:
Merci beaucoup. Bonjour à toutes et à tous.
Merci de me donner l'occasion de vous parler de la surveillance post-commercialisation des produits pharmaceutiques.
Permettez-moi de me présenter: je suis un patient qui consomme des médicaments, un médecin qui les prescrit, un chercheur qui s'intéresse à leurs avantages et leurs effets secondaires, ainsi qu'un conseiller en politique de la santé. Je suis également l'un des auteurs d'une proposition en vue de créer un réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments en situation réelle, proposition examinée en ce moment par Santé Canada.
J'aimerais d'abord dire que le Canada et les autres pays bénéficieraient grandement d'un mécanisme de surveillance post-commercialisation des produits pharmaceutiques plus rigoureux, et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, certains effets nocifs importants ne sont pas détectés dans les études menées en vue d'obtenir l'homologation, soit parce que les effets sont si rares que le nombre de patients est insuffisant pour les déceler pendant les essais randomisés, soit parce que les effets secondaires se manifestent à la suite d'une utilisation prolongée.
Deuxièmement, les avantages et les effets nocifs des médicaments en situation réelle sont parfois différents de ceux observés pendant les essais randomisés en vue de l'homologation. Pour ces essais, on a tendance à recruter des patients en meilleure santé et plus susceptibles de prendre le médicament étudié que les patients moyens. Les patients sont pris en charge par des fournisseurs de soins de santé capables d'offrir un suivi plus étroit que ce qui se fait habituellement dans la pratique. Ainsi, les avantages et les effets nocifs en situation réelle sont parfois différents de ceux observés pendant les essais menés en vue de l'homologation.
Troisièmement, certains médicaments sont présentement homologués en tant que marqueurs de substitution — par exemple, diminution du cholestérol —, sans preuves évidentes de leur incidence sur les résultats pour la santé qui ont de l'importance pour les patients, par exemple, si la diminution du cholestérol réduit le risque de crise cardiaque ou de décès.
Les études post-commercialisation peuvent fournir des renseignements sur les résultats pour la santé qui ont de l'importance pour chacun de nous. En ce moment, au Canada, il n'existe aucune approche systématique de la surveillance post-commercialisation, et c'est pour cette raison que j'appuie avec enthousiasme la mise en place d'un réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments en situation réelle, proposition qui est présentement à l'étude par Santé Canada.
Ce réseau indépendant réunira des cliniciens qui prescrivent des médicaments, des patients qui profitent de leurs avantages et qui en subissent les effets néfastes, Santé Canada, qui les approuve, les provinces et territoires qui les paient et des chercheurs capables d'analyser les bases de données — qui servent de fondement à la surveillance post-commercialisation. Un tel réseau fournirait des renseignements importants, lesquels ne sont pas toujours disponibles, en particulier s'il est relié adéquatement à d'autres réseaux du genre ailleurs dans le monde.
On m'a demandé de parler brièvement du projet d'homologation progressive de Santé Canada.
Si j'ai bien compris, l'homologation progressive permettra de commercialiser certains médicaments plus tôt, sur la base de preuves prometteuses, mais non concluantes, d'un rapport avantages-risques intéressant. La première homologation pourrait être conditionnelle à la réalisation d'études post-commercialisation de manière à déterminer si les résultats prometteurs initiaux se concrétisent en situation réelle.
L'idée, dans un sens, est intéressante. Cela permettrait à des patients ayant une maladie grave pour laquelle il n'existe aucun traitement efficace, de faire l'essai d'un médicament prometteur. Toutefois, cette approche comporte de sérieux inconvénients. Si les essais randomisés sont considérés comme la référence pour l 'évaluation des nouveaux médicaments, c'est pour une raison bien précise. À la suite du processus de randomisation, au cours duquel les patients sont choisis à pile ou face pour faire l'essai du nouveau médicament ou pour utiliser un médicament courant, les patients qui reçoivent le nouveau médicament ont à peu près les mêmes caractéristiques que ceux qui utilisent le meilleur traitement offert. Cela signifie que l'on peut être pratiquement certain que les différences observées chez les deux groupes, que ce soit au chapitre des avantages ou des risques, sont probablement attribuables au médicament.
Pendant les études post-commercialisation, il est rare que les patients qui y participent soient sélectionnés au moyen d'un processus de randomisation. Par conséquent, ceux qui ne participent pas à l'essai du nouveau médicament en situation réelle présentent souvent des caractéristiques sous-jacentes très différentes, ce qui risque d'empêcher de distinguer avec certitude les avantages et les effets nocifs causés par le médicament à l'étude.
Bien qu'il semble raisonnable, dans quelques rares situations, de recourir judicieusement à l'homologation progressive, il est important que les études post-commercialisation ne servent pas de prétexte pour négliger de faire des essais randomisés de qualité. En outre, on doit mettre en place un cadre juridique et politique afin de permettre à Santé Canada de retirer un médicament du marché ou de restreindre sa prescription lorsque les résultats de l'étude post-commercialisation le justifient.
