Bienvenue à la huitième séance du Comité permanent des comptes publics. La séance du Comité est publique et télévisée aujourd'hui.
Conformément à l'alinéa 108(3)g) du Règlement, le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier le « Rapport 1 — Le renvoi d'immigrants refusés » des rapports de la vérificatrice générale du Canada du printemps 2020.
Je profite de l'occasion pour vous rappeler que l'objet de notre étude est un audit de la vérificatrice générale du Canada et de ses recommandations. Ce n'est pas une étude de la politique ni l'examen des événements à venir; il s'agit de l'examen de l'audit de la vérificatrice générale.
La séance d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 septembre. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Comme vous le savez, la webémission ne montrera que la personne qui parle et pas l'ensemble du Comité.
Je répète que nous nous concentrons sur l'étude d'aujourd'hui, qui est l'audit de la vérificatrice générale du Canada et ses recommandations. Si vous remplacez quelqu'un ou n'étiez pas là pour l'orientation, sachez que c'est quelque chose d'unique dans notre comité. Nous nous penchons vraiment sur le fonctionnement de l'audit et ses recommandations.
Je rappelle quelques règles à suivre pour assurer le bon déroulement de la séance.
Tout d'abord, vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette séance. Au bas de l'écran, vous avez le choix entre la langue originale, l'anglais ou le français. Pour ceux qui participent par Zoom, avant de parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Lorsque vous aurez fini de parler, veuillez mettre votre micro en sourdine pour limiter le plus possible les interférences.
Pour demander la parole en dehors du temps que je vous accorde, vous devez activer votre micro et dire que vous avez un rappel au Règlement. Si vous souhaitez intervenir sur un rappel au Règlement qui a été soulevé par un autre membre, utilisez la fonction « lever la main ». Cela signalera à la présidence que vous désirez parler et établira une liste d'intervenants. Pour cela, vous devez cliquer sur « participants » et vous verrez apparaître, en bas et à droite de l'écran, la fonction « lever la main » à côté de votre nom. Cette fonction crée du même coup une liste d'intervenants.
Sauf circonstances exceptionnelles, l'utilisation d'écouteurs avec microphone à flèche fournis par la Chambre des communes est obligatoire pour quiconque participe à distance et a besoin d'intervenir.
Merci aux interprètes de nous avoir expliqué cette technologie.
Si vous avez des problèmes techniques, veuillez m'en informer, et nous ferons de notre mieux pour vous aider.
J'aimerais maintenant accueillir nos témoins.
Nous accueillons aujourd'hui, du Bureau du vérificateur général, la vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan; Carol McCalla, directrice principale; et Erin Jellinek, directrice. De l'Agence des services frontaliers du Canada, John Ossowski, président, et Scott Harris, vice-président, Direction générale du renseignement et de l'exécution de la loi, sont de retour. Nous avons également, du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, la sous-ministre Catrina Tapley et Nicole Giles, sous-ministre adjointe associée déléguée, Opérations. De même, nous recevons aussi Richard Wex, président, et Greg Kipling, vice-président, Section de l'immigration, de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Vous aurez chacun cinq minutes pour votre déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par vous, madame Hogan. La parole est à vous. Bon retour parmi nous. Nous sommes ravis de vous revoir chez nous ce matin.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre rapport sur le renvoi d'immigrants refusés. Je suis accompagnée de Mme Carol McCalla, la directrice principale qui était responsable de l'audit, et de Mme Erin Jellinek, qui dirigeait l'équipe d'audit.
Au cours de l'audit, nous avons examiné si l'Agence des services frontaliers du Canada avait renvoyé les étrangers qui avaient été interdits de territoire au Canada. Les renvois peuvent notamment viser des demandeurs d'asile dont la demande a été refusée, des visiteurs dont le visa est expiré ou des étrangers ayant des antécédents criminels. Une expulsion dans les meilleurs délais permet d'assurer l'équité du système d'immigration du Canada et peut dissuader les personnes qui voudraient exploiter le système à leur avantage. Par ailleurs, l'expulsion rapide des étrangers ayant des antécédents criminels contribue à préserver la sécurité publique.
Dans l'ensemble, nous avons constaté que la stratégie de l'Agence pour gérer les cas de mesures de renvoi n'avait pas permis d'expulser dans les meilleurs délais les étrangers interdits de territoire. L'accumulation de mesures de renvoi exécutoires est un problème de longue date pour l'Agence. Nous avons déterminé qu'en avril 2019, environ 50 000 mesures s'étaient accumulées, et que bon nombre d'entre elles étaient exécutoires depuis plusieurs années. Par ailleurs, l'Agence ignorait où se trouvaient environ les deux tiers des personnes visées par un renvoi.
Nous avons relevé deux problèmes principaux qui entravaient le renvoi d'étrangers dans les meilleurs délais. Tout d'abord, la mauvaise qualité des données a nui aux efforts de l'Agence. En effet, celle-ci n'avait pas l'information dont elle avait besoin pour faire le suivi des mesures de renvoi exécutoires. Par exemple, il manquait, dans l'inventaire, des mesures de renvoi que l'Agence aurait dû surveiller. Certaines mesures de renvoi ont été retardées en raison d'une mauvaise circulation de l'information entre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, et l'Agence, alors que d'autres informations ont été classées dans le mauvais dossier. Par conséquent, l'Agence ne savait pas toujours quelles mesures elle devait exécuter.
[Traduction]
Ensuite, une gestion des cas déficiente a entraîné de longues périodes d'inactivité pour des milliers de cas à traiter. L'Agence n'avait pas de système efficace pour l'inciter à donner suite aux mesures de renvoi à traiter, même à celles qui étaient prioritaires et pressantes. Par exemple, nous avons estimé que l'Agence n'avait pas donné suite à environ 1 500 cas de son inventaire de mesures de renvoi à traiter pendant au moins deux ans, simplement parce que ces cas avaient été omis.
L'Agence vise à expulser du pays les demandeurs d'asile refusés au cours de l'année qui suit le rejet définitif de leur demande. Nous avons constaté que la plupart de ces cas étaient encore, en moyenne, dans l'inventaire des cas à traiter au bout de quatre ans et dans l'inventaire des personnes recherchées en vertu d'un mandat d'arrestation au bout de 10 ans.
