:
Bonjour, honorables membres du comité.
Le Bureau de la surveillance et de l'épidémiologie s'occupe principalement de la surveillance de l'innocuité des médicaments et des produits biologiques thérapeutiques après leur commercialisation, du développement et de l'évaluation des programmes de gestion du risque et de la prévention des erreurs médicales. La surveillance post-homologation de la réserve de sang, des vaccins, des tissus et d'autres produits biologiques, appareils médicaux et compléments alimentaires relève d'autres unités de la FDA.
C'est pour moi un plaisir et un honneur de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous décrire notre système de surveillance post-commercialisation de l'innocuité des médicaments et répondre à vos questions.
La mission de la FDA consiste à assurer le plus rapidement possible la commercialisation de médicaments sûrs et efficaces et la grande qualité et l'innocuité des médicaments qui sont déjà sur le marché. Surveiller et comprendre l'innocuité des médicaments et des produits biologiques thérapeutiques est un processus qui se poursuit tout au long du cycle de vie d'un produit. Il commence avant que le médicament soit administré pour la première fois aux êtres humains, et se poursuit pendant toute la période pendant laquelle le produit est sur le marché.
À chaque étape de la mise au point d'un médicament, on obtient d'importants renseignements concernant l'innocuité du médicament. Lorsqu'un médicament est homologué, il y a une quantité importante de données concernant son profil d'innocuité. Au cours du processus d'examen précédant l'homologation, la FDA examine ces données, ainsi que les données concernant l'efficacité du produit afin de déterminer si les avantages éventuels du médicament sont supérieurs au risque éventuel pour son usage prévu. Les risques d'un produit sont présentés sur l'étiquette qui a été approuvée pour le produit, un document qui peut être mis à jour tout au long de la période au cours de laquelle le produit est vendu sur le marché.
Bien que les tests auxquels un médicament est soumis avant son homologation soient très rigoureux — et l'examen des données est très approfondi — il y a toujours des incertitudes concernant le profil d'innocuité complet d'un médicament lorsqu'il est mis sur le marché. Même les tests les plus complets effectués avant la mise en marché ne peuvent prévoir toutes les réactions indésirables possibles. C'est parce que les essais cliniques se font sur un nombre limité de patients, au cours d'une période de traitement relativement courte, auprès de populations de patients relativement étroites qui souvent n'incluent pas des groupes spéciaux, notamment les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes ou différentes ethnicités.
L'objectif du programme post-commercialisation d'innocuité des médicaments est de déterminer les événements indésirables qui n'avaient pas été décelés avant l'homologation et de mieux comprendre toute la gamme des événements indésirables associés à la prise d'un médicament, notamment les événements indésirables reconnus avant l'homologation.
Un aspect central du système de surveillance post-commercialisation aux États-Unis est la déclaration des événements indésirables à la FDA. Aux États-Unis, lorsque l'on soupçonne un événement indésirable chez des patients individuels, ces événements sont généralement décelés aux points de service. Les patients, les médecins, les infirmiers, les pharmaciens ou tout autre personne au point de service qui soupçonnent un lien entre un événement indésirable et un médicament ou un produit biologique thérapeutique peuvent, bien qu'ils ne soient pas tenus de le faire, signaler l'événement indésirable soit au fabricant soit à la FDA, .
Le public peut faire parvenir des déclarations directement à la FDA par l'intermédiaire du programme MedWatch créé en 1993 pour permettre aux fournisseurs de soins de santé et aux consommateurs de faire parvenir une déclaration au sujet de problèmes graves qu'ils soupçonnent être liés à un produit médical — qu'il s'agisse d'un médicament, un produit biologique ou d'un appareil médical — directement à la FDA. Les membres du public peuvent par ailleurs signaler volontairement les événements indésirables soupçonnés à un fabricant lequel est ensuite assujetti aux règlements concernant la présentation de ces déclarations à la FDA.
Dans le cas de certains événements indésirables graves, les fabricants doivent les signaler rapidement à la FDA, soit dans un délai de 15 jours. Ces exigences varient selon la situation du médicament par rapport à son autorisation de commercialisation. Dans le cas d'autres événements indésirables, les fabricants présentent un rapport périodique, c.-à-d. trimestriel ou annuel, selon la période depuis laquelle le médicament est sur le marché.
