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La séance est ouverte. Bienvenue à la 15
e séance du Comité permanent des comptes publics.
Nous avons avec nous aujourd'hui des invités qui remplacent leurs collègues, alors bienvenue à notre comité.
Le Comité se réunit aujourd'hui en public pour étudier le « Rapport 1, Le respect en milieu de travail », du Rapport de l'automne 2019 du vérificateur général du Canada. La séance d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, en format webinaire, accessible seulement aux membres et à leur personnel, pour les séances publiques du Comité. Toutes les fonctionnalités pour les participants actifs restent les mêmes. Les membres du personnel seront uniquement des participants non actifs et ne pourront donc assister à la réunion qu'en mode galerie.
Rapidement, pour les membres et les témoins, je veux vous rappeler ou vous donner quelques règles à suivre.
Mais avant, j'aimerais savoir s'il y a quelqu'un dans la salle, madame la greffière.
Des services d'interprétation vous sont offerts à tous et à toutes pour la séance d'aujourd'hui. Au bas de votre écran, vous pouvez sélectionner « parquet », « anglais » ou « français ». Avant de parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Quand vous avez terminé, je vous demanderais de mettre votre micro en sourdine pour qu'il y ait le moins d'interférence possible. Aussi, veuillez parler lentement et clairement, pour faciliter la tâche des interprètes. À moins de circonstances exceptionnelles, tous les participants doivent utiliser un casque d'écoute avec microperche. Comme toujours, signalez-moi toutes les difficultés techniques qui surviennent. Sachez que nous devrons peut-être interrompre la séance le cas échéant, parce que nous devons nous assurer que tous les membres peuvent participer pleinement.
Avant d'accueillir les témoins d'aujourd'hui, je dois vous dire qu'on m'a avisée que le sous-ministre des Services publics et de l'Approvisionnement du Canada n'est pas disponible pour la séance de mardi prochain. Nous avons donc réorganisé le calendrier, et je propose que nous étudiions quelques-unes des ébauches de rapport qui sont prêtes. Je vous demanderais de garder vos questions pour les cinq dernières minutes de la séance. À ce moment-là, nous allons suspendre la séance, et nous pourrons vous répondre.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous accueillons aujourd'hui M. Martin Dompierre, vérificateur général adjoint et Mme Susan Gomez, directrice principale du Bureau du vérificateur général; M. Jon Ossowski, président et Mme Louise Youdale, vice-présidente, Direction générale des ressources humaines de l'Agence des services frontaliers du Canada; et Mme Anne Kelly, commissaire et M. Nick Fabiano, commissaire adjoint, Secteur de la gestion des ressources humaines du Service correctionnel du Canada.
Monsieur Dompierre, vous ouvrez le bal. Vous avez cinq minutes pour présenter votre déclaration préliminaire.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre rapport sur le respect en milieu de travail, qui a été déposé au Parlement en février 2020. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Susan Gomez, qui a dirigé l'équipe d'audit.
L'Agence des services frontaliers du Canada et Service correctionnel Canada, comme tous les employeurs fédéraux, doivent instaurer pour leurs employés des milieux de travail respectueux et exempts de harcèlement, de discrimination et de violence de la part des collègues et des superviseurs.
Cela est important, parce qu'un milieu de travail qui n'est pas sain nuit au bien-être des employés. De plus, les employés ont moins tendance à signaler des inquiétudes s'ils ont l'impression que leur employeur ne les prend pas au sérieux. Or, il n'est pas possible de corriger un problème qui n'a pas été signalé. Cette situation peut avoir des conséquences sur la santé des employés. Comme la pandémie actuelle exerce des pressions supplémentaires sur les employés, il est particulièrement important que les employeurs offrent des milieux de travail sains.
Dans le cadre de cet audit, nous avons constaté que l'Agence des services frontaliers du Canada et Service correctionnel Canada n'avaient pas pris assez de mesures pour favoriser et maintenir des milieux de travail respectueux.
Notre rapport d'audit présentait les résultats d'un sondage que nous avions mené auprès des employés de ces deux organisations fédérales. Les résultats indiquaient que les employés ayant répondu au sondage avaient des préoccupations au sujet du respect dans leur milieu de travail. Plus du tiers des répondants ont affirmé qu'ils craignaient de subir des représailles s'ils portaient plainte pour harcèlement, discrimination ou violence en milieu de travail. Ils avaient aussi des préoccupations graves ou importantes au sujet de la culture organisationnelle ainsi que du manque de courtoisie et de respect dans leur milieu de travail.
[Traduction]
Même si les deux organisations savaient qu’il existait des problèmes de harcèlement, de discrimination et de violence dans leur milieu de travail, aucune n’avait défini de stratégie complète pour les régler. Les organisations n’ont notamment pas établi de mécanisme pour évaluer leurs progrès en vue de réduire le harcèlement, la discrimination et la violence en milieu de travail, et en rendre compte.
Les employeurs fédéraux sont encouragés à offrir des mécanismes informels de règlement des plaintes, comme des rencontres entre des employés et des séances de médiation, pour rétablir plus vite les relations de travail. En ce qui a trait aux plaintes de harcèlement et de violence en milieu de travail que nous avons examinées, nous avons constaté que les deux organisations n’avaient pas toujours informé les employés qu’ils pouvaient recourir à des processus informels.
Nous avons également constaté que les organisations n’avaient pas toujours fait une évaluation initiale avant de décider d’accepter ou de rejeter une plainte. Sans évaluation initiale, il peut y avoir des incohérences dans le processus décisionnel et le traitement des plaintes.
