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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la deuxième séance du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
J'ai un peu d'information à vous donner.
Conformément à l'article 108(3)g) du Règlement, le Comité se réunit aujourd'hui pour recevoir une séance d'information sur les comités des comptes publics. Pendant la première heure, nous entendrons des représentants de la Fondation canadienne pour l'audit et la responsabilisation, la FCAR. Pendant la deuxième heure, quatre anciens présidents du Comité viendront nous informer sur les travaux antérieurs du Comité.
La réunion d'aujourd'hui se tient selon une formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 septembre 2020. Les délibérations d'aujourd'hui seront accessibles depuis le site Web de la Chambre des communes, et je rappelle que c'est toujours la personne qui parle qui apparaît à l'écran plutôt que l'ensemble du Comité.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, j'aimerais vous présenter quelques règles à suivre.
Les membres comme les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts, et vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « Parquet », « Anglais » ou « Français ».
Pour ceux qui participent à la séance en personne, veuillez procéder de la manière habituelle lorsque le Comité dans son ensemble se réunit en personne dans la salle de comité. N'oubliez pas les directives du Bureau de régie interne sur le port du masque et les protocoles sanitaires.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Pour ceux qui sont dans la salle, c'est l'agent, délibérations et vérification, qui gérera votre microphone comme à l'habitude.
Je vous rappelle que toutes les observations des membres et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Je vous prie de désactiver votre micro quand vous n'avez pas la parole.
Pour ce qui est de la liste des intervenants, la greffière du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre le plus approprié, que vous participiez à la séance en personne ou virtuellement.
J'aimerais maintenant vous présenter nos témoins. Nous accueillons Carol Bellringer, présidente-directrice générale, et Lesley Burns, directrice de la surveillance.
Vous pouvez maintenant nous présenter votre allocution d'ouverture.
C'est intéressant, parce que je réfléchissais aussi au mot qui me venait à l'esprit. Je pensais que vous leur demanderiez comment ils se sentaient de faire partie de ce comité. Le mot qui m'est venu est « déçue », parce que je dois vous dire que c'est le meilleur comité qui soit et que je suis déçue de ne pas pouvoir en faire partie.
J'ai beaucoup d'expérience de l'autre côté. J'ai été vérificatrice générale du Manitoba pendant deux mandats. Les gens me demandent souvent si c'est parce que je n'ai pas compris la première fois. Ensuite, je suis déménagée en Colombie-Britannique. J'ai pu voir les comités des comptes publics du Manitoba et de la Colombie-Britannique en action, et j'ai eu le plaisir de siéger aux deux à titre de vérificatrice générale. J'y ai rencontré Mme Burns et bien d'autres membres de la Fondation avec laquelle je travaille maintenant. J'ai pu y découvrir l'histoire des audits de performance, puis comment la responsabilisation devant les comités a évolué au fil du temps.
La Fondation existe depuis une quarantaine d'années, soit à peu près depuis que je travaille dans le milieu de la vérification. Je me rappelle qu'au début, on l'appelait la Fondation canadienne pour la vérification intégrée, la FCVI. Le mot « intégrée » en a été retiré, et c'est le vérificateur général de l'époque, James Macdonell, et ses collègues des cabinets comptables privés qui se sont concertés et ont déterminé qu'il ne leur suffisait pas de connaître les chiffres du secteur public pour un exercice, c'est-à-dire les états financiers; ils devaient comprendre ce que les chiffres signifiaient et avoir accès à plus d'information pour bien saisir si les programmes étaient déployés efficacement.
C'est ainsi que tout a commencé, et les choses ont beaucoup évolué pour atteindre la maturité qu'on observe d'aujourd'hui. La Fondation se trouve maintenant dans une position unique, elle cumule beaucoup de connaissances sur l'audit. Nous jouissons de l'appui de tous les vérificateurs législatifs du Canada, et nous travaillons également à l'international. Une grande partie de nos travaux est financée par Affaires mondiales Canada. À l'heure actuelle, nous avons des projets au Rwanda, au Sénégal, au Guyana et au Vietnam.
Nous avons aussi le privilège unique de côtoyer beaucoup les organismes de surveillance. Nous travaillons avec les comités des comptes publics depuis nos tout débuts. Or, nous sommes très fiers d'avoir su réunir les fonctions d'audit et de surveillance. C'est toujours intéressant de voir comment les choses évoluent.
Il y a une conférence annuelle. Ceux qui ne le savaient pas le savent maintenant. Il s'agit d'une conférence conjointe, pendant laquelle vous entendrez des tonnes d'acronymes de la profession comptable. Quand votre vérificatrice vous en servira, n'hésitez pas à lui demander ce qu'ils signifient. Le CCVL est le Conseil canadien des vérificateurs législatifs. Il se réunit périodiquement à divers endroits au Canada. Bien sûr, le CCCCP est le Conseil canadien des comités des comptes publics. Le CCVL et le CCCCP se réunissent une fois par année, dans diverses villes du pays, en alternance. Cette année, il s'est réuni à l'extrémité du pays, à Victoria. J'ai manqué cette réunion, puisque je venais tout juste de quitter mon poste là-bas. C'est une occasion en or de rencontrer nos collègues du milieu et de tisser des liens avec les autres vérificateurs.
Nous avons préparé un jeu de diapositives, qui vous a été transmis. Nous le suivrons assez librement. Pour vous situer, je viens de vous présenter la diapositive 2, sur la Fondation. Nous faisons beaucoup de recherches et offrons de la formation, tant au Canada qu'à l'étranger.
Comme Mme Burns l'a souligné, je suis très heureuse d'avoir été invitée à comparaître devant votre comité.
Aujourd'hui, nous vous donnerons de l'information générale sur l'état de la recherche à ce jour. C'est un cadeau de notre estimée collègue, Mme Burns. Elle travaille depuis longtemps dans le domaine. Nous avons beaucoup de documents et de contexte à vous présenter. Nous vous parlerons également un peu des audits de performance.
Encore une fois, c'est un aperçu de ce que c'est et de ce que ce n'est pas, et vous en trouverez quelques exemples. Nous espérons avoir un peu de temps à la fin pour répondre à vos questions sur ce qui vous intéresse.
Je redonne la parole à Mme Burns.
Soit dit en passant, madame Burns, si je ne fais pas cela comme il faut, je vous prie de me le dire et je m'en tiendrai aux diapositives.
Comme vous pouvez le voir à la diapositive 4, le Comité des comptes publics est le comité chargé de surveiller que les décisions parlementaires ont bel et bien été mises en oeuvre conformément aux intentions du Parlement. Un CCP efficace peut avoir une incidence énorme sur l'administration de la fonction publique et ce, en s'assurant que les recommandations du vérificateur général sont suivies.
Vous croyez peut-être que vos électeurs ne se soucient pas beaucoup de votre travail au Comité des comptes publics, et malheureusement pour moi, il y en a probablement beaucoup qui n'en ont jamais entendu parler. Cependant, si vous prenez un instant pour réfléchir aux plus grandes préoccupations de vos électeurs, je pense que vous conviendrez avec moi que ces préoccupations sont étroitement liées aux dépenses et que vos électeurs se soucient de la façon dont leurs taxes et impôts sont dépensés.
Votre rôle au PACP diffère de celui que vous pourriez jouer au sein de tout autre comité. Vous n'y discuterez pas de l'établissement de politiques et vous ne devriez pas du tout discuter de politiques.
Par exemple, il ne sert à rien de discuter du bien-fondé de construire un hôpital une fois qu'il a déjà été bâti. À la place, vous pourriez vous concentrer sur le processus, sur la façon dont il a été construit. Y a-t-il effectivement un hôpital qui a été construit? Est-ce plutôt un magasin d'alcool? La construction s'est-elle effectuée selon les volontés du Parlement? Votre travail au sein de ce comité améliorera la façon dont la fonction publique est administrée, les programmes sont administrés, et il aura un effet à long terme sur les programmes qui suivront. C'est comme construire une route. Nous empruntions peut-être tous la même route, donc si vous en retirez les bosses, elles disparaîtront pour longtemps. Or, ce n'est possible que si les déficiences relevées dans les rapports d'audit sont corrigées.
Au Royaume-Uni, le comité des comptes publics est un comité très prisé. Malheureusement, je ne reçois pas toujours le même écho au Canada et dans nos provinces. Vous entendrez un peu plus tard quatre de vos anciens présidents. Ils vous parleront de l'effet que ce comité a eu sur eux et de l'importance qu'il peut avoir, selon eux, non seulement pour le Canada, mais aussi pour eux-mêmes, en tant que politiciens. Au Royaume-Uni, ce comité est souvent un tremplin pour monter en grade.