Les rapports d'événements indésirables que la FDA reçoit du public et des fabricants sont entrés dans une base de données appelée Système de déclaration des événements indésirables. La FDA reçoit plus de 450 000 déclarations par an. Environ 94 p. 100 de ces déclarations proviennent des fabricants. Le reste, soit 6 p. 100, provient directement du public via le programme MedWatch. Cette base de données contient à l'heure actuelle plus de 4 millions de déclarations d'événements indésirables.
Les évaluateurs de l'innocuité qui travaillent pour la FDA examinent ces déclarations individuelles pour déterminer s'il est nécessaire d'ajouter sur l'étiquette du médicament de l'information concernant son innocuité. L'examen des déclarations d'évènements indésirables est un processus complexe et je ne peux pas vous en parler ici en détail. L'analyse de ces déclarations est la pierre angulaire de notre système de surveillance post-commercialisation depuis plus de quatre décennies, et continuera de jouer un rôle important dans notre système d'innocuité des médicaments. Cependant, la science sur l'innocuité des médicaments a évolué au cours des deux dernières décennies. On est en train de mettre en oeuvre de nouvelles sources de données et de mettre au point d'autres méthodologies qui viennent compléter l'information obtenue à partir des déclarations des patients et des praticiens.
Aujourd'hui, nous avons à notre disposition certaines grandes bases de données qui contiennent des données médicales administratives et des dossiers médicaux électroniques. Nous prévoyons que ces ressources seront beaucoup plus disponibles à l'avenir grâce à de meilleures ressources et à un meilleur accès. Ce sont là de riches sources d'information sur les effets secondaires possibles des médicaments. Des études épidémiologiques d'observation, notamment des études de contrôle de cas et des études de cohorte sont des approches qui peuvent confirmer un lien entre un médicament et un événement indésirable et qui peuvent par ailleurs donner une mesure quantitative de ce lien. De telles études demandent beaucoup de temps et d'argent. La FDA les utilise pour examiner des questions importantes concernant l'innocuité d'un médicament auquel on ne peut trouver de réponse à partir des données contenues dans les systèmes de déclaration spontanée.
Les essais cliniques sont également une autre approche permettant d'examiner les questions liées à l'innocuité des médicaments. De nombreux essais cliniques sont conçus surtout pour examiner l'efficacité d'un médicament; quoi qu'il en soit, ils permettent de recueillir d'importantes informations au sujet de l'innocuité. Des essais cliniques pour de nouvelles doses et de nouveaux usages d'un médicament se poursuivent souvent une fois que le médicament a été homologué. Dans certains cas, les essais cliniques sont conçus principalement pour examiner une question spécifique liée à l'innocuité. Je voudrais souligner que récemment aux États-Unis d'importantes décisions liées à l'innocuité des médicaments ont été prises à la suite d'études observationnelles ou d'essais cliniques, et pas en se fondant sur des rapports d'innocuité individuels.
Par ailleurs, la possibilité de mettre en place des systèmes de surveillance active en vue de déceler et d'examiner les problèmes liés à l'innocuité des médicaments est à l'étude. De nombreuses organisations sont en train de mettre au point et de mettre à l'essai des systèmes de surveillance active de l'innocuité des médicaments à partir des importants services d'archives de données automatisées sur la santé. Le point commun entre ces systèmes c'est qu'ils ne dépendent pas des fournisseurs de soins de santé individuels ou des patients pour reconnaître et signaler les événements indésirables qui peuvent être liés à l'utilisation d'un médicament. Ces systèmes utilisent plutôt souvent des méthodes statistiques perfectionnées pour chercher activement des modèles dans des bases de données qui établissent un lien entre l'utilisation de l'ordonnance, les soins médicaux en clinique externe et les services médicaux aux malades hospitalisés qui pourraient supposer un événement indésirable lié à la pharmacothérapie.
Bien qu'il y ait beaucoup d'intérêt à développer ce genre de système, il y a tellement de travail à faire pour valider ces derniers. Quoi qu'il en soit, il est peu probable qu'un système puisse résoudre tous les problèmes d'innocuité des médicaments pour toutes les populations de patients. Donc, même si le système de déclaration spontanée est la pierre angulaire du système de surveillance de l'innocuité des médicaments après l'approbation aux États-Unis depuis plusieurs décennies, on utilise et on examine de nouvelles approches fondées sur les bases de données pour un grand pourcentage de la population et ces nouvelles approches joueront sans doute un rôle de plus en plus important dans ce système.
