SNUD Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 1re SESSION
Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le jeudi 30 mai 2002
¹ | 1535 |
La présidente (Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.)) |
M. Réal Ménard (Hochelaga—Maisonneuve, BQ) |
La présidente |
M. Réal Ménard |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt (vice-présidente nationale, REAL Women of Canada) |
¹ | 1540 |
¹ | 1545 |
¹ | 1550 |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
M. Brad Melnychuk (directeur exécutif, Association for Better Living and Education (ABLE Canada)) |
¹ | 1555 |
º | 1600 |
La présidente |
M. Randy White (Langley--Abbotsford, Alliance canadienne) |
º | 1605 |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
Devinder Luthra (président, Narconon Canada) |
M. Randy White |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Randy White |
La présidente |
M. Brad Melnychuk |
º | 1610 |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
M. Devinder Luthra |
º | 1615 |
La présidente |
M. Brad Melnychuk |
La présidente |
M. Réal Ménard |
Mme Gwendolyn Landolt |
º | 1620 |
M. Réal Ménard |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Réal Ménard |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Réal Ménard |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Réal Ménard |
La présidente |
M. Réal Ménard |
La présidente |
º | 1625 |
M. Réal Ménard |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Réal Ménard |
La présidente |
M. Réal Ménard |
La présidente |
M. Brad Melnychuk |
M. Réal Ménard |
La présidente |
M. Réal Ménard |
La présidente |
M. Réal Ménard |
La présidente |
Mme Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.) |
º | 1630 |
Mme Gwendolyn Landolt |
Mme Gwendolyn Landolt |
Mme Gwendolyn Landolt |
Mme Gwendolyn Landolt |
º | 1635 |
La présidente |
La présidente |
M. Derek Lee (Scarborough—Rouge River, Lib.) |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Derek Lee |
º | 1640 |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
M. Kevin Sorenson (Crowfoot, Alliance canadienne) |
º | 1645 |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Kevin Sorenson |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
M. Brad Melnychuk |
º | 1650 |
La présidente |
Mme Allard |
Mme Gwendolyn Landolt |
Mme Carole-Marie Allard |
Mme Gwendolyn Landolt |
M. Brad Melnychuk |
º | 1655 |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
La présidente |
Mme Gwendolyn Landolt |
La présidente |
M. Réal Ménard |
La présidente |
CANADA
Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le jeudi 30 mai 2002
[Enregistrement électronique]
¹ (1535)
[Traduction]
La présidente (Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.)): La séance est ouverte. Conformément à l'ordre de renvoi adopté par la Chambre des communes le jeudi 17 mai 2001, le Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments examine les facteurs sous-jacents ou parallèles à la consommation non médicale de drogues ou de médicaments. Nous étudions également, conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 17 avril 2002, l'objet du projet de loi d'initiative parlementaire C-344, Loi modifiant la Loi sur les contraventions et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (marihuana).
Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui, de REAL Women of Canada, Gwen Landolt, Sophie Joannou et Diane Watts. Nous avons aussi, de l'Association for Better Living and Education, ou ABLE Canada, Brad Melnychuk, directeur exécutif de l'Association, et de Narconon, Devinder Luthra.
Avant de céder la parole à nos témoins, je crois que j'ai une demande...
[Français]
de M. Ménard.
M. Réal Ménard (Hochelaga—Maisonneuve, BQ): Je voudrais faire un rappel au Règlement simplement pour demander ce qui suit au comité. Il semble y avoir une difficulté relativement à la planification des voyages. Je voudrais qu'on écoute d'abord les témoins, qu'on n'en discute pas maintenant, mais qu'à la fin, vers 16 h 20 ou 16 h 30, sans que cela fasse nécessairement partie de nos travaux, nous nous réservions une bonne demi-heure pour faire le point à huis clos. Cela vous semble-t-il possible?
La présidente: Puisque nous avons deux groupes de témoins, il vaudrait peut-être mieux le faire à 16 h 45.
M. Réal Ménard: D'accord pour 16 h 45. C'est parfait.
La présidente: Êtes-vous tous d'accord?
Madame Landolt, s'il vous plaît.
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt (vice-présidente nationale, REAL Women of Canada): Merci beaucoup, madame la présidente.
Nous sommes très heureuses d'être venues pour parler de cette importante question. En réalité, notre position peut se résumer en quelques mots. Les lois sur la drogue servent simplement comme un élément de dissuasion. Pour beaucoup, ce qui est légal devient acceptable. Une fois que les sanctions légales sont supprimées, la consommation de la drogue augmente considérablement. C'est notre hypothèse de base. La loi sert de guide pour la conscience. Si elle disparaît, nous aurons beaucoup plus de consommation et d'abus.
Dans notre mémoire, nous mentionnons par exemple le fait qu'aux Pays-Bas, la marihuana se vend librement dans les cafés. L'étude montre que la consommation de marihuana aux Pays-Bas a augmenté de 250 p. 100 parmi les adolescents. Nous avons également pris connaissance d'une autre étude, que nous mentionnons dans notre mémoire, selon laquelle en Suisse, où les autorités ont adopté une attitude très libérale envers la drogue, les jeunes consomment plus de marihuana et plus d'autres drogues que dans n'importe quel autre pays d'Europe occidentale. Quiconque examine les politiques concernant la drogue aux Pays-Bas, en Suisse, à Francfort en Allemagne et en Suède constatera d'énormes différences.
Nous avons résumé ces études. Nous avons examiné la politique de chaque pays. La Suède a adopté une attitude très ferme. La politique suédoise était très libérale dans les années 60 et 70: la Suède avait alors le pire problème de drogue de toute l'Europe. Dans les années 80, les autorités ont commencé à sévir et ont adopté des mesures législatives. Aujourd'hui, la Suède est le pays où la consommation et l'abus de drogue sont les plus faibles.
Je voudrais vous citer une étude des Nations Unies qui compare l'Australie, avec son approche libérale de la drogue, à la Suède. À tous les égards, la Suède, par suite de son attitude stricte envers la drogue, a pu réduire la consommation. Aujourd'hui, il y a moins de drogue en Suède que n'importe où ailleurs. Ces exemples montrent ce qui se passe quand on a une loi. Qu'on supprime la loi, et la consommation atteint des niveaux sans précédent. Si vous avez lu notre mémoire... Je vais poursuivre.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Les gens qui s'opposent à l'interdiction de la drogue se plaisent à mentionner la prohibition américaine, qui a duré de 1919 à 1933 et qui, selon eux, prouve que la dissuasion ne fonctionne pas. En fait, si vous vous reportez à la page 5 de notre mémoire, vous verrez que nous parlons d'une étude réalisée à Harvard qui prouve que la consommation d'alcool a baissé de 30 p. 100 aux États-Unis pendant la prohibition. À la page 6, nous parlons de l'objectif principal de la prohibition, qui était de tenter d'interdire l'alcool au public, alors qu'il était auparavant légal, accepté et profondément enraciné dans la société depuis très longtemps.
Heureusement, les drogues illicites ne bénéficient pas aujourd'hui du même niveau d'acceptation et d'intégration. Il est essentiel de souligner ce point: la prohibition a réussi. Les États-Unis ont adopté une loi d'interdiction et, même si l'alcool était accepté, la consommation a quand même baissé d'un tiers. La situation serait la même.
Par exemple, si la marihuana était décriminalisée au Canada, de plus en plus d'adolescents en consommeraient, comme cela s'est produit en Europe occidentale, sauf en Suède qui a des lois restrictives.
La question à se poser... Les adolescents fument de plus en plus de marihuana. La question n'est pas là. La question à se poser, c'est: combien d'adolescents de plus en fumeraient, et combien de plus en subiraient les conséquences négatives? L'objectif de notre organisation—et, en qualité de législateurs qui se soucient des enfants, des adolescents, de la société et de la famille, vous devriez avoir le même—est de penser aux conséquences pour les familles et les jeunes, qui sont les plus vulnérables. Voilà quel devrait être l'objectif de toute mesure législative.
Pour nous, le principal objet de la loi est surtout de protéger les adolescents. Je voudrais encore vous renvoyer à notre rapport. Le Canada a adopté sa politique antidrogue actuelle en 1992. Cette politique a trois volets, qui ont été confirmés en 1998: la prévention, la mise en vigueur et la réadaptation. Toutefois, la politique n'a pas vraiment été appliquée au Canada. Dans son rapport de février 2001, la vérificatrice générale dit que le Canada a une politique qui n'a pas été adéquatement mise en vigueur. Elle n'est pas cohérente. Nous n'avons pas d'installations de traitement et nous ne disposons pas de données suffisantes.
¹ (1540)
D'après Statistique Canada, le Canada n'intente pas de poursuites contre ce qui violent la loi. Il y aura toujours des gens qui ne respecteront pas la loi, qu'ils commettent un meurtre ou traversent la rue à un endroit interdit. Statistique Canada signale que le nombre d'inculpations a été limité. En même temps, la vérificatrice générale dit que nous ne connaissons pas le nombre des personnes condamnées ni la nature des sentences prononcées. Nous savons néanmoins que très peu de gens sont inculpés. Nous savons, d'après les données de Statistique Canada pour 2000, que très peu de gens font l'objet d'accusations. Si vous lisez son rapport, vous constaterez que la vérificatrice générale se plaint amèrement de ce fait. Pourquoi ne savons-nous même pas ce qui se passe au Canada en ce qui concerne la drogue? C'est tout à fait incohérent. Il n'y a pas de coordination entre les différents organismes gouvernementaux qui devraient faire respecter la loi.
L'autre problème, c'est que les gens disent: «Eh bien, la loi n'est pas efficace. Nous devrions adopter ce qu'on appelle les politiques de réduction des méfaits.» Les politiques de réduction des méfaits ne sont qu'un euphémisme qu'on utilise pour parler de décriminalisation. Ces politiques représentent ce que les gens veulent avoir: décriminaliser la marihuana, éliminer les sanctions, offrir gratuitement de la drogue et des programmes d'entretien aux toxicomanes, établir des centres d'échange de seringues.