Enfin, pour la majorité des plaintes de harcèlement qui avaient été traitées et résolues, nous avons constaté que les organisations avaient ordonné des mesures de rétablissement qui visaient seulement les personnes concernées. Autrement dit, les mesures de rétablissement ne visaient pas à établir ou à rétablir des relations de travail harmonieuses au sein de l’équipe, de l’unité ou du groupe touché. Cela est important parce que les comportements à l’origine de ces plaintes peuvent avoir une incidence vaste et durable sur les relations en milieu de travail.
L’Agence des services frontaliers du Canada et Service correctionnel Canada ont accepté toutes nos recommandations et ont préparé des plans d’action pour y répondre.
Madame la présidente, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
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Bonjour, madame la présidente et membres du Comité des comptes publics. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui.
Je suis accompagné de Mme Louise Youdale, vice-présidente, Direction générale des ressources humaines.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité à participer à la discussion aujourd'hui.
[Traduction]
Je suis heureux de me présenter devant vous aujourd’hui pour vous donner des détails sur nos efforts en vue d'apporter des changements positifs à la culture de l’ASFC.
Je tiens à remercier le Bureau du vérificateur général de son travail sur ce rapport. J’accepte les conclusions et les recommandations qui ont été formulées.
Permettez-moi d’être clair, l’ASFC n’a aucune tolérance pour le harcèlement, la discrimination ou la violence dans notre organisation.
Le rapport du vérificateur général a mis en évidence certains des problèmes que nous avons à l’ASFC en matière de violence et de harcèlement au travail. Quand le rapport a été déposé, j’ai ouvertement reconnu ces lacunes, notamment le temps qu’il faut pour que les problèmes soient examinés et résolus.
Au cours des dernières années, nous avons accompli un travail considérable pour changer la culture de notre organisation, nous concentrer sur les personnes et lutter contre la violence et le harcèlement au travail. Nous reconnaissons l’existence d’un racisme, d’une intolérance et d’une discrimination systémiques et nous nous engageons à poursuivre le travail nécessaire pour créer un lieu de travail plus diversifié, plus inclusif et plus respectueux.
Plusieurs initiatives ont été entreprises pour comprendre et explorer plus avant les causes profondes du harcèlement, et pour déterminer quelles sont les actions concrètes nécessaires à prendre pour créer une culture de travail plus saine, pour fournir une protection aux employés et pour répondre à leurs préoccupations.
Nous avons créé un centre d’expertise pour éduquer, prévenir et gérer les plaintes de harcèlement. Il s’agit d’un « guichet unique » où tous les employés peuvent s’adresser pour obtenir de l’information, du soutien et des conseils sur les questions liées au harcèlement ou à tout type de conflit sur le lieu de travail.
Nous avons également investi dans une équipe d’experts chargée d’élaborer et d’aider à mettre en œuvre une stratégie globale sur la culture afin de s’attaquer aux causes profondes de ces malheureux incidents, et de veiller à ce que nous construisions une culture organisationnelle saine et dynamique.
Nous nous concentrons également sur la sélection et le perfectionnement de cadres qui font preuve de compétences humaines: respect de tous, empathie, courage et intelligence émotionnelle. Les compétences en matière de résolution des conflits sont également importantes. Toutes ces qualités contribuent à créer un lieu de travail psychologiquement plus sain.
Je tiens également à confirmer que notre processus de divulgation des plaintes adressées à notre responsable de la divulgation interne est confidentiel. Les employés disposent de plusieurs moyens pour faire part de leurs préoccupations. Tout problème peut être signalé à notre responsable de la divulgation interne ou à un supérieur hiérarchique direct. Les employés peuvent également faire part de leurs préoccupations directement au Commissariat à l’intégrité du secteur public du Canada. De plus, si un employé se sent visé en raison d’un incident ou d’un problème qu’il a signalé, il peut déposer également une plainte auprès du commissaire à l’intégrité du secteur public.
Comme je l’ai dit, je suis encouragé par le fait que nos efforts ont donné des résultats positifs. Oui, il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir, afin de bâtir sur les récents indicateurs de la dernière année. Par exemple, notre « moyenne de réponses positives » à toutes les questions du Sondage auprès des fonctionnaires de 2019 a augmenté de plus de quatre points de pourcentage. Nous avons également constaté une diminution de 3 % du nombre de cas de harcèlement signalés.
Madame la présidente, dans son rapport, le vérificateur général a présenté des moyens de relever les défis qui se posent à nous en matière de respect en milieu de travail. Soyez assurée que nous mettons en œuvre les recommandations formulées en donnant la priorité à nos employés et en renforçant le respect, la dignité et l’équité.
[Français]
Je répondrai avec plaisir aux questions des membres du Comité.
Madame la présidente, chers membres du Comité, je tiens à vous remercier de me donner l’occasion de comparaître devant vous aujourd’hui. Je suis accompagnée de Nick Fabiano, commissaire adjoint, Secteur de la gestion des ressources humaines.
En tant que commissaire, j’ai comme priorité absolue le respect et un milieu de travail sain; ces deux éléments doivent être au cœur de tout ce que nous faisons.
Une organisation n’est rien sans ses gens. Nos 18 000 employés représentent l’une de nos plus grandes forces et nous permettent d’accomplir notre travail avec succès. Ils travaillent d’arrache-pied, sont professionnels et ont à cœur d’améliorer la vie des délinquants et d’assurer la sécurité du public.
Le travail en milieu correctionnel peut s’avérer difficile et stressant, et le bien-être de nos employés est essentiel. Le harcèlement, la discrimination et la violence n’ont pas leur place au Service correctionnel du Canada.
