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Je vous remercie beaucoup de m'accueillir aujourd'hui. Je suis surpris qu'il n'y ait pas de neige à Ottawa. Habituellement, quand je viens ici, je me permets toujours quelques blagues sur le climat difficile de Victoria, où nous devons nous frayer un chemin à travers les fleurs de cerisiers et les jonquilles.
Je m'appelle Alan Cassels. Quand j'ai dit à ma famille que j'irais à Ottawa, la semaine dernière, ma fille de onze ans, une environnementaliste en herbe, m'a dit: « Papa, vas-tu aggraver le phénomène des gaz à effet de serre en voyageant jusqu'à Ottawa pour présenter un exposé de dix minutes? » J'ai dû lui expliquer que, dans notre pays, des gens meurent ou sont victimes d'effets nocifs chaque jour parce qu'ils prennent des médicaments prescrits de façon tout à fait légale. Je lui ai dit que je ne voulais pas qu'elle, son frère ou qui que ce soit meurent parce que les docteurs ou eux-mêmes n'avaient pas été informés des dangers potentiels des médicaments prescrits. Je lui ai raconté l'histoire de Terence Young, qui a perdu sa fille après qu'elle eut pris un médicament qui devait être bénéfique pour elle. Alors ma fille m'a dit: « D'accord, papa; tu peux aller à Ottawa. »
Je fais des recherches sur les politiques en matière de produits pharmaceutiques en Colombie-Britannique depuis 14 ans. Les recherches que je mène à l'Université de Victoria sont financées par les contribuables canadiens, essentiellement par l'intermédiaire de subventions versées par les Instituts de recherche en santé du Canada et le ministère de la Santé. Je n'ai jamais détenu d'actions ou de parts de sociétés pharmaceutiques et n'ai jamais travaillé pour cette industrie. Je crois qu'il est important que je souligne ce fait. En ma qualité de chercheur, j'aime que mes affirmations soient fondées sur des données, et mon interprétation des données m'indique que la plupart du temps, lorsque des groupes de patients — et, en passant, bon nombre de ces groupes font un travail capital — ont des attaches dans l'industrie pharmaceutique, ils soutiennent les politiques qui accroîtront les profits des entreprises qui les financent.
Mon interprétation des données m'indique également que les gens qui se sont présentés devant le comité avant moi et qui réclament une plus grande transparence de l'information sur les médicaments, une réglementation améliorée, des examens plus stricts de l'innocuité des médicaments et des mises en garde plus explicites ne sont pas financés par des sociétés intéressées par les profits. Les personnes qui ont témoigné avant moi, en particulier Michelle Brille-Edwards, Terence Young et les témoins du Réseau canadien pour la santé des femmes, ont fait de très bonnes suggestions. J'appuie ces suggestions et j'espère que le comité y donnera suite.
Je veux également vous dire que j'ai fait des études pas très loin d'ici, à Kingston. J'ai en effet fréquenté le Collège militaire royal du Canada. En tant qu'officier des Forces canadiennes, j'ai été parachutiste, plongeur militaire et officier de quart de navire. J'ai participé à deux missions des Nations Unies. Je sais ce que c'est que d'avoir un fusil d'assaut AK-47 pointé vers soi. J'ai été exposé aux dangers des champs de mines au Cambodge, et j'ai aussi vu la mort de près lorsque je travaillais en haute mer. J'ai reçu deux médailles pour ma contribution au maintien de la paix et une autre pour 12 années de service au sein des Forces canadiennes.
Si je fais mention de mon expérience militaire, c'est uniquement parce qu'elle m'a permis de comprendre ce qu'est la peur et comment elle motive généralement les gens. Permettez-moi de m'expliquer.
Le médicament que je tiens dans ma main est celui qui a été le plus prescrit dans l'histoire de l'humanité. Ce médicament, appelé atorvastatine, sert à abaisser le taux de cholestérol. Il est également connu sous le nom commercial de Lipitor. À l'échelle mondiale, le fabricant a vendu pour 14 milliards de dollars de ce médicament l'année dernière. Au Canada seulement, environ 14 millions d'ordonnances prescrivant de l'atorvastatine ont été faites. Au total, plus de 20 millions d'ordonnances de médicaments contre le cholestérol ou statines, sont exécutées chaque année au Canada, ce qui représente un coût de plus de 1,5 milliard de dollars. C'est un montant incroyable pour une classe de médicaments donnée.
Je vais vous dire trois choses au sujet de l'hypercholestérolémie.
D'abord, ce n'est pas une maladie. C'est un facteur de risque qui indique qu'une maladie peut être développée, mais on la traite comme s'il s'agissait d'une maladie en soi.
Ensuite, le fait de prendre un médicament qui abaisse votre taux de cholestérol peut vous sauver la vie. Si vous êtes un homme et que vous avez déjà eu une crise cardiaque, un tel médicament peut aider à en prévenir une deuxième. Ces médicaments auront des effets bénéfiques sur environ 3 p. 100 des hommes de ce groupe à risque élevé, ce qui revient à dire que même chez les hommes à risque élevé, plus de 90 p. 100 des personnes qui en prennent chaque jour pendant cinq ans ne verront pas leur vie prolongée pour autant. Il y a par ailleurs des données scientifiques qui indiquent que ces médicaments n'améliorent en rien la santé des femmes, et ils ne sont d'aucune utilité pour les personnes âgées.
La troisième chose que je veux vous dire, c'est que le fait de prendre un tel médicament pourrait vous tuer. Je ne veux pas dramatiser la situation, parce que ces médicaments ne causent aucun tort à un grand nombre de gens qui les consomment, mais certaines personnes qui y réagissent mal sont victimes d'effets indésirables graves, terribles et, parfois, intolérables. L'effet indésirable le plus connu est une maladie appelée rhabdomyolyse. Il s'agit d'une forme de dégénérescence musculaire qui peut causer une insuffisance rénale et la mort.
La cérivastatine, un médicament commercialisé sous le nom de Baycol, réussissait vraiment très bien à réduire le cholestérol, mais il tuait aussi des gens. Ce médicament a été retiré du marché canadien le 8 août 2001.
Cinq ans plus tard, soit le 12 juillet 2006, Santé Canada émettait un avis public au sujet des risques de rhabdomyolyse. Est-ce que les médecins canadiens ont lu cet avertissement? L'ont-ils seulement vu? Est-ce que les consommateurs ont commencé à s'inquiéter et ont arrêté de prendre leurs statines? Ce n'est pas ce qui se dégage de mes lectures. L'an dernier, 22 millions d'ordonnances de statines ont été prescrites à des Canadiens, et ce chiffre est en constante hausse depuis les dix dernières années.
Hier, j'ai fait une recherche dans la base de données en ligne de Canada Vigilance, et j'ai trouvé 1 173 rapports d'effets indésirables pour ce médicament, l'atorvastatine. À combien de personnes ce médicament et d'autres statines ont-ils nui en réalité? La réponse est simple: nous ne le savons pas. Ces 1 173 rapports peuvent représenter de 1 à 10 p. 100 des gens qui ont subi des préjudices en raison de l'atorvastatine, ce qui veut dire que ce médicament à lui seul pourrait avoir entraîné des conséquences négatives pour quelque 11 000 à 111 000 Canadiens. Actuellement, on compte sept statines sur le marché canadien.