En plus de nos activités liées à la surveillance de l'innocuité des médicaments, nous nous intéressons à l'utilisation sans risque des médicaments. À cette fin, nous avons mis en place des plans de gestion du risque pour certains médicaments dont les avantages dépassent les risques seulement lorsqu'on respecte judicieusement certaines conditions d'utilisation. Bon nombre de nos efforts à l'heure actuelle visent à évaluer les avantages de ces plans sur le plan de la santé publique pour tous les secteurs du régime de soins de santé.
La nouvelle loi qui a été adoptée aux États-Unis en septembre 2007, le Food and Drug Administration Amendment Act, reconnaît l'importance de la surveillance post-commercialisation en donnant explicitement à la FDA le pouvoir d'exiger que les fabricants, dans certaines conditions, fassent des changements aux étiquettes d'un médicament si on a décelé un problème d'innocuité après la commercialisation; de faire des études post-commercialisation et des essais cliniques pour répondre aux questions d'innocuité des médicaments et de mettre en oeuvre des stratégies d'atténuation et d'évaluation du risque pour les médicaments d'ordonnance.
Par ailleurs, cette loi stipule que la FDA doit évaluer officiellement l'innocuité des nouveaux médicaments 18 mois après leur mise en marché, ou après que 10 000 patients aient été traités. Nous sommes actuellement en train de mettre en oeuvre ces dispositions de la loi ainsi que d'autres dispositions liées à l'innocuité des médicaments.
Afin de nous assurer que le public est au courant de nos conclusions liées à l'innocuité des médicaments, nous avons entrepris de nombreux efforts pour améliorer nos communications avec le public relativement à ces questions. Mentionnons entre autres l'inscription sur les étiquettes de l'information s'adressant aux patients, la communications de nouvelles constatations liées à l'innocuité des médicaments avant que l'étiquette d'un produit ait été modifiée et la publication d'un bulletin trimestriel sur l'innocuité des médicaments. La Food and Drug Administration Amendements Act contient par ailleurs des dispositions sur l'obligation de fournir de l'information au public.
Enfin, ce qui n'est pas le point le moins important, l'innocuité des médicaments est une activité mondiale. À la FDA, nos relations avec nos homologues internationaux sont très importantes pour nous. Nous avons des relations particulièrement étroites et productives avec nos collègues de Santé Canada dans de nombreuses situations, notamment lors des réunions de l'Organisation mondiale de la santé, d'autres réunions internationales, des rencontres bilatérales et des échanges d'information habituels.
Je serais heureux de répondre à vos questions. Merci.
:
Nous faisons face à tous ces défis. Je pense que nos défis sont très semblables.
En ce qui concerne le signalement des faits indésirables. Aux États-Unis, les médecins, les infirmières, les pharmaciens, les patients ou quiconque prodiguent des soins ne sont pas tenus de déclarer, au fabricant ou à la FDA, un événement indésirable lié à un médicament. Nous croyons comprendre que seulement un petit pourcentage de ces événements indésirables sont signalés. On dit souvent que de 1 à 10 p. 100 sont signalés. Le pourcentage réel n'est sans doute pas connu, mais il varie sans doute d'un médicament à l'autre.
Cependant, le plus important au sujet de ces systèmes n'est pas le nombre de déclarations, mais la qualité des déclarations. Nous recevons plus de 450 000 déclarations par an, mais bon nombre d'entre elles ne contiennent pas le genre d'informations essentielles dont nous avons besoin ou que nous voulons avoir pour déterminer exactement si le médicament a joué un rôle dans cet événement indésirable. Nous pouvons faire un examen et obtenir les données de suivi. Nous pouvons faire cela. Cela demande cependant beaucoup de temps et de ressources, et nous n'avons pas les ressources pour le faire.
Pour ce qui est des autres genres de systèmes de surveillance, ces systèmes reposent largement sur de vastes bases de données sur les soins de santé et de dossiers médicaux électroniques —elles n'appartiennent pas à la FDA. Elles n'appartiennent pas non plus aux fabricants de médicaments. Elles appartiennent à des parties indépendantes. Aux États-Unis où il y a un régime d'assurance-santé privé, elles appartiennent souvent aux assureurs ou aux régimes de santé. L'un des défis que nous devrons relever, c'est de réunir tous les intervenants: la FDA, les autres agences gouvernementales, les fabricants, les gens qui ont les données — les régimes de santé, les régimes hospitaliers, les praticiens et les universitaires qui ont les compétences pour examiner ces données. Comment pouvons-nous réunir tous ces gens — et respecter en même temps la vie privée des patients et le caractère confidentiel de ces informations — pour examiner ces données et voir ce qui se passe?