[Français]
Nous reconnaissons l'importance des constatations qu'a faites le vérificateur général l'année dernière, et je tiens à vous assurer que nous prenons des mesures concrètes pour y répondre.
Un changement de culture ne se produit pas du jour au lendemain. Nous continuons à soutenir les changements réalisés, afin que ceux-ci se consolident de façon durable et qu'ils deviennent ancrés dans notre culture.
La pandémie a contribué à renforcer l'importance de faire de notre santé, de notre sécurité et de notre bien-être une priorité incontournable dans tous nos milieux de travail. Il s'agit d'un sujet d'actualité, puisque aujourd'hui, à l'occasion de l'événement Bell Cause pour la cause, nous participons à un dialogue national sur la santé mentale. Chaque geste compte.
[Traduction]
À cet égard, depuis l’achèvement du rapport du vérificateur général l’année dernière, nous nous sommes employés à renforcer notre capacité de maintenir des lieux de travail sains de plusieurs manières.
En réponse aux recommandations du vérificateur général, nous avons examiné nos lignes directrices et nos outils sur le harcèlement et la violence en milieu de travail, et nous nous efforçons de veiller à ce que les employés à tous les échelons connaissent ces ressources.
Une nouvelle politique sur la prévention du harcèlement et de la violence en milieu de travail a été mise en place, tout comme des procédures visant à réagir aux incidents de harcèlement et de violence, le cas échéant.
[Français]
Comprenant que le changement exige une communication constante, nous avons organisé, l'an passé, plusieurs séances de discussion ouverte sur le respect et la santé mentale avec les membres du personnel. Certaines ont d'ailleurs eu lieu dans le cadre de la Journée du respect au Service correctionnel Canada en novembre 2020. J'ai moi-même animé des séances de discussion ouverte avec les cadres supérieurs.
Nous avons déjà commencé à voir des changements à la suite de ces initiatives. Les résultats du Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2019 montrent que les taux d'incidents de harcèlement et de discrimination signalés ont diminué pour une deuxième année consécutive.
De plus, les résultats du sondage montrent qu'un nombre accru de répondants estimait que le Service travaillait fort pour créer un milieu de travail qui prévient le harcèlement et la discrimination.
Bien que la diminution des taux d'incidents constitue un pas dans la bonne direction, nous savons qu'il reste du pain sur la planche, et nous travaillons à faire en sorte que le respect soit ancré dans notre culture.
[Traduction]
En mars 2019, nous avons publié notre premier rapport annuel sur le climat de travail et le bien-être des employés. Ce rapport nous aide à surveiller la santé de notre organisation et à planifier l’année à venir. Le deuxième rapport sera publié au cours des prochains mois.
L’automne dernier, nous avons lancé la Stratégie nationale globale sur le mieux-être en milieu de travail et le bien-être des employés. Le SCC s’appuie sur cette stratégie pour établir l’ordre de priorité des activités essentielles au respect, au bien-être et à la santé mentale des employés et des gestionnaires à tous les échelons.
Enfin, nous en sommes maintenant à la troisième année de la Campagne pour un milieu de travail respectueux. Cette campagne comprend diverses initiatives, notamment la sensibilisation, la promotion et l’élaboration de mécanismes permettant aux employés de dénoncer les comportements inappropriés.
Enfin, nous avons également entamé un audit de la culture du SCC, lequel a pour objectif de trouver des façons de faire en sorte que tous les employés du SCC et les délinquants aient accès à un environnement plus sûr, plus sain, plus respectueux et exempt de violence.
Bien que nous sachions qu’il reste du travail à faire, nous réalisons des progrès.
J’aimerais terminer en citant un article que M. Robert Cormier, psychologue et ancien cadre, m’a montré il y a deux ou trois ans. Voici: « Il est essentiel de reconnaître que le respect en milieu de travail n’est pas un objectif final; il s’agit d’un effort de tous les instants, jour après jour, plutôt que d’un projet concret à achever ».
C’est vrai, et jour après jour, le SCC s’efforce d’instaurer une culture où nous donnons tous l’exemple et où nous nous motivons mutuellement à accomplir notre importante mission et à obtenir des résultats correctionnels positifs.
Merci.
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Je pourrais peut-être répondre d'abord.
Il va sans dire que le travail en milieu correctionnel est très exigeant. Il est vrai que notre personnel de première ligne s'expose à des événements traumatisants. Il doit évidemment réagir parfois, par exemple, à des surdoses, à des comportements d'automutilation et à des tentatives de suicide potentielles. C'est très difficile.
Malgré tout, selon nos résultats dans le Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2019, le pourcentage de répondants qui affirment avoir été victimes de harcèlement a baissé de 6 %. Le pourcentage de répondants qui se disent satisfaits de la qualité de la supervision a aussi augmenté, tout comme la proportion de ceux qui se disent satisfaits de la façon dont les problèmes interpersonnels sont réglés.
Nous constatons que les initiatives que nous avons mises en place donnent des résultats positifs, même si nous comprenons qu'il y a encore du travail à faire, bien sûr. Je suis d'accord avec vous: il faut que les employés se sentent valorisés. Je travaille aussi à Service correctionnel Canada depuis 37 ans. J'adore mon travail, et j'adore être au travail. Je veux que cela soit la même chose pour tous les employés.
Une autre statistique que je veux mentionner est que, selon le Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux, 84 % des membres de notre personnel sont fiers de leur travail. C'est remarquable.
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Bien sûr. Pour faire suite à ce que ma collègue vient de dire et pour répondre à la première partie de votre question, je dirais qu'il faut comprendre la structure de l'organisation. Il est vrai que les projecteurs ont été braqués sur les organismes d'application de la loi et les cultures qui leur sont propres au cours des dernières années, mais je crois que, depuis tout récemment, nous avons enfin les outils et le contexte pour examiner ce genre de choses et nous demander si c'est ce que nous voulons vraiment.
