:
Merci, monsieur le président, et bonjour.
Je remercie le comité de cette occasion de vous parler aujourd'hui du programme de protection des témoins.
Comme les membres du comité le savent bien, la protection des témoins est particulièrement importante dans la lutte contre le crime organisé et le terrorisme. En effet, il est très difficile de recourir à des méthodes d'enquête classiques vu le caractère fermé des groupes en cause.
À plusieurs reprises, j’ai pu examiner les tendances et les pratiques exemplaires internationales qui ont trait aux programmes de protection des témoins dans le contexte de la mise en application de la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et, récemment, pour le compte de la Commission d’enquête relative aux mesures d’investigation prises à la suite de l’attentat à la bombe commis contre le vol 182 d’Air India.
Je dois toutefois préciser que le problème d’intimidation des témoins, en raison de sa nature même, résiste à tout examen ou recherche publics. Je ne doute pas que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale ait pris connaissance de ce problème en effectuant sa propre étude. Trop peu de recherches systématiques ont été réalisées sur les problèmes pratiques, juridiques et d’ordre moral reliés aux pratiques de protection actuelles des témoins au Canada et sur la question connexe du recours à des informateurs et à des agents par les forces de l'ordre.
Je crois savoir que le comité a déjà entendu des témoins qui lui ont signalé plusieurs de ces problèmes. Vous le comprenez déjà, les recherches évaluatives sur l’efficacité des mesures de protection font particulièrement défaut .
Permettez-moi de dire d'abord quelques mots sur le recours à des agents et informateurs et sur leur protection.
Le Programme de protection des témoins sert surtout à des personnes qui ont fait fonction d’agents ou d’informateurs pour la police. Les forces publiques doivent de plus en plus s’en remettre aux témoignages de codéfendeurs et de complices prêts à collaborer et à fournir des preuves contre leurs anciens associés. Dans bien des cas, la police tente de faire d’un « informateur » un « agent ». On considère généralement qu’il est essentiel de recourir à des agents et à des informateurs criminels pour déceler des complots criminels et traduire en justice leurs auteurs, parce ces méthodes sont les plus efficaces dans ce genre de dossier. Cette pratique est cependant assortie de pièges importants.
Il faut garder à l’esprit que la réputation d’un organisme d’enquête ou d’un enquêteur quant à la capacité de protéger les informateurs/agents se répercute directement sur leur capacité d’en recruter. Il est donc vraiment crucial d'avoir des solides programmes pour être efficace dans la lutte contre le crime organisé ou contre tout complot. L’incapacité de les protéger peut se traduire par un manque de confiance dans les responsables de l’application de la loi et par un moins grand nombre d’informateurs, ou de témoins qui font le choix de collaborer avec les autorités, que ce soit la police ou le poursuivant, dans le cas d'un procès. Le recrutement et la façon de traiter les informateurs et les collaborateurs posent souvent problème, mais de différentes façons. Il en est de même de certaines méthodes controversées qu’utilisent parfois les organismes chargés de l’application de la loi pour obliger des criminels à collaborer.
À mon sens, il est nécessaire d’instaurer un cadre rigide pour la gestion des services d’informateurs/agents, soit sous forme de lignes directrices, de règlements ou encore de mesures de surveillance indépendante accrue.
Parlons maintenant des programmes de protection des témoins.
Nous devons tous garder à l’esprit que les programmes officiels de protection des témoins s’inscrivent dans un éventail de mesures de protection des témoins, informateurs et agents. Les programmes officiels de protection et de réinstallation des témoins, qui se trouvent à une extrémité de l’éventail, sont très coûteux, vous l'aurez compris, et plutôt difficiles à gérer.
Il y a toute une gamme de mesures de protection, insistons là-dessus, des mesures liées à la procédure à la protection policière la plus simple.
Je vais vous parler des programmes de protection officiels, ce que vous étudiez, puisque ce n'est qu'un aspect des mesures de protection des témoins que peuvent prendre les forces de l'ordre.
Les programmes officiels permettent de préserver l’enquête, le procès criminel et la sécurité des témoins. Leur principal objectif est de protéger la vie et la sécurité des témoins, des collaborateurs de la justice et de leurs proches. Les programmes de protection des témoins ne sont pas offerts en guise de récompense des témoins ayant coopéré avec les autorités.
Des mesures de protection inefficaces peuvent influer sur l’issue des poursuites et des procès, de même que sur la confiance du public dans l’efficacité et l’impartialité des tribunaux.Très peu de données sont disponibles sur les programmes existants, tant pour le public que pour les experts, mais j'ai eu l'occasion de comparer ceux de divers pays, pour constater que les programmes des pays occidentaux ne sont pas vraiment différents sur le plan des services de protection offerts, mais que leurs critères d’admissibilité, le processus administratif et les modalités d’application peuvent différer. Il existe aussi des différences notables en ce qui concerne les responsables de l’exécution des programmes: dans de nombreux pays, la protection des témoins est surtout considérée comme une fonction de la police tandis qu’ailleurs l’appareil judiciaire et divers ministères jouent un rôle fondamental à cet égard.