Nous savons que les drogues sont dangereuses, surtout pour les adolescents. Je voudrais vous citer un éditorial du Pediatrics Journal de 1998, que nous mentionnons à la page 19 de notre mémoire. Voici ce qu'on y trouve:
La marihuana est une drogue psychodysleptique pouvant entraîner la dépendance... La marihuana ne devrait pas être considérée comme une drogue inoffensive... Il n'y a pas de doute que l'intoxication à la marihuana contribue d'une façon sensible aux morts et aux blessures accidentelles chez les adolescents... |
Il y a également d'autres études qui montrent maintenant qu'elle est cancérigène. Nous avons pris note d'un certain nombre d'études médicales établissant le danger qu'il y a à consommer de la marihuana. La raison pour laquelle elle est tellement dangereuse réside bien sûr dans le fait qu'elle contient 480 substances qui brûlent quand on fume la marihuana, produisant plus de 2 000 produits chimiques impur. Dans les années 50, le THC, qui est la substance active de la marihuana, s'y trouvait dans une proportion de 1,5 à 2 p. 100.
L'Organe international de contrôle des stupéfiants, qui appartient à l'ONU et qui suit les traités internationaux sur la drogue, a encore une fois déposé une plainte contre le Canada le 23 février 2001. Selon l'Organe, le Canada permet à des particuliers de cultiver la marihuana, dont 60 p. 100 vont aux États-Unis dans le cadre de ventes réalisées sur Internet. Il estime que le Canada ne respecte pas les traités qu'il a non seulement signés, mais aussi ratifiés. L'Organe international de contrôle des stupéfiants s'est également plaint du fait que les pires sources de ce problème sont des exploitations privées, notamment de la Colombie-Britannique et du Manitoba. Il a affirmé que la teneur en THC de la marihuana cultivée en Colombie-Britannique est passée du taux de 1,5 à 2 p. 100, qui, d'après des études antérieures, n'est pas nuisible, à des taux de 20 à 25 p. 100 et même de 30 p. 100. L'Organe a dit que cette marihuana est ouvertement vendue sur Internet. Je crois qu'il serait utile que le comité examine le rapport de l'Organe international de contrôle des stupéfiants pour comprendre pourquoi le Canada a tort de laisser ces exploitations poursuivre leurs activités.
¹ (1545)
Le problème, bien sûr, c'est qu'il y a de la confusion. D'un côté, le ministère de la Santé dit que les études sur les effets de la marihuana ne sont pas concluantes, puis affirme au paragraphe suivant qu'elle est dangereuse. Nous savons qu'elle l'est par les études que nous avons examinées. Elles sont très faciles à trouver. S'il y a quelqu'un qui dit qu'aucune étude n'a établi que la marihuana est dangereuse, je lui suggère d'examiner ces études. Les plus récentes révèlent de plus en plus de dangers.
Le programme de réduction des méfaits que certains voudraient substituer à notre stratégie antidrogue actuelle, qui a été confirmée en 1998, comprend également des programmes d'échange de seringues. Nous avons des programmes de ce genre à Vancouver depuis 20 ans. Nous en avons également un à Montréal. Celui de Vancouver est le plus important du monde entier. Vous pouvez consulter l'annexe B du document du bureau du président de l'Office national de la politique de lutte contre la drogue des États-Unis. Cet organisme a examiné le programme d'échange de seringues de Vancouver et a noté qu'il distribue plus de 2 millions de seringues par an et, en même temps, que l'incidence du VIH a triplé et que celle de l'hépatite C a également augmenté. Il y a un énorme danger parce qu'on distribue des seringues que les gens échangent entre eux.
Les deux études les plus importantes qui ont jamais été réalisées sur les centres d'échange de seringues—l'étude de Montréal et celle de Vancouver, toutes deux mentionnées à la page 25—révèlent les dangers de cette opération. Les seringues jetées sont réutilisées et les centres d'échange sont devenus les points de rencontre des drogués et des revendeurs. Et comme ces endroits sont interdits à la police, c'est là qu'on peut trouver les trafiquants.
Les promeneurs sont terrorisés par des toxicomanes brandissant des seringues. Comme le note la politique nationale américaine de lutte contre la drogue, c'est devenu un monde extrêmement dangereux de crime et de prostitution. Il y a en outre les études qui parlent de l'incidence élevée du VIH. Tout ce que font ces centres, c'est propager le VIH, ils ne réduisent pas la consommation de drogue.
C'est une affaire très grave, et les meilleures études réalisées dans le monde sont celles de Vancouver et de Montréal. Les meilleures études du monde concernant les centres d'échange de seringues ont été faites au Canada, et toutes deux révèlent les dangers que ces centres ont créés.
¹ (1550)
La présidente: Madame Landolt...
Mme Gwendolyn Landolt: Il me reste juste un autre point à aborder.
La présidente: Je m'inquiète du temps qui passe. Nous sommes légèrement en retard, et si vous voulez qu'il reste du temps pour les questions et réponses...
Mme Gwendolyn Landolt: Je voudrais seulement parler des essais sur l'héroïne.
Nous croyons savoir qu'il y a eu des négociations en vue de procéder à des essais consistant à donner gratuitement de l'héroïne à des toxicomanes de Vancouver. Nous croyons que ces initiatives irréfléchies font un tort énorme sans arrêter la consommation d'héroïne. Elles ne font que l'augmenter et ne peuvent servir qu'à précipiter inévitablement la mort des sujets. Elles ne permettent pas de contrôler l'utilisation ni la criminalité qui l'entoure.
Par conséquent, la seule réaction possible est la compassion. Gardons la loi comme guide de la conscience et établissons des tribunaux spéciaux pour la drogue. Je n'ai pas mentionné ces tribunaux, mais nous en avons un à Toronto depuis 2000, et un autre a été créé à Vancouver en décembre 2001. Il y en a également aux États-Unis et au Royaume-Uni. Celui de Toronto a eu un grand succès.
Le toxicomane se voit offrir un choix de traitements. L'un des problèmes, c'est la pénurie d'établissements de traitement au Canada. C'est notre principal problème.
Je vous remercie beaucoup.
La présidente: Merci à vous, madame Landolt.
Monsieur Melnychuk.
M. Brad Melnychuk (directeur exécutif, Association for Better Living and Education (ABLE Canada)): Je vous remercie.
Je voudrais commencer par me présenter. Je suis le directeur exécutif d'ABLE Canada, l'Association for Better Living and Education, organisme qui s'occupe de différentes oeuvres de bienfaisance et organisations sans but lucratif. Narconon est l'un de ces organismes. Je suis également président du conseil d'administration de Narconon Inc. Incidemment, il ne faudrait pas confondre Narconon avec Narcotiques Anonymes, qui est un organisme différent. Certaines personnes confondent les deux noms.
Je suis également l'un des membres fondateurs de Citizens for Drug Abuse Prevention and Rehabilitation Canada. Je suis aussi membre de d'un comité de prévention de la toxicomanie de la Commission d'hygiène publique de la ville de Toronto, ainsi que du comité de liaison communautaire de la police, division 52.
Je suis accompagné de Devinder Luthra, directeur exécutif de l'ancien Narconon Toronto et nouveau président de Narconon Canada.
Je voudrais commencer par dire quelques mots de la réduction des méfaits en général. La réduction des méfaits semble controversée—même quand il s'agit simplement de la définir. Si on la définit par l'élimination du concept d'abstinence, je n'y suis pas favorable. Si la réduction des méfaits comprend dans une large mesure l'abstinence comme objectif traditionnel et vise à prévenir l'abus de drogue, alors j'en suis un fervent partisan. Je sais qu'une certaine proportion de la population peut tirer parti des programmes de réduction des méfaits. C'est vrai, et cette affirmation s'appuie sur des faits.
Parfois, les programmes de réduction des méfaits mènent également à l'abstinence, à long terme du moins. Dans cette mesure, je les appuie. Quant à leur popularité et aux stratégies utilisées pour réduire les méfaits associés à la consommation de drogue, comme le recours à la méthadone, je sais que ces programmes ne plaisent pas beaucoup aux toxicomanes, qui préfèrent continuer à se droguer. Beaucoup d'entre eux craignent la méthadone et la considèrent pire que l'héroïne. Je sais en outre que ces programmes ne plaisent pas beaucoup non plus aux fournisseurs de services.
En qualité de membre du comité torontois qui accorde des subventions aux projets de prévention de la drogue, j'étudie des propositions provenant de nombreuses organisations de la ville. L'approche de réduction des méfaits n'a pas un grand succès parmi ces organisations. En fait, 20 p. 100 seulement des demandes de subventions présentées à Toronto visent à réduire les méfaits associés à la consommation de drogue. Huit sur dix de ces demandes favorisent les programmes d'abstinence qui tendent à renforcer l'aptitude aux actes élémentaires de la vie quotidienne, c'est-à-dire les relations familiales, les talents et l'aptitude à la communication. L'appartenance à des groupes productifs, qu'il s'agisse de groupes sportifs ou artistiques, et la participation à la vie communautaire comptent parmi les activités connues de prévention de l'abus de drogue. C'est donc ce genre de projets que la plupart des organisations veulent réaliser.
Il y a également les programmes d'éducation. Je parle en fait de programmes de sensibilisation visant à prévenir ou réduire la consommation de drogues illicites. La ville de Toronto a déterminé que les conférences de sensibilisation à la drogue ne sont pas efficaces. Je ne sais pas à quel moment cela s'est fait. Faisant partie du comité d'attribution des subventions, je sais quelles politiques mes collègues et moi devons suivre. Toutefois, les conférences sur lesquelles la ville s'est basée n'étaient probablement pas bien choisies, parce qu'il y a une multitude de preuves établissant que la sensibilisation faite par des éducateurs compétents réduit très nettement la demande de drogue chez les jeunes. Toute la question est de savoir quelles conférences sont examinées lorsqu'une décision doit être prise.
