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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Margaret Bloodworth et je suis conseillère nationale de la sécurité auprès du premier ministre et secrétaire associée du Cabinet. Je suis accompagnée de Mme Rennie Marcoux, qui est la secrétaire adjoint du Cabinet, Sécurité et renseignement, et de M. Marc Tardif, qui est le directeur des Opérations de Sécurité pour le Bureau du Conseil privé.
Monsieur le président, j'ai une brève déclaration liminaire, dans laquelle je me suis efforcée d'inclure autant de renseignements qui possible, et dont j'espère qu'elle vous sera utile. Je crois que les membres du comité en ont le texte. Nous en avons fourni des copies dans les deux langues.
Monsieur le président, je suis heureuse de comparaître devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale pour expliquer le rôle du Bureau du Conseil privé concernant les questions que le comité est chargé d'étudier.
[Français]
Le rôle du Bureau du Conseil privé est de conseiller et d'appuyer de manière impartiale le premier ministre et les ministres de son portefeuille, ainsi que le Cabinet et ses comités. L'un des nombreux rôles du BCP est de conseiller le premier ministre sur les questions de sécurité nationale et de renseignement.
Le BCP travaille en étroite collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada, le Service canadien du renseignement de sécurité et plusieurs autres organismes pour coordonner les dispositifs de sécurité qui concernent le premier ministre, le Gouverneur général, le Cabinet et les chefs de gouvernement en visite au Canada. Il s'occupe aussi de la coordination des dispositifs de sécurité pour les manifestations de grande envergure, comme les Jeux Olympiques de 2010 et le sommet du G8 de la même année.
[Traduction]
Pour aider le premier ministre dans l'exercice de sa prérogative de nomination des titulaires de hautes charges publiques, notamment les membres du Cabinet, le BCP est chargé d'effectuer la vérification des antécédents — dont je vous donnerai une description détaillée dans un moment — pour tous les candidats et toutes les candidates aux nominations effectuées par décret et aux nominations effectuées pour le Cabinet. Il est important de faire la distinction entre la vérification des antécédents et l'enquête de sécurité et de préciser dans quel contexte on emploie chacun de ces deux termes.
La vérification des antécédents concerne les candidats pressentis pour une nomination au Cabinet. Cette vérification a pour objet de s'assurer qu'aucun fait criminel ou préoccupation en matière de sécurité ou autre ne rendrait les candidats inaptes à occuper une charge publique. Cette vérification a toujours porté uniquement sur le candidat ou la candidate en question, et n'a jamais visé son conjoint ou sa conjointe ou les autres membres de sa famille immédiate.
Dans le cas de candidats à un poste au Cabinet, la vérification des antécédents comporte à l'heure actuelle quatre types de contrôle: premièrement, une vérification des dossiers policiers effectuée par la GRC pour déterminer si le candidat ou la candidate a participé à des activités criminelles; deuxièmement, une évaluation de sécurité, effectuée par le SCRS; troisièmement, une vérification de conformité fiscale, effectuée par l'Agence du revenu du Canada; et, quatrièmement, une vérification de la solvabilité auprès du surintendant des faillites.
La vérification des antécédents des candidats à un poste au Cabinet est une pratique qui remonte aux années 1960, alors que dans le cas des candidats nommés par décret pour des charges qui ne concernent pas le Cabinet, la pratique remonte au début des années 1980. En août dernier, le présent gouvernement a décidé que les vérifications concernant les membres du Cabinet seraient mises à jour tous les deux ans, que le ministre ait ou non changé de portefeuille.
L'enquête de sécurité concerne les fonctionnaires et certains entrepreneurs et consultants. Elle a pour objet de vérifier la fiabilité et la loyauté de ces individus avant qu'ils n'aient accès aux renseignements classifiés dont ils ont besoin pour faire leur travail. Il y a trois niveaux de cote de sécurité, au-delà de la simple cote de fiabilité: confidentiel, secret et très secret.
