:
Merci beaucoup, monsieur le président et tous les membres du comité, de nous donner aujourd'hui l'occasion de vous faire part de notre point de vue dans cet important dossier de santé et de sécurité publique.
Je m'appelle François Damphousse. Je suis le directeur du bureau du Québec de l'Association pour les droits des non-fumeurs.
Pour ma part, je souhaite surtout vous communiquer deux choses. En premier lieu, il est important de réitérer le fait que la taxation constitue la mesure la plus efficace pour réduire l'usage du tabac. C'est pourquoi nous vous demandons aujourd'hui de faire tout votre possible pour protéger cette politique de santé publique.
En second lieu, il est faux de prétendre que les taxes élevées sur les produits du tabac engendrent automatiquement la contrebande. Le problème est beaucoup plus relié à la lacune des mesures pour contrôler efficacement les sources illicites de tabac. Pour illustrer ce point, je donne comme exemple les événements qui se sont déroulés au début des années 1990. La contrebande du tabac n'a pas continué dans les provinces de l'Ouest et de Terre-Neuve-et-Labrador, malgré le fait que celles-ci n'avaient pas accepté de suivre le gouvernement fédéral et les autres provinces, et d'abaisser de façon draconienne leurs taxes sur le tabac, en février 1994.
On sait maintenant que le problème était plutôt dû au fait que les trois principaux fabricants de tabac canadiens ont agi, à l'époque, sans aucune contrainte que ce soit pour alimenter délibérément le marché de la contrebande et qu'ils ont tout simplement cessé de le faire après la baisse des taxes, en 1994.
À notre avis, c'est l'inaction pour contrôler les agissements des fabricants qui a fait en sorte que la contrebande a explosé et qu'elle a causé de sérieux ennuis en matière de santé publique et de revenus gouvernementaux. Je n'exagère pas lorsque je vous dis qu'il a fallu de nombreuses années d'efforts soutenus de la part du gouvernement fédéral et de la communauté de la santé pour récupérer par suite de cette crise.
La situation actuelle n'est guère différente, si ce n'est, comme l'a mentionné la semaine dernière la GRC, que les cigarettes de contrebande ne proviennent pas cette fois-ci des principaux fabricants de tabac, mais plutôt de fabricants illégaux situés dans quelques réserves autochtones.
Encore une fois, on constate que la contrebande est plus répandue dans les provinces du Québec et de l'Ontario, comparativement aux autres provinces, qui ont pourtant des taux de taxation beaucoup plus élevés. Si le problème a continué à prendre graduellement de l'expansion au cours des six dernières années, c'est bien parce qu'on a cherché davantage à intercepter les livreurs de cigarettes de contrebande, au lieu de se concentrer sur la véritable source du problème.
Sans une intervention appropriée de votre part, le problème actuel de la contrebande va continuer à compromettre une bonne partie du travail qui a été fait — tant le vôtre que le nôtre — pour réduire le tabagisme au Canada.
Il est également important de souligner que les répercussions du marché de la contrebande sont encore plus néfastes pour les communautés autochtones, où les taux de tabagisme sont déjà deux à trois fois plus élevés que dans le reste du Canada. Depuis quelques années déjà, nous revendiquons la mise en place d'un ensemble de mesures pour contrôler ce problème.
Pour vous présenter ces mesures, je cède maintenant la parole à mon collègue Rob Cunningham.
:
Merci, monsieur Damphousse.
Je remercie également le comité.
Je m'appelle Rob Cunningham. Je suis avocat et analyste principal en matière de politiques à la Société canadienne du cancer.
[Traduction]
La contrebande du tabac constitue un problème de taille. Des mesures s'imposent de toute urgence. Nous reconnaissons néanmoins que le budget fédéral de 2008 et certains budgets provinciaux ont annoncé des initiatives dans ce domaine et que les forces policières ont également pris des mesures. D'ailleurs, nous tenons à féliciter le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, pour son annonce du 7 mai. Il est clair que le gouvernement reconnaît le sérieux de la situation et a pris un ferme engagement politique en faveur de moyens énergiques permettant de faire évoluer la situation.
Je voudrais maintenant inviter les membres du comité à se reporter à la dernière page de notre mémoire. Vous y verrez un graphique présentant les taxes provinciales et territoriales sur le tabac. L'Ontario et le Québec ont les plus faibles taxes sur le tabac, mais le taux de contrebande plus élevé. Voilà donc qui prouve que le problème de la contrebande est lié, non pas au fait que les taxes ou la demande sont élevées, mais plutôt aux sources d'approvisionnement du produit.
Pour réussir à contrôler la contrebande, il faut s'attaquer aux sources d'approvisionnement. Nous les connaissons: les opérations de fabrication illégale à Kahnawake, la réserve des Six Nations, Tyendinaga, et surtout du côté américain de la réserve d'Akwesasne dans l'État de New York, près de Cornwall.
Nos recommandations sont donc les suivantes.