Au Canada, vous le savez, le Programme de protection des témoins est principalement perçu comme un programme de la police. Dans le cadre des programmes existants,particulièrement ceux qui sont perçus comme relevant de la police, les témoins peuvent bénéficier d’une protection uniquement si les crimes commis sont parmi les plus graves, et non pas nécessairement dans les cas impliquant les menaces les plus graves.
C'est en effet l'une des principales critiques formulées au sujet des programmes de protection des témoins relevant des forces policières: la protection est offerte en fonction de l'utilité du témoignage pour la police, pour l'obtention d'une condamnation ou pour faire avancer un procès. Un témoin gravement menacé peut donc être sans valeur comme témoin, aux yeux de la police. C'est l'un des principaux inconvénients du concept des programmes de protection gérés par la police.
Au Canada, la loi confère au commissaire de la GRC la responsabilité de la gestion du programme fédéral de protection des témoins. À l’échelon provincial, vous le savez, la situation diffère.
Dans une étude du Conseil de l’Europe sur les pratiques exemplaires concernant la protection des témoins, il est indiqué en conclusion qu’il importe de dissocier les organismes de protection des témoins des services d’enquête et de poursuite, tant pour le personnel que pour l’organisation. Ce n'est pas le cas au Canada, où je crois savoir que la question se pose toujours.
Quel que soit le modèle choisi, il aura de bons et de mauvais côtés. Mais si on consultait des experts internationaux sur les pratiques exemplaires en matière de protection des témoins, le consensus pencherait pour la séparation de ces programmes des fonctions policières.
Il faudrait sérieusement envisager de créer un programme national et autonome de protection des témoins au Canada et de lui affecter les ressources nécessaires. À mon avis, un programme distinct des fonctions policières habituelles permettrait de protéger davantage les témoins et aurait, il est à espérer, plus de crédibilité que le programme actuel aux yeux des témoins, des témoins éventuels et d'autres citoyens à protéger des groupes criminels organisés ou des organisations terroristes.
Pour établir un tel programme, il faudrait réguler un certain nombre de questions pratiques et de questions concernant l'organisation matérielle et les communications. Il faudrait également la collaboration des provinces, de la GRC et d'autres services de police canadiens.
Monsieur le président, je voudrais aussi attirer l'attention du comité sur une autre question, soit celle de la responsabilité des programmes. Dans mes propos, je ne cible pas particulièrement le programme fédéral ici au Canada, qui relève de la GRC. Je parlerai en termes généraux, et cela s'applique aussi à la situation canadienne.
Peu importe que le Canada décide de créer un organisme distinct pour la gestion du programme fédéral de protection des témoins ou d'instaurer des programmes nationaux partout au pays, il faut de toute urgence élaborer ou même adopter par voie législative des lignes directrices nationales claires concernant la protection des témoins et des collaborateurs de la justice. Il faut définir clairement le rôle, les responsabilités et les obligations de la police dans ce domaine. Il est temps également d'établir un mécanisme de règlement des plaintes et de recours efficaces pour les témoins à risque et pour les témoins protégés qui sont en danger dont les droits peuvent être bafoués à cause de mauvaises pratiques de protection.
À ce sujet, monsieur le président, je tiens à ce qu'on pense aussi à une catégorie de personnes négligées dans tout ce débat. Il y a ceux qui demandent à être protégés et qui essuient un refus. Souvent, les organismes de protection sont assortis de mécanismes de responsabilité pour leurs décisions, qui se rapportent aux témoins bénéficiaires du programme ou, rétrospectivement, aux décisions prises antérieurement au sujet de ceux qui en sont devenus les bénéficiaires. Il y a toutefois très peu de renseignements sur ceux qui n'ont pas été admis au programme, et sur les raisons de ces refus. Nous soupçonnons que dans bien des cas, c'est une affaire de coûts, surtout.
Il faut faire en sorte que les organismes chargés de la protection des témoins répondent davantage de leurs décisions et de leurs pratiques. Nous savons tous que des révisions judiciaires des décisions sont possibles dans ces cas-là, mais il est clair que lorsque votre protection dépend d'un organisme particulier, vous ne songez pas facilement à entreprendre des poursuites contre cette organisation. Les témoins protégés sont donc très vulnérables. Les recours habituels, s'ils existent en pratique ou en théorie, leur sont difficiles d'accès.
En conclusion, monsieur le président et membres du comité, j'aimerais porter votre attention sur la question des droits des témoins. Il faut voir le problème par l'autre bout de la lorgnette. La plupart des programmes de protection des témoins d'au moins 20 ans tendent à définir toute cette question en termes de collaboration d'un catégorie précise de personnes qui pourraient faire progresser une poursuite ou fournir aux policiers des renseignements nécessaires.
