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Merci et bonjour. Merci de cette présentation.
Je m'appelle Glenda Yeates, je suis présidente-directrice générale de l'Institut canadien d'information sur la santé, l'ICIS. Merci de m'avoir invitée à comparaître devant votre comité.
Comme vous le savez peut-être, mes observations porteront surtout sur le dossier de présentation que je vous ai remis et que vous avez devant vous. L'ICIS est un organisme autonome qui fournit en temps opportun de l'information appropriée et impartiale sur la santé. À l'ICIS, notre rôle n'est pas de faire des prévisions, d'offrir des recommandations ou des avis, de sorte que mon exposé portera surtout sur les données.
L'ICIS recueille et traite des données dans des bases de donnée et des registres. Nous coordonnons et favorisons l'élaboration et la mise à jour de normes d'information sur la santé à l'échelle du pays, nous définissons les indicateurs de santé et nous concevons des produits analytiques et des rapports.
En ce qui concerne l'Accord sur la santé de 2004, il contenait une série d'engagements dont l'un consistait à réduire les temps d'attente et à améliorer l'accès. Dans l'accord, on demande à l'ICIS de rendre compte des progrès réalisés sur le plan des temps d'attente dans l'ensemble des provinces et des territoires.
Vous constaterez que nous avons produit quatre rapports sur les temps d'attente depuis l'accord de 2004, soit entre mars 2006 et février 2008, date de publication de notre plus récent rapport.
Aujourd'hui, je vais vous présenter en deux parties de l'information sur les temps d'attente. La première partie traite du volume d'activités en ce qui concerne les interventions chirurgicales prioritaires et ensuite, je vous dirai ce que nous savons des temps d'attente, ou peut-être des changements aux temps d'attente.
À la page 6 de notre dossier de présentation, il est question du nombre d'interventions chirurgicales prioritaires qui sont mentionnées dans l'accord. Elles y sont énumérées.
Nous examinons les volumes car nos données à ce sujet sont plus complètes et, par conséquent, plus faciles à mesurer. Par ailleurs, l'une des stratégies qui a été précisée par les provinces pour tenter de réduire les temps d'attente a été justement d'augmenter le nombre de ces interventions.
[Français]
En général, nos données indiquent que le volume des chirurgies associées aux domaines prioritaires, c'est-à-dire l'arthroplastie de la hanche et du genou, la chirurgie de la cataracte, la revascularisation et la chirurgie pour traiter le cancer, a augmenté de 13 p. 100 au Canada, excluant les données du Québec, pendant la période de deux ans qui a suivi l'accord.
[Traduction]
De façon générale, nos données indiquent que dans les domaines prioritaires, le nombre d'interventions chirurgicales mentionnées dans l'accord a augmenté de 13 p. 100 partout au Canada au cours de la période de deux ans suivant l'accord, et ce chiffre ne tient pas compte des interventions faites au Québec.
Pour ce qui est de la signification du signalement du nombre accru d'interventions sur les temps d'attente, nous savons que la plupart des provinces déclarent maintenant régulièrement les données sur les temps d'attente dans les domaines prioritaires. Il y a eu des améliorations de sorte que les données sont plus actuelles et plus complètes, mais il existe toujours des écarts dans les méthodes de mesure, ce qui complique encore les comparaisons interprovinciales. Certaines provinces commencent cependant à dégager des tendances, mais ce n'est pas le cas de toutes les provinces.
Il y a un exemple tiré de notre rapport de février 2008 pour les arthroplasties — l'un des domaines prioritaires. On peut constater à ce sujet que les 10 provinces déclarent des données pour les arthroplasties de la hanche et du genou. On peut voir les différences entre certaines des définitions utilisées dans les provinces, et nous les soulignons, en ce sens que nous précisons les différences qui existent dans les définitions. Vous verrez que la déclaration des temps d'attente est comprise pour ces deux procédures.
La question à laquelle les gens veulent souvent une réponse, c'est ce que cela signifie comme temps d'attente. Nous constatons que les volumes ont augmenté. Qu'est-ce que cela signifie sur le plan des temps d'attente pour les Canadiens? Nous avons présenté les domaines pour lesquels dans un certain nombre de provinces nous estimons que les définitions sont restées assez stables au cours des trois dernières années de sorte que nous pouvons commencer à dégager des tendances. Donc, pour ce qui est de l'arthroplastie, ces provinces seraient l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique. Pour ces provinces, où nous estimons que les données sont suffisamment constantes, nous pouvons constater qu'elles déclarent des diminutions du temps d'attente moyen d'au moins un mois pour l'arthroplastie de la hanche, et d'un mois et demi pour l'd'au moins un mois du genou.