Le comité doit savoir que la surveillance post-commercialisation n'est pas une panacée. Comme je l'ai déjà mentionné, ces études peuvent être difficiles à interpréter. Le Canada compte un nombre relativement petit de chercheurs qui ont les compétences requises pour les réaliser. Voilà pourquoi notre proposition de réseau comporte une composante formation importante à l'intention des jeunes chercheurs.
À mon avis, il est aussi inacceptable de retirer un médicament du marché à la suite de résultats erronés que de commercialiser à tort un médicament sans avoir l'information adéquate sur ses avantages et ses effets nocifs. Ainsi, les résultats d'une étude post-commercialisation menée dans un champ de compétence doivent être confirmés par des études réalisées dans d'autres champs de compétence. C'est pour cette raison que notre proposition précise que le réseau post-commercialisation doit être relié adéquatement à d'autres réseaux du genre dans le monde.
Compte tenu des frais potentiellement élevés des études post-commercialisation, il faudra déterminer celles qui sont indispensables et celles qui ne le sont pas. Aussi, notre proposition de réseau prévoit former un comité chargé de l'établissement des priorités qui sera composé de plusieurs intervenants et d'un directeur scientifique compétent, qui aura pour mandat de décider de quelle manière seront dépensés les fonds limités dont nous disposons.
Tout médicament efficace cause des effets secondaires. Par conséquent, les patients et les médecins auront toujours à prendre en considération les avantages d'un médicament et ses effets nocifs. Mon taux de cholestérol est élevé, et même si je suis malgré tout en santé, j'ai pris ce matin de l'aspirine et une statine, un médicament qui abaisse mon taux de cholestérol, afin de réduire mes risques de faire une crise cardiaque. En consommant ces médicaments, je prends en toute connaissance de cause le faible risque de subir des effets secondaires graves, comme le saignement d'un important ulcère causé par l'aspirine.
Une autre personne dans la même situation que moi et consciente, comme moi, des effets secondaires possibles, pourrait considérer que les risques associés à ces médicaments sont trop grands par rapport à leurs avantages. Ce que je veux souligner ici, c'est que nous devrions être tout à fait au courant des dangers et des avantages des médicaments, et en mesure de prendre les décisions que nous jugeons les plus appropriées dans la situation qui nous est propre.
Il est impératif que tous les Canadiens aient accès à l'information que j'ai la chance, en ma qualité de médecin, de détenir. Les Canadiens sont en droit d'obtenir une information complète, impartiale et facile à comprendre sur les avantages et les dangers des médicaments. Mais ce n'est pas le cas.
Les renseignements fournis par les compagnies pharmaceutiques à la Direction des produits thérapeutiques de Santé Canada sont tenus secrets, tout comme l'évaluation de l'information effectuée par Santé Canada. Les Canadiens méritent d'avoir accès à ces données, et si des modifications législatives doivent être apportées, alors apportons-les.
Nous devons produire de l'information sur les médicaments qui est rédigée dans un langage clair et qui emprunte un format à la portée de tous. Les avertissements publiés par Santé Canada sur les effets secondaires d'un médicament sont longs, techniques et difficiles à comprendre pour les médecins, à plus forte raison pour les patients.
Santé Canada devrait prendre pour modèle l'industrie pharmaceutique, qui est passée maître dans la communication claire et succincte de son message. Le réseau que nous proposons de constituer pourrait en outre jouer un rôle, en fournissant des renseignements de source indépendante et accessibles sur les avantages et les dangers des médicaments.
Pour terminer, je tiens à vous remercier d'avoir pris le temps d'examiner cette importante question. La mise sur pied, au Canada, d'un système de surveillance post-commercialisation plus rigoureux, même s'il n'éliminera pas toutes les incertitudes, constituera un véritable bond en avant.
Je répondrai volontiers à vos questions. Merci beaucoup.
Notre programme de recherche englobe toutes les aspects de la politique pharmaceutique: les facteurs qui influencent l'innovation et la recherche-développement pharmaceutique, y compris les endroits où s'effectue cette recherche, les facteurs associés à la couverture des produits pharmaceutiques, la conception des régimes publics d'assurance et enfin, l'utilisation des médicaments par la population et son impact sur la santé et le régime de soins de santé.
Je tiens à remercier le comité pour le soutien continu qu'il apporte aux Instituts de recherche en santé du Canada et aux conseils subventionnaires fédéraux qui appuient la recherche dans le domaine de la santé et autres secteurs scientifiques. Si j'aborde le sujet, c'est parce que certaines personnes établissent un lien entre les politiques réglementaires visant les médicaments et la politique d'innovation et de développement industriel.
Le programme que je dirige à l'UCB met l'accent, depuis plusieurs années, sur l'innovation dans les produits pharmaceutiques. Nous avons appris, grâce aux recherches réalisées, que l'innovation et le développement économique ne passent pas par la baisse soutenue des crédits d'impôt à l'investissement pour la recherche ou par un assouplissement des exigences réglementaires, deux facteurs qui influent sur les profits de l'industrie, mais pas nécessairement sur l'innovation ou les lieux d'investissement. Les gouvernements peuvent favoriser l'innovation et attirer les investissements en investissant directement et de manière stratégique dans le personnel, la capacité et les réseaux scientifiques. C'est ce qu'ont conclu l'Institut C.D. Howe, un institut de recherche de renom du Canada, le Conference Board du Canada et de nombreux autres organismes.