Le processus d'enquête en vue d'obtenir une cote de sécurité est lancé par le ministère qui en fait la demande. L'enquête comprend une vérification du casier judiciaire par la GRC et une évaluation de sécurité par le SCRS. Une vérification du crédit est effectuée également si la nature des fonctions le justifie. Dans le cas d'une cote très secret, la vérification du crédit est toujours effectuée, de même qu'une enquête sur le terrain par le SCRS. Celle-ci ne porte que sur la personne concernée. Cependant, il se peut que l'enquête révèle des problèmes de sécurité sur certains membres de la famille immédiate.
Les ministres du Cabinet n'obtiennent pas de cote de sécurité. C'est la politique suivie de longue date dans les divers gouvernements du pays et qui est conforme à la pratique adoptée dans plusieurs autres pays, comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Au moment de leur nomination, les ministres et les secrétaires d'État prêtent serment à titre de conseiller privé et s'engagent ainsi à tenir secrètes toutes les informations qui viennent à leur connaissance en leur qualité de membres du Conseil privé de la Reine.
Il convient également de souligner qu'il n'y a aucune disposition obligeant le gouvernement du Canada à fournir des cotes de sécurité aux députés et aux sénateurs.
[Français]
Au moment d'être nommés, les ministres du Cabinet reçoivent les lignes directrices annoncées dans un document accessible au public intitulé Pour un gouvernement responsable — Guide du ministre et du secrétaire d'État. Ce document contient les principes de base associés au rôle et aux responsabilités du ministre. Il décrit par ailleurs les normes de conduite que les ministres doivent respecter dans l'exercice de leurs fonctions. Ce guide leur rappelle aussi leurs responsabilités personnelles en matière de sécurité, dont la sécurité de leurs bureaux.
[Traduction]
De plus, le directeur des Opérations de la sécurité du BCP ou un membre de son équipe de gestion informe chacun des ministres, lors d'un entretien personnel, des exigences et des responsabilités de sécurité qui s'appliquent à lui ou à elle, à son personnel et à ses bureaux. On rappelle alors aux ministres leurs obligations découlant de leur serment de confidentialité pour ce qui est des renseignements confidentiels du Cabinet et des mesures de contrôle entourant ces renseignements.
On informe par ailleurs les ministres des mesures de sécurité qu'ils doivent respecter lorsqu'ils discutent de renseignements sensibles ou lorsqu'ils transportent avec eux de tels renseignements. La séance d'information porte également sur les responsabilités du ministre et de son personnel relativement à la protection de renseignements et de biens sensibles, les mesures qui doivent être prises à cet égard et le rôle de l'agent de sécurité du ministère.
En ce qui concerne les documents classifiés, le Bureau du Conseil privé est chargé de veiller à la sécurité des documents du Cabinet. Le contrôle de ces documents à l'échelle du gouvernement est géré par le Service du système des dossiers du Cabinet, sous l'égide du BCP. Les documents comme les mémoires au Cabinet sont strictement contrôlés par ces services. Les copies sont identifiées par un code à barres afin d'en faciliter le suivi, et la diffusion des documents est limitée aux destinataires autorisés.
Le SSDC exige la désignation de personnes responsables du contrôle des documents au sein des ministères. Ces personnes doivent en tenir un registre, veiller à leur distribution en toute sûreté dans leur organisation et les renvoyer au SSDC.
Une deuxième catégorie de documents classifiés est celle des documents provenant des services de renseignement. Ces documents sont manipulés conformément aux protocoles établis par le service émetteur.
Une troisième catégorie de documents classifiés est celle des documents émanant de ministères. Ces documents sont manipulés conformément aux procédures établies par le ministère concerné et aux normes du Conseil du Trésor.
La sécurité est une question que les hauts fonctionnaires du gouvernement prennent très au sérieux. Nous nous employons continuellement à améliorer les mesures en place et à tirer des leçons de nos expériences afin de protéger adéquatement les renseignements et les biens sensibles du gouvernement du Canada. Toutefois, aucun système n'est à l'abri de l'erreur humaine.