En fait, une école de formation de la base est en train d'être créée à Toronto pour mettre en oeuvre le modèle Narconon de conférences de sensibilisation, à cause de leur efficacité dans la promotion de l'abstinence chez les jeunes, ce qui permet de prévenir la toxicomanie avant qu'elle ne se produise. Ces conférences préviennent également l'alcoolisme. Si nous réussissons à réduire la demande, nous réduisons du même coup la criminalité et nous sauvons des vies.
¹ (1555)
Il y a évidemment quelques programmes qui réussissent, mais cela ne signifie pas qu'ils sont tous efficaces sur le terrain. J'attire l'attention sur le fait qu'il est important de découvrir ce qui marche pour l'adopter comme modèle.
En ce qui concerne le traitement, il n'y a malheureusement que très peu de programmes qui réussissent vraiment à entraîner l'abstinence. Le Bureau ontarien de lutte contre la toxicomanie finance des programmes de désintoxication coûtant approximativement 200 $ à 300 $ par jour. Il y en a même qui atteignent 1 500 $ par jour. Les résultats—et je serai très franc à ce sujet—sont tellement mauvais que le Bureau ne tient même plus de statistiques sur l'abstinence. Il ne fait que compter le nombre de personnes qui suivent le programme chaque année. C'est la seule statistique qu'il tient. Il n'y a aucun suivi des résultats de ces programmes. Pourquoi? Je crois que c'est simplement dû à l'apathie.
Ce qu'on perd de vue, c'est qu'il y a des programmes qui marchent, Narconon par exemple. Vous penserez peut-être que je fais de la publicité pour mon programme. Il se trouve que c'est un programme que je connais bien et qui donne en fait des résultats. Voilà pourquoi j'en parle. C'est à cause des résultats. Ainsi, Narconon a un taux de succès d'au moins 65 p. 100 d'abstinence. En réalité, la moyenne est de 75 p. 100. Certains organismes plus expérimentés, plus importants et pourvus d'un personnel plus nombreux obtiennent 90 p. 100. Quand je parle de résultats, je veux dire débarrasser les toxicomanes de la drogue pour la vie... Nous suivons les gens pendant deux ans après la fin du programme.
Nous avons également une grande expérience des rechutes. Ceux qui échouent reviennent nous voir, ils ne vont pas ailleurs. Ils reviennent chez Narconon parce que... Où voulez-vous qu'ils aillent? Ils veulent retrouver une place qui peut vraiment changer leur vie. Ils ont fait de très grands efforts dans leur vie, des efforts énormes, même s'ils sont retombés dans la toxicomanie. Leur famille les retrouve et beaucoup de choses changent dans leur vie. C'est pour cette raison qu'ils reviennent chez Narconon.
Dans les programmes canadiens de Narconon, le prix, avec chambre et pension, est d'environ 162 $ par jour. La durée moyenne du programme est de près de quatre mois. Nous ne croyons pas aux programmes de 21 ou 28 jours, qui établissent une limite. Certains ont besoin d'une période plus longue, d'autres d'une période plus courte. Toutefois, même un programme de 28 jours s'appuie sur d'autres programmes pour empêcher les rechutes. Souvent, les gens suivent encore et encore ces programmes, presque tous les ans.
Beaucoup d'autres fournisseurs ne croient pas à nos résultats, mais ils sont bien vrais. Nous nous occupons également d'alcoolisme et de dépendance à la méthadone. Il paraît que cette forme de dépendance est la plus difficile à traiter, plus difficile encore que l'alcool ou l'héroïne.
Pour ce qui est du désir de devenir abstinent, les études révèlent que les toxicomanes ne veulent pas rester dépendants. Les gens trouvent Narconon après être passés par beaucoup d'autres programmes. Ils viennent et finissent par payer le traitement malgré d'énormes difficultés, parce qu'à l'heure actuelle, Narconon ne bénéficie pas d'un financement public. En fait, par suite de la demande, nous avons l'intention d'établir d'autres centres Narconon partout dans le pays dans les prochaines années.
D'après les conclusions tirées de l'étude d'un programme carcéral qui a eu un énorme succès au Mexique, même les condamnés à perpétuité les plus endurcis souhaitent se débarrasser de leur toxicomanie. Ils travaillent avec d'autres détenus et avec des volontaires spécialisés pour se libérer de l'héroïne. Ils ont ainsi réussi à créer le programme de traitement carcéral le plus efficace du monde. Narconon fait partie de ce programme. Celui-ci comprend d'autres éléments qui renforcent les aptitudes élémentaires, améliorent l'éducation, etc. Ces détenus se sont débarrassés de la drogue et sont en outre entièrement réadaptés. Ces programmes ont fait l'objet de nombreuses études et sont actuellement en train d'être étendus, notamment au Mexique.
Je voudrais souligner quelque chose. Notre gouvernement, je dois le dire, n'a pas mis l'accent sur des programmes pratiques. Je crois qu'il s'est surtout intéressé à des «programmes» en général et n'a pas nécessairement cherché à trouver ce qui donne les meilleurs résultats. Je suis très ouvert à toute critique à cet égard, pourvu que la critique s'appuie sur des faits.
º (1600)
Je crois que nous faisons preuve d'apathie à ce sujet. On met l'accent sur le traitement des jeunes, des femmes, des autochtones, des homosexuels, etc., mais tous ces efforts ne tiennent pas compte du but essentiel, c'est-à-dire le traitement. Nous parlons de programmes qui réussissent à 2 p. 100 ou peut-être à 10 p. 100 et qui coûtent vraiment aux contribuables des milliards de dollars par an en comptant le nombre de fois qu'une personne doit repasser par le même programme, du nombre de fois qu'une personne se retrouve en prison, du prix de l'incarcération, du prix de la police, des tribunaux et ainsi de suite. Tout cela s'additionne.
Je ne considère pas que ces programmes constituent un traitement. On fait juste semblant d'agir. Les chercheurs qui s'en occupent n'essaient pas de déterminer ce qui aide vraiment un toxicomane à reconstruire sa vie et à se libérer de la drogue. Les programmes qui réussissent devraient faire l'objet de recherches et d'études.
Narconon est l'un de ces programmes. Je crois qu'il y en a d'autres. Narconon est très bien organisé et commence à être connu, ce qui explique d'ailleurs notre présence ici. Il y en a d'autres, qui ne sont peut-être pas aussi bien organisés que nous et ne se font donc pas remarquer autant. Ces programmes doivent être étudiés.
À long terme, ce serait bien moins coûteux pour les contribuables que de continuer à avoir des toxicomanes et à leur administrer des traitements d'entretien. Je ne nie pas que la réduction des méfaits a son utilité pour ceux qui ont besoin, mais n'oublions pas l'objectif traditionnel de l'abstinence. C'est tout.
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Melnychuk.
Nous passons maintenant aux questions. À vous, monsieur White.
M. Randy White (Langley--Abbotsford, Alliance canadienne): Je vous remercie.
Nous avons eu de bons exposés. De toute évidence, nous parlons le même langage. Mes questions auront donc pour objet de demander certains éclaircissements.
Pour les deux exposés comme nous avons entendus, je crois qu'en majorité, les Canadiens tendent à penser de la même façon. Il y a des gens maintenant qui parlent de modèles de «réduction des méfaits» et de ce genre de choses. Je m'interroge souvent sur les priorités que nous avons au Canada. Si nous voulons vraiment essayer d'aider les gens, je crois que la réadaptation constitue le bon moyen, mais c'est un moyen coûteux. Je connais des établissements de réadaptation qui ont dû pratiquement fermer leurs portes parce que les provinces et le gouvernement fédéral n'accordaient pas une priorité suffisante à ce secteur.
Je voudrais demander à chacun ou à tous quelles sont les plus grandes priorités pour ce qui est du problème de la drogue au Canada. Est-ce l'éducation? Est-ce la légalisation? Je sais que ce n'est pas la légalisation. Est-ce la réadaptation? L'intervention? La mise en vigueur de la loi? Quel est le secteur prioritaire dans lequel l'action serait efficace? Et quels résultats pouvons-nous obtenir?
º (1605)
Mme Gwendolyn Landolt: Je crois que nous devrions nous reporter à la stratégie antidrogue du Canada, qui a été confirmée en 1998. Cette stratégie est censée réaliser l'équilibre entre la prévention, la mise en vigueur de la loi, la réadaptation et le traitement. Chacun de ces éléments est absolument essentiel pour protéger la société.
Notre but doit être d'assurer la dignité et le respect de l'individu. Nous ne devons pas rendre la drogue plus accessible. La loi doit être dissuasive. Nous devons recourir à la prévention et à la sensibilisation.
Ensuite, il faut insister davantage sur la réadaptation. Les autorités américaines qui ont examiné la situation au Canada disent avoir été consternées par le manque d'établissements de traitement chez nous. Que faisons-nous? Nous distribuons des seringues. Il semble que nous distribuons en outre de l'héroïne gratuite. Quant au nombre d'inculpations, il n'y a pas de mise en vigueur.
Sur papier, nous avons de bonnes politiques. Nous avons cependant besoin d'équilibre entre les trois éléments. Nous ne pouvons pas dire qu'un élément quelconque est plus important que les autres.
La présidente: Monsieur Luthra.
M. Devinder Luthra (président, Narconon Canada): Ma réponse est la même, mais Mme Landolt a parlé avant moi.
Pour l'essentiel, ce sont les trois éléments réunis. Mais il faut insister d'abord sur l'éducation et la sensibilisation dès l'enfance, pas seulement chez les adultes. L'éducation antidrogue devrait commencer chez les enfants.