L'incapacité de l'Agence à prioriser avec efficacité les mesures de renvoi est un fait préoccupant en ce qui a trait au petit nombre de cas visant des criminels qui peuvent représenter un risque pour la sécurité publique. Certains de ces cas avaient été dans l'inventaire des cas à traiter de l'Agence pendant cinq ans en moyenne. Nous avons estimé que près de 150 dossiers visant de grands criminels étaient inactifs, soit parce qu'ils n'avaient pas été attribués à des agents, soit parce que les agents n'avaient pas pris de mesures à leur égard.
De plus, nous avons constaté de longues périodes d'inactivité à l'égard des 34 700 cas visant des étrangers dont on avait perdu la trace. Cela comprenait 2 800 cas hautement prioritaires visant des criminels, dont environ 70 % ne faisaient pas l'objet d'une enquête pour déterminer si ces personnes pouvaient être localisées. Les responsables de l'Agence ont confirmé qu'en général, les cas inscrits à son inventaire de personnes recherchées ne sont pas prioritaires.
Nous avons formulé trois recommandations. L'Agence les a toutes acceptées et nous a communiqué son plan d'action.
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité à participer à la discussion aujourd'hui sur l'audit de performance qu'a récemment mené la vérificatrice générale sur le renvoi d'immigrants refusés.
[Traduction]
Je suis accompagné aujourd'hui de mon vice-président, Renseignement et exécution de la loi, Scott Harris.
Je voudrais remercier le Bureau du vérificateur général de son rapport et confirmer que le en a accepté toutes les conclusions et les recommandations.
Le processus de renvoi joue un rôle crucial dans le continuum de l'immigration et de la reconnaissance du statut de réfugié au Canada et contribue aux priorités du gouvernement du Canada en matière de sécurité publique. Ces processus sont complexes et non linéaires. Par conséquent, les inventaires que tient l'Agence des services frontaliers du Canada changent constamment pour tenir compte du fait que les personnes en sont à différents stades de ces processus, compte tenu des recours qu'offre notre système canadien de détermination du statut.
Les divers mécanismes de recours qui sont à la disposition de certains ou de chacun des demandeurs comprennent la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, le contrôle judiciaire, les motifs d'ordre humanitaire, l'exemption ministérielle et l'intervention d'organismes des Nations unies, comme le Comité des Nations unies contre la torture.
Le rapport de la vérificatrice générale a mis l'accent sur nos divers inventaires des ressortissants étrangers mis en cause dans ces processus. En date de novembre 2020, notre inventaire comptait à peu près 217 000 personnes. De ce nombre, environ 149 000 étaient dans l'inventaire des cas à surveiller, ce qui signifie qu'elles n'étaient pas sujettes au renvoi pour diverses raisons. Il y en avait 165 000 dans l'inventaire des cas à surveiller et des cas en sursis, et elles n'étaient pas sujettes au renvoi.
Sur les 217 000 au total, un peu plus de 18 000 sont dans notre inventaire des cas à traiter, mais il y a des obstacles à leur renvoi. Je parlerai de certains de ces obstacles dans un instant.
Il reste donc 4 175 personnes qui pourraient être renvoyées tout de suite.
Je tiens à assurer le Comité que toute personne qui arrive à la frontière est contrôlée par nos agents des services frontaliers. Nos ASF ont le pouvoir, en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, de traiter des visiteurs qui pourraient être éventuellement interdits de territoire. Personne ne quitte la frontière avant que nous ayons la conviction qu'il n'y a pas de risque pour les Canadiens. Au besoin, nous étudions d'autres options, comme la détention.
Nos efforts ne s'arrêtent pas à la frontière. Nous évaluons et réévaluons le risque tout au long du processus et avons la capacité de détenir ceux qui présentent un danger inacceptable pour le public.
Pour ce qui est des renvois, l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, accorde la priorité aux cas de son inventaire. Cependant, comme je l'ai dit, notre processus d'immigration et de reconnaissance du statut de réfugié contient des variables qui nous obligent à revoir constamment nos priorités et à éliminer certaines personnes de nos inventaires. Un autre facteur important qui présente un défi pour les renvois est que nous devons compter sur les autres pays pour les documents de voyage requis pour le retour de leurs ressortissants. Nous dépendons de la collaboration et de la coordination avec ces pays, par exemple, en ce qui a trait à l'exigence particulière des documents d'identité pour qu'un renvoi soit possible.
L'Agence travaille avec des partenaires pour améliorer les systèmes afin de nous donner les moyens de gérer les données sur les renvois.
L'effet de la pandémie de la COVID-19 sur les voyages internationaux nous a permis de concentrer nos efforts sur l'examen de nos inventaires de cas et la conduite d'affaires qui nécessitent une enquête sur place ou qui sont de nature plus administrative — tout cela à l'appui du programme.
Dans le cadre de sa stratégie globale de gestion des cas, l'ASFC utilise diverses ressources électroniques pour suivre les dossiers dans le continuum de l'immigration. Elle utilise également un système de gestion de l'inventaire pour aider à orienter le suivi des dossiers, de même que l'affectation des ressources connexes.
De plus, avec les nouveaux contrôles d'entrée et de sortie, nous avons un bien meilleur accès à l'information sur les voyageurs qui quittent le Canada — que ce soit par la voie des airs ou par la voie terrestre —, ce qui nous a aidés à rester au fait des mandats de renvoi.
Monsieur le président, permettez-moi de vous assurer que l'ASFC accorde une grande attention aux recommandations du rapport de la vérificatrice générale, afin que le Canada conserve sa solide réputation de pays juste et accueillant, tout en respectant la primauté du droit.
[Français]
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité.
[Traduction]
Merci.
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invitée à participer à la discussion d'aujourd'hui sur l'audit de performance qui a été récemment mené par la vérificatrice générale sur le renvoi d'immigrants refusés.