Pour paraphraser Michael Porter, un professeur de l'Université Harvard qui se spécialise dans ce que l'on appelle les grappes industrielles, la meilleure approche est la suivante: se montrer exigeant envers un secteur donné tout en investissant de manière stratégique dans les capacités qui sauront transformer ce milieu de recherche en terrain fertile dans lequel investir. Le groupe que je représente est arrivé à la conclusion que le gouvernement du Canada a intérêt à investir dans les IRSC, par exemple, pour encourager la recherche et les essais cliniques en sciences fondamentales qui mènent à l'innovation, tout en se montrant exigeant envers celles-ci. Et c'est là, dans un sens, le sujet à l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui: se montrer également exigeant au niveau de la surveillance post-commercialisation.
J'ai eu l'occasion de travailler avec Mary Wiktorowicz qui, si j'ai bien compris, doit rencontrer le comité la semaine prochaine pour discuter d'une étude transnationale des mécanismes de surveillance post-commercialisation en place dans divers pays du monde. Une des principales constatations de cette étude, et je suis certain que Mary va en parler longuement la semaine prochaine, est qu'aucun pays n'a réussi à assurer une surveillance post-commercialisation efficace en confiant cette responsabilité, sur une base volontaire, à l'industrie pharmaceutique.
Je n'accuse pas l'industrie. Il est important de reconnaître que les affaires sont les affaires et que les entreprises pharmaceutiques n'ont pas pour tâche première d'assurer la sécurité de la population et de veiller à ce qu'on ait un bon rapport qualité-prix lorsqu'on dépense pour des médicaments. Cette tâche nous revient à nous, c'est-à-dire les décideurs, les professionnels de la santé, les universitaires comme moi qui dépensent des fonds publics pour mener des recherches sur les politiques et les pratiques.
De nombreux témoins vous ont parlé des lacunes dans les données qui concernent la surveillance post-commercialisation. Je n'ai pas l'intention de revenir là-dessus. Je tiens tout simplement à dire qu'il est tout à fait naturel qu'il y ait des lacunes dans les données lorsqu'un produit atteint le marché. Vous avez également entendu, je crois, divers commentaires contradictoires au sujet de la fiabilité de l'information portant sur les effets indésirables des médicaments.
Il est vrai qu'il y a très peu de systèmes dans le monde qui arrivent à détecter tous les effets indésirables des médicaments, que ces systèmes reposent sur des mesures de déclaration obligatoire ou volontaire. Il est vrai aussi que les rapports sur les effets indésirables des médicaments servent de base aux décisions qui aboutissent à la suspension de l'utilisation d'à peu près la moitié des produits de par le monde qui finissent par faire l'objet d'une enquête et être retirés du marché. Il s'agit donc d'un outil important, un outil qui ne doit pas être négligé en raison des contraintes de temps des médecins et des personnes chargées de fournir ces renseignements.
Il existe des moyens d'améliorer le système de notification des effets indésirables des médicaments. Le comité a entendu le témoignage de Bruce Carleton, qui a parlé de la nécessité de mettre sur pied un système actif de suivi, de surveillance et de déclaration en milieu hospitalier. En effet, il est possible, dans les hôpitaux, d'affecter du personnel au repérage, à la documentation et au suivi des effets indésirables potentiels des médicaments. Le réseau de centres implanté par le Dr Carleton dans les hôpitaux pour enfants au Canada excelle dans ce domaine. Toutefois, tous les renseignements au monde sur les effets indésirables des médicaments ne seront que de peu d'utilité, sinon aucune, si nous n'assurons pas un suivi des personnes qui font usage de médicaments, de celles qui n'en font pas, et des effets de ces tendances.
Divers témoins qui ont comparu devant le comité ont fait allusion aux systèmes d'information du Canada sur l'utilisation des médicaments. Des représentants du milieu pharmaceutique ont évoqué de manière précise le système de données PharmaNet de la Colombie-Britannique.
En Colombie-Britannique, dans le cadre du programme PharmaNet, toutes les ordonnances prescrites sont versées dans une base de données par la pharmacie qui dispense le médicament. Ce système permet de surveiller l'innocuité du produit de diverses façons, d'abord au point de vente au détail. Lorsqu'une personne se présente à la pharmacie avec une ordonnance, peu importe la pharmacie et le médecin qui prescrit le médicament, le pharmacien a accès à des données qui lui permettent de cerner les risques d'interactions potentielles entre ce médicament et les autres médicaments que consomme la personne.
Ce système a également ceci d'avantageux: chaque personne qui fait remplir une ordonnance est inscrite dans une base de données. Sont également enregistrés la date de l'ordonnance, le type de médicament, le numéro d'identification qui permet de relier l'ordonnance à un établissement hospitalier ou une clinique médicale, et les statistiques de l'état civil, comme le décès et les causes de celui-ci.
Ces systèmes d'information peuvent être utilisés pour assurer une surveillance post-commercialisation active et prospective. Andreas Laupacis, que vous venez d'entendre, est l'ancien président-directeur général de l'Institute for Clinical Evaluative Sciences, à Toronto, un organisme qui se démarque dans le domaine de la surveillance post-commerciale par l'utilisation qu'il fait de ces bases de données.