M. Randy White: Comment la réduction des méfaits s'est-elle glissée dans le tableau? J'appelle souvent cela l'extension des méfaits, pas la réduction.
Mme Gwendolyn Landolt: C'est en effet de la promotion des méfaits. Elle ne s'est pas produite par accident. Nos recherches ont révélé qu'il y a trois responsables. L'un d'eux est George Soros. Son énorme Centre Lindestmith—que je mentionne dans mon premier paragraphe—reçoit des millions de dollars de subventions, non seulement au Canada, mais dans le monde entier, pour légaliser la drogue. À la toute première page de notre mémoire, nous citons le représentant américain J. Denis Hastert, qui était président du sous-comité de la Chambre des représentants sur la sécurité nationale, les affaires internationales et la justice pénale. Voici ce qu'il a dit:
...les partisans de la légalisation de la drogue sont, au mieux, des gens dangereux et malavisés. Pour beaucoup, c'est un jeu élaboré, un moyen de se venger de ceux qui condamnent la consommation de drogue. Pour d'autres, la légalisation est un moyen d'arriver à d'autres fins: saper les valeurs morales et les institutions démocratiques, réaliser des bénéfices en augmentant la population des utilisateurs ou créer de nouvelles industries fondées sur l'entretien de la toxicomanie. |
George Soros s'est consacré partout dans le monde à la libéralisation des politiques antidrogue, y compris au Canada. Je pourrais mentionner le nom de certaines des organisations qu'il finance et qui ont probablement comparu devant le comité pour défendre la libéralisation des lois. Leur action n'est pas accidentelle... La réduction des méfaits fait partie d'une campagne délibérée. Nous ne devrions pas être vulnérables. Nous devons penser au bien des Canadiens, et surtout des adolescents. Je me soucie beaucoup des adolescents.
M. Randy White: Il y en a qui disent qu'une fois devenu toxicomane, on le reste et qu'on consommera de toute façon de la drogue, que celle-ci est disponible et qu'on n'y peut rien. Dans ce cas, pourquoi ne pas minimiser le risque pour ces personnes en leur donnant des seringues propres, des endroits sûrs pour s'injecter la drogue, etc.?
La présidente: Monsieur Melnychuk, puis madame Landolt.
M. Brad Melnychuk: J'aime beaucoup cette question. Je suis habitué à y répondre.
J'avais une réunion avec un ami qui—croyez-le ou non, travaille pour le Centre de toxicomanie et de santé mentale, qui est très en faveur de la réduction des méfaits. Je suis allé le voir et lui ai demandé de tout me dire: quel est l'objet actuel de la promotion des stratégies de réduction des méfaits, et ainsi de suite. Il m'a répondu ce que vous venez juste de dire.
Il m'a aussi dit que ses antécédents dans le domaine du traitement de la toxicomanie remontent au temps où il travaillait comme conseiller des prostituées de Toronto. Les prostituées ont l'habitude de consommer du crack avec leurs clients. Cela fait souvent partie du métier. Bien sûr, elles ne vont pas cesser d'en prendre parce que la drogue fait partie du piège dans lequel elles sont prises, fait aussi partie de leurs revenus et de l'ensemble du tableau. Ce n'est qu'un exemple.
Il y a aussi des adolescents et des enfants qui veulent essayer la drogue, comme ils veulent essayer l'alcool. Toutefois, quand vous comparez tout cela aux programmes qui donnent des résultats... Dans le cas des programmes de prévention qui réussissent, les études révèlent que lorsque des enfants qui essaient la drogue sous l'influence des camarades sont intégrés à un autre groupe—il peut s'agir d'une simple équipe de basket qui se rattache à d'autres choses, comme les conseils à la famille et les conseils donnés aux enfants pour leur apprendre à mieux communiquer avec leurs parents et à faire partie d'autres groupes—, ils peuvent rester à l'écart de la drogue.
Il est faux de dire qu'en général, les gens vont de toute façon prendre de la drogue. Bien sûr, vous en trouverez toujours qui le feront, mais leur pourcentage est petit. Si on fait une promotion constante de ces programmes, si on ne finance pas des programmes de prévention et de réadaptation qui marchent vraiment et qui sont efficaces...
Vous seriez surpris de savoir combien de toxicomanes qui se libèrent de la drogue, même chez Narconon, reviennent pour aider d'autres toxicomanes, en travaillant pour Narconon par exemple. Et ça marche! Les gens les écoutent. C'est donc faux de dire que les gens vont prendre de la drogue de toute façon. Certains peut-être, mais leur pourcentage est très faible.
º (1610)
La présidente: Madame Landolt.
Mme Gwendolyn Landolt: Il y aura toujours des gens qui vont violer la loi, en se livrant à la prostitution, en traversant la rue à des endroits interdits ou en commettant un meurtre. Il y en aura toujours un certain pourcentage. Toutefois, si vous abrogez la loi, comme je l'ai dit, ce qui est légal devient acceptable, et beaucoup plus de gens vont en prendre.
Les études montrent que les toxicomanes partagent les seringues propres qu'on leur donne après les avoir eux-mêmes utilisées. Ces programmes ne les aident pas. Nous savons que l'incidence du VIH et de l'hépatite C a énormément augmenté à cause de ce qu'on appelle les seringues propres. Nous savons que ça ne marche pas. Nous savons qu'un héroïnomane qui obtient de l'héroïne gratuite ne s'intéresse pas aux traitements. Il ne fait que revenir encore et encore. On le tue en lui donnant de la drogue. On ne l'aide pas. Pour montrer sa compassion, il faudrait l'aider à retrouver la santé et la dignité plutôt que d'aggraver sa situation.
La présidente: Monsieur Luthra.
M. Devinder Luthra: J'ai quelque chose à ajouter à ce qui a été dit. Dans le programme de désintoxication de Narconon, vous serez surpris d'apprendre que 40 p. 100 des stagiaires—c'est ainsi que nous appelons les toxicomanes—reviennent travailler pour nous comme moniteurs. Ils participent à la formation des nouveaux stagiaires en citant leur propre exemple. Ils viennent pour quatre, cinq ou six ans. Cela s'améliore tous les jours.
Quelles que soient les statistiques, le taux de succès de notre programme est au moins de 65 p. 100. En moyenne, il est de 75 p. 100. Et nos stagiaires ne reviennent pas à la drogue. Le programme les en libère. Nous n'utilisons pas la méthadone. Nous n'utilisons aucune autre drogue pour les réadapter. Néanmoins, ces programmes n'ont pas réussi à attirer l'attention du gouvernement. C'est probablement notre faute.
º (1615)
La présidente: Je vous remercie.
Monsieur Melnychuk, brièvement.
M. Brad Melnychuk: Oui, j'ai une autre point.
Nous avons demandé à une personne à Vancouver de faire une enquête parmi les toxicomanes et les héroïnomanes dans la rue. Cela est facile à faire à Vancouver parce que les toxicomanes sont partout. Cette personne en a interrogé 25. La première question qu'elle a posée était la suivante: si vous saviez que vous pouvez vous libérer de la drogue et de votre dépendance, le feriez-vous? Sur les 25, 24 on dit oui. Un seul a dit non.
Nous continuerons à faire des enquêtes et des sondages, mais les résultats sont assez évidents.
La présidente: Merci beaucoup.
[Français]
Merci, monsieur White.
Monsieur Ménard.
M. Réal Ménard: Merci, madame la présidente.
Évidemment, je ne surprendrai personne en disant que je ne suis pas d'accord sur plusieurs affirmations qui ont été faites. Un certain nombre d'entre elles, particulièrement parmi celles de mes amies de REAL Women of Canada, m'apparaissent à la limite de la malhonnêteté intellectuelle. Je voudrais rectifier un certain nombre de faits et vous poser un certain nombre de questions.
D'abord, dans les années 50, à Montréal, il n'y avait pas de sites d'échange de seringues et il y avait 2 000 prostituées. Aujourd'hui, en 2002, il y a à peu près 300 prostituées connues des services de police et des différents services d'intervention, et il y a des sites d'échange de seringues.
Dans les pays où il y a des stratégies prohibitionnistes, par exemple en Grande-Bretagne et aux États-Unis, il y a beaucoup plus d'héroïnomanes qu'aux Pays-Bas. N'importe quelle étude un peu sérieuse sur cette question va vous amener à constater ces faits.
Pour ma part, je pars de la prémisse qu'il vaut mieux ne pas prendre de drogue, qu'il vaut mieux ne pas être dépendant de quelque substance que ce soit. Là-dessus, on s'entend. Ce qui m'étonne dans votre exposé, c'est que vous donnez à penser que dans les villes où il y a des sites d'échange de seringues, ces sites sont la cause de la prostitution. J'espère que vous comprenez que la présence de sites d'échange de seringues n'est pas la cause de la prostitution et du malheur que les gens vivent.
Il y a un site d'échange de seringues dans Hochelaga—Maisonneuve depuis bientôt 10 ans, et les gens en comprennent très bien la pertinence. Ce n'est pas vrai que les policiers n'ont pas accès aux sites d'échange de seringues. Ce n'est pas vrai que les gens, lorsqu'on leur explique, ne sont pas capables de comprendre cela.
Ce qui m'étonne d'abord de votre exposé, c'est qu'il est évidemment très moralisateur et centré sur un certain nombre de faits qui, à mon point de vue, ne résistent pas à l'analyse. Commençons par les causes. On s'entend sur le fait que, dans la vie, c'est bien de ne pas prendre de drogue, mais à partir du moment où il y a des segments de la population... Personne ne dit que c'est inévitable. Je suis d'accord qu'on peut réhabiliter les gens et je connais plein de gens qui ont pris de la drogue et qui ont mis cela de côté, avec des traitements appropriés. On reviendra sur le type de traitement que propose le deuxième groupe de témoins.
