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Monsieur le président, chers membres du Comité permanent du patrimoine canadien, je m’appelle Tim Southam, et je suis administrateur dirigeant, cinéaste et président de la Guilde canadienne des réalisateurs. Je suis accompagné de David Forget, directeur des politiques de la GCR.
Je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de m’adresser à vous dans le cadre de l’évaluation de l’industrie canadienne du long métrage. Le secteur de l’audiovisuel traverse actuellement une période de grands changements, et nous félicitons le Comité de sa décision opportune d’enclencher le processus d’évaluation, tout particulièrement dans le domaine du long métrage.
Les longs métrages de fiction et les documentaires occupent une place de choix dans le coeur de tous les publics partout au monde, et pour les cinéastes, le long métrage est une forme d’expression artistique fondatrice. Malgré l’épanouissement formidable d’autres médias comme Internet ou les téléséries, le long métrage demeure pour bien des metteurs en scène la forme que nous rêvons le plus de réaliser.
Cette situation s’explique par plusieurs raisons, certaines desquelles relèvent de la mythologie, par exemple le désir de suivre les traces de Truffaut, Campion, Scorcese, Bigelow, Jutra, Spielberg ou Cronenberg. Mais surtout, le long métrage indépendant est le véhicule qui exploite au maximum les talents d’un réalisateur en tant qu’artiste visuel, en tant que directeur de comédiens, en tant qu’auteur. C’est une forme qui permet à un cinéaste d’utiliser la totalité de sa palette, de l’écriture ou du travail avec un scénariste jusqu’à la distribution, en passant par la mise en scène, la mise en image et la conception sonore. Ainsi, le long métrage acquiert une voix unique susceptible de procurer une expérience de visionnement unique à des publics de partout.
Le rayonnement de la culture canadienne sur les scènes nationale et internationale passe très souvent par le long métrage.
[Français]
Malheureusement, malgré la place prépondérante qu'occupent les longs métrages de fiction et les documentaires dans les médias et dans l'imaginaire collectif, les films canadiens-anglais sont abandonnés dans leur propre pays.
En effet, les citoyens n'ont qu'un accès restreint aux longs métrages canadiens, même s'ils financent ces oeuvres avec leurs impôts. La conséquence est que l'offre au public s'en trouve amoindrie. Des changements s'imposent à cet égard.
[Traduction]
Notre attention se porte aujourd'hui sur la façon dont nous pouvons renforcer les mécanismes de réglementation existants à l'appui du financement et l'exposition des longs métrages canadiens, particulièrement en ce qui concerne la tendance croissante vers le visionnement à domicile et sur des plateformes mobiles.
La situation a beaucoup évolué depuis la dernière étude de l’industrie canadienne du long métrage menée par le comité permanent en 2006. Surtout, les nouvelles plateformes numériques offrent des moyens de plus en plus variés d’accéder au contenu. Le public est soumis à une offre plus diversifiée que jamais et est toujours plus libre de choisir comment il visionnera ce contenu. Par conséquent, le marché traditionnel est soumis à une pression croissante. Bien que ces nouvelles plateformes et stratégies relatives aux fenêtres de diffusion offrent des possibilités de distribution intéressantes, elles ne sont pas encore assorties de solides modèles d’affaires et de financement.
Nous constatons également que plusieurs éléments clés n’ont pas changé depuis 2006. Il vaut la peine de répéter que, dans son rapport de 2006, le comité a mentionné, dans ces mots, « l’inexistence d’une politique de la radiodiffusion visant à appuyer la promotion du long métrage canadien ». De plus, le rapport recommandait « que le ministère du Patrimoine canadien […] élabore une nouvelle politique pour la présentation d’émissions prioritaires à la télévision canadienne » et « que le gouvernement du Canada charge le CRTC d’élaborer une politique qui appuie la promotion (p. ex. au moyen de bandes-annonces) ainsi que le visionnement de films, d’oeuvres de fiction et de longs documentaires canadiens ».
Le rapport a visé juste, et, en 2015, c’est encore à la télévision que la plupart des Canadiens regardent des films. La question qui tue est la suivante: dans cette culture de visionnement à domicile, où sont les longs métrages canadiens?
La Guilde canadienne des réalisateurs a trois propositions précises qui permettraient de profiter plus pleinement de la croissance du visionnement à domicile. L’application de ces trois recommandations permettrait de fournir à l’industrie canadienne du long métrage et du documentaire une quantité importante de ressources sans exiger l’injection de nouveaux fonds publics additionnels dans le système.