Premièrement, comme la source la plus importante des produits illégaux, et de loin, est située du côté américain de la réserve d'Akwesasne, l'élimination de cette source d'approvisionnement doit être la priorité des priorités. Le gouvernement fédéral doit immédiatement convaincre le gouvernement américain de mettre un terme aux activités illicites qui s'y déroulent dans des usines illégales et non accréditées. Il faut absolument que les Américains agissent. D'ailleurs, c'est dans l'intérêt des États-Unis d'agir sur ce problème pour des raisons de sécurité à la frontière et de sécurité nationale. Les criminels qui exploitent le territoire d'Akwesasne en acheminant des cigarettes au Canada retournent aux États-Unis avec de la drogue, des armes, et parfois des personnes. Si la situation était inversée et les États-Unis étaient inondés de cigarettes illégales provenant du Canada, à un coût pour les gouvernements américains fédéral et d'État de plus de 10 milliards de dollars chaque année, il est évident que le gouvernement américain insisterait pour que le Canada prenne des mesures immédiates.
Il faut noter que le Conseil Mohawk d'Akwesasne et la police d'Akwesasne, tous deux du côté canadien, sont à féliciter pour leurs efforts de répression dans la réserve et leur collaboration avec la GRC et d'autres autorités, ce qui les distingue de façon positive.
Deuxièmement, il faut interdire l'approvisionnement en matériaux bruts, y compris les emballages, les filtres, le papier à cigarettes et les feuilles de tabac, à quiconque n'est pas titulaire d'un permis de fabrication de produits du tabac. À titre d'exemple, la Loi sur la Commission de régie du jeu de l'Ontario interdit l'approvisionnement en biens et services servant au jeu à quiconque n'est pas titulaire d'un permis décerné par la province. En ce qui concerne les autorités américaines, le contrôle des matériaux bruts destinés au territoire américain de la réserve Akwesasne serait également souhaitable, et dans ce cas il s'agirait de cibler les feuilles de tabac provenant de la Caroline du Nord.
Troisièmement, il faut établir une caution minimale de 5 millions de dollars pour obtenir une licence fédérale de fabrication de tabac. À l'heure actuelle, la caution fédérale se situe entre 5 000 $ et 2 millions de dollars. Ainsi il est possible qu'une nouvelle, prétendument petite compagnie obtienne une licence pour seulement 5 000 $ et commence à fabriquer des cigarettes au Canada. C'est un montant risible, et il faut absolument le changer. Une caution raisonnable donnerait au gouvernement un levier financier suffisant pour encourager la conformité aux règlements actuels. En cas d'infraction, le titulaire perdrait la totalité ou une partie de la caution.
Quatrièmement, il convient de révoquer les permis de fabricants qui agissent de façon illégale, y compris lorsqu'il s'agit de non-conformité avec des lois provinciales touchant les taxes sur le tabac.
Cinquièmement, il faut établir un système complet de marquage et de traçabilité, afin de contrôler les envois de produits, comme le font les messageries Purolator or Federal Express, et de connaître les points de détournement.
Sixièmement, il faudrait préconiser la création d'une taxe sur le tabac chez les première nations, taxe qui serait l'équivalente d'une taxe provinciale sur le tabac. Le fait que la loi d'exécution du budget de 2006 a prévu cette possibilité ne semble pas être connu. Les premières nations devraient à ce moment-là conclure une entente avec la province où elles sont situées, et les premières nations conserveraient les recettes ainsi générées. Pour ce qui est de prévenir la contrebande, cette stratégie pourrait donner certains résultats à long terme, mais il n'est pas réaliste de penser qu'elle donnerait lieu à des améliorations importantes dans l'immédiat.
La première nation Cowichan sur l'île de Vancouver a créé une taxe sur les produits du tabac par l'entremise d'une loi précise, et en vertu de la loi d'exécution du budget de 2006, la première nation de Whitecap Dakota en Saskatchewan applique une nouvelle taxe sur l'alcool. Le prix de détail est le même qu'en dehors de la réserve, mais c'est le conseil de la bande de cette première nation qui touche les recettes. Il convient de garder à l'esprit ces exemples-là.
S'agissant de mesures de prévention de la contrebande, les provinces ont évidemment un rôle à jouer, car certaines mesures ne peuvent être exécutés qu'au niveau provincial. Notre septième recommandation serait que les provinces créent un système de remboursement provincial en vertu duquel les cigarettes sont expédiées dans les réserves à un prix incluant un montant égal à la taxe provinciale sur le tabac. Après avoir vendu ces produits à une personne ayant le statut officiel d'Autochtone admissible, le détaillant dans la réserve demanderait à la province un remboursement qui pourrait lui être versé toutes les deux semaines. Cinq provinces appliquent à présent un système de remboursement de ce genre.