Ces témoins, comme tous les citoyens canadiens, ont des droits et il faut donc essayer d'en savoir davantage sur les décisions prises au sujet des membres de notre collectivité qui ont besoin de protection. Toute initiative doit être fondée sur un concept fondamental, soit celui de la priorité à donner à la protection accordée à une personne, et ensuite, à l'avancement des dossiers. Je sais que c'est un concept difficile à saisir, mais si la protection de tous n'est pas au coeur de nos interventions contre le crime organisé et le terrorisme, nous connaîtrons de grandes difficultés.
En bref, monsieur le président, je dirais que malgré les questions juridiques légitimes et les considérations relatives à la sécurité publique, à la confidentialité et à la protection des renseignements personnels, qui méritent autant notre attention, il est impérieux de conférer plus de transparence au processus décisionnel qui touche la protection des témoins, le refus d'accorder une protection dans certains cas, ainsi que le recours général aux informateurs et aux collaborateurs de la justice. Il importe également de faire en sorte que les témoins puissent bénéficier de services juridiques et de représentation à l'égard des décisions très difficiles qu'ils ont à prendre.
Merci.
Pour la deuxième partie de votre question, je pense qu'il y a unanimité sur la séparation entre ces deux fonctions. De l'avis de certains, il suffit que cette séparation existe au sein même d'une organisation policière, entre deux divisions séparées par une sorte de coupe-feu, si vous me passez l'expression. Mais en général, les experts affirment qu'il faut davantage de séparation et qu'il s'agisse de deux organisations distinctes, des budgets distincts qui n'ont pas d'influence l'un sur l'autre.
Quant à la provenance des budgets, c'est une question très complexe. Actuellement, l'argent vient de ceux qui sont chargés de l'administration de la justice, soit les provinces. Les accords avec le gouvernement fédéral sont assez complexes et, dans bien des provinces, sont parallèles aux accords contractuels pour les services policiers, par exemple. Le manque de ressources est un problème.
La solution n'est pas nécessairement la création d'un programme national dont le financement viendrait d'un seul budget. Je sais que certains ont proposé cette idée. Je crois même que la GRC l'a fait publiquement. Je ne dis pas que c'est une mauvaise idée, mais cela créerait toutes sortes de problèmes.
Comme je l'ai dit plus tôt, le programme de la GRC n'est qu'une extrême dans un éventail de mesures de protection. On ne peut pas créer un régime qui donnerait l'impression que la protection des témoins, c'est la réinstallation de quelques témoins. La protection des témoins doit commencer le jour où un policier reçoit la plainte d'une victime, et se poursuivre jusqu'après le procès, et même jusqu'après la condamnation, l'incarcération et la libération d'un contrevenant. Il serait réducteur de dire que la protection des témoins sera un programme national relevant d'une organisation, financé par un gouvernement, mais oui, il faut que soit réglée la question des ressources.
:
Merci, monsieur le président.
Vous parlez anglais parfaitement, bien mieux que moi, mais je reconnais parfois quelques relents d'accent. Je présume donc que votre première langue est le français. De toute façon, je vous aurais questionné en français, mais on n'aura pas besoin de l'interprétation.
Vous me surprenez un peu. En réponse à la dernière question qui vous a été posée, il me semble avoir compris que, pour vous, la solution idéale n'est pas nécessairement de créer un organisme distinct qui s'occuperait du programme de protection des témoins. Pourtant, je lis dans le rapport que vous nous avez envoyé que :
Il faudrait sérieusement envisager de créer un programme national et autonome de protection des témoins au Canada et de lui affecter les ressources nécessaires. Un programme distinct des fonctions policières habituelles permettrait de protéger davantage les témoins et aurait, il est à espérer, plus de crédibilité que le programme actuel aux yeux de témoins éventuels.
J'aimerais que vous clarifiiez votre position. Je remarque, après avoir lu votre rapport, que vous avez certainement une très vaste connaissance des autres programmes qui ont existé dans le monde. Quant à moi, j'hésite, je ne sais pas quelle est la meilleure solution. Lorsque j'ai commencé à pratiquer le droit criminel, en 1966, au bureau des procureurs de la Couronne de Montréal, cela n'existait absolument pas, je n'imaginais pas une telle chose. D'ailleurs, les témoins délateurs étaient... Il n'y avait pas de formalités.
Puis, beaucoup plus tard, le rapport du juge Guy Guérin est arrivé. Il énonçait la nécessité de conclure des contrats avec eux. Par la suite, lorsque j'étais ministre de la Sécurité publique, on a reçu beaucoup de plaintes — contrairement à ce que vous avez observé — de témoins qui prétendaient qu'on n'avait pas respecté les ententes conclues avec eux. Sans doute leur crédibilité était douteuse, car souvent ces gens avaient un passé criminel. Certainement, un organisme indépendant aurait donné à ce moment-là nettement plus de crédibilité à l'ensemble du système.