La première proposition concerne les longs métrages et les documentaires canadiens en tant qu’émissions d’intérêt national, EIN. Pour garantir que les ressources destinées aux émissions d’intérêt national sont affectées conformément à l’objectif de la politique gouvernementale, le CRTC devrait obliger les télédiffuseurs à consacrer au moins 1 % de leurs recettes canadiennes à la production de longs métrages et de documentaires canadiens. Ces recettes proviendraient des exigences actuelles de groupe au titre des dépenses en émissions canadiennes — DEC —, tout en dépassant le seuil actuel des exigences de dépenses de groupe au titre des EIN, qui est de 5 %. Une telle mesure entraînerait un soutien accru et prolongé des diffuseurs, ce qui permettrait d’augmenter le nombre actuellement très faible des licences qui sont offertes.
Nous recommandons aussi que la Société Radio-Canada, en tant que diffuseur public national, joue un rôle plus important dans l’attribution de licences pour les longs métrages et les documentaires canadiens ainsi que dans la promotion de ces oeuvres.
La deuxième proposition porte sur les longs métrages et les documentaires canadiens présentés par les services de vidéo sur demande et de télévision à la carte. Pour attirer un plus grand public, il faut d’abord améliorer l’accès au contenu. Le CRTC exige que les fournisseurs de vidéo sur demande et de télévision à la carte achètent les droits de diffusion de tous les nouveaux longs métrages canadiens « qui conviennent » à la présentation en vidéo sur demande et satisfont aux normes applicables. Toutefois, le conseil a refusé de préciser ce qu’on entend par le terme « qui conviennent ». Une plus grande clarté concernant ce terme permettrait de rendre notre cinéma davantage accessible aux Canadiens qui ont recours à la télévision à la carte ou à la vidéo sur demande.
La troisième proposition concerne les longs métrages et les documentaires canadiens présentés par les services par contournement. Au cours des dernières années, les télédiffuseurs canadiens ont dû affronter la concurrence de nouveaux fournisseurs offrant l’abonnement à des services par contournement. Le fait que, contrairement aux autres fournisseurs, ces services ne sont pas assujettis à tous les règlements du CRTC leur permet d’éviter de se plier aux exigences visant à renforcer le système, notamment de participer au Fonds des médias du Canada. Par conséquent, les fournisseurs de télévision par contournement ont donc toute liberté quant à la diffusion de la culture et du contenu canadiens dans la sphère de la radiodiffusion.
Il n’est pas très logique d’offrir un tel avantage concurrentiel à un sous-ensemble de fournisseurs. Pour commencer, le CRTC devrait encore une fois exiger que les services de télévision par contournement rendent compte des éléments suivants: le degré de programmation canadienne offerte, y compris le nombre d’oeuvres, les heures et la part du contenu total; les dépenses consacrées à la programmation canadienne; les émissions canadiennes pour lesquelles ils détiennent les droits de diffusion exclusifs; le nombre d’abonnés canadiens.
[Français]
L'environnement pour le financement, la production et la distribution du long métrage et des documentaires a été révolutionné par l'avènement des réseaux numériques et des nouvelles plateformes de visionnement. Néanmoins, aucun de ces développements n’altère la nécessité primordiale d'une masse critique de capitaux pour générer un contenu créé par les Canadiens pour le Canada et pour le monde.
Outre les mesures mentionnée précédemment ciblant la distribution à domicile et mobile, la Guilde canadienne des réalisateurs revendique le renforcement de certains outils existants tels que les crédits d'impôt, le Fonds du long métrage du Canada, l'Office national du film du Canada et la Société Radio-Canada. De plus, nous incitons le gouvernement à inverser les coupes infligées à ces instruments et à ces services.
Il importe également de suivre la migration de l’auditoire vers le petit écran, et de mieux recruter pour le financement et la diffusion des longs métrages canadiens la participation des services à domicile, notamment les réseaux télévisuels traditionnels et les nouveaux services Internet.
Monsieur le président, membres du comité, nous vous remercions de nous avoir donné la chance de nous exprimer devant vous aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour, monsieur le président.
[Traduction]
Bonjour à tous. Je m'exprimerai en français, mais je comprends très bien l'anglais.
[Français]
Je représente ici devant vous l'Alliance des producteurs francophones du Canada, qui est constituée de 24 membres producteurs. Ces producteurs travaillent tous en français là où la langue est minoritaire, soit de Terre-Neuve-et-Labrador à la Colombie-Britannique, et développent principalement l'industrie de la production télévisuelle et des médias numériques.
Quelques membres ont produit des longs métrages et plusieurs rêvent de pouvoir développer à l'avenir de tels projets. L'exemple que représente l'essor de l'industrie télévisuelle et du développement de ses talents et de ses capacités en région grâce à la participation active du Fonds des médias du Canada permet d'y croire. Nos membres développent et produisent présentement des séries dramatiques d'envergure pour les grands diffuseurs canadiens.