En Ontario, qui n'applique pas ce système-là, ce serait bien utile en raison des grandes quantités de produits illégaux fabriqués par Grand River Enterprises qui se retrouvent sur le marché de la contrebande. M. Montour a déclaré qu'il déplorait cette situation et qu'il faudrait muscler davantage les lois; par contre, il n'a pas précisé de quelles lois il s'agirait.
Notre huitième recommandation concerne l'établissement d'un système provincial de contingents permettant de limiter la quantité de cigarettes détaxées expédiées dans chaque réserve, en fonction de la population de cette dernière. Cinq provinces ont déjà mis en oeuvre un système de ce genre.
Notre neuvième recommandation porte sur l'introduction d'un système de marquage distinctif permettant de savoir si la taxe provinciale sur le tabac a été payé ou non et si les cigarettes sont destinées à être vendues exemptes de taxe dans les réserves. Quatre provinces ont déjà créé un tel système. Ainsi il est plus facile de savoir quels produits sont légaux et lesquels ne le sont pas.
Des mesures immédiates et un plan d'action exhaustif sont tout à fait essentiels. Si les autorités tardent à prendre des moyens de répression, le problème ira en s'aggravant, ce qui aura certainement des effets négatifs sur la santé des Autochtones et des non-Autochtones.
Enfin, les taux du tabagisme chez les Autochtones sont scandaleusement élevés. L'explication la plus évidente de ce phénomène est l'accès facile à des cigarettes bon marché, y compris des cigarettes de contrebande. Ces dernières créent une dépendance chez les enfants autochtones et non autochtones, et tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut y mettre un terme. Il faut s'attaquer au problème de la contrebande et rétablir de manière complémentaire une stratégie efficace de lutte contre le tabagisme chez les Autochtones à Santé Canada.
La contrebande constitue un problème national de santé publique, de deniers publics et de sécurité publique. Il convient de féliciter le comité d'avoir pris l'initiative de mener cette étude. Nous sommes maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Je m'appelle Michel Gadbois. Je suis le vice-président principal de l'Association canadienne des dépanneurs en alimentation. Je suis également président de l'Association québécoise des dépanneurs en alimentation.
Je compte faire mon exposé en français, tout simplement parce que mes propos seront plus précis et prendront moins de temps, mais je suis tout à fait disposé à répondre à vos questions en français ou en anglais.
Merci.
[Français]
Au nom de l'Association canadienne des dépanneurs en alimentation, l'ACDA ou CCSA, je vous remercie d'entendre la voix des dépanneurs dans le dossier de la contrebande de tabac, aujourd'hui. Au cours des dix prochaines minutes, je vais vous parler des quatre points suivants: qui nous sommes et comment la contrebande de tabac nous touche; les responsabilités des dépanneurs dans la vente du tabac et celles du gouvernement; les conséquences de la crise actuelle; et les solutions envisagées.
D'abord, qui sommes-nous? L'Association canadienne des dépanneurs en alimentation regroupe 33 000 propriétaires et gérants de dépanneurs au Canada, et ce, dans les quatre grandes régions du pays: les Maritimes, le Québec, l'Ontario, les Prairies et l'Ouest canadien. On a quatre divisions au pays.
Qui est le propriétaire type d'un dépanneur? C'est un père ou une mère de famille, souvent un nouvel arrivant au Canada. C'est une personne dynamique et travaillante qui consacre parfois plus de 60 heures par semaine à son commerce. C'est une personne proche de sa communauté et au service de celle-ci. C'est une personne employant des jeunes qui vivent souvent leur première expérience de travail dans notre milieu de dépanneurs.
L'impact économique des dépanneurs au Canada est considérable à tous les points de vue. À titre d'exemple, nous employons aux alentours de 220 000 personnes au Canada. Nous payons 3 milliards de dollars en salaires annuels et, évidemment, nous percevons annuellement 9,2 milliards de dollars en taxes pour le gouvernement, c'est-à-dire trois fois plus que les salaires que l'on paie, et ce chiffre exclut le pétrole. En effet, il ne s'agit pas de taxes sur le pétrole, mais simplement des taxes incluant le tabac. Évidemment, au Québec et dans d'autres provinces aussi, les dépanneurs vendent de l'alcool.
Les dépanneurs sont parmi les rares entreprises encore gérées de façon familiale. Pour nous, c'est très important qu'il y ait encore de la place pour ce type d'entreprise au Canada.
Comment la contrebande touche-t-elle les dépanneurs? Tout d'abord, les détaillants sont bien placés pour constater la progression fulgurante de la contrebande qui se produit en Ontario et au Québec. Ils la voient par le truchement, premièrement, de l'évolution des prix, deuxièmement, de la baisse de nos ventes et, troisièmement, de l'augmentation de la vente aux mineurs.
À titre d'exemple, en ce qui concerne l'évolution des prix, le prix de la cartouche de contrebande est passé de 18 $ à 20 $, il y a deux ans, à 5 $ ou 6 $, aujourd'hui, comparativement à 70 $ ou 75 $ sur le marché légal. C'est donc dire que l'offre ne cesse d'augmenter et que le produit est de moins en moins rare et de plus en plus accessible.