Il y a des avantages à ce comité. Vous y apprendrez beaucoup de choses sur les fonctions gouvernementales, ce qui améliorera votre compréhension globale des différents ministères, parce que vous aurez l'occasion d'y aborder une multitude d'enjeux. Vous pourrez y parler d'immigration une semaine et d'eau potable la suivante. Votre mandat est très vaste, mais l'on ne s'attend pas à ce que vous deveniez vous-mêmes des experts de tous ces sujets. Vous aurez de l'aide, parce que vous faites partie d'un système.
La diapositive 5 illustre le système de responsabilisation dont vous faites partie. Elle illustre la relation entre le Bureau du vérificateur général, les ministères et le Parlement. Lorsque les trois travaillent ensemble, ils peuvent maintenir une administration publique efficace.
C'est le rôle du vérificateur général d'effectuer des audits des ministères. Ces audits se fondent sur des faits. Ils sont indépendants et approfondis. Les rapports d'audit fournissent de l'information impartiale, en profondeur. L'organisation visée par l'audit est examinée en détail, les vérificateurs généraux consacrant souvent des milliers d'heures-personnes à creuser un sujet. Je serais prête à parier que vous ne disposez pas vous-mêmes de tout ce temps, pas plus que votre personnel, mais vous bénéficiez de cet éclairage.
C'est une relation symbiotique. Le comité des comptes publics dépend de rapports d'audit de grande qualité du vérificateur général, et celui-ci a besoin d'un comité des comptes publics efficace pour s'assurer que ses recommandations sont prises au sérieux. Ce n'est pas par erreur que le Parlement figure au sommet de ce graphique, parce qu'ultimement, les organismes gouvernementaux et les ministères ne sont pas imputables au Bureau du vérificateur général. Ils sont imputables au Parlement et au CCP, puisque vous représentez le Parlement. C'est vous qui avez été élus par les citoyens du Canada.
Trop souvent, nous entendons un élu bien intentionné, frustré de lire dans un rapport d'audit que les mêmes déficiences sont soulevées année après année, depuis peut-être 13 ans, mais qu'elles n'ont toujours pas été corrigées. Le député frustré se tournera alors vers le vérificateur général pour lui demander: « Pourquoi n'avez-vous rien fait? Pourquoi n'avez-vous pas corrigé le problème? Vous soulevez constamment le même problème. » La raison à cela, c'est que ce n'est pas le rôle du vérificateur général. C'est votre rôle de député. La plupart des vérificateurs généraux sont trop polis pour le dire. Encore une fois, c'est à vous que la fonction publique doit rendre des comptes, pas au vérificateur général. Le vérificateur général est là pour vous donner l'information dont vous avez besoin.
Quand le système fonctionne bien, il en résulte un gouvernement plus responsable. Dans ce système, le comité des comptes publics doit prendre diverses mesures pour tenir le gouvernement responsable. Si vous prenez la diapositive 6, je veux simplement vous rappeler, avant d'entrer dans le vif du sujet, que l'argent public n'a pas de parti politique. Vous entendez souvent dire, quand vous faites partie du comité des comptes publics, de laisser votre allégeance politique au vestiaire quand vous franchissez la porte — ou dans ce cas-ci, quand vous vous connectez, je suppose.
Le comité fédéral est très chanceux, parce que la procédure en place est efficace. Je vais vous parler un peu des pratiques exemplaires. Vous pouvez cocher toutes les cases, pour tous les éléments fondamentaux. Bien souvent, nous observons que dans certains comités, ces pratiques ne sont pas respectées. Nous travaillons alors avec eux à trouver des façons de mettre les meilleures pratiques possible en place, dans leur contexte. Il est plus difficile pour les comités qui ne les respectent pas d'être efficaces et de fonctionner, mais ce n'est pas ce qui nous amène ici aujourd'hui. Comme je l'ai déjà dit, toutes ces pratiques sont déjà en place ici.
Si vous prenez la diapositive 8, vous y verrez une liste d'activités. Je ne les passerai pas toutes en revue, mais ce sont les fonctions qu'un comité des comptes publics devrait assumer, selon notre perception des bonnes pratiques. Je vais vous en présenter quelques-unes en détail dans quelques instants, mais je rappelle encore une fois que le comité fédéral est un modèle au pays. Vous inspirez les autres, et j'oserais même dire qu'ils vous envient. Vous avez du personnel de soutien hautement qualifié pour vous guider dans tout cela. En fait, l'un de vos analystes a littéralement écrit le livre qui guide le personnel de soutien sur l'aide qu'il peut apporter à ces comités au pays. Vous avez également une coutume unique, établie sous la présidence de M. Sorenson, c'est-à-dire que vous préparez un rapport de continuité pour guider le comité et ses nouveaux membres, afin que le nouveau comité reprenne là où l'ancien comité s'est arrêté, de manière à assurer une continuité plutôt qu'à créer une rupture complète avec les travaux du comité précédent.
Vous voyez à la diapositive 9 la page couverture de notre guide des bonnes pratiques. Je vous le montre pour que vous sachiez que toutes ces idées ne sortent pas de nulle part. Elles se fondent sur de nombreuses conversations avec les membres des divers comités des comptes publics, au Canada comme ailleurs dans le monde, ainsi que sur les constats des chercheurs sur ce qui rend les comités efficaces, particulièrement les comités des comptes publics.
Vous pouvez voir que nous avons divisé l'information en trois grandes parties.
La diapositive 10 présente les pratiques fondamentales. Celles-ci ont souvent une assise législative et sont de compétence fédérale.
Vous voyez à la diapositive 11 les actions de ces comités. D'ailleurs, votre comité prend de très bonnes mesures pour bien s'acquitter de son mandat.
Enfin, la diapositive 12 expose les extrants. Il s'agit en fait de ce que vous souhaitez, personnellement, accomplir au sein du comité. Si vous souhaitez que le comité manque d'efficacité, il y a de nombreuses façons d'y arriver, mais n'oubliez jamais que vous êtes un rouage du système de responsabilisation. Si vous ne faites pas votre part, le reste du système ne fonctionnera pas. Je ne me rappelle pas par coeur le budget du Bureau du vérificateur général, mais si vous ne jouez pas bien votre rôle, vous pourriez très bien ne pas même le payer, parce que tout ce travail sera bien moins efficace. Ce bureau a vraiment besoin que vous travailliez avec le ministère visé afin qu'il corrige les déficiences mises en lumière.
Vous vous demandez peut-être ce que vous allez faire exactement. Je vais céder la parole à Carol dans un instant pour qu'elle vous en dise davantage au sujet des audits de performance et de quelques autres vérifications qui sont menées.
Je veux cependant d'abord souligner que les audiences du Comité font partie des activités auxquelles vous devrez consacrer le plus de temps pour l'étude des rapports d'audit.
Le Comité est la tribune publique permettant d'obtenir des compléments d'information sur le fonctionnement d'une organisation visée par un audit. Les témoins que vous allez convoquer se diviseront en deux groupes principaux. Il y aura d'abord les représentants des ministères. C'est généralement un sous-ministre qui comparaîtra devant vous, car il est l'agent responsable de l'administration du ministère. Monsieur Murphy vous en parlera sans doute de façon plus détaillée. Ce n'est pas le ministre, même si les gens disent que c'est lui qui a la responsabilité ultime et se demandent pourquoi ce n'est pas lui qui est convoqué. Ce n'est pas le ministre, car son rôle consiste à établir les grandes orientations stratégiques. Vous n'allez pas vous intéresser à cet aspect, mais plutôt à la façon dont on administre les politiques établies à cette fin.
Les autres témoins que vous allez convoquer seront les représentants du bureau du vérificateur général. Avec eux, vous essaierez d'en savoir plus long sur les constats découlant de l'audit. Vos questions à la vérificatrice générale devraient toucher davantage la portée de l'audit pour vous permettre de mieux comprendre les enjeux qui ont été cernés.
Je vais maintenant céder la parole à Carol qui va vous en dire un peu plus sur ce que vous pourrez apprendre dans les rapports du bureau du vérificateur général et sur la façon dont vous pourriez vous y prendre pour bien les étudier.
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Merci. Je vais donc passer directement aux audits de performance.
La diapositive suivante explique ce qu'est un audit de performance. C'est un examen cherchant à établir si les programmes du secteur public fonctionnent conformément aux principes d'économie, d'efficience et d'efficacité. Ce sont les mots clés que vous risquez d'entendre le plus souvent. Il sera aussi beaucoup question d'environnement. Je dis souvent que c'est le quatrième « E ». Comme je l'ai mentionné précédemment, on ne s'arrête pas aux sommes dépensées, mais on se demande comment elles ont été dépensées et quels résultats on était censé obtenir.
