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J’ai le plaisir de vous souhaiter à toutes et à tous la bienvenue à la septième réunion du Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes.
La réunion d’aujourd’hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l’ordre de la Chambre adopté le 23 septembre 2020. Les travaux seront diffusés sur le site Web de la Chambre des communes. Pour votre gouverne, la diffusion Web montrera toujours la personne qui s’exprime, plutôt que tout le Comité.
Pour le bon déroulement de la réunion, je vais expliquer quelques règles à suivre.
Les membres du Comité et les témoins peuvent s’exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d’interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous avez le choix au bas de votre écran entre « anglais » et « français ».
Les membres du Comité présents en personne font comme d’habitude quand le Comité se réunit en personne dans une salle de comité, en gardant à l’esprit les directives du Bureau de régie interne relatives au port du masque et aux protocoles sanitaires.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne nommément la parole. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l’icône du microphone pour rétablir le son. Quant aux membres du Comité qui se trouvent dans la salle, leur microphone sera contrôlé comme normalement par la procédure et l’agent chargé de la vérification,
Je vous rappelle que tous les commentaires des membres du Comité et des témoins doivent être adressés au président. Veuillez couper votre micro quand vous ne vous exprimez pas. Pour ce qui est de la liste des intervenants, le greffier du Comité et moi-même, nous ferons de notre mieux pour maintenir l’ordre de passage de tous les membres du Comité, qu’ils participent à la réunion virtuellement ou en personne.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité se réunit aujourd’hui pour reprendre son étude sur le processus de certification des aéronefs. Je vais maintenant présenter, et accueillir, les témoins. Nous avons, du ministère des Transports, Nicholas Robinson, directeur général, Aviation civile, et David Turnbull, directeur, Certification nationale des aéronefs.
Messieurs, soyez les bienvenus.
Je ne sais pas qui veut commencer.
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Bonjour, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m’appelle Nicholas Robinson et je suis le directeur général de l’Aviation civile à Transports Canada, qui est responsable de la sécurité aéronautique. Je suis accompagné aujourd’hui de mon collègue David Turnbull, directeur de la Certification nationale des aéronefs au ministère. Nous sommes heureux d'être de nouveau parmi vous pour participer à cette étude sur la certification des aéronefs.
Le Canada dispose d’un des réseaux aériens civils les plus sûrs au monde. Le niveau exceptionnel de compétence et d'expérience technique de notre ministère vaut à notre pays d'être considéré comme l’un des quatre leaders mondiaux en matière de certification des aéronefs. Nous sommes arrivés à ce résultat grâce à un engagement inébranlable à l’égard de la sécurité et à la ferme volonté de prendre, en matière de sécurité, des décisions fondées sur des données probantes dans l’environnement très complexe de la certification des aéronefs.
Comme je l’expliquais au Comité en février dernier, la certification d’un aéronef suppose un examen minutieux de la conception pour vérifier que l’appareil est conforme aux normes et à la réglementation de navigabilité aérienne; en un mot, tout ce que nous attendons d’un aéronef pour garantir sa sécurité en vol.
[Français]
Dans le cas d'une compagnie canadienne qui construit un aéronef ou un produit aéronautique, tel qu'un moteur, Transports Canada est l'autorité de certification. Lorsqu'il s'agit de produits qui ne sont pas fabriqués au Canada, le rôle de Transports Canada consiste à valider les décisions...
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Lorsqu’il s’agit d’un produit qui n’est pas conçu au Canada, le rôle de Transports Canada consiste à valider les décisions de certification prises par l’État où il a été conçu, afin de s’assurer qu'il est conforme à la réglementation et aux attentes de notre pays.
En ce qui concerne le Boeing 737 MAX, Boeing, qui est le constructeur, a défini des modifications pour remédier aux risques pour la sécurité identifiés à la suite des accidents survenus en 2018 et 2019. Les États-Unis, en tant qu’État où l’avion a été conçu, sont l’autorité de certification de l’aéronef. Comme il a été annoncé le 18 novembre, la FAA a terminé sa certification des modifications en question et approuvé la reprise de service de l'aéronef.
En tant qu’autorité de validation, Transports Canada déterminera, par son propre examen indépendant, s’il convient de valider les modifications proposées, en s’assurant que les attentes du ministère en matière de certification sont satisfaites et que les normes canadiennes sont respectées.
J’aimerais prendre quelques instants pour parler plus en détail de l’examen indépendant auquel procède Transports Canada. Nous avons commencé à prendre des mesures au sujet du Boeing 737 MAX peu après l’accident de Lion Air en Indonésie, le 29 octobre 2018. À la suite de cette tragédie, le Canada a défini et mis en oeuvre, en collaboration avec ses exploitants, des exigences renforcées quant à la formation des pilotes, exigences qui dépassaient les normes mises en œuvre dans d’autres pays. Cela a été fait dans les deux semaines qui ont suivi l'accident de Lion Air et, à notre connaissance, le Canada et ses exploitants du MAX sont les seuls à avoir imposé ses exigences supplémentaires.
Je vous rappelle que ces exigences sont directement liées à l’emballement du compensateur horizontal impliqué dans les deux catastrophes, celle de Lion Air et celle d’Ethiopian Airlines. Après l’accident d’Ethiopian Airlines, survenu le 10 mars 2019, Transports Canada a évalué les risques et la nécessité de mesures supplémentaires, en gardant à l’esprit les mesures particulières originales prises en novembre 2018.