Je suis accompagnée de l'une de mes collègues, Mme Nicole Giles, qui est sous-ministre adjointe déléguée au Secteur des opérations, à IRCC.
IRCC accueille favorablement le rapport de la vérificatrice générale et appuie ses recommandations, qui offrent de précieuses observations à l'appui des efforts continus que nous déployons pour améliorer le système d'immigration et d'octroi de l'asile.
[Traduction]
Fondamentalement, le Canada est une société ouverte et accueillante. Notre pays est reconnu comme pays qui a l'un des meilleurs systèmes d'immigration au monde, lequel est fondé sur une migration bien gérée. Afin de préserver cette tradition, nous devons demeurer à l'affût des personnes qui ne répondent pas aux conditions selon les voies et les mécanismes existants pour rester au Canada ou de celles qui sont par ailleurs interdites de territoire.
Cependant, nous devons aussi nous prémunir contre les défaillances de nos propres processus, et c'est justement ce qui nous amène ici aujourd'hui — la façon de nous améliorer.
Dans le budget de 2019, le gouvernement du Canada a annoncé un investissement de 1,18 milliard de dollars sur cinq ans afin d'accroître la capacité du système d'octroi de l'asile pour traiter environ 50 000 demandes par année. Ce financement permettra de renforcer les processus à la frontière, d'accélérer le traitement des demandes et d'effectuer des mesures de renvoi en temps opportun. À l'appui de cet investissement, les ministères qui se partagent la responsabilité de ces processus ont l'obligation de coopérer le plus efficacement possible.
De bonnes données en temps opportun sont une partie essentielle de tout système bien géré. Notre ministère est résolu à travailler avec l'Agence des services frontaliers du Canada afin de garantir la saisie de données exactes en temps opportun, ce qui l'aidera à gérer ses programmes de renvoi ainsi qu'à assurer l'intégrité et l'assurance de la qualité du programme d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Parmi les préoccupations soulevées dans le rapport de la vérificatrice générale, mentionnons les retards dans le traitement de certains renvois en raison des défaillances dans l'échange de renseignements entre l'Agence des services frontaliers du Canada et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. En réponse, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada fait fond sur le cadre de suivi, de surveillance et de contrôle que nous avons mis en place pour mettre l'accent sur les demandes d'asile et les mesures de contrôle connexes.
Depuis septembre 2019, ce régime de surveillance nous a permis, tous les mois, de déceler les données qui sont enregistrées en retard ou incorrectement, et de prendre des mesures correctives.
Depuis la dernière année, une section sur les mesures de renvoi incomplètes a été intégrée au rapport afin de garantir que tout problème sera corrigé rapidement par l'organisation compétente. De plus, nous procédons à l'élaboration d'une solution axée sur le système pour garantir que l'enregistrement des données sur les litiges est effectué en temps opportun. Nous nous sommes engagés à mettre en œuvre la solution, en collaboration avec le ministère de la Justice et l'Agence des services frontaliers du Canada, d'ici le 30 septembre de l'année prochaine.
Dans l'immédiat, nous avons pris des mesures étant donné que la capacité de collaborer efficacement avec d'autres ministères est essentielle pour la prestation des nombreux programmes et services sur lesquels les Canadiens comptent pour la préservation de la sécurité publique.
À cette fin, le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile, qui constitue un forum pour les sous-ministres, a été créé au printemps 2018 afin d'améliorer la coordination horizontale entre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié et l'Agence des services frontaliers du Canada, qui sont les organismes responsables de l'administration et du fonctionnement du système d'octroi de l'asile au Canada.
[Français]
En outre, en 2019, le gouvernement a établi une stratégie pangouvernementale pour accroître la collaboration en matière de renvois.
Dans le cadre de cette stratégie, IRCC a reçu 21 millions de dollars sur six ans pour mettre en place des programmes de renforcement des capacités afin d'accroître l'engagement et la collaboration avec les pays cibles.
[Traduction]
La stratégie cadre aussi avec les conclusions et les recommandations clés du rapport du Bureau du vérificateur général du printemps, notamment la nécessité d'accroître la mobilisation à l'égard de la collaboration pour les renvois.
En conclusion, monsieur le président, la réussite des efforts coordonnés, peu importe leur envergure, repose sur la communication et la collaboration. L'étude du renvoi d'immigrants refusés menée par la vérificatrice générale a révélé des possibilités de resserrer les liens entre les ministères qui sont collectivement responsables du renvoi des immigrants refusés.
[Français]
Nous avons réalisé des progrès, et je sais que mes collègues ici présents sont tout aussi déterminés que moi à remédier à ces points faibles, conformément aux recommandations contenues dans le rapport.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité.
:
Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Français]
Aujourd'hui, je suis accompagné de M. Greg Kipling, vice-président de la Section de l'immigration.
Je voudrais commencer par remercier le Bureau du vérificateur général du Canada de son rapport et des renseignements qu'il fournit.
Bien qu'aucune des recommandations du rapport ne s'adresse à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, nous sommes heureux de pouvoir vous parler de notre organisation ainsi que de la relation qui existe entre le travail de la Commission et le programme de renvois des étrangers de l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous serons aussi heureux de répondre à toutes vos questions.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais vous donner un aperçu de notre mandat, de notre contexte opérationnel actuel et des orientations stratégiques de la Commission.
[Traduction]
La CISR, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, le plus grand tribunal administratif indépendant du Canada, a pour mandat de régler les cas d'immigration et de statut de réfugié de façon équitable, efficace et conforme à la loi.
Nous avons un personnel d'environ 2 000 personnes à l'échelle du pays, dont quelque 500 arbitres, et un budget annuel d'environ 300 millions de dollars. De plus, nous sommes un tribunal administratif à volume élevé, qui traite quelque 60 000 cas par année dans nos quatre sections distinctes.
Par ses décisions, la Commission change presque toujours des vies, que ce soit lorsqu'elle décide d'accorder le statut de réfugié du pays où elle allègue être persécutée, ou qu'elle décide si le demandeur est interdit de territoire et, par conséquent, peut être renvoyé du Canada, ou encore si une personne détenue par l'Agence des services frontaliers du Canada pour des motifs liés à l'immigration devrait continuer de voir sa liberté restreinte ou être libérée dans la collectivité.