Les porte-parole de l'industrie pharmaceutique vous diront qu'ils devraient participer à la sensibilisation des consommateurs relativement aux médicaments, mais laissez-moi vous montrer comment ils ont choisi de le faire. Cette publicité d'un cadavre à la morgue a été publiée dans de nombreux magazines et importants journaux partout au Canada. Celle-ci provient du National Post du 20 février 2004. On peut y voir une étiquette d'identification qui pend à l'orteil d'un cadavre, et on peut lire « Dire qu'un simple dosage de son cholestérol aurait pu lui éviter ça ». Voici un autre exemple de la même publicité tirée du magazine Maclean's.
Cette publicité est probablement l'exemple le plus flagrant de la promotion d'une maladie que nous ayons jamais vu au pays. Elle a été utilisée en France et au Canada et a fait l'objet d'une lettre envoyée au journal médical The Lancet par l'Organisation mondiale de la santé, qui se plaignait du fait que, très certainement, ce type de publicité entraîne partout dans le monde une mauvaise utilisation des médicaments conçus pour réduire le cholestérol.
Parmi les 22 millions d'ordonnances de statines qui ont été rédigées cette année au Canada combien étaient destinées à des hommes présentant un risque élevé de cholestérol? Il est probable que les trois quarts de ces médicaments sont pris par des femmes, des personnes âgées et des hommes à faible risque qui n'en tirent aucun avantage.
Ce que j'essaie de dire, c'est qu'au Canada, nous n'exerçons aucun contrôle sur la publicité et la promotion relatives aux maladies, nous ne contrôlons pas les définitions des maladies et nous ne fournissons pas de renseignements impartiaux adéquats sur la santé et les médicaments aux Canadiens ou à nos médecins. De surcroît, nous permettons à des experts qui ont des intérêts conflictuels de participer à des comités qui établissent les définitions des maladies, et nous permettons que nos médecins soient éduqués par l'industrie pharmaceutique. Nous parlons ici d'une industrie qui dépense plus de 3 milliards de dollars par année pour faire la promotion de ses produits directement auprès des médecins canadiens.
Et qu'est-ce qui arrive aux pauvres patients dans tout ça? Selon mes estimations, les Canadiens sont sans défense dans le marché pharmaceutique.
Mes recommandations pour la surveillance post-commercialisation portent sur des mesures visant à protéger les patients et les médecins des renseignements erronés et trompeurs, et à nous assurer que nous avons des données adéquates avant que les médicaments soient mis à la disposition de la population. J'ai donc quatre recommandations.
Premièrement, je crois que nous avons besoin d'établir une politique sur la promotion des maladies. Nous devons maintenir l'interdiction qui est actuellement en vigueur en ce qui a trait à la publicité produite par les entreprises pharmaceutiques et qui s'adresse directement aux consommateurs. Nous devons cependant aller un peu plus loin. En fait, nous avons besoin d'un contrôle plus strict de la publicité entourant les maladies. J'appelle ça la « promotion des maladies » tandis que l'industrie parle de « sensibilisation aux maladies ».
Il faudrait commencer par poser à Santé Canada quelques vraies questions: Quelle est votre politique sur la promotion des maladies? Pouvez-vous recueillir des données pour déterminer si la promotion des maladies entraîne une utilisation inadéquate des produits pharmaceutiques? Quelles recherches sur la promotion des maladies avez-vous commandées? Quelles autres mesures Santé Canada prend-il pour contrôler cette situation? Que pouvons-nous faire pour éviter d'avoir à nous occuper de patients qui sont peut-être en train de mourir à cause de médicaments sur ordonnance? Comment pouvons-nous empêcher les gens de prendre des médicaments dont ils n'ont de toute façon pas besoin?
Deuxièmement, nous devons mieux informer les patients. Après tout, ce sont eux qui consomment tous les jours des médicaments comme ceux-là. Il est urgent que les Canadiens reçoivent des renseignements approuvés et réglementés sur les maladies et les médicaments, de l'information fournie par une source indépendante et objective qui ne relève pas d'entreprises axées sur les profits.
Le gouvernement du Canada a récemment montré l'intérêt qu'il accordait à la diffusion de renseignements objectifs sur la santé à l'intention des consommateurs en abolissant le financement consenti au Réseau canadien de la santé, une source Internet financée par les fonds publics et offrant des renseignements de qualité. Pour ce qui est des traitements médicaux, la Cochrane Database of Systematic Reviews est l'une des meilleures sources de recherches indépendantes réalisées sur les traitements communs.
Une licence d'utilisation de la base de données Cochrane, que le gouvernement canadien refuse actuellement de financer, coûterait environ 500 000 $ par année et permettrait à tous les Canadiens — et pas seulement à des personnes comme moi qui travaillent dans les universités — d'accéder à ces examens.
D'autres groupes, comme le Programme commun d'évaluation des médicaments et l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, ont besoin de tout notre appui et d'un financement public stable à long terme.
Troisièmement, nous avons besoin de meilleurs renseignements et outils didactiques objectifs à l'intention de nos médecins. Ce ne sont pas uniquement les patients qui ont besoin de renseignements indépendants. Il est temps que nous nous rendions compte que laisser l'industrie pharmaceutique éduquer nos médecins a quelques inconvénients. Nous avons besoin d'une meilleure éducation sur les prescriptions, une éducation qui viendrait d'une source objective qui, de préférence, bénéficierait d'un financement public.
Il y a, en Australie, une organisation nationale appelée National Prescribing Service qui est probablement l'une de celles qui réussissent le mieux dans le monde à fournir aux médecins des renseignements utiles, à jour et objectifs sur les médicaments. Pourquoi ne pouvons-nous pas reproduire ce modèle ici à l'échelle nationale avec l'aide des provinces? Il s'agirait d'un excellent premier pas vers l'adoption d'un régime d'assurance-médicaments national.
Enfin, j'aimerais parlé d'homologation progressive. Selon moi, nous devrions améliorer nos connaissances de l'innocuité des médicaments en observant la façon dont les autres industries fonctionnent. Je crois personnellement qu'il faut effectuer une surveillance post-commercialisation et qu'il faut la faire mieux. Je crois cependant que c'est une triste proposition après coup. En effet, nous devons faire une surveillance post-commercialisation parce que toute la surveillance effectuée avant la commercialisation est de piètre qualité.
Pourrait-on imaginer une autre industrie, par exemple l'industrie nucléaire ou l'industrie du transport aérien, qui permettrait aux manufacturiers de se fonder sur la surveillance post-commercialisation pour évaluer la sécurité de leurs avions ou de leurs centrales nucléaires? Personne n'accepterait que le travail de l'organisme de réglementation consiste à compter les corps après coup pour ensuite décider s'il s'agit d'une bonne technologie à offrir à toute la population. Nous ne permettrions jamais à un constructeur d'avions de ligne d'utiliser des personnes comme cobayes pour tester la sécurité et l'efficacité de ses appareils. Nous exigeons que l'industrie nucléaire et celle du transport aérien éliminent totalement les risques associés à leurs produits, alors pourquoi acceptons-nous d'appliquer une norme moins stricte aux produits que les gens consomment chaque jour?