Après avoir reçu et analysé de nouvelles données satellitaires, Transports Canada a fermé l’espace aérien canadien à cet aéronef le 13 mars 2019. Cette mesure montre que le Canada prend des décisions fondées sur des données probantes pour donner la priorité à la sécurité, et que nous n’hésitons pas à agir quand des problèmes de sécurité se posent.
Depuis notre dernière rencontre en février, Transports Canada a beaucoup progressé dans son travail de validation du Boeing 737 MAX et a terminé de nombreuses étapes importantes dans le processus. Le ministère travaille en étroite collaboration avec la FAA et d’autres autorités de certification clés, notamment l’Agence européenne de la sécurité aérienne et l’Agence nationale de l’aviation civile brésilienne, ainsi qu’avec les trois exploitants canadiens de l’appareil et leurs syndicats de pilotes, pour prendre en compte tous les facteurs nécessaires à une reprise de service sécuritaire de l'aéronef.
Plus important encore, en août dernier, dans le cadre du processus de validation, Transports Canada a réalisé avec succès une série d’essais techniques sur le nouvel appareil. Les essais portaient sur la validation des modifications proposées et sur les procédures supplémentaires jugées nécessaires par Transports Canada. En septembre, le ministère a participé à un comité d'évaluation opérationnelle appelé RCEO. Ce comité est composé de représentants d’autorités de certification internationales, et les résultats de l’évaluation sont utilisés pour établir les exigences minimales en matière de formation pour la reprise de service du Boeing 737 MAX.
En plus des experts du ministère qui étaient présents, les pilotes de ligne des compagnies canadiennes qui volent sur le MAX appuient les efforts du Canada. Je tiens à profiter de cette occasion pour remercier les exploitants canadiens et les syndicats de pilotes de leur immense soutien dans cette activité extrêmement importante.
Nos experts en sécurité mettent la dernière main à leur processus de validation indépendant pour décider d’approuver ou non les modifications proposées à l'aéronef. Je suis fier du leadership dont notre équipe fait preuve jusqu’à présent, particulièrement en ce qui concerne les modifications à la conception de l’avion qu’ils ont beaucoup contribué à définir.
Je suis en mesure d’annoncer aujourd’hui au Comité que notre décision quant à la validation est imminente. La collaboration entre les autorités internationales a permis une convergence importante de nos décisions indépendantes. Il ne faudrait toutefois pas considérer qu’il s’agit d’un processus d’approbation automatique. La collaboration mondiale est certes sans précédent, comme nous le disions la semaine dernière, mais il y aura des différences entre ce que la FAA a approuvé et ce que le Canada exigera de ses exploitants. Ces différences porteront notamment sur l’ajout de procédures relatives au poste de pilotage et sur des différences dans la formation.
Nous voulons souligner qu’en imposant des procédures distinctes au Canada, Transports Canada ne sous-entend pas que les normes de sécurité de la FAA pour cet avion sont inférieures. Comme nous l’avons mentionné précédemment, le ministère a réalisé un examen indépendant et est par conséquent arrivé à des conclusions différentes sur quelques points.
Je voudrais également souligner que même après notre décision de validation, il restera des mesures à prendre avant la reprise de service de cet appareil au Canada, notamment la publication de la consigne de navigabilité et des directives de formation pour les exploitants canadiens. Ces consigne et directives ne devraient pas être prêtes avant janvier 2021. En attendant, Transports Canada s'en tient à sa décision de ne pas autoriser le Boeing 737 MAX à voler au Canada jusqu’à ce qu’il puisse confirmer que les modifications ont été apportées à l’avion et que les procédures et la formation adéquates sont en place.
Je dois parler d’un dernier point avant de terminer. Je manquerais à mon devoir si je ne soulignais pas que Transports Canada a tiré des leçons importantes de l’accident du vol 302 d’Ethiopian Airlines en ce qui concerne la façon dont le gouvernement réagit en cas d’accidents aériens majeurs. Je reconnais volontiers que ni le ministère ni moi-même n’avons communiqué avec les familles des victimes dans un premier temps. Nos experts en certification et en aviation se concentraient sur les questions de sécurité à régler. C’est leur travail. Malheureusement, nous avons omis, dans ces circonstances tragiques, de reconnaître les conséquences humaines de ces accidents.
Nous avons tiré des leçons de cette erreur et avons fait en sorte de la réparer au cours de la dernière année. Le 8 janvier 2020, j’ai rencontré personnellement les membres des familles des victimes canadiennes. Cette rencontre a été l’occasion pour Transports Canada d’entendre leurs préoccupations et leurs questions. Nous n'oublions et n'oublierons pas ce que nous ont confié les familles et nous sommes restés en contact avec elles depuis.
Nous essayons maintenant de les tenir informées des nouveaux éléments du processus de validation par des communications directes et régulières, et en répondant à d'autres besoins qu'elles ont exprimés à la suite de cette terrible tragédie. Ces leçons ont permis au Canada de mieux réagir après que le vol PS-752 d’Ukraine International Airlines a été abattu en janvier dernier.
Nous continuons d’apprendre et de nous améliorer en écoutant ce que ces familles et ces groupes nous disent. Le Canada continuera de travailler pour que d’autres familles n’aient pas à subir pareille tragédie sans le soutien et la communication à laquelle elles s’attendent de la part de leur gouvernement.