Votre opinion est vraiment importante pour moi. Croyez-vous qu'il serait préférable qu'il y ait un organisme indépendant ou croyez-vous qu'on devrait laisser aux policiers le soin de s'occuper eux-mêmes de la protection des témoins dont ils sollicitent le témoignage?
:
Je vous remercie de me donner l'occasion d'apporter des précisions.
Je crois effectivement qu'il serait préférable d'avoir un organisme totalement indépendant pour gérer le programme actuel. C'est la première partie de la réponse. Et si jamais on voulait faire du programme fédéral un programme national, c'est-à-dire l'ouvrir à une participation différente de la part de tous les corps policiers et de toutes les provinces, on aurait affaire à un programme national indépendant. Pour l'instant, je perçois le programme qu'on dit à l'occasion « national » comme strictement un programme fédéral qui offre, de temps à autre, selon certaines conditions, la possibilité à d'autres corps de police ou à des provinces d'y participer.
Dans ma recommandation écrite que vous avez lue, il y a deux côtés: premièrement, le programme devrait effectivement être administré de façon autonome et avec des liens étroits, évidemment, avec les services policiers; deuxièmement, on devrait également considérer la possibilité d'établir un programme national qui implique de façon différente tous les corps policiers nationaux, provinciaux et municipaux, ce qui est plus compliqué.
J'ai fait allusion — et j'ai peut-être semé un peu de confusion — au fait qu'il y avait une proposition en circulation. J'ignore si elle a fait son chemin jusqu'à ce comité-ci. Cette proposition, qui émane de la GRC, avait plus ou moins pour portée d'établir un nouveau programme dont les coûts seraient à la charge du gouvernement fédéral. Évidemment, cela me surprendrait beaucoup que bien des provinces refusent un cadeau de ce genre.
Mais de mon point de vue, ce qu'il faut faire, c'est effectivement créer un programme national sans déresponsabiliser les provinces et les corps de police. En effet, comme vous devez le savoir en tant qu'ancien procureur, dans la protection des témoins, il y a beaucoup plus que le simple programme de relocalisation des témoins dans les cas lourds.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie notre témoin.
J'aurais une question au sujet de la recherche. Vous dites dans votre document qu'en fait, il n'y a pas vraiment eu de travaux de recherche qualitative — c'est le terme que j'ai employé — au sujet de l'efficacité des programmes, même s'il y a vraisemblablement eu des examens, vous en avez d'ailleurs cité un, et j'ai essayé de m'y retrouver dans les comptes rendus dont vous avez entendu faire état la dernière fois.
Étant donné qu'il ne semble pas y avoir de travaux de recherche sur l'efficacité des mesures en question, pourriez-vous je vous prie me dire en quelques mots comment, à votre avis, ce genre de travail de recherche pourrait être fait, qui pourrait s'en charger et quelles seraient les difficultés que cela poserait du point de vue de l'accès à l'information pour, précisément, procéder à ce genre de recherche qualitative? Par ailleurs, nous savons fort bien que pour les travaux de recherche de ce genre que nous conduisons, lorsqu'il y a quelqu'un qui se trouve être le supérieur hiérarchique de l'autre personne, il est extrêmement difficile d'obtenir une information qui soit véridique, et on en a d'ailleurs de nombreux exemples, comme pourraient vraisemblablement en attester certains collègues ici qui ont connu ce genre de choses dans le courant de leur vie professionnelle extraparlementaire.
Vous pourriez peut-être nous dire quelques mots au sujet de cette recherche, en nous disant par exemple qui, comment, où, et aussi en nous parlant des difficultés que cela présente. Je suis un peu préoccupée par le fait qu'alors même que nous procédons à certains examens, nous ne pouvons pas nous appuyer sur des recherches dans ce sens.
En fait, il y a un certain nombre d'activités de recherche dans le cadre desquelles on demande aux agents de police, aux représentants du ministère public, aux juges et à d'autres parties intéressées si, à leur avis, à leur sens, le programme a facilité la mise au point d'une preuve ou d'une condition, si vous voyez ce que je veux dire. Ce qu'on cherche en fait, en matière de preuve, exige une manière de contact avec les témoins, et le programme a précisément pour objet de refuser tout accès à ces témoins.
Par conséquent, on procède généralement soit en accréditant un chercheur ou une équipe de recherche dans le cadre d'un processus fort rigoureux destiné à faire en sorte qu'on ne rende pas les témoins vulnérables, et c'est quelque chose qui est compliqué, certes, mais néanmoins possible. Cela s'est déjà fait. En second lieu, il s'agit de fonctionner et de poser les questions aux témoins par l'entremise de leur responsable de cas ou alors des gens qui sont chargés d'assurer leur protection.
Je sais, par exemple, que dans le cadre des travaux de la commission d'enquête sur l'accident d'Air India, un questionnaire avait été remis à certains des témoins qui bénéficiaient de l'actuel programme de protection des témoins de la GRC. Il est donc possible de procéder ainsi et, de cette manière, d'obtenir de l'information de la part des témoins. Je pense également que, dans le cas en question, la méthodologie utilisée avait fait intervenir l'avocat de la commission qui avait élaboré les questions à poser, questions qui avaient alors été présentées, après discussion avec les responsables du programme au sein de la GRC, puis posées par voie de questionnaire, si on veut utiliser cette expression, aux témoins.