Dites-nous quelles sont, selon vous, les raisons pour lesquelles les gens prennent de la drogue. Vous devez bien y avoir réfléchi.
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt: Bien sûr, nous y avons réfléchi.
Vous dites que nous sommes très moralisateurs. J'aimerais que vous lisiez notre mémoire. Nous ne faisons strictement que citer des études. En ce qui concerne les centres d'échange de seringues, les études ont révélé que c'est la cocaïne plutôt que l'héroïne. Les gens font la queue devant le centre d'échange de seringues et s'injectent ouvertement de la cocaïne. Cela n'améliore en rien la situation.
Vous voulez connaître la cause. Les études montrent que les toxicomanes se sentent inférieurs. Ils essaient d'oublier leur peine et leur tristesse, parce qu'ils ont manqué d'affection ou qu'ils n'ont pas reçu les soins nécessaires. Cela remonte à la famille, à des gens qui n'ont pas besoin de drogue.
Bien sûr, une fois qu'on a commencé à prendre de la cocaïne ou de l'héroïne, on devient dépendant. Les chercheurs commencent à se rendre compte que la marihuana aussi entraîne la dépendance. Mais quelles sont les causes? Les gens brisés s'adonnent à la drogue. Et, une fois qu'on est pris, c'est la prostitution qui prend la suite. Encore une fois, je vous demande de lire le mémoire, monsieur Ménard, parce que c'est une question que nous avons soigneusement étudiée. La recherche révèle que la prostitution augmente quand on prend de la drogue, parce qu'on en veut de plus en plus. Vous ne guérissez pas les gens. La criminalité augmente. Regardez les résultats.
º (1620)
[Français]
M. Réal Ménard: Un instant. D'abord, il y a un comité fédéral-provincial-territorial qui a inventorié l'ensemble des sites d'échange de seringues au Canada. Dans la très, très grande majorité des sites d'échange de seringues au Canada, on n'échange pas de la cocaïne ou de l'héroïne. C'est une affirmation qui est fausse. Ne dites pas cela au comité, car c'est faux. Il y a des sites d'injection supervisés, ce qui est un autre concept. Êtes-vous déjà allée vous-même sur un site d'échange de seringues? Avez-vous mis les pieds dans un site d'échange de seringues pour affirmer des choses comme celles que vous affirmez?
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt: Oui, c'est bien cela que j'ai dit. J'ai mis les pieds dans un centre d'échange de seringues de Vancouver il y a seulement deux semaines. De plus, je connais très bien les centres de traitement qui tentent de réadapter ces gens. J'ai vu des gens qui sont au bout du rouleau et qu'on a ramassés dans la rue parce qu'ils étaient fortement drogués. Je crois que nous devons les aider. Cessons de leur en donner plus, nous allons les tuer.
Je vous demande encore d'examiner les études. Elles montrent que les centres d'échange de seringues n'aident pas les gens parce qu'ils les partagent avec d'autres. Voilà pourquoi le nombre de cas de VIH et d'hépatite C a augmenté de 70 p. 100. Les gens vont chercher des seringues et les partagent. Vous trouverez la référence ici.
Je crois que vous avez posé une question d'une importance cruciale en demandant pourquoi les gens prennent de la drogue. C'est souvent parce qu'ils sont brisés. Ils n'ont pas reçu les soins voulus dans leur enfance et ils n'ont pas en eux la force nécessaire parce qu'ils manquent de quelque chose. Vous constaterez un peu partout qu'il y a des personnalités portées sur la toxicomanie. C'est la famille qui fait la différence.
[Français]
M. Réal Ménard: Permettez-moi de poser une autre question. Je vous répète que je n'ai jamais pris de drogue de ma vie et je veux qu'il soit clair que je suis contre la consommation de drogue. Mais votre analyse des sites d'échange de seringues est erronée et est basée sur des préjugés qui ne sont pas conformes à la réalité.
Parlons des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Des témoins qui sont venus nous rencontrer nous ont dit qu'en Grande-Bretagne, un pays ayant une stratégie prohibitionniste, le nombre d'héroïnomanes—madame la présidente, vous allez vous rappeler ce témoignage d'une personne des Maritimes—double à tous les quatre ans. On n'est pas dans un pays qui n'a pas autre chose qu'une stratégie prohibitionniste.
Je remets en question la rigueur de certaines choses qu'on lit dans votre mémoire. Oui, il y a de la prostitution et oui, il y a un lien très important entre la prostitution et la toxicomanie, mais ne dites pas que dans un quartier, la présence d'un site d'échange de seringues entraîne la toxicomanie et ne dites pas que dans un pays ayant une stratégie prohibitionniste, il y a moins de gens qui consomment. C'est faux. Je peux vous citer plein d'études.
En ce moment, aux Pays-Bas, il y a moins d'adolescents qui sont tentés par le cannabis et d'héroïnomanes qu'il y en a aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Quand on veut comprendre ces réalités, il faut mettre ces choses dans la balance. Votre témoignage est farci, de A à Z, de préjugés qui ne résistent pas à l'analyse.
[Traduction]
La présidente: Madame Landolt.
Mme Gwendolyn Landolt: Oui, nous avons des préjugés. Vous avez un préjugé en faveur de la décriminalisation, et nous avons un préjugé contre...
M. Réal Ménard: Non, je ne suis pas en faveur.
Mme Gwendolyn Landolt: ...mais voici comment je vois les choses, monsieur Ménard. Nous avons considéré les Pays-Bas, la Suède et la Suisse. Les études montrent—encore une fois, je donne la référence ici—que la toxicomanie a augmenté de 250 p. 100 aux Pays-Bas quand ils ont adopté une politique de libéralisation complète.
J'ai examiné une étude sur les adolescents suisses...
[Français]
M. Réal Ménard: Aux Pays-Bas? Dites-vous qu'aux Pays-Bas, lorsqu'on a libéralisé, en 1977...
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt: Voulez-vous la référence pour cette étude?
M. Réal Ménard: J'aimerais bien l'avoir pour comparer ma référence à la vôtre.
[Français]
Plusieurs témoins qui sont venus nous rencontrer...
[Traduction]
La présidente: Nous commençons à manquer de temps. Je voudrais demander à Mme Landolt de terminer et à quelqu'un d'autre de prendre la suite.
[Français]
M. Réal Ménard: J'ai une question pour monsieur.
[Traduction]
La présidente: Juste un instant. Il y a une chose que je dois mentionner. Ne vous inquiétez pas, monsieur Ménard, mon intervention ne comptera pas dans votre temps. Je veux juste préciser pour Mme Landolt, pour REAL Women et pour vous, monsieur Ménard, que les témoins ont accepté de venir avec un préavis très court. Nous sommes très heureux qu'ils aient réussi à le faire. Cela signifie cependant que nous n'avons pas eu le temps de faire traduire les mémoires, ce qui explique que nous ne les ayons pas distribués. Cela entraîne peut-être des malentendus. Je m'en excuse. Si vous voulez bien terminer, je vais demander...
º (1625)
[Français]
M. Réal Ménard: J'ai une question. Vous êtes quand même mon amie.
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt: Je voudrais juste dire que les 250 p. 100 sont là. Vous trouverez la référence quand vous lirez le mémoire, une fois qu'il sera traduit.
[Français]
M. Réal Ménard: Merci beaucoup.
Je veux poser une dernière petite question, madame la présidente.
[Traduction]
La présidente: Pourvu qu'elle soit toute petite.
[Français]
M. Réal Ménard: Je suis très intéressé à connaître davantage votre programme. J'ai vu qu'il y avait sept étapes. Je n'ai pas eu le temps de lire tout votre mémoire et j'en suis désolé, mais peut-être pouvez-vous nous dire, dans les grandes lignes, ce qui fait l'originalité de votre programme et ce qui fait que vous avez des taux de réussite de l'ordre de 80 à 85 p. 100.
[Traduction]
La présidente: Monsieur Melnychuck.
M. Brad Melnychuk: Oui, je peux répondre à cette question. Qu'est-ce qui explique notre taux de succès élevé? L'élément original dans notre programme, c'est que L. Ron Hubbard a réalisé une étude approfondie de la conscience et de la vie. M. Hubbard est le fondateur d'une organisation religieuse. C'est aussi un brillant esprit qui a beaucoup réfléchi au traitement de la toxicomanie.
Il a découvert pourquoi on devient toxicomane. Il a ensuite mis au point un programme en 1967, en collaboration avec un ancien toxicomane, qui avait fait de la prison en Arizona. Par la suite, il a ajouté d'autres étapes au programme afin de traiter les causes précises pour lesquelles une personne tombe dans ce piège. C'est tout.
[Français]
M. Réal Ménard: Madame la présidente, je dois aller faire un discours de 10 minutes sur le projet de loi C-55. Je vais revenir à 16 h 45. Ne partez pas avant mon retour.
La présidente: D'accord. Si quelqu'un veut...
[Traduction]
M. Réal Ménard: Je regrette, mais j'ai un discours à prononcer à la Chambre.
La présidente: Je voudrais aussi préciser que les représentantes de REAL Women ont apporté beaucoup d'exemplaires de leur mémoire, qui n'est cependant pas bilingue. Conformément à notre politique, nous ne les distribuerons pas, mais ils sont à la disposition de quiconque voudrait les examiner en anglais.
Je m'excuse.
M. Réal Ménard: Je vais revenir.
[Français]
La présidente: Merci beaucoup. En fait, il y a neuf étapes.
[Traduction]
Il y en a neuf.
La parole est maintenant à la Dre Fry.
Mme Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.): Merci beaucoup, madame la présidente.
Je voudrais remercier les témoins, et surtout les représentantes de REAL Women, d'être venus malgré un préavis très court. Vous avez présenté des statistiques assez intéressantes que je voudrais aborder.