Pour vous permettre de mieux saisir notre réalité, j'ai préparé un portrait de la situation du long métrage francophone du Canada en situation minoritaire sous l'angle d'un producteur acadien travaillant dans son milieu. C'est un portrait que j'ai soumis le 11 mars 2015. Depuis la rédaction de ce document, j'ai participé, au nom de l'APFC, à la rencontre bilatérale de la FCCF, soit la Fédération culturelle canadienne-française, avec Téléfilm Canada. Les conclusions auxquelles nous sommes arrivés à la suite de cette rencontre sont très révélatrices. C'est la raison pour laquelle nous avons modifié notre présentation devant votre comité. Pour l'APFC, il est primordial de permettre à des longs métrages de montrer la réalité des francophones de partout au Canada et de mettre ainsi en valeur la richesse culturelle de notre grand pays.
Dans le document présenté le 11 mars dernier, nous faisions la démonstration que, pour les francophones hors Québec, l'industrie du long métrage n'avait pas beaucoup évolué au courses 10 dernières années. On parle d'un long métrage en 1998 en Acadie, d'un autre de 1,2 million de dollars en Ontario en 2011 et de trois projets à micro budget pour des talents émergents depuis les six dernières années. C'est un bilan peu reluisant. Le long métrage francophone en situation minoritaire est une denrée rare.
La production de longs métrages de langue française au Canada provient presque entièrement du Québec. Les francophones en situation minoritaire représentent 12,5 % de la population francophone du pays. La Loi sur les langues officielles stipule que les organismes fédéraux doivent prendre des mesures positives afin d'être équitable à l'égard des francophones vivant en situation minoritaire.
La question du financement d'un projet de long métrage est souvent ce qui empêche sa production. Téléfilm Canada, qui a récemment subi une diminution de 10 % de son budget, finance des projets de long métrage à hauteur de 30 à 35 %. Le reste du financement vient des crédits d'impôt fédéraux et des programmes provinciaux ainsi que des distributeurs ou d'autres diffuseurs. Sinon, un producteur doit être perspicace afin de trouver des sources de financement s’il veut boucler son budget et produire le film.
Le financement provincial est le principal problème auquel font face les francophones en situation minoritaire qui veulent produire des longs métrages. Au Québec, on investit 25 millions de dollars par année dans le cinéma. Le Manitoba est l’autre province canadienne qui aide suffisamment le cinéma pour permettre la production de projets. Cependant, nous ne trouvons pas d’aide équivalente pour les francophones en situation minoritaire dans le reste du Canada.
Les différents organismes provinciaux, qui aident surtout la production télévisuelle, n’ont pas de programmes spécifiques pour le long métrage, et les conditions actuelles ne permettent pas de croire que la situation des producteurs en situation minoritaire va s’améliorer dans les années à venir.
À l’APFC, nous croyons qu’il est essentiel de soutenir le développement et la production du long métrage en situation minoritaire. En vertu des articles 41 et 42 de la Loi sur les langues officielles, il incombe aux institutions fédérales de veiller à ce que des mesures positives soient prises afin de favoriser l’épanouissement des minorités francophones dans un champ de compétence tel que le long métrage. Pour ce faire, voici quelques pistes de solution proposées par l’APFC.
Selon nous, le gouvernement doit mettre en place un programme spécial d’aide à l’écriture à l'intention des scénaristes en situation minoritaire. Un montant minime serait suffisant pour développer trois ou quatre projets professionnellement. Il est aussi essentiel de créer une enveloppe spéciale pour donner un incitatif supplémentaire pour les projets présentés au plan de la production. Un incitatif supplémentaire au chapitre de la structure financière pour souligner l’importance de produire des longs métrages dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire est nécessaire afin de combler le manque de fonds provinciaux. Une telle mesure encouragerait fortement les producteurs à se lancer dans la production de longs métrages. Un effet boule de neige apparaîtrait sûrement au fil du temps et une prolifération des oeuvres verrait le jour.
Le Fonds des médias du Canada, qui réserve depuis 10 ans une enveloppe consacrée entièrement aux producteurs en situation minoritaire, a permis l'évolution de l'industrie télévisuelle pour les francophones à l'extérieur du Québec. Ce sont de tels incitatifs qui permettent à nos talents de rester chez eux et de se développer dans leurs régions respectives.