Si on regarde les chirurgies de la cataracte, la situation n'est pas aussi claire. Nous constatons que dans quatre provinces, les définitions sont assez constantes au cours de la période visée pour pouvoir dégager des tendances. Certaines provinces ont signalé une diminution des temps d'attente, mais d'autres n'ont pas constaté de diminution.
J'aimerais maintenant que vous vous reportiez à la page 8 où il est question de l'imagerie diagnostique, autre domaine mentionné dans l'accord. Quelles ont été les tendances à cet égard? Encore une fois, les données portent surtout sur les volumes, de sorte que vous pourrez constater que nous pouvons examiner le nombre d'appareils d'IRM et de tomodensitomètres par rapport au nombre d'examens qui ont été faits. Nous pouvons donc constater qu'entre les deux périodes, c'est-à-dire 2003-2004 et 2006-2007, le nombre de scanners a augmenté — 27 p. 100 pour ce qui est des appareils d'IRM et 12 p. 100 pour ce qui est des tomodensitomètres — et le nombre d'examens a augmenté encore plus. Cependant, ce que nous ne savons pas et ce que nous ne pouvons vous dire, c'est ce que cela signifie comme attente pour ces interventions. Nous constatons que les volumes ont augmenté. Ce que nous ne savons pas, c'est quel impact cela a eu sur les temps d'attente pour les Canadiens.
Je vais maintenant aborder la question de l'accès à des professionnels de la santé, aussi un domaine mentionné dans l'accord. Ce que nous constatons, c'est qu'il n'y a pas d'indicateur comparable pour l'accès à des professionnels de la santé, de sorte que nous ne pouvons faire de rapports à ce sujet. Ça n'a pas été déterminé. Ce que nous pouvons constater cependant, c'est que l'ICIS a des données sur le nombre de praticiens. J'indique ici le nombre de médecins et d'infirmières. Comme vous pouvez le voir, le nombre a légèrement augmenté de 2004 à 2006, mais cette augmentation n'est pas particulièrement considérable compte tenu du fait qu'au cours de cette période, la population a également augmenté. Nous avons cependant des données concernant l'augmentation du nombre de professionnels de la santé dans ces deux professions.
Une autre question qui nous est posée au sujet de l'accord de temps en temps est celle de savoir si les nouveaux fonds fédéraux qui avaient été engagés aux termes de l'accord ont effectivement été dépensés dans le domaine de la santé, et j'ai inclus ici le tableau qui est annexé à l'accord de 2004 comme tel. À l'ICIS, nous recueillons et analysons des données sur les dépenses de santé à l'échelle nationale, et c'est donc une question à laquelle nous pouvons répondre de façon générale. Nos données indiquent qu'en 2005, les gouvernements provinciaux et territoriaux ont dépensé près de 91 milliards de dollars pour les soins de santé, soit une augmentation d'environ 6,1 milliards de dollars par rapport à 2004. Si on compare cela à l'accord, on constate que l'accord avait ajouté 3,1 milliards de dollars pour la période de 2005-2006. Cela nous donne donc une idée de l'investissement qui est fait dans le secteur de la santé, pour ce qui est des dépenses des provinces et des territoires.
En conclusion, en ce qui concerne les progrès accomplis en matière de déclaration de données sur les temps d'attente — tâche qui nous a été confiée dans l'accord —, nous constatons que le nombre d'activités augmente dans les domaines prioritaires. Il y a un plus grand nombre de diagnostics par imagerie et un plus grand nombre d'interventions chirurgicales prioritaires.
Nous constatons des améliorations en ce qui concerne les données. Il y a beaucoup plus de données qu'il y a trois ans. Pour ce qui est des comparaisons interprovinciales, elles sont toujours difficiles à établir car les données ne sont pas recueillies exactement de la même façon ou on n'utilise pas les mêmes définitions dans toutes les provinces. Il y a donc certaines tendances qui commencent à se dessiner dans diverses provinces.
[Français]
En conclusion, que dire des progrès réalisés au chapitre des temps d'attente? Premièrement, les comparaisons interprovinciales posent toujours un défi. Deuxièmement, les activités se multiplient dans les domaines prioritaires. Troisièmement, en général, la diffusion publique des données sur les temps d'attente va en s'améliorant et des tendances commencent peu à peu à se dessiner.
