Bienvenue à la 28e séance du Comité permanent des comptes publics.
La séance du comité est publique et télévisée.
Conformément à l'alinéa 108(3)g) du Règlement, le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier le « Rapport 3 — Accès à l'eau potable salubre dans les collectivités des Premières Nations — Services aux Autochtones Canada » qui fait partie de la série de rapports 1 à 5 de 2021 du Bureau du vérificateur général du Canada.
La séance d'aujourd'hui est hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier 2021. Par conséquent, les membres peuvent assister en personne dans la salle ou à distance grâce à l'application Zoom. Cependant, je crois comprendre que tout le monde est présent virtuellement aujourd'hui, mais pour les personnes sur place, je vais simplement faire quelques rappels.
Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le son du parquet, l'anglais ou le français. Avant de parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Après avoir fini de parler, veuillez mettre votre micro en sourdine pour réduire au minimum toute interférence. Veuillez aussi parler lentement et clairement.
Sauf circonstances exceptionnelles, l'utilisation de casques d'écoute munis d'un microphone est obligatoire pour toutes les personnes qui participent à distance.
Si vous avez des problèmes techniques, veuillez en aviser la présidence. Veuillez noter que nous devrons peut-être suspendre la séance pendant quelques minutes afin de donner à tous les membres la possibilité de participer pleinement.
Si les membres du Comité sont d'accord, je prendrai environ cinq minutes à la fin de la séance pour discuter des travaux du Comité.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons, du Bureau du vérificateur général, Karen Hogan, vérificatrice générale du Canada, et Glenn Wheeler, directeur principal. Du ministère des Services aux Autochtones, nous accueillons Christiane Fox, sous-ministre; Joanne Wilkinson, sous-ministre adjointe principale, Secteur des opérations régionales; Chad Westmacott, directeur général, Direction générale des infrastructures communautaires; et Jennifer Esdaile, directrice, Gestion stratégique de l'eau.
Je cède maintenant la parole à Mme Hogan pour cinq minutes.
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Madame la présidente, merci de nous donner l'occasion de discuter de notre récent rapport sur l'accès à une eau potable salubre dans les collectivités des Premières Nations. Je suis accompagnée aujourd'hui de Glenn Wheeler, le directeur principal qui était chargé de cet audit.
L'accès fiable à une eau potable est essentiel à la santé et au mieux-être, y compris pour les habitants des plus de 600 collectivités des Premières Nations au Canada. Beaucoup de ces collectivités vivent depuis longtemps sans avoir l'assurance que leur eau potable est salubre.
En 2015, le gouvernement fédéral a promis de lever tous les avis à long terme sur la qualité de l'eau potable touchant les réseaux publics dans les réserves des Premières Nations d'ici le 31 mars 2021.
Dans l'ensemble, Services aux Autochtones Canada n'a pas fourni l'aide nécessaire pour garantir aux collectivités des Premières Nations un accès continu à une eau potable salubre. De fait, en décembre 2020, le a admis que le ministère n'était pas en voie d'atteindre son objectif du 31 mars.
Nous avons constaté que depuis l'engagement du gouvernement fédéral en 2015, il y avait eu en tout 160 avis à long terme sur la qualité de l'eau potable dans les collectivités des Premières Nations. Au 1er novembre 2020, 60 de ces avis étaient toujours en vigueur dans 41 collectivités des Premières Nations, et près de la moitié l'étaient depuis plus de 10 ans.
Nous avons aussi constaté que certains avis à long terme avaient seulement été levés en raison de mesures provisoires, qui ne corrigeaient pas complètement les problèmes sous-jacents. Pour certains de ces réseaux d'alimentation en eau, des solutions à long terme n'étaient pas prévues avant 2025.
[Français]
L'équipe d'audit a aussi constaté que les efforts de Services aux Autochtones Canada avaient été limités par une politique et une formule désuètes pour financer le fonctionnement et l'entretien des réseaux publics d'alimentation en eau. Le ministère n'avait pas modifié la formule de financement depuis sa création, il y a 30 ans. Tant que cette formule ne sera pas mise à jour, il sera difficile de savoir si les augmentations récentes de financement suffiront aux besoins des Premières Nations en matière d'infrastructures liées à l'eau.
Le ministère collabore avec les Premières Nations pour fournir à leurs collectivités des mesures de protection de l'eau potable comparables à celles des autres collectivités du Canada. Cependant, 15 ans après notre première recommandation à ce sujet, nous avons constaté qu'il n'y a toujours pas de régime de réglementation en place.
Le gouvernement fédéral souligne l'importance de la réconciliation et du renouvellement d'une relation de nation à nation entre le Canada et les collectivités autochtones. Cette relation est fondée sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones, le respect, la coopération et le partenariat. Services aux Autochtones Canada doit donc collaborer avec les Premières Nations pour trouver et appliquer des solutions à long terme, qui donneront à leurs collectivités l'accès à une eau potable salubre. C'est un élément clé de la réconciliation.
Au cours des dernières décennies, plusieurs de mes prédécesseurs se sont inquiétés de l'inefficacité des programmes destinés aux peuples autochtones du Canada. Je suis moi aussi préoccupée et, honnêtement, découragée d'avoir à présenter un rapport sur un problème de si longue date qui n'est toujours pas résolu. L'accès à l'eau potable est un besoin humain fondamental. Je ne peux imaginer que quelqu'un puisse trouver que cette situation est acceptable au Canada en 2021.
Nous avons formulé cinq recommandations visant Services aux Autochtones Canada, et le ministère les a toutes acceptées.
Je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
[Traduction]
Bonjour tout le monde.
[Français]
Je tiens d'abord à souligner que je me trouve sur le territoire non cédé du peuple algonquin.
Je vous remercie de m'accueillir au Comité.
Le gouvernement du Canada a fixé au premier rang de ses priorités l'accès de chaque citoyen du pays à une source fiable d'eau potable, salubre et propre.