Bien sûr, tout le monde dirait que non, et si nous ne sommes pas heureux de la situation, alors il faut changer les choses. Je suis extrêmement fier du travail que nous avons accompli. Par exemple, nous avons un comité consultatif sur les minorités visibles — un comité proche du terrain, qui s'est formé lui-même — qui me fournit des conseils. Par exemple, il m'a conseillé, après la mort de M. George Floyd pendant l'été, de diffuser des messages et d'offrir du soutien à nos employés de race noire.
De façon plus générale, il y a des discussions que nous devons avoir pour comprendre la culture de l'organisation et ce que nous sommes prêts à changer. Nous déployons énormément d'efforts de ce côté-là. Je crois que l'un des facteurs de succès clés a été le fait que nous avons une équipe qui étudie la culture à temps plein au bureau de la transformation de l'ASFC, pour travailler avec notre organisation qui est très dispersée. J'ai plus de 100 points d'entrée d'un bout à l'autre du pays et des gens qui travaillent à l'étranger dans 40 pays, alors le fait de solliciter les gens, d'avoir ces conversations, d'écouter les employés et, essentiellement, de mettre le doigt sur le bobo et d'en parler... Les gens commencent à avoir confiance, et je crois que cela se voit dans certains des résultats au sondage; il y a une tendance positive qui se dessine. Je veux être clair: les changements culturels prennent du temps et des efforts de chaque instant, mais nous sommes tout à fait engagés à poursuivre ces efforts.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je veux tout d'abord saluer les témoins et les remercier de leur présence aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à M. Dompierre.
Les conclusions du rapport de votre bureau sur les audits étaient, à mon sens, plutôt dévastatrices. Prenons les pièces 1.1 et 1.2 concernant les plaintes de harcèlement et les préoccupations des employés du Service correctionnel du Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada. Selon le sondage que vous avez nommé, trois employés sur quatre considèrent que la culture organisationnelle est une préoccupation grave ou importante pour eux. Trois personnes sur quatre, c'est assez accablant.
Nous connaissons bien la procédure, monsieur Dompierre, qui dicte votre action et votre impartialité comme agent du Parlement dans l'exercice de vos fonctions et quant au choix de vos sujets d'étude. C'est tout à votre honneur, et c'est ce que les députés et les contribuables attendent de vous. Les contribuables s'attendent à ce que vous jouiez un rôle de chien de garde de leurs intérêts financiers, mais aussi de la saine gestion des fonds publics.
À propos des suites à donner à votre rapport sur les relations de travail et sur le respect fondamental qui doit prévaloir tant au Service correctionnel du Canada qu'à l'Agence des services frontaliers du Canada, pouvez-vous affirmer sans le moindre doute que les corrections prévues et apportées sauront véritablement corriger une situation qui est à mes yeux fort troublante?
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Je vous remercie de votre question.
Lorsque nous avons fait le sondage, nous avons aussi constaté, si vous vous en souvenez bien, que les gens craignaient des représailles s'ils faisaient des plaintes liées au harcèlement, à la discrimination ou à la violence en milieu de travail.
À la pièce 1.2, dont vous faites mention, il s'agit d'un mécanisme prévu par la politique du Conseil du Trésor qui donne aux plaignants le droit de recourir à un processus informel pour régler le problème en question. Évidemment, si les gens ne se font pas offrir cette possibilité, cela va nécessairement miner la crédibilité du processus. On sera moins convaincu que la plainte en question sera considérée uniformément dans le processus.
Alors, tout se joue dans la façon dont les plaintes sont gérées et, par la même occasion, dans la façon dont les gens sont mis au courant des divers recours auxquels ils ont droit dans le cadre du processus de plainte.
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Je vous remercie de ces précisions, monsieur Dompierre.
Je vais maintenant m'adresser à M. Ossowski.
Bonjour, monsieur Ossowski. Disons que les conclusions du rapport du Bureau de la vérificatrice générale n'étaient pas tout à fait élogieuses pour votre organisation. M. Dompierre a soulevé plus tôt le stress lié à la pandémie actuelle, ce qui peut influer sur le côté personnel des individus et mener à des actions regrettables et très répréhensibles de la part des autorités compétentes de certaines organisations.
Donc, tout le monde est à fleur de peau, pour certaines raisons qui sont indépendantes de notre volonté, et c'est compréhensible, mais il faut néanmoins garder notre calme. À mes yeux, votre organisation est la principale organisation qui assure la sécurité de tous nos concitoyens et la santé de toutes nos communautés, particulièrement maintenant. Vous voyez ce que je veux dire.
À la lumière des conclusions du Bureau de la vérificatrice générale, et surtout compte tenu de l'incidence fondamentale de l'Agence des services frontaliers sur la sécurité collective, pouvez-vous assurer au Comité que tout sera réglé sans recourir à de grandes études ou encore à de grandes réunions stratégiques?
Avez-vous l'autorité morale auprès de vos troupes pour ramener tout le monde à l'ordre et dire qu'on doit serrer les rangs?
Prenons un peu les choses dans l'ordre. Bien évidemment, nous accordons beaucoup d'importance à ces résultats. À ce sujet, nous sommes même en train de mener notre propre audit interne pour évaluer nos progrès en 2021-2022. Je dirais, comme dans ma déclaration d'ouverture, que nous sommes vraiment conscients de l'importance des mécanismes de règlement informel pour résoudre ce genre de choses. À dire vrai, nous avons donné aux membres du personnel plus de 80 séances d'information sur la gestion informelle des conflits, afin qu'ils connaissent leurs options.
