions, de toutes les technologies que nous concevions et de tous les systèmes mis en oeuvre par les provinces et les territoires.
Notre stratège principale, chargée de la protection des renseignements personnels, travaille en étroite collaboration avec ses homologues au niveau fédéral et dans chaque province et territoire. Nous comptons sur une équipe d'ingénieurs principaux chargés d'intégrer les meilleures pratiques en matière de confidentialité et de sécurité dans nos architectures de base, qui forment la base des spécifications que les administrations utiliseront avec leurs fournisseurs.
Chaque projet doit faire l'objet d'une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée, qui consiste à examiner la solution en fonction des exigences de la province ou du territoire en matière de confidentialité.
Pour répondre aux besoins en données des autorités de santé publique, des chercheurs et des décideurs, les systèmes sont conçus pour permettre la dépersonnalisation, grâce à laquelle les données pourraient être obtenues et étudiées de façon anonyme et fournir quantité d'indicateurs sanitaires.
Alors, où en sommes-nous? Chaque province et territoire a dressé une feuille de route sur trois à cinq ans afin d'établir le fondement des systèmes électroniques qui leur sont nécessaires. Près de 260 projets sont en cours, ce qui représente des investissements d'environ 1,5 milliard de dollars de la part d'Inforoute, ou 95 p. 100 de son financement total.
Je dois ajouter que la contribution des administrations publiques pour le développement, le déploiement, l'adoption et la maintenance représente souvent plusieurs fois cette somme.
La base des dossiers de santé électroniques se compose de cinq programmes d'information clinique interopérables et complémentaires, les programmes de base, dans lesquels nous investissons conjointement. Chaque programme procure à lui seul des avantages importants à la population canadienne et à notre système de santé. Ensemble, ils permettent de stocker les antécédents médicaux complets d'un patient. Voilà ce à quoi nous devons en arriver, afin que tous les cliniciens disposent de toutes les bonnes informations au bon moment pour pouvoir dispenser des soins sécuritaires et efficaces.
Notre premier programme est le programme des registres, un répertoire électronique perfectionné permettant d'identifier sans équivoque les patients, les fournisseurs de soins et, dans certaines administrations, les établissements de santé.
Notre deuxième programme est le programme d'imagerie diagnostique, axé sur le stockage, la récupération et le partage numériques des radiographies, des échographies, des IRM et des tomodensitogrammes d'un patient. Le passage au numérique élimine purement et simplement les coûts et les inconvénients associés à la manipulation de films. Il permet aux radiologistes des centres urbains de desservir des endroits éloignés ou mal desservis. Il accroît la vitesse et l'intégrité du diagnostic tout en améliorant la productivité des radiologistes, une ressource des plus rare.
Vient ensuite le système d'information de laboratoire, qui permet aux cliniciens d'effectuer la saisie électronique puis de visualiser les résultats de tests et les rapports provenant des laboratoires des hôpitaux, des laboratoires communautaires et des laboratoires de santé publique. Ce système permet aux médecins de poser un diagnostic plus rapidement et contribue à éliminer les tests en double.
Les systèmes d'information sur les médicaments représentent le quatrième programme clinique d'Inforoute. Ces systèmes permettent d'envoyer les ordonnances, de les visualiser, de les exécuter et de les confirmer par voie électronique. Lorsqu'ils seront pleinement déployés, ils signaleront automatiquement au médecin prescripteur et au pharmacien les interactions et les allergies médicamenteuses potentiellement dangereuses associées à un médicament particulier.
Lorsqu'Inforoute a créé son programme de médicaments, très peu de provinces et de territoires prévoyaient utiliser un système qui offrirait toutes ces possibilités. Au cours de l'année dernière, toutefois, les stratégies de collaboration, de développement et de partage des coûts ont encouragé la plupart des administrations à développer des systèmes d'information sur les médicaments qui incluront tous les médicaments et toutes les personnes, ce qui est un progrès très important.
Notre dernier programme, mais le plus important à bien des égards, est le DSE interopérable, le ciment qui lie ensemble quelques-uns des autres programmes. Il regroupe les renseignements sur la santé d'une personne provenant de diverses sources, y compris celles que je viens de mentionner, dans un seul dossier de santé sécurisé et intégré. Dépendamment du financement et de l'état de préparation des administrations, d'ici 2010, nous avons bon espoir que 50 p. 100 des Canadiens auront un DSE interopérable.