En ce qui a trait à la baisse de nos ventes, selon une étude interne auprès de nos dépanneurs au Québec, précisément, on constate que depuis cinq ans, 2 millions de dollars de revenus ont été perdus, par dépanneur, depuis le début de la contrebande. Évidemment, la contrebande n'a pas toujours eu l'intensité qu'elle a maintenant; elle a commencé lentement.
En 2007, compte tenu d'un marché illégal atteignant une moyenne de 30 p. 100 pour l'Ontario et le Québec, les pertes de vente s'élevaient à 2 milliards de dollars. J'ai bien dit 2 milliards de dollars! En ce qui concerne l'augmentation de la vente aux mineurs, on vous a distribué copie d'une étude réalisée auprès des jeunes pour identifier les mégots de cigarettes dans les cours d'école. En anglais, le nom est plus percutant qu'en français: c'est la Butt Study; mais en français, avec le mot « mégot », le nom n'est pas très drôle. Les résultats publiés à l'automne 2007 révèlent que l'on a analysé 11 000 mégots dans 105 écoles en Ontario et au Québec. Incidemment, il y a des méthodes qui permettent de voir sur les mégots ceux qui proviennent du marché légal et du marché illégal. Le résultat: 24 p. 100 des mégots en Ontario et 35 p. 100 au Québec provenaient du tabac de contrebande.
Le taux est similaire à celui du marché illégal à cette même période. C'est énorme. Cela signifie que le marché est vraiment présent auprès des jeunes qui représentent une clientèle très vulnérable. Les chiffres ont démontré que la médiane, et non la moyenne, se situe aux alentours, voire au-dessus de 50 p. 100. Selon les chiffres de l'étude, dans certaines écoles, c'est 75 p. 100, et ce, évidemment, dans les milieux à plus faible revenu.
Abordons maintenant la responsabilité des dépanneurs dans ce dossier. Les propriétaires ont trois grandes responsabilités à l'égard du tabac: collecter et remettre les taxes au gouvernement; appliquer la réglementation spécifique à la vente de tabac, notamment à l'égard de l'étalage des produits; prévenir et empêcher la vente des produits interdits aux mineurs, qu'il s'agisse de tabac, d'alcool ou de loterie.
Parce que les produits les plus taxés sont vendus chez nous — alcool, tabac, essence et produits exclusivement faits de taxes, comme la loterie —, les dépanneurs versent chaque année, comme je l'ai dit plus tôt, 9 milliards de dollars en taxes, en excluant le pétrole.
Sur le plan de l'étalage des produits, ce qui se produit en ce moment est ironique: pendant que le marché non contrôlé du tabac illégal augmente de façon catastrophique, plusieurs gouvernements provinciaux viennent d'introduire une nouvelle réglementation qui exigera que les dépanneurs revoient, et à leurs frais, l'ensemble de leur étalage pour cacher les produits légaux vendus dans leur magasin.
Malgré le contexte de la concurrence illégale, l'ACDA s'est engagée à aider ses membres à devenir conformes en leur proposant des solutions rapides et efficaces. Mais la majorité des dépanneurs traversent une période où ils perdent des revenus, et il leur en coûte entre 2 000 $ et 5 000 $ pour couvrir les produits. Cela nous fait penser à l'époque de la Commission des liqueurs du Québec. Certains sont assez vieux pour se le rappeler. L'alcool était caché derrière, et on le sortait dans des sacs de papier brun. Cela n'a pas changé, et je pense que les gens réagissent mal à ce genre de réglementation.
En ce qui a trait à la vente aux mineurs, nous avons déployé au pays un programme innovateur de vérification d'âge intitulé « Pièce d'identité » au Québec et « We Expect ID » ailleurs au Canada. C'est un programme rigoureux de vérification d'âge à partir, notamment en Ontario, du permis de conduire. On donne de la formation et de la certification en ligne pour les détaillants. Il y a également un programme d'acheteurs mystères pour que nous puissions nous-mêmes vérifier la conformité des membres.
Voyons maintenant les responsabilités du gouvernement par rapport à la contrebande. Le gouvernement a d'importantes responsabilités. La première, évidemment, est de s'assurer que les lois sont respectées; la deuxième est de s'assurer que le marché est équitable; la troisième est de combattre le tabagisme, en particulier chez les jeunes.
Sur le plan du respect des lois, on a créé un groupe spécialisé en répression de la contrebande. Sans préjuger de son efficacité, son effet sur le fléau sera, au mieux, très marginal, au pire, totalement négligeable, étant donné le volume du trafic et les faibles amendes mentionnées plus tôt.
Sur le plan de l'équité des marchés, l'écart de prix très élevé entre le produit légal, et le tabac de contrebande demeure la cause première de la recrudescence de la contrebande. Il faut se rappeler que 75 p. 100 du prix de la cartouche vendue sont constitués de taxes — purement de taxes.