J’espère que les renseignements que je vous ai fournis vous éclairent sur ce que fait le Canada jusqu'à ce jour en réponse à ces deux terribles accidents, et qu'ils montrent le rôle qu'il joue.
Je répondrai volontiers à vos questions ou commentaires.
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Cependant, la question reste valide.
Comme M. Robinson l'expliquait, nous utilisons ces documents pendant tout le processus de validation pour chercher à comprendre comment l'autorité de certification est arrivée à ses conclusions. Notamment dans ce cas, la question, et ce n'était qu'une question, était de confirmer et de comprendre une méthodologie que Boeing utilisait pour se conformer à une exigence fondamentale en matière de décrochage, je dirai la partie 25 du paragraphe 201.
Ce qui est cité au comité des transports aujourd'hui revient à se concentrer sur une certaine partie de ce document où nous remettons, de fait, la clôture de l'exposé des sujets de préoccupation à une activité ultérieure. Ce n'est pas inhabituel de notre part. Dans chaque situation particulière où nous avons choisi délibérément de ne pas clore une question, nous devons décider tout aussi délibérément si la laisser ouverte constitue un problème sur le plan de la sécurité. Ce n'était pas le cas en l'espèce. Nous l'avons très délibérément laissée ouverte, en sachant pertinemment que nous n'avions pas découvert de problème, mais que nous ne comprenions pas encore parfaitement comment Boeing avait effectué l'essai et comment on était arrivé à la conclusion de conformité.
Pourquoi devions-nous le savoir en premier lieu? Le résultat de cet échange, qui figure dans le même document, révèle que, pour finir, nous avons compris qu'en fait, le système de l'aéronef en question, autrement dit, le système de compensation de régime qui comprend le MCAS, joue un rôle d'identificateur de décrochage plutôt que de système de prévention des décrochages.
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Je vous remercie, monsieur Turnbull. Au fait, vous aviez raison. Il s'agit du document C-FT-03.
Vous avez clarifié ce qui s'est passé auparavant et précisé que, dans certaines situations, des exposés des sujets de préoccupation sont restés ouverts.
Je vais passer à ma dernière question dans ce tour de table. Elle porte sur le même exposé des sujets de préoccupation dont vous avez, à juste titre, dit qu'il s'agit, en fait, du document C-FT-03, qui est resté ouvert. Nous avons vu un désaccord entre la FAA et Transports Canada, et même dans les autres exposés des sujets de préoccupation qui ont pour finir été clos, nous voyons qu'il est difficile d'obtenir des renseignements précis auprès de Boeing et de la FAA.
Cela étant, et étant donné les nombreux témoignages assurant que le Canada a les compétences nécessaires et l'approche voulue pour certifier indépendamment des aéronefs, pourquoi devrions-nous continuer de suivre une approche harmonisée?
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Je vous remercie de votre question.
Monsieur le président, je voudrais revenir en arrière pour souligner que notre système repose sur un modèle international avec des experts, des États qui sont des chefs de file mondiaux de la certification. Le système repose sur l'importance de la collaboration entre ces chefs de file, sur la communication de l'information et sur un système de validation solide.
Il est essentiel que nous examinions ce qui est arrivé au Boeing 737 MAX. C'est pourquoi le Canada participe aux multiples examens qui ont déjà eu lieu et qu'il les étudie.
Permettez-moi de parler de quelques-uns de ces examens. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive.
Nous avions, au début, l'audit de l'Office of Inspector General des États-Unis qui porte sur l'historique des activités qui ont abouti à la certification du Boeing 737 MAX et dont les conclusions seront examinées par les quatre autorités de certification afin de voir quels changements s'imposent. Nous avons le conseil consultatif technique, avec un examen par plusieurs organismes de la mise à jour proposée du logiciel MCAS et des évaluations de la sécurité faites afin de déterminer si elle est suffisante. À ce sujet aussi, nous étudierons les conclusions afin de décider des changements.
Nous avons le Joint Authorities Technical Review, examen par plusieurs autorités du processus et des procédures utilisés par la FAA dans la certification du circuit de commandes de vol du MAX. Le Canada était un partenaire particulier de cet examen, ainsi que des pays comme l'Australie, le Brésil, la Chine, l'Union européenne, l'Indonésie, le Japon, Singapour et les Émirats arabes unis. Il en est également ressorti des recommandations, et nous réfléchissons à leur adaptation et à leur intégration dans notre système.
Nous avons le Blue Ribbon Panel des États-Unis, qui fait examen des procédures de certification des nouveaux aéronefs de la FAA et aboutit, lui aussi, à des recommandations et des conclusions que nous devons étudier et prendre en compte.
Il y a un rapport récent du Congrès américain sur la transparence du processus de certification dont on a parlé. Ses auteurs ont découvert qu'en raison de ce qui s'est passé, les autorités de validation n'avaient pas toute l'information nécessaire pour arriver à une décision de validation, et ils posent des questions ardues sur le processus qu'ont mené ensemble Boeing et la FAA. Nous avons également l'examen du NTSB. C'est l'équivalent américain de notre Bureau de la sécurité des transports. Il a examiné le processus d'évaluation de la sécurité et l'approbation de la conception originale du MCAS et du 737 MAX de Boeing.
Nous avons les examens des accidents de Lion Air et d'Ethiopian Airlines. Il s'agit d'enquêtes de sécurité. Elles ont également abouti à des conclusions et à des recommandations qui doivent être prises en compte en ce qui concerne cet aéronef. Évidemment, nous avons aussi l'examen du comité dont nous étudierons les conclusions ou les résultats.