Le ministère a accueilli favorablement le rapport de la vérificatrice générale du Canada et partage l'engagement de cette dernière à l'égard de la question de l'eau potable dans les communautés des Premières Nations. Ce rapport comprend cinq recommandations, qui concordent toutes avec les mesures prises par le gouvernement pour veiller à ce que chaque communauté des Premières Nations ait accès à de l'eau propre.
Le ministère demeure engagé à mettre à exécution le Plan d'action, à travailler en partenariat avec les Premières Nations et à suivre le programme de transformation.
Permettez-moi de commencer en notant que les effets de la COVID-19 au cours de la dernière année ne peuvent être sous-estimés. La pandémie a retardé l'achèvement des projets d'infrastructure dans tout le pays, y compris les projets visant à lever les avis à long terme sur la qualité de l'eau potable. La santé et le bien-être des membres des communautés des Premières Nations demeurent notre priorité absolue.
Les Premières Nations dirigent les mesures visant à protéger leurs communautés contre la COVID-19. Dans certains cas, la pandémie a nui à l'acheminement de l'équipement et des ressources jusqu'aux communautés, en particulier dans les régions éloignées du Nord.
Le gouvernement a récemment annoncé des investissements importants pour poursuivre les travaux visant à lever les avis à long terme sur la qualité de l'eau potable, pour continuer à soutenir les investissements dans les infrastructures d'eau et d'eaux usées et pour l'exploitation et l'entretien des systèmes d'eau et d'eaux usées.
Grâce aux investissements combinés réalisés dans le cadre du budget de 2019 et le financement supplémentaire de 1,5 milliard de dollars annoncé par le ministère en décembre 2020, d'ici 2025, Services aux Autochtones Canada aura multiplié par près de quatre le financement annuel qu'il fournit aux Premières Nations en appui aux opérations et à l'entretien.
Le montant correspondant à l'augmentation du financement des opérations et de l'entretien a déjà commencé à être versé directement aux Premières Nations, puisque des suppléments à cet effet ont été versés pour l'année 2020-2021.
De plus, le budget de 2021 prévoit 4,3 milliards de dollars sur quatre ans pour soutenir les projets d'infrastructure dans les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis, ainsi que 1,7 milliard de dollars sur cinq ans pour assumer les coûts de fonctionnement et d'entretien des infrastructures communautaires dans les réserves des Premières Nations.
[Traduction]
En collaboration avec les partenaires autochtones, ces investissements contribueront à combler les écarts entre les peuples autochtones et non autochtones, favoriseront la santé, la sécurité et la prospérité des communautés autochtones et favoriseront une véritable réconciliation avec les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse. Ces investissements permettront de poursuivre les mesures liées aux infrastructures et à l'eau potable.
L'engagement consultatif à long terme sur l'eau potable a été pris afin d'aborder les questions et les préoccupations relatives à l'eau potable dans les réserves. En partenariat avec les Premières Nations, le gouvernement a pris collectivement un certain nombre de mesures importantes qui ont amélioré l'eau potable dans les réserves.
En novembre 2015, on comptait 105 avis à long terme concernant la qualité de l'eau potable dans les réseaux publics des réserves à l'échelle du pays. Depuis, 58 avis à long terme ont été ajoutés et les Premières Nations, avec l'appui de Services aux Autochtones Canada, ont depuis levé 106 avis à long terme. De plus, 179 avis à court terme sur la qualité de l'eau potable qui risquaient de devenir des avis à long terme ont été levés, ce qui permet aux Premières Nations de disposer d'une eau saine.
Des initiatives sont en cours pour régler chacun des 52 avis à long terme sur la qualité de l'eau potable qui demeurent en vigueur dans 33 communautés.
Des solutions à long terme sont en cours dans tous les cas où des mesures provisoires ont été mises en place pour fournir de l'eau potable aux communautés le plus rapidement possible.
Le ministère continue également d'appuyer le processus d'engagement dirigé par les Premières Nations pour l'élaboration d'une stratégie à long terme visant à assurer la durabilité des réseaux d'eau potable. Services aux Autochtones Canada continuera de veiller à ce que des fonds soient disponibles pour s'engager dans ces projets importants, et répondre aux besoins à long terme des communautés.
Conformément aux recommandations du Bureau du vérificateur général, le gouvernement continue de collaborer avec les Premières Nations pour effectuer des inspections du rendement des réseaux d'alimentation en eau chaque année, et des évaluations de l'état des biens tous les trois ans afin de déceler toute lacune.
Néanmoins, nous sommes conscients qu'il reste du travail à faire, et le gouvernement apprécie les commentaires du Bureau du vérificateur général et d'autres observateurs. Le ministère continuera de travailler de concert avec ses partenaires des Premières Nations pour améliorer l'infrastructure de l'eau dans les réserves et favoriser l'accès à une eau potable et salubre.
En conclusion, nous demeurons engagés à assurer la potabilité de l'eau dans les collectivités des Premières Nations, aujourd'hui et pour l'avenir.
Meegwetch, nakurmiik, marsi, thank you, merci.
[Français]
Merci.
:
À l'intention des témoins, je soulève un point que je considère comme important. Je pense que mes collègues seront d'accord avec moi.
Nous avons reçu le plan d'action du ministère seulement une heure avant la rencontre. Honnêtement, ce n'est pas suffisant pour nous permettre d'analyser correctement le plan d'action d'un ministère. Il est donc très possible que nous posions des questions aux témoins, alors que les réponses sont dans le plan d'action.
Je souhaite uniquement sensibiliser les représentants de Services aux Autochtones Canada au fait que nous avons besoin de plus de temps pour évaluer et étudier leurs réponses. Je leur demande d'être indulgents, si nous posons des questions relativement au plan d'action, car c'est très possible que cela arrive.
Madame la greffière, en prévision des prochaines comparutions, le Comité pourrait demander aux différents témoins et aux ministères d'obtenir un délai un peu plus raisonnable pour que nous ayons le temps de lire le plan d'action avant la réunion.
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Merci, madame la présidente.
Je suis tout à fait d'accord avec M. Berthold à ce sujet. Il serait certainement utile d'obtenir l'information plus tôt.