[Français]
En raison du caractère confidentiel des procédures de sécurité mentionnées plus haut et du droit à la vie privée et à la protection des renseignements personnels, le comité comprendra qu'il y a des limites aux réponses que nous pouvons lui donner concernant certaines personnes.
[Traduction]
Il y a des limites, en raison du caractère confidentiel des procédures de sécurité et du droit à la vie privée, quant aux réponses que nous pouvons donner. Cependant, dans ce contexte, nous pouvons vous informer que la vérification des antécédents de M. Bernier a été effectuée avant sa nomination au Cabinet en février 2006 et, conformément à la consigne de mise à jour biennale, en avril 2008, selon les procédures de sécurité décrites ci-dessus. Aucun de ces exercices n'a révélé de préoccupations particulières de la part des agences et organismes qui ont effectué la vérification. À aucun moment la GRC n'a informé le BCP de l'existence de problèmes de sécurité concernant M. Bernier ou concernant ses rapports avec Mme Couillard.
Les documents que l'avocat de Mme Couillard a retournés au bureau de M. Bernier étaient classifiés Secret. Il ne s'agissait pas de documents du Cabinet mais de documents issus du ministère de M. Bernier et qui faisaient partie d'un dossier d'information classifié préparé à son intention aux fins de la réunion de l'OTAN tenue à Bucarest en avril de cette année.
Cela conclut le survol que je voulais vous faire, monsieur le président, et je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
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Je suis certain qu'elle l'était. Ce qui me préoccupe ce sont les documents. Je sais que ces documents en particulier étaient des documents émanant du ministère. Et un examen est en train de se faire au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
Ce qui me préoccupe, premièrement, est que si ce jeu de documents particulier a été laissé là pendant quatre ou cinq semaines, je ne sais pas, et personne ne le sait, quels autres jeux de documents ont pu avoir été laissés dans l'appartement de Mme Couillard? Espérons que le rapport du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international nous éclairera là-dessus.
Je sais que ces documents sont secrets. Ils avaient été préparés en prévision d'une réunion de l'OTAN. Mon souci est que ces documents ont pu renfermer des choses susceptibles de mettre en péril la sécurité de nos troupes ou des troupes de l'OTAN en Afghanistan.
Je ne cherche pas à être alarmiste, mais nous venons tout juste d'être témoins d'un grave attentat contre une prison à Kandahar. C'est de ce genre de chose qu'il s'agit. Vous n'êtes sans doute pas libre de vous prononcer là-dessus, car les renseignements sont secrets. Mais j'imagine qu'au sein du BCP il circule beaucoup d'information visant à cerner ce que renfermaient précisément ces documents.
Permettez-moi de poser une question plus précise. Si vous pouviez vous prononcer sur le contenu de ces documents, cela m'arrangerait bien. Vous ne le pouvez peut-être pas. Nos partenaires de l'OTAN ont-ils été avisés de cette brèche de sécurité et d'autres bris de sécurité possibles? Quelle a été leur réaction? Êtes-vous au courant de ces faits?
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J'ai une question rapide.
Pour ce qui est du rôle du BCP versus celui du CPM, vous avez eu le breffage de la GRC en avril 2008. La GRC a, en gros, dit « pas de problème ». Mais au sein du BCP, ou même dans les articles de journal et autres, ou au sein du CPM, quelqu'un, quelque part, a dû dire « Il y a quelque chose que nous devons surveiller de près ».
Est-il possible que quelqu'un au Cabinet du Premier ministre, par exemple, ait dit « Eh bien, nous avons constaté cela, mais nous ne pensons pas que ce soit un problème, car il s'agit de questions privées »? Ou bien auriez-vous pris sur vous, madame Bloodworth, de signaler la chose, nonobstant le rapport positif que vous aviez au sujet de , pour en discuter avec les gens du CPM, leur disant « Je sais que nous avons un rapport sans réserve, mais je lis les journaux. Est-ce que tout est bien en règle? »