Grâce à cette initiative du Fonds des médias, nous produisons maintenant des séries dramatiques en plus des séries de variétés, des documentaires et des émissions jeunesse. Ce sont ces mêmes travailleurs qui se retrouvent souvent sur les plateaux de tournage avec des équipes chevronnées sur le plan des séries pour la télévision. Celles-ci développent leurs capacités afin de réaliser éventuellement des projets de long métrage. Ce sont également les mêmes scénaristes issus des régions qui ont des projets de long métrage dans leur poche arrière.
Imaginons un instant qu'il y ait pour nous une avenue nous permettant de produire des longs métrages en français à l'extérieur du Québec. Ce serait une merveilleuse façon de voir à l'avenir des films pensés et réalisés en région qui montreraient la richesse du patrimoine canadien à travers les histoires et la diversité culturelle à travers les gens et les paysages. Il est très facile de croire qu'une telle possibilité existe et que la bonne volonté du gouvernement fédéral pourrait permettre à de tels incitatifs et programmes de voir le jour, que ce soit à Téléfilm Canada ou au Secrétariat des langues officielles du ministère du Patrimoine canadien.
L'APFC croit que les programmes qui régissent le financement du long métrage canadien doivent évoluer et donner leur juste part aux francophones qui font de la production en situation minoritaire et contribuent au développement de l'industrie ainsi qu'au rayonnement de la culture canadienne. Un programme d'aide acceptable qui appuierait un ou deux films par année représenterait annuellement 500 000 $ en production et 200 000 $ en écriture. Cela nous semble bien modeste pour faciliter la production de quelques longs métrages et l'épanouissement de cette industrie pour les francophones vivant en situation minoritaire. Un programme bien ficelé ne demanderait pas beaucoup de frais d'administration.
Si le financement que fournissait le gouvernement fédéral à Téléfilm Canada avant la réduction de 10 % était rétabli et était assorti d'une obligation de mettre un tel programme en vigueur, cela serait une très belle initiative politique qui contribuerait à l'avancement de l'industrie du long métrage canadien.
L'APFC est persuadée que le comité tiendra compte de ces recommandations et des obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles du Canada. Elle croit aussi que le comité veillera à faire adopter des conditions qui contribueront à assurer le développement de l'industrie du long métrage. Cela permettra éventuellement à nos membres de créer, produire et distribuer des longs métrages indépendants francophones qui donneront une voix aux communautés francophones vivant en situation minoritaire.
Veuillez agréer, mesdames, messieurs et monsieur le président, l'expression de notre haute considération.
Je demeure à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Bonjour. Je voudrais remercier le président et le comité de m'avoir invitée à discuter avec vous aujourd'hui.
Je m'appelle Michelle Grady, et j'ai la chance de faire partie de l'industrie canadienne du long métrage depuis plus de 20 ans. Depuis sept ans, je suis directrice de film pour la MPC, la Moving Picture Company. Cette entreprise est un chef de file mondial en effets visuels depuis plus de 25 ans. Elle a commencé à Londres, en Angleterre, a été achetée par Technicolor en 2004, puis a ouvert sa première exploitation canadienne en 2007.
Le sujet de l'étude du comité est un examen de l'industrie canadienne du long métrage. L'un des paramètres de votre examen, décrit dans l'invitation, était l'étude des façons de promouvoir la valeur de l'industrie, y compris la qualité des services de production offerts au Canada. L'invitation soulignait également que vous souhaitez entendre parler des changements qui ont lieu depuis la dernière étude de l'industrie du long métrage effectuée en 2006.
En ce qui concerne les services de production, on peut soutenir que, durant cette période, il n'y a pas eu de changements plus importants qu'il y en a eu à l'époque de l'introduction de la croissance de l'industrie des effets visuels du long métrage au Canada. Auparavant, il y avait une petite industrie axée sur la télévision et le long métrage canadiens, mais, ce qui a été créé, c'est un centre des effets visuels cinématographiques pour les superproductions hollywoodiennes à grande échelle qui est reconnu partout dans le monde et primé. De fait, Vancouver est maintenant l'un des deux principaux centres du monde pour ce genre de travail, et Montréal la talonne.
Si nous convenons que, d'un point de vue commercial, une grande partie de l'industrie canadienne du long métrage, ce sont les services qu'elle fournit aux entreprises cinématographiques hollywoodiennes, nous devons maintenant reconnaître la place importante qu'occupent les effets visuels cinématographiques dans cette catégorie des services de production canadiens.
Que sont les effets visuels? En termes simples, les effets visuels numériques sont les divers processus par lesquels on crée ou manipule des images en dehors du contexte d'un tournage en direct. Les effets visuels supposent l'intégration de séquences tournées en direct et d'images générées par ordinateur pour créer des plans qui ont un aspect réaliste, mais qui seraient dangereux, coûteux ou simplement impossibles à saisir sur une pellicule.