Donc, la FDA ne fait que commencer à mettre en place de telles initiatives.
:
Bonjour. Je vais faire ma présentation en français.
Dans un premier temps, je vais me présenter. Je suis un avocat qui se spécialise en droit de la santé. Je suis avant tout un praticien. Ma pratique est un peu particulière parce qu'au Québec, mon cabinet s'occupe d'environ la moitié de tous les recours de la province dans le domaine de la santé. Ce qu'on défend essentiellement, ce sont les droits des usagers, les droits des patients, dans tous les aspects du fonctionnement du système de santé. Aujourd'hui, je vais vous présenter une perspective patients-droits des patients, parce que c'est un enjeu très important quand on parle de la surveillance postcommercialisation des médicaments. C'est un enjeu important pour la sécurité des patients.
Je tiens à vous dire tout de suite que ma pratique n'est pas ordinaire; elle n'est pas à l'américaine non plus. C'est une pratique engagée dans la promotion d'un certain nombre de valeurs dont, entre autres et principalement, la qualité, la sécurité et l'accessibilité des soins. C'est davantage dans l'optique de notre engagement en matière de sécurité des soins que je vais présenter aujourd'hui les commentaires que j'ai à faire à cet égard.
Je suis très heureux et je remercie le comité de nous permettre de nous exprimer à ce sujet. Il est important qu'on revoie tout ce processus parce que si on considère la réglementation actuelle, on se rend compte que, du point de vue du public, des consommateurs, des usagers ou des gens qui utilisent les médicaments, elle est extrêmement faible et limitée. Essentiellement, c'est une réglementation qui repose principalement sur l'autorégulation par les compagnies pharmaceutiques quant aux effets indésirables et non souhaités des médicaments mis en marché. La seule forme d'encadrement qu'on a c'est l'obligation pour les compagnies, en vertu de l'article 16 du règlement, de signaler à Santé Canada les cas où on a constaté les effets indésirables de médicaments.
Par la suite, la loi prévoit que Santé Canada peut demander des analyses, etc., mais le public n'a, premièrement, aucune notion quant à la manière dont les compagnies interprètent ces règles. Autrement dit, est-ce qu'on prend une interprétation restrictive, qui fait qu'on va signaler très peu de cas? Deuxièmement, on n'a aucune idée si Santé Canada vérifie, valide la manière dont les compagnies interprètent ces informations. Par ailleurs, on ne sait pas vraiment ce que Santé Canada fait de tous ces signalements. On prévoit que le ministère peut faire des analyses et des essais supplémentaires, mais pour ma part, je n'ai pas vu de rapports, de documentation ou quoi que ce soit là-dessus qui laisse croire que ces règles sont vraiment implantées.
On dit aussi qu'il peut y avoir des essais cliniques en phase 4 également. On a pris soin d'encadrer beaucoup les essais cliniques des phases 1, 2 et 3; on n'encadre pratiquement pas ceux de la phase 4. Il y a donc un problème. On devrait certainement évaluer l'encadrement en ce qui concerne la législation.
À côté de cela, on a également un système de signalement volontaire par les professionnels et le grand public. Ce système de signalement est volontaire, administratif et n'est encadré par aucun processus. Il n'existe non plus aucun mécanisme de suivi de ces signaux. Donc, M. et Mme Tout-le-monde ou un professionnel peuvent signaler un défaut, mais qu'advient-il de ce signalement? On n'en sait rien, on n'a aucune idée de ce qui peut arriver avec ces choses-là. Je pense que c'est une précaution importante, parce que c'est un enjeu important pour la sécurité des soins, comme je vous le dis.
Si on parle d'un angle de réflexion à cet égard, j'attirerais votre attention sur la loi québécoise sur la sécurité des soins adoptée en 2002. Au Québec, on a réussi à faire changer la loi. C'est d'ailleurs une cause qui a émané de mon cabinet. On a fait des efforts pour apporter un changement à la loi, pour changer les règles par rapport à la sécurité des soins. On a pris pour prémisse que dans notre système de santé, il existe un certain nombre d'accidents de soins. Si on parle d'effets indésirables des médicaments, il y en a un certain nombre aussi. Jusqu'à maintenant, c'était souvent considéré comme des incidents anecdotiques qu'on signalait, dont on parlait, mais qui n'avaient pas de suite. Donc, en 2002, on a fait changer la loi pour prévoir d'abord la déclaration obligatoire des incidents et accidents de soins.