Le mandat de la Commission est important, d'abord au niveau individuel en raison de la nature de ses décisions, mais aussi au niveau plus vaste, en raison du rôle qu'elle joue dans le maintien de la confiance des Canadiens dans nos systèmes d'immigration et de reconnaissance du statut de réfugié.
Comme bon nombre d'entre vous le savent sans doute, notre contexte de travail a été marqué de nombreux défis ces dernières années. Comme c'est le cas ailleurs dans le monde, le système d'octroi de l'asile du Canada a subi des pressions intenses, les demandes d'asile ayant connu une progression exponentielle et dépassé de loin la capacité financière de les traiter toutes. Il en est résulté des inventaires sans cesse croissants et des temps d'attente plus longs, ce qui a soulevé des questions sur l'accès à la justice et ébranlé la confiance du public dans l'ensemble du système.
En réponse à ces défis et à d'autres, au début de 2019, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, la CISR, a élaboré et mis en œuvre un programme pluriannuel assez ambitieux de croissance et de transformation. Au niveau de la croissance, le budget de 2019 prévoyait quelque 200 millions de dollars de financement temporaire supplémentaire sur deux ans pour permettre à la CISR de répondre à la récente explosion des demandes d'asile et de ralentir la croissance de l'arriéré des demandes d'asile et l'allongement des temps d'attente par rapport à ce qu'ils seraient autrement.
Pendant que nous nous efforçons de faire croître l'organisation et de maximiser l'utilisation de ces investissements temporaires, nous mettons également l'accent sur la transformation, définie par trois orientations stratégiques. En premier lieu, nous nous concentrons sur l'amélioration de la productivité, caractérisée par une culture d'accroissement de la sensibilisation opérationnelle et des résultats.
En second lieu, nous mettons l'accent sur l'amélioration de la qualité des décisions et, en troisième lieu, nous nous attachons à la force de la gestion, y compris, comme ma collègue Mme Tapley vient de le mentionner, à l'amélioration de la gouvernance par la Commission de gestion du système d'octroi de l'asile avec IRCC, c'est-à-dire Immigration, Réfugiés et Citoyenneté, et l'ASFC, ce qui nous permet de régler des problèmes communs obligeant à coordonner les solutions.
J'ai le plaisir d'annoncer que les résultats à ce jour dans chacune des quatre sections ont atteint ou dépassé nos cibles ambitieuses de rendement, y compris celles associées aux récents investissements annoncés dans le budget de 2019. À la Section de la protection des réfugiés, par exemple, la Commission a mis la dernière main à 42 000 demandes d'asile l'an dernier, soit environ 10 000 de plus qu'en 2018-2019. La Commission a réglé quelque 11 000 appels de réfugiés, ce qui est plus de deux fois le nombre d'appels réglés à la Section d'appel des réfugiés l'année précédente. Bien entendu, ces gains représentent un meilleur accès à la justice pour des dizaines de milliers de personnes en attente de certitude dans leur vie.
L'audit à l'étude porte sur le renvoi d'immigrants refusés. Les mesures de renvoi ou les décisions qui déterminent si les mesures de renvoi sont mises en vigueur sont rendues par chacune des sections de la CISR. Elles couvrent tout un éventail de circonstances possibles, y compris celles où la Commission déclare une interdiction de territoire ou celles où les demandeurs n'ont pas besoin de protection.
L'efficacité du programme de renvoi de l'ASFC repose en partie sur le partage en temps opportun de ces décisions de la CISR. L'audit a porté sur le partage de ces décisions de la CISR avec l'ASFC dans le contexte de son programme de renvoi, et j'ai été rassuré de voir que le Bureau du vérificateur général n'a pas relevé de problèmes dans l'information communiquée par la CISR. Cela dit, nous nous sommes engagés à renforcer davantage nos pratiques d'échange d'information avec IRCC et l'ASFC à l'échelle du système d'immigration et de reconnaissance du statut de réfugié, et nous prenons des mesures en ce sens.
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir permis de comparaître devant vous aujourd'hui. Mon collègue, M. Kipling, et moi-même sommes prêts à répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président. Je suis heureuse d'être ici pour interroger les témoins.
J'ai examiné ce rapport en détail et j'ai plusieurs questions. Je veux simplement réitérer l'essentiel du rapport et de bon nombre des observations de la vérificatrice générale. D'après ce que je comprends, l'objectif du rapport était de « [...] déterminer si l'Agence des services frontaliers du Canada, en coordination avec [le ministère de l'immigration] et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié [...] avait renvoyé dès que possible les étrangers interdits de territoire au Canada de manière à protéger l'intégrité du système d'immigration et à préserver la sécurité publique. » De plus, la vérificatrice générale a constaté que « [l]es demandeurs d'asile déboutés représentent chaque année la plus grande part des personnes visées par un renvoi ».
Je veux simplement répéter en anglais certains points saillants des remarques de la vérificatrice générale — qu'elle a faites en français. Elle a dit: « [N]ous avons constaté que la stratégie de l'Agence pour gérer les cas de mesures de renvoi n'avait pas permis d'expulser dans les meilleurs délais les étrangers interdits de territoire » et, en outre, « qu'en avril 2019, environ 50 000 mesures s'étaient accumulées, et que bon nombre d'entre elles étaient exécutoires depuis plusieurs années ».
J'ai trouvé cela particulièrement troublant.
« [L]'Agence ignorait où se trouvaient environ les deux tiers des personnes visées par un renvoi », et elle a relevé deux principaux problèmes à cet égard. « Tout d'abord, la mauvaise qualité des données a nui aux efforts de l'Agence. En effet, celle-ci n'avait pas l'information dont elle avait besoin pour faire le suivi des mesures de renvoi exécutoires. » Elle n'avait même pas la technologie pour savoir et trouver où étaient ces personnes. Il y en avait 50 000 à l'époque. Elle a aussi fait état d'une « mauvaise circulation de l'information entre Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et l'Agence ».