À titre d'exemple rapide, supposons que la conversation que nous sommes en train d'avoir faisait partie d'un film de science-fiction. Des extraterrestres envahissent la salle dans laquelle je me trouve. Ils débarquent de leur vaisseau, m'amènent à bord et partent. Nous me filmerions en train de participer à un petit dialogue. Dès que les extraterrestres arriveraient, la scène en entier serait numérique; elle serait créée par ordinateur, des follicules de mes cheveux jusqu'à mon manteau, en passant par la salle. Le reste de cette scène serait entièrement numérique, fait à l'ordinateur.
Voici quelques statistiques très intéressantes pour vous concernant l'importance des effets visuels. Chacun des 50 films les plus populaires de tous les temps au box-office faisait un usage intensif des effets visuels. On consacre une plus grande part du budget des films aux effets visuels, qui comptent maintenant pour 30 à 35 % des dépenses de production liées aux 50 premiers films, comparativement à environ 25 % il y a quatre ans. Les effets visuels sont une industrie où le taux d'emploi est élevé; elle mobilise une armée de gens. En 2013, une étude de suivi de la croissance des effets visuels parmi les films les plus populaires au box-office a mentionné que, pour ce qui est des 25 des plus récents films axés sur les effets visuels, les emplois liés aux effets visuels comptaient pour 45 % des emplois liés au film.
Comme nous pouvons le voir, les effets visuels sont un secteur en croissance, mais, si nous le ramenons un peu plus près de nous, des neuf principales entreprises au monde qui servent ce marché à créneaux, huit ont établi une exploitation importante au Canada. Je vais vous en donner la liste, car vous ne connaissez peut-être pas les noms: la MPC, ILM, Digital Domain, Sony Pictures Imageworks, Double Negative, Framestore, Method Studios et Scanline.
Lorsque nous avons ouvert notre studio de la MPC à Vancouver, en 2007, nous étions environ 50 personnes; aujourd'hui, nous sommes 600. Nous avons ouvert un studio à Montréal en 2013, et 550 personnes y travaillent aujourd'hui. Nous pouvons prendre cette courbe de croissance et, à divers degrés, la mettre en correspondance avec celle des quelque 15 entreprises qui sont nationales ou une succursale canadienne d'une marque étrangère. Du point de vue de la créativité, nous réalisons certaines des meilleures oeuvres au monde. Depuis l'ouverture de son studio au Canada, la MPC a été mise en nomination pour plusieurs Oscars, et elle en a remporté un.
Pourquoi la croissance des effets visuels est-elle importante? Notre industrie cinématographique est en transition, comme bien d'autres, vers un flux de production largement numérique. Dans le cadre de cette transition, de nouveaux types d'emplois sont créés; de nouvelles entreprises sont formées, et, en général, de nouvelles occasions se présentent. Dans ce contexte, nous avons établi au Canada un centre d'excellence reconnu à l'échelle de la planète. Les types d'emplois créés sont hautement spécialisés, très bien rémunérés et font l'objet d'une forte demande. Au sein de mon entreprise, le salaire moyen est supérieur de 48 % au salaire canadien moyen. L'âge moyen de nos employés est de 29 ans, et nous offrons de nombreux débouchés aux employés de tous les niveaux du spectre de l'expérience.
Étant donné la croissance de notre industrie, la demande de talent dépasse de loin l'offre. Par conséquent, nous inventons des façons créatives d'accroître l'effectif, y compris la prise en charge de programmes de formation intensifs et onéreux. Aux studios de Vancouver et de Montréal de la MPC, par exemple, nous avons mis sur pied une académie où nous embauchons trois groupes de 25 nouveaux diplômés par année, et nous leur offrons trois mois de formation supplémentaire payés ainsi qu'un contrat d'emploi de 12 mois. Ces nouveaux artistes qui viennent tout juste d'obtenir leur diplôme ont la possibilité de travailler sur les films hollywoodiens les plus importants, les plus difficiles et qui connaissent le plus grand succès aujourd'hui, des projets comme Batman c. Superman, Terminator 4, la franchise Rapides et dangereux, et la liste continue.
Comment le gouvernement peut-il aider à promouvoir la valeur de l'industrie? Les gouvernements provinciaux et fédéral sont des partenaires essentiels de l'industrie canadienne du long métrage; ils ont participé à l'histoire de son succès et surtout au chapitre de l'essor du secteur des effets visuels cinématographiques. Afin de continuer à appuyer cette histoire de réussite, le gouvernement peut s'assurer que nous sommes visés par des politiques favorables dans les domaines cruciaux que sont les crédits d'impôt, l'immigration et l'éducation.