Je conclurai sur la question particulière de la surveillance après la mise en marché. Comme vous le savez, la surveillance des médicaments est une chose complexe; cette complicité est exacerbée par la multiplication des nouveaux médicaments mis en marché et par une population vieillissante atteinte de maladies chroniques et traitée au moyen de plusieurs médicaments. Les études cliniques ciblent habituellement une population limitée, sur une période relativement courte. Souvent, ces études sont coupées de la réalité. L'analyse de données dépersonnalisées provenant de DSE qui contiennent des renseignements sur les ordonnances, les constatations faites aux examens, les rapports de laboratoire, les résultats des tests diagnostiques et autres informations sur l'issue pour le patient, au niveau de la population, permettraient d'évaluer plus rapidement et efficacement les avantages et les risques. Conformément aux exigences techniques en matière de confidentialité, les données dépersonnalisées pourraient être chargées dans une base de données regroupées, dans un format permettant de les analyser au moyen de divers outils de production de rapports.
Dans le futur, il pourrait être possible, plus tôt dans le cycle de vie d'un médicament ou à n'importe quel stade, de faire le suivi de son efficacité et de son innocuité auprès d'une large tranche de la population.
Voici maintenant la mauvaise nouvelle puisque, cela étant dit, je dois adresser une mise en garde au comité. Tout d'abord, nos plans actuels et le financement n'incluent pas les outils ou les systèmes d'analyse nécessaires pour réaliser des études sur la surveillance après la mise en marché. Ensuite, même si la réalisation de notre objectif actuel en 2010 constitue un jalon important, il représente moins de la moitié de la solution de DSE.
Terminer ce que nous avons commencé nécessite un engagement et, malheureusement, des fonds. Selon deux études récentes, on estime que le coût total pour doter tous les Canadiens d'un DSE serait d'environ 350 $ par personne, ou environ 10 milliards de dollars sur une période de 10 ans. La bonne nouvelle, cependant, c'est que ces mêmes études confirment qu'une fois qu'ils seront entièrement mis en oeuvre, les dossiers de santé électroniques permettraient de réaliser des économies de 6 à 7 milliards de dollars par année, des sommes pouvant être réinvesties dans d'autres secteurs prioritaires, que ce soit la santé, l'éducation, l'innovation ou l'infrastructure.
Pour conclure, le Canada met en oeuvre une puissante plate-forme d'information sur la santé, dans le but d'offrir de meilleurs soins de santé à tous les Canadiens. Une fois en place cette plate-forme pourrait permettre d'élaborer des applications secondaires, comme la surveillance des médicaments après leur mise en marché.
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Je serais ravi de répondre à vos questions.
:
Veuillez m'excuser. Je vais répondre en anglais, mais mon collègue ici pourrait vouloir ajouter quelque chose.
Premièrement, ces chiffres ne viennent pas de nulle part. Ces chiffres proviennent fondamentalement de deux grandes études, une qui a été effectuée par Booz Allen et l'autre par McKinsey & Company. De plus, nous avons des chiffres semblables lorsqu'on regarde des études faites aux États-Unis, et lorsque des projets comme celui-là ont été mis en oeuvre dans le système NHS en Angleterre, et certainement dans les pays scandinaves, etc., et en Australie, lorsque qu'on a fait ces calculs.
La réalité toute simple est la suivante. Pendant des années, nous n'avons pas investi dans ces systèmes, parce qu'il est parfois difficile de vendre ces systèmes d'infrastructure au public. Il est beaucoup plus facile de vendre un autre médecin, une autre infirmière, un autre appareil de RMN, une autre pièce d'équipement. Si vous voulez vraiment transformer le système, alors, vous devez avoir une médecine fondée sur les faits avec laquelle travailler, et c'est de cette façon que vous avez une médecine fondée sur les faits, en ayant ces technologies.
Regardez l'industrie financière. Elle ne serait pas en mesure de fonctionner aujourd'hui sans le genre d'informatisation qu'elle a mise en place. Laissez-moi vous dire que cela en soi a pris 20 ans et beaucoup d'argent. Lorsqu'ils ont transformé cette industrie, ils dépensaient jusqu'à 12 p. 100 de leurs revenus. Aujourd'hui, ils dépensent probablement autour de 6 p. 100, parce que les systèmes, les guichets automatiques, sont là.