J'ignore par contre si les conclusions de cela ont déjà été rendues publiques par la commission. J'imagine qu'elles feront partie du rapport. La chose est donc possible. Même au Canada, c'est possible.
Dans tous les pays, et j'imagine que c'est également le cas aussi, dans une certaine mesure, au Canada, la réaction qu'on obtient lorsqu'on demande s'il est possible d'effectuer ce genre de recherche... la première réponse est: « Non, nous ne pouvons pas, c'est trop secret, c'est trop difficile. Il faut protéger les témoins. Il n'y a aucune méthodologie qui permet de faire cela ». Mais c'est faux. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un programme exigeant un niveau de sécurité très élevé qu'il est impossible de faire faire certaines recherches. C'est cela que je voulais dire en utilisant le mot « transparence » ici dans cette salle ainsi que dans le rapport que je vous ai remis.
:
Je pense que vous avez raison de dire que ce serait difficile, mais je ne crois pas que ce serait impossible ou même ingérable. Cela exigerait évidemment une grande coopération entre les provinces et le gouvernement fédéral. C'est déjà en grande partie en place, entre les corps policiers, la GRC et les provinces et les responsables, dans chaque province, des services policiers, etc., mais c'est essentiellement conçu et administré comme un programme mené en collaboration entre les services de police.
Mon argument, et je pense que d'autres en ont dit autant, c'est qu'il faut que ce soit un peu plus que ça. Cela ne peut pas être entièrement dicté et contrôlé par des objectifs policiers tactiques ou stratégiques. Le programme ne doit pas toujours rivaliser avec d'autres services policiers pour être financé. Il doit être traité comme un programme indépendant.
Je pense qu'il est possible de coordonner tout cela. Je pense aussi qu'il ne faut pas se laisser piéger par l'idée voulant que cette mesure doive toujours servir à relocaliser les témoins. Souvent, un déménagement tout à fait temporaire est suffisant. Il suffit souvent d'une nouvelle identité. À mon avis, cette solution n'est peut-être pas utilisée assez souvent.
Parfois, quand on discute avec des représentants des services policiers un peu partout au Canada, on les entend se plaindre qu'ils n'ont pas accès à ce service très simple consistant à créer une nouvelle identité pour quelqu'un. On n'a pas besoin de la GRC pour cela. Ce qu'il faut, c'est de pouvoir créer une nouvelle identité et d'en assurer la protection. Souvent, ce serait suffisant.
Beaucoup de témoins préféreraient courir le risque... Je ne parle pas nécessairement du chef d'une grande organisation criminelle. On ne doit pas songer seulement à des stéréotypes de témoins. Il y a beaucoup de témoins qui accepteraient de courir le risque, qui ont le courage de se présenter, et ce sont souvent des témoins innocents qui n'ont aucun lien avec le crime organisé ou quoi que ce soit, si nous pouvions simplement leur faciliter un peu les choses en leur donnant de l'aide à court terme, un peu d'aide financière pour qu'ils puissent déménager jusqu'à la fin du procès et assumer le coût de diverses mesures que nous devons prendre. Parfois, ils auraient par exemple besoin de la protection privée et fournie par un service de sécurité privé pour protéger leur maison ou quoi que ce soit. Ils peuvent aussi avoir besoin d'une nouvelle identité.
Il y a donc tout un éventail de mesures que l'on peut prendre et l'on ne doit pas être forcé de choisir entre le programme complet et radical, qui exige de se réinstaller ailleurs, ou rien du tout. L'avantage d'avoir un programme national est que chaque service de police serait responsable et pourrait prendre de telles mesures.
Je pense que c'est un aspect déplorable actuellement que trop de ces décisions sont essentiellement prises — nous comprenons tous pourquoi — en fonction des coûts, par opposition à l'impératif de la protection des droits des gens qui sont pris dans de telles situations, qu'ils soient eux-mêmes criminels ou pas.
Encore une fois, je pense que les statistiques qui ont été présentées au comité vous apprennent que oui, il y a plusieurs criminels qui ont bénéficié du programme, mais que les membres de leur parenté en ont également bénéficié et ont besoin de protection, de même qu'une foule de témoins et de collaborateurs de la justice qui n'ont essentiellement aucun lien avec le crime organisé et qui doivent actuellement se débrouiller seuls. Souvent, le parti pris, dans les organismes d'application de la loi, non seulement au Canada mais aussi ailleurs, c'est que, eh bien, ces gens-là doivent se débrouiller seuls; on les force à témoigner, ils le font, et le crime organisé comprendra qu'ils n'avaient pas le choix. Mais ce n'est pas la réalité.