De 1999 à 2002, les gouvernements canadien et québécois ont augmenté les taxes de près de 20 $ sur la cartouche en trois ans seulement. C'est au terme de cette période que la contrebande a véritablement pris son envol, dépassant alors et depuis cinq ans, les taux les plus élevés qui existaient en 1994 au Québec, pendant la période où la contrebande était la plus importante.
Quant à la prévention du tabagisme chez les jeunes, la contrebande actuelle est en train d'anéantir tous les efforts de prévention entrepris depuis des années, puisque jamais le tabac n'aura été plus accessible et abordable que maintenant pour les jeunes.
Quelles sont les conséquences de la crise actuelle? L'histoire se répète. Au début des années 1990, dès que la contrebande a atteint le seuil critique des 30 p. 100 à 40 p. 100 du marché, elle est montée en flèche pour atteindre des proportions de 60 p. 100 et 70 p. 100 en deux ans. C'est normal, c'est comme dans n'importe quel secteur: une fois qu'on a son réseau de distribution, que le marché est là et qu'il n'y a pas de concurrence, la croissance est exponentielle. Aujourd'hui, elle a atteint un seuil critique. Si la tendance se maintient et que la contrebande atteigne 50 p. 100, 60 p. 100, voire 70 p. 100, on peut s'attendre aux conséquences suivantes.
D'abord, les groupes criminels vont se confronter pour contrôler ce marché énorme et lucratif, et parce qu'ils vont se disputer les territoires et les clientèles, la violence va croître au pays et dans les gangs de rue. Les jeunes vont fumer de plus en plus, les gouvernements vont voir chuter leurs revenus d'impôt de façon dramatique, et les citoyens vont devenir de plus en plus cyniques face à leur gouvernement et à son incapacité de faire respecter ses lois.
Notre message est simple : nous devons tous prendre nos responsabilités à l'égard de la lutte contre la contrebande.
Les dépanneurs prennent leurs responsabilités en lançant une vaste campagne de mobilisation de par le pays, qui comprend les éléments suivants: une campagne de publicité anticontrebande dans tous les dépanneurs du pays sera lancée au début du mois de juin; la création d'une coalition nationale de lutte contre la contrebande qui rassemblera tous les groupes et organismes se sentant concernés par la contrebande de tabac à l'échelle nationale, provinciale et régionale; le 26 mai prochain, nous allons commencer une tournée dans sept grandes villes du Québec; finalement, l'enrôlement des propriétaires pour mener une campagne dans tout le pays auprès des élus fédéraux et provinciaux, et même des sénateurs.
En terminant, je voudrais souligner le rôle du gouvernement et ses responsabilités. Il n'y a pas qu'une solution; il y en a plusieurs. Évidemment, il faudrait revoir la fiscalité du tabac dans son ensemble, dont les éléments très intéressants ont été soulevés. Je vais dire la phrase qui blesse: il va falloir abaisser temporairement les taxes pour amener un marché ou, du moins, nous mettre dans une situation où l'on peut empêcher la croissance exponentielle à laquelle on assiste présentement. Il faut faire quelque chose, et c'est un des éléments qu'on peut mettre temporairement en place.
Il faut amorcer un dialogue constructif avec les nations autochtones, resserrer les contrôles et augmenter les effectifs policiers aux paliers fédéral et provincial, et, surtout, avec les autorités américaines. C'est la source la plus importante de notre problème. Il faut sensibiliser le public aux dangers de la contrebande de tabac, ce qu'on va commencer à faire de façon générale dans tout le pays.
En conclusion, le leadership et la volonté politique dont fera preuve le gouvernement sont la clé du succès pour vaincre la contrebande. Nous croyons que les détaillants, les groupes sociaux et les gouvernements pourront travailler ensemble pour mettre fin une deuxième fois et, espérons-le, une dernière fois, à ce fléau national qu'est devenue la contrebande de tabac.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence, et merci à vous tous pour vos exposés.
Je voudrais obtenir des réponses à deux ou trois questions. Premièrement, je sais, étant originaire de la Colombie-Britannique, qu'il existe un certain nombre de bandes qui ont conclu des accords avec le gouvernement fédéral pour appliquer une taxe dont les recettes favorisent le développement de la collectivité autochtone concernée. Mais, si la majeure partie des produits du tabac sont fabriqués aux États-Unis, je ne suis pas sûre de comprendre comment le résultat pourrait être le même. Je peux très bien comprendre que, si le produit fabriqué ici, et vous le taxez ici, cela donne lieu à des recettes, etc.; mais, si le produit est fabriqué aux États-Unis et envoyé ici par la suite, il me semble que la situation est tout autre pour ce qui est de l'application d'une taxe.
