:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Je suppose que vous avez tous reçu une copie des diapositives que nous avons préparées.
[Français]
Le document est rédigé en français et en anglais.
[Traduction]
Le ministère du Patrimoine canadien est reconnaissant de l'occasion qui lui est donnée de comparaître devant le comité dans le cadre de son étude de l'industrie canadienne de la musique.
[Français]
Je m'appelle Jean-François Bernier et je m'occupe des politiques et des programmes pour les industries culturelles au ministère du Patrimoine canadien. Je suis accompagné de Sophie Couture, qui s'occupe d'une des industries culturelles, soit celle de la musique.
[Traduction]
Notre objectif aujourd'hui consiste à donner aux membres du comité un aperçu de l'industrie de la musique et du cadre stratégique fédéral appuyant la musique canadienne, et plus précisément de l'aide apportée par le Fonds de la musique du Canada. C'est avec plaisir que nous répondrons à toutes les questions que vous pourriez avoir à la suite de cet exposé.
Je vais passer directement à la page 3.
[Français]
J'aimerais débuter en présentant un bref aperçu de l'écosystème dans lequel évoluent les principaux intervenants que vous rencontrerez tout au long de votre étude.
[Traduction]
Dès la création d'une oeuvre musicale, il faut qu'un grand nombre de professionnels de l'industrie et d'activités contribuent à la sélection de moyens de consommation diversifiés et toujours croissants pour aider cette oeuvre à trouver un public. Si à certaines époques les intervenants de l'industrie interagissaient de manière assez linéaire, la réalité d'aujourd'hui est très différente.
[Français]
En effet, les rôles et les activités des intervenants sont désormais beaucoup plus fluides et diversifiés.
[Traduction]
Au fil des ans, les gouvernements successifs appuient la musique canadienne parce qu'ils reconnaissent l'importance de sa contribution culturelle et économique. Dans l'ensemble, l'industrie de la musique génère une activité économique annuelle de près de trois milliards de dollars. Grâce aux plus de 10 000 Canadiens employés par les secteurs de l'enregistrement sonore et du spectacle seulement, et aux 30 000 auteurs-compositeurs professionnels, la musique alimente d'autres importants secteurs économiques, dont les industries du tourisme, du divertissement et de la publicité.
L'industrie canadienne de la musique englobe trois grandes multinationales du divertissement, soit Universal, Sony et Warner, et des centaines de petites et moyennes entreprises canadiennes.
Les multinationales qui exercent leurs activités au Canada prennent une part importante à la scène musicale nationale et ont contribué à la carrière de nombreux artistes canadiens. Cependant, les entreprises canadiennes jouent un rôle essentiel dans le développement et l'épanouissement des talents canadiens. Prises dans leur ensemble, les entreprises canadiennes lancent 87 % des nouveaux enregistrements des artistes canadiens et contribuent à 79 % des ventes d'enregistrements d'artistes canadiens.
La musique est une entreprise très risquée dans laquelle chaque projet est un prototype. Les conditions du marché canadien présentent des difficultés supplémentaires.
Premièrement, notre marché national est relativement petit, ce qui signifie qu'il est crucial d'accéder aux marchés internationaux. Deuxièmement, le Canada est divisé en deux marchés linguistiques qui présentent des caractéristiques distinctes, et ces caractéristiques influent différemment sur la compétitivité de l'industrie canadienne.
[Français]
Je suis à la page 6.
Le Canada s'est doté d'une gamme de mécanismes d'intervention pour assurer la création et l'accès à un vaste éventail de choix musicaux canadiens. Le cadre des politiques d'appui à la musique canadienne est composé de mesures législatives, réglementaires, financières et institutionnelles qui travaillent conjointement à l'atteinte de cet objectif de création et d'accès. De fait, le Canada est reconnu mondialement pour son avant-gardisme en matière de politiques publiques pour son industrie de la musique.
En matière de législation, la Loi sur le droit d'auteur offre un équilibre entre la protection et la rémunération des droits des créateurs et les besoins des consommateurs. La Loi sur Investissement Canada voit à ce que les investissements étrangers dans le secteur de la musique au Canada se fassent à l'avantage net du pays. La Loi sur la radiodiffusion établit un système canadien de radiodiffusion qui doit contribuer à la création et à la diffusion du contenu canadien, tout en reconnaissant les besoins distincts des marchés de langue anglaise et de langue française. Elle confère notamment des pouvoirs de réglementation au CRTC.
En effet, le CRTC exige des stations de radio commerciales qu'elles diffusent chaque semaine des seuils minimums de contenu canadien et de langue française et qu'elles contribuent financièrement au développement du contenu canadien. En 2011-2012, ces contributions totalisaient plus de 55 millions de dollars. Près de la moitié de cette somme est versée à des organismes de financement dont FACTOR, MUSICACTION, le Fonds RadioStar et Radio Starmaker Fund. Le reste sert à appuyer des initiatives discrétionnaires, principalement de portée locale ou régionale.