:
Oui, il y en a. Vous faites allusion à ce que certains appellent parfois l'intimidation de premier niveau, à l'échelle de la collectivité. Les organismes d'application de la loi n'ont pas encore prêté beaucoup d'attention à ce phénomène, mais ils commencent à le faire et à s'y attaquer. Dans le cas de l'incident d'Air India, il est certain que c'est un élément expliquant les difficultés de la police dans cette enquête particulière. Bien des gens avaient peur de se présenter.
Un programme de protection des témoins comme celui qui est administré par la GRC est une mesure extrême et, dans la plupart des cas, de tels programmes n'offrent pas aux gens ce dont ils ont besoin. Il y a tout un éventail de mesures, comme je l'ai dit plusieurs fois. Je vais donc vous donner quelques idées.
Il y a la protection policière de premier niveau, qui consiste essentiellement à s'assurer que quelqu'un intervienne si un appel émane d'une maison donnée. Il y a aussi la présence policière dans la collectivité. Il y a même des mesures relatives à la preuve. D'autres pays ont envisagé diverses mesures, notamment de retarder la divulgation pendant un certain temps. On n'empêche pas la divulgation, mais on la retarde pendant un certain temps pour donner aux gens l'occasion de prendre des mesures de protection des témoins.
Il y a toute une gamme de mesures, dont certaines pourraient être inscrites dans la loi.Voilà ce qu'il faut faire et mettre en place, mais cela ne peut pas se faire au niveau fédéral seulement. Il faut agir de concert partout. La police doit établir des liens de confiance, travailler avec les collectivités, établir des liens, prendre au sérieux les renseignements qu'elle obtient au sujet des gens qui sont menacés par le crime organisé, par des gangs ou quoi que ce soit, et prendre des mesures. Les représentants de divers corps policiers vous diront que le problème, c'est qu'ils constatent que tout cela coûte très cher. Les décisions quant au déploiement et tout le reste sont prises selon divers critères et la police ne consacre pas beaucoup de ressources à ce domaine.
Je pense qu'il y a un changement dans l'attitude du public et dans l'attitude et les pratiques de la police. De plus en plus de gens comprennent. Si je suis capable de comprendre cette problématique alors que je ne travaille pas dans le domaine de l'application de la loi, je suis sûr qu'il y a dans la police de brillants cerveaux qui ont déjà compris cela également.
Une bonne méthode d'intervention contre le crime organisé consiste à établir de telles relations et à protéger les gens qui veulent témoigner. Les programmes que nous avons sont tellement limités, quand on se penche sur la situation dans l'ensemble du Canada.
:
Je vais commencer par un élément très positif. Je pense que nous faisons du très bon travail pour ce qui est de l'évaluation du risque. La GRC a acquis à cet égard une compétence unique ou du moins l'égale des meilleures.
Pour la prise de décisions, nous pourrions en apprendre quant à la transparence des décisions qui sont prises dans d'autres pays et à la responsabilité assumée à leur égard.
Pour les droits des gens qui se voient actuellement refuser la protection, ils n'ont pas vraiment beaucoup de recours, sinon de s'adresser aux tribunaux. Mais s'ils ont besoin de protection, c'est très difficile pour eux d'y avoir accès en pratique. Voilà donc deux ou trois éléments de réponse.
Quant au coût, ce n'est pas tellement une question de coût, mais plutôt de gestion des ressources. Si les ressources sont gérées de manière qu'elles sont mélangées à celles d'autres services d'application de la loi, elles concurrencent toujours d'autres priorités, qu'il s'agisse d'acheter des voitures de patrouille, de financer la dernière convention collective ou quoi que ce soit. C'est donc très important d'avoir un budget autonome qui est retourné au Conseil du Trésor s'il n'est pas utilisé, parce qu'il y a toujours la tentation d'opérer un transfert de ressources. Parfois, quand les ressources sont insuffisantes, l'organisation qui administre le programme, en l'occurrence la GRC, est tentée d'aller chercher de l'argent dans d'autres secteurs. Les conséquences sont multiples pour l'application de la loi.
Je ne dis pas que la GRC détourne des ressources pour les consacrer à autre chose; c'est simplement qu'au fond, toutes les décisions qui entraînent des coûts — et je pense que tous les membres du comité savent maintenant que ces décisions entraînent des coûts assez considérables et que même un seul cas coûte cher — sont influencées par le sentiment qu'il y a d'autres priorités. Que pourrait-on faire d'autre avec cet argent. Nous n'avons plus besoin...
Nous avons tous entendu parler de cas au Canada — je ne peux pas les confirmer, alors je vous prie de n'y voir rien d'autre que des rumeurs — de gens qui cherchent à bénéficier du système de protection des témoins ou à obtenir une protection quelconque de la police et qui, tout à coup, du jour au lendemain, se retrouvent sans aucune protection parce que la police a perdu tout intérêt à leur égard, n'intente pas de poursuite, n'a pas assez de preuves, ou bien a trouvé un meilleur témoin. Les gens se retrouvent tout fin seuls.