Vous avez posé l'hypothèse que vous savez ce que signifie la réduction des méfaits ou des préjudices. Je ne sais pas ce que cela veut dire pour vous ou pour d'autres. Dans une perspective médicale, l'expression «réduction des préjudices» n'est pas nouvelle et ne s'applique pas seulement à la drogue. Elle s'applique à quiconque est malade, de quelque façon que ce soit. Lorsqu'il traite un patient, le médecin tente de réduire le préjudice pour éviter des dommages permanents. C'est une chose normale qu'on fait en médecine. Par conséquent, la réduction des préjudices signifie tout simplement la réduction de tout mal qui peut être fait.
Je crois que le fait «d'éviter de boire et de conduire» est un bon exemple de réduction des préjudices. Si une personne doit sortir et prendre quelques verres, c'est très bien, mais on lui dit: «Si vous le faites, je vous en prie, ne prenez pas le volant parce qu'en le faisant, vous pouvez nuire non seulement à vous-même, mais aussi à d'autres gens ou à d'autres véhicules dans la rue.» Voilà un bon exemple de réduction des préjudices. Par conséquent, ce n'est vraiment pas une sorte de conspiration.
Cela étant dit, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit, c'est-à-dire qu'on ne peut pas choisir une priorité quand on affronte un problème aussi complexe que la toxicomanie, qui passe par tant de phases différentes. Je crois à vos idées concernant la prévention... Ma mère avait toujours l'habitude de dire qu'il valait mieux prévenir que guérir. S'il est possible de prévenir, c'est vraiment la première chose à faire. Il faut éduquer, prévenir et sensibiliser.
Il est néanmoins nécessaire de s'occuper de ceux qui ont actuellement des difficultés, qui ont déjà développé une dépendance. La plupart des médecins vous diront, je crois, qu'il faut considérer les toxicomanes comme des gens atteints d'un problème médical chronique et récurrent et leur administrer un traitement conforme aux principes médicaux. Ce traitement d'ensemble comprend un élément de réduction des préjudices. Dans la mesure du possible, tant que la personne consomme de la drogue, on veut éviter qu'elle ne subisse des dommages permanents tellement étendus que la désintoxication n'a plus aucune valeur. C'est là que réside le principe de la réduction des préjudices en médecine. Si la personne se suicide, elle ne peut plus arrêter... Je suppose que la mort est après tout un moyen de s'arrêter.
Je suis donc d'accord avec vous sur ce principe d'ensemble. Mais je placerais la réduction des préjudices ou des méfaits à l'intérieur du modèle de traitement. Bien sûr, il y a également l'élément de réadaptation. Faire les choses de façon globale et simultanée est le seul moyen de s'attaquer au problème. Il est nécessaire d'adopter une approche globale.
Vous avez dit que la marihuana n'est pas une drogue sûre. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Toutefois, si nous considérons les pays qui en ont décriminalisé la consommation... Nous savons qu'aux États-Unis, des États tels que la Californie ont décriminalisé le cannabis dans les années 70. Pendant la période de dix ans qui s'est écoulée entre les années 70 et 80, on a constaté que la consommation de marihuana avait augmenté. Elle avait cependant augmenté encore plus dans les États qui n'en avait pas décriminalisé la consommation. De même, en Australie, on a constaté que la décriminalisation du cannabis n'a pas entraîné un accroissement de l'utilisation.
L'Association médicale canadienne dit qu'il est très clair qu'il n'existe aucun rapport entre les effets négatifs sur la santé d'une drogue ou d'un comportement humain et son interdiction par la loi. Ce qui a arrêté ou réduit la consommation, c'est une bonne éducation et de bons principes de prévention, qui sensibilisent les gens aux risques pour la santé. La consommation de tabac est un excellent exemple à cet égard.
Sur la base de tout cela et sans avoir la présomption de vous attribuer des motifs... Je crois que M. Ménard a dit que c'était un problème moral. En fait, je crois que nous devons éviter de nous montrer trop rigides lorsque nous examinons des problèmes. Nous ne devons pas perdre de vue qu'il n'y a jamais juste un seul moyen de surmonter un obstacle. L'abstinence complète constitue la méthode idéale, mais elle ne marche pas pour tout le monde. Je crois que les programmes de réduction des méfaits et les centres d'échange de seringues ont réduit l'incidence du VIH et du sida. Il existe des données médicales solides qui le démontrent. Si une personne va de toute façon s'injecter une drogue, le fait de lui donner une seringue ne l'encourage pas à le faire. Elle a déjà une seringue, celle qu'elle utilise peut-être depuis dix semaines et qu'elle a partagé avec tous ses amis. On tente donc de réduire le préjudice en lui donnant une seringue neuve. On ne l'encourage pas. On ne fait que minimiser le préjudice.
Dans le cadre des définitions médicales que je vous ai données et des concepts de l'Association médicale canadienne, considérez-vous que la réduction des méfaits constitue un important élément d'une stratégie de transition dans le traitement? Pendant qu'on essaie de libérer quelqu'un de la drogue, pour amorcer sa réadaptation, il faut chercher entre-temps à réduire le préjudice causé par le problème.
º (1630)
Mme Gwendolyn Landolt: Tout d'abord, j'estime qu'on a délibérément créé une certaine confusion entre la réduction des méfaits, qui atténue les conséquences de la drogue, et la nouvelle philosophie mondiale, qui a en fait pour effet de modifier l'équilibre d'ensemble à établir entre les trois éléments de la stratégie canadienne.
Mme Hedy Fry: Mais nous revenons encore à la thèse de la conspiration. Je vous prie de répondre à ma question.
Mme Gwendolyn Landolt: Les initiatives de réduction des méfaits sont censées atténuer le préjudice pour les personnes en leur permettant de consommer de la drogue sans conséquences, ce qui est impossible. Voilà en quoi consiste la réduction des méfaits. Vous parlez d'autre chose. La consommation de drogue a des conséquences. Vous ne pouvez pas décider de libéraliser la politique sans qu'il y ait des conséquences.
Mme Hedy Fry: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je vous ai posé une question au sujet de ma définition médicale de la réduction des préjudices dans le cadre d'un modèle de traitement et de la façon dont vous croyez que cela peut fonctionner.
Mme Gwendolyn Landolt: J'ai l'impression que vous êtes d'avis qu'on devrait continuer à donner de la drogue aux toxicomanes. Est-ce cela que vous suggérez?
Mme Hedy Fry: Non. Je pensais avoir été claire. J'ai dit que dans le cadre d'un modèle de traitement, la réduction des préjudices est constamment utilisée en médecine. Supposons que vous soyez diabétique et que vous ayez à vous injecter de l'insuline dans la hanche. Je ne vous dis pas d'utiliser la même seringue. Je vous montre comment faire l'injection et je vous dis de jeter la seringue quand vous avez fini et d'en utiliser une neuve la fois suivante. J'essaie ainsi de vous éviter un préjudice, comme un abcès par exemple, en faisant une chose nécessaire dans le cadre de votre traitement.
Voilà ce que j'entends par réduction des préjudices. Je vous demande comment vous pouvez dire cela. Personnellement, je ne crois pas à la thèse de la conspiration.
Mme Gwendolyn Landolt: Je vous dis que les études montrent qu'il n'y a pas réduction des préjudices dont vous parlez.
Mme Hedy Fry: Mais il y a une réduction. Toutes les études médicales...
Mme Gwendolyn Landolt: Car l'incidence du VIH augmente. Si vous examinez les études...
Mme Hedy Fry: Je l'ai fait...
Mme Gwendolyn Landolt: L'étude de Vancouver ainsi que l'étude de Montréal et celle de l'Australie révèlent que l'incidence augmente, qu'elle ne diminue pas. L'incidence de l'hépatite a augmenté considérablement. Il n'y a pas de réduction des méfaits, et cela pour deux raisons.
La première est que les gens prennent des seringues neuves et les partagent, ce qui fait qu'elles sont utilisées et réutilisées encore et encore. Ils ne rendent pas les seringues. Ce n'est pas vraiment un échange, c'est une distribution de seringues. C'est là que réside l'un des principaux problèmes.
La seconde est qu'une fois que les gens ont obtenu les seringues, cela les encourage à se procurer encore de la drogue. Ils savent que les revendeurs se trouvent dans le secteur. À Vancouver, par exemple, c'est dans le secteur est. La police n'y va pas, et les revendeurs y sont donc nombreux. Ce n'est pas de la réduction des méfaits, c'est de la promotion des méfaits.
Encore une fois, je peux vous dire ce que les études révèlent. Vous dites que certaines études montrent que l'incidence du VIH n'a pas augmenté. Vous dites que l'hépatite C...
Mme Hedy Fry: L'incidence a en fait baissé.
Mme Gwendolyn Landolt: Ce n'est pas ce qu'on trouve dans d'autres études. Et quand on examine les différents pays, y compris les Pays-Bas, par exemple, les études prouvent le contraire de ce que vous avez dit.
Je ne sais pas ce qu'a affirmé l'Association médicale canadienne, mais elle ne veut sûrement pas...
Mme Hedy Fry: Je viens tout juste de vous le dire.
Mme Gwendolyn Landolt: ...qu'on se serve de la marihuana à des fins médicales. L'Association a déclaré qu'elle ne voulait pas de la marihuana comme traitement médical. Elle l'a bien dit.
º (1635)
La présidente: Merci beaucoup.
Mme Hedy Fry: Non, je sais ce que l'Association a dit et ce n'est pas cela. Mais je vous remercie beaucoup d'avoir répondu à ma question.
La présidente: Monsieur Lee.
M. Derek Lee (Scarborough—Rouge River, Lib.): Je vous remercie. J'avais l'intention de poser une question concernant les statistiques des Pays-Bas mentionnées par M. Ménard, mais j'ai eu l'occasion de jeter un coup d'oeil à votre mémoire, qui est vraiment bien documenté, et j'ai trouvé ces statistiques.