Il y a aussi une petite fausse idée que j'aimerais corriger: quand il est question de harcèlement et de discrimination, les gens croient toujours que c'est quelque chose que les gestionnaires font à leurs employés, alors que dans la majorité des cas, cela se fait entre les employés. C'est très important de le savoir. Il ne s'agit pas de gestionnaires qui tyrannisent leurs employés. C'est quelque chose qui existe à tous les échelons, de haut en bas et latéralement.
Quant à la question de savoir si j'ai l'autorité morale de tout régler, c'est intéressant, parce que je dirais plutôt que tous les membres de l'organisation ont la responsabilité collective d'améliorer les choses. Si vous voyez quelque chose de mal, vous devez agir. C'est ce que j'essaie d'inculquer à l'organisation. Ne cachez rien. S'il y a quelque chose qui cloche — et tout le monde sait distinguer essentiellement le bien du mal dans ce genre de situation —, vous avez le devoir d'agir. C'est le message que nous voulons faire passer. La culture de l'organisation était de cacher les choses, et c'est en partie ce que nous changeons. Il faut dénoncer ces situations et agir, en employant des formations et des processus appropriés et en choisissant les bonnes personnes, afin que les gens puissent agir correctement et empêcher que les situations s'enveniment et que nous nous retrouvions avec un problème énorme qui rendra les choses difficiles pour tout le monde.
Nous avons commencé par quelque chose de très simple, par une tournée de consultations. Peu après mon arrivée... j'ai travaillé dans d'autres organisations où le fait de comprendre la culture a vraiment été, à mon avis, un facteur clé pour tout changement, et les commentaires dans les sondages réalisés par le vérificateur général, avec tout le respect que je lui dois, ou même dans le Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux... Cela ne nous aidait pas à comprendre le problème. Nous avons fait le tour du pays et avons mené des dizaines et des dizaines de consultations auprès des employés. Disons que nous appliquions les règles de Chatham House, et nous demandions: « D'accord, qu'est-ce qui se passe? »
Deux résultats: d'abord, nous avons obtenu un portrait plus clair de la situation, et ensuite, nos employés ont commencé à avoir confiance dans le fait que nous étions à l'écoute, que nous allions faire quelque chose et que nous ne prenions pas les choses à la légère. Nous commençons tout juste à voir les retombées positives de cela. Maintenant, nous menons quelques sondages rapides pour prendre le pouls de la situation, et pour répondre spécifiquement à la dernière question du député...
Je veux remercier mes collègues des questions réfléchies qu'ils ont posées jusqu'ici. Cela m'a été très utile.
J'aimerais aussi remercier nos témoins des progrès qu'ils ont accomplis et aussi dire que je suis certain que les représentants des deux organisations ont dû affronter des périodes difficiles à cause de la pandémie. Je pense surtout à M. Ossowski, aux frontières. Je suis sûr que vous travaillez d'arrache-pied pour veiller à la sécurité de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes. Je tiens à vous en remercier.
Cela dit, il y a une chose clé que j'aimerais examiner en détail: le processus d'approbation. Je crois que cela contribue réellement à faire en sorte que nous ayons un milieu de travail relativement...
Je pose la question à l'ASFC et au Service correctionnel: quel processus avez-vous en place pour veiller à ce que les personnes mal intentionnées — les pommes pourries, disons —, les gens qui sont peut-être enclins à ce genre de comportements ne soient pas embauchés à l'ASFC ou au Service correctionnel?
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Je peux répondre en premier.
Encore une fois, le Service correctionnel est un milieu de travail stressant, et à cause de la COVID, nous avons évidemment dû relever des défis pour nous assurer que tout le monde reste en sécurité.
En ce qui a trait au recrutement, par exemple, nous avons un processus de sélection pour les agents correctionnels. Les candidats doivent passer des tests, par exemple pour que l'on puisse évaluer leur jugement dans certaines situations. Nous voulons nous assurer de choisir les bonnes personnes. Ensuite, ils doivent suivre un programme de formation rigoureux.
Nous avons des programmes pour les agents correctionnels qui terminent leur formation, et assurément, en tant que commissaire, j'essaie le plus possible d'y assister et de leur parler du fait qu'ils sont des agents de la paix, de souligner l'importance du respect et de l'éthique et du fait qu'ils doivent servir de modèles aux délinquants. Nous tâchons vraiment d'embaucher les meilleurs agents possible, parce que nous remplissons un devoir important auprès d'une population difficile, et les agents doivent absolument être des modèles à suivre pour cette population.
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C'est très semblable. Nous passons beaucoup de temps à effectuer une vérification préliminaire des candidats, en particulier lorsqu'il s'agit de postes de première ligne, mais aussi pour les postes de cadre. Nous insistons beaucoup sur ce qu'on appelle le leadership fondé sur le caractère. C'est quelque chose qui nous vient de l'Ivey Business School, de l'Université Western. Essentiellement, il faut que la personne fasse preuve de jugement. Nous évaluons les gens, nous recrutons des gens, et il y a tout un processus d'entrevue pour que nous soyons sûrs dès le début que les candidats ont la bonne attitude, disons, pour ce travail.
Ensuite, après l'embauche, il y a le programme de formation. C'est un programme de formation très rigoureux d'environ 20 semaines pour les agents de première ligne. La majeure partie de la formation se fait sur les lieux, dans notre propre centre de formation.