Le deuxième problème, en particulier, me préoccupe beaucoup. « [U]ne gestion des cas déficiente a entraîné de longues périodes d'inactivité pour des milliers de cas à traiter. L'Agence n'avait pas de système efficace pour l'inciter à donner suite aux mesures de renvoi à traiter, même à celles qui étaient prioritaires » et pressantes. Elle a dit que: « l'Agence n'avait pas donné suite à environ 1 500 cas de son inventaire de mesures de renvoi à traiter pendant environ deux ans » et que « la plupart de ces cas étaient encore, en moyenne, dans l'inventaire des cas à traiter au bout de quatre ans et dans l'inventaire des personnes recherchées en vertu d'un mandat d'arrestation » après une décennie.
Je pense que le public sera particulièrement préoccupé par « l'incapacité de l'Agence de prioriser avec efficacité les mesures de renvoi », ce qui « est préoccupant en ce qui a trait au petit nombre de cas visant des criminels qui peuvent représenter un risque pour la sécurité publique. Certains de ces cas avaient été dans l'inventaire des cas à traiter de l'Agence pendant cinq ans en moyenne. »
Dans son rapport, elle mentionne que les cas visant des criminels, particulièrement les cas graves, concernaient « des personnes condamnées pour des crimes passibles de dix ans ou plus d'emprisonnement » ou « qui, selon un agent [des services frontaliers], constitue[raie]nt un danger pour la société ou des citoyens en particulier ».
J'ai trouvé cela préoccupant. Elle a précisé que « 150 dossiers concernaient des grands criminels dont le dossier était inactif ».
Donc, ce que j'ai retenu de ses remarques et de son rapport, c'est qu'il y avait 150 criminels connus dont on avait perdu la trace et qu'on ne cherchait pas à localiser. En outre, il y avait 2 800 autres cas visant des criminels dont on ignorait les allées et venues et sur lesquels on ne travaillait pas.
Nous savons maintenant que ce rapport est fondé sur des données d'il y a un an et demi — avril 2019 —, et j'espère aujourd'hui entendre une mise à jour sur les progrès accomplis pour les Canadiens préoccupés par les criminels qui, essentiellement, sont entrés illégalement au Canada et que nous ne sommes pas en mesure de localiser et qu'on ne recherche même pas, du moins au moment de ce rapport.
Monsieur Ossowski, combien des 2 800 criminels qui ont été désignés pour le renvoi a-t-on renvoyés depuis un an et demi, et combien de mandats d'arrestation visant des demandeurs d'asile déboutés qui sont des criminels y a-t-il au Canada actuellement?
:
Je dois poursuivre. Il ne me reste qu'une minute et demie.
Si j'ai bien compris son rapport, il y a bien d'autres cas visant des criminels dont personne ne s'occupait. Elles étaient, faut-il supposer, sur un bureau quelconque, à ramasser de la poussière, ce qui m'a choquée.
En français maintenant, pour nos collègues francophones...
[Français]
Comment expliquez-vous que le délai de traitement des mesures de renvoi concernant des criminels que nous sommes en mesure de retrouver est de cinq ans en moyenne? Comment expliquez-vous que les dossiers de 150 dossiers relatifs à des actes criminels graves sont demeurés inactifs pendant des années, souvent sans agent assigné au dossier?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur témoignage aujourd'hui. Le sujet est important, c'est sûr.
Je vais commencer par Mme McCalla, la directrice principale pour ce rapport.
L'information est évidemment utile, mais ce n'est qu'un instantané. Comme M. Wex l'expliquait, la CISR a essentiellement augmenté le nombre de demandes d'asile traitées, et je crois même que M. Wex a donné à entendre qu'il a peut-être doublé dans la dernière année.
Y a-t-il eu une analyse quelconque — il s'agit évidemment d'un instantané — de la situation passée et de la situation actuelle? Y a-t-il un continuum que nous avons pu étudier?
:
Merci de cette question, monsieur le président.
Nous avons modifié notre système d'assurance de la qualité et de surveillance des données pour veiller à ce que toutes les mesures de renvoi soient correctement entrées dans le système afin d'aider l'ASFC à mieux gérer son inventaire. Depuis six mois, toutes les mesures de renvoi émises sont correctement traitées.
Nous prenons ce rapport au sérieux. Nous travaillons pour un plus long terme.
Ces solutions sont provisoires. La solution à long terme consiste à modifier le système d'IRCC, ou le système global de gestion des cas, pour y inclure le suivi des décisions.
Il y a deux autres choses, si vous me le permettez, qui me paraissent très importantes. La première est le Conseil de gestion du système d'octroi de l'asile, que j'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire. Il est l'occasion pour nous trois, M. Wex, M. Ossowski et moi-même, comme patrons des trois organismes, de partager l'information, de travailler en collaboration aux priorités et de suivre nos décisions sur la façon dont nous élaborons les différents processus.
Cela a été un moyen extrêmement utile d'améliorer la collaboration horizontale et mieux répondre aux besoins des trois organismes concernés.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à saluer mes collègues ainsi que l'ensemble des témoins présents aujourd'hui.
Madame Hogan, c'est de nouveau un plaisir de vous rencontrer. Nous allons finir par en faire une habitude. Mes premières questions vous seront adressées.
Votre rapport est assez accablant. Encore une fois, vous avez produit un rapport étoffé, qui est également troublant pour le citoyen ordinaire. Le gouvernement avait accordé des fonds au programme d'aide au départ volontaire annoncé en 2019 et des fonds pour son exploitation directement à partir de l'année 2020.
Selon vous, ce programme qui est maintenant en vigueur a-t-il été retardé par la pandémie?
:
Je veux simplement que nous parlions un peu de ce que l'arrivée massive de réfugiés a coûté aux contribuables ces dernières années. Nous savons qu'en 2017, 2018 et 2019, 169 000 personnes sont entrées illégalement ou, pour reprendre les mots de certains intervenants — notamment du gouvernement fédéral — ont franchi la frontière canadienne de manière irrégulière et que la plupart d'entre elles ont présenté une demande d'asile. La plupart de ces demandes ont été jugées inadmissibles et nous sommes maintenant incapables de localiser les demandeurs pour les renvoyer.