Je voudrais également vous informer qu'après l'accident, Transports Canada a aussi lancé un examen dont il a confié le soin aux services de vérification du ministère. Il s'agit d'examiner en interne et d'évaluer la pertinence et l'efficacité de l'approche de l'aviation civile de Transports Canada pour ce qui est de certifier des produits aéronautiques, y compris la conception, la mise en œuvre et la surveillance de son programme de certification des aéronefs.
Beaucoup d'examens ont été et sont menés. En tant qu'autorité de l'aviation civile canadienne, mais aussi en tant qu'équipe de gestion de la certification composée de quatre principaux États en matière de certification des aéronefs, nous examinons tous les résultats de ces rapports et nous veillons à ce que les recommandations soient prises en compte et mises en œuvre, le cas échéant.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Dans les témoignages que nous avons reçus précédemment au Comité, plusieurs témoins s'intéressaient beaucoup à la question de la certification et aux experts qui ont travaillé là-dessus. M. Primeau et son collègue, M. Alarie, deux ingénieurs spécialisés dans les systèmes critiques sont venus témoigner. Monsieur Robinson et monsieur Turnbull, je crois que votre témoignage s'est fait très peu de temps après la leur, si je me le rappelle bien. Vous avez d'ailleurs peut-être eu l'occasion d'y assister.
Parmi les recommandations qui ont été faites, deux d'entre elles ont retenu mon attention.
Selon la premiière, dans le cas de toute réglementation applicable aux produits modifiés, toutes les dispositions de droits acquis par lesquelles on fonctionne habituellement n'accordaient plus de privilège de droit acquis, surtout si quelque chose était nouveau ou avait été modifié à un système critique qui avait été précédemment certifié.
En deuxième lieu, dans le cas d'une mise à l'essai, tout nouveau système critique ou tout système critique devraient obligatoirement être testés de façon intégrée avec tous les systèmes reliés. C'est donc dire que, dès qu'il y a des modifications à un système, on teste l'ensemble de l'aéronef et tout ce qui est relié à un système critique, plutôt que de tester seulement l'élément critique en tant que tel et d'éliminer la classe des droits acquis.
J'aimerais savoir si Transports Canada compte mettre en place ces deux recommandations.
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Merci pour votre question.
[Traduction]
Comme vous l’avez mentionné, monsieur Barsalou-Duval, nous avons rencontré les deux personnes et nous avons discuté avec elles plus d’une fois, je crois, et nous sommes informés en détail de leurs questions. Elles ont soulevé des questions très intéressantes. En règle générale, nous avons examiné les questions auxquelles nous ne pouvions répondre tout de suite, et nous en avons approfondi plusieurs.
Nous avons fait les vérifications. À mon avis, M. Primeau a exprimé certaines préoccupations d’ordre technique à propos du système du vérin de compensation du stabilisateur horizontal. Nous avons creusé la question au nom de M. Primeau. Je ne crois pas que nous avions posé cette question précise auparavant, et nous sommes heureux que vous l’ayez posée. Nous nous sommes adressés à Boeing et avons obtenu une réponse satisfaisante à nos préoccupations.
Je ne suis pas absolument certain d’avoir bouclé la boucle avec M. Primeau, mais nous sommes convaincus que les recommandations et les préoccupations qu’il a soulevées ont été réglées à notre satisfaction.
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Je vous remercie de vos réponses.
J'ai encore quelques questions à vous poser.
Je me rappelle que, lors de votre dernier témoignage, je vous avais demandé pourquoi vous n'aviez pas testé le MCAS, soit le Maneuvering Characteristics Augmentation System, alors que c'est un nouveau système qui a été implanté dans l'avion. Normalement, la logique veut qu'on teste les nouveaux systèmes.
Vous m'aviez répondu que vous n'aviez pas de raisons de vous poser des questions, qu'on vous avait expliqué les fonctionnements du MCAS et que cela vous avait satisfait. Vous n'êtes pas allé chercher plus loin.
Toutefois, par la suite, on a appris que, dans des documents internes de Transports Canada, des pilotes d'essai avaient exprimé des préoccupations quant au système clé du MCAS, soit l'antidécrochage, sur les737 MAX. J'aimerais savoir si c'était la vérité, lors du témoignage au cours duquel vous m'avez dit ne pas avoir fait de tests.
Le document souligne l'inverse, et même, qu'il y aurait eu des inquiétudes.
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J’affirme respectueusement qu’en effet vous n’avez pas toute l’information. Je vous remercie de me donner l’occasion de revenir sur le sujet parce que je n’avais pas terminé mon explication précédente à Mme Kusie.
L’exposé des sujets de préoccupation pose une question pour nous aider à comprendre la méthodologie dans le cadre de laquelle Boeing démontre la conformité à une exigence particulière. Cet exposé ne révèle pas en soi ni ne fait la preuve d’une découverte d’un problème lié à l’aéronef. Les résultats ce cette enquête nous indiqueront si les systèmes impliqués représentent un système anti-décrochage ou un système d’identification de décrochage. C’est l’essentiel de la question. Si vous lisez le document jusqu’à la fin, vous verrez que nous avons obtenu la réponse qui nous a satisfaisait; le système est en effet seulement un système d’identification de décrochage.