Je suis désolée de ne pas avoir la pagination, mais je passe à la diapositive intitulée « L'audit de performance permet d'évaluer... ». Il s'agit de se demander quels étaient les résultats escomptés, si les systèmes de contrôle sont bien conçus à cette fin et quelles mesures de surveillance ont été mises en place au sein de l'organisation.
Mme Burns a déjà abordé la question, mais précisons tout de même que l'audit de performance ne sert pas à évaluer le bien-fondé des politiques. Dans la pratique, il est toutefois souvent difficile de s'abstenir de le faire. Il est facile d'affirmer que l'audit ne concerne pas les politiques elles-mêmes, mais c'est une ligne ténue que l'on passe souvent près de franchir. C'est un risque dont il faut donc être conscient.
Il ne faut pas se contenter de dire... L'exemple de la construction d'un hôpital est intéressant. C'est bien sûr davantage une question du ressort des provinces, mais il faut d'abord se demander si l'hôpital a été effectivement construit. Il est d'autre part important de s'interroger sur les motifs d'une telle décision pour déterminer si une planification suffisante a été effectuée, s'il y avait un besoin réel ou si c'est un projet qui ne mènera nulle part. Il ne s'agit pas de savoir si l'on est justifié de construire ou non des hôpitaux, mais d'examiner tous les autres aspects pouvant être visés par un audit de performance.
Nous avons ensuite une liste des principaux éléments d'un rapport d'audit. C'est ce que vous retrouverez dans tous les audits dont vous serez saisis. Il est important de lire le rapport de façon aussi exhaustive que votre temps vous le permet. Vous n'allez pas nécessairement en comprendre tous les éléments, mais vous avez des analystes pour vous aider à y voir plus clair. Il demeure cependant essentiel de savoir sur quoi l'audit a porté.
Lorsque vous amorcez un audit, vous partez d'une page vierge. Vous devez d'abord déterminer ce que vous allez examiner. Vous devez ensuite décider quels éléments vous allez cibler, en fonction des risques et de l'importance relative de chacun. Les vérificateurs vont l'indiquer très clairement dans le rapport d'audit de telle sorte que vous puissiez bien saisir la portée de leur travail.
Si quelque chose ne figure pas dans le rapport, c'est que les vérificateurs ne s'y sont pas intéressés. Il est donc important de connaître la portée de l'audit. C'est ce qui définira le cadre des questions que vous pourrez poser aux témoins, à ceux qui sont chargés de mettre en œuvre le programme, pour savoir notamment comment les choses se déroulent maintenant et si l'on a donné suite aux recommandations formulées.
Les plans d'action généralement mis en place dans un tel contexte à l'échelon fédéral font l'envie des provinces. Ce n'est pas le cas partout au pays. C'est une façon de faire que l'on intègre lentement aux pratiques courantes.
Le suivi est un élément primordial. Il est important que le rapport ne soit pas relégué aux oubliettes. On ne veut pas non plus que les responsables quittent la salle en se disant qu'ils l'ont échappé belle et qu'ils peuvent recommencer à agir comme ils l'ont toujours fait. Vous ne souhaitez pas qu'ils attendent simplement que cette étape soit chose du passé.
Cela fait partie des aspects déterminants du rôle du Comité qui doit contribuer à éviter de tels résultats.
Comme Mme Burns le soulignait, la liste des sujets à étudier peut être longue. Vous allez voir un peu de tout, de la défense nationale jusqu'au respect en milieu de travail, en passant par les examens spéciaux visant à scruter en profondeur le fonctionnement des sociétés d'État et l'information financière permettant de mieux saisir la réalité des comptes publics.
Madame Burns, je pense que c'est à vous de continuer avec la bonne pratique numéro six.
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Merci. Je pense pouvoir terminer le tout en vous laissant un peu de temps pour les questions. Nous pourrons bien sûr comparaître de nouveau à un autre moment.
Nous offrons plusieurs ateliers différents. Celui-ci est une version de notre programme d'orientation. Nous avons un atelier plus spécialisé sur l'interrogation efficace des témoins et la formulation de recommandations. Il y a également celui portant sur la lecture des comptes publics que nous avons mis à l'essai il y a plusieurs années déjà avec ce comité-ci et que nous avons offert à plusieurs reprises depuis.
Je reviens à notre document pour traiter maintenant de planification. Si vous voulez suivre avec moi, nous en sommes à la diapositive 23.
Les comités les plus efficaces sont ceux qui planifient leurs activités. Ils élaborent un plan de travail avant de tenir une audience. Vous établirez un mécanisme pour déterminer quels rapports d'audit vous allez examiner et dans quel ordre. Vous confierez sans doute certaines de ces décisions à un comité directeur. Votre comité souhaitera également convenir du but commun qui est visé avant de tenir une audience ou d'étudier un rapport.
On dit qu'il faudrait pouvoir fermer les yeux lors d'une audience et ne pas savoir à quel parti appartiennent ceux qui prennent la parole. Au Yukon, les membres du comité préparent maintenant toutes leurs questions avant de se les répartir entre eux. Il se peut donc que votre parti propose une question, mais que ce ne soit pas nécessairement vous qui la posiez lors de la séance de comité. C'est l'exemple d'un mode de fonctionnement que l'on peut se donner pour s'assurer de travailler tous ensemble. Dans ce contexte, il est primordial d'établir un objectif commun.
Passons à l'importance de faire participer les témoins de façon constructive. Vous tenez une audience dans le but d'obtenir de l'information afin d'en arriver à un rapport unanime. Il importe que ce rapport soit unanime parce que vous y formulez des directives à l'intention de la fonction publique quant aux mesures à prendre. Les gens de la fonction publique sont habitués à voir les politiciens diverger d'opinion, car c'est un peu votre manière de fonctionner. Lorsque vous en arrivez à une déclaration multipartite établissant une marche à suivre, vous ne manquez donc pas d'attirer leur attention. Ce consensus est vraiment important.
Lorsque des témoins comparaissent devant vous, vous ne devez pas perdre de vue l'importance du temps alloué à cet exercice. Je ne parle pas seulement du temps que les membres du Comité ne peuvent pas ainsi consacrer à d'autres travaux d'une grande utilité, mais aussi de celui que l'entité auditée prend pour se préparer à l'audience ainsi que du temps de comparution du sous-ministre. Tous ces éléments s'additionnent.
Les sous-ministres qui se présentent devant vous ne sont pas toujours en mesure de vous répondre sur-le-champ, ce qui est compréhensible. Il arrive que les questions portent sur des éléments qui remontent à quelques années en arrière. Rien ne vous empêche de les inviter à vous fournir une réponse écrite. Il est bon d'établir une échéance pour cette réponse, et vous pouvez également très bien leur demander combien de temps il leur faudra, selon eux, pour rassembler l'information requise si vous arrivez difficilement à le déterminer. Vous pouvez compter sur du personnel de soutien qui vous aidera à faire le suivi pour obtenir ces renseignements du ministère.
Mme Bellringer a parlé du risque que des responsables comparaissent devant le Comité pour sortir de la séance en se disant qu'ils l'ont échappé belle et que cela est maintenant derrière eux. Ils doivent savoir que le Comité ne va pas manquer de faire un suivi.
Nous avons préparé des fiches de rappel qui ne sont pas nouvelles pour certains d'entre vous. Je vais mettre à la disposition de votre greffière des versions électroniques qu'elle pourra vous transmettre. Si vous préférez la version cartonnée, nous pourrons également vous en fournir. On y trouve de brefs conseils sur la façon de poser des questions efficaces et de formuler des recommandations de même que sur la collaboration entre les partis, un sujet dont je vais bientôt traiter.
Avant cela, je vais passer à la diapositive 25 où l'on indique: « Sans suivi, il n'y a pas de reddition de comptes ». Comme nous l'avons déjà précisé, les gens d'un ministère peuvent très bien se présenter devant vous en affirmant qu'ils vont donner suite à toutes les recommandations de la vérificatrice générale et qu'ils vont s'y prendre de telle ou telle manière. Si vous ne faites pas de suivi pour vérifier le tout — et vous disposez à cette fin de mécanismes comme les rapports d'étape —, il vous sera cependant impossible de savoir si cela a bel et bien été fait. Vous pouvez les convoquer à nouveau devant le Comité si vous avez l'impression qu'il n'y a pas eu de progrès. Le bureau de la vérificatrice générale a toujours aussi la possibilité de faire un audit de suivi au besoin.