En ce qui a trait à l'homologation progressive — et ça a un lien avec le projet de loi C-51 — je n'ai aucune idée où ça va nous mener. Toutefois, lorsque j'observe les efforts actuellement déployés pour « moderniser » la réglementation entourant les médicaments, une question me vient à l'esprit: Comment un régime d'homologation des médicaments plus moderne pourrait prévenir un autre incident comme celui provoqué par le Vioxx ou par le Propulsid — le médicament qui a tué Vanessa Young — ou du moins arrêter la consommation des milliers de Canadiens qui souffrent peut-être d'effets indésirables liés aux médicaments conçus pour réduire le cholestérol?
Merci.
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Je remercie le comité de m’avoir invitée à participer aujourd'hui à cette discussion.
Laissez-moi commencer en disant que, bien qu’on évalue les produits pharmaceutiques pour déterminer leur efficacité et leur innocuité avant leur mise en marché, les essais pré-commercialisation actuels sont reconnus comme incomplets. Même si la force des essais cliniques aléatoires, qui constituent la preuve primaire sur laquelle repose l’autorisation de commercialiser un médicament, est leur capacité d’établir l’efficacité à court terme d'un médicament, la question de l’innocuité demeure souvent irrésolue dans un contexte clinique limité. La petite taille des échantillons et la courte durée des essais ne permettent pas de déceler les effets indésirables tardifs ou moins fréquents. De plus, les patients qui présentent un facteur de comorbidité ainsi que les femmes enceintes et les enfants sont souvent exclus, ce qui limite la possibilité de généraliser les essais. Par contre, les essais pré-commercialisation sont essentiels pour déterminer l’efficacité d'un médicament et effectuer une évaluation initiale de son innocuité avant que la population y ait largement accès. Les essais cliniques aléatoires pré-commercialisation sont donc nécessaires, mais terriblement insuffisants.
Parce que le Canada ne fait pas le suivi systématique des médicaments commercialisés, il arrive souvent que leurs effets indésirables se fassent seulement connaître des années après leur mise sur le marché. Résultat, beaucoup de médicaments dont le rapport entre les avantages et les inconvénients est inacceptable demeurent longtemps sur le marché, ce qui expose les Canadiens à des risques imprévus.
Comme l’ont souligné des représentants de la FDA dans une publication – je crois qu’il s’agissait du New England Journal of Medicine –, souvent, l’immense complexité biologique des produits pharmaceutiques destinés à l’usage humain ne peut être saisie concrètement ou suffisamment dans les études cliniques en bonne et due forme. En fait, en conclusion de ce même article, on déconseillait de prendre un nouveau médicament dans les deux années suivant son arrivée sur le marché. C’est, selon moi, une affirmation très éloquente.
Les chercheurs qui ont examiné les conséquences des effets indésirables ont constaté que ces derniers représentent la 4e et la 6e cause de décès aux États-Unis; ils causent plus de 100 000 décès et 1,5 million d’hospitalisations par année. Comme nous avons sur le marché canadien pratiquement les mêmes médicaments que sur le marché américain, nous pouvons supposer qu’au Canada, les effets indésirables seraient la cause de 10 000 décès ou encore de 150 000 hospitalisations par année. Ça signifie que notre système passif actuel de déclaration des effets indésirables – un système a été mis en place et les faits sont recueillis après coup – ne rend compte que de 5 p. 100 de tous les effets indésirables. En réalité, nous ne voyons que la pointe de l’iceberg et pas l’ensemble de la situation.
Le cas de la digoxine illustre bien cette situation. Alors que la FDA ne recevait que 82 rapports d’effets indésirables par année, une étude post-commercialisation basée sur l’exploration des dossiers d’hôpitaux a révélé que la digoxine était liée à plus de 200 000 hospitalisations sur une période de sept ans. Par conséquent, on comptait 82 rapports émis par des patients par l’entremise de leurs médecins, mais ce chiffre est passé à 200 000 lorsqu’on a examiné les dossiers des hôpitaux et qu’on a repéré les hospitalisations qui étaient dues à ce médicament en particulier.
Il est paradoxal de voir qu’à partir du moment où un nouveau médicament est mis sur le marché et devient très répandu, ses effets et son mode d’utilisation ne sont plus surveillés systématiquement. C’est une lacune qui pourrait être corrigée par un système de surveillance post-commercialisation.
J’aimerais vous faire part de certains renseignements tirés d’une étude comparative que mes collègues et moi avons réalisée sur la façon dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Norvège et l’Agence européenne des médicaments procèdent pour la pharmacosurveillance. Je vais décrire le rôle que les réseaux de recherche peuvent jouer et expliquer comment les connaissances qu’ils génèrent peuvent être utilisées par les organismes de réglementation pour éclairer leurs décisions.
Dans ces pays, deux grandes approches sont utilisées pour évaluer la sécurité et l’innocuité des médicaments après leur mise en marché. Selon la première approche, soit l'établissement de plans de gestion des risques, lorsqu’un médicament est sur le point de recevoir une autorisation de commercialisation, son promoteur, un fabricant, négocie les termes de sa commercialisation et détermine la façon dont il effectuera l’évaluation des risques lorsque le produit sera sur le marché. La seconde consiste à établir un réseau national de centres de recherche qui peut, à la suite d’une demande ou après avoir soumis des propositions, effectuer des études indépendantes, y compris des études d’observation qui incluent des données de dossiers de santé électroniques.
Je vais commencer par les plans de gestion des risques, qui sont actuellement utilisés par l’Agence européenne des médicaments. Dans ce cas, l’organisme de réglementation demande aux promoteurs de médicaments d’élaborer et d’appliquer un plan de gestion des risques pour surveiller l’innocuité de chaque nouveau médicament une fois sur le marché.
Nous avons constaté que les plans de gestion des risques de l’Agence manquent vraiment de transparence. Tout ce qu’on trouve au sujet de ces plans, ce sont de très brefs résumés sur Internet. Qui plus est, l’Agence n’applique pas la planification systématique à l'élaboration des protocoles d'études, ce qui est plus grave encore. Ceux-ci sont plutôt élaborés au cas par cas, de façon ponctuelle, et ils ne s’appuient bien souvent sur aucune méthode scientifique rigoureuse.
À titre d’exemple, ils peuvent prévoir établir un registre des patients qui prennent un médicament en particulier sans constituer de groupe témoin. Le groupe témoin permet de suivre l’évolution des patients, mais comment est-il possible de déterminer si les effets indésirables dont ils souffrent ont atteint un degré plus élevé que chez une personne qui ne prend pas le médicament si vous n’observez qu’eux? Il est dont très important d’avoir un groupe témoin, d’autant plus que c’est une démarche beaucoup plus rigoureuse. Les plans peuvent également prévoir lancer des mesures éducatives à l’intention des médecins pour que ceux-ci puissent à leur tour éduquer les patients. Cependant, nous savons tous que, lorsque l’industrie participe à la promotion de ses médicaments, on n'obtient pas nécessairement tous les détails relatifs aux risques et aux avantages de ceux-ci.