Je ne peux pas vous nommer de cas, mais on en entend parler. J'ignore combien il y en a, mais les rumeurs circulent constamment. Un certain nombre de gens veulent témoigner et se sont présentés pour le faire, mais ils se retrouvent vraiment sur la touche, parce que non seulement le programme de protection des témoins de la GRC, mais tous les services de police les ont laissés tomber, parce que cela coûte cher d'offrir une protection. Ces décisions sont trop souvent fondées non pas sur l'importance de la menace qui pèse sur une personne, mais plutôt sur le fait de savoir si l'on a vraiment besoin du témoignage de cette personne pour obtenir une condamnation.
La personne peut être confrontée à une grave menace qui pèse sur sa vie, mais la décision est guidée davantage par le fait que l'on n'a pas besoin du témoignage de cette personne, de sorte qu'on lui offre le moins de protection possible.
Au sujet de l'argent, plus je travaille sur la colline, plus je constate qu'il n'y en a manifestement jamais assez. Mais il y a certains domaines auxquels il faut consacrer des ressources et même les augmenter au besoin. J'ai trouvé très intéressante votre réponse à une question précédente, quand vous avez dit qu'il s'agit parfois de gérer un peu mieux les ressources dont on dispose. Cela dit, évidemment, les réalités de la Constitution canadienne, la nature de notre pays font que certains ne veulent pas nécessairement partager ce qu'ils ont. Ils veulent exercer le contrôle. Ce qui m'amène à poser la question: Quelles sont les réussites dans ce domaine? Que diriez-vous de l'idée que la GRC exerce le contrôle mais qu'elle ait également des contraintes budgétaires?
En passant, une grande partie de ce que vous avez dit est évoqué dans le rapport de M. Brown sur la GRC et je pense que vous l'avez probablement déjà lu. Parce que l'on transfère des ressources d'un secteur à l'autre, que l'on manque de personnel, etc.
Je voudrais donc faire une suggestion que je vous invite à commenter. On pourrait établir un programme comme ceux qui existent dans l'agriculture, par exemple, les provinces mettant 40 p. 100 et le gouvernement fédéral 60 p. 100, le programme étant dirigé par un organisme indépendant formé de représentants provinciaux et fédéraux, chaque service de police y ayant un représentant, même s'il ne s'agit pas vraiment d'une fonction policière.
Très franchement, il me semble — j'ai travaillé dans le domaine de la police — que nous commençons à attribuer aux services de police tellement de responsabilités que les services de police de base commencent à en souffrir. Je trouve que ce programme pourrait être un début d'allégement de leurs tâches en faveur, disons, du ministère de la Justice.
Que dites-vous de ma suggestion?
:
Merci, monsieur le président.
Je partagerai la période qui m'est réservée avec Mme Barnes.
Monsieur Dandurand, les témoignages que nous avons entendus nous poussent à croire que tous ne sont pas aptes à faire partie des programmes de protection des témoins dont nous avons parlé, et qu'il faudrait mettre sur pied un certain mécanisme de sélection.
Les représentants de la police provinciale de l'Ontario nous ont dit qu'ils avaient délégué certaines responsabilités au Service de police de Toronto — et à d'autres services, j'en suis convaincu — afin que ces derniers soient en mesure d'agir dès le début de l'enquête ou sur les lieux du crime. Je devrai relire mes notes pour me rappeler exactement leurs propos, mais si j'ai bien saisi, la police est présente sur les lieux du crime, ou procède à une enquête, et une personne est prête à témoigner; dans ces circonstances, les policiers s'engagent à lui assurer un accès au programme de protection des témoins.
Je crois qu'en pratique l'autorisation finale doit venir de la PPO; c'est ce service qui a l'autorité définitive. Pour que l'engagement des policiers sur le terrain ait une certaine crédibilité, il doit y avoir une certaine garantie; ainsi, si le policier dit à une personne qu'il pourra lui offrir une admission au programme de protection des témoins, c'est ce qui se passera. En termes pratiques, je suppose qu'il s'agit d'un pouvoir délégué assez important.
Comment faire la part des choses entre les intérêts qui entrent en conflit, soit le besoin d'assurer une certaine marge de manoeuvre aux policiers et aux témoins éventuels, et la réalité, qui est je crois que tous ne sont pas aptes à faire partie de ces programmes? Comment faire la part des choses?
:
J'espère que vous aurez l'occasion de poser la même question à Mme Boisvert parce qu'elle s'est penchée sur ce dossier pour la province de Québec.
Personnellement, je dois dire qu'il est vrai que dans certains cas il faut qu'on prenne une décision le plus tôt possible, mais ces cas ne sont pas aussi nombreux qu'on le croirait. C'est plutôt exagéré. Quelques secondes de plus ou de moins ne changeront rien.
De plus, lorsqu'il faut prendre une décision rapidement, il suffit habituellement que le policier touché, ou son commandant, peu importe, promette une forme de protection; il ne s'agit pas nécessairement d'une admission à un programme de protection des témoins, il existe toute une gamme de mesures de protection.