J'accepte le fait que cette information est publiée par des médecins dans une revue médicale crédible, même si je ne la connais pas vraiment, mais elle a été combinée avec d'autres références. Les médecins disent par exemple que, depuis l'adoption par les Pays-Bas d'une politique de tolérance de la drogue, les agressions commises avec des armes à feu ont augmenté de 40 p. 100, les cambriolages de 69 p. 100 et les vols de voitures de 62 p. 100. Ces chiffres viennent d'une revue médicale, mais je ne suis pas sûr que les liens de cause à effet aient été bien établis.
J'accepte cependant le fait que la consommation de marihuana a augmenté très sensiblement. Je veux dire par là que je ne suis pas en mesure de contester les chiffres que vous avancez dans votre mémoire. Ce sont des citations. Nos attachés de recherche pourront les vérifier.
Mme Gwendolyn Landolt: J'aimerais mentionner l'étude citée à la page 8, note 11. En Suisse, les adolescents consomment maintenant plus de drogue, sur une base individuelle, que dans n'importe quel autre pays d'Europe occidentale, depuis la libéralisation des lois. Cela correspond tout à fait à ce qui s'est passé aux Pays-Bas.
Deux pays, la Suisse et les Pays-Bas, ont maintenant des lois très libérales.
À la page 8, je mentionne une autre étude concernant la Suisse. C'est la même chose: la consommation de drogue augmente rapidement.
M. Derek Lee: Oui.
L'un des messages que vous nous apportez comprend une composante que j'appellerai «dites simplement non à la drogue». Vous nous exhortez tous deux à accepter cela comme la principale expression de la politique juridique et sociale du Canada. Vous nous demandez de nous opposer à toute croissance de la consommation de la drogue dans le pays. J'accepte cela.
Mais je voudrais aller plus loin, puis j'aurai une question à poser. Madame Landolt, vous avez été près d'y répondre. Peut-être même l'avez-vous fait dans certaines de vos observations.
Je constate que l'ensemble des lois qui interdisent ou réglementent la drogue soutiennent dans la société le point de vue que la drogue est mauvaise, si vous voulez me permettre de m'exprimer d'une façon aussi simpliste.
Or je dois vous faire remarquer, comme vous le savez déjà, qu'il y a une foule de drogues qui sont utilisées légalement dans notre société, les opiacés, par exemple. Je n'ai pas toute la liste, mais il y en a beaucoup qui sont utilisées très couramment. Nous avons une catégorie de drogues interdites, mais nous en avons beaucoup d'autres qui sont légales, mais réglementées. Avec le temps, le nombre de ces drogues augmentera, il ne diminuera pas, nous en aurons constamment plus.
Vous dites qu'il y a une catégorie de mauvaises drogues et que nous ne devons pas modifier les lois qui les régissent, mais il y en a constamment des nouvelles qui sont mises au point. Vous demandez au gouvernement de ne pas changer les lois concernant la drogue parce qu'elles appuient une vision de la drogue que vous avez, comme de nombreux autres Canadiens. Vous nous dites de ne pas toucher aux lois, non parce que vous ne voulez pas que nous fassions des petits changements pour mieux adapter les lois à la réalité, mais parce que vous voulez éviter de porter atteinte au paradigme qui dit de ne pas toucher à la drogue.
Or si je suis capable de penser, je ne peux pas accepter votre point de vue. En qualité de législateur, je dois faire des lois qui servent au mieux les Canadiens. Je ne peux pas accepter votre exhortation à maintenir le statu quo parce que des changements pourraient modifier les perceptions concernant les bonnes et les mauvaises drogues.
Qu'avez-vous à répondre à cela?
º (1640)
Mme Gwendolyn Landolt: Eh bien, je peux vous répondre que l'Organe international de contrôle des stupéfiants s'est plaint et a critiqué le Canada parce que la production d'ecstasy augmente dans le pays.
Pourquoi le Canada n'y met-il pas un frein? Pourquoi ne contrôle-t-il pas la production des drogues synthétiques? Pourquoi ne légiférez-vous pas pour contrôler les drogues synthétiques?
Nous violons les traités internationaux que nous avons ratifiés. Nous sommes censés appliquer des sanctions criminelles non seulement contre la cocaïne, la marihuana et toutes les autres drogues ordinaires, mais aussi contre les drogues synthétiques, qui sont assujetties aux traités des Nations Unies que nous avons ratifiés.
Le Canada est en faute quand il ne contrôle pas l'utilisation de ces drogues chimiques synthétiques. Je ne cherche pas à vous empêcher d'étendre la protection de la loi à d'autres produits ou de la faire respecter. Tout ce que je dis, c'est, pour l'amour de Dieu, ne libéralisez pas la loi que nous avons aujourd'hui parce que beaucoup plus d'adolescents prendraient alors ces drogues.
Je reviens à l'expérience des Pays-Bas et de la Suisse. Si vous avez une attitude libérale envers la drogue, non seulement les produits ordinaires, mais tout le reste, y compris les drogues synthétiques... Nous ne faisons pas respecter nos...
La présidente: Je vous remercie.
Monsieur Sorenson, vous avez cinq minutes.
M. Kevin Sorenson (Crowfoot, Alliance canadienne): Merci, madame la présidente.
Je voudrais remercier tous ceux qui ont comparu aujourd'hui.
Nous avons voyagé partout dans le pays. Nous avons entendu des témoins venant de partout, qui nous ont parlé de divers plans et de différents moyens d'affronter le problème de la drogue.
Nous essayons de faire face à ce problème que nous avons dans notre pays. Pendant nos déplacements, nous avons pris connaissance de quelque cas vraiment tristes, dont un certain nombre dans le Canada atlantique. Là, quelques personnes nous ont vraiment touchés. Nous avons vu des jeunes dont la vie a été ruinée parce qu'il leur avait été tellement facile d'avoir accès à la drogue.
Il y a un jeune homme qui est devenu dépendant de la morphine après avoir subi une opération chirurgicale. Par la suite, il a commencé à chercher d'autres drogues pour satisfaire la dépendance qu'il avait développée à l'hôpital. Je me souviens d'un cas où nous avons rencontré quelqu'un qui travaillait parmi les Autochtones. Je crois que c'était à Terre-Neuve ou au Nouveau-Brunswick. Il nous a dit très clairement qu'il y a d'importants problèmes de drogue lorsque la famille est faible. La structure du noyau familial semble constituer l'un des plus grands problèmes. Il nous l'a expliqué très clairement dans son témoignage.
J'ai l'impression que le Canada se trouve à la croisée des chemins. Pendant que nous examinons la stratégie antidrogue, nous avons d'une part l'occasion de faire ce qui convient, de construire quelque chose, de diagnostiquer un problème pour y remédier. D'autre part, nous avons également la possibilité de faire du Canada un paradis pour les drogués.
Quand on pense à certains de ces sites d'injection sûrs... Je ne m'inquiète pas tant des endroits où l'on peut se procurer une seringue propre que d'une philosophie selon laquelle la drogue constitue strictement un problème de santé et que nous devons donc lui consacrer tout l'argent nécessaire. À un moment où les fonds de la santé sont très rares, nous envisageons les seringues gratuites comme solution.
Je sais que cela peut prévenir beaucoup de problèmes, mais est-il logique de refuser des seringues gratuites aux diabétiques, quand on en distribue aux héroïnomanes? Cette façon de penser me laisse perplexe. J'ai parfois l'impression que nous avons tendance à traiter les symptômes plutôt que la cause. Nous essayons de trouver ce qu'il convient de faire.
Ma question—que nous avons posée auparavant à d'autres témoins—est la suivante: si on vous accordait trois voeux, quelles trois suggestions voudriez-vous inclure dans une nouvelle stratégie antidrogue du Canada? Quelles idées, quels grands axes mettriez-vous dans cette stratégie?
º (1645)
Mme Gwendolyn Landolt: Je crois que M. White nous a déjà posé cette question.
C'est une affaire d'équilibre. Encore une fois, c'est l'équilibre entre la prévention, qui consiste à éduquer nos jeunes, la réadaptation et la mise en vigueur de la loi. On ne peut pas dire qu'un élément est plus important qu'un autre.
Je suis bien d'accord avec vous, nous sommes à la croisée des chemins. Nous pouvons choisir le chaos dans lequel se trouvent les Pays-Bas et la Suisse. Nous avons parlé de leurs politiques et de la pagaille qu'elles ont causée. Nous croyons savoir que les Pays-Bas vont finalement resserrer leurs lois à cause des complications apportées par leurs politiques libérales.
M. Kevin Sorenson: Y en a-t-il parmi vos études qui indiquent ce qui se produit quand on consacre plus d'argent à la mise en vigueur de la loi en accordant plus de ressources à ceux qui peuvent le faire? Avez-vous des études qui appuient ce point de vue?
Nous savons que les ressources affectées à la GRC ont diminué. Les représentants de la GRC sont venus nous voir et nous ont dit qu'ils devaient établir des priorités. La drogue a été l'un des éléments qui ont parfois été négligés.
Mme Gwendolyn Landolt: La GRC est mentionnée ici. Dans le programme de sensibilisation à la drogue de la GRC, il est dit qu'on ne peut mettre en vigueur la loi sans faire de prévention. La GRC convient de ce point. Elle ne peut pas faire beaucoup de mise en vigueur à cause du manque de ressources. Aucune des complications, bien sûr... Mais il n'y a pas assez d'argent pour la prévention et pour l'éducation de nos jeunes. Il est difficile de dire qu'un élément est plus important qu'un autre, mais la question est importante.