Deuxièmement, j'invite les témoins à aborder brièvement la question géographique. Vous nous avez dit qu'il y a 37 000 petites entreprises, mais on ne nous a parlé que de l'Ontario et du Québec. Je sais que c'est dans ces deux provinces que le problème est le plus grave, mais j'aimerais savoir si c'est uniquement en Ontario et au Québec que ce problème existe ou si on l'a observé dans d'autres provinces, à un degré moindre. J'imagine que c'est le cas, mais j'aimerais que vous en parliez brièvement.
Concernant la caution de 5 millions de dollars qui a été recommandée par M. Cunningham, y a-t-il des bandes qui ont des activités de fabrication légale qui ne seraient pas en mesure de verser une caution de 5 millions de dollars? Il est évident que certains des témoins que nous avons reçus l'autre jour pourraient le faire, et même très facilement.
Deuxièmement, j'aimerais savoir — je ne le sais pas, mais d'autres autour de la table le savent peut-être — si toute la caution, ou juste une partie de la caution, est confisquée en situation d'infraction.
Pourriez-vous commencer par répondre à ces questions-là?
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Ma réponse aura deux volets.
Pour répondre à votre question, nous faisons effectivement quelque chose. À la fin de mon exposé, j'ai annoncé la campagne que nous allons lancer dans tous les dépanneurs de l'Ontario et du Québec, pour commencer. Ce sera une campagne très visible, s'appuyant sur les meilleurs outils que nous possédons, parce que nous avons une forte clientèle — quelque 3,2 millions de Canadiens passent dans nos magasins tous les jours. Donc, nous avons une certaine influence pour ce qui est d'informer la population de la situation actuelle. D'ailleurs, il y a deux types de clients — mais j'y reviendrai dans quelques instants. Donc, oui, nous allons lancer une campagne de sensibilisation du public, qui va d'abord être menée au Québec et en Ontario, mais nous n'allons pas nous arrêter là. Nous avons déjà commencé la bataille, et nous serons visibles. Vous allez voir. Cette campagne débutera au début juin.
Deuxièmement, je vous parlais tout à l'heure de la Coalition nationale de lutte contre le tabac de contrebande. Nous avons invité tous les groupes, y compris les groupes qui s'intéressent aux questions de santé, d'y participer, s'ils le désirent. Nous voulons créer cette coalition. Ce n'est pas quelque chose que nous voulons contrôler, mais nous voulons qu'elle existe. Le site Web est déjà prêt. Nous voulons que les particuliers, les élus et les différents y participent, pour qu'il existe un forum nous permettant de nous attaquer au deuxième volet de ma réponse.
Il y a une expression scientifique qu'on emploie en psychologie. Il s'agit de la dissonance cognitive. Autrement dit, nous savons que le problème existe, mais nous ne voulons pas en entendre parler. Nous n'aimons pas en entendre parler. Nous savons que c'est un problème grave, mais nous préférons l'écarter. Or nous voulons en parler publiquement pour que les gens soient obligés de le confronter.
Il est évident que les fumeurs font de bonnes économies en ce moment. Il est difficile de lutter contre cela. Ils ne sont pas très contents d'être fumeurs — je ne connais pas beaucoup de fumeurs qui le soient — mais ils fument quand même. Ils se disent qu'ils peuvent économiser entre 3 000 $ et 5 000 $ par an. Étant donné le prix de l'essence, ils estiment que cela en vaut la peine. Voilà pourquoi nous parlons de différents moyens d'aborder ces personnes.
Et je sais aussi qu'il ne faut pas nécessairement dire aux gens: « Vous ne savez pas ce que vous fumez ». Supposons qu'on parle d'un produit non réglementé ou non contrôlé. Nous pourrions peut-être insister un peu là-dessus. Selon moi, le fumeur va changer d'avis si nous lui montrons qu'il existe autre chose, qu'il y a une solution de rechange, car le fumeur pense qu'il prend sa revanche, en quelque sorte. C'est un produit auquel on applique une taxe de 75 p. 100. Ils se disent… Je ne vais pas vous dire l'équivalent en anglais; je sais que ces termes ne sont pas polis. Mais c'est ainsi qu'ils réagissent face au gouvernement.
Donc, si nous parlons de ces gens que nous voulons récupérer parce que, en tant que clients, ils sont à l'origine du problème, il faut trouver le moyen de communiquer avec eux, et de leur montrer, par le biais des mesures que nous proposons — et ils ne sont pas faciles; je sais pertinemment que certaines personnes ne les aiment pas beaucoup — que nous sommes prêts à abandonner toutes ces mesures. Nous allons combattre le problème en ouvrant un débat raisonnable avec eux qui consiste à leur dire: « Oui, nous allons tous travailler ensemble pour nous assurer que tout le monde est sur un pied d'égalité et que vous n'allez pas vous faire… avoir par le gouvernement. »
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Je sais que ce n'est pas populaire. L'expérience nous montre, comme je l'ai dit plus tôt, que cela a fonctionné en 1994, même si la nature de la contrebande était très différente. Néanmoins, la manifestation est la même en ce moment. L'écart incroyable de 6 $... Je crois qu'il est irresponsable de dire qu'à 6 $ la cartouche par opposition à 75 $ ou 70 $ la cartouche, c'est peine perdue et qu'on abandonne. Même si l'on enlevait toutes les taxes, ce serait 6 $ par opposition à...