Je remercie Mme Hogan et Mme Fox de leurs exposés d'aujourd'hui.
Madame Fox, vous avez parlé un peu du budget, et c'est une chose à laquelle je me suis intéressé. À la lecture du budget, à la page 309, on peut lire qu'il est prévu: « 1,7 milliard de dollars sur cinq ans pour couvrir les coûts d'exploitation et de maintenance des infrastructures communautaires dans les réserves des Premières Nations. » Vous avez dit que des milliards de dollars seraient investis dans les infrastructures communautaires également, mais il pourrait s'agir d'une patinoire de hockey ou de toute autre chose qu'une installation de traitement de l'eau.
À la page 285 du budget, il est question d'un « nouvel investissement historique de plus de 18 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années afin d'améliorer la qualité de vie et de créer de nouvelles possibilités pour les habitants des communautés autochtones. » Plus loin, on lit: « Ces investissements permettront de poursuivre les mesures liées aux infrastructures », puis, il est mentionné « et à l'eau potable », ce qu'il est bien de voir dans ce document. À la page 289, il est question de 125 millions de dollars sur quatre ans, à compter de l'an prochain, « afin de continuer d'appuyer les efforts menés par les communautés des Premières Nations pour avoir un accès fiable à l'eau potable et pour garantir la prestation sécuritaire de services sociaux et de santé dans les réserves. »
Aucun des trois points que je viens de mentionner ne précise quels fonds au juste seront directement consacrés à l'eau et au traitement de l'eau. Avez-vous une idée des sommes que ce nouveau budget vous destine pour vous attaquer précisément à la question de l'eau et du traitement de l'eau dans les communautés autochtones?
Merci.
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Eh bien, voici. Premièrement, nous avons investi 4,27 milliards de dollars à partir de 2016 pour réparer les infrastructures d'adduction en eau et de traitement des eaux usées et pour appuyer la gestion et l'entretien efficaces des réseaux dans les réserves. Je tiens aussi à souligner que l'Énoncé économique de l'automne comprenait un engagement particulier envers l'exploitation et l'entretien des réseaux d'eau. En décembre 2020, 1,5 milliard de dollars ont été annoncés. Cela comprend 616,3 millions de dollars sur six ans, et environ 115 millions de dollars par la suite. Cet argent va directement à l'exploitation et à l'entretien des infrastructures liées à l'eau dans les communautés. Ces sommes sont exclusivement consacrées à cela. Nous avons annoncé une série de mesures budgétaires au cours des cinq dernières années qui prévoient un financement très précis et direct pour les infrastructures liées à l'eau.
En ce qui concerne le budget de 2021, vous avez raison de dire que 4,3 milliards de dollars iront aux infrastructures, mais il s'agit d'infrastructures en général et il faut faire des distinctions. Nous devrons travailler avec les dirigeants des Premières Nations, les Inuits et les Métis pour élaborer une stratégie fondée sur ces distinctions afin de consacrer des fonds aux infrastructures prioritaires parmi lesquelles on trouvera des infrastructures d'adduction d'eau.
En ce qui concerne le financement très ciblé qui, selon moi, aura une incidence énorme sur notre capacité, se trouvent les fonds d'exploitation et d'entretien annoncés dans le budget de 2019 et dans l'Énoncé économique de l'automne qui nous permettent de poursuivre effectivement le travail important entrepris sur des infrastructures essentielles et sur les réponses à apporter aux besoins en formation en matière d'activités d'exploitation et d'entretien au sein des communautés pour être en mesure d'intervenir. Il s'agit d'intégrer les systèmes, mais aussi d'obtenir l'expertise nécessaire pour gérer et surveiller les systèmes. On parle vraiment là de création d'emplois. Il s'agit du programme de transformation qui permet aux dirigeants des Premières Nations et aux communautés de s'approprier les réseaux d'aqueduc. Nous voulons travailler en étroite collaboration avec eux à cet égard.
Quant aux 18 milliards de dollars consacrés aux priorités autochtones, ils ont trait aux mesures de soutien de la prochaine année en lien avec la COVID. On parle ici de transformation de la santé, de lutte contre le racisme, d'infrastructures et de gouvernance, mais la liste est longue. Nous travaillerons avec nos partenaires dans le cadre du budget de 2021 et, comme je l'ai dit, nous les associerons aux investissements antérieurs qui commencent par plus de 4,2 milliards de dollars destinés aux infrastructures d'adduction et de traitement des eaux.
Vous avez parlé des femmes. Très souvent, dans les communautés autochtones, les femmes sont les gardiennes de l'eau, ce sont elles qui s'occupent de l'eau. Il est important de les faire participer, tout comme les jeunes.
Je pense à une table ronde à laquelle j'ai participé au côté de quelques grands chefs, au début de mon précédent mandat. Je me souviens de ce que le chef Madahbee nous avait dit alors: « Il faut insister sur les aspects exploitation et entretien. » Selon un autre grand chef, Ottawa leur envoie des systèmes qui ne sont pas les bons, et n'écoute pas les aînés. Ottawa installe des fosses septiques dans des zones inondables connues des résidants. « Si vous pouviez travailler avec nous, nous pourrions vous proposer de meilleures solutions », a-t-il ajouté. Une usine de traitement a rejeté des contaminants dans l'eau parce qu'elle n'était pas bien entretenue. C'était l'un des exemples qui a posé toute la question de la formation.
Madame Fox, pourriez-vous nous parler de l'importance des discussions de nation à nation et de la façon dont celles-ci permettent de trouver les bonnes solutions au bon moment afin de servir les communautés à la façon dont celles-ci veulent être servies?
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Je vous remercie de cette question.
Je pense que c'est une dimension fondamentale de notre travail. Le gouvernement fédéral ne peut pas intervenir et proposer des solutions ou prescrire un système plutôt qu'un autre. Il doit agir en partenariat avec les dirigeants autochtones qui doivent, eux, prendre les meilleures décisions qui soient pour leurs communautés.