S’il s’était agi d’un système anti-décrochage, l’intégrité de la conception des systèmes visés aurait été portée à un niveau beaucoup plus élevé. Nous étions satisfaits de la réponse. À ce moment-là, nous étions parfaitement au courant de la façon dont les essais avaient été menés. Cet exposé des sujets de préoccupation ne représente pas en soi et en aucun cas un problème. En raison de la nature de la question qui consistait à essayer de comprendre la méthode selon laquelle le système avait été certifié, cela ne révélait en soi aucune préoccupation. Je relis l’exposé et je n’ai aucun regret. Nous avons posé la question. Nous avons en effet reporté la réponse à plus tard.
Au bout du compte, nous avons obtenu la réponse et elle confirmait ce que nous voulions connaître, mais la réponse n’était pas directement liée aux problèmes qui ont causé les accidents.
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Je vais revenir à différents rapports et examens qui ont été entrepris afin d’étudier la question posée: que s’est-il passé?
Mon collègue, M. Turnbull, a déjà souligné un aspect qui s’est mal déroulé et qui doit changer en ce qui concerne l’intégration des changements à l’appareil et comment ceux-ci interagissent ou touchent le produit en amont — la règle applicable aux produits modifiés. Nous devons en tenir compte. Nous verrons certainement des changements sur cet aspect.
Nous devons également examiner l’interaction entre les différentes autorités et leurs constructeurs. Comme l’a mentionné mon collègue, M. Turnbull, l’information n’était pas disponible en ce qui avait trait aux aspects particuliers de cet aéronef, c’était du domaine public. C’est ce qui explique que les autorités de validation ne pouvaient pas prendre une décision éclairée ou comprendre parfaitement les incidences d’un système en particulier dans l’aéronef. Cela doit changer. C’est justement ce que signale précisément le rapport du Congrès aux États-Unis.
Nous examinerons aussi notre engagement à l’égard de la validation. Comme nous l’avons dit au début, le système... Afin de donner une idée de grandeur approximative, lorsque le Canada est allé de l’avant et a certifié l’appareil C Series de Bombardier, au moment où il était un produit de Bombardier — il est devenu un produit d’Airbus depuis — la certification a nécessité environ 160 000 heures. Au Canada, environ 160 000 heures de travail y ont été consacrées et l’expertise du Canada en matière de certification a été investie dans l’examen et la certification de l’aéronef. Nous comptons sur les états pour qu’ils appliquent la même rigueur à leur norme de certification. À cet égard, je tiens à préciser, en tant qu’autorité de validation, qu’à compter de l’immobilisation au sol de l’avion jusqu’à aujourd’hui, nous avons contribué environ 15 000 heures uniquement aux modifications qui sont proposées pour ce système.
Nous verrons une plus grande participation à la validation, mais nous devons respecter le système lorsque l’État de conception certifie l’aéronef et que les autres autorités principales vont de l’avant et valident l’aéronef de manière indépendante.
Pour ajouter à ce que disait M. Robinson, c'est Transports Canada qui, par sa rigueur et son enquête minutieuse, a découvert que les simulateurs originaux utilisés pour la formation n'étaient en fait pas programmés pour permettre aux pilotes de s'entraîner aux procédures liées aux incidents d'emballement du compensateur horizontal. Autrement dit, le système était conçu d'une manière qui exigeait une intervention du pilote, mais nous avons découvert que les simulateurs n'étaient pas équipés pour permettre aux pilotes de suivre ces scénarios de formation particuliers. Il a donc été remédié à ce problème.
Nous avons beaucoup insisté pour que l'accent soit mis sur les procédures de manière à s'assurer que les interventions du pilote qui étaient nécessaires soient bien précisées. Ainsi, quand la conception dépendait d'une intervention du pilote pour atténuer un problème particulier, les procédures connexes devaient suffire à amener le pilote à un niveau de connaissances suffisant pour qu'il puisse maîtriser l'appareil.
Nous avons également découvert que les essais de l'aéronef sans le système de compensation de régime, sans le MCAS, n'ont pas été effectués. C'est sous notre influence que la FAA a décidé de réévaluer les caractéristiques de l'aéronef sans ses systèmes. Heureusement pour tous, nous avons découvert qu'il est, en fait, assez maîtrisable même privé de ces systèmes.
En outre, même si la modification de conception fondamentale qui sera validée est identique, d'un point de vue technique, à celle que la FAA a approuvée, nous ajoutons un autre élément de procédure qui permet de désactiver un avertisseur de décrochage en cas de vibrations du manche activé par erreur. Nous avions conclu dans notre propre évaluation qu'il constituait une distraction considérable pour le pilote dans les scénarios de panne. C'est également consigné dans les rapports d'accident.
Notre participation est très importante et je pense que mon équipe a fait un excellent travail dans l'étude JATR. Nous avons joué un rôle central en donnant très clairement notre opinion sur la nature des préoccupations relatives à l'application de la règle de produit modifié, ce qui, soit dit en passant, préoccupait aussi M. Primeau, entre autres.
De plus, nous avons insisté sur la nécessité de reconnaître que, même si nous avons validé ou si nous sommes sur le point de valider un changement de conception qui rend l'aéronef parfaitement sûr, nous avons demandé si Boeing pouvait apporter d'autres modifications qui viendraient après l'autorisation de mise en service pour encore renforcer la sécurité de l'aéronef. Je pense que nous avons contribué à faire que Boeing mette sur la table un certain nombre de modifications futures qui devraient être considérées comme des améliorations de produit.
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est probablement la dernière fois que j'ai l'occasion de m'adresser à vous, messieurs Turnbull et Robinson puisque nous arriverons bientôt à la conclusion de cette étude.