Le fait de promettre la protection suffit probablement à ce moment-là. S'il vous faut 24 heures par la suite pour... Vous pouvez agir sur-le-champ. Vous pouvez protéger immédiatement cette personne. Vous pouvez la réinstaller en quelque part, vous pouvez faire toutes sortes de choses sur-le-champ.
Quant à savoir si cette personne peut être candidate à un programme de réinstallation ou peut obtenir une nouvelle identité, c'est une autre paire de manches. Il n'y a aucune raison pourquoi il faudrait attendre des mois avant de revenir à cette décision. Même la majorité des experts dans le secteur du droit et de la loi vous diront que vous devez procéder à une évaluation: l'évaluation psychologique, les chances de succès dans le cadre du programme. S'agit-il d'une personne qui pourra fonctionner en respectant sans problème les paramètres du programme? Est-ce possible, si l'on pense à sa famille ou à d'autres choses?
Je crois que cet argument est solide, mais je pense qu'à l'occasion on exagère un peu. Il suffit habituellement que le policier dise « Nous vous protégerons ». Même dans l'exemple que vous m'avez donné, cette personne, cet individu, n'aurait que la parole d'un policier. Qu'il ait dit « Vous serez admis au programme », ou « Nous nous occuperons de vous », dans ces deux cas, ce particulier a reçu une promesse d'un policier.
:
En théorie, c'est un programme qui serait nécessaire et c'est pourquoi, dans le document que j'ai présenté, je l'ai mentionné en passant.
Je juge en effet qu'il serait bon de se pencher sur cette possibilité, mais en pratique, les responsables de l'application de la loi ou les avocats de la Couronne voudront rarement dépendre du témoignage d'un enfant, et ce pour diverses raisons, dont, clairement, la compassion que l'on démontre à l'endroit de l'enfant car on voudra éviter de lui faire vivre toute cette affaire. Il pourrait y avoir des circonstances exceptionnelles qui pousseront les intervenants à décider en raison du risque que cela pose pour d'autres intervenants ou en raison de la nature même de l'affaire — par exemple, un cas de terrorisme grave — d'exiger que l'enfant soit témoin ou d'accepter le témoignage d'un enfant.
Le problème c'est que nous n'avons pas vraiment prévu diverses procédures en ce qui a trait au reste de la famille — par exemple, le consentement, et d'autres questions juridiques qui sont toujours soulevées quand on parle du témoignage d'enfants.
Pour ce qui est de la deuxième partie de votre question, la majorité des pays européens ont des dispositions particulières pour les témoins qui sont des enfants, mais la majorité d'entre eux ne dépendent pas des enfants témoins parce que la situation est trop dure pour eux. J'ai dit un peu plus tôt à quel point tout c'était difficile pour un témoin, je parlais des adultes. C'est encore pire pour un enfant.
J'ai travaillé pour la Cour internationale de justice lorsqu'on préparait le service de protection des témoins et j'ai eu l'occasion d'étudier la situation en ce qui a trait au tribunal établi pour l'ancienne Yougoslavie. Leurs lois et leurs règlements prévoyaient un système très poussé pour les enfants témoins, mais en fait, ils n'ont jamais fait témoigner d'enfants. Pourquoi? Pas parce qu'ils n'avaient pas de témoins qui étaient des enfants. Il y avait des enfants qui auraient pu être appelés à témoigner, c'est ce que m'ont dit les avocats de la poursuite, mais ils ne l'ont pas été tout d'abord parce que les avocats jugeaient qu'ils ne seraient pas nécessairement des témoins très fiables et, de plus, ils ne voulaient pas exposer ces enfants à toute cette procédure s'il y avait une autre façon pour eux de démontrer la culpabilité du prévenu.
Cela dit, il se pourrait qu'il existe une autre chose, à part les enfants témoins, qui mérite encore plus d'attention, soit le sort des enfants des témoins. Très souvent les témoins ont des enfants, et l'impact de toute cette procédure sur ces enfants peut être très grave. Encore une fois, à ma connaissance, aucune recherche n'a été effectuée sur ce qui advient de ces enfants, parce qu'il n'y en a pas beaucoup. Ceux qui ont parlé aux témoins savent que c'est une des raisons pour lesquelles à l'occasion les témoins décident de se retirer du programme. C'est en raison de l'impact du programme sur leur conjoint, leurs enfants ou leurs proches.
Voilà un autre aspect de la question. Encore une fois, puisque nous ne disposons pas de renseignements quant à ce qui se passe vraiment au sein de ces programmes, il est difficile de répondre à la question. Je sais que même les agents responsables de la protection qui sont affectés au programme de protection de témoins se plaignent à l'occasion eux-mêmes du peu de renseignements qu'ils reçoivent des collègues, parce que, encore une fois, même au sein des organismes chargés de la protection, on échange peu de renseignements.