J'aime bien faire la comparaison au fait d'avoir des adolescents à la maison. Vous leur demandez s'ils ont fait leurs devoirs. Bien souvent, vous vérifiez. Ont-ils rangé leur chambre? Ouvrez-vous la porte de ladite chambre pour vérifier? Si vous ne le faites pas, vous faites vraiment confiance à vos enfants. C'est excellent. Vous pourriez peut-être alors écrire un manuel pour les parents.
Je vais parler d'un dernier point sur nos pratiques exemplaires. La plus grande lacune que nous observons chez les comités qui ne sont pas efficaces, c'est l'absence de collaboration multipartite. J'ai déjà mentionné certaines raisons pour lesquelles cette collaboration est si importante au sein d'un comité des comptes publics. Or, la collaboration est un défi pour les élus, qui y sont peu habitués, vu leurs fonctions.
J'aime dire qu'il faut laisser toute allégeance politique à la porte. L'argent public n'a point d'odeur politique, ce qui fait que lorsqu'on examine la mise en œuvre d'une politique, l'aspect partisan n'est pas aussi important.
À la diapositive 30, on y décrit certains comportements partisans. Les politiciens peuvent faire preuve de partisanerie de façon différente. Certains comportements sont subtils, alors que d'autres sont flagrants. Votre comité dispose d'une structure de base qui lui permet d'être non partisan. Il y a le temps accordé aux intervenants, le président qui fait partie de l'opposition, et un processus de suivi bien établi. Il vous revient donc, en tant que membres individuels, de rentrer dans la salle et de prendre la décision de travailler vers un objectif collectif et de vouloir améliorer l'administration publique.
Nous offrons des conseils à la diapositive 31 sur la façon d'y arriver. Bon nombre d'entre vous sont probablement en train de penser que c'est irréaliste, surtout de la part de quelqu'un qui n'a jamais eu de fonctions d'élu. Je vais m'en remettre à quatre anciens présidents de comité qui vous parleront après nous. Ils vous décriront leur expérience quant à l'importance de la collaboration avec d'autres partis et des retombées éventuelles.
Madame la présidente, je répondrai à toute question de la part du Comité.
Merci.
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Je vous remercie, madame la présidente, de me donner la possibilité de revisiter mon deuxième chez-moi. Tout d'abord, si vous me le permettez, j'aimerais applaudir, remercier et saluer les personnes les plus importantes qui sont avec nous aujourd'hui: le personnel. Je vous salue, monsieur Theckedath, madame Crandall. Madame la présidente, vous avez la chance d'être appuyée par deux des meilleurs employés de toute la Cité parlementaire. Vous avez du très, très bon personnel.
Bien sûr, je veux aussi saluer mes anciens collègues, MM. Murphy, Sorenson et Allison. Puis-je souligner que M. Allison n'a ménagé aucun effort pour être ici aujourd'hui, malgré la courte durée de son mandat? Nous nous sommes lancés dans ce projet en même temps, en 2004; à l'époque, nous ignorions tous les deux ce qu'était le comité des comptes publics et le travail qu'il accomplissait. À mon avis, le fait qu'il est ici aujourd'hui pour souligner l'importance du Comité en dit long à la fois sur sa personne et sur la valeur du travail effectué par le comité des comptes publics.
Je salue aussi M. Arya, qui a eu l'amabilité de se joindre à nous. Il était membre du Comité durant la législature précédente. Je pense qu'il est également ici pour souligner l'importance du Comité, tant à ses yeux que de manière globale.
Madame Yip, devinez quoi? Vous vous souvenez que je disais toujours à quel point je trouvais cela difficile au début de la dernière législature, quand j'étais le seul à avoir de l'expérience et que je consacrais autant de temps à la formation qu'aux travaux du Comité? Eh bien, madame Yip, devinez quoi? C'est votre tour, maintenant. Comme vous êtes devenue membre du Comité au cours de la dernière législature, vous serez leur pierre angulaire, madame Yip. Je sais que vous devez sentir que vous n'avez pas beaucoup d'expérience, mais vous en avez mille fois plus que tous les autres. Je pense que vous jouerez un rôle essentiel et que vous aiderez le Comité à réincarner la culture propre à la meilleure version du Comité qu'il y a eu jusqu'à présent. J'aimerais pouvoir dire que c'est moi qui étais président à l'époque, mais ce serait faux; c'était M. Sorenson, grâce à la composition du Comité et à son excellent leadership.
Monsieur Murphy, vous étiez formidable. J'ose espérer que ma performance était satisfaisante, mais c'est M. Sorenson qui a trouvé la formule gagnante: toutes les bonnes personnes se trouvaient au bon endroit.
Évidemment, je tiens à saluer rapidement mon ami Matt Green, qui assure la présence de la circonscription de Hamilton-Centre au comité des comptes publics pour la 16e année consécutive. Félicitations, monsieur Green. Vous ferez un excellent travail.
J'ai vu que M. Fergus était là. M. Fergus n'était pas membre du Comité, mais nous avons noué une certaine amitié durant la dernière législature, fondée sur notre relation avec Mauril Bélanger.
Monsieur Fergus, monsieur Green, je vous félicite pour le travail que vous effectuez au sein du Caucus des parlementaires noirs. Vous faites preuve d'un grand leadership. Je sais qu'il y a des frictions, mais dans l'ensemble, je crois que vous faites de l'excellent travail, qui aura des effets réels.
J'ai une dernière personne à saluer avant d'entrer dans le vif du sujet. Je suis persuadé que mon ancien bras droit est dans les parages, près de M. Green; j'ai nommé Tyler Crosby. Je présume qu'il est là et je le salue et le remercie pour tout ce qu'il a fait pour moi.
Passons maintenant à la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui: le comité permanent des comptes publics.
Je dois vous dire que je suis impressionné. Je suis impressionné parce que normalement — je le vois maintenant que je travaille à l'occasion pour la FCAR et que je voyage plus —, l'une des choses les plus difficiles à faire, c'est de convaincre les politiciens qu'ils ont besoin de formation, car évidemment, nous, les politiciens, nous savons tout. Personne ne peut nous dire quoi faire. C'est pour cela que nous sommes là: pour éliminer les vieilles inepties et pour apporter de la nouveauté et innover. Le fait est que vous comprenez. Chacun d'entre vous, d'après ce que j'ai entendu, cherche à en savoir davantage, et c'est extraordinaire parce qu'à mon avis, c'est la preuve que vous commencez exactement à la bonne place.
Mme Burns vous a demandé ce que vous pensiez du Comité. Souvent, il est mis en relation avec le comité de la Bibliothèque, surtout par les whips; on ne l'associe pas à la santé, à l'environnement, aux finances ou au commerce, mais plutôt à d'autres domaines. J'ai été député pendant 15 ans, alors je sais très bien qu'à de nombreux égards, le comité des comptes publics est souvent vu du même œil que le comité de la Bibliothèque.
La présence des whips veut dire deux choses. D'abord, elle aide à faire valoir l'importance du Comité. Ensuite, j'espère que, grâce à la formation que vous recevez, vous viendrez à comprendre que lorsque le Comité accomplit bien son travail, les whips n'ont pas la même influence ici qu'aux autres comités, car comme Mmes Bellringer et Burns l'ont dit, vous vous trouvez dans un univers complètement différent. Le comité des comptes publics n'a rien à voir avec les autres comités auxquels vous avez siégé. L'unique responsabilité du Comité est d'assurer la surveillance de l'utilisation de l'argent des contribuables pour le premier ministre en éliminant le gaspillage et en soutenant l'efficience.
Voilà votre mission, et vous avez le pouvoir de vous en acquitter. Vous connaissez la réputation dont jouissait le Comité durant la dernière législature. À chaque réunion, nous déployions de grands efforts pour laisser de côté la partisanerie et pour former une équipe.
Madame la présidente, je veux vous dire que votre rôle est beaucoup plus important ici que dans d'autres comités. Dans d'autres comités, le rôle de la présidence se résume souvent à gérer les interventions des participants et des témoins. Vous verrez, surtout quand le groupe ou l'équipe se réunira à huis clos à l'étape de la rédaction du rapport, que lorsque les membres n'arriveront pas à s'entendre, ils se tourneront vers vous pour trouver une solution. Parfois, pour y arriver, la présidence se sert de l'humour. D'autres fois, elle agit avec la solennité qui lui est propre. D'autres fois encore, la présidence doit retirer sa chaussure et frapper la table à la Khrouchtchev.