Le travail d'effets visuels dont il est question fait l'objet d'une concurrence féroce à l'échelle internationale. Il n'est pas obligé de venir au Canada. Il peut aller n'importe où; il suffit d'appuyer sur une touche. Cela a poussé de nombreuses administrations à offrir des crédits d'impôt nouveaux et améliorés, mais l'une des plus grandes forces de tout système de crédits d'impôt cinématographiques, à mon avis, c'est la constance et la prévisibilité. Une politique et une pratique fédérales relatives aux crédits d'impôt cinématographiques qui appuient les thèmes de la constance et de la prévisibilité sont de grandes mesures de soutien.
La nature concurrentielle de ce secteur à l'échelle internationale a également des répercussions sur nos effectifs. Le talent se déplace, et nous devons avoir un accès rapide et ininterrompu à ce talent, si nous voulons être concurrentiels. Cela ne signifie pas que l'industrie n'est pas engagée à l'égard du perfectionnement du talent canadien; elle l'est. Toutefois, compte tenu de la nature de l'industrie et de sa croissance rapide au Canada, l'accès au talent étranger est une nécessité concurrentielle. Par conséquent, l'immigration de talent hautement qualifié est absolument essentielle pour apporter l'expérience et le mentorat aux Canadiens. Une politique et une pratique en matière d'immigration qui renforcent notre capacité d'offrir des emplois et d'offrir des permis de travail rapidement et constamment présentent un grand avantage.
Comme nous tentons d'accroître le nombre de jeunes Canadiens qui sont prêts à entrer dans notre industrie croissante, il est essentiel de disposer d'écoles qui produisent des diplômés ayant reçu une formation adaptée au travail d'aujourd'hui. De plus, le fait d'aider les employeurs à assumer le fardeau financier lié à la formation interne afin de perfectionner les nouveaux diplômés encouragerait un plus grand nombre d'employeurs à élaborer des programmes internes comme celui que nous avons mis sur pied à la MPC.
En conclusion, ce que j'essaie de démontrer, c'est que l'on peut soutenir que les effets visuels cinématographiques sont le progrès le plus important réalisé par le secteur canadien des services cinématographiques au cours des dernières années, en ce qui a trait à l'expansion du modèle d'affaires. En outre, nous l'avons mis au point à une époque où les effets visuels dans les longs métrages gagnent en importance au sein de l'industrie cinématographique dans son ensemble. En partenariat avec le gouvernement, nous avons établi au Canada un centre d'excellence qui est concurrentiel et qui s'illustre à l'échelle de la planète. Nous avons créé des emplois très intéressants pour le présent et pour l'avenir.
Merci encore de m'avoir donné la possibilité de prendre la parole, et je serai heureuse de répondre aux questions.
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Vous avez tout à fait raison, et ceux qui ont dit que les séries sont maintenant la forme dominante utilisée par les auteurs, dans l'industrie cinématographique, confirment toutes nos expériences. De plus en plus de gens aiment écouter une série et estiment que les séries télévisées offrent une expérience tout aussi satisfaisante que les longs métrages.
Cette situation touche également la façon dont nos membres travaillent. Nous travaillons beaucoup dans le domaine des séries télévisées, j'entends par là des formes de divertissement offertes en série sur toutes les plateformes, et bon nombre de nos membres travaillent dans le domaine des longs métrages.
J'aimerais faire une distinction importante qui devrait à certains égards, je crois, intéresser votre comité: l'un de nos membres les plus distingués, Clement Virgo, a écrit, dirigé et produit The Book of Negroes, qui était au départ un projet de long métrage et est devenu une minisérie, comme c'est d'ailleurs le cas de la série canadienne bien connue Orphan Black.
M. Virgo fait une distinction entre son travail de cinéaste, d'une part et, d'autre part, son travail d'homme à tout faire, comme il le dit lui-même. Pour lui, cette expression désigne les périodes où il peut louer ses services et diriger différents projets un peu partout sur le continent.
Il a également dirigé pour HBO une série bien connue, The Wire. Il travaille beaucoup dans le domaine des séries canadiennes à épisodes, mais il fait une distinction entre ce travail et le travail qu'il accomplit en tant que réalisateur de long métrage, mais aussi en tant que réalisateur de long métrage appelé à travailler dans d'autres formats, par exemple des miniséries comme The Book of Negroes ou des séries qu'il aurait lui-même conçues, écrites ou réalisées avec d'autres scénaristes.
Tout cela nous ramène, au bout du compte, à la paternité d'une oeuvre. La répercussion générale des longs métrages, dans notre environnement à petit budget, car, au Canada, le milieu ne dispose pas d'un grand financement, ont permis à des personnes comme moi d'être à la foi scénaristes et directeurs d'une même oeuvre, donc auteurs de cette oeuvre.