FACTOR et MUSICACTION sont des fondations qui ont été créées au début des années 1980 pour gérer de façon collective les contributions financières des radiodiffuseurs. Elles administrent aussi, depuis plus de 25 ans, des fonds publics en appui à la musique canadienne.
Le gouvernement fédéral fournit également une aide financière directe au secteur canadien de la musique, principalement par l'entremise du Fonds de la musique du Canada.
[Traduction]
Avec son enveloppe annuelle de près de 25 millions de dollars, le fonds appuie un vaste éventail de musiques canadiennes diversifiées en soutenant les artistes et entrepreneurs nouveaux et établis qui sont à l’origine de cette musique. Dans le récent budget de 2014, les ressources temporaires de près de neuf millions de dollars dont le fonds bénéficiait ont été renouvelées de manière permanente. Cette mesure entrera en vigueur en 2015-2016.
Les programmes musicaux du Conseil des arts du Canada appuient surtout les orchestres, les opéras ou les artistes canadiens qui se spécialisent dans des genres musicaux non courants. Ses programmes complètent donc l’aide apportée par le Fonds de la musique du Canada. De plus, la feuille de route pour les langues officielles du Canada appuie la mise en valeur des artistes des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
D’autres programmes de PCH aident indirectement la musique canadienne, par exemple, en finançant des festivals et en appuyant des fonds de dotation pour orchestres.
Plus précisément — je suis en ce moment à la 10e page de mon exposé —, le Fonds de la musique du Canada apporte à l’industrie de la musique canadienne l’aide préalable dont elle a besoin pour prendre des risques, innover et demeurer concurrentielle au Canada et à l’étranger. Au fil des ans, le fonds s’est adapté aux difficultés et aux possibilités que l’industrie rencontrait. Par exemple, lors de son renouvellement de 2009, le Fonds de la musique du Canada a offert un soutien accru aux initiatives de développement des marchés numériques et internationaux.
[Français]
En tout et pour tout, le fonds appuie la production et la promotion d'enregistrements sonores canadiens, la tournée nationale et internationale d'artistes, l'édition musicale, le développement commercial et professionnel, les activités de commercialisation collectives comme les vitrines musicales, les cérémonies de remise de prix, les applications et la promotion numérique.
[Traduction]
À l’heure actuelle, plus de la moitié des ressources du FMC sont administrées par FACTOR, pour le marché de langue anglaise, et par Musicaction, pour le marché de langue française. Cette administration conjointe des fonds publics et des contributions versées par les radiodiffuseurs privés est l’un des principaux points forts de la trousse politique dont bénéficie la musique canadienne.
[Français]
Au-delà des fonds administrés par FACTOR et MUSICACTION, Patrimoine canadien administre un volet de 9,5 millions de dollars et un montant de 360 000 $ est alloué à Bibliothèque et Archives Canada pour la préservation d'enregistrements sonores canadiens.
Les volets de financement viennent appuyer des activités et des clientèles complémentaires. Par exemple, les deux plus importants volets du Fonds de la musique du Canada, soit le volet Nouvelles oeuvres musicales et le volet Entrepreneurs de la musique, appuient tous les deux la production et la promotion de musique d'artistes canadiens, mais de façon bien distincte.
Par l'entremise du volet des Entrepreneurs de la musique, l'appui se fait au moyen d'une enveloppe annuelle destinée aux activités des entrepreneurs établis. Cette enveloppe est calculée en fonction de leur succès à atteindre des auditoires. C'est donc une récompense au succès.
Pour sa part, le volet Nouvelles oeuvres musicales appuie les projets de production et de promotion grâce à un financement offert aux artistes ainsi qu'aux entrepreneurs de plus petite ou moyenne taille. Un artiste sans contrat avec une maison de disques peut, par exemple, faire une demande d'aide pour un démo ou même pour la production d'un album.
[Traduction]
Qu’est-ce que le Fonds de la musique du Canada finance en moyenne par année? Je suis à la page 12.
Le FMC permet à de nombreux artistes d’avoir des carrières prolifiques au Canada et aussi à certains d’entre eux de remporter un succès considérable à l’étranger. En moyenne, le Fonds de la musique du Canada contribue chaque année à financer la production de plus de 400 albums d’artistes canadiens et appuie les projets de commercialisation, de mise en valeur ou de tournées de plus de 1 100 artistes, sans parler du soutien apporté à des projets de promotion collective qui visent à élargir la portée de la musique canadienne.
Le cadre stratégique du gouvernement du Canada en matière de musique a contribué à faire du Canada le troisième plus grand exportateur de talents musicaux. À mesure que les artistes canadiens réussissent sur la scène internationale, ils continuent d’accroître également leur part de marché au Canada. De 2001 à 2012, la part des ventes nationales d’albums qui est attribuable à des artistes canadiens est passée de 16 à 26 % et a atteint 28 % en 2011.