Autre point: certains témoins ont déploré l'absence, au Canada, d'un système électronique de surveillance des médicaments d'ordonnance. Il s'agit là d'une préoccupation sérieuse. En 2006, le Fonds du Commonwealth, une fondation basée aux États-Unis, a mené un sondage auprès de médecins généralistes dans huit pays. Ils ont constaté que plus de 80 p. 100 des médecins en Australie, aux Pays-Bas, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni ont couramment accès à des systèmes électroniques qui décrivent les problèmes de posologie potentiels ou les risques d'interactions que présentent les médicaments qu'ils sont sur le point de prescrire aux patients.
Au Canada, seulement 10 p. 100 des médecins disent avoir accès à de tels systèmes. Il s'agit là d'un échec déplorable de notre politique, compte tenu du fait qu'un investissement dans ces systèmes empêcherait les réactions indésirables ou éliminerait les ordonnances mal rédigées longtemps avant le fait. Si l'on peut éviter qu'un médicament contre-indiqué ne soit prescrit ou si l'on peut éliminer une réaction indésirable avant que l'ordonnance ne soit rédigée, le patient sera beaucoup plus susceptible de quitter le bureau du médecin avec le bon médicament, et la bonne posologie.
Il n'y a pas de panacée, comme Andreas vient de le dire. En fait, pour assurer une surveillance post-commercialisation adéquate de même que l'efficacité et l'innocuité réelles des médicaments, et ce, de manière à tirer le maximum de nos investissements dans les soins de santé, nous devons prendre diverses mesures. Nous devons, en plus de déclarer les réactions indésirables des médicaments, surveiller les bases de données de manière prospective et active et aussi leur développement. Nous devons financer de nouvelles initiatives, comme de nouveaux essais cliniques comparatifs — que les fabricants ne souhaitent pas financer, mais qui sont essentiels pour entreprendre des enquêtes scientifiques poussées sur les médicaments qui répondent le mieux aux besoins de la population.
Nous devrons peut-être effectuer des études de cohortes prospectives, qui permettent de recueillir des données brutes, y compris des renseignements génétiques, comme l'a mentionné Bruce Carleton devant le comité. Nous devrons peut-être faire ce que certains appellent des essais pragmatiques, ou encore provoquer ce que d'autres appellent des « délais programmés », délais conçus dans le but de permettre à certains groupes, choisis au hasard en fonction du code postal ou d'un autre mécanisme, d'avoir accès à des médicaments, tout en privant d'autres groupes de ce médicament pendant six mois ou un an, pour aboutir à une quasi-randomisation en temps réel.
Ce sont là des processus complexes. De nombreux investissements s'imposent. Il est essentiel d'investir de façon soutenue et considérable dans la surveillance post-commercialisation. Andreas Laupacis vous a parlé d'une analyse de cas et du projet de réseau national. J'encourage les membres du comité à prendre connaissance du dossier et de discuter plus à fond du projet avec les responsables du réseau.
Permettez-moi de revenir à la question des investissements. Les Canadiens achètent chaque année pour 21 milliards de dollars de médicaments d'ordonnance. Si l'on investissait 21 milliards de dollars dans notre régime de pension par le biais de fonds mutuels ou autres, on pourrait s'attendre à verser des frais d'environ 2 p. 100 aux gestionnaires de fonds qui sont chargés d'administrer le rendement du capital investi. Sans vouloir manquer de respect envers les gestionnaires de fonds, ils ne font qu'administrer des dossiers financiers. Le secteur pharmaceutique a besoin, dans un sens, d'un gestionnaire de fonds qui ne s'occuperait pas uniquement d'administrer le rendement du capital investi de façon optimale, mais également la santé et la sécurité de la population. Un investissement de 2 p. 100 dans l'efficacité, l'innocuité et la qualité après la mise en marché des médicaments au Canada correspondrait à l'injection de 420 millions de dollars par année, et ce, pour toujours, dans ce domaine d'activité.
Comprenez-moi bien: je ne propose pas que le gouvernement passe immédiatement de zéro à X d'un coup, mais il est très important que nous examinions sérieusement le fait que nous avons probablement sous-investi dans des régimes comme l'informatisation des dossiers médicaux en tant que mécanisme de coordination — ce dont vous a parlé Andreas — pour prioriser l'affectation de ressources humaines rares à la recherche sur la surveillance postcommercialisation des produits pharmaceutiques.
Donc, je vous encourage à examiner avec soin l'investissement qui pourrait être fait, tant en vue d'accroître la quantité de ressources disponibles à Santé Canada pour faire une étude diligente précommercialisation qu'à l'extérieur.
Enfin, je tiens à souligner, comme vous avez entendu plusieurs...
:
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à prendre la parole devant votre comité aujourd'hui.
J'exerce ma profession en cabinet privé à Ottawa à titre de rédacteur législatif, spécialité que j'exerce pour le compte de gouvernements au Canada et à l'étranger depuis plus de 20 ans, après avoir travaillé quelques années pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, à Yellowknife. J'agis aussi à titre de conseiller juridique dans plusieurs poursuites en recours collectifs lancés contre Santé Canada pour négligence dans l'application d'un règlement à l'égard de matériels médicaux non homologués et dangereux. J'aimerais bien préciser au départ que je suis un détracteur de Santé Canada, ce que vous pourrez constater par vous-même à mesure que je fais ma déclaration. Ces cas en instance engagent aussi de graves accusations de négligence dans la surveillance postcommercialisation .