Un effet indésirable de médicament, ça entre dans la notion d'accident de soins, selon la loi québécoise. La loi prévoit donc qu'il faut le déclarer à l'intérieur de chaque établissement de santé. Il faut donc le déclarer à une organisation interne dont la loi oblige la création et qui s'appelle maintenant le Comité de gestion des risques et de la qualité des soins. Dans chaque hôpital au Québec, dans chaque établissement de santé, on a un comité de gestion des risques qui s'occupe de recevoir toutes ces déclarations. Il a d'abord l'obligation de divulguer cette réalité aux patients dans tous les cas où ces dernier ont subi des complications, d'offrir du soutien aux patients et d'indiquer aux personnes les moyens qu'on va prendre si de pareils incidents se produisent. Le comité a par ailleurs l'obligation d'enquêter sur chacun de ces incidents pour voir ce qui s'est passé, faire des rapports, des recommandations, tenir un registre.
On a donc un encadrement juridique déjà très structuré à l'intérieur du système de santé du Québec. Cet encadrement juridique serait tout à fait utile dans ce cas-ci pour gérer les effets indésirables des médicaments ou les accidents reliés à la prescription de médicaments.
Si on considère de façon plus générale ce qui pourrait être utile du côté de Santé Canada, il serait indiqué, pour éviter le double emploi, de tenir compte de l'existence de ce système. La législation du Québec et celle du Manitoba, je crois, se ressemblent beaucoup sur ce point. Ces deux provinces sont un peu en avance sur les autres à ce point de vue. Quoi qu'il en soit, le fait important est qu'on a maintenant un système organisé et imputable qui permet aux gens de signaler des accidents. Ces dossiers sont pris en charge par une organisation qui mène une enquête à ce sujet et fait des recommandations pour corriger la situation.
Actuellement, le système de déclaration volontaire est uniquement administratif. On a noté une hausse importante du nombre de déclarations. Ce système, qui est vraiment très peu connu du public, est assez lourd sur le plan administratif. Or, on reçoit malgré cela plusieurs milliers de déclarations. C'est incroyable. En plus, ce n'est à mon avis que la pointe de l'iceberg. J'ai l'impression qu'en réalité, si ce système était plus connu, plus convivial, plus encadré et plus imputable, on recevrait un nombre beaucoup plus élevé de déclarations. D'ailleurs, on serait alors nettement en mesure de répondre aux impératifs en matière de sécurité du public, selon moi.
Comme je vous l'ai dit, les déclarations sont souvent perçues par les médecins comme un emmerdement administratif. Même s'ils voient des choses qui mériteraient d'être signalées, les médecins ne les rapportent pas la plupart du temps parce qu'ils ont le choix de faire un rapport au gouvernement fédéral, ce qui implique une procédure assez lourde, ou de soigner un patient. C'est souvent leur dilemme. Par ailleurs, les gens n'ont aucune idée de ce qui se passe une fois qu'ils ont fait une déclaration. Dans le cadre du débat sur la surveillance postcommercialisation des produits pharmaceutiques, on peut se demander si la déclaration devrait être obligatoire pour les professionnels de la santé. On sait que même avec des systèmes obligatoires, les gens sous-déclarent de toute façon. S'il n'y a pas d'obligation, cette sous-déclaration va être plus prononcée.
Je sais que cette information ne cadre pas avec le mandat de votre comité, mais on estime que seulement 4 ou 5 p. 100 des cas d'accidents ou de complications postvaccinaux sont signalés, alors qu'il y a un processus de déclaration obligatoire dans le cas des accidents postvaccinaux. On peut donc imaginer que dans les cas où ce n'est pas obligatoire, ça reste à un niveau purement marginal. Je pense néanmoins que c'est une des pistes qu'il faut considérer.
Il faudrait peut-être aussi obliger les fabricants à en faire un peu plus. Une nomenclature, des renseignements sont fournis sur chaque emballage de médicament. Un document décrit les risques, les effets, etc. Pourquoi n'obligerions-nous pas les fabricants à indiquer un numéro de téléphone ou une adresse Web auxquels les gens pourraient recourir pour signaler toute réaction indésirable ou complication? De cette façon, les fabricants assumeraient une obligation plus large envers les consommateurs de médicaments. Ils pourraient leur indiquer quoi faire en cas de réaction indésirable. Je pense que ce serait un minimum.