Si j'ai bien compris, en 2028-2019, l'Agence a consacré 34 millions de dollars à ce programme de renvoi. L'année suivante, le gouvernement fédéral a plus que doublé ce budget, y ajoutant 36 millions de dollars, soit un total de 70 millions de dollars pour notre programme de renvoi. En outre, le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté s'est engagé, en 2019, à consacrer 1,18 milliard de dollars sur cinq ans pour augmenter la capacité du système d'asile du Canada afin qu'il puisse traiter 50 000 demandes d'asile par année.
J'aimerais que la sous-ministre de l'Immigration confirme que cette somme de 1,18 milliard de dollars ne comprend pas les frais de nourriture, de logement, de déplacement et d'autres dépenses?
Allo?
Madame la sous-ministre, pouvez-vous confirmer que cette somme de 1,18 milliard de dollars ne comprend pas les prestations d'aide sociale versées à ces demandeurs d'asile?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais m'adresser à MM. Harris et Ossowski, de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Je peux dire que le rapport du vérificateur général est assez accablant pour votre organisation. Je veux m'attarder principalement sur le renvoi d'immigrants refusés. C'est cette situation alarmante qui ressort principalement du rapport.
Dans les dernières années, on a fait beaucoup plus d'investissements dans ce domaine. J'ai pris connaissance d'un article de La Presse, daté du 8 juillet 2020, et rédigé par M. Jim Bronskill. Dans cet article, il dit que, au cours des dernières années, le gouvernement a fait beaucoup plus d'investissements pour améliorer le traitement des mesures de renvoi exécutoires. C'est l'Agence des services frontaliers du Canada qui est chargée d'exécuter les mesures de renvoi prononcées contre les étrangers qui ont été interdits de territoire au Canada.
Messieurs, pouvez-vous nous dire quel est le montant que le dernier budget accorde à ce programme précis?
:
Je peux vous donner quelques chiffres des années précédentes. En 2010, pour un programme de réforme des mesures concernant les réfugiés, l'Agence a reçu 95 millions de dollars sur cinq ans et 19 millions de dollars par la suite.
Il y a eu une nouvelle injection de fonds en 2016 pour le programme visant la levée de l'obligation de visa pour les ressortissants mexicains. C'est l'année où nous avons cessé d'exiger des visas aux voyageurs mexicains qui venaient au Canada. Le budget était de 20 millions de dollars sur cinq ans, et de 5 millions de dollars par la suite.
Le budget de 2018 prévoyait 7,45 millions de dollars pour un an et rien par la suite.
Dans le budget de 2019, l'Agence a reçu 77 millions de dollars sur trois ans.
Quand vous regardez ces chiffres, il est important de comprendre que ces fonds sont surtout consacrés aux activités de gestion de la frontière, c'est-à-dire pour contrôler les gens, en fonction des niveaux d'immigration ou des volumes des demandeurs d'asile que nous accueillons, et pas expressément pour exécuter les renvois.
Les renvois sont généralement la dernière étape de ce processus. En général, quand une personne s'engage dans un processus, nous devrions être en mesure de la renvoyer trois ans plus tard si tout va bien dans les processus d'appel et si la personne fait l'objet d'un traitement équitable.
:
Après avoir entendu les réponses des témoins, j'ai un peu de mal à m'y retrouver dans les chiffres fournis par IRCC et les différentes agences. Je fais cependant une constatation étonnante.
D'un côté, on nous dit, à l'Agence des services frontaliers du Canada, avoir profité de la pandémie pour rattraper le retard. De l'autre côté, à IRCC, les délais prévus pour le traitement de chaque demande et de chaque dossier sont de plus en plus longs. Nous sommes bien placés, comme députés, pour le savoir.
S'il n'y avait pas eu la pandémie, où en serions-nous, à l'Agence des services frontaliers du Canada?
Auriez-vous été en mesure de répondre aux engagements formulés dans le plan d'action qui a été présenté à la vérificatrice générale?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je tiens à remercier la vérificatrice générale et son équipe pour ce rapport. C'est incontestablement un travail essentiel pour assurer l'intégrité de notre système d'immigration et de notre frontière. Nous savons qu'en temps normal, quelque 500 000 personnes franchissent la frontière canado-américaine dans un sens ou dans l'autre presque chaque jour. Nous savons que des millions de personnes viennent au Canada. Elles obtiennent leur autorisation de voyage en ligne. Elles voyagent ici et repartent. Il y a aussi des touristes. Des centaines de milliers de personnes viennent chaque année au Canada pour étudier, travailler, s'installer ici, vivre ici et pour se bâtir un avenir meilleur. Nous savons que notre système, dans sa majeure partie, est très robuste et qu'il le restera, mais il est toujours possible de faire mieux à certains égards.
À la lecture du rapport, j'ai été frappé par la conclusion, au paragraphe 1.47, à la page 16. J'aimerais le lire aux fins du compte rendu:
Nous avons conclu que l'Agence des services frontaliers du Canada n'avait pas expulsé du pays dès que possible la majorité des étrangers visés par une mesure de renvoi exécutoire de manière à protéger l'intégrité du système d'immigration et à préserver la sécurité publique.
Nous en avons discuté aujourd'hui. Des plans d'action ont été mis en place et des améliorations ont été apportées, ce qui est fantastique. Le rapport poursuit...
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue à tous les témoins qui sont ici. Je souligne d'ailleurs que M. Ossowski et Mme Hogan sont des habitués du Comité permanent des comptes publics.
Les membres de ce comité ont reçu une formation à huis clos. Lors de cette formation, on a insisté sur le fait que, quand nous examinons les rapports de la vérificatrice générale, il est important de saluer le bon travail qui a été fait pour encourager les autres ministères et agences à suivre l'exemple des organismes qui ont eu une bonne note.
Ma question s'adresse à MM. Wex et Kipling, de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada.
Le Bureau du vérificateur général du Canada a constaté « qu'il n'y avait aucune erreur dans l'enregistrement par l'Agence des mesures de renvoi prononcées à la Commission de l'Immigration et du statut de réfugié du Canada ».