Nous nous sommes efforcés d'adopter une démarche communautaire. Dans le cadre de notre plan d'action, nous veillons à faire en sorte que les communautés nous fassent part de leurs besoins et de leurs priorités. Cela ne doit pas uniquement concerner l'eau. Comme vous le savez, il est question d'autres priorités dans nos conversations avec les dirigeants. Comment parvenir à les outiller?
Je pense que la prise de décisions est essentielle. Ce n'est pas à nous de lever les avis à long terme sur la qualité de l'eau potable. Il ne nous appartient pas d'imposer un entrepreneur. Ce n'est pas à nous de décider des systèmes. Nous voulons vraiment offrir du soutien, et ce soutien doit être assorti d'un financement. Il doit s'accompagner d'un engagement à travailler en partenariat, mais, au bout du compte, nous voulons que les dirigeants autochtones et les dirigeants des Premières Nations prennent les décisions qui sont les meilleures pour leurs communautés, et nous sommes là pour les aider à le faire.
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Tout à fait. C'est une excellente question.
La COVID-19 a bien sûr été notre grande priorité au ministère au cours de la dernière année. Nous travaillons en étroite collaboration avec les dirigeants autochtones pour établir des partenariats avec eux et pour les appuyer dans les décisions très importantes qu'ils prennent en vue de protéger leurs communautés.
Les résolutions des conseils de bande sont un moyen pour eux de nous montrer qu'ils prennent des décisions au sujet de leur sécurité collective. Cela a parfois donné lieu à la fermeture de communautés. À l'occasion, ils nous ont demandé de les aider à boucler leurs approches afin de gérer les entrées et les sorties de leurs communautés. Parfois, ce genre de mesures a permis aux communautés d'échapper à une éclosion.
Nous avons été très réceptifs aux résolutions des conseils de bande afin de respecter les décisions prises par les dirigeants autochtones. Une partie de la saison de construction de l'an dernier a été perturbée. Il y a eu des répercussions non seulement à cause de ces décisions, qui sont très importantes alors que nous faisons face à une troisième vague au pays et que nous devons être extrêmement vigilants dans la façon dont nous gérons la situation, mais aussi pour ce qui est des allées et venues de l'équipement de construction.
Au ministère, nous devons réfléchir à la façon dont nous gérons à la fois la lutte contre la pandémie et le soutien que nous accorderons aux collectivités au cours de la prochaine saison estivale, tout en essayant de faire progresser certains de ces très importants projets concernant l'eau et d'autres travaux d'infrastructure.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je salue les témoins.
Bonjour, madame Hogan. C'est toujours un plaisir de vous accueillir.
Je dois vous avouer qu'en février dernier, j'ai éprouvé un violent malaise en lisant votre rapport. J'ai le même sentiment ce matin, sentiment qui s'est renouvelé en écoutant notamment vos remarques d'ouverture devant le Comité. Ce que je constate, c'est que vos conclusions sont dévastatrices. Selon moi, il y a un laisser-aller considérable au sein de Services aux Autochtones Canada.
Je ne passerai pas par quatre chemins, et j'irai droit au but. Avant de m'attarder aux détails, je veux aborder certaines de vos conclusions et recommandations. Vous soulignez le fait que le premier audit sur la question précise de l'alimentation en eau potable a été publié il y a plus de 15 ans, soit en 2005. Le ministère a eu le temps de se préparer. On peut affirmer que, depuis près de 20 ans, la situation est dans la ligne de mire de votre bureau.
La question est simple: avez-vous l'impression que le ministère prend au sérieux le rôle du Bureau du vérificateur général?
Pensez-vous que le ministère a développé une culture organisationnelle basée sur un mea culpa offert chaque 5, 10 ou 15 ans? Autrement dit, ne fait-il que laisser passer la tempête, tout en continuant de fonctionner comme à son habitude jusqu'au prochain rapport du Bureau du vérificateur général?
Nous avons effectué un audit sur l'eau potable salubre dans les communautés autochtones en 2005. Nous avons fait un suivi de ce rapport en 2011, puis un autre suivi dont le rapport vient d'être déposé à la Chambre des communes en février dernier.
Des progrès ont été réalisés pendant tout ce temps. Pourtant, l'engagement de lever tous les avis d'eau potable n'a pas été atteint. Nous avons constaté deux choses lors de notre audit: le régime de réglementation n'était pas au point et, fait encore plus important, la formule de financement n'avait pas été mise à jour depuis une trentaine d'années.
Par conséquent, cette formule de financement ne répond pas aujourd'hui aux besoins immédiats. Nous avons constaté qu'elle n'a pas été adaptée pour prendre en compte les avancées technologiques. Cela influe directement sur la capacité d'avoir des opérateurs affectés au réseau d'alimentation en eau. Même s'il y a eu du progrès, le fait de ne pas mettre à jour cette formule pendant une trentaine d'années n'est pas une bonne façon de faire si l'on veut assurer le financement adéquat des coûts de fonctionnement et d'entretien du réseau.
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Je vous remercie des précisions, madame Hogan.
Je comprends que vous ne pouvez pas exprimer dans les mêmes mots que moi ce que nous constatons tous les deux. Je reformule donc ma question.
Il y a eu un audit en 2005, puis un autre en 2011. Vous avez présenté un rapport cette année. Vous êtes déçue de nouveau par le manque de progrès notable. On comprend que les gestes du ministère ne suivent pas nécessairement la parole que le gouvernement a donnée aux Premières Nations. Chaque fois, vous formulez des recommandations claires et précises, et le ministère les accepte. Pourtant, chaque fois, il ne parvient pas à les mettre en application une fois pour toutes.
Je veux bien prendre en considération l'excuse de la crise liée à la COVID-19, mais l'engagement du gouvernement date de 2015. La pandémie ne sévissait pas en 2015. On comprend qu'il y a eu du ralentissement, mais cela n'explique pas l'ampleur du désastre que vous soulignez dans votre rapport.
Avez-vous l'assurance morale que c'est la dernière fois que vous aurez à talonner le ministère de la sorte, ou est-ce peine perdue?