À mon avis, madame la présidente, vous devez prendre tous les moyens possibles pour soutenir et protéger la culture du Comité. Par ailleurs, vous devez vous considérer comme une chef d'équipe et non comme la présidente conservatrice d'un comité permanent. Vous êtes à la tête du mécanisme de surveillance du premier ministre pour l'ensemble du gouvernement fédéral d'un pays du G7. Ce n'est pas une mince affaire, et c'est une grande responsabilité pour vous, mais je vous connais: vous êtes une vétérane, et je sais que vous êtes à la hauteur.
Voilà pourquoi je trouve tellement significatif que le Comité ait réalisé certains de ses progrès les plus notables sous la présidence de Kevin Sorenson. Si je remonte plus loin, je peux dire, probablement avec l'appui de M. Allison, que John Williams a joué un rôle majeur et qu'il nous a tous servi de mentor. À l'époque, on le surnommait « M. Comptes publics ». Il dirigeait l'équipe, et c'était une véritable équipe.
Il vous arrivera de craquer et de tomber dans la partisanerie. Vous devrez résister pour vous remettre sur pied. Je vous en supplie, ne laissez pas les séances du comité des comptes publics devenir une reprise de la période des questions. Mme Bellringer a abordé ce sujet. Ce faisant, vous ferez peut-être les manchettes ou vous aurez peut-être droit à une citation à la une, mais vous laisserez tomber le Parlement, car le Parlement compte sur vous pour faire votre travail, et la seule façon d'accomplir votre travail, c'est en laissant de côté la partisanerie. Lorsque vous agissez de manière partisane, oui, vous en profitez, vous faites les manchettes ou l'on parle de vous dans l'histoire, mais vous détruisez complètement la culture du Comité, et c'est sa culture qui vous donne la force, le respect et la connaissance dont vous avez besoin pour travailler ensemble.
Le fait est que vous êtes la seule entité, mis à part le Cabinet, qui peut demander des comptes aux ministères. Le vérificateur général ne peut qu'attirer l'attention sur des dossiers. Ce sont les politiciens qui peuvent obliger les ministères à prendre des mesures, qui peuvent leur imposer des échéances et qui peuvent les contraindre de leur faire part de leurs progrès à des dates précises. Vous verrez que M. Theckedath est un expert en la matière et vous constaterez que lui et Mme Crandall vous seront d'une aide précieuse lorsque vous rédigerez des rapports.
Je vais sauter un peu plus loin parce que j'épuise toujours mon temps de parole, et je sais que je vais finir par manquer de temps.
Si vous publiez un rapport qui reflète que l'opposition s'oppose à quelque chose et que le gouvernement l'appuie, ou vice-versa, tout le monde dira: « Le gouvernement a pris la position à laquelle on s'attendrait de lui et l'opposition aussi; que vais-je donc trouver dans ce rapport, à part deux versions de diatribes différentes? » Durant des mois, tout le monde ignorera que vous existez, puis, du jour au lendemain, vous vous retrouverez sous les projecteurs pendant des jours et des jours en raison des rapports sur lesquels vous travaillez. Ce n'est pas le cas de tous les rapports, mais le nombre est considérable. Ces rapports sont énormes. Ce qui est puissant, surtout dans le cas d'une vérification d'envergure, et ce qui est utile pour le Parlement et pour la population canadienne, c'est lorsque vous vous réunissez à huis clos et que vous en arrivez à un consensus. Si le gouvernement mérite d'être critiqué, le rapport le reflète.
Lorsque le Comité siège à huis clos, au cours des échanges, les députés ministériels, idéalement, diront « écoutez, nous admettons que le gouvernement a raté son coup, ce que l'audit illustre et le rapport illustrera, mais voyons donc — vraiment, je ne peux pas accepter ces termes ». Ensuite, de leur côté, les députés de l'opposition doivent respecter le fait que les députés ministériels sont prêts à formuler des critiques, mais ils doivent faire attention aux termes utilisés. Écoutez ce qu'ils disent. Maniez les mots. C'est à cet égard que M. Theckedath est si fantastique pour trouver non seulement une autre formulation, mais aussi parfois une approche complètement différente qui vous permet de présenter les mêmes observations tout en réglant les éléments sur lesquels les discussions achoppent.
Madame la présidente, chaque fois que votre comité publie un rapport unanime, vous frappez un coup de circuit. S'il n'y a pas unanimité, ce n'est pas de votre faute, mais cela signifie que le Comité n'a pas travaillé de façon aussi efficace qu'il aurait pu le faire. Je demanderais à mes collègues de nous dire, lorsqu'ils prendront la parole, s'ils se souviennent d'un rapport qui n'était pas unanime. Je sais que nous avons toujours cherché à obtenir l'unanimité. Monsieur Sorenson, je crois qu'à la législature précédente, nous y sommes toujours parvenus.
Enfin, il y a deux ou trois autres points que je veux vraiment faire ressortir.
Tout d'abord, vous avez déjà entendu parler de la Fondation canadienne pour l'audit et la responsabilisation, la FCAR. Je dois vous dire que je fais partie du conseil d'administration et que je fais du travail pour la fondation. Bien avant cela, la FCAR était notre bras droit. En fait, lorsque vous nous poserez des questions, vous voudrez peut-être que je parle du travail que nous avons accompli lorsque notre façon d'examiner les comptes publics a été analysée, et c'était la première fois qu'une telle chose se faisait dans le monde. La FCAR est très importante.
Il y a aussi le CCCCP. Mme Burns et Mme Bellringer en ont parlé. Il s'agit du Conseil canadien des comités des comptes publics. Tout d'abord, il vous donnera la seule réelle occasion que vous aurez de voyager, et c'est formidable, car vous vous déplacerez d'une province à l'autre. Je ne saurais trop insister: il est important que tous les membres du Comité — et vous en particulier, madame la présidente — participent à cette conférence, car comme Mme Burns l'a mentionné, le reste du pays se tourne vers le gouvernement fédéral. C'est vous qui avez le plus de pouvoir, de capacités et d'expérience, et vous êtes sur la scène mondiale. Les provinces et les territoires se tourneront vers vous.
Madame la présidente, bien que vous soyez nouvelle à ce poste, ils ne s'attendent pas à ce que vous connaissiez toutes les réponses. Toutefois, ce qu'ils veulent entendre, c'est que la culture que le Comité a favorisée, sous la direction de Kevin Sorenson, ne change pas. À mon avis, c'est parfait; le dernier comité des comptes publics a été le meilleur que je n'ai jamais vu, et on ne peut probablement pas faire mieux. Par conséquent, je vous prie de participer.
L'autre groupe, le troisième, c'est l'APC, l'Association parlementaire du Commonwealth. Ce sont tous des parlements. Il s'agit de l'ancienne Empire Parliamentary Association, ou Association parlementaire de l'Empire. Nous sommes maintenant unis par une organisation du Commonwealth. Il y a maintenant l'Association des comités des comptes publics du Commonwealth. Cela a commencé il y a deux ou trois ans. M. Sorenson et moi étions présents lors de sa création. Quelques changements ont été apportés et l'association essaye toujours de s'établir, mais je vous prie de la surveiller de près, et si d'autres conférences ont lieu, voilà l'autre voyage que vous devriez faire. Nous l'avons fait. Nous sommes allés à Londres, en Angleterre, pour visiter le comité des comptes publics. Nous en sommes revenus avec des idées extraordinaires, dont certaines se trouvent dans le rapport sur l'héritage du Comité, que nous n'avons pas pu concrétiser, mais qui ont été inspirées de ce voyage.
Je vais conclure. N'oubliez pas que je suis un type qui a une 9e année, alors s'il fallait être bons avec les chiffres, connaître le processus d'audit et avoir une bonne formation universitaire, je n'aurais même pas pu commencer à faire le travail, mais ce n'est pas le cas; c'est le travail des vérificateurs. Votre travail — notre travail —, c'est le volet politique, et c'est la chose essentielle que vous faites. Lorsque j'ai commencé à participer aux conférences du Conseil canadien des comités des comptes publics, j'ai commencé à voir un monde plus grand. J'ai commencé à comprendre que c'est quelque chose d'important. Il y a littéralement des centaines de milliers de personnes — comme Mme Bellringer, comme notre nouvelle vérificatrice générale et comme Lesley Burns — qui consacrent leur vie professionnelle à la question de la transparence et de la responsabilisation et de son apport dans le renforcement de la démocratie. J'y ai pris goût lorsque j'ai participé à la conférence du CCCCP, ma première gorgée de Kool-Aid. Chaque année je prenais un peu plus de Kool-Aid, et à la fin, j'apportais ma propre bouteille Thermos parce que j'y adhérais.