Pour le reste de la formation, en ce qui a trait à la création d'un milieu de travail respectueux, aux valeurs et à l'éthique, à la divulgation des actes répréhensibles, à la sensibilisation en matière de santé mentale, à la diversité et aux relations raciales, nous avons mis en place toutes sortes de programmes, et le taux de réussite est très élevé. Jusqu'ici, tous les programmes ont un taux de réussite d'environ 90 % ou plus.
Nous continuons de faire la promotion de ces formations et d'offrir ce genre de soutien aux gens, afin qu'ils comprennent que les choses se font ainsi au travail maintenant et que nous avons tourné la page. Nous prenons des mesures concrètes pour aller de l'avant.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, tout le monde.
Bien sûr, comme cela a été dit plus tôt aujourd'hui à l'occasion de la journée Bell Cause pour la cause, cela ne m'a pas échappé que notre discussion d'aujourd'hui sur l'environnement en milieu de travail ne se restreint pas à la fonction publique; cela vaut aussi pour le secteur privé de notre pays. Tous les Canadiens et toutes les Canadiennes doivent savoir que, lorsqu'ils quittent leur famille pour se rendre au travail chaque jour, ils seront dans un environnement exempt de harcèlement, de discrimination ou d'autres bêtises, si je peux m'exprimer ainsi.
Ma première question s'adresse aux fantastiques représentants du Bureau du vérificateur général. Je suis à la page 16 du rapport. Je viens du domaine de la finance, et j'aime les données; j'aime regarder les chiffres, parce qu'ils racontent souvent une histoire. L'histoire sera peut-être différente selon la personne qui lit les chiffres, mais il y a souvent une histoire tout de même.
À propos de la rigueur... quand j'ai fait mon cours d'économétrie pendant mes études supérieures, il y a environ 25 ans, on parlait toujours de la rigueur des données d'un échantillon. Je vois ici que le sondage a été envoyé à environ 16 000 employés de l'ASFC, et que le taux de réponse a été de 38 %. Du côté du Service correctionnel du Canada, c'est 19 000 employés, et un taux de réponse de 28 %.
Compte tenu du taux de réponse, que pensez-vous de la rigueur des données obtenues?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Ma question s'adresse à M. Dompierre.
Comme vous l'avez très bien formulé dans votre allocution d'ouverture, pour que des plaintes soient traitées, il faut d'abord que les gens en déposent. Vous avez également mentionné que des problèmes lors de l'évaluation initiale pouvaient entraîner des incohérences dans le processus décisionnel de traitement des plaintes. J'insiste sur les chiffres, vu que c'est assez alarmant: autant à l'Agence des services frontaliers du Canada qu'au Service correctionnel du Canada, on parle de près de deux employés sur quatre qui ont des problèmes quant aux décisions liées au processus de plainte en matière de harcèlement.
Pour ce qui est des plaintes relatives à la violence en milieu de travail, c'est également assez catastrophique. On indique en effet que plus de trois employés sur quatre ont formulé des plaintes. Il y a vraiment un problème quant au processus décisionnel et au traitement des plaintes. Vous avez également mentionné que cela pouvait « créer chez les employés une perception de parti pris et diminuer leur confiance dans le processus [...] ».
Je me demande vraiment comment les employés peuvent être suffisamment confiants pour formuler des plaintes si, en réalité, le processus décisionnel est miné à l'avance.
:
Je vous remercie de la précision.
Si l'on veut qu'une plainte soit considérée et traitée adéquatement, il faut qu'une évaluation initiale de la plainte soit faite. Les gens doivent être assurés que, s'ils soumettent une plainte à l'enquêteur, celle-ci sera traitée correctement, prise en considération et bien évaluée.
Dans le cas de l'exemple que vous donnez, les enquêteurs ont l'obligation d'examiner la plainte et de déterminer si elle cadre avec la définition du harcèlement, par exemple. Par la suite, les enquêteurs doivent documenter ces éléments pour démontrer qu'ils ont pris les bonnes décisions. Dans le cadre de notre travail, lorsque nous avons examiné les dossiers, nous avons constaté qu'ils ne contenaient pas cette information.
Pour revenir à ce que vous disiez, il faut que les plaintes soient traitées et considérées adéquatement afin que les gens puissent faire confiance au système et déposer des plaintes sans craindre des représailles. Il faut s'assurer que le traitement de leurs plaintes se fait correctement.
Dans sa déclaration d'ouverture, mon ami M. Webber a mis l'accent sur le fait que ces ministères ont été choisis à l'exclusion d'autres. Je crois qu'il serait important, pour la suite des choses, de nous demander peut-être s'il y a d'autres organisations que nous voudrions étudier, y compris bien sûr la Colline du Parlement.
Monsieur Dompierre, au cours de votre audit, vous avez mené un sondage auprès des employés de l'ASFC et du SCC sur trois aspects, soit le manque de courtoisie et le respect, la culture organisationnelle et la confiance de pouvoir rapporter sans crainte de représailles des incidents de harcèlement. Vous avez constaté que, dans les deux organisations, les employés avaient des préoccupations importantes à cet égard. Avez-vous noté des différences significatives entre les réponses des hommes et des femmes, et si oui, quelles sont-elles?
Je vais continuer de m'adresser à vous, madame Kelly. Au paragraphe 1.26 du rapport d'audit, il est écrit que, entre 2017 et 2018, le Service correctionnel du Canada a mené des évaluations dans 18 de ses 148 unités organisationnelles, y compris des établissements et des bureaux de libération conditionnelle. Bien sûr, ces évaluations ont pour but de faire ressortir les risques liés à la sûreté, à la sécurité et au bien-être des employés dans chaque unité, pour ultérieurement élaborer une stratégie de gestion des risques adaptée à chaque unité. Cependant, ces 18 évaluations ne représentent qu'un peu plus de 10 % des 148 unités organisationnelles dans tout le SCC. Est-ce que cela reflète vraiment un engagement organisationnel concret visant à cerner les risques pour les employés?