Par ailleurs, il faudrait incorporer dans la réglementation ou même dans la loi, le cas échéant, tout le processus de déclaration, de façon à ce que les gens sachent que ça a une certaine importance. Pour le moment, c'est purement administratif. Les gens pensent peut-être que l'information se rend quelque part, mais ils ne savent pas vraiment où. Il faudrait qu'une organisation à l'intérieur de Santé Canada s'occupe de faire le suivi et qu'on sache ce que ça implique, plutôt que d'entendre dire qu'il y a eu 30, 40 ou 50 déclarations sans toutefois être en mesure d'apprécier, d'aucune façon, l'importance relative ou l'effet.
En matière de gestion des risques et de sécurité de ces médicaments, il faudrait profiter de l'expérience des provinces. Il est clair que sur le plan du marketing, il y aurait un lien important à établir avec le système de santé provincial, du moins dans le cas du Québec, où tout le processus de gestion des accidents de soins est maintenant structuré, encadré et organisé. Pour ne pas faire de double emploi et perdre de temps, il serait important de tirer profit de cette expérience.
C'est d'autant plus nécessaire que les pressions pour raccourcir les délais préalables à l'homologation des médicaments augmentent. Il en va de même pour ce qui est de l'accès aux médicaments par l'entremise du Programme d'accès spécial, notamment. On risque de voir de plus en plus sur le marché des médicaments pour lesquels la durée ou l'ampleur des essais durant les phases 1, 2 et 3 n'aura peut-être pas été suffisante. Il devient donc d'autant plus important de renforcer la surveillance de la phase 4, d'obliger l'encadrement juridique et, pour ce qui est des essais cliniques effectués pendant la phase 4, d'obliger l'encadrement par des comités d'éthique.
Les comités d'éthique n'ont actuellement à peu près pas d'encadrement juridique. Leur composition et leur fonctionnement varient. Sous l'angle du sujet de recherche, ces pratiques ne sont pas tout à fait rassurantes. Il est clair qu'on doit y réfléchir. Malheureusement, plusieurs de ces éléments relèvent aussi de la compétence des provinces.
:
Merci beaucoup. C'est un honneur pour moi d'être présent à votre comité, et je vous remercie de nous avoir invités.
J'ai été à l'emploi du gouvernement fédéral entre 1974 et 1989, et j'étais analyste en chef des politiques pour les modifications apportées à la Loi sur les brevets en 1987. Ces modifications ont créé le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés et ont limité l'utilisation des octrois obligatoires de licence. J'ai été directeur intérimaire du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés de 1987 jusqu'au milieu de 1989 lorsque j'ai quitté pour créer ma propre entreprise, Brogan Incorporated, afin de combler l'écart entre le gouvernement et le secteur privé. Lorsque je travaillais pour le gouvernement, j'ai constaté qu'il n'y avait pas beaucoup de communication. Nous avons donc tenté de créer une base de données empirique qui permettrait aux deux parties de communiquer d'égale à égale.
Ce n'était pas planifié à l'époque, mais nous avons maintenant la plus grande base de données d'ordonnances au pays. Nous avons environ 1,5 milliard d'ordonnances dans notre base de données, provenant d'un très grand nombre de sources. Nous avons 140 professionnels qui se consacrent à l'analyse de ces données et à la préparation de rapports. Ces données permettent naturellement de faire une analyse complète et en profondeur d'une large gamme de questions sans compromettre la vie privée des patients, puisque nous ne connaissons pas leur identité. Nous avons en place un code pour brouiller toute identification directe d'un patient. C'est le genre de données dont M. Dal Pan parlait...qui appartiennent au secteur privé aux États-Unis.
Au cours de cette période, nous avons été les pionniers de l'analyse des données administratives relatives aux médicaments et je suis fier de dire que nous avons fait tout cela avant les Américains. Nous avons déjà mis en oeuvre bon nombre des propositions actuelles et des nouvelles propositions dont vous ont parlé les témoins précédents. Ces analyses ont été utilisées par le gouvernement, par les universitaires et par l'industrie pour éclairer leurs décisions au sujet de l'assurance-médicaments et de l'utilisation de médicaments. Nous avons fait un certain nombre d'études pour évaluer le coût du médicament selon les groupes d'âge, les variantes régionales et nous avons fait une étude détaillée des demandes de remboursement dont le coût est élevé. Au fait, une partie de cette information se trouve dans le document d'information que je vous ai remis plus tôt.