Si nous devions suivre cet exemple au Canada, les plans de gestion des risques devraient être fondés sur un processus d’évaluation des risques qui précéderait la gestion des risques et qui modéliserait l’ampleur des inconvénients en tenant compte de toutes les données pré-commercialisation qui auraient été générées et en prévoyant le niveau de danger pour la population. En d’autres termes, ils devraient être fondés sur une approche beaucoup plus rigoureuse. À moins que Santé Canada n’envisage d’utiliser les plans de gestion des risques d’une manière plus systématique et plus rigoureuse que l’Agence européenne des médicaments, entre autres en établissant, pour les méthodes de recherche, des normes semblables aux essais pré-commercialisation des phases I, II et III et en fixant des conditions pour les évaluations en aveugle, il faudrait avoir recours à d’autres méthodes pour évaluer l’innocuité et l’efficacité après la mise sur le marché. Une telle étude est conçue et menée par des centres de recherche pharmacoépidémiologique indépendants.
Dans notre étude, nous avons conclu que les plans de gestion des risques de l’Agence européenne des médicaments sont d’une utilité restreinte, même s'ils donnent l’impression d’une surveillance systématique. Pour bien faire ressortir la situation, l’Agence a mis en place un mécanisme afin que le public ait l’impression que les médicaments qu’il consomme sont surveillés. Pourtant, la surveillance effectuée est loin d’être efficace.
Par ailleurs, il peut être imprudent de se fier aux études réalisées par les entreprises pharmaceutiques étant donné le conflit d’intérêts inhérent qui existe, même si des mesures de garantie sont prévues. Par exemple, en France, où on examine certains des plans de gestion des risques élaborés, on a mis sur pied un comité de surveillance pour s’assurer que l’industrie adopte une démarche scientifique. Toutefois, même ces études ont des lacunes puisque, au bout du compte, c’est l’industrie qui analyse les données et qui les interprète.
Exiger de l’industrie qu’elle mène ces études dans le cadre du processus de commercialisation n'est pas une bonne démarche. Par contre, l’industrie pourrait quand même financer la recherche, comme en Italie, où les fabricants versent environ l’équivalent de 5 p. 100 de leur budget de promotion à l’agence italienne des médicaments pour financer des études post-commercialisation menées par des chercheurs universitaires et des cliniciens. Cela permettrait aussi d’effectuer des études sur toute une catégorie de médicaments. Ce que j’essaie de dire, c’est qu’il arrive souvent qu’une entreprise pharmaceutique effectue une étude sur un médicament en particulier. Toutefois, même s’il existe sur le marché des médicaments qui servent aux mêmes fins, mais sont en concurrence, l’entreprise refuse de réaliser l'étude comparative des deux produits. En outre, les administrateurs d’un régime d’assurance-médicaments doivent déterminer quels médicaments financer; les médecins, quant à eux, doivent déterminer quels médicaments prescrire à leurs patients. Par contre, s’ils n’ont aucune information relative aux avantages d’un médicament comparativement à un autre établis dans le cadre d’une étude exhaustive, il est très difficile de savoir lequel choisir.
Il a été démontré que les entreprises pharmaceutiques publient les résultats de leur recherche de façon sélective, soit en ne faisant paraître que les études aux résultats favorables, soit en communiquant les études aux résultats négatifs, mais de façon à leur donner un tour positif. Récemment, Turner et coll. a signalé qu’en 2008, 94 p. 100 des résultats d'essais portant sur l’inhibiteur spécifique du recaptage de la sérotonine semblaient positifs. En revanche, une analyse distincte de toutes les données soumises à la FDA a été effectuée, et celle-ci a révélé que seulement la moitié de ces résultats étaient positifs. Encore une fois, l’industrie trouve le moyen de donner une image positive même aux études dont les résultats sont négatifs.
Tout cela fait ressortir la nécessité d’un mécanisme de surveillance publique pour veiller à ce que les études post-commercialisation posent les bonnes questions de recherche, qu’elles produisent des résultats valables et qu’elles fassent l’objet de comptes rendus fidèles.
De plus, en diminuant le plus possible la réalisation d’études en double, on a des chances d’encourager les médecins à maintenir leur coopération. Beaucoup de ces études – les essais cliniques aléatoires – nécessitent une collaboration avec les médecins qui prescrivent les médicaments à leurs patients et qui surveillent ensuite leur réaction. Si vous faites de petites études distinctes, un peu partout... En France, où on a commencé à réaliser des études par observation, on constate que les médecins commencent à dire qu’ils en ont fait assez et que leurs patients sont las. Les médecins ne veulent tout simplement pas participer.
Par conséquent, si vous voulez mettre en œuvre une certaine stratégie, vous devriez utiliser vos ressources de la meilleure façon possible, y compris le temps des médecins et des patients.
J’aimerais maintenant passer à la seconde approche de la surveillance post-commercialisation, soit un réseau de recherche indépendant. Ce type de réseau pourrait mettre en place un cadre qui permettrait de surveiller le plan des études et de s’assurer de sa validité, de favoriser l’indépendance par rapport aux intérêts commerciaux et de rendre possible l’examen comparatif de médicaments faisant partie de la même catégorie. De plus, il ferait en sorte que les résultats des études soient accessibles à la population au lieu de rester la propriété du promoteur. Les administrateurs des régimes d’assurance-médicaments dans les provinces font souvent face à un problème: ils voudraient obtenir plus de renseignements sur l’innocuité et l’efficacité d’un produit particulier, mais Santé Canada leur explique qu’il ne peut pas partager cette information parce qu’elle est de propriété exclusive. Nous nous trouvons donc devant un problème de transparence lorsqu’il s’agit de transmettre l’information aux administrateurs des régimes d’assurance-médicaments et, au bout du compte, aux médecins et aux patients qui l’utiliseront. Si nous réalisons des études dans un contexte public, nous pourrons donc permettre au public d’accéder aux données obtenues.
Plusieurs organismes nationaux de réglementation font faire des études post-commercialisation par des centres de recherche comme DEcIDE aux États-Unis et le National Pharmacovigilance Centre en Nouvelle-Zélande. En outre, l’Union européenne met au point une approche qui s'applique à tous les pays qui la composent pour commander des études internationales de pharmacosurveillance à plus de 60 centres de recherche partout en Europe. Cette démarche en est à ses balbutiements.
Le Canada est bien placé pour réaliser le potentiel d’un réseau national de centres de recherche. Les dossiers de santé électroniques des régimes de santé provinciaux et les dossiers pharmacologiques pourraient servir à des études par observation, ce qui renforcerait une activité déjà en cours au Canada.
Il est toutefois essentiel que les administrations provinciales de la santé et Santé Canada s’engagent à coopérer pour que l’on puisse mettre sur pied l’infrastructure nécessaire aux études de pharmacovigilance et d’impact sur la santé publique.
Je suis ravie d'être ici, et je suis surtout ravie que notre gouvernement prenne l'initiative d'examiner l'homologation progressive et la surveillance des produits pharmaceutiques. Je crois que l'objectif est facile à atteindre, que la proposition est assurément gagnante, et c'est pourquoi je suis enchantée d'être ici.
Je ne crois pas avoir besoin de vous convaincre qu'il s'agit d'une bonne chose à faire, parce que les médicaments sont comme les chirurgies, c'est-à-dire qu'ils peuvent vous guérir et qu'ils peuvent vous tuer. Les chirurgiens sont contrôlés par les hôpitaux. Ils doivent avoir des privilèges. Ils effectuent des examens de la morbidité et de la mortalité, entre autres. Mais les médicaments... eh bien, tout le monde peut prescrire des médicaments. En ce moment, on compte 50 000 médecins, dont 25 000 sont des médecins de premier recours, qui prescrivent pratiquement 80 p. 100 de tous les médicaments. Donc, les mêmes contrôles naturels n'existent pas ici. Je pense donc que la surveillance des produits pharmaceutiques sera sans contredit une initiative emballante qui aurait dû être prise depuis longtemps.