Selon vous, MM. Wex et Kipling, quelles pratiques font en sorte que l'enregistrement des mesures de renvoi prononcées par la Commission ne mène à aucune erreur dans l'inventaire des cas à traiter de l'Agence? Est-ce que cela concerne, par exemple, la formation des agents ou la vérification régulière des saisies?
:
Monsieur le président, nous avons une solide interface système avec IRCC, qui est également partagée avec l'ASFC, pour ce qui est des décisions prononcées quant aux demandes d'asile, décisions qui sont communiquées tous les soirs. Le système exécute une procédure qui assure le téléchargement des décisions chaque soir.
Cette information est communiquée à IRCC dans sa base de données du SMGC. Notre système de gestion des cas est relié au leur, et l'ASFC y a accès.
Ces décisions sont également communiquées à l'ASFC, soit par courriel crypté, soit par la poste ordinaire, dans les cinq jours qui suivent le prononcé de la décision.
Du côté de l'immigration, le processus est, en fait, plus manuel. Nous n'avons pas encore d'interface système. Comme M. Ossowski l'a mentionné, nous travaillons avec IRCC et l'ASFC pour renforcer ce secteur à la suite de l'audit de 2019. Cependant, toutes les parties reçoivent les décisions rendues par la Section de l'immigration ou la Section d'appel de l'immigration.
L'ASFC prend connaissance de toute mesure de renvoi prononcée par l'une ou l'autre de ces deux sections. Leurs décisions sont communiquées, encore une fois par courriel ou par la poste, dans un délai de deux à cinq jours ouvrables. C'est la pratique établie depuis longtemps.
Cela étant dit, le processus demeure plutôt manuel, comme vous pouvez le constater; il n'est pas encore automatisé. Bien que tout fonctionne très bien et malgré le constat rassurant fait dans le rapport du BVG quant à notre pratique de gestion de l'information, nous voulons la renforcer. Comme M. Ossowski l'a dit, nous cherchons des moyens de le faire.
L'un de ces moyens serait que la CISR aille de l'avant avec sa stratégie de numérisation. Nous mettons en place un portail qui nous permettra de transmettre l'information, dont les décisions, aux avocats et aux autres parties.
Les décisions n'ont pas encore été transmises par ce portail. Ce sera la prochaine étape de sa mise en œuvre. Nous y travaillons, et cela permettra d'accroître le niveau de numérisation et d'automatisation de l'actuel processus manuel.
Nous nous tirons bien d'affaire, selon le BVG, mais nous voulons néanmoins poursuivre nos efforts sur ce front et nous avons une stratégie pour le faire. Le rapport du BVG nous rassure.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais continuer à parler du programme de renvoi des étrangers.
Je m'adresse aux témoins de l'Agence des services frontaliers du Canada.
J'ai fait quelques recherches de mon côté, toujours dans le rapport 1 du Bureau du vérificateur général sur le renvoi d'immigrants refusés. Au paragraphe 1.2, il est dit ceci:
Pendant l'exercice 2018-2019, l'Agence a consacré environ 34 millions de dollars à son programme de renvoi des étrangers.
On parle de 34 millions de dollars pour un programme qui fonctionne 30 % du temps.
Pour être plus précis, des 50 000 personnes visées par des mesures de renvoi exécutoires ayant épuisé ou renoncé à tous les recours judiciaires pour rester au Canada, les deux tiers, soit environ 34 700, selon le rapport, faisaient partie de l'inventaire des personnes recherchées, et 2 800 d'entre elles avaient des antécédents criminels.
Est-ce acceptable pour l'Agence des services frontaliers du Canada?
:
Je vous remercie de ces précisions, monsieur Ossowski.
Je vais m'adresser maintenant aux témoins de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada.
Comme vous le savez, la pandémie a touché tout le monde, et particulièrement la Commission. Les audiences ont été annulées jusqu'au mois de juillet, environ. Que s'est-il passé relativement aux délais de traitement?
Des questions ont été envoyées directement au ministère. On nous a informés que les dossiers allaient être traités, mais qu'on avait préparé l'ensemble des dossiers pour l'automne. Si l'on n'a rien traité pendant plusieurs mois, j'ai de la difficulté à croire qu'on réussira finalement à travailler en double et qu'on arrivera à traiter tous les dossiers d'ici l'automne.
J'essaie de prévoir un peu ce qui va se passer dans les prochains mois. En raison de l'annulation d'audiences, y aura-t-il des délais de traitement inacceptables faisant en sorte qu'en fin de compte, il ne s'agira plus juste de 30 % des cas qu'on réussira à traiter dans le cadre du programme de renvoi d'immigrants refusés?
Pouvez-vous nous donner des précisions à ce sujet?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Wex, je ne voulais pas vous interrompre, mais je voulais simplement revenir à l'essentiel. Y aura-t-il des retards supplémentaires en raison de l'annulation d'audiences?
Vous avez dit qu'au mois de juin, vous avez repris la tenue d'audiences, mais en ligne. Toutefois, la pandémie a frappé au mois de mars. Aucune audience n'a été tenue pendant les mois d'avril et de mai. Pouvons-nous nous attendre à des retards?
J'essaie de savoir ce que vous avez fait entre la mi-mars et le mois de juin. La Chambre des communes a été fermée à la mi-mars, et nous avons repris les travaux de façon virtuelle au mois d'avril, même s'il y a eu deux mois où nous avons dû nous adapter par la suite.
À la Commission, qu'avez-vous fait pendant ce temps?
:
Monsieur le président, si cela vous convient, je vais répondre à cette question.
Comme vous le savez, la Cour fédérale a invalidé l'Entente sur les tiers pays sûrs. Il y a eu appel, et nous nous attendons à ce que le tribunal entende cet appel. Nous n'avons pas de date exacte, mais nous pensons que ce sera vers la fin février.