Les grandes lignes de ce que je retiens pour le moment, dans le cadre de l'étude du Boeing 737 MAX, c'est que l’administration américaine de l’aviation civile, la FAA, n'a pas fait son processus de certification de façon adéquate, et c'est peu dire. Nous avons été plutôt complaisants parce que nous n'avons pas l'habitude de faire des validations approfondies et importantes sur ce qui se fait comme travaux aux États-Unis. Malheureusement, il y a des failles dans notre système.
Seriez-vous d'accord pour dire que, du côté des organismes responsables de la sécurité, que ce soit Transports Canada ou du côté de la certification, de votre côté, monsieur Turnbull, il serait nécessaire que nous en fassions davantage pour assurer la sécurité des gens qui prennent l'avion ici?
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Je vous remercie, monsieur le président.
À propos du comité des transports de la Chambre des représentants, au Congrès, je suis certain que vous êtes tous deux au courant de son rapport préliminaire et de son rapport final plus récent.
Dans le rapport préliminaire, le comité des transports de la Chambre des représentants constatait des choses très préoccupantes au sujet de la culture de la certification aux États-Unis. Il expliquait comment les pressions financières qui pesaient sur Boeing dans sa concurrence avec Airbus avaient conduit à des décisions et à des hypothèses qui avaient menacé la sécurité des voyageurs, pour reprendre ses termes. Il disait aussi qu'une culture de la dissimulation avait amené Boeing à ne pas communiquer des renseignements cruciaux à la FAA, y compris le fait d'avoir caché l'existence même du MCAS aux pilotes du 737 MAX, je cite encore.
À propos de la culture que décrit le rapport, vous êtes chargés de valider le processus américain. Avant la publication de ce rapport préliminaire, étiez-vous au courant de cette culture de la dissimulation dans le processus de certification américain?
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Cet incident nous a permis de beaucoup mieux comprendre le processus entre la FAA et Boeing.
Comme on l'a mentionné, le rapport du Congrès a rendu publics les problèmes que posait cette relation, mais je soulignerai que si nous regardons les relations que nous entretenons avec nos entreprises de certification, des entreprises comme Bell, Bombardier, Pratt & Whitney et Diamond, entre autres — je sais que le Comité a pu rencontrer nombre d'entre elles pour discuter du processus de certification —, les échanges de renseignements que nous avons avec elles ne sont pas les mêmes que ceux dont il est question dans le rapport du Congrès américain.
Les renseignements que nous échangeons et les relations que nous avons avec ces entreprises... Quand nous repérons un problème par rapport à un produit qu'elles certifient, nous nous asseyons avec elles pour trouver une solution, pour être certains que les produits en question respecteront notre réglementation quand ils voleront...
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Nous ne certifions pas les produits indépendamment de la conjoncture commerciale. Nous devons tenir compte du moment où certains constructeurs souhaitent vendre et exploiter leurs aéronefs. Même pour un programme de certification qui commencerait et durerait cinq ou six ans, comme cela a été le cas par exemple de la certification de la série C au Canada, nous travaillons toujours en fonction d'une date cible qui est précisée par le client. Cela n'a rien d'inhabituel.
Cela étant, nous nous efforçons d'atteindre cette date cible, même si nous n'y sommes pas forcément contraints. Il est arrivé que nous ne respections pas la date cible fixée par le constructeur car nous n'avions tout bonnement pas terminé le travail. Cela fait tout simplement partie du jugement porté par mon équipe et moi-même, tandis que nous approchons de ces dates cibles afin de déterminer, au cas où il y aurait des problèmes en suspens, s'ils donnent matière à préoccupation.
Dans certains cas, comme l'a mentionné plus tôt mon collègue, M. Robinson, certains des désaccords qui existent au sujet d'une validation se rapportent plus à une désharmonisation générique dans la façon dont nous abordons la règle, que nous réglerons délibérément en dehors du projet et tenterons de résoudre par une méthode d'harmonisation au lieu de prendre en otage le destinataire de l'aéronef. Dans certains cas, il peut falloir plusieurs années avant d'éliminer ces différences, mais en définitive, notre décision de valider un aéronef repose sur le niveau de confiance que nous avons dans la sécurité de l'aéronef, et pour prendre cette décision, nous nous fions à l'état de conception.
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Merci, monsieur le président, et je remercie également les deux témoins.
Beaucoup d'entre nous se préoccupent réellement de certains documents préoccupants. Essentiellement, je dirais que c'est l'emploi de l'expression « document préoccupant » qui aboutit à des préoccupations, ce qui s'est manifestement produit avec les familles des victimes dont nous avons entendu le témoignage mardi.
Fondamentalement, examinez-vous ces documents préoccupants de façon progressive en quelque sorte? Selon ce que votre poste vous autorise à faire, examinez-vous une note rédigée par un pilote inquiet ou par une autre personne qui éprouve des préoccupations? Diriez-vous que cela est absolument essentiel dans certains cas, et que si vous n'obtenez pas la réponse, vous refuserez de valider le produit? Vous avez indiqué en l'occurrence que cela ne compromettait pas la sécurité.
Menez-vous un type d'enquête « qu'il est réconfortant de savoir », par opposition à une enquête cruciale? Disposez-vous d'un système pour vous assurer que, lorsque vous recherchez des réponses, vous agissez de cette façon?