C'est un élément essentiel de toute démocratie. Certains d'entre vous savent que j'ai voyagé dans le monde entier et que j'ai participé à un certain nombre de missions d'observation électorale, et je connais certains des principes fondamentaux de ce qui renforce une démocratie.
Je vois vos yeux, madame la présidente. Je suis prêt à conclure.
Votre travail est essentiel. Sachez simplement que vous entrez dans un monde où les gens sont résolus à renforcer la démocratie grâce à la transparence et la responsabilisation.
Je vous remercie, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
J'espère que vous et les membres du Comité comprenez qu'il est très difficile de prendre la parole après M. Christopherson.
C'est très agréable de revenir devant ce comité. J'y ai siégé pendant environ 10 ans. Je l'ai présidé pendant cinq ans, et durant ces cinq années, un gouvernement minoritaire était au pouvoir. C'était donc une période unique.
Je tiens à vous féliciter, vous et les autres membres du Comité, tant pour avoir été élus que pour avoir été nommés à ce comité.
On nous a tous demandé de faire quelques observations préliminaires. J'ai résumé les miennes en sept points à retenir, que je présenterai le plus rapidement possible. Puisque certains d'entre eux sont répétitifs par rapport à ce qu'ont dit les intervenants précédents, je les passerai assez rapidement.
Madame la présidente, le premier point a déjà été mentionné, mais je vais le répéter.
Le comité des comptes publics est fondamentalement différent des autres comités de la Chambre des communes. Il étudie des questions d'administration plutôt que des questions de politique. Comme Carol l'a mentionné, il examine la mesure dans laquelle le gouvernement fait preuve d'économie, d'efficacité et d'efficience dans l'utilisation des fonds publics. Nous devons comprendre, tout d'abord, qu'environ 99 % de ce qui se passe au gouvernement du Canada est bien fait. Notre pays se classe très bien dans le monde. Cependant, lorsqu'il y a des problèmes ou lorsque des choses peuvent être améliorées, nous nous penchons sur les causes des problèmes et nous déterminons si les problèmes sont résolus.
Vraiment, madame la présidente, ce comité se situe au cœur du rôle fondamental de tous les députés, tant ceux du gouvernement que ceux de l'opposition, et il s'agit de tenir le gouvernement responsable de ses actes. Nous ne sommes pas ici pour gouverner, mais bien pour demander des comptes à ceux qui gouvernent.
Le deuxième point que je veux faire valoir concerne le comité directeur. C'est très important, puisque dans certaines situations, il n'a pas été aussi efficace qu'il aurait pu l'être. Madame la présidente, vous examinez la situation de sept ou huit semaines parce que vous établissez le calendrier pour la comparution de sous-ministres, de dirigeants d'organismes gouvernementaux, et tout le processus de planification doit être pris en considération. Chaque parti, ou chaque membre du comité directeur, peut prendre son temps pour en discuter, et vous déterminez quels seront les travaux à venir du Comité. Bien entendu, les recommandations ou les procès-verbaux doivent être approuvés par le Comité.
D'après mon expérience au comité directeur, si nous n'avions pas le temps de nous occuper de tous les rapports sur le rendement, nous demandions aux représentants des partis de les classer. Chaque parti avait son premier choix. Par la suite on procédait sur la base d'un classement. En général, cela fonctionnait très bien.
M. Christopherson a parlé de mon troisième point en quelque sorte. Nous devons tous être à l'affût des tentatives d'ingérence du gouvernement et des partis de l'opposition. Vous êtes ici pour exercer votre propre jugement et poser vos propres questions. Vous devez comprendre que — je ne veux pas me montrer trop critique — beaucoup de personnes au Cabinet du premier ministre et aux bureaux des chefs des partis de l'opposition ne comprennent pas vraiment le rôle unique que joue le Comité. Ils ne comprennent pas le rôle du Comité. C'est un terrain glissant, mais il est difficile d'en sortir.
Madame la présidente, j'ai vu des situations où des membres du Comité qui avaient une carrière remarquable ont posé des questions préparées par quelqu'un d'autre. Le sous-ministre, par exemple, y répond en fournissant des détails. Le membre du Comité pose ensuite une autre question, à laquelle le témoin a déjà répondu, mais elle avait été rédigée par quelqu'un d'autre. Ce n'était pas bon, ni pour le membre du Comité, ni pour le Comité.
Je passe au quatrième point.
L'une des observations importantes que je souhaite faire aujourd'hui, c'est d'inviter chacun des membres du Comité à prendre connaissance de la Loi fédérale sur la responsabilité. Elle stipule, en termes simples, que chaque sous-ministre et chaque chef d'organisme sont personnellement responsables devant le Comité, devant le Parlement, de la manière dont les programmes gouvernementaux sont administrés conformément aux politiques, aux lois, aux règlements et aux procédures. Dans les mesures prises pour élaborer et maintenir des mécanismes de contrôle interne efficace, ils doivent signer les comptes. Ils sont personnellement responsables devant le Comité. Je veux dire que nous avons fait beaucoup de travail à cet égard il y a 13 ans, et M. Christopherson était membre du Comité à l'époque. Nous avons élaboré un protocole pour la comparution de sous-ministres devant le Comité. Ce protocole a non seulement été approuvé par le Comité, mais il a aussi été ratifié par la Chambre des communes par la suite. Il fait donc partie du droit parlementaire de cette institution.
J'invite tous les membres du Comité à en faire la lecture. Vous trouverez des situations où le Conseil privé ou l'exécutif n'approuvent pas nécessairement le protocole. Ce qui est primordial, c'est le Parlement lui-même, qui déterminera ses propres responsabilités, donc vous, les membres de ce comité, déterminerez qui vous convoquez, à quel moment et quelles questions vous posez. Je pense que c'est un point très important, et j'invite tous les membres à en prendre connaissance.
Très brièvement, le point suivant porte sur les témoins. Il s'agit généralement de l'administrateur des comptes. Cette personne peut amener toute ressource technique dont elle a besoin. Je vous recommande d'être ferme et juste, mais soyez professionnels. Lorsque j'étais président, parfois, les témoins s'éternisaient ou donnaient des réponses évasives. Lorsqu'on préside le Comité, il faut intervenir très rapidement pour que ce comportement cesse. Peut-être qu'avant que la réunion commence, vous pourriez avertir les témoins que vous ne tolérerez pas cela, et vous pourriez en faire la culture du Comité. Un truc que les membres du Comité peuvent utiliser, s'ils n'obtiennent pas de réponse complète, consiste simplement à demander aux témoins de fournir un rapport complet sur la question et de présenter un rapport à la greffière du Comité, qui le distribuera aux membres du Comité par la suite. Les témoins n'aiment pas cela, mais de cette façon, vous aurez établi cette culture qui indique que vous voulez des réponses claires et succinctes.
Le prochain point que je veux soulever concerne les plans d'action, qui sont très importants. Souvent, cela boucle la boucle. Nous avons le rapport sur le rendement de la vérificatrice générale. Nous avons les recommandations de la vérificatrice, la réponse du gouvernement, l'audience et le rapport du Comité permanent des comptes publics. Les choses se terminaient là à l'époque, mais maintenant, nous avons les plans d'action et les mesures de suivi pour voir s'ils font ce qu'ils avaient promis de faire. Si le Comité voit des dérapages ou constate que les ministères ou les organismes ne font pas ce qu'ils avaient promis de faire, demandez-leur de comparaître de nouveau devant le Comité et assurez-vous que la boucle est bien bouclée.
Comme dernière remarque, madame la présidente, je dirais que votre tâche n'est pas facile dans une situation où le gouvernement au pouvoir est minoritaire. Vous devez trouver un équilibre entre remplir le rôle fondamental du Comité et tenir compte des orientations du gouvernement et des deux partis de l'opposition. Je vous recommande d'essayer de tisser des relations très étroites avec la vérificatrice générale et peut-être avec le contrôleur général et, bien sûr, avec le personnel du Comité. Là encore, vous consacrerez une grande partie de votre temps à planifier les futurs ordres du jour et à faire preuve de leadership pour orienter la planification des travaux du Comité. Comme le dit M. Christopherson, vous essayez d'obtenir l'unanimité pour vos rapports, si c'est possible. Lorsque j'étais président, je pense que seulement à deux occasions, nous avons publié un rapport qui n'était pas unanime, donc en général, cela va marcher. Bien sûr, vous devez maintenir l'ordre et le décorum.