On fait des rapports, qui sont mis de côté, et l'on recommence le même processus tous les 5, 10 ou 15 ans.
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Merci, monsieur le président.
Le et la avaient promis d'éliminer les avis concernant la qualité de l'eau potable dans les réserves d'ici mars 2021. Ils ont échoué, et ce sont les Premières Nations qui écopent.
Le gouvernement a blâmé la COVID, les changements climatiques et tout le monde sauf lui-même. Ce genre de politique malhonnête et cynique n'aide personne et n'élimine certainement pas les avis d'ébullition de l'eau.
Le rapport de la vérificatrice générale dont nous discutons aujourd'hui explique clairement les raisons de cet échec. Je tiens à souligner en particulier le manque de financement pour assurer le maintien en poste du personnel et l'absence d'un régime de réglementation qui n'était toujours pas en place 15 ans après la recommandation. Voilà un autre exemple où ce gouvernement dit ce qu'il faut, mais ne joint pas le geste à la parole en adoptant des mesures concrètes et n'accorde pas la même urgence à ce genre de dossiers qu'aux grandes pétrolières, par exemple, quand celles-ci réclament de l'argent pour un pipeline.
La pandémie de COVID-19 a été dévastatrice pour les Premières Nations. Elle a mis au jour le manque d'investissement des gouvernements libéraux et conservateurs successifs dans les communautés des Premières Nations, ce qui a laissé ces communautés livrées à elles-mêmes. Nous devons et nous pouvons faire mieux.
Je souligne ce qu'a clairement dit la vérificatrice générale dans son rapport, soit que les Premières Nations ont besoin de plus que des paroles en l'air et des engagements symboliques tandis qu'elles se trouvent constamment face à des promesses non tenues, surtout quand il est question de quelque chose d'aussi essentiel qu'un droit humain fondamental, comme l'accès à l'eau potable.
Les Premières Nations ont besoin d'un accès immédiat à de l'eau potable propre. Je suis heureuse de me joindre à vous aujourd'hui pour examiner ce qu'il faut faire pour y arriver, afin que cette aspiration devienne réalité pour les Premières Nations.
Ma première question s'adresse à la vérificatrice générale.
Pourriez-vous nous expliquer pourquoi un régime de réglementation adéquat n'a pas été mis en place. Je pense aux Premières Nations comme Garden Hill, dans notre région, qui ne figure même pas sur la liste des avis d'ébullition de l'eau. C'est une Première Nation qui a reçu des investissements pour son usine de traitement des eaux après la crise du virus H1N1, qui a durement frappé cette communauté. Cependant, nous savons — et cela a été dénoncé dans un reportage de la CBC en 2019 — que l'eau du robinet dans les foyers de la communauté n'est pas potable.
Comment se fait-il que la Première Nation de Garden Hill, et probablement d'autres, soient passées entre les mailles du filet et ne se retrouvent même pas sur cette liste? Comment en sommes-nous arrivés là? Que peut-on faire pour que des collectivités comme Garden Hill obtiennent l'aide dont elles ont besoin?
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L'un de nos premiers audits de 2005 à ce sujet a soulevé des préoccupations à propos du régime de réglementation, mais nous avons constaté que des progrès ont été réalisés depuis. Je pense que je dois revenir en arrière pour expliquer ce qu'est un régime de réglementation.
Habituellement, il y a une loi, une législation, mais il existe aussi des lignes directrices qui l'accompagnent. Ce sont ces lignes directrices qui indiquent vraiment comment mettre les choses en pratique.
À la faveur de cet audit, nous avons constaté que la loi est en vigueur depuis quelques années, mais que les lignes directrices ne sont pas encore définitives. Bon nombre de communautés de Premières Nations, et nous l'avons souligné dans notre rapport, se sont demandé comment la loi avait été rédigée, et ont fait remarquer qu'il n'y avait pas eu de véritable consultation, ce qui explique peut-être pourquoi certaines lignes directrices n'ont pas été parachevées.
Or, celles-ci sont vraiment nécessaires parce qu'elles aident à préciser les rôles et les responsabilités de chacun et à assurer une reddition de comptes claire en cas de problème. Elles définissent les niveaux de service minimum afin de pouvoir déterminer quand l'eau n'est plus salubre et quel avis doit être mis en place. Il s'agit vraiment de s'assurer que les communautés de Premières Nations bénéficient des mêmes protections que les autres collectivités du pays, et elles doivent être en mesure d'établir cela, parce qu'elles ont le droit à l'autonomie gouvernementale. Elles doivent pouvoir participer activement à l'élaboration de ces règlements. C'est l'une des étapes clés, en plus de la formule de financement, qui est nécessaire pour faire avancer les choses et lever les avis d'ébullition de l'eau de façon plus durable, à long terme.
Ma prochaine question s'adresse aux gens de SAC.
Nous avons entendu à maintes reprises, aujourd'hui encore, un des mots à la mode préférés des libéraux, je veux parler de « partenariat », comme dans l'expression « travailler en partenariat » avec les Premières Nations. Je vais vous parler de la nation crie Tataskweyak, qui se trouve également dans ma région. Cela fait des années qu'elle n'a pas d'eau potable, mais SAC, Services aux Autochtones Canada, ne testait même pas l'eau de la communauté pour y détecter les contaminants qui rendaient les gens malades, obligeant ainsi la Première Nation à payer de sa poche le travail que SAC a refusé de faire. En raison des échecs de l'État canadien, la communauté a intenté un recours collectif, puis a exprimé sa crainte de représailles par le gouvernement.
La communauté porte maintenant plainte auprès de l'ONU, et je suis fière d'appuyer ses efforts en ce sens, mais il n'était pas nécessaire d'en arriver là. Quand on lui a posé des questions sur ces échecs, un porte-parole de SAC a répondu: « Services aux Autochtones Canada [...] a aidé la communauté à réparer et à moderniser son centre de traitement des eaux pour s'assurer que la qualité de l'eau continue d'être conforme aux lignes directrices approuvées. » Autrement dit, l'eau qui les rend malades demeure conforme aux lignes directrices approuvées.