Je reprends l'argument présenté, monsieur le président. La terminologie « document préoccupant » doit faire l'objet d'améliorations, et il se peut que vous soyez témoin de modifications à ce sujet.
Un document préoccupant, s'il a un rapport avec un sérieux risque pour la sécurité, ne restera pas ouvert au cas où ce risque pour la sécurité ne serait pas supprimé. Toutefois, comme l'a fait observer M. Turnbull, un document préoccupant qui a décelé une sorte de désharmonisation des règlements à laquelle il fallait remédier dans le cadre d'une EGC, ou d'une équipe de gestion de certification, peut dans son ensemble, rester ouvert, et la validation du produit peut se poursuivre. Ce genre d'évaluation a lieu constamment.
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Je vous remercie de cette question.
La bonne nouvelle est que les processus fondamentaux qui existent depuis des années et que nous avons peaufinés au fil des ans n'ont pas besoin d'être modifiés.
Le processus proprement dit est évolutif. Ce que je veux dire par là, c'est que nos activités de validation peuvent s'adapter à la situation, tout comme elles l'ont fait durant la validation des changements de conception. Compte tenu du profil de ces deux accidents en particulier et de la complexité du problème, le processus de validation de ce changement de conception a été manifestement plus notoire que cela est normalement le cas, mais il s'agit toujours du même processus. Ce dernier suit les mêmes protocoles. Il fonctionne toujours de la même façon.
À l'avenir, avec d'autres demandeurs, dans le cas des futurs aéronefs, nous continuerons de faire ce que nous avons toujours fait. Manifestement, nous avons appris certaines leçons ici, tout comme la FAA. Nous allons mettre ces leçons en pratique, et ces leçons deviendront des secteurs de risque à l'avenir qui nous amèneront sans doute à procéder à un examen plus approfondi dans certains secteurs, ce que nous n'aurions peut-être pas fait autrement. Étant donné que le processus est flexible, il nous permet d'effectuer un examen au niveau que nous jugeons nécessaire.
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Je vous remercie, monsieur Bachrach.
Je vais solliciter des remarques ou des questions à ce sujet, en faisant observer bien entendu que cela empiétera sur le temps dont nous disposons pour donner des consignes de rédaction, mais je ne m'y oppose pas.
Pour commencer, monsieur le greffier, la motion est-elle suffisamment claire à votre avis? A-t-on besoin d'autres éclaircissements?
Merci.
Je vais maintenant m'adresser aux membres du Comité. Si vous tenez à formuler quelques remarques sur la motion, rendez-vous sur le mot « Participants » au bas de votre écran et appuyez sur le bouton « Lever la main ». J'ai la queue ici devant moi. En premier lieu, je donne la parole à Mme Jaczek.
Madame Jaczek, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie M. Bachrach d'avoir soulevé cette question, d'autant plus que nous avons entendu les témoignages des familles des victimes il y a à peine deux jours dans lesquels celles-ci ont déclaré qu'elles voulaient quelque chose de plus, à savoir « une enquête publique ».
Honnêtement, j'ai longuement réfléchi à la question ces deux derniers jours. J'ai examiné les notes d'information que nous avons reçues au sujet des activités, comme les audiences du Congrès des États-Unis, les activités qui se déroulent aux États-Unis et le fait que nous, en tant que comité, examinons cette question maintenant depuis janvier. Nous avons tous posé des questions pointues. Je crois réellement que nous disposons d'assez de renseignements. À mon avis, une enquête publique n'ajouterait rien de vraiment utile.
Nous avons tenu des réunions publiques. Nos délibérations ont été publiques. Les témoignages ont été francs et à mon avis, très instructifs. Dans le fond, je ne crois pas qu'à ce stade, une enquête publique présente une valeur ajoutée particulière, comme l'affirme la motion de M. Bachrach.
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Nous sommes résolument d'avis que la question n'est pas entièrement réglée. D'après les témoignages entendus hier, il est clair que plusieurs membres des familles estiment que le problème n'est toujours pas réglé, tout comme certaines des personnes qui ont comparu durant la deuxième heure des témoignages. Cependant, à l'instar des réflexions de M. Rogers, nous estimons qu'il serait prématuré d'ouvrir une enquête publique à ce stade. Nous devons laisser l'étude se conclure et attendre de connaître la décision du gouvernement en fonction des renseignements qu'il a acquis d'après l'étude.
Nous estimons que certaines mesures sont nécessaires pour assurer le règlement complet non seulement de notre travail, mais aussi de nos consciences, en ce qui concerne les familles et tous les autres Canadiens qui pourraient voler à bord de cet aéronef à l'avenir.
Nous espérons alors que le gouvernement prendra une décision, dont M. Robinson a indiqué au début qu'elle était imminente; nous pourrions faire venir le ministre afin de l'interroger sur son approbation définitive, sa justification de la décision, et s'il y a lieu, prolonger l'étude si nous estimons qu'elle n'est pas satisfaisante, de manière à pouvoir regarder de près les visages de ces familles qui sont venues hier nous raconter leur histoire.
Nous ne pensons pas que la question soit réglée. Toutefois, en ce moment, en particulier dans le contexte d'une pandémie, où nous constatons l'échec de tout un secteur — à propos duquel je suis fort déçue qu'il n'y ait aucun plan de prévu et nous devons en discuter le plus rapidement possible ainsi que des solutions —, le moment n'est pas venu d'ouvrir une enquête publique. Nous devons voir les résultats des travaux du Comité, déterminer ce que le ministère et le ministre ont appris de ces travaux et les décisions qu'ils prendront à ce moment.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier M. Bachrach d'avoir déposé sa motion. Je pense que la question qui est soulevée est importante: devrait-il y avoir une enquête publique sur le sujet? Je ne cacherai pas aux membres du Comité que je n'ai pas été vraiment satisfait par les réponses qui ont été données sur le processus de certification canadien.