Après le drame attribuable à la prise de thalidomide, le rôle de Santé Canada a été législativement renforcé en vue de protéger la population contre les médicaments dangereux. Les Canadiens croient que ce genre de drame ne se reproduira plus. Récemment, dans un reportage de CBS sur l'utilisation du Trasylol aux États-Unis, on attribuait au médicament 1 000 décès par mois. Je ne crois pas que l'on puisse dire que nous avons tiré enseignement du passé.
Je pourrais vous parler de bien des questions, mais je crois savoir que votre comité se concentre sur la surveillance postcommercialisation. Je vais donc m'en tenir à ce sujet.
La surveillance postcommercialisation a pour objet de protéger la population. Le nouvel engagement pris par Santé Canada de réduire la protection du public par la voie de son cadre d'homologation progressive signifie que des produits plus dangereux seront plus rapidement homologués pour la vente au détail. Cela signifie aussi que la surveillance postcommercialisation sera encore plus essentielle pour protéger le grand public.
À mon avis, la surveillance postcommercialisation passe par quatre éléments essentiels pour être efficace. Je le dis en tant qu'avocat qui conçoit des régimes de réglementation pour le compte de gouvernements. Je le fais pour le compte du gouvernement du Canada, pour des gouvernements du Nord et pour les provinces, ainsi que pour des gouvernements étrangers. Au départ, il faut qu'une loi l'exige. Ensuite, les élus et l'équipe de gestion ministérielle doivent avoir la volonté de vraiment le faire. De plus, il faut y affecter du personnel et un budget adéquats pour accomplir la tâche. Enfin, il faut pouvoir compter sur la collaboration des médecins, des hôpitaux et du grand public.
Selon moi, aucun de ces éléments n'est présent actuellement. La surveillance postcommercialisation est une illusion, malheureusement une très triste illusion sur laquelle le public compte tout de même. Je ne m'excuse pas de ma morosité, mais je vais vous expliquer chaque observation une à une.
Tout d'abord, pour ce qui est du cadre législatif, rien dans la loi n'oblige Santé Canada à faire de la surveillance postcommercialisation. Il faudrait que ce soit le cas. Je crois savoir qu'un projet de loi vient tout juste d'être déposé ou doit être déposé aujourd'hui pour exiger de plus grands pouvoirs de rappel de produits dangereux. Il faudra attendre de voir la suite, mais ce pourrait être là le début d'une solution au problème. Je vais vous parler de ce qui, selon moi, devrait figurer dans une pareille loi pour qu'il y ait véritable surveillance postcommercialisation.
À tout le moins, il faudrait que la loi définisse la réaction indésirable comme suit: il y a réaction indésirable quand un médicament, y compris ses ingrédients inactifs ou non actifs, est soupçonné de causer l'absence d'avantages thérapeutiques, diagnostics ou prophylactiques, de ne pas avoir d'effet du tout et, enfin, de causer du tort au patient. Nous entendons parler d'antidépresseurs qui n'ont absolument aucun effet, même pas placebo. Cet état de fait devrait être signalé comme réaction indésirable.
La déclaration d'incidents indésirables devrait être obligatoire, tant au Canada qu'à l'étranger. La loi devrait prévoir le rappel obligatoire de produits médicamenteux provoquant des réactions indésirables et la diffusion obligatoire d'un avis public sur les produits aux effets indésirables.
Je me suis entretenu avec Dr Ed Napke, un médecin qui travaillait auparavant pour Santé Canada, et c'est lui qui a établi le système initial de signalement des réactions indésirables au Canada. C'est un des premiers au monde. Il insiste pour que les médicaments soient définis comme des produits comportant des ingrédients à la fois actifs et inactifs.
Le fabricant n'est pas tenu légalement d'inclure les ingrédients inactifs dans l'étiquetage, même si ces produits chimiques nuisent à l'efficacité et l'innocuité du médicament. Le comité ne le sait peut-être pas, mais le Parlement a adopté à l'unanimité en 1989 une motion demandant au gouvernement d'exiger l'étiquetage complet de tous les ingrédients actifs et inactifs des médicaments. Dix-neuf ans plus tard, on attend encore.
Un exemple actuellement à Ottawa est le Flomax, un médicament prescrit pour traiter la prostate. Les ingrédients inactifs qui entrent dans sa composition ont été modifiés pour permettre une action retard. Désormais, il se gonfle pour se transformer en une substance gluante et dure de la taille d'une noix environ. S'il reste collé dans l'œsophage, la personne peut en mourir. Ce ne sont pas là les ingrédients actifs; ce sont des ingrédients « inactifs ».