En plus de ça, j'aimerais vous parler de la façon dont nous allons nous y prendre, parce que nous avons au Canada des avantages uniques dont aucun autre pays au monde ne peut bénéficier. Cela tient du fait que nous avons un système de soins de santé socialisé, que nous fournissons réellement des services, à tous et chacun, à tous les Canadiens. Puisqu'il faut administrer un tel système partout au pays, nous sommes comme un ensemble d'organisations d'entretien de la santé — une dans chaque province — qui offrons une protection complète à la population. Si votre santé vous ruine, vous n'êtes pas écarté du système et désormais invisible. Nous comptons tous et chacun.
Je dirais que les seuls autres pays qui sont dotés de systèmes administratifs assurant le suivi des activités de chaque personne sont le Danemark et l'Islande. Ce sont les deux seuls autres pays qui détiennent ce genre d'information très pointue et détaillée sur ce qui se passe.
Maintenant, ce qui est emballant à ce sujet, c'est que vous le faites déjà de toute façon, donc vous pouvez en tirer parti. En fait, les chercheurs canadiens l'ont exploité. Ils sont devenus des chefs de file mondiaux dans l'évaluation des risques et des avantages liés aux médicaments, à l'aide des dossiers détaillés sur les services de santé qui sont établis dans chaque province.
Ce à quoi Mary et le Dr Laupacis ont fait référence plus tôt, c'est une proposition formulée par un groupe de responsables de la réglementation, de gestionnaires des prestations pharmaceutiques et de chercheurs selon laquelle nous pouvons construire un réseau d'un bout à l'autre du pays qui permettra d'observer et de surveiller en temps opportun les personnes qui prennent des médicaments, la quantité qu'elles prennent, et le résultat obtenu quotidiennement grâce à cette information. C'est possible, quotidiennement, avec l'information que nous avons.
Nous n'avons pas exploité cette possibilité. Les données sont stockées dans de gros serveurs et ordinateurs. Pourquoi ne le faisons-nous pas? J'en n'ai vraiment aucune idée.
La première fois que des gens, dont moi, avons collaboré à une si grande échelle avec tout le monde, nous avons formulé une proposition visant à relier les répertoires de données que l'on trouve dans chaque province. Nous ferons l'envie du monde entier.
L'Islande a à vrai dire vendu ses données. La Saskatchewan a actuellement, je dirais, plus ou moins vendu ses données à l'industrie afin d'avoir ce genre d'information.
Nous pouvons avoir cette information en tant que Canadiens. Une proposition a été mise en avant; elle est sur le site Web de Santé Canada. Je crois que nous devrions être enthousiasmés en tant que Canadiens, parce que, selon moi, nous pourrions devenir des chefs de file mondiaux. Les gens viendront ici pour évaluer les risques et les avantages des médicaments, à l'aide de ces données.
Le deuxième investissement que nous avons fait, qui est également emballant et qui nous donne en fait les outils complémentaires, c'est essentiellement l'investissement que nous avons prévu dans le domaine des dossiers électroniques de santé au Canada. Quelque 1,4 milliard de dollars ont été mis de côté pour mettre à niveau le dossier électronique de santé au Canada. De cette somme, environ 34 millions de dollars ont été mis de côté pour créer un répertoire de tous les médicaments, de toutes les personnes, dans chaque province. Cette information circule lorsqu'un médicament est administré à partir du répertoire. Toutes les ordonnances électroniques seraient transmises dans ces répertoires.
Pourquoi cette information est-elle essentielle? L'information est essentielle parce qu'en fait, en mettant en place des systèmes d'ordonnances électroniques et de gestion informatisée des médicaments pour chaque fournisseur au pays, nous retirons de grands avantages. Premièrement, on a de l'information sur chaque médicament administré à chaque Canadien. Deuxièmement, on a la possibilité de demander, si ça devient une exigence obligatoire, pourquoi un médicament en particulier a été prescrit. Donc, on commence à pouvoir surveiller les raisons pour lesquelles des médicaments sont prescrits. Sont-ils ou non prescrits à des personnes pour lesquelles ils ont été testés?
Je crois que c'est une question essentielle, parce que dans diverses études que j'ai lues, de 30 à 90 p. 100 de certains médicaments sont pris par des personnes sans que des tests aient été effectués au préalable. C'est une question de gestion du risque que nous pouvons régler en recueillant essentiellement cette information au moyen de ce que dans quoi nous avons déjà investi, c'est-à-dire un répertoire électronique des médicaments, un système de gestion des médicaments.
La deuxième chose qui importe à ce sujet, c'est que si nous atteignons l'objectif d'adopter à grande échelle ce qui se fait actuellement, disons, au Danemark, au Royaume-Uni et en Écosse, nous verrions presque tous les médecins utiliser des dossiers de santé électroniques pour donner des soins. L'avantage que nous avons, c'est que grâce aux répertoires qui ont été constitués par l'entremise de Inforoute Santé du Canada, l'information sur tous les résultats de laboratoire, toutes les images diagnostiques et tous les médicaments serait disponible, peu importe qui aurait demandé les examens ou prescrit les médicaments.
Cela signifie que pour la toute première fois, un médecin aura accès à une fiche pharmaceutique complète lorsqu'il prescrira une ordonnance. Quels médicaments avez-vous pris? Quels médicaments avez-vous dû cesser de prendre en raison d'effets indésirables ou de réaction allergique? Quels médicaments ne devraient pas vous être prescrits parce qu'un médecin vous a déjà prescrit un autre médicament dont vous ne vous rappelez pas le nom, parce que vous l'appelez la pilule violette? En fait, elle est de couleur fuchsia, longue et oblongue, et 400 autres pilules ont la même forme et la même grosseur, et vous devrez vous y retrouver seul.
Nous avons l'occasion d'optimiser l'investissement extraordinaire que nous avons effectué dans la création des répertoires, et de dire à chaque médecin et à chaque pharmacien au pays qu'ils ne devraient pas prescrire ou administrer un médicament à moins d'avoir de l'information sur tous les médicaments qu'une personne prend actuellement ou qu'elle a pris selon ses antécédents médicaux. Nous aurons cette information. C'est l'aspect le plus exaltant.
Le deuxième aspect concerne le moment où les problèmes sont cernés. Comme Mary et Alan l'ont indiqué, lorsque des problèmes se posent, une note est essentiellement envoyée à un médecin. Elle s'ajoute aux 900 autres notes qui arrivent tous les jours sur son bureau. Cette note, au lieu d'être envoyée sur support papier, pourrait essentiellement être reliée au répertoire des médicaments, et chaque fois que le médicament en question est prescrit, un avertissement serait lancé pour dire qu'il a tué 300 personnes récemment. Le médicament ferait l'objet d'une mise en garde: « Dans le cadre de ce traitement, l'indication à suivre c'est que ce n'est pas une bonne chose à faire. »
C'est possible de nos jours. Nous avons déjà effectué cet investissement. Ce qu'il faut maintenant c'est réellement de prendre une décision stratégique concernant la façon dont nous allons optimiser notre investissement afin que nous ayons les outils nécessaires pour assurer une surveillance quotidienne, au jour le jour, pour tous les Canadiens au moyen de ces deux possibilités très emballantes, pour lesquelles nous avons déjà fait d'énormes investissements au Canada.