Pour répondre à votre question en partie, premièrement, sommes-nous en train de prévoir des éventualités à cet égard? Comment pourrions-nous maintenir les ressources et quelles seraient-elles? La réponse est oui, tout à fait. Nous travaillons sur la question en étroite collaboration avec nos collègues de l'Agence des services frontaliers du Canada, du ministère de la Justice et d'autres ministères et nous sommes en train de déterminer la manière de poursuivre les opérations de façon sécuritaire et ordonnée, dans le respect de la sécurité des Canadiens.
Nous continuons de surveiller l'évolution de la situation aux États-Unis ainsi que tout changement découlant de la nouvelle administration et ses conséquences éventuelles.
J'essaie simplement de m'assurer de donner une réponse complète à la question.
:
Vous faites de l'excellent travail. Je le précise à l'intention de ceux qui nous écoutent, parce qu'on réduit souvent l'immigration à un tout petit nombre de cas criminels qui font beaucoup de bruit. Dans nos échanges, nous n'avons pas parlé en détail de ce à quoi ressemble la criminalité, qu'il s'agisse de déclarations de culpabilité par procédure sommaire ou d'infractions punissables par voie de mise en accusation, d'infractions avec violence ou de simples accrocs à la loi.
J'aimerais revenir sur l'expérience typique des personnes qui cherchent refuge au Canada. Nous savons, par exemple, que les États-Unis, sous le régime de Donald Trump, ont infligé un traitement horrible aux réfugiés en séparant les enfants des parents, en mettant les gens en cage et en leur imposant des conditions inadéquates. Nous pouvons désormais voir pourquoi, ce qui n'était peut-être pas possible il y a quatre ans, pourquoi le fait d'invoquer l'Entente sur les tiers pays sûrs risque de ne pas aboutir dans cet appel.
À défaut d'un meilleur terme, je veux m'assurer que nous avons des systèmes et des principes en place pour que ce nouveau flux de personnes qui pourraient fuir... Peut-être qu'elles ne le feront pas sous le nouveau régime. Je ne sais pas s'il y aura une différence, mais je veux m'assurer que nous nous concentrons vraiment sur l'expérience générale des réfugiés qui traversent la frontière à des endroits comme le chemin Roxham.
:
Ce que M. Ossowski a dit tout à l'heure au sujet d'autres personnes qui réclament un système rapide, équitable et définitif demeure l'une des priorités globales, que ce soit avec ou sans entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis.
Il y a deux ou trois choses sur lesquelles nous travaillons ensemble, à titre de partenaires, mais que nous n'avons pas encore soulignées. L'un des grands problèmes est la complexité du système d'octroi de l'asile. Comment pouvons-nous le simplifier?
Dans le cadre du projet d'interopérabilité en matière d'asile, nous avons notamment travaillé sur le Centre intégré d'analyse des demandes d'asile. C'est dans ce cadre que nous nous sommes réunis à Toronto pour nous assurer que les dossiers sont le plus complets possible afin de réduire les allers-retours. Si je suis à la CISR, je ne peux pas prendre de décision parce que je ne vois pas l'information, alors je renvoie le dossier, puis il me revient, et il y a un va-et-vient.
L'objectif du Centre intégré d'analyse des demandes d'asile est de simplifier réellement le processus, de définir les lacunes du système actuel d'octroi de l'asile au Canada et de veiller à ce que les décideurs disposent de toute l'information pertinente en temps opportun. Cela contribue au maintien de l'intégrité du système.
Nous sommes optimistes quant aux résultats. Il y a eu trois phases. La troisième et dernière a été mise en œuvre ce mois-ci, et je suis heureuse que nous ayons pu procéder pendant toute la période de la COVID. Nous allons maintenant analyser son efficacité, mais je peux vous dire que cela semble très prometteur.
:
Monsieur le président, j'ai une dernière observation à faire.
En ce contexte de pandémie, où la tenue de nos réunions est virtuelle, les députés francophones sont très reconnaissants de recevoir au préalable les notes d'allocution d'ouverture de chacun des témoins, et pas uniquement pendant qu'ils font leur discours. Aujourd'hui, nous avons eu les notes d'allocution de Mme Tapley, d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, et celles de la vérificatrice générale, madame Hogan.
Je vous remercie beaucoup, madame Tapley et madame Hogan.
Toutefois, j'aurais aimé avoir les notes de tous les témoins, notes dans lesquelles se trouvent des informations importantes. Cela nous permet d'être mieux préparés pour les rencontres, surtout quand nous n’avons pas la chance d'être en présentiel.
Vous avez raison, monsieur Berthold.
Merci de tout le travail préparatoire et des exposés de ce matin.
Nous avons eu une discussion très fructueuse après un audit très intense et il semble que nous aurons des mesures à prendre.
Félicitations à tous pour le travail que vous avez fait pour venir témoigner devant le Comité, et aussi avant de venir ici.
Nous allons suspendre la séance et passer aux travaux du Comité. Je demanderais aux visiteurs de bien vouloir quitter, puis nous poursuivrons à huis clos pour discuter des travaux du Comité.
Merci.
La greffière: Nous ne siégeons pas à huis clos.
Le vice-président (M. Lloyd Longfield): Oh, si, c'est parce que nous devons ouvrir une session différente. C'est juste entre nous.
D'accord, nous avons apporté des modifications à notre horaire.
Nous avons envoyé un nouveau calendrier parce que les comptes publics ont été retardés jusqu'au 30 novembre, ce qui nous a donné l'occasion jeudi d'inviter la vérificatrice générale à venir nous parler de ses plans pour la prochaine série d'audits. Cela se fera à huis clos avec une ouverture de session distincte. Nous pourrons alors discuter de ses priorités.
Ensuite, nous aurons un atelier de suivi sur les questions que nous posons, sur la façon dont le Comité fonctionne. Cet atelier sera offert par l'organisme que nous avons utilisé plus tôt.
J'aimerais que nous discutions de l'horaire de nos témoins. Les gens ont-ils eu l'occasion d'y jeter un coup d'œil?
Il y a un point à l'ordre du jour, et c'est notre réunion du 10 décembre. Nous avons le choix entre le harcèlement en milieu de travail et les dépenses publicitaires du gouvernement du Canada.
C'est une question ouverte. Y a-t-il d'autres commentaires?