Je pense qu'il faut séparer le problème. D'abord, selon moi, si l'on mettait cette mesure en place, ce serait de façon temporaire pour voir quelle part de marché illégal on pourrait récupérer — en diminuant le taux de taxation. Il faut se dire qu'il y a des détaillants qui sont en train de souffrir, qu'il y a un marché en pleine croissance exponentielle. Aussi, il faut éviter que ce marché ne passe le seuil des 50, 60, 70 p. 100. Donc, il faut faire quelque chose.
On essaie de trouver des idées, et l'on se dit que c'est que c'en est une parmi tant d'autres, qu'elle doit être temporaire. Une chose est sûre: sans contrôle du marché, la taxation a prouvé ses effets deux fois. Elle crée un marché parallèle illégal tentant. Je ne dis pas que c'est quelque chose de populaire, mais on me dit toujours: « You're not politically correct. » So what! Telle est la réalité. Ce n'est pas la seule option, mais dès qu'on la mentionne, tout le monde dit que c'est affreux, qu'on ne peut jamais faire cela, que c'est terrible. Mais regardez ce qu'il advient de la hausse de taxes, au bout du compte, quand on ne contrôle pas l'entrée du produit.
Considérons cet élément parmi les autres, mais considérons-le. Ne fermons pas la porte automatiquement en pensant que c'est impossible. Car à un moment donné, il faudra envoyer des messages à nos clients et aux fumeurs. Pourquoi reviendraient-ils à ce marché? Croyez-vous honnêtement que d'ici à trois mois, on est capable de fermer complètement le robinet, qu'il n'y aura aucun produit illégal qui va entrer sur le marché? Il faudra sûrement au moins une année avant qu'on commence à contrôler l'entrée du produit.
Que se passe-t-il pendant ce temps? Jusqu'où allons-nous nous rendre en ce qui concerne le marché illégal? Telle est la réalité. C'est désagréable de le dire, je l'admets, mais c'est la réalité qu'on vit dans le marché en ce moment. Le marché n'a pas baissé; il ne fait que croître depuis trois ans.
Jusqu'à quel point pensons-nous qu'il faut que ça croisse, en premier lieu? En second lieu, si les gens ne prennent pas cette mesure et qu'on trouve des solutions, tant mieux. Du point de vue du détaillant ou du fabricant, de n'importe qui, plus les taxes sont élevées, meilleures sont les marges pour le vendeur. C'est une réalité de marché. Il ne s'agit donc pas de couper des montants d'argent; il s'agit de rétablir un marché légal.
Le raisonnement est aussi simple et aussi cru que la constatation de la réalité qu'on vit de tous les jours.
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Merci, monsieur le président.
Par rapport à cette problématique, il me semble qu'il y a quelques principes qui se dégagent, à savoir qu'il ne faut pas adopter des lois que la population générale n'accepte pas, ni des lois qu'il est impossible de faire respecter. Voilà justement la nature du dilemme dans lequel nous sommes pris.
Nous avons des lois qui ne sont pas respectées. Nous avons eu l'autre jour la liste des nombreuses lois qui sont enfreintes lorsqu'on introduit sur le marché des cigarettes illicites.
En ce qui concerne la politique générale, je suppose que, si vous êtes un fumeur d'âge moyen ou à faible revenu, vous avez sans doute une dépendance. Vous allez dépenser tant pour les cigarettes, un point c'est tout. Donc, vous allez trouver le moyen d'en avoir en respectant votre budget.
En 1994, je n'étais pas d'accord avec la décision de notre gouvernement consistant à diminuer progressivement les taxes. J'ai été élu en 1996 et, même si cela n'aurait absolument rien changé, j'étais fier quand nous avons décidé en 2000 d'augmenter les taxes et de les appliquer à la porte de l'usine, pour que les cigarettes ne soient pas introduites au Canada depuis les États-Unis.
À l'époque, nous savions — notre gouvernement savait — qu'en augmentant les taxes d'accise, on risquait de favoriser la contrebande. Je comprends pourquoi les gens sont cyniques. Je le suis moi-même, car on ne fait pas respecter les lois en ce moment. Ce qu'il faut faire, selon moi, c'est accepter que cela va se faire et se fait déjà, et prendre les mesures qui s'imposent. Je trouve rétrograde de…
J'étais content de vous entendre dire, monsieur Gadbois, que s'il existe des solutions, comme celle consistant à taxer correctement les cigarettes, vous seriez content, étant donné que vos marges seraient plus importantes. Je ne connais pas bien votre secteur d'activité, mais j'ai trouvé cela intéressant.