Au Canada, nous dépensons entre 1,5 et 2 p. 100 des revenus en technologie de l'information, et c'est ainsi partout au pays. Nous ne pouvons faire ce genre de changement à moins d'augmenter les dépenses jusqu'à environ 4 p. 100, mais c'est quelque chose de très difficile à vendre.
Pour ce qui est des avantages, je ne pense pas que le trésor sortira ces 6 ou 7 milliards de dollars. Je peux vous dire que devant le tsunami que représentent une population vieillissante et les maladies chroniques, nous serons vraiment dans une position où nous pourrons augmenter la capacité, améliorer l'accès, si nous mettons ces systèmes en place.
Mike.
:
Merci, monsieur le président.
La dernière fois que nous avons examiné cette question, c'était en 2004, au moment où nous avons examiné la réglementation des matériels médicaux. Nous avons examiné l'ensemble de l'activité de délivrance des permis et le processus d'évaluation avant la mise en marché. Nous avons constaté que Santé Canada suivait rigoureusement son processus. Le problème semblait davantage lié aux délais, mais le ministère avait un processus.
Parce que nous avons un bon processus pour autoriser un produit, cela ne veut pas dire que des problèmes ne surviendront pas après qu'il a été commercialisé. Cela est dû aux essais limités et un certain nombre de raisons. Alors, lorsque nous avons examiné les matériels médicaux, nous avons conclu que tout allait bien dans le cas de la surveillance pré-commercialisation. Par contre, dans le cas de la surveillance post-commercialisation, il y avait beaucoup de problèmes — très peu d'inspections des fabricants, toute la question de la déclaration des réactions indésirables, et la liste est beaucoup plus longue.
La vérification la plus récente que nous avons effectuée portait sur la capacité du ministère d'assurer le Parlement et les Canadiens qu'il pouvait réaliser ses activités en matière de réglementation de manière appropriée. Nous nous attendions, dans le cas d'un programme de réglementation, que le ministère sache quelles activités il devrait réaliser, à quel niveau — par exemple, le nombre d'inspections qu'il devrait faire —, quelles ressources seraient nécessaires et quel financement serait nécessaire. Bien honnêtement, nous n'avons rien trouvé de tout cela. Le ministère a réalisé des inspections, mais il n'était pas capable de nous dire comment il était arrivé à ces chiffres, quel était le nombre approprié d'inspections qu'il devrait faire ou quelles ressources seraient nécessaires.
Alors, il y avait toute la question de savoir comment le ministère lui-même pouvait savoir si ce qu'il faisait était approprié et suffisant.
Concernant toute la question du financement, cela a commencé, en fait, dans le cadre de notre vérification des matériels médicaux. Certains des programmes de réglementation n'avaient, dans les faits, pas de financement de base, et les fonds étaient réaffectés. Même les fonds qui avaient été accordés pour des initiatives spéciales — que ce soit des activités pré-commercialisation ou des activités post-commercialisation — sont réaffectés à d'autres programmes au sein du ministère.
Alors, à moins qu'il y ait une ligne de base claire, une analyse claire des activités qui devraient être réalisées — quelle est la ligne de base, les résultats de tout cela et quelles ressources sont nécessaires pour les programmes de réglementation —, il est difficile, je pense, pour le Parlement d'avoir l'assurance que ces programmes de réglementation sont bien gérés.
:
Merci, monsieur le président, et merci, mesdames et messieurs nos témoins.
J'aimerais également souhaiter la bienvenue à Rob Clarke, nouveau député de la Saskatchewan. Je pense que Rob sera ravi de voir que notre comité se comporte bien et fait du travail important.
Je vais m'abstenir de tout commentaire sur les personnes présentes ou absentes et m'en tenir au rapport de la vérificatrice générale. Santé Canada a réagi à ce rapport par le dépôt d'un plan d'action en février 2007. Ce plan comprenait des engagements de la part du ministère, d'après ce que je comprends, à mettre en place des mesures pour améliorer l'affectation de ressources, la planification des activités, les processus, l'évaluation du rendement et les programmes d'évaluation des coûts.
Je pense que le ministère s'est également engagé à examiner en profondeur ses programmes de réglementation, et il présente des rapports périodiques tous les six mois au Comité des comptes publics au sujet de votre rapport. Je crois que ce rapport sera déposé ici aussi, devant le Comité de la santé.
Madame Fraser, pourriez-vous nous parler de l'incidence de ces suivis. Je pense que Santé Canada a accepté toutes vos recommandations.
Je vais poser toutes mes questions d'emblée.