Une autre chose qui me semblait bien fonctionner, madame la présidente, c'est que lorsque j'étais en poste — et cela dépend de la personnalité des gens —, j'ai toujours trouvé qu'il était bénéfique qu'il y ait des activités sociales avec le personnel du vérificateur général et votre comité, peut-être votre personnel. Il y avait habituellement — bien sûr, ce n'est pas possible maintenant — une salle séparée de la salle à manger, mais j'ignore ce qu'il en est maintenant. J'ai toujours trouvé qu'il était bon que les gens puissent discuter dans un cadre plus détendu et apprendre à mieux se connaître, et ces activités, selon moi, se passaient très bien.
Je pense que mon temps de parole est peut-être écoulé, et je tiens seulement à répéter que je suis ravi de comparaître devant ce comité. Je vous souhaite à tous beaucoup de succès.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je suis très heureux d'être de retour ici aujourd'hui.
Tout comme M. Christopherson, j'aimerais reconnaître tous les anciens membres du comité des comptes publics, y compris les présidents. Vous avez entendu David Christopherson, Shawn Murphy et Dean Allison. Ils ont tous apporté quelque chose de nouveau à notre comité, et ils ont certainement fait un excellent travail à la présidence. Je sais, madame la présidente, que vous ferez également un excellent travail, en raison de la façon dont vous avez agi jusqu'ici.
J'aimerais remercier Lesley Burns et Mme Bellringer, qui ont comparu pendant l'heure précédente. Je pense que tous les membres du Comité ont reconnu la valeur de la Fondation canadienne pour l'audit et la responsabilisation et sa contribution au Comité. Je suis donc heureux que notre comité ait invité ses représentants à comparaître à nouveau. J'allais justement soulever ce point aujourd'hui.
J'aimerais maintenant me présenter aux nouveaux membres du Comité. Je m'appelle Kevin Sorenson, et je suis député depuis 19 ans. J'ai fait partie de plusieurs comités, et j'ai été président du comité des affaires étrangères. J'ai également été président de la mission afghane et du Comité permanent de la sécurité publique et nationale. J'ai aussi été ministre d'État aux Finances. Enfin, pendant les quatre dernières années, j'ai fait partie du Comité permanent des comptes publics.
Je ne vous dis pas cela pour attirer l'attention sur ce que j'ai accompli ou sur ce que je n'ai pas accompli, mais plutôt pour vous dire que pendant les 15 années qui ont précédé mon arrivée au Comité permanent des comptes publics, c'est-à-dire pendant les 15 années où j'ai occupé toutes ces fonctions, je connaissais très peu de choses au sujet du Comité permanent des comptes publics. Je comprenais que ce comité devait assurer la transparence et la responsabilité du gouvernement, mais je ne comprenais pas les subtilités et les questions que le Comité examinait. Je savais que ses membres travaillaient avec le Bureau du vérificateur général, mais je ne savais pas exactement comment.
Je me souviens d'avoir rencontré les membres de la Fondation canadienne pour l'audit et la responsabilisation lors de notre première réunion. Shawn Murphy était présent. À l'époque, je me suis demandé pourquoi, à titre de député conservateur, je voudrais écouter cet ancien président libéral de la FCAR. Je me demandais si les membres de la FCAR avaient tous été mobilisés et si nous allions nous contenter de suivre la méthode de l'ancien gouvernement. Je me suis rendu compte à quel point je me trompais.
Je savais que M. Murphy excellait aux débats à la Chambre des communes, mais je ne le connaissais pas vraiment à titre de président du Comité. Lorsque je me suis assis et que j'ai regardé de l'autre côté, j'ai vu David Christopherson. Je me suis alors demandé quelles étaient les chances d'avoir un comité non partisan si M. Christopherson en faisait partie, car il excellait aussi aux débats à la Chambre des communes.
Toutefois, permettez-moi de vous dire, encore une fois, que ces personnes ont joué un rôle primordial — tout comme les libéraux, notamment — pour me permettre de présider le Comité de façon non partisane. C'est exactement ce que votre comité devrait faire. Je veux vous encourager à continuer d'avoir recours à la FCAR et de faire tout en votre pouvoir pour demeurer non partisans.
M. Murphy a déjà parlé un peu de tout cela. Le comité des comptes publics n'est pas responsable des orientations politiques énoncées par un gouvernement. En effet, chaque parti a ses propres orientations politiques. Nous devons donc nous concentrer sur la façon dont les ministères mettent en œuvre ces politiques. Comment mettent-ils en œuvre une politique que le gouvernement... qui se trouve dans leur mandat? Comme M. Murphy l'a dit, nous nous penchons sur les rôles administratifs.
Que ce soit dans le cadre des débats à la Chambre des communes ou lors d'une élection, chacun d'entre vous, à titre de membre du Comité, sera en mesure de débattre et de remettre en question la politique de l'autre gouvernement. Que nous soyons d'accord ou non avec la politique en question, nous nous attendons à ce que, dans notre démocratie libérale, un ministère puisse remplir le mandat qui lui a été confié par le gouvernement. Si le ministère ne peut pas mettre en œuvre la politique du gouvernement ou qu'il retarde ou refuse sa mise en œuvre d'une façon ou d'une autre, comme c'est le cas dans certains pays du tiers monde, nous serons alors confrontés à un problème grave. Dans ce cas-là, le comité des comptes publics devient très important, même s'il l'est déjà.
J'aimerais rapidement ajouter que je me souviens que lors d'une réunion de notre comité des comptes publics, Meg Hillier, du Parlement britannique, a dit qu'elle adorait s'asseoir confortablement, fermer les yeux et tenter de déterminer quel parti avait posé une question donnée.
Je crois que les membres de la FCAR ont mentionné la même chose. Vous devriez être en mesure d'écouter les questions. Elles sont posées de façon non partisane et ne contiennent pas beaucoup de contexte qui vise à critiquer les gouvernements. Elles ne font qu'examiner les ministères. C'est le but de cette démarche.
J'aimerais également préciser que chaque personne a parlé du caractère unique de ce comité. Il est vraiment unique. À ma connaissance, c'est le seul comité qui s'est doté d'un plan d'action pour assurer des suivis. M. Theckedath et Mme Crandall jouent un rôle très important à cet égard. Nous devons assurer un suivi pour les raisons mentionnées par Mme Burns. Vous le faites avec vos adolescents. Vous le faites avec d'autres entreprises lorsque vous avez [Difficultés techniques]. Il est impératif que vous fassiez la même chose ici. Il s'agit simplement d'assurer la transparence et la reddition de comptes chez les ministères.
Vous êtes membres d'un comité qui a la possibilité de comprendre l'ensemble du gouvernement. Vous êtes membres d'un comité qui comprendra un peu mieux chaque ministère qui fait l'objet d'études menées par le vérificateur général. Si c'est votre premier mandat de député, je pense que votre participation au comité des comptes publics représente la meilleure formation possible, car vous apprendrez quelque chose au sujet de chaque ministère. C'est une bonne chose.
Je pense qu'on vous remettra un exemplaire des Comptes publics du Canada. Il sera rangé sur votre étagère, où il occupera environ deux pieds d'espace. La plupart des gens le survolent rapidement. Lorsque vous commencerez à comprendre les comptes publics... Je sais comment lire des états financiers. Des représentants de la FCAR arrivent avec un ancien employé du Bureau du vérificateur général et ils passent en revue chaque livre et chaque point. Vous serez en mesure de préciser le nombre de iPhone perdus par le gouvernement ou par les députés, de cerner où se situe le gaspillage au sein du gouvernement, et de connaître le montant payé par le gouvernement pour certaines de ses ressources. Je vous félicite de vous rendre compte qu'il faut consulter la FCAR et obtenir ces types de séances d'information, car cela vous aidera à faire votre travail.
J'aimerais brièvement terminer avec le point suivant. Encore une fois, comme on l'a mentionné plus tôt, madame la présidente, vous êtes essentielle au bon fonctionnement d'un comité. Au cours des quatre années pendant lesquelles j'ai fait partie de ce comité, à plusieurs reprises, nous avons appris, au dernier moment, qu'un ministère faisait comparaître l'assistant d'un sous-ministre ou une personne occupant un poste moins élevé à la place du sous-ministre lui-même. Je me souviens d'une réunion que j'ai regardée à la maison un jour où je m'étais blessé à l'épaule. Les représentants d'un ministère comparaissaient ce jour-là, mais le sous-ministre n'était pas parmi eux, comme le ministère l'avait promis. Il avait envoyé quelqu'un d'autre pour le remplacer. Alexandra Mendès a refusé d'ouvrir la séance.