Dans le rapport de la vérificatrice générale, le chapitre 11 traite des drogues illicites. La vérificatrice générale dit que l'un des plus grands problèmes au Canada est que nous n'avons pas les données nécessaires. Il n'existe aucun système permettant de connaître le nombre de condamnations ou le nombre de personnes qui consomment de la drogue. Ses recommandations sont d'une très grande importance. Elle dit que le Canada n'a pas mis en oeuvre sa stratégie parce que nous n'avons même pas essayé. Elle dit qu'il n'y a pas de coordination. Le ministère de la Santé et le ministère du Solliciteur général sont dans la confusion et ne savent pas où ils en sont. C'est l'un des problèmes. Personne ne sait ce qu'il convient de faire parce nous ne disposons pas des données nécessaires. La vérificatrice générale se plaint amèrement d'un bout à l'autre de son rapport. Pourquoi le gouvernement du Canada ne recueille-t-il pas des données alors qu'il a une stratégie antidrogue?
La présidente: Je vous remercie.
Monsieur Melnychuk.
M. Brad Melnychuk: Oui, j'ai quelque chose à dire: il faut s'organiser, mais il y a deux genres d'études à réaliser.
Premièrement, il faut aller voir qui obtient des résultats et qui n'en obtient pas, puis faire la comparaison. Il ne faut pas accepter de généralités selon lesquelles le traitement de la dépendance est insuffisant ici ou là, parce que vous devez alors déterminer en quoi consiste le traitement de la dépendance. Tel programme peut marcher, tandis qu'un autre ne donne aucun résultat. Il est important d'aller voir ce qui se fait et d'en tirer des conclusions.
Deuxièmement, il faudrait que quelqu'un prenne le temps de faire ce que j'appelle la comptabilité des prix de revient. Combien cela coûte-t-il de faire suivre à une personne un programme qui n'aboutit pas à des résultats efficaces? Combien faut-il dépenser pour maintenir cette personne dans un programme d'entretien? Quel est le coût réel quand on recycle les gens encore et encore dans les programmes de traitement de la dépendance? Ils suivent le programme une année, puis il faut recommencer l'année suivante et ainsi de suite. Certains des patients traités par Narconon avaient déjà suivi huit programmes différents avant d'arriver. Ils avaient réussi à réunir eux-mêmes l'argent nécessaire pour venir finalement chez Narconon. Voilà à quel point ils étaient désespérés.
Il y a par conséquent beaucoup d'argent qui est gaspillé. Combien cela coûte-t-il d'arrêter une personne, de porter des accusations relatives à la drogue, puis de recommencer encore et encore? Tous ces chiffres s'ajoutent. Combien cela coûte-t-il quand une personne ne travaille pas et va commettre des crimes et ainsi de suite? Le coût est très élevé, bien plus élevé que pour réaliser les recherches nécessaires afin de trouver les programmes qui marchent.
º (1650)
La présidente: Merci beaucoup, monsieur Melnychuk.
Nous aurons une question rapide de Mme Allard.
[Français]
Mme Carole-Marie Allard (Laval-Est, Lib.): Merci, madame la présidente.
J'ai ici un document de recherche qui a été préparé par la Bibliothèque du Parlement et révisé en 1999. On y dit que depuis quelque temps, on est en mesure d'établir un lien psychologique en vertu duquel certaines cellules cérébrales feraient naître le besoin de certaines substances. En d'autres mots, on est en train d'essayer de trouver des explications physiologiques au problème de la dépendance.
Ma question touche tout le phénomène de la dépendance. On sait que certaines personnes consomment une fois et deviennent dépendantes, alors que d'autres consomment régulièrement pendant toute leur vie sans jamais devenir dépendantes. Je pense qu'on s'entend pour dire qu'il y a peut-être 10 p. 100 de la population qui est incapable d'éliminer les drogues. La première fois que ces gens touchent à une drogue, ils peuvent devenir dépendants.
Je pose ma question à tous ceux qui sont ici. Au cours de la recherche que vous nous présentez aujourd'hui ou au cours de vos travaux, avez-vous été mis en contact avec des chercheurs qui se sont intéressés au phénomène de la dépendance? Vous manifestez aujourd'hui un certain intérêt quant au phénomène physiologique de la dépendance aux drogues. Je voulais donc savoir si, dans vos milieux, vous aviez eu ce genre de contacts.
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt: Je ne l'ai pas mentionné dans le mémoire, mais nous en avons eu connaissance. Le rapport parle bien d'un problème chimique qui engendrerait la dépendance, mais la plupart des études indiquent qu'il y a des éléments psychologiques et affectifs.
La meilleure façon de l'expliquer est de dire que les gens cherchent à retrouver le sentiment de sécurité qu'ils éprouvent lorsqu'ils prennent de la drogue. Ils veulent oublier les souffrances et la peine que la vie leur inflige. Ils essaient de retrouver un sentiment de sérénité et de plénitude. Je crois que cela découle de facteurs psychologiques et affectifs. C'est l'effondrement d'une personne qui cherche une compensation pour les problèmes qu'elle connaît. Elle essaie donc de retrouver l'euphorie qu'elle a éprouvée la première fois qu'elle a pris de la drogue, parce que cela lui donne un sentiment de sécurité, d'amour et d'acceptation qui lui avait manqué à un moment donné de sa vie. C'est ce que j'ai constaté.
[Français]
Mme Carole-Marie Allard: Vous éliminez totalement la génétique de la dépendance.
[Traduction]
Mme Gwendolyn Landolt: Pas du tout. Je ne l'exclus pas, mais je sais que les deux facteurs agissent. Pour la plus grande partie, c'est psychologique et affectif, mais il y a aussi un élément chimique. Je crois que c'est très raisonnable.
M. Brad Melnychuk: Vous voulez savoir si nous avons été en contact avec des chercheurs qui étudiaient ce facteur. Dans mon cas, la réponse est non. Et je ne sais pas si des membres du personnel de Narconon ont eu des contacts de ce genre dans le monde, car nous avons des centres Narconon partout dans le monde. J'ai tendance à ne pas le croire compte tenu du fait que nos centres s'améliorent et que certains d'entre eux sont très proches d'un taux de succès de 100 p. 100.
Nous nous occupons autant de la dépendance physique que de la dépendance psychologique, parce que nous savons que l'organisme peut changer physiquement lorsque la drogue se substitue aux éléments nutritifs dont il a besoin. C'est un fait. Il y a des documents qui le confirment. Que ce soit ou non dû aux gènes, je ne le sais pas. Nous savons cependant qu'il est possible d'inverser le phénomène, et nous le faisons.
Voilà ce que j'ai à dire à ce sujet, mais je serais curieux d'interroger les chercheurs et de voir leurs études. C'est d'ailleurs une chose que j'ai l'intention de faire.
º (1655)
La présidente: Merci beaucoup.
Il est presque 17 heures. Nous avions convenu d'arrêter à 16 h 45. Il était prévu que la réunion prenne fin à 17 heures. Nous devons vraiment avancer.
Mme Hedy Fry: Je voudrais juste donner quelques éclaircissements pour le compte rendu. On a dit que l'Association médicale canadienne était opposée à la décriminalisation, mais je voudrais vous lire...
Mme Gwendolyn Landolt: Opposée à la décriminalisation, oui, je le sais.
La présidente: Un instant, s'il vous plaît. La Dre Fry a la parole.
Mme Gwendolyn Landolt: Parler du Journal de l'Association médicale canadienne est une chose...
La présidente: Madame Landolt, la Dre Fry vient d'invoquer le Règlement. Je dois attendre qu'elle ait terminé.
Voulez-vous poursuivre, docteure Fry?
Mme Hedy Fry: J'invoque le Règlement. Dans son mémoire du 11 mars 2002 au Comité sénatorial spécial sur les drogues illicites, l'Association médicale canadienne a dit ce qui suit:
3. Décriminalisation: Que l’on réduise la gravité des peines imposées pour possession simple et consommation personnelle de cannabis en éliminant les sanctions criminelles. L'AMC est d'avis que des ressources actuellement consacrées à lutter contre la possession simple de marihuana par le code criminel pourraient être redirigées vers des stratégies de santé publique, en particulier visant les jeunes. Dans la mesure où avoir un casier judiciaire limite les possibilités d'emploi, les répercussions sur l'état de santé sont profondes. Des perspectives d'emploi limitées entraînent une détérioration de l'état de santé. L’infraction civile, par exemple l'amende, pourrait constituer une solution de rechange. Il ne faudrait toutefois viser la décriminalisation que dans le cadre d'une stratégie nationale intégrée de lutte contre les drogues illicites comportant un programme d’abandon du cannabis. |
La présidente: Merci, docteure Fry. Je crois que le rappel au Règlement s'arrête là. C'est ce que l'AMC a dit au Sénat.
Si vous avec des commentaires à formuler...
Mme Gwendolyn Landolt: L'Association médicale canadienne s'oppose à l'utilisation médicale de la marihuana, à cause de ses dangers. Je tiens à souligner ce point. L'Association sait que c'est un produit dangereux.
La présidente: Madame Landolt, je crois que la docteure Fry voulait simplement mentionner, pour le compte rendu, la position exacte de l'AMC. L'utilisation médicale de la marihuana est une autre affaire, dont le comité n'est pas saisi.
À tous nos témoins, un grand merci pour être venus aujourd'hui. Beaucoup d'entre vous ont comparu malgré un préavis très court. Nous vous en sommes très reconnaissants. Le comité ne siège ordinairement pas le jeudi, mais les députés se sont montrés très coopératifs. Je leur en sais gré.
Malheureusement, je dois demander à nos témoins de se retirer. Nous aurons quelques échanges rapides avant de partir.
Malheureusement, monsieur Ménard...
[Français]
nous n'avons pas beaucoup de temps. Voulez-vous dire quelque chose?
M. Réal Ménard: Il faut qu'on puisse en discuter. Je vous dis que selon l'information que j'ai, on va avoir de la difficulté à se déplacer, à la fois pour le voyage à New York et pour le voyage en Europe. Maintenant, si les gens ne veulent pas discuter de cela, il n'y a pas de problème.
[Traduction]
La présidente: La séance est levée.