Merci.
:
Bonjour et merci de nous avoir invités ce matin.
[Traduction]
Je m'appelle Jeanne Besner. Je suis présidente du Conseil canadien de la santé. À ce titre, je suis heureuse de faire rapport au Comité permanent de la santé sur les progrès accomplis dans la réalisation des réformes annoncées dans l'Accord de 2003 sur le renouvellement des soins de santé et le Plan décennal pour consolider les soins de santé de 2004. Je vous présente donc ce que nous avons observé à ce sujet.
Pour ceux d'entre vous qui ne le savent peut-être pas, le Conseil canadien de la santé a été créé dans la foulée de l'accord de 2003 afin de surveiller les progrès accomplis dans le cadre de la réforme des soins de santé en se fondant sur les éléments stipulés dans les accords et pour en faire rapport. En 2004, on nous a confié le rôle supplémentaire de faire rapport des résultats en matière de santé. C'est donc de ces questions que je vous parlerai.
[Français]
Les accords avaient des buts louables, incontournables et ambitieux, mais ont-ils eu, à l'échelle nationale, le large impact que souhaitaient les gouvernants? En bref, il nous reste du chemin à faire.
[Traduction]
On ne peut pas douter que les accords aient été un catalyseur du changement dans bon nombre de domaines. Les investissements majeurs en équipements médicaux et en technologie de l'information ont fait augmenter le nombre des services fournis, certaines administrations ont amélioré leur gestion des listes d'attente, et la plupart utilisent des sites Web publics pour fournir des renseignements sur les temps d'attente pour certaines interventions. Par conséquent, de nombreux patients savent maintenant à peu près quand aura lieu leur opération de la cataracte, ou le remplacement de la hanche ou du genou, et dans beaucoup de cas, l'intervention survient après une moins longue attente qu'il y a cinq ans.
La plupart des Canadiens ont plus facilement accès à des renseignements et des conseils en matière de santé grâce à des lignes d'assistance téléphonique. Certains Canadiens ont plus facilement accès à des médicaments sur ordonnance couverts par des régimes d'assurance publique, à des équipes de soins de santé primaires et à divers services de soins de santé à domicile ou dans leurs collectivités. Et, lentement mais sûrement, le système de santé adopte les technologies de l'information pour procurer des soins plus sûrs, plus efficaces et mieux informés.
Dans notre prochain rapport, qui doit être publié en juin, nous soulignons plusieurs autres progrès en vue du renouvellement des soins de santé.
[Français]
Mais à d'autres égards, l'état d'avancement des engagements pris avec les accords n'est pas tout à fait un motif de célébration. Le Conseil canadien de la santé considère avec une préoccupation particulière neuf domaines du renouvellement des soins de santé où les efforts ont été plus lents, ont eu moins d'ampleur et ont moins fait appel à la collaboration que ce qu'avaient d'abord imaginé les premiers ministres dans les accords de 2003 et 2004.
[Traduction]
Tout d'abord, en ce qui concerne la couverture des médicaments et une meilleure formulation des ordonnances, les gouvernements n'ont pas fait de progrès significatifs en créant la Stratégie nationale relative aux produits pharmaceutiques. Des disparités de couverture importantes existent encore à l'échelle du Canada, particulièrement dans les provinces de l'Atlantique. Trop de Canadiens sont encore vulnérables en raison de difficultés personnelles et ne peuvent se procurer les médicaments dont ils ont besoins. En outre, les Canadiens n'ont pas de protection adéquate contre les ordonnances mal formulées parce que nous n'avons pas mis en place de systèmes permettant aux fournisseurs de soins de santé et aux consommateurs d'obtenir des informations sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments.
[Français]
En ce qui concerne les soins à domicile, les deux semaines de soins à domicile couverts par un régime public sont souvent insuffisantes pour beaucoup de gens qui en ont besoin, et les services de soins à domicile continuent à être mal intégrés aux soins médicaux primaires dans beaucoup de régions. Il existe encore des disparités évidentes dans l'accessibilité à des soins à domicile financés par les pouvoirs publics d'un bout à l'autre du pays. Quel que soit le lieu de résidence, on devrait probablement pouvoir se procurer des services à domicile étroitement coordonnés aux autres aspects des soins de santé primaires.