En terminant, bien que la technologie de l'information révolutionnera probablement la façon dont nous donnons des soins, il reste un domaine dans lequel, je dois dire, nous sommes faibles — en fait, où nous sommes au bas de la liste. Nous avons créé de fabuleuses ressources à la fine pointe de la technologie, où se trouve l'information et où elle peut être cernée de manière très efficace et précise pour devenir votre information, mais nous ne nous sommes pas penchés sur ce que d'autres pays ont fait et dont pourraient s'inspirer les praticiens du Canada pour utiliser cette information.
Nous devons prendre des décisions stratégiques afin d'amener l'ensemble des 50 000 médecins, 150 000 infirmiers et 60 000 pharmaciens du pays à utiliser cette information, de façon à ce que nous n'ayons plus de décès causés par la prise de trois anticoagulants, car la personne ne se rappelait plus avoir pris les deux premiers, ou qu'elle a pris une dose excessive de digoxine, car deux médecins différents lui en avaient prescrit. Ça arrive tous les jours dans notre pays, et ce n'est tout simplement pas nécessaire.
Une fois que nous aurons cette information, il peut être obligatoire de consigner toutes les instructions d'arrêt de médicaments. Les effets indésirables et l'inefficacité du traitement représentent 66 p. 100 de toutes les instructions d'arrêt au pays. De plus, on peut en fait créer un champ obligatoire permettant d'inscrire les indications relatives aux traitements afin de savoir si des gens se voient prescrire des médicaments qui constituent ce que j'appelle la grande expérience sociale, c'est-à-dire qu'ils prennent des médicaments pour lesquels ils n'ont pas été testés.
Je vous prierais de prendre en considération certaines des politiques stratégiques qui ont été adoptées par d'autres pays où le taux d'utilisation de dossiers électroniques pour les ordonnances atteint presque 100 p. 100. Je pense ici à une politique sur le paiement des coûts associés à la qualité; à du soutien pour la formation des praticiens qui devront utiliser les dossiers de santé électroniques et s'ajuster en conséquence; et surtout, aux avantages à valeur ajoutée offerts aux praticiens qui travaillent tous les jours dans des conditions difficiles avec un système d'information désuet, et qui ont besoin de ces outils à valeur ajoutée dans leur pratique.
Merci beaucoup.
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Je crois que la composante de ce projet de loi qui se rapporte à la post-commercialisation est importante, parce qu'il faut disposer de capacités pour pouvoir faire des recherches, comme mes collègues et moi en avons déjà parlé. Mais je m'inquiète du volet préalable à la commercialisation. Vous avez parlé du Vioxx, par exemple. Est-ce que le cas du Vioxx aurait été évité si nous avions rendu la norme moins sévère pour que ce produit soit sur le marché plus rapidement? Je ne crois pas. Je crois qu'il y aura d'autres cas du même genre. Il y aura certainement des mesures de surveillance après la mise en marché, mais la façon dont cette surveillance sera effectuée est loin d'être claire. Nous ne savons pas ce qui se passera, en fait.
C'est très bien d'établir un système de surveillance post-commercialisation, mais beaucoup de questions se posent actuellement sur la façon de procéder et le rôle de l'industrie. À mon avis, le cadre des essais de phase I, II et III précédant la commercialisation ne devrait pas être moins serré. Je sais que des groupes de consommateurs disent que les patients veulent obtenir les médicaments plus rapidement, mais ce n'est pas si simple. Ils ne sont pas conscients des risques associés à ces médicaments. Les risques et les avantages de ces médicaments ne sont pas encore tout à fait clairs. Selon moi, vous prenez un risque beaucoup plus grand que nécessaire.
Oui, Santé Canada prend plus de temps que les organismes d'autres pays pour examiner les médicaments à l'heure actuelle, et je crois que cela entre en jeu, mais le nombre de retraits ici est moins élevé qu'aux États-Unis et dans d'autres pays. Cela s'explique entre autres par le fait que lorsque les médicaments sont sur le marché aux États-Unis, nous pouvons voir ce qui se produit, et nous n'allons pas approuver un Vioxx, si je puis dire. Sa distribution ne sera pas autorisée. En fait, je crois que c'est une bonne chose. Je préfère être protégée plutôt que de prendre des risques.
Dans le cas de médicaments utilisés pour des maladies potentiellement mortelles comme le Sida et le cancer, Santé Canada peut appliquer une procédure allégée qui fait en sorte que ces médicaments sont offerts sur le marché dès que les essais de phase II sont terminés, je crois. Les compagnies pharmaceutiques ont la responsabilité de faire des études post-commercialisation après coup.
Si la responsabilité des essais de phase IV, ou des essais après la mise en marché, incombe à l'industrie, les compagnies ne sont pas obligées de les faire, et cela pose problème. Aux États-Unis, on a constaté que moins de la moitié des études post-commercialisation que l'industrie avait accepté d'effectuer ont été entreprises. Des mesures législatives qui sont entrées en vigueur à l'automne 2007 permettront à la FDA d'obliger les compagnies à effectuer les études de phase IV, mais même dans notre système actuel, où une procédure accélérée est prévue, ces études ne sont pas nécessairement effectuées, et cela n'a aucune incidence sur l'industrie; les compagnies vont de l'avant et mettent les produits sur le marché.
En résumé, je crois que les normes applicables avant la mise en marché ne devraient pas être moins sévères. Il faut réellement renforcer la surveillance. Donc, j'approuve le contenu du projet de loi qui se rapporte à la post-commercialisation suivant la commercialisation, mais je renforcerais ce qui est prévu à l'étape précédant la mise en marché, et je ne baisserais pas les normes.
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Il y a là deux choses. Tout d'abord, il y a les éléments qui doivent idéalement être réunis si vous êtes pour payer un médicament. Si vous êtes gestionnaire de l'assurance-médicaments dans une province, vous voulez savoir s'il est avantageux pour vous de payer le médicament. Vous voulez essentiellement savoir si le médicament va réduire vos coûts — vos coûts d'hospitalisation, vos coûts liés aux visites à l'urgence, vos coûts de traitement.
Malheureusement, la phase III de nombreux essais ne permet pas, lorsqu'elle est terminée, de déterminer ces coûts. Par exemple, voilà la raison pour laquelle la Colombie-Britannique fait ses propres essais pour les médicaments servant à traiter l'Alzheimer; elle veut déterminer si ces médicaments retardent ou non l'admission en maisons de soins infirmiers, car voilà ce qui leur coûte le plus cher, n'est-ce pas? La question de savoir si la personne obtient un point de plus au mini-examen mental n'est pas tellement utile, car ce n'est pas réellement cette information qui compte pour eux.