Selon moi, le règlement actuel des aliments et drogues n'est pas suffisant pour assurer une surveillance post-commercialisation. L'industrie n'est obligée de signaler que les réactions indésirables imprévues et graves des médicaments, c'est-à-dire les réactions indésirables graves dont la nature, la gravité ou la fréquence ne figure pas dans l'information sur les risques fournie sur l'étiquette du médicament. Si le fabricant affirme que 5 p. 100 des personnes qui le prennent peuvent en être gravement affectées et qu'en fait, 5 p. 100 le sont, l'industrie n'est pas obligée de le signaler.
L'industrie n'est pas obligée de rappeler des médicaments. Si un médicament commence à tuer des gens, l'industrie n'est pas obligée de rappeler son produit. Rien ne confère au gouvernement le pouvoir d'ordonner un rappel. C'est une attitude typiquement canadienne de faire appel à la bonne volonté. On demande poliment au fabricant de bien vouloir retirer son produit du marché.
Rien non plus n'exige que le public soit informé des médicaments qui ont des effets indésirables ou inefficaces. On préfère laisser l'industrie faire de l'auto-inspection. Elle n'est même pas obligée de signaler à Santé Canada les plaintes reçues ou les études faites au sujet de médicaments. Si les personnes se plaignent directement aux sociétés pharmaceutiques, celles-ci ne sont pas obligées de le signaler à Santé Canada. On s'attend qu'elles vont conserver la plainte dans un dossier, mais seulement pendant un an après la date de péremption du lot de médicament.
J'aimerais maintenant aborder la question de la volonté de la classe politique et de l'équipe de gestion ministérielle. Même si les mesures législatives en place sont bonnes, il faut, naturellement, que le gouvernement ait la volonté d'agir pour protéger le grand public. À mon avis, le ministère a perdu cet objectif de vue.
Le ministère est en train de développer un profil de risque en vue de cerner les défis qui se posent en matière de gestion, et je vous cite le passage suivant, rédigé par le ministère:
Le ministère est en train d'établir son profil de risque afin de cerner les défis que devront relever ses gestionnaires relativement aux risques potentiels (par exemple, financiers, technologiques, relatifs à la propriété) susceptibles d'avoir un effet sur la réalisation des objectifs poursuivis par le ministère.
Donc, l'expression « protection contre les risques » représente pour le ministère non pas la protection des Canadiens, mais la protection du ministère contre les risques posés par le public.
La priorité du ministère est d'améliorer l'accès aux médicaments et aux appareils médicaux. Arrêtons-nous à sa stratégie d'accès à la thérapeutique. C'est un volte-face complet par rapport à l'objectif initial du ministère, qui était de protéger le grand public.
Dans le discours du Trône de 2002, on prônait d'accélérer le processus réglementaire d'homologation des médicaments pour faire en sorte que les Canadiens ont accès plus rapidement aux médicaments sans danger dont ils ont besoin. Selon moi, cela signifie que plus de produits dangereux se retrouveront sur le marché, de sorte qu'il sera encore plus nécessaire d'assurer une surveillance post-commercialisation.
Dans ses documents, Santé Canada parle de l'industrie des médicaments comme de son client. Selon ma propre expérience des litiges relatifs à des implants de l'articulation temporomandibulaire, Santé Canada a soutenu à de nombreuses reprises en cour qu'elle n'a pas de devoir de diligence à l'égard du grand public. Vous m'avez bien entendu: elle n'a pas de devoir de diligence à l'égard du grand public. De plus, les avocats de Santé Canada soutiennent que, s'il y a grossière négligence de la part du ministère, même avouée, il n'y a aucun recours sauf de mettre l'élu à la porte lors des élections. Donc, le seul recours contre la négligence des bureaucrates, selon les avocats du ministère, est de voter contre le ministre. Je ne puis trop insister sur ce profond changement de principes au ministère.
Je travaille de concert avec des gouvernements depuis longtemps. Je sais qu'aucun ministère n'aime envoyer des inspecteurs de l'application des règlements et causer des difficultés aux intéressés. Il existe donc au sein du gouvernement une très forte tendance — et c'est naturel — à réduire les inspections parce qu'elles ne sont que sources de problèmes. L'inspecteur va sur place et déclare: « Vous avez un produit interdit, retirez-le du marché ou faites quelque chose à son sujet ». Le ministre ou le sous-ministre reçoit un appel qui empoisonne la vie de tous. Il faut prendre des mesures pour régler ce problème.
Dans ma propre cause concernant l'articulation temporomandibulaire, le ministère a pendant neuf ans résisté à l'idée d'informer le grand public d'un appareil médical désastreux dont il a autorisé la mise en marché. Pendant neuf ans, le ministère nous a livré bataille en cour, affirmant qu'il n'a pas l'obligation d'informer le grand public des effets de ce matériel.
La semaine dernière, nous avons enfin, après avoir déposé de nombreuses motions, obtenu que le tribunal ordonne à Santé Canada de lancer une campagne publique en vue d'informer la population qu'il existe un matériel... Il est question de matériel médical, mais c'est le principe même qui est en jeu — le ministère n'estime pas être obligé d'informer le grand public.
Je vois que j'ai presque...
:
Toutefois, le médicament a d'importants effets secondaires.
Une voix: Nous pouvons le constater.
L'hon. Robert Thibault: En tant que consommateur, j'ai dû décider si les effets secondaires du médicament étaient acceptables ou si je préférais ceux du tabagisme à long terme, et j'ai choisi de prendre les médicaments qui m'aident à cesser...