Ce genre de manque de respect est beaucoup trop fréquent. Lors d'une réunion entre SAC et la nation crie Tataskweyak dans la communauté, un représentant de SAC a pris une gorgée d'eau pour prouver que l'eau était potable, faisant apparemment fi des nombreux cas d'éruptions cutanées ou d'autres maladies chez les membres de la communauté.
Est-ce que l'eau que vous ne testez pas correctement, et dont nous savons qu'elle rend les gens malades, demeure conforme aux lignes directrices approuvées? Si oui, pourquoi le ministère maintient-il que ces lignes directrices sont adéquates? À quoi servent-elles à part bien paraître aux yeux du public? Nous savons que la Première Nation a dit clairement que l'eau la rend malade. Pourquoi SAC poursuit-il cette mascarade?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie la vérificatrice générale de son rapport.
J'ai beaucoup de questions.
Pour revenir à ce qu'a dit M. Berthold plus tôt, j'ai passé beaucoup de temps hier soir à lire tous les documents, y compris les commentaires de M. Webber sur les fonds et les programmes que nous avons promis aux communautés autochtones des quatre coins du Canada, dans le budget que nous avons récemment présenté. Je suis très heureux de voir que les investissements se poursuivent, bien sûr. J'aurais aimé recevoir ce plan d'action détaillé hier soir pour pouvoir l'examiner un peu plus à fond. Comme je viens de le parcourir, je vais en parler tout de suite.
S'agissant d'E et M, l'engagement de 100 % en vertu de la formule de financement des communautés autochtones est-il en vigueur?
Au paragraphe 2.3, où vous chiffrez un certain nombre d'éléments. Quelle est l'enveloppe annuelle du poste exploitation et maintenance? Comme il doit augmenter à mesure que d'autres avis concernant l'eau seront levés et que d'autres usines de traitement de l'eau et d'autres systèmes de purification seront mis en service, j'aimerais savoir quelle est la taille de l'enveloppe annuelle prévue. Ce serait bien que quelqu'un puisse nous revenir avec cela. J'essayais de passer en revue les chiffres, et j'aimerais bien savoir ce que nous dépensons et investissons pour veiller à ce que les communautés autochtones aient des réseaux d'approvisionnement en eau propre et potable.
Je suis ravi de l'entendre, car c'est un élément important qui a été souligné dans le rapport de la vérificatrice générale.
Deuxièmement, compte tenu de l'engagement budgétaire que nous avons récemment pris, environ 42 milliards de dollars sont investis dans les communautés autochtones du Canada. C'est formidable, et je tenais à le souligner. Cela comprend les 11 milliards de dollars du gouvernement précédent.
Pour ce qui est des opérateurs des usines de traitement des eaux, est-ce une décision qui doit être prise par chacune des communautés autochtones elles-mêmes, ou est-ce en partenariat avec le gouvernement fédéral?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Mes premières questions s'adresseront à Mme Fox.
Bonjour et bienvenue au Comité, madame Fox.
Je suppose qu'il n'est pas très agréable pour vous de venir comparaître aujourd'hui au Comité permanent des comptes publics. Nous savons que la vérificatrice générale a déposé au Parlement un rapport peu élogieux sur le travail accompli par votre organisation en vue de satisfaire un besoin fondamental, soit celui d'approvisionner en eau potable les communautés autochtones. Il s'agit d'un besoin fondamental, plus qu'essentiel. Vous conviendrez que le rapport est assez éloquent.
Je sais qu'il y a eu certains progrès et que beaucoup d'initiatives ont été mises sur pied pour remédier au problème. J'aimerais simplement que vous me disiez, en termes clairs, si vous trouvez acceptable que des communautés aient à faire bouillir l'eau quotidiennement avant de la consommer, et ce, depuis plus de 10 ans.
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Comme je l'ai mentionné, il y a encore, dans 33 collectivités, 52 avis à long terme sur la qualité de l'eau potable. Nous allons continuer de travailler en étroite collaboration avec elles.
Ce que nous examinons à court terme, ce sont les progrès qui peuvent être réalisés au cours des prochains mois, surtout à la faveur des travaux de construction au printemps et à l'été. Évidemment, comme la COVID est encore très présente dans un certain nombre de collectivités, nous tâchons de déterminer ce qui est faisable, ce qui ne l'est pas et quels genres de mesures de sécurité pourraient être mises en place à l'aide de tests rapides et d'autres moyens de soutien que nous pourrions fournir aux collectivités qui décideraient d'aller de l'avant avec des projets de construction ou des travaux d'entretien.
Je peux vous dire que nous maintenons notre engagement à cet égard. Je peux vous dire aussi que nous avons un plan d'action pour chacune de ces 33 collectivités, mais il serait prématuré de ma part de vouloir fixer un délai en ce moment, étant donné que nous sommes toujours aux prises avec la pandémie.
Je veux vraiment m'assurer d'avoir des discussions avec les Premières Nations pour apprendre d'elles à quel moment elles jugent nécessaire de modifier, de réparer ou de construire, ou dans quel processus ou à quelle étape elles en sont.
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Je remercie beaucoup mon collègue de ses paroles bienveillantes.
Ma question s'adresse à la vérificatrice générale. Je veux parler de Red Sucker Lake.
Red Sucker Lake a une usine de traitement de l'eau, construite en 1995. Nous savons que l'infrastructure de la Première Nation de Red Sucker Lake, devant fournir de l'eau potable salubre, n'est tout simplement pas ce qu'elle devrait être. En fait, lorsque la collectivité de Red Sucker Lake a été touchée par une éclosion de COVID-19 avant la fin de décembre, il a fallu une opération de secours des Forces canadiennes pour apprendre clairement que le fait d'utiliser un seul camion-citerne pour desservir la collectivité était non seulement insuffisant, mais qu'il contribuait en fait à propager la COVID-19.
Ces conséquences sont désastreuses. Dans son rapport, la vérificatrice générale a indiqué que, dans bien des cas, SAC semblait se rabattre sur des expédients, comme les camions-citernes — et pas en nombre suffisant —, pour résoudre les problèmes de qualité de l'eau. Ce que nous avons pu constater à Red Sucker Lake, c'est que ce n'est pas la solution qu'il nous faut.