Nous nous attendons à ce que le sous-ministre responsable comparaisse. Il est sous-ministre, et il est donc le représentant responsable du ministère. C'est essentiel qu'il comparaisse. Il arrivera qu'un sous-ministre ne soit pas en mesure de comparaître en raison d'un décès dans sa famille ou d'autres circonstances exceptionnelles. On demandera alors au Comité si on peut envoyer quelqu'un d'autre, mais habituellement, ce sont les personnes responsables qui répondent aux questions du Comité. Et dans ce cas-ci, c'est le sous-ministre.
M. Christopherson a parlé d'autres occasions auxquelles vous aurez accès par l'entremise du Conseil canadien des comités des comptes publics et de l'Association parlementaire du Commonwealth. Ce sont de bonnes occasions, mais en raison de la COVID-19, je ne sais pas si vous pourrez vous déplacer pour assister à un grand nombre de ces réunions.
Permettez-moi d'ajouter que votre comité est très important, surtout dans le cas d'un gouvernement minoritaire. En effet, dans ce cas-là, votre comité devient encore plus important que jamais pour assurer la reddition de comptes et la transparence. Je vais écourter certains de mes commentaires à cet égard.
Nous avons rédigé un rapport sur ce que nous avons accompli et sur ce que nous aurions aimé accomplir. Votre comité doit s'engager activement à faire ce genre de choses.
Dans le cadre des mesures que nous avons mises en œuvre, nous avons notamment demandé à la FCAR d'évaluer la gestion de notre comité. Nous voulions savoir si l'organisme pouvait cerner des lacunes dans notre manière de fonctionner. Nous lui avons donc demandé de nous envoyer des rapports trimestriels ou semestriels sur les améliorations que nous pourrions apporter au Comité. C'est très positif. Il est important de faire des choses comme cela, afin d'éviter de nous enraciner dans nos habitudes. C'est un groupe non partisan qui fera une évaluation objective des activités du Comité.
De plus, madame la présidente, vous devrez parfois rappeler les membres du Comité à l'ordre. Il faut bâtir une relation avec les membres du Comité et favoriser le respect, afin qu'ils sachent que vous ne travaillez pas seulement pour votre parti et qu'ils peuvent compter sur vous. C'est ce que nous avons fait.
Je crois que je vais m'arrêter ici. J'aimerais remercier les membres du Comité du travail qu'ils accompliront et de tout ce qu'ils apprendront en cours de route.
Je vous remercie, madame la présidente.
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Merci, monsieur Sorenson. Vous l'avez vraiment bien dit, et je vais m'en inspirer.
D'après moi, monsieur Arya, notre réussite est attribuable à notre objectif à tous: produire le meilleur rapport possible et être unanimes. Monsieur Arya, vous et moi avons souvent été en désaccord au début. Du même dossier, je disais que c'était gros; vous, que c'était important, mais peut-être pas si gros. Nous finissions toujours par nous entendre, parce que nous savions que notre objectif n'était pas de prononcer un grand discours mais de produire un rapport unanime, fidèle aux constatations du vérificateur général et à notre volonté politique de le terminer. J'insiste là-dessus.
Je suis reconnaissant à M. Sorenson d'avoir prononcé le nom d' à deux ou trois reprises. Elle m'apparaît comme la figure emblématique du parlementaire membre d'un comité des comptes publics. Je prendrai 30 secondes pour vous donner un exemple. Ça s'est passé pendant la dernière législature, quelques mois sinon quelques semaines avant le déclenchement des élections. Sans vouloir recréer la dynamique de la situation, nous butions sur un important problème politique, et il fallait que notre comité fasse son travail et critique le gouvernement sur un gros dossier. Mme Mendès, en sa qualité de responsable du gouvernement, était celle qui était prête à s'assurer l'accord de principe des députés ministériels sur ce dossier, mais nous devions trouver la bonne formulation. C'est la question à laquelle M. Sorenson faisait allusion.
C'était tellement délicat. Nous nous dirigions vers les élections. Nous voulions rester unis, et je ne me portais pas candidat, même si je savais que tous les libéraux le faisaient. J'ai dû mettre de l'eau dans mon vin et tenir compte des aspects politiques locaux de ces députés. Finalement, le fait de nous mettre à la place des autres nous a permis de trouver les termes par lesquels notre comité, dans une lettre qui a eu beaucoup de retentissement, a unanimement condamné le gouvernement.
Ce n'était pas l'intérêt de Mme Mendès ni celui de son parti qui ont prévalu, mais celui du Parlement et du contribuable canadien, que Mme Mendès a fait passer avant son parti et sa propre réélection. Pour moi, cet exemple et le fait que M. Sorenson, qui est conservateur, a été le premier à soulever le rôle de la députée libérale Mendès semblent indiquer que nos discussions en personne sur les comptes publics abolissent et effacent les lignes de parti. Nous ne voyons qu'une seule équipe de parlementaires, dont la tâche est de faire rendre des comptes au gouvernement sur ses dépenses et son emploi de l'argent.
Ça signifie que le sous-ministre doit rendre des comptes. Rappelez-vous: l'un de nos dictons: quand un sous-ministre découvre qu'il est convoqué comme témoin devant le comité des comptes publics, sa semaine entière devrait être gâchée, parce qu'il sait qu'on l'a distingué en raison d'un problème et qu'il devra affronter l'orage.
Autre conseil à tous, avant de partir. Votre objectif, en fin de compte, c'est de changer les comportements et non de vous écrier « je t'ai bien eu! ». Ça signifie que si vous êtes efficaces, des sous-ministres et des sous-ministres adjoints prévoient, devant un problème qui n'est pas traité de la bonne manière, de se retrouver devant votre comité, et nous savons quel sera le sort de ceux qui passent par là.
Cette réputation, on ne l'acquiert que par deux moyens. D'abord, critiquer quand c'est nécessaire, et le député du parti ministériel qui déplore les inefficacités d'un ministère a beaucoup plus d'influence que son confrère de l'opposition, dont c'est le comportement attendu. Ensuite, j'ai appris personnellement, ces dernières années, à quel point le compliment d'un député d'un tiers parti, le plus éloigné possible du gouvernement dans cette salle, envers un ministère qui avait réussi un bon coup avait de l'influence.
Si on passe sous silence les bons comportements et qu'on sanctionne les mauvaises actions, notre comité passera pour être inflexible, pour chercher à faire vivre l'enfer aux témoins et à les faire mal paraître à la télévision. S'ils réussissent un bon coup, particulièrement quand ils corrigent une erreur, rompez avec vos habitudes — et je m'adresse ici aux députés de l'opposition — et prenez l'initiative de leur adresser d'abord un compliment. Tournées de cette manière, les critiques portent mieux. Faites des compliments dans les formes quand ils sont mérités, ce qui est excellent pour la crédibilité personnelle. Je pourrais en raconter sur mon passage dans ce comité, qui m'a aidé cinq fois à me faire réélire.
Il ne s'agit pas seulement de bien s'entendre, sans faire d'éclats. L'angle politique vient aussi s'en mêler. Vous pouvez acquérir une réputation — comme M. Sorenson l'a fait remarquer — qui diffère de l'ancienne. À la Chambre je passais pour une espèce de semeur de discordes et ainsi de suite et, quand il m'a aperçu dans votre comité, il s'est demandé comment un jour il pourrait discuter sans parti pris avec un gars comme moi.
Pourtant, j'ai découvert, après 35 ans de vie politique, que je prenais plaisir à trouver une solution rassembleuse, bien plus que de faire la une des journaux par mes attaques contre le gouvernement. Après un certain temps, on s'en lasse et on découvre que ça ne sert pas à grand-chose.
Mais, si vous pouviez passer une heure et demie dans la salle du Comité, être rassembleur et obtenir le rapport unanime recherché, c'était vraiment du beau travail, aussi important que celui d'un ministre, parce que vous aviez voulu tenir compte de la situation générale et faire votre devoir.
Le but n'est pas de vaincre l'adversaire, mais de changer les comportements. Vous voulez que les bureaucrates reconnaissent l'utilité des étapes à suivre dans un processus. Souvent, des résultats catastrophiques comme Phénix proviennent d'un assemblage parfait de petits détails et d'un ou deux gros mécanismes déréglés qui entraînent soudainement un gaspillage de fonds publics.
Vous ambitionnez de changer le comportement des bureaucrates, pas tant pour qu'un journal titre: « J'ai passé un savon au gouvernement », mais pour que les fonctionnaires de toutes sortes modifient leur façon de voir leur emploi et changent leurs comportements. C'est sur ce terrain-là qu'on gagne.
Dans un monde idéal, un auditeur viendrait nous présenter un rapport dans lequel il écrit « Tout va bien. Au revoir ». Une fois — et je termine là-dessus, madame la présidente — un organisme très petit, dont je n'avais jamais entendu parler nous a présenté un rapport extraordinaire.