[Traduction]
En ce qui concerne la santé des Autochtones, nous remarquons que l'importance des problèmes de santé inévitables dans de nombreuses collectivités autochtones continue de faire l'objet de préoccupations majeures à travers le pays. L'apport de fonds découlant des ententes intergouvernementales prometteuses de 2005, le communiqué de Kelowna et le plan directeur de la santé des Autochtones est resté relativement modeste. Certaines provinces travaillent étroitement avec les collectivités autochtones et le gouvernement fédéral à l'amélioration, sur une base régionale, des soins de santé et des conditions de vie, mais les progrès sont de loin inférieurs à ce que nous pensions que ces ententes envisageaient.
[Français]
La progression du nombre d'équipes interprofessionnelles de soins de santé primaires est certainement prometteuse, et certaines régions du pays sont en bonne voie d'atteindre l'objectif énoncé dans le plan décennal de 2004, selon lequel d'ici 2011, 50 p. 100 des gens seraient desservis par de telles équipes. Mais à l'échelle de la nation, les progrès sont irréguliers et difficiles à évaluer. Ce qui est encore plus préoccupant, c'est qu'un trop grand nombre de Canadiens n'ont pas accès en temps opportun à leur prestateur médical habituel et que trop souvent, les services de soins de santé primaires ne sont pas coordonnés ou sont incomplets.
[Traduction]
Pour ce qui est des effectifs de la santé, un élément essentiel des deux accords était de s'assurer d'avoir un nombre adéquat de professionnels de la santé là où il le fallait. Les admissions aux écoles professionnelles ont nettement augmenté, un plus grand nombre de diplômés de l'étranger ont été intégrés, et on a apporté certains changements à la pratique de divers types de professionnels. Cependant, nous notons toujours de sérieux décalages entre la demande et l'offre dans les effectifs de la santé au Canada. À l'échelon régional, certaines provinces et certains territoires travaillent ensemble pour planifier et gérer plus efficacement les ressources humaines de la santé, mais la collaboration dans le pays tout entier prévue en 2003 et 2004 n'a pas encore abouti à une planification concertée.
[Français]
Viennent en sixième lieu les télédossiers de santé et la technologie de l'information. Malgré de récents investissements par l'entremise de l'Inforoute Santé du Canada, les deux gouvernements du Canada ont progressé avec lenteur en ce qui concerne les systèmes informatiques permettant de favoriser la prestation de soins de santé de haute qualité. Nous ne sommes pas très bien partis pour atteindre l'objectif établi par l'Inforoute, à savoir que 50 p. 100 des Canadiens aient un dossier de santé électronique sécurisé relativement à d'autres éléments de la prestation de soins d'ici 2010, objectif que le Conseil de la santé estimait dès le début trop modeste. Cependant, le public appuie fermement ces investissements, et il appartient au gouvernement de trouver les moyens de financer cet élément essentiel du renouvellement des soins de santé et d'accélérer sa mise en place.
[Traduction]
Pour ce qui est de rendre compte des progrès, des données récentes et fiables constituent les outils fondamentaux qui permettent d'évaluer et de comprendre quelles initiatives visant à améliorer la santé et les soins de santé ont des résultats, et lesquelles n'en ont pas. Aujourd'hui, malgré l'excellent travail de beaucoup d'organisations nationales et régionales qui se consacrent à la collecte d'information et à la recherche dans le domaine de la santé, le Canada possède une myriade de bases de données sur la santé, mais n'a pas un système global, pancanadien réunissant les données sur la santé. Depuis 2000, les gouvernements se sont mis d'accord pour élaborer et utiliser des indicateurs comparables pour faire rapport aux Canadiens des progrès réalisés au chapitre du renouvellement des soins de santé. Un ensemble de 18 indicateurs a été établi, mais certains ne sont pas aussi utiles que nous pourrions le croire quand il s'agit de rendre compte des réforme prioritaires prévues dans l'accord, tandis que ceux qui seraient utiles ne sont pas très utilisés pour informer le public.
[Français]
En 2003, l'accord qui a créé le Conseil de la santé a aussi désigné le Comité consultatif FPT sur la gouvernance et la responsabilité comme partenaire principal du Conseil canadien de la santé dans ses tâches. Cependant, ce comité intergouvernemental, dans le cadre duquel les gouvernements se communiquaient des informations, a été supprimé. L'information sur la façon dont les gouvernements dépensent les fonds ciblés n'est pas facilement accessible et, dans certains cas, elle n'est pas disponible.