Qu'est-ce qui empêche Services aux Autochtones Canada de faire les investissements nécessaires pour faire en sorte que les collectivités n'aient pas à recourir à des pratiques non sécuritaires d'approvisionnement en eau, comme à Red Sucker Lake?
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Je vous remercie de la question.
Je pense qu'il est vraiment important d'expliquer le rôle de Services aux Autochtones Canada. Il consiste à travailler réellement avec les dirigeants autochtones pour déterminer ce dont ils ont besoin pour soutenir leurs collectivités.
Parfois, c'est l'eau qui est prioritaire, pour des raisons très évidentes. Parfois, la priorité est autre. Il peut s'agir de la construction d'une école ou d'un projet de logement. Plutôt que de leur dicter, pour ainsi dire, ce qu'il faudrait faire, nous devons les écouter et leur demander ce qu'ils ont décidé était prioritaire.
Oui, il peut y avoir des collectivités qui se disent disposées à utiliser des revenus autonomes pour construire divers éléments d'infrastructure, mais je pense que notre engagement envers les collectivités des Premières Nations, au chapitre de l'infrastructure d'alimentation en eau, est d'apporter 100 % du capital. Nous pouvons aussi financer à 100 % le fonctionnement et l'entretien des réseaux d'alimentation en eau afin de leur permettre de réaliser ces projets le plus rapidement possible et dans une perspective à long terme, mais comme il s'agit d'un partenariat, la décision n'appartient pas au ministère, mais doit être celle des dirigeants des Premières Nations.
C'est ainsi que nous orientons notre travail, en prévision d'un transfert complet des responsabilités.
J'aimerais vous amener à la pièce 3.3, madame Fox, où nous voyons qu'il y a entre 15 et 20 avis sur la qualité de l'eau potable qui sont en place depuis 15 ans ou plus, si je comprends bien le graphique.
Pour moi, ce n'est pas nécessairement une question d'argent. C'est une question de capacité, de situation géographique. Il y a une foule de choses à considérer. Je sais que même dans la circonscription que je représente, en Nouvelle-Écosse, il y a des collectivités qui, à cause de la colonisation, étaient situées dans des zones et sur des terrains qui n'étaient pas acceptables. Est-il juste de dire que dans certaines des collectivités, une partie du problème concernant certains de ces avis à long terme est de trouver de l'eau de qualité à fournir à la collectivité, ou s'agit-il seulement de l'infrastructure? Pouvez-vous nous en parler un peu?
J'aimerais m'adresser à la vérificatrice générale.
Madame Hogan, nous avons beaucoup parlé de réglementation, et j'ai eu l'occasion d'examiner la loi de 2013. Je dois respectueusement dire que c'est une loi relativement simple et succincte. Pourquoi les règlements sont-ils importants?
Vous parlez de politiques, et je ne pense même pas que le ministère soit en désaccord, mais aidez-moi à comprendre, en tant que parlementaire, pourquoi la réglementation est importante, surtout lorsqu'il est question de régler des problèmes.
Vous savez, même les ministres doivent suivre les canaux officiels pour changer les choses. Ils doivent faire publier dans la Gazette les modifications apportées aux règlements. Pourquoi ne peut-il pas y avoir simplement une politique établie de collaboration avec les collectivités autochtones? Pourquoi faut-il avoir recours à la réglementation pour être le plus efficace?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame Fox, il a été question de l'évolution de la situation. Je vous ai bien écoutée, tout à l'heure, lorsque vous avez parlé de transparence et de collaboration. Ce sont toutes de bonnes choses. Nous espérons vraiment que le plan d'action, de même que toutes les recommandations qui y sont formulées, que vous acceptez aujourd'hui va porter ses fruits.
J'essaie de mieux comprendre ce qu'il en est de la collaboration. Le rapport souligne que le cadre législatif pose des problèmes. On mentionne notamment un manque de consultation. Établir un parallèle entre la consultation et la collaboration va de soi. Le manque de collaboration et de consultation remonte à la conception de la Loi sur la salubrité de l'eau potable des Premières Nations de 2013. Huit ans plus tard, aucun changement n'a été apporté.
Comment expliquez-vous que votre ministère n'ait jamais pris de mesures pour changer réellement le cadre législatif afin d'améliorer la situation?
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Je veux bien comprendre la situation, madame Fox. Le problème a une source. Qu'est-ce qui n'était pas réaliste, l'objectif ou les échéances?
Nous pouvons faire abstraction de la pandémie de COVID-19. En effet, le rapport de la vérificatrice générale souligne que, même avant la pandémie, certains projets connaissaient un ralentissement et que bon nombre d'entre eux accusaient déjà des retards. On ne peut donc pas blâmer la pandémie.
S'agit-il d'incompétence, d'un objectif non réaliste? Quel est le problème?
Nous pouvons refaire des plans d'action et nous rencontrer à nouveau dans 5, 10 ou 15 ans, mais, pour ma part, je ne souhaite pas que les gens aient encore à vivre dans des conditions précaires et inacceptables.
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Je suis d'accord avec vous. Nous avons le même objectif, c'est-à-dire d'assurer que tout le monde a accès à l'eau potable.
Nous faisions notre travail en tenant compte des échéanciers, de la réalité des communautés et des saisons où il y a de la construction. Nous travaillions encore avec acharnement dans le but d'atteindre l'objectif du mois de mars 2021.
Malheureusement, 52 avis à long terme sur la qualité de l'eau potable demeurent en vigueur dans 33 communautés, mais nous sommes résolus à tout faire pour les lever.
Je veux souligner que le travail ne concerne pas uniquement les avis à long terme. Nous avons levé 179 avis à court terme, et, grâce à cela, plusieurs communautés ne se sont pas retrouvées dans une situation difficile à long terme. Je ne veux pas minimiser les efforts requis pour éliminer les 179 avis à court terme.