Une voix: Vous avez pris la bonne décision.
L'hon. Robert Thibault: Comme vous l'avez fait remarquer quand il était question de cholestérol, vous agissez en connaissance de cause.
Pour ce qui est des épreuves aléatoires — et ma question s'adresse à M. Morgan —, tel que je conçois le régime d'homologation progressive proposé ou les modifications à l'homologation ou à la loi habilitante, qui si j'ai bien compris est censée être déposée aujourd'hui... je suis impatient d'en connaître les détails. Peut-être que nous vous ferons revenir comme témoin au sujet de ces questions.
Je suis conscient que cela ne représente pas des épreuves cliniques complètes, mais peut-être les utilisations permises d'un médicament, à mesure que nous accumulons des connaissances à son sujet, nous permettent de le commercialiser plus rapidement, avec autant de sécurité.
Cependant, vous laissez entendre que, plutôt que de faire des épreuves aléatoires, on procède par région définie selon le code postal, de sorte qu'une certaine partie du grand public ait accès à un nouveau traitement et que d'autres ne l'aient pas. Cela me semble bon, à moins que le hasard ne fasse que j'habite dans la région définie selon le code postal qui n'a pas accès au nouveau médicament qui est peut-être, sur le plan scientifique, meilleur. Si je suis en situation critique, je vais souhaiter avoir le médicament. Je crois que cette suggestion prive un peu le patient.
:
Merci, madame la présidente, et merci à tous pour vos excellents exposés.
Patrick, vous avez raison. Le gouvernement vient de déposer deux nouvelles mesures législatives qui ont certainement une incidence sur nos délibérations d'aujourd'hui. Il s'agit de la , et de la . Nous tenons à connaître vos réactions à ce sujet, parce que ces deux mesures auront clairement des répercussions sur les activités de surveillance post-commercialisation. Je me demande si vous accepteriez de nous remettre, dans le cadre de notre étude sur la surveillance post-commercialisation, une critique de ces deux projets de loi que nous pourrions utiliser à l'appui de nos travaux et de notre rapport final. Seriez-vous tous prêts à le faire?
J'ai quelques exemplaires des projets de loi avec moi; je pourrais vous en laisser à la fin de la séance.
Je crains que nous ayons devant nous une mesure législative qui, sous le couvert de la modernisation, nuise à la capacité du gouvernement de veiller à ce que toutes les précautions soient prises avant que les médicaments, les aliments et les produits de consommation soient mis sur le marché. Ce qui me fais craindre cela, c'est l'homologation progressive. Cette méthode comporte des avantages et des inconvénients. Toutefois, que devrait comprendre le projet de loi pour que ce processus n'entraîne pas — comme Steve et Patrick l'ont fait remarquer — un assouplissement des exigences concernant les produits qui peuvent être commercialisés? Quels éléments seraient indispensables, à votre avis?
Ensuite, pourriez-vous m'expliquer la phrase suivante? Ce projet de loi est truffé d'attendus que:
Que le Parlement du Canada reconnaît que l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard la prise de mesures visant à prévenir les effets négatifs sur la santé humaine qui pourraient être graves ou irréversibles.
Pourriez-vous tous les trois me dire un peu comment s'inscrit l'homologation progressive dans ce contexte, compte tenu de ce qui se passe au sein du ministère?
Qui veut répondre en premier?
:
Bien sûr. J'aborde d'ailleurs la question dans mon exposé. Je crois que, comme pour toute chose dans la vie, il s'agit de trouver un juste équilibre entre deux maux. À l'heure actuelle, les études que l'industrie doit présenter pour faire homologuer ses médicaments constituent, la plupart du temps, une exigence minimale.
M. Orr a parlé du Trasylol, un médicament pour prévenir les hémorragies chez les patients qui subissent un pontage. J'ai présidé le comité qui a proposé de mettre fin à l'étude de ce médicament parce qu'on avait l'impression, en le comparant à l'autre produit, qu'il provoquait la mort des sujets. C'est un bon exemple en fait, parce que personne n'a jamais prétendu que le Trasylol était inefficace. Des éléments de preuve solides indiquent qu'il déduit les risques de saignement. Le problème, c'est qu'aucune étude approfondie n'a été menée pendant une période suffisamment longue pour évaluer les effets du médicament sur la mortalité. L'industrie a réussi à faire financer le Trasylol parce que de toute évidence...
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec M. Orr. À mon avis, il est très exagéré de sous-entendre que nous ne connaissons pas les avantages ou les effets de la plupart des médicaments. Nous les connaissons grâce aux marqueurs de substitution. Il est bon de savoir qu'un médicament diminue le risque d'hémorragie, mais il est aussi bon de savoir qu'il accroît le risque de décès.
Il y a de toute évidence un désavantage... Je crois qu'il faut bien s'assurer qu'il n'y a pas de diminution marquée de la qualité des essais randomisés actuellement exigés. Ce critère constitue un minimum absolu. L'utilisation du médicament pourrait se justifier pour certains patients atteints de cancer ou d'une autre maladie en phase terminale, mais ces pratiques doivent être strictement encadrées.