Voilà un des problèmes, et le Canada ne peut pas vraiment entreprendre cette démarche seul. Nous représentons 2 p. 100 du marché des médicaments, alors voulons-nous vraiment faire cavalier seul? Je crois que les normes de pré-commercialisation devraient être décrétées à l'échelle internationale et qu'il nous faut préciser qu'à l'issue de la phase III, il nous faut connaître les effets au chapitre des maladies et non les effets intermédiaires par approximation. Cela signifie que les essais prendront plus de temps. Ils coûteront plus cher et — il ne faut pas se leurrer — le coût de ces essais seront portés sur le prix du médicament, alors selon moi il n'y a pas de réponse simple à votre question.
Le deuxième problème, c'est qu'en ce moment il est impossible de contrôler les ordonnances hors étiquette. Une fois qu'un médicament est introduit sur le marché, vous ne pouvez dire: « Ne le prescrivez pas aux enfants et ne le prescrivez pas aux personnes qui prennent plus de trois autres médicaments », c'est-à-dire le groupe sur lequel on a essayé le médicament. On ne peut jamais exclure la possibilité qu'un médicament soit prescrit à des gens dont le profil est différent de celui des participants au groupe d'essai.
Là encore, il pourrait s'agir d'une exigence préalable à la commercialisation. Vous pouvez dire que vous souhaitez que le groupe d'essai corresponde en tous points à la tranche de population susceptible d'utiliser le médicament. Une dame âgée qui prend 16 médicaments et qui a trois autres problèmes de santé va réagir de façon assez imprévisible, comme vous pouvez l'imaginer, et il vous faudra un très large échantillon de personnes sur lesquelles essayer ce nouveau médicament.
La troisième chose qui importe réellement est de savoir si le médicament est meilleur que les autres médicaments sur le marché. Voilà ce dont Mary parlait. Si vous voulez le savoir, il faut d'abord établir à titre d'exigence réglementaire préalable à la commercialisation que les essais soient comparés aux résultats de produits actuellement sur le marché, conçus pour traiter le même problème. Ici encore, le Canada est-il capable d'agir seul? J'en doute. Je crois que nous ne représentons qu'une petite partie du marché des médicaments et j'estime qu'il faudrait ici également une convention internationale.
Au bout du compte, il demeurera encore quelques inconnues — les rares événements qui vont se produire, les ordonnances hors étiquette — et vous allez obtenir des résultats inattendus pour lesquels il est impératif d'avoir une surveillance post-commercialisation des médicaments. Il n'y a pas d'autre façon de le faire.
Donc il vous faut soit obtenir une collaboration internationale aux fins de l'établissement des paramètres finaux appropriés avant les avis de conformité ou il vous faut véritablement instaurer après coup un système à rude épreuve pour indiquer que l'homologation du produit est conditionnelle au respect de certaines exigences au cours des deux premières années de commercialisation du médicament; vous avez donc ce système d'information sur lequel vous appuyer et qui mesure les effets réels du médicament, et vous n'avez plus à vous fier sur les personnes que vous choisissez au sein du groupe étude, parce que vous avez accès aux informations concernant chaque personne qui consomme le médicament.
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C'est une très bonne question. Elle nous ramène à la question soulevée par Mme Kadis: dans quelle mesure sommes-nous intéressés à accélérer le processus?
J'inviterais tous les membres du comité à s'imaginer en train de subir eux-mêmes une intervention chirurgicale où ils doivent se faire enlever une tumeur, ou l'utérus, et ainsi de suite, et que le chirurgien est là, dans la salle d'opération, avec des gens, des bureaucrates, qui se tiennent derrière lui et lui disent: « Allez, plus vite, plus vite. Vous devez augmenter la cadence, encore et encore. » La plupart des gens trouveraient cela complètement idiot. On veut que son chirurgien fasse un bon travail, qu'il prenne son temps et soit consciencieux.
Pourquoi faudrait-il avoir une norme différente lorsqu'il s'agit d'évaluer ou d'examiner l'innocuité de médicaments? Il y a les fabricants et les groupes de défense des patients financés par l'industrie qui disent: « Plus vite, plus vite. » Alors je me demande si la nécessité d'accélérer le processus est bien légitime? Et je répondrais à cela: Montrez-moi quels sont les problèmes de santé pour lesquels nous tardons à approuver les médicaments. S'agit-il du taux élevé de cholestérol? S'agit-il de traitements contre le cancer?
Au Canada, nous avons déjà un certain nombre de programmes en vertu desquels les gens atteints de maladies rares peuvent avoir accès, dans le cadre d'essais cliniques, à des médicaments avant leur arrivée sur le marché. C'est déjà là une façon d'obtenir rapidement des médicaments pour ceux dont la vie est menacée. Je vous assure que si j'étais atteint d'une maladie rare et potentiellement mortelle, je voudrais pouvoir bénéficier de ces traitements, moi aussi. Mais il s'agit de situations tellement rares et tellement marginales.
La plupart des médicaments ne servent pas à traiter des maladies rares et potentiellement mortelles. Ils sont destinés à traiter un taux élevé de cholestérol, l'hypertension artérielle, le reflux gastro-œsophagien et les douleurs arthritiques — qui sont des maladies chroniques nécessitant des traitements à long terme à l'égard desquelles nous pouvons nous permettre de prendre le temps qu'il faut pour nous assurer que ces médicaments sont plus bénéfiques que nocifs.
J'espère que cela répond à votre question.
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C'est là tout l'intérêt de la chose. Au Canada, nous avons opté pour une solution fortement axée sur la technologie, qui a permis de regrouper les sous-répertoires. Nous sommes à la fine pointe de l'évolution dans ce domaine, mais ce sur quoi nous ne nous sommes pas encore penchés, c'est de demander à l'utilisateur ce qu'il souhaite. Alors les pays qui ont dit au fond « D'accord, qu'allons-nous faire maintenant? » ont érigé leur système à partir de la base.
Maintenant, il est intéressant de constater qu'en Angleterre et en Écosse, ce qu'on a jugé vraiment inefficace, ce sont tous ces renouvellements, notamment dans le cas des personnes âgées qui prennent huit ou dix médicaments. Elles souffrent de diabète, d'hypertension artérielle, de maladies respiratoires, et peuvent alors passer à douze médicaments. Cela leur demandait beaucoup de temps, et ces pays le faisaient mal. Le pharmacien ne pouvait lire l'ordonnance de renouvellement et devait donc rappeler les médecins. Alors ce que l'Écosse et le Royaume-Uni ont fait, c'est de faciliter le renouvellement des médicaments, ce qui leur a permis d'intégrer la prescription électronique dans leur système.
Au Danemark, on a connu une expérience différente, à valeur ajoutée, tirant son origine, encore une fois, de la base. La valeur ajoutée qu'ont introduite les Danois est celle d'être en mesure de communiquer efficacement avec les spécialistes, les médecins de première ligne et leurs patients, et de regrouper tout cela. C'est ce qui a amené les gens à dispenser leurs soins, ou une partie de leurs soins, à l'aide de plates-formes informatisées, grâce auxquelles il devient possible d'intégrer ces messages. Vous les intégrez directement au système au moment où vous prescrivez un médicament.
Le message à retenir est donc qu'on a une valeur ajoutée qui est définie essentiellement par les professionnels eux-mêmes. Ils vous disent ce qu'il en est, puis vous transmettez l'information en amont, via votre interface informatisée. C'est le premier point. Le deuxième, c'est qu'il faut les aider à acquérir de la formation afin qu'ils soient prêts.