En fait, j'ai m'inquiète beaucoup de cette espèce de complaisance ou de manque de volonté d'aller en profondeur, surtout après les révélations que nous avons entendues. J'ai été très déçu de voir qu'il n'y avait pas de remise en question ni de volonté de changer les processus. Cela me préoccupe beaucoup, parce que si les Américains ou une autre nation nous envoient un citron, on va l'approuver, on va faire deux ou trois petits tests, on va l'envoyer en vol une fois et ce sera tout.
J'ai beaucoup de difficulté, sachant cela, à dire qu'on rendrait justice à ces appareils et qu'on a géré cela de façon responsable. Je pense aux victimes qui sont venues ici, au Comité, qui m'ont beaucoup touché et qui n'ont pas encore fait leur deuil. Nous ne pouvons pas ne pas nous poser plus de questions que ça.
Je suis donc très sympathique à la motion déposée par M. Bachrach pour ces raisons. J'aurais aimé voir une volonté sincère de réformer ou de remettre en question le processus actuel qui, selon moi, est problématique. Des rapports ont été soumis par des pilotes. Ce n'étaient pas des rapports critiques, mais, quand même, certains systèmes critiques n'ont pas été testés. Or c'étaient de nouveaux systèmes. Il me semble qu'il y a eu des manques à certains égards. Je me trompe peut-être, mais une enquête nous permettrait de savoir si je me trompe, malgré mon intuition. En effet si notre processus est trop relâché lui aussi, nous devenons aussi responsables que l'autorité originale.
Je pense qu'il serait important de ne pas être complaisant envers les autorités, surtout à la suite d'expériences qui nous disent que nous devrions être plus vigilants.
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Merci, monsieur le président.
Je suis reconnaissant au Comité d'avoir ouvert ce débat à propos de ma motion. Pour vous expliquer pourquoi j'estime que ma motion est justifiée, je tiens à reprendre certains des arguments avancés par mes collègues.
Mme Jaczek a déclaré qu'elle était d'avis que le Comité avait suffisamment de données, mais je tiens à préciser que l'enquête publique ne vise pas à répondre aux besoins du Comité; l'enquête vise à répondre aux besoins de tous les Canadiens. Mardi, nous avons entendu le témoignage de M. Njoroge et de M. Moore et franchement, ces deux témoignages m'ont littéralement bouleversé. Manifestement, ils n'ont pas obtenu les réponses qu'ils voulaient. Je pense qu'en tant que comité, il nous appartient de tout faire pour les aider à obtenir les réponses et à éprouver le sentiment de clôture dont ils ont besoin. Honnêtement, comme M. Barsalou-Duval l'a dit dans ses remarques, je ne pense pas que le Comité ait reçu des réponses satisfaisantes à toutes nos questions. Il y a des questions sur le processus, sur la façon dont le Canada a certifié ces aéronefs ou validé leur certification, qui restent sans réponse. C'est pourquoi je pense que la chose à faire est d'ouvrir une enquête publique. Cette motion invite tout simplement le gouvernement à ouvrir une telle enquête.
L'autre argument avancé par ma collègue, Mme Kusie, a trait au calendrier de l'enquête et au fait qu'à son avis, une enquête publique est prématurée. Avec tout le respect que je lui dois, je comprends parfaitement que la période que nous traversons est difficile pour notre pays, mais très bientôt, le gouvernement remettra ces avions en service. Le 18 novembre dernier, le a déclaré qu'il s'attendait à ce que le processus de validation prenne fin « très prochainement ». Les délais sont donc extrêmement courts et ce type d'enquête me semble fort à propos, car il se peut que ces appareils reprennent leurs vols avant longtemps alors que les gens continueront de se demander s'il n'est pas dangereux de voler à bord de ces Boeing. Nous avons entendu notre témoin, l'ingénieur indépendant, déclarer mardi qu'il n'était pas d'accord. À son avis, ces avions sont dangereux.
C'est un dossier à propos duquel les Canadiens méritent des réponses, et je suis d'avis qu'une enquête publique est en mesure de découvrir ces réponses qui dépassent les simples pouvoirs de ce comité.
Nous avons invité la compagnie Boeing à comparaître devant nous et à répondre à nos questions sur le contexte canadien et sur la façon dont ce qui s'est produit aux États-Unis affecte notre processus de validation, et à fournir des réponses aux citoyens canadiens, et Boeing a refusé de comparaître devant le Comité. À mon avis, une enquête permettrait d'obtenir des réponses à toutes ces questions.
Je mettrai fin à mes propos ici, et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de discuter de ma motion.
Merci.
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Monsieur Bachrach, je vous remercie.
Sans autres orateurs, je vais demander au greffier de procéder à l'appel nominal.
(La motion est rejetée par 9 voix contre 2.)
Le président: Je vous remercie, monsieur le greffier.
Je remercie M. Bachrach et les membres du Comité.
Si vous le voulez bien, nous allons maintenant passer à huis clos pour terminer l'ordre du jour d'aujourd'hui.
[La séance se poursuit à huis clos.]