Après avoir lu le rapport, j'ai l'impression qu'on se traîne les pieds. Je sais que cela remonte à 2017-2018, et je suis sûr que les choses se sont améliorées depuis, mais pourquoi a-t-on évalué seulement 10 % des unités organisationnelles à ce moment-là? Quelle est la situation actuelle, en ce qui concerne l'évaluation des unités? Est-ce que toutes vos unités ont été évaluées?
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Je vous remercie, madame la présidente.
J'aimerais remercier M. Lawrence de m'avoir accordé ses 30 secondes restantes. J'espère que je bénéficierai de six minutes et demie.
Je remercie les témoins de leur présence, ainsi que mes collègues d'avoir posé des questions aussi probantes.
Je suis député, mais j'ai aussi le privilège de faire partie du caucus des parlementaires noirs. Nos témoins vont comprendre la raison pour laquelle je vais poser des questions sur la discrimination dans leurs rangs.
Mon premier commentaire s'adresse au Bureau du vérificateur général. Je pense qu'il y a un consensus selon lequel, lorsque nous mènerons des études à l'avenir sur ces questions, il faudra faire tout ce qui est possible pour désagréger les données. Il est très important de voir les problèmes qui existent, par exemple en ce qui concerne les femmes racisées et celles qui font partie des groupes visés par l'équité en matière d'emploi dans la fonction publique. Dorénavant, il sera très important de poser ces questions et de ne pas juste réagir après coup.
Ma question s'adresse à M. Ossowski et à Mme Kelly.
En réponse à une question — je ne me souviens plus qui l'avait posée —, vous avez dit que la plupart des cas de discrimination surviennent entre employés et pas nécessairement entre cadres. Cependant, le rapport de la vérificatrice générale conclut ce qui suit:
[...] nous avons constaté que les organisations avaient ordonné des mesures de rétablissement qui visaient seulement les personnes concernées. Autrement dit, les mesures de rétablissement ne visaient pas à établir ou à rétablir des relations de travail harmonieuses au sein de l'équipe, de l'unité ou du groupe touché. Cela est important parce que les comportements à l'origine de ces plaintes peuvent avoir une incidence vaste et durable sur les relations en milieu de travail.
Je suis complètement d'accord sur cette conclusion.
Pensez-vous qu'il est important d'avoir le contexte? Ce n'est pas une dispute entre deux employés. Quand quelque chose se produit, il faut respecter les règlements du Conseil du Trésor et intervenir de façon plus large dans l'unité où surviennent ces cas de discrimination.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Ma question s'adresse à Mme Kelly.
Bonjour, madame Kelly. Je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Dans votre allocution d'ouverture, vous avez bien dit qu'un changement de culture ne se produisait pas du jour au lendemain. Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Cependant, nous constatons qu'en 2005, 32 % des employés de Service correctionnel Canada disaient déjà avoir subi du harcèlement de la part de supérieurs au cours des deux années précédentes. À cette époque, c'était déjà presque deux fois plus que la norme de la fonction publique, qui était de 17 %.
Selon les données que nous avons aujourd'hui, c'est encore assez troublant, voire accablant. À Service correctionnel Canada, selon le sondage du Bureau du vérificateur général, près de trois employés sur quatre ont des préoccupations importantes quant à la culture organisationnelle. Une personne sur deux craindrait également de subir des représailles dans le milieu de travail, s'il était signalé qu'un employé était victime d'un acte de harcèlement, de discrimination ou de violence commis par un autre employé ou un gestionnaire.
Madame Kelly, on constate que cette culture organisationnelle semble s'être propagée à plusieurs égards au cours des dernières années. Bien sûr, je mentionne l'incident de 2016, où le Commissariat à l'intégrité du secteur public du Canada avait lancé l'enquête sur le comportement de Mme Brigitte de Blois, qui était la directrice de la Division des recours des délinquants entre 2010 et 2015. Ce rapport assez accablant disait qu'elle faisait régner un climat de terreur pendant ces années. Au moment où ces faits ont été rapportés, en février 2017, le commissaire adjoint de Service correctionnel du Canada, M. Motiuk, avait fait l'objet d'une enquête distincte, parce que des témoignages avaient été présentés. Cependant, il n'y avait pas eu de mesures relativement aux informations alléguées visant Mme de Bois. À l'époque, vous étiez en poste par intérim. Par la suite, des mesures disciplinaires avaient quand même été prises à l'égard de Mme de Blois et de M. Motiuk.
Aujourd'hui, ma question est très simple. J'essaie de comprendre la situation, qui dure depuis plusieurs années. Il y a des faits accablants. Pourquoi, encore aujourd'hui à Service correctionnel Canada, le harcèlement n'est-il pas considéré comme un risque d'entreprise?
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Naturellement, nous travaillons fort sur cette question.
Comme je l'ai dit, en 2019 et en 2020, nous avons quand même vu une diminution des plaintes de harcèlement. C'est l'un des sujets dont nous discutons de façon régulière.
En matière de crainte de représailles, nous avons mis en place un site de dénonciation et un courriel générique où les gens peuvent faire part de leurs inquiétudes et de leurs préoccupations. Nous avons aussi inclus du langage robuste dans nos évaluations de rendement pour tous les superviseurs, les gestionnaires et les cadres. Sur le plan de la civilité et du respect, nous avons lancé une campagne annuelle pour promouvoir un milieu de travail respectueux. Nous produisons aussi un rapport annuel sur le climat de travail, qui contient une base de données pour voir si nous faisons des progrès au cours des années.