Ma question s'adresse à la vérificatrice générale.
La Première Nation de York Factory est maintenant sans eau potable depuis six semaines et a déclaré l'état d'urgence après que sa soi-disant usine de traitement de l'eau à la fine pointe de la technologie, qui a été construite il y a un an, lui ait fait faux bond, la forçant, comme la Nation des Cris de Tataskweyak, à payer de sa poche les analyses et l'eau potable. Les pénuries chroniques d'eau ont forcé la fermeture de l'école, de la garderie et du restaurant, et la nation se retrouve sans services d'incendie et d'urgence adéquats pendant cette pandémie.
Je suis certaine que nous pouvons tous convenir que cette situation est inacceptable.
Dans votre rapport, vous dites à quel point le financement pour l'entretien des usines de traitement de l'eau est nettement insuffisant. Selon le rapport, la formule de financement du fonctionnement et de l'entretien de Services aux Autochtones Canada est désuète. Qu'est-ce que le gouvernement fait mal pour que les collectivités qui ont des usines de traitement de l'eau à la fine pointe de la technologie n'aient pas d'eau potable?
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Merci, madame la présidente.
Je vous avais déjà posé cette question, madame Hogan, en mars, lorsque vous avez déposé les rapports. Elle porte sur les pratiques d'embauche dans les collectivités des Premières Nations.
Mme Hogan a indiqué que cela ne faisait pas partie de son audit, alors je vais vous demander, madame Fox, quel rôle le gouvernement fédéral joue dans les pratiques d'embauche des collectivités des Premières Nations. J'avais posé la question précisément à Mme Hogan, et je vais donc vous demander, madame Fox, si des réserves des Premières Nations ont restreint les emplois liés à l'approvisionnement en eau aux travailleurs autochtones et des bandes seulement. Dans l'affirmative, cela a-t-il une incidence sur leur capacité de trouver des personnes qualifiées pour occuper ces postes? Cela a-t-il créé des problèmes de continuité dans les opérations des usines?
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Je vous remercie. Cela m'amène à la question suivante.
Tout d'abord, il y a eu un sondage mené par un consortium d'universités dirigé par Concordia. Ils ont constaté que les deux tiers des opérateurs de réseaux d'alimentation en eau dans les réserves des Premières Nations gagnaient un salaire inférieur au salaire médian des opérateurs ailleurs, à l'extérieur des réserves. Parfois, ils travaillent pour un salaire proche du salaire minimum, souvent en étant sur appel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Bon nombre des opérations fonctionnent de cette façon dans les collectivités des Premières Nations, et la salubrité de leur eau potable dépend d'un ou de quelques opérateurs sous-payés et surchargés de travail.
Je sais, comme vous l'avez dit, que ce n'est pas votre rôle de déterminer les salaires, etc., mais il est certain qu'avec ce nouveau financement, ils pourraient les reconsidérer, comme vous l'avez mentionné. Je pense simplement qu'il est extrêmement important que nous nous penchions sur la rétention. M. Longfield et M. Sorbara en ont également parlé. La rétention semble être un problème récurrent.
Je le répète, il revient aux collectivités des Premières Nations de déterminer les salaires. Les primes seraient-elles beaucoup moins coûteuses que les coûts associés aux avis sur la qualité de l'eau? Il me semble tout à fait logique de leur verser un salaire équitable. Avez-vous des observations à ce sujet, madame Fox?
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Il n'a pas vraiment été question de cela dans l'audit.
À mon avis, l'argent seul n'est pas suffisant. Il est absolument nécessaire lorsque des engagements sont pris ou que des lois et des règlements sont adoptés. Il faut des fonds pour soutenir l'infrastructure, les investissements et le temps nécessaire pour toutes ces choses. Ce n'est pas seulement une question d'argent, mais l'argent est certainement un aspect important.
L'une des dernières choses que j'aimerais souligner, c'est probablement la formation continue qui serait nécessaire pour ces opérateurs. Cependant, ce que nous avons constaté dans un grand nombre de nos audits sur les enjeux autochtones, c'est que le problème n'est pas propre aux usines de traitement de l'eau. Il faut aussi la capacité d'attirer et conserver des ressources pour le personnel infirmier, les praticiens en santé mentale. Il y a tellement de problèmes, qui sont très interreliés dans le Nord et dans les réserves, avec le logement également, alors ce n'est pas seulement une question d'argent. Il s'agit d'une question beaucoup plus vaste, beaucoup plus globale.
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« Capacité » est le bon mot. « Capacité » semble être le mot juste.
Sur ce, madame Fox, pour faire suite à ce qu'a dit M. Webber, il a mentionné — et je vais prendre ses chiffres au pied de la lettre, parce que je ne les ai pas sous les yeux — que les deux tiers des personnes qui travaillent dans ces domaines semblent gagner à peu près le salaire minimum. Je présume que lorsque Services aux Autochtones Canada verse son financement global aux collectivités autochtones, ce n'est pas seulement sur la base d'un salaire minimum.
Quel type de reddition de comptes ou de surveillance, le cas échéant, devons-nous assurer pour veiller à ce que le financement global appuie certains résultats, comme l'augmentation du salaire minimum, ou pour nous assurer que de l'argent est disponible pour recycler les travailleurs dont nous avons besoin?
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J'essayais de trouver la façon de lever la main.
Le 13 mai, nous aurons la réunion...
[Français]
Je reviens au français.
Le 13 mai prochain, nous aurons une rencontre avec des gens qui vont nous expliquer les documents confidentiels du Cabinet, et nous allons nous pencher sur deux rapports. J'ai proposé de prévoir tout de suite une prolongation de la rencontre jusqu'à 14 heures, ce qui en ferait une réunion de trois heures. Nous pourrions ainsi planifier notre horaire en conséquence.
Est-ce que tout le monde est d'accord pour procéder de cette manière? J'aimerais que nous prévoyions que cette réunion soit un peu plus longue qu'à l'habitude. Nous éviterions ainsi, au moment de la réunion, de devoir la prolonger d'une demi-heure ou de 45 minutes.