La première fois que nous avons tenté de le faire — et je serai très brève — c'était en 1990. Nous avons raccordé 150 médecins de première ligne à la base de données du gouvernement en leur disant: « Vous voyez, vous pouvez avoir accès aux renseignements concernant tous et chacun des patients, les médicaments qui leur sont prescrits. » Eh bien! ils ont été horrifiés. Horrifiés parce qu'ils n'étaient pas au courant de tous les médicaments que leurs patients prenaient et qu'ils ne connaissaient pas tous les autres médecins qui les soignaient. Ils ne s'étaient pas rendu compte de cela.
Mais nous avons constaté également — à notre plus grande stupéfaction — qu'ils n'avaient qu'une compréhension élémentaire des ordinateurs. Ils disaient: « Venez réparer mon ordinateur. Il ne fonctionne pas. » On arrivait, et l'ordinateur était en pièces détachées, éparpillées sur le bureau, et on nous expliquait: « J'ai essayé de voir comment cela fonctionnait, alors je l'ai démonté. »
Le petit-fils venait aider à entrer les ordonnances, utilisant lui-même l'ordinateur, puisque ce sont les jeunes qui savent comment s'en servir, n'est-ce pas? Il jouait simplement avec les tableaux en disant: « Grand-papa, sers-toi de ça. C'est comme ça que tu dois faire. »
Nous avons donc tiré beaucoup de leçons de cela, et ce que nous constatons aujourd'hui, c'est que nos professionnels de la santé en sont encore aux années 1930 et 1940 dans leur façon de travailler. En fait, nous n'avons pas une industrie qui soit bien solide ici — pas plus, à vrai dire, qu'aux États-Unis d'ailleurs — pour saisir vraiment la complexité des soins et trouver des moyens de résoudre certains problèmes.
Nous avons d'énormes problèmes. Quand on parle du processus de gestion des médicaments, nous avons d'énormes problèmes que l'on peut, en quelque sorte, atténuer sans nous engager plus loin pour ce qui est d'investir dans la technologie, pas plus loin en tout cas que l'investissement considérable que nous avons déjà fait pour constituer ces répertoires, de sorte que nous puissions en tirer parti aujourd'hui en nous tournant davantage vers des politiques — qui sont des investissements sur le plan stratégique — plutôt que vers des investissements dans la technologie.
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Merci, monsieur le président. J'ai plusieurs observations à formuler sur cette motion.
D'abord et avant tout, elle est erronée; elle contient des renseignements qui sont tout simplement inexacts. Par exemple, nulle part dans la réglementation il n'est mentionné que les gais ne peuvent être donneurs d'organes. Le règlement actuel est fondé sur des données purement scientifiques.
Je tiens à rappeler que contrairement à ce qui s'est dit dans certains médias, le règlement n'interdit pas aux homosexuels et aux personnes à risque de faire un don d'organes. Il n'empêchera aucun Canadien d'être donneur d'organes simplement à cause de son sexe, sa race, son âge ou son orientation sexuelle. Ce règlement est essentiellement axé sur la sécurité, en particulier celle des receveurs.
Nous avons beaucoup progressé depuis le scandale du sang contaminé, dont nous avons tiré des leçons qu'il ne faut jamais oublier. Le règlement vise avant tout à prévenir la transmission de maladies aux receveurs d'organes. Une saine gestion des risques fondée sur des données scientifiques fait partie intégrante du cadre de réglementation, dans le respect des pratiques exemplaires et des normes internationales.
J'aimerais vous rappeler qu'en 1999, le Comité permanent de la santé a déposé un rapport intitulé « Le don et la transplantation d'organes et de tissus: Une approche canadienne », dans lequel il recommandait de rendre obligatoires des normes de sécurité pour les cellules, tissus et organes — ce qu'on appelle les CTO — par renvoi dans un règlement pris aux termes de la Loi sur les aliments et drogues.
Le Règlement sur les CTO est entré en vigueur le 7 décembre 2007, à la suite de vastes consultations auprès du milieu de la transplantation et des Canadiens qui se sont déroulées sur une période de 11 ans, principalement sous l'ancien régime libéral. Au cours de ces consultations, pas un seul commentaire n'a été formulé pour contester la formulation actuelle des facteurs de risque applicables aux maladies infectieuses — pas un seul.
Le contexte technique de ce règlement repose sur des normes qui ont été établies par des groupes de travail formés d'experts indépendants nommés par Santé Canada, notamment des représentants du milieu de la transplantation, des gouvernements provinciaux et territoriaux, des receveurs d'organes et du milieu de l'éthique. Ces normes ont été publiées pour la première fois en 2003, sous l'ancien gouvernement.
Ce règlement entérine dans un texte de loi les pratiques exemplaires qui sont appliquées dans le domaine de la transplantation au Canada depuis le milieu des années 1990, afin d'assurer que la transplantation demeure sécuritaire pour les patients canadiens. Les mêmes critères de risque sont utilisés pour la sélection des donneurs aux États-Unis, en Europe et au Royaume-Uni.
Tous les facteurs de risque énumérés dans l'annexe E sont fondés sur des preuves purement scientifiques. Ils servent à évaluer les comportements et la situation médicale et ne visent aucun groupe en particulier. Par exemple, les gais ne sont pas exclus, ni même mentionnés...
Par exemple, la catégorie des « hommes qui ont des rapports sexuels avec un autre homme » englobe ceux qui ne se considèrent pas comme des homosexuels.
Si un donneur se trouve dans la catégorie des personnes à risque élevé, c'est le receveur et son médecin qui doivent déterminer si la transplantation est appropriée. Aucun organe recevable n'est mis au rebut ni rejeté.
Les tests ne suffisent pas, à eux seuls, à éliminer les risques. Les tests auxquels les donneurs potentiels sont soumis s'effectuent dans les hôpitaux et sont beaucoup moins précis que ceux utilisés pour les donneurs de sang.
C'est important pour moi, monsieur le président, de lancer le message suivant, si vous me permettez de poursuivre pour un instant.
Il est important de se rappeler que l'Association canadienne de normalisation est un organisme indépendant à but non lucratif qui joue un rôle de tierce partie objective et qui offre aux comités d'experts une tribune pour travailler à l'élaboration des normes. Il s'agit de l'un des organismes habilités par le gouvernement du Canada à élaborer des normes nationales.
La CSA est responsable de plus de 3 000 normes, codes et produits d'information dans les domaines de soins de santé, de l'environnement et de la sécurité publique. De plus, le Canada est considéré comme chef de file en matière de réglementation dans le domaine de la sûreté des transplantations. L'OMS a reconnu le leadership du Canada dans ce secteur, et récemment, l'Australie a demandé la permission d'utiliser nos normes nationales pour élaborer sa propre réglementation.
Le Règlement sur les CTO est judicieux. Il est fondé sur des données scientifiques, il respecte les pratiques internationales et il n'a pas besoin d'être modifié. Le comité technique de la CSA est en train d'examiner les facteurs de risque établis dans les normes pour déterminer si de nouvelles données scientifiques font en sorte qu'il faudrait ajuster à ces facteurs.
Le ministre de la Santé communiquera les résultats de l'examen au terme des travaux, dans environ trois mois.
Cette motion n'est pas nécessaire. Elle contient des renseignements faux et trompeurs, et le comité devrait se concentrer sur les travaux dont il est saisi.