Les séries, en général, ne me donnent qu'une tâche très précise. Je vais diriger un ou deux épisodes, et il est certain que je ne serai pas le scénariste de la série. Mes compétences et mon art seront mis à contribution, mais cela ne me donne pas réellement la paternité complète du projet.
Je crois que ce qui est magnifique et qui vaut la peine d'être conservé, quand on parle des longs métrages, c'est le fait que ce format de 90 à 120 minutes permet de créer des œuvres très personnelles, portant la signature canadienne, qui, en un sens, ont une voix particulière et une histoire unique; c'est cette histoire qui est présentée dans les festivals, dans les cinémas et sur les chaînes télévisées du monde entier, et cette particularité est probablement plus représentative de l'histoire que je veux raconter que les séries de grand format.
D'un certain côté, la différence entre ces deux fonctions est instrumentale, tout simplement. C'est ce que je voulais dire lorsque je disais que, pour un long métrage, je suis utilisé beaucoup plus, en tant qu'artiste, que dans une série, et c'est le cas le plus souvent, mais pas toujours.
En ce qui concerne les crédits d'impôt, dans le secteur des services, le plus difficile, pour nos clients, c'est l'incertitude, le fait de ne pas savoir si les crédits d'impôt, dans une administration donnée, ne sont pas assurés ou qu'ils sont vacillants. Étant donné qu'ils planifient leur budget très longtemps d'avance, le fait de savoir que, dans cette administration, les crédits sont stables et faciles à utiliser constitue un attrait immense. Ils ne nous oublient pas; c'est un bon début.
En ce qui concerne les crédits d'impôt eux-mêmes, il n'est nulle part dans le monde possible de réaliser des effets visuels pour un long métrage ou pour une émission télévisée sans une forme ou une autre d'incitatif fiscal raisonnable. Nous travaillons dans un milieu compétitif.
En ce qui a trait à l'immigration, la croissance au Canada est rapide. Comme je l'ai dit, au cours des quatre dernières années, nous sommes devenus l'un des deux plus grands centres du monde dans ce domaine.
De manière générale, les possibilités de travailler augmentent, mais nous devons attirer des travailleurs d'autres secteurs. Il y a des gens qui travaillent à ce niveau élevé depuis des années. Nous n'avons pas encore au Canada autant d'artistes, et nous n'avons pas suffisamment d'artistes qui ont travaillé à ces niveaux élevés. Nous nous appuyons sur l'immigration pour trouver davantage de gens, mais aussi davantage d'expérience.
Je vous suis très reconnaissante de me donner l’occasion de prendre la parole aujourd’hui. En tant que directrice générale du contenu à Telus, je suis responsable de gérer les engagements de Telus en matière de télévision communautaire en Colombie-Britannique et en Alberta. Je suis accompagnée d’Ann Mainville-Neeson, vice-présidente, Politique de radiodiffusion et réglementation à Telus, dont vous venez de faire la connaissance.
Je suis très heureuse de vous communiquer des détails sur le modèle de financement que nous avons mis sur pied pour soutenir la création de la télévision communautaire dans l’Ouest canadien. Le modèle de financement de Télé Optik Local est unique en son genre, car il repose sur le choix des téléspectateurs et permet de s'assurer que le public sera au rendez-vous au moment de la diffusion de la programmation créée.
Telus exploite un service de distribution de radiodiffusion en Colombie-Britannique, en Alberta et au Québec, c’est pourquoi elle tient à soutenir la création de contenus locaux. L’engagement financier de Telus à ce chapitre se concrétise notamment par son programme de financement de la télévision communautaire appelé Storyhive. La plateforme sociale Storyhive met à contribution les téléspectateurs en leur donnant l’occasion de jouer un rôle de premier plan dans la formation et le soutien des créateurs de contenus locaux. Plus précisément, Storyhive est comparable aux plateformes de financement participatif, comme Indiegogo et Kickstarter, sauf que, au lieu de demander des fonds à la collectivité, les créateurs lui demandent des votes. Ils peuvent ainsi montrer l’intérêt du public pour le contenu qu’ils désirent produire et pour lequel ils cherchent du financement.
Notre modèle de financement, inspiré de celui de Kickstarter, permet à tous les créateurs de contenu de la Colombie-Britannique et de l’Alberta de soumettre leurs idées afin que le public puisse voter pour celle qu’il souhaiterait voir financée et produite. Le succès de Storyhive s’explique par le fait que le public participe au projet dès l’étape de l’idéation. Cette participation se traduit ensuite par une forte cote d’écoute des émissions diffusées par le service de télévision communautaire.