Récemment, nous avons fait une analyse du régime d'assurance-médicaments des personnes âgées en Alberta, un projet sur lequel nous avons travaillé conjointement avec le ministère de la Santé de l'Alberta. Une autre étude examinait l'utilisation d'un médicament par 1,2 million d'enfants canadiens. Il s'agit de l'étude la plus importante qui ait été faite en pédiatrie à partir d'une base de données administratives. Vous avez sans doute déjà entendu parler du SNIUMP. Il recrée tout simplement ce que nous avions déjà créé. La création de ce système est en cours à un coût exorbitant. Le gouvernement aurait pu acheter quelque chose qui existe déjà.
Je pense que le comité comprendra qu'il y a un lien direct avec nos activités et avec les questions qu'il a judicieusement posées dans le cadre de son étude. Plus particulièrement, je voudrais aborder quelques points : la capacité de surveillance; la surveillance et la recherche; l'accès du public à l'information; et le signalement des réactions indésirables.
Nous avons développé des compétences et une base de données considérable pour traiter ces séries de données importantes et compliquées. Il n'y a aucun risque en ce qui a trait au respect de la vie privée des patients. Cependant, le gouvernement n'utilise pas adéquatement cette capacité de surveillance ou de recherche. À mon avis, on fait trop d'efforts pour copier ce qui existe déjà.
Bien que les connaissances provenant de notre base de données existante soient considérables et puissent être utilisées pour mieux gérer les régimes de santé, l'accès limité aux données est pour nous une entrave. Alors que nous avons la plus grande base de données de médicaments d'ordonnance, nous n'avons pas des données de tous les gouvernements provinciaux. Certains fonctionnaires du gouvernement ne sont pas disposés à nous transmettre ce genre de données, et on ne sait pas exactement pourquoi ils ont adopté cette position. Par conséquent, de l'information valable pour la gestion et l'amélioration du régime de soins de santé n'est pas utilisée.
Je vais vous donner un exemple spécifique pour vous expliquer la situation. Nous avons négocié une entente de partage des données avec tous les organismes de lutte contre le cancer au pays, et les participants s'intéressent beaucoup à la création d'un service d'archives central. Cependant, ce n'est pas par manque de volonté, mais il faut beaucoup d'efforts de leur part pour extraire les données et nous les envoyer. Même si nous avons maintenant la collaboration d'une province, et cherchons à obtenir celle de plusieurs autres, le projet est très lent et fastidieux. Cela signifie qu'il n'y a pas d'information comparative concernant l'utilisation des thérapies contre le cancer au pays, peu de données relatives à l'efficacité des traitements et, naturellement, peu de données concernant les taux d'événements indésirables dans la vie réelle.
Je ne veux pas minimiser la valeur des essais cliniques; ces données représentent de l'information qui vient supplémenter les résultats d'essais cliniques.
La meilleure information proviendra d'une base de données intégrée qui combinera toutes les données relatives à l'utilisation des ressources du système de santé par les patients — qui restent d'ailleurs anonymes — ce qui inclut les tests faits en laboratoire, les visites chez le médecin, les séjours à l'hôpital, et la consommation d'un médicament. Ce n'est pas un projet difficile à réaliser, mais il est complexe. Nous avons tout ce qu'il nous faut à portée de la main; il ne faut plus que la volonté pour le réaliser.
Nous espérons que ce comité va encourager Santé Canada, entre autres, à avoir davantage recours au secteur privé pour faire de la surveillance et de la recherche dans le domaine de la santé. Beaucoup de compagnies au privé pourraient aider les agences gouvernementales à faire leur travail.
Nous aimerions également que le comité demande aux gouvernements qui possèdent des données de les partager avec le secteur privé. Si nous avions accès à un plus grand éventail de données, nous pourrions étendre de beaucoup la portée de nos analyses, et plus il y a de gens qui étudient ces données, plus nous en apprendrons. Il va sans dire que cela se ferait dans le respect total de la protection des renseignements personnels, tels que protégés par la loi. Je suis convaincu que l'utilisation de ces données peut jouer un rôle clé à plusieurs égards dans notre système de soins de santé.
Merci, madame la présidente.