[Français]
Aujourd'hui, plus de créateurs canadiens retirent des redevances pour l'utilisation publique de leurs oeuvres. Les redevances provenant des marchés étrangers sont en hausse, ce qui témoigne du rayonnement de la musique canadienne.
Les vitrines offertes aux artistes canadiens grâce aux cérémonies télévisées, comme le Gala de l'ADISQ ou les JUNO Awards, continuent d'obtenir la faveur populaire.
[Traduction]
Ces réalisations contribuent grandement à accroître la sensibilisation des auditoires à la musique et aux artistes canadiens.
[Français]
L'évolution rapide des technologies et des habitudes de consommation continueront d'être les catalyseurs du secteur de la musique pour les années à venir, et nos programmes doivent tenir compte de cette réalité.
[Traduction]
L’appui continu du FMC à l’égard de la création de contenu musical canadien et de l’accès à ce contenu est crucial. En même temps, le fonds doit continuer de se montrer très à l’écoute de l’évolution rapide des conditions du marché. La capacité d’adaptation du programme garantira la prospérité continue de la musique canadienne tant au pays qu’à l’étranger.
Nous sommes impatients de prendre connaissance du rapport du comité, et nous sommes disposés à répondre à toutes les questions que vous pourriez avoir.
[Français]
J'ai aussi joint à la présentation trois annexes, dont je n'ai pas nécessairement l'intention de parler, même si j'y ai fait allusion.
L'annexe 1 montre le déploiement des contributions des radiodiffuseurs commerciaux à la création de contenu canadien. En 2009, on a pris des initiatives de développement de marchés numériques et internationaux. On donne des exemples aux annexes 2 et 3 de certains projets qui ont été financés pour répondre à ces priorités.
Monsieur le président, je suis prêt à répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Comme mon collègue l'a dit, je remercie beaucoup nos témoins de leur patience ce matin.
En effet, l'idée de faire une étude sur le monde de la musique est plus qu'appropriée. Toutefois, je me permettrais de préciser une chose. Selon moi, la production de disques, le soutien aux artistes, notre enrichissement culturel, tant sur la scène nationale qu'à l'internationale, vont vraiment très bien. Je pense que les chiffres que vous nous avez montrés sont concluants quant à la santé du processus de production de musique, de création et de soutien aux créateurs. Bref, dans l'ensemble, ça va bien.
Par contre, je pense que dans votre présentation, il y a une partie qui ne reflétait pas la réalité quotidienne. Monsieur Dion a essayé de soulever un point relatif aux ventes. Comme vous l'avez très bien dit, le nombre de majors qui sont en affaires au Canada a diminué de façon spectaculaire. J'étais chez Sony à l'époque où il y avait 17 majors à Montréal. Aujourd'hui, je crois qu'il n'en reste que 12, incluant BMG. Certains ont fusionné.
Cette diminution est inquiétante. Cela dit, c'est une situation internationale qui est potentiellement liée, entre autres, à du piratage, mais aussi à d'autres formes de consommation. C'est précisément vers ce sujet que j'aimerais vous amener à nous en dire un peu plus long.
J'ai apporté l'ordinateur de ma fille. Je suis frappé de constater que c'est toujours un gros défi d'améliorer la visibilité des productions canadiennes sur les plateformes que les auditeurs fréquentent. Sur deezer.ca, on nous redirige vers deezer.com. C'est un exemple. Deezer n'est pas pire qu'un autre. Je m'y suis inscrit en tant qu'un Canadien francophone de 50 ans et j'ai eu devant moi un top 100 des palmarès où il n'y a environ que trois artistes canadiens sur 100. Je pourrais m'inscrire sous un profil « chansons francophones », mais il faut le vouloir. C'est problématique.
À l'heure actuelle, je pense que toute l'industrie du disque a surtout besoin de soutien quant à sa présence sur Internet. Je suis allé sur le site de iTunes Canada et c'est la même chose. Le site de iTunes offre évidemment de fournir un site en français. Il y a des sélections locales. Cependant, c'est toujours un enjeu qui est nouveau. Jusqu'ici, on a réussi à imposer des quotas. Ils avaient été proposés à l'époque par M. Juneau, ce qui a fait toute la différence. D'ailleurs, vous en avez fait l'éloge.
C'est ce qui fait qu'aujourd'hui, on a une industrie musicale aussi solide. D'ailleurs, c'est la même chose pour ce qui est de la télévision et du cinéma. Ces quotas ont favorisé le développement de produits culturels d'ici. Cela a généré une culture vivante au quotidien. C'est plaisant. On ne parle pas d'une paire de raquettes accrochées dans un musée. On parle plutôt de gens qui écoutent de la musique contemporaine qui vient de chez eux. Ils trouvent ça bon et ils en sont fiers. Cela donne un bon spectacle lors de la fête nationale. Cela génère des ventes de disques et crée des emplois.
Afin d'essayer d'améliorer notre présence sur ces nouvelles plateformes, de quelles façons communiquez-vous avec l'industrie du disque?