[Traduction]
En ce qui concerne les temps d'attente, je pense que Mme Yeates a fourni de l'information selon laquelle de nombreuses améliorations avaient été apportées. Nous notons cependant que les points de référence pour l'imagerie diagnostique qui devaient avoir été créés au plus tard en décembre 2007 n'ont toujours pas été publiés.
Donc, pourquoi les progrès accomplis sont-ils si décevants dans le cas d'un si grand nombre de ces engagements? Le Conseil canadien de la santé y voit plusieurs explications. Premièrement, certains éléments clés des accords n'étaient pas assez bien définis au départ de façon à les rendre mesurables. Par exemple, un élément fondamental des accords consistait à rendre les soins donnés par une équipe multidisciplinaire plus faciles à obtenir, mais en quoi consiste une équipe multidisciplinaire de soins de santé primaires? S'agit-il d'une infirmière travaillant avec un médecin de famille, ou doit-on inclure des professionnels tels que des nutritionnistes, des psychologues et des pharmaciens? Nous ne pouvons pas savoir si nous avons atteint nos buts tant que nous ne savons pas plus clairement ce à quoi nous voulons parvenir.
[Français]
Deuxièmement, en tant qu'outil devant financer le changement et coordonner la réforme, les accords avaient leurs points forts mais aussi certaines faiblesses cruciales. Au total, le montant des nouveaux fonds cumulés affectés par l'accord de 2003 et le plan décennal de 2004 atteindra, d'ici 2014, bien plus que 230 milliards de dollars. Tandis qu'une partie du financement est liée à des objectifs généraux de politique de soins de santé, une bonne part n'est subordonnée à aucune condition réelle, à peu d'exigences quant à en faire rapport publiquement, et à presque aucun objectif et résultat mesurables.
[Traduction]
Troisièmement, la réalité, pour les soins de santé au Canada, c'est que nous n'avons pas un système unique, mais au moins 14 systèmes, y compris les soins que le gouvernement fédéral procure ou finance directement. Il ne fait aucun doute que cette réalité présente pour la réforme des défis de concertation sur une vaste échelle, mais les accords envisageaient que les gouvernements collaboreraient pour résoudre leurs problèmes communs dans l'intérêt de tous les Canadiens, quel que soit le lieu de résidence. Tout en reconnaissant les droits et les responsabilités des provinces et des territoires en matière de prestation des soins, le Conseil de la santé croit que nous devons relancer l'idée d'une vision commune pancanadienne de la santé et des soins de santé, et mettre en place les mécanismes qui permettront de réaliser cette vision.
[Français]
Finalement, nous redoutons que l'engagement des gouvernements envers l'esprit de l'accord ne soit en train de s'affaiblir. Beaucoup de promesses n'ont pas été honorées entièrement, ou du moins, pas dans la mesure qu'espéraient les Canadiens. Le mariage de raison entre l'argent et le désir d'un renouvellement des soins de santé paraissait extrêmement prometteur en 2003 et 2004. Les gouvernements devraient expliquer ce qui a changé entre-temps — s'il y a eu des changements — ou réaffirmer leur engagement envers un ensemble bien défini de réformes. Nous encourageons les gouvernements à renouveler leurs voeux les uns envers les autres et envers les citoyens.
[Traduction]
Alors que nous contemplons les cinq prochaines années du Plan décennal pour consolider les soins de santé au Canada, le Conseil canadien de la santé presse les gouvernements de réitérer leur volonté de mettre en oeuvre un changement s'étendant à tout le système. Les Canadiens ont leur système de soins de santé très à coeur et tiennent beaucoup à des réformes visant à maintenir sa durabilité et à l'améliorer. Nous sommes persuadés que le système de soins de santé public peut procurer un meilleur accès à des soins plus équitables et d'une plus grande qualité. Nous invitons les gouvernements à réaffirmer leur engagement envers le renouvellement des soins de santé partout au Canada.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Et merci à nos intervenants, même si vos exposés m'ont un peu donné envie de crier: « au secours! ». Je remplace quelqu'un aujourd'hui, si bien que je siège à ce comité pour la première fois depuis un certain temps. On semble toutefois débattre de questions très semblables à celles dont on débattait quand j'étais membre officiel.