Sur le plan de la culture, nous travaillons extrêmement fort. Nous avons maintenant une stratégie annuelle vraiment exhaustive. Nous ferons aussi une vérification de la culture de Service correctionnel Canada. Beaucoup d'initiatives sont en place.
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Je vous remercie de ces précisions, madame Kelly.
Je vais être plus précis. La culture organisationnelle part du haut et va vers le bas. Donc, les hauts fonctionnaires inspirent les gens de l'organisation.
À l'époque, quand on avait fait preuve de négligence ou d'inaction concernant les comportements de Mme de Blois et de M. Motiuk, il a été impossible d'obtenir des précisions sur la nature des sanctions. Ces deux personnes ont conservé leur emploi en tant que directrice et commissaire adjoint respectivement.
Ils faisaient régner un climat de terreur. Nous comprenons déjà que la pyramide fait descendre ce climat organisationnel et que cela n'incite pas à le changer.
Pouvez-vous affirmer qu'aucun problème du genre n’existe actuellement chez les hauts fonctionnaires de Service correctionnel Canada?
De 2010 à 2015, c'est-à-dire pendant cinq ans, nous avons quand même pu observer ce comportement inadéquat chez Mme de Blois.
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Oui. Durant la première vague, 360 délinquants ont été déclarés positifs, et il y a eu deux décès. Maintenant, pendant la deuxième vague, nous avons seulement 15 cas actifs présentement. Pour ce qui est de notre personnel, nous avons 511 personnes qui ont été déclarées positives, mais 94 % se sont déjà rétablies. C’est certain que cela n’a pas été facile.
J’aimerais souligner le travail de tout notre personnel, en particulier nos agents correctionnels de première ligne. Notre organisation roule 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par année, et les employés font un travail exceptionnel. Nous avons vraiment travaillé main dans la main, et je voulais saluer leur travail.
Une autre difficulté, quand il y a des cas de COVID-19 dans nos établissements, c’est que nous devons restreindre les déplacements.
Malgré tout, je dois dire que j’ai reçu plus de lettres de délinquants que jamais remerciant l’organisation de les garder en sécurité. Je communique chaque semaine avec le personnel et avec les délinquants pour les tenir au courant de la situation, alors tout le monde sait ce qui se passe.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins de leur témoignage d’aujourd’hui.
On dirait bien que je suis à l’arrière de la file pour ce qui est des questions posées et de certaines discussions. Malgré cela, je vais poser une question un peu plus générale. Nous avons examiné les résultats du rapport du vérificateur général sur ce domaine précis.
Madame Kelly, M. Green a dit que vous travaillez dans la fonction publique depuis 37 ans. Nous vous en remercions.
J’aimerais savoir si, de votre point de vue, vous avez constaté une tendance graduelle à l’amélioration, même si ce n’est qu’il y a maintenant des discussions à propos du harcèlement au travail. Avec vos quatre décennies ou presque d’expérience, pouvez-vous nous parler un peu de la façon dont nous avons été en mesure de faire bouger les choses dans la bonne direction? Il y a bien sûr encore du travail à faire, mais pouvez-vous nous parler de cela?
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J’ai commencé en 1983. J’ai travaillé dans de nombreux établissements, en Ontario et dans la région du Pacifique. Je peux dire sans l’ombre d’un doute que j’ai constaté des améliorations en cours de route.
Tout d’abord, à mes débuts, j’étais l’une des rares femmes. Je suis devenue gestionnaire assez rapidement, et à ce moment-là, j’étais bien souvent la seule femme dans la pièce.
Pour ce qui est du harcèlement, de la discrimination et de la violence au travail, le contexte est beaucoup plus ouvert qu’il ne l’était à mes débuts il y a 37 ans. Dans ce temps-là, les gens dénonçaient peu.
Il y a aussi des différences générationnelles. Je crois que, il y a 37 ans, la mentalité était davantage: vous allez travailler, vous faites votre travail et vous retournez chez vous. Aujourd’hui, je constate que les gens sont beaucoup plus disposés à dire comment ils se sentent, ce qu’ils vivent. C’est une bonne chose, selon moi. Ils sont aussi beaucoup plus disposés à le dire aux échelons supérieurs de l’organisation. Je reçois des messages d’employés, et je réponds à tous les messages que je reçois; il en va de même pour tous les membres de mon comité de direction.
À mon avis, il est clair qu’il y a eu des changements positifs. Je crois que le changement le plus important est le fait que les gens sont prêts à parler du problème. Je crois que c’est une responsabilité commune. Tout le monde a son rôle à jouer pour faire en sorte que l’environnement de travail est sain et sécuritaire.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je ferai d'abord une observation importante à M. Ossowski et à Mme Kelly, puis je poserai une question à M. Dompierre.
Ces derniers jours, l'actualité est marquée par le climat de travail à Rideau Hall. Compte tenu des informations dont nous disposons actuellement, il est particulièrement troublant de savoir qu'au plus haut échelon de l'État, même la gouverneure générale fait l'objet de plaintes concernant des comportements répréhensibles. Les conséquences sont immenses.
Monsieur Dompierre, pouvez-vous dire au Comité si le Bureau fera un suivi relativement à cette situation ou si, à tout le moins, elle demeurera sur l'écran de votre radar, si je peux m'exprimer ainsi, pour le bien des employés visés?
À mon avis, l'exemple doit venir d'en haut et cela ne peut pas venir de plus haut que du Bureau du vérificateur général.