Laissez-moi faire une dernière remarque avant de terminer. L'étude sur le Trasylol a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada parce que c'était précisément le genre d'essai comparatif que les compagnies pharmaceutiques n'étaient pas intéressées à effectuer, comme Steve l'a mentionné. Elles ne tenaient pas à comparer leurs produits à ceux de leurs concurrents. Les IRSC ont financé un total de sept essais randomisés — sept. Je ne sais pas de quoi il s'agit, mais je suis convaincu qu'ils ne portaient pas tous sur des médicaments.
Selon moi, le comité devrait notamment chercher à augmenter le financement des IRSC — dans notre réseau, nous proposons de financer plus d'essais — pour leur permettre d'entreprendre un plus grand nombre d'études de ce genre, des études que vous et les Canadiens souhaiteraient avoir et qui feraient état des avantages et des risques des médicaments.
La première question portait sur l'exigence législative. C'est peut-être parce que je suis un avocat et que je rédige des lois, mais je crois que la mesure législative est, de façon générale, une bonne chose et qu'il est nécessaire d'avoir une mesure législative pour assurer une surveillance post-commercialisation efficace. À mon avis, le gouvernement a accepté ce principe en présentant aujourd'hui un projet de loi sur ce sujet précis. Je suis tout à fait d'accord avec le gouvernement sur ce point.
Vous avez également parlé de la définition d'une réaction indésirable. Les règlements sur les aliments et drogues définissent ce que l'on entend par réaction indésirable grave à un médicament. Cela figure d'ailleurs dans mes notes. J'ai donné ce que j'appellerais la définition idéale. Elle n'est pas de mon cru; je l'ai empruntée à M. Ed Napke, qui a élaboré le premier système de déclaration des réactions indésirables au Canada. Ce système exhaustif couvre les appareils, les médicaments et les poisons. Je vous fais donc part de sa recommandation.
Un médicament provoque une réaction indésirable s'il ne procure aucun avantage thérapeutique, diagnostique et prophylactique — aucun effet quelconque — ou s'il cause des blessures — et pas seulement celles qui ne figurent pas parmi les effets secondaires reconnus. Donc, si on s'attend à ce que le médicament provoque des ulcères gastro-duodénaux et que le patient en développe effectivement, il faudrait le signaler. On tend à considérer que les patients ont accepté d'assumer le risque, mais je crois qu'en leur fort intérieur, la plupart croient qu'ils n'auront pas d'effets secondaires et qu'il ne feront pas partie des 10 p. 100 qui subissent des effets secondaires.
Enfin, pour ce qui est des règlements sur les appareils médicaux, je me suis préparé au cas où le comité aborderait la question. Ces règlements sont encore pires que ceux qui régissent les médicaments. La déclaration n'est obligatoire qu'en cas de décès ou de détérioration grave de l'état de santé, et ce, seulement au Canada. Si le décès provoqué par un appareil médical survient à l'étranger, personne n'est obligé de le signaler à moins que des mesures correctives ne soient prises. Si l'industrie ne fait rien, que personne n'est au courant de la situation ou ne prend de mesures, ces décès n'ont pas à être déclarés, car le règlement ne s'applique qu'au Canada.
:
Tout d'abord, j'aimerais que le Dr Morgan me dise comment il interprète le processus d'homologation progressive, car je crois que ma perception est différente. Je croyais qu'il s'agissait d'une homologation conditionnelle aux résultats obtenus dans des conditions réelles, et que par conséquent, tous les médicaments étaient en quelque sorte en période d'essai.
À mon avis, l'homologation progressive n'était pas quelque chose qui permettait d'accélérer le processus. Je croyais qu'il fallait d'abord corroborer les résultats initiaux en situation réelle.
Je crois que je vais vous poser mes trois questions tout de suite, puis vous prendrez le temps qu'il reste pour y répondre.
Si on investissait 2 p. 100 des 21 milliards de dollars — on peut toujours rêver en couleurs —, que pourrait-on faire avec les 500 millions de dollars qui seraient ajoutés aux fonds déjà existants?
J'imagine que le réseau sur l'innocuité des médicaments en situation réelle, proposé par le Dr Laupacis, pourrait se concrétiser, et j'aimerais savoir si vous envisagez qu'un tel réseau fasse partie d'une agence de protection de la santé distincte, comme la FDA, dont le mandat, qui est d'assurer la qualité et l'efficacité des médicaments, a été établi clairement, contrairement à la situation nébuleuse dans laquelle on se trouve actuellement à Santé Canada. Ensuite, ce réseau pourrait ressembler au réseau de santé publique actuel, qui réunit tous les administrateurs en chef de la santé publique afin qu'ils cernent et réduisent les dangers pour la santé publique.
Enfin, je suis consciente du fait que nous tirons de l'arrière sur le plan des dossiers médicaux électroniques, mais dans le cas du système PharmaNet, implanté en Colombie-Britannique, qui renferme toutes les ordonnances, est-ce que cela signifie que les pharmaciens sont en mesure d'appeler tous les patients qui prennent du Prepulsid afin qu'ils consultent leur médecin pour savoir s'il y a un rappel relatif à ce médicament?
Voilà qui met fin à mes trois petites...