Il y a une chose qui me préoccupe: l'ICIS recueille les données qu'il est censé recueillir, ce qui est fort bien, mais indique qu'il y a des différences indubitables entre les diverses régions du pays quant à la disponibilité des données et aux façons de mesurer. Le Conseil canadien de la santé indique essentiellement la même chose: soit que l'évolution est plus lente qu'elle ne devrait l'être, soit que certains indicateurs font défaut.
Je ne suis pas là pour blâmer Pierre ou Paul. Mais si nous avons deux, voire trois organismes ou plus qui mesurent ou étudient le même type de choses, sans données quant aux modalités adoptées, comment y remédions-nous? J'aimerais mieux ne pas me retrouver ici dans six mois pour recevoir le même type de rapport: oui, nous réalisons quelques progrès; oui, cela a constitué un catalyseur.
Je suis d'accord avec les remarques que j'ai entendues ici: les feux de la rampe ne sont plus braqués sur l'accord, qui suscite nettement moins d'intérêt et d'enthousiasme qu'à ses débuts, sauf quand on parle de délai d'attente pour les hanches. Là, on suscite de l'intérêt.
Comment intégrer les données qui sont recueillies, dans un premier temps? Les opérations de chasse et de cueillette se multiplient. Comment intégrer toutes ces données afin que, lors de nos réunions, nous puissions voir s'il y a concordance entre les données recueillies? Dans un deuxième temps, comment nous assurer plus rapidement que les mesures sont compatibles afin que, lorsque les données deviennent disponibles, elles soient au moins empiriquement similaires à ce qui est communiqué à chaque organisme.
Le manque d'intégration des données, le caractère disparate des données réunies, les normes s'appliquant à ces données me préoccupent, ainsi que la déception des gens qui espéraient des progrès plus spectaculaires.
L'un et l'autre, s'il-vous-plaît.
Pour ce qui est d'améliorer les données, je comprends votre frustration, que nous ressentons tous, je crois, dans le secteur de la santé. Mais prenons un peu de recul, faisons le point sur l'ICIS... Nous avons débuté il y a 14 ans avec quelques petites bases de donnée ayant trait aux soins actifs; nous comptons maintenant 27 bases de données et en constituons d'autres. Il me semble qu'il y a eu une amélioration des données, même si elle est graduelle, comme vous l'avez souligné.
Nous continuons à réunir des données portant non seulement sur des soins actifs mais aussi sur de nouveaux domaines: les soins à domicile, les médicaments et les professionnels de la santé autres que les médecins et les infirmières. Jamais nous ne disposons de données suffisantes pour répondre à toutes les questions qui se posent, mais je pense qu'on enregistre des progrès.
En matière d'intégration, nous avons pris conscience de la difficulté de transformer ces données — coûteuses à recueillir — en indicateurs et en mesures utiles pour les gens. En tout cas, nous collaborons avec les intéressés pour comprendre comment simplifier les indicateurs de santé et les rendre utilisables, même dans un petit office régional de la santé ou dans une zone rurale.
La comparabilité des données nous tient à coeur et nous prenons notre rôle dans ce domaine au sérieux. Les données sur les délais d'attente convergent, sans toutefois en permettre une comparaison, comme nous l'avons mentionné. Si nous signalons ces différences, la convergence s'effectuera au fil du temps.
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C'est un champ beaucoup plus vaste que les médecins et les infirmières.
J'aimerais revenir à quelque chose qui a été dit plus tôt, à savoir s'ils arriveront au point et si nous devrions arriver au point que ce n'est tout simplement pas possible de faire une analyse comparative; que, peu importent les efforts déployés, nous ne pouvons y arriver.
Je ne veux pas me rendre compte que nous attendons avant de faire le nécessaire, comme je l'ai dit tantôt, pour des gens qui, littéralement, sont en train de mourir, comme c'est le cas des Autochtones, en attendant des changements dans le domaine de la santé des Autochtones ou le régime d'assurance-médicaments, par exemple. Est-ce que le comité a abordé ou envisagé ceci: c'est-à-dire que nous arriverions au point où vous diriez — tout le monde peut répondre à cette question — nous avons essayé; nous avons examiné la situation, et ce n'est pas possible; tournons la page et trouvons une façon différente d'offrir certaines de ces améliorations au public, sans toujours courir après quelque chose que nous avons maintenant décidé qu'il serait impossible d'atteindre, ou tout simplement un processus pour le processus.
J'espère que nous serions tous d'accord pour dire que processus signifie vraiment résultat, parce que ces gens qui meurent parce qu'ils n'ont pas de médicaments ou d'eau potable ou de soins de santé dans leurs collectivités arrêteront, à un certain point, de s'intéresser à notre analyse comparative.