Pour moi, c'est simplement une question de volonté politique. Ceci dit, c'est un problème très complexe et difficile. Mais, baisser les bras en disant: « Ils ont eu raison de nous… Nous avons augmenté les taxes, sachant pertinemment que cela favoriserait la contrebande, mais maintenant nous sommes prêts à abandonner la lutte ».
C'est une observation personnelle, mais j'estime néanmoins qu'il faut absolument s'attaquer à ce problème avec énergie, quelle que soit sa complexité.
Monsieur Damphousse, je vais vous donner l'occasion d'intervenir dans une minute, mais je voudrais d'abord poser une question concernant la révocation des permis de fabrication. Voilà une autre bonne idée, selon moi.
Monsieur Damphousse, vous avez dit que bon nombre de ces fabricants sont titulaires d'un permis. J'imagine qu'ils ont pu l'obtenir en versant une caution de 5 000 $ ou quelque chose du genre. Maintenant ils mènent des activités illégales, et personne ne fait quoi que ce soit pour les empêcher de le faire. Cela ne me semble pas tout à fait approprié.
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Je sais que M. Cullen est très préoccupé par la situation. C'est l'un des dossiers relevant du comité qui nous préoccupent lui et moi. Il y a un éléphant dans la salle, et cet éléphant est évidemment la contrebande du tabac et ses multiples conséquences négatives: le crime organisé, le fait que le gouvernement ne perçoit pas sa juste part des taxes, les problèmes de santé, et j'en passe.
Il a été mentionné par quelqu'un que nous devons travailler ensemble dans ce domaine. La GRC a récemment déposé sa stratégie de lutte contre le tabac de contrebande, par l'entremise d'un groupe de travail, qui reconnaît l'importance du système de contrôle, etc. Si je ne m'abuse, c'est M. Cunningham qui montrait une cartouche de cigarettes tout à l'heure en disant que, aux termes des lois actuelles, si quelqu'un se fait attraper avec une telle cartouche dans sa voiture, on peut l'arrêter et saisir son véhicule.
J'ai tout de suite pensé à des gens à faible revenu ou à revenu moyen qui ont une dépendance au tabac. Nous savons qu'il s'agit d'une véritable dépendance. Un médecin-chef aux États-Unis — je crois qu'il était général dans les forces armées — disait que c'est encore plus grave qu'une dépendance à l'héroïne, et j'ai vraiment l'impression qu'il a raison. Il y a des Canadiens très corrects, qui travaillent fort et qui fument, et parfois ils ne peuvent pas se permettre… Tout d'un coup, j'ai eu à l'esprit l'image d'une voiture de police qui arrête une personne qui a du mal à joindre les deux bouts — un Canadien qui travaille fort, qui paie ses impôts, etc. — et qui voit une dépanneuse qui enlève son véhicule. Ce n'est pas ce que j'ai envie de voir.
Je voudrais qu'on s'attaque à la racine du problème, et pour ce faire, il faut examiner les raisons socioéconomiques qui peuvent inciter les gens à fabriquer des produits du tabac, que ce soit dans une réserve ou ailleurs. En tant que législateur, comment pouvons-nous travailler avec des gens comme vous — et tous les témoins que nous avons entendus jusqu'ici — pour atteindre cet objectif? C'est pour cette raison précise que vous comparaissez devant nous aujourd'hui. Ce n'est pas pour reléguer cet éléphant à un coin de la salle, simplement parce que nous n'avons pas toutes les réponses. Dieu nous préserve si les élus prétendent un jour avoir toutes les réponses, car c'est là que tout ira mal. C'est la raison pour laquelle nous créons des comités comme celui-ci, et c'est la raison aussi de votre présence.
On peut dire que c'est une observation de ma part, plutôt qu'une question que je vous pose. Nous, les représentants de tous les partis politiques, nous souhaitons vraiment conjuguer nos efforts et entendre ce que les Canadiens ont à nous dire. Mais, dans ce comité, nous avons dû mettre l'accent sur le tabac de contrebande. Nous avons écarté les questions de santé à dessein, même si nous sommes tout à fait conscients de leur gravité, étant donné que ce produit est cancéreux. Que les éléments politiques soient dans la réserve ou ici au sein du gouvernement, à long terme, les conséquences sont certainement graves. Nos enfants vont en pâtir. Ils vont être en moins bonne santé. Ils vont devenir membres de bandes de motards. Des terroristes viendront ici, parce que c'est une façon de faire de l'argent rapidement — une bonne façon de financer toutes leurs activités répréhensibles. Nous sommes donc résolus à nous attaquer à ce problème afin d'empêcher la situation de s'aggraver encore.
Donc, même si M. Damphousse et M. Gadbois peuvent avoir des opinions différentes, il est absolument essentiel que vous deux travailliez ensemble pour nous aider à régler le problème.
Merci, monsieur le président.