Au sujet de l'Inforoute, il semble que l'Inforoute sera un élément clé du futur programme de surveillance après la mise en marché. Pouvez-vous nous expliquer les difficultés que pose l'interaction avec 14 administrations différentes, des médecins du secteur privé et tous les autres intervenants et les moyens que vous prenez pour les surmonter? Comment percevez-vous l'état de santé de l'outil de surveillance?
Si j'en ai le temps, j'aimerais demander aux porte-parole du Commissariat à la protection de la vie privée de s'exprimer sur les réponses des deux témoins précédents.
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Merci, monsieur le président.
La gestion des réalités fédérale, provinciales et territoriales pose indubitablement tout un défi, et nous félicitons les dirigeants de l'Inforoute de leur excellent travail à cet égard.
Du point de vue de la réglementation, il n'est pas simple non plus de composer avec tous ces cadres réglementaires différents. Non seulement y a-t-il 14 administrations et lois, mais chaque administration a différentes lois, certaines sur le secteur privé, certaines sur l'information médicale et certaines sur les renseignements personnels généraux.
On peut voir comment le leadership peut servir à relever ces défis dans la façon dont, avec le temps, les cadres réglementaires s'adaptent, évoluent ou sont modifiés de manière à ce que le public canadien accepte l'idée du consentement implicite à l'accès aux dossiers de santé électroniques dans le milieu de la santé. Ainsi, quand une personne va voir son médecin, elle saura que les renseignements versés à son dossier de santé électronique peuvent être consultés par les autres professionnels de la santé qui la traitent sans que son consentement éclairé ne soit nécessairement sollicité chaque fois. Ce concept semble de plus en plus acceptable et possible.
Cependant, il y a d'autres concepts qui restent très distincts dans chaque administration, et nous n'avons pas encore trouvé de façon de les harmoniser. Par exemple, il n'y a pas de norme acceptée pour l'harmonisation des règles sur l'utilisation de renseignements médicaux personnels à des fins de recherche, de surveillance ou d'autres objectifs secondaires hors du milieu des soins de santé.
Il reste du pain sur la planche. Nous nous réjouissons de collaborer avec Inforoute Santé Canada et le forum sur la protection de la vie privée en vue de surmonter ces difficultés. De plus les hauts fonctionnaires de l'Inforoute participent depuis quelques années aux réunions des commissaires à la protection de la vie privée fédéral, provinciaux et territoriaux pour nous mettre au courant des développements récents.
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Je ne suis pas certain d'être impliqué intimement dans le projet mais c'est assurément un projet pilote. Il était destiné à montrer des techniques innovatrices.
L'innovation consistait à changer la façon de communiquer les données en l'occurrence dans ce service de néonatalité, en assumant qu'une fois mise en place, cette formule pourrait être utilisée dans d'autres institutions, établissements de santé, dans d'autres genres d'établissements médicaux.
L'idée, c'était qu'avant la mise en oeuvre de ce système en particulier, la majorité des données étaient transmises sur papier, et comme l'a dit M. Alvarez, notre système de santé sur papier n'a pas vraiment bonne mine. Donc le système qui a été mis en place était très normalisé, pouvait servir aux utilisateurs d'ordinateur et avait une application Web. Tout cela semble bien compliqué mais en réalité il suffisait de cliquer, d'insérer l'information, laquelle s'en allait à une autre base.
Qui y participait? Pour que les dossiers de santé électroniques fonctionnent, il faut qu'ils soient utilisés par le personnel du secteur des soins de santé. Les trois hôpitaux qui ont participé à ce projet en particulier avaient une approche sensationnelle. Ils ont créé une équipe, et bien entendu, dans les services de néonatalité, tout le monde faisait partie de l'équipe — les médecins, les infirmières et le personnel. En fait, lorsque nous avons eu un exposé lors de la dernière réunion de notre conseil d'administration, ils avaient confectionné ces petits boutons qui disaient « Je fais partie de l'équipe ». Et, bien entendu, tout le monde essayait de faire de même.
En matière d'adoption, le processus était un effort d'équipe au sein des hôpitaux proprement dits. Le résultat, en matière de divulgation, était un outil sur le Web qui était beaucoup plus facile à utiliser et beaucoup plus accessible que la solution papier qui existait auparavant.
Enfin, toutes ces données étaient regroupées dans une base de données centralisée, où « l'équipe » pouvait s'en servir afin de donner de meilleurs soins et d'assurer un meilleur suivi.