Peut-on — n'importe qui — me dire si vous avez eu cette discussion?
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Nous savons certainement que c'est un aspect critique dans le secteur des soins de santé. Nous étudions toute une série de ces questions. Nous n'avons pas autant de données sur toutes ces questions que nous aimerions avoir, mais nous avons certains renseignements que je peux vous donner pour répondre à quelques-unes des questions que vous avez soulevées.
Nous savons que la proportion de médecins et d'infirmiers par rapport à la population a augmenté jusqu'au début des années 1990, après quoi elle a baissé légèrement et puis elle est restée relativement stable. Nous savons que nous avons le même nombre de médecins en pourcentage de la population que nous avions il y a 10 ans, mais par ailleurs, nous savons que la médecine a changé. C'est un domaine qui devient de plus en plus spécialisé, et nous utilisons les médecins de façon différente. Nous voyons que les volumes d'activité ont augmenté, et nous comprenons donc pourquoi, lorsqu'on considère ces chiffres, le système de soins de santé ressent des pressions.
Nous savons aussi qu'en comparaison avec d'autres pays, le Canada a moins de médecins en pourcentage de la population, que certains autres pays semblables au sein de l'OCDE, par exemple.
Nous avons des chiffres sur le nombre de médecins qui viennent au Canada comme immigrants et s'inscrivent comme médecins, et le nombre qui sont revenus, ainsi que ceux qui partent. Nous mesurons ces chiffres depuis quelques années et le nombre de médecins qui reviennent au Canada de l'étranger est plus important que le nombre de médecins qui quittent le Canada. Cela est donc une bonne nouvelle.
Si je ne m'abuse, le nombre de médecins étrangers en pourcentage de médecins qui ont obtenu leur diplôme à l'étranger et en pourcentage du nombre total de médecins dans la population est assez stable — à peu près 18 p. 100. Ce chiffre est relativement stable en ce moment.
Pour ce qui est de votre question sur les retraites, nous savons que la population de médecins vieillit. Nous voyons que l'âge moyen des médecins augmente. Même si nous ne savons pas exactement quand les médecins prendront leur retraite, nous savons que c'est une question que les planificateurs doivent prendre en compte de même que la féminisation croissante de la population de médecins, étant donné que les jeunes médecins ne travaillent pas de la même façon que les générations antérieures.
Nous essayons de documenter toutes ces dimensions et de faire parvenir les données aux planificateurs en soins de santé pour qu'ils puissent les utiliser à bon escient.
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Merci, monsieur le président.
La conversation avec les témoins devient fort intéressante. Permettez-moi de faire une observation au sujet du témoignage précédent.
Je trouve étonnant que seulement un millième des fonds promis par l'ancien premier ministre en vertu de l'accord de Kelowna a été débloqué. Il avait parcouru le pays en disant qu'il y avait un accord de 5 milliards de dollars, alors qu'on sait maintenant, et on s'en doutait d'ailleurs, qu'il s'agissait simplement d'un accord non contraignant qui n'aurait pas eu de conséquences. Il n'y avait pas de montants prévus et seulement un millième des fonds ont été débloqués. Cette information est fort utile, et je tiens à remercier les représentants du Conseil canadien de la santé d'avoir attiré notre attention là-dessus aujourd'hui.
Ma question s'adresse à Mme Yeates. J'imagine que vous avez pris connaissance du bulletin de l'Alliance sur les temps d'attente publiés il y a quelques semaines. Le bulletin contient quelques tableaux sur lesquels j'aimerais avoir votre opinion.
Le deuxième tableau traite, entre autres, des interventions aux hanches et aux genoux. Il y a place à l'amélioration, mais dans l'ensemble, les résultats sont assez bons. Parmi les notes attribuées, il y a l'Ontario avec cinq A, le Manitoba avec trois A et quelques B. Le troisième tableau fait état des progrès réalisés dans le cadre du plan décennal qui vise à améliorer le régime des soins de santé. Il s'agit donc de l'accord en question, et les tendances sont à la hausse. On est passé d'un D à C-plus, et d'un C à un C-plus. Alors, les tendances sont à la hausse, semble t-il, selon ce qu'indique le rapport de l'Alliance sur les temps d'attente.
J'aimerais que vous ayez l'occasion de commenter ce rapport.