De plus, la plateforme Storyhive favorise et stimule la collaboration entre les différents acteurs du milieu de la création de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Fait à noter, la plateforme propose un annuaire qui facilite les échanges entre les réalisateurs, les scénaristes, les producteurs, les compositeurs, les spécialistes des médias sociaux et les professionnels de tous les horizons. C’est un peu comme un mini-LinkedIn à l’intention du milieu de la création de l'Ouest canadien. Telus offre aussi aux candidats retenus une formation complète pour les aider à réaliser le mieux possible leur idée.
À ce jour, nous avons financé 59 projets par l’intermédiaire de Storyhive, et plus de 1 800 créateurs ont participé au programme. J’ai eu la chance de rencontrer personnellement les 59 producteurs de ces projets, et je peux vous dire en toute honnêteté que les subventions et la participation du public changent véritablement la donne. Notre objectif est de faire de Storyhive l’une des sources de financement les plus populaires et les plus crédibles auprès des créateurs de contenu communautaire et des cinéastes émergents de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Ainsi,Telus appuie la création d’une télévision communautaire de qualité qui est pertinente pour les téléspectateurs.
Nous sommes convaincus qu’il n’a jamais été aussi stimulant de créer du contenu communautaire au Canada. Storyhive est une façon nouvelle et novatrice d’atteindre et de bâtir un auditoire mobilisé en donnant la parole à celui-ci dans le processus de décision. Nous ne créons pas du contenu uniquement pour remplir nos obligations réglementaires, nous créons du contenu qui intéresse les gens du pays. Grâce à notre plateforme ouverte, tout un chacun peut présenter une demande de financement et obtenir le soutien financier dont il a besoin pour porter son idée à l’écran. Storyhive est un outil remarquable qui permet aux créateurs de la Colombie-Britannique et de l’Alberta de faire leur entrée sur le marché. Je vous invite donc à rester à l’écoute! Vous verrez de plus en plus de personnes se tailler une place grâce à cette plateforme.
Merci.
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Monsieur le président, chers membres du comité, si je comprends bien, je suis votre dernier témoin à comparaître aujourd'hui dans le cadre de cette étude. J'apprécie beaucoup le temps que vous nous accordez aujourd'hui.
Je m'appelle André Provencher et j'ai l'honneur de représenter aujourd'hui Québécor Contenu de même que TVA Films, soit notre unité d'affaires qui intervient plus spécifiquement dans la distribution de longs métrages et de contenus audiovisuels sur les marchés de la télévision, du DVD et des plateformes numériques comme la vidéo sur demande et la vidéo sur demande par abonnement.
Au cours de son histoire, Québecor a démontré un attachement profond et un soutien à la fois tangible et indéfectible envers le cinéma québécois francophone. Lancé en 2008 à l'initiative de son actionnaire principal, le service « Éléphant, mémoire du cinéma québécois » en représente sans doute la plus formidable illustration.
Jusqu'à ce jour, Québecor a investi plus de 6 millions de dollars dans la restauration de 200 films du répertoire cinématographique québécois et les a rendus disponibles à un large public sur diverses plateformes facilement accessibles. La réussite et le rayonnement de ce projet philanthropique sont tels qu'ils dépassent maintenant les frontières et s'étendent jusqu'au Festival de Cannes. En effet, dans quelques semaines ou dans quelques jours, à l'initiative d'Éléphant, le prestigieux festival international fera place pour une seconde année à un classique du répertoire cinématographique québécois avec la présentation du film Les Ordres, de Michel Brault.
C'est dire à quel point Québecor a à coeur les oeuvres du cinéma canadien et francophone, en particulier. Dans cet esprit, nous nous réjouissons de l'examen que vous avez entrepris sur l'industrie canadienne du long métrage et nous tenons à vous en féliciter. Nous vous remercions également de l'invitation à venir exposer notre point de vue et discuter avec les membres du comité.
Force est d'admettre que l'industrie canadienne du long métrage est soumise de plus en plus à des enjeux de taille, dont plusieurs découlent de la diversification des plateformes de diffusion, particulièrement celles numériques. La multiplication des choix offerts aux consommateurs entraîne une évolution des comportements qui obligent l'ensemble des acteurs à redéfinir leurs approches stratégiques et leur position particulière dans la chaîne des valeurs. En ce sens, nous croyons nécessaire que l'examen sur l'industrie canadienne du long métrage englobe non seulement les impacts découlant de l'ère numérique, mais aborde également les facteurs d'inertie qui affectent une transformation réelle et souhaitable du cinéma canadien. Comme le souhaitait René Bonnell, l'auteur d'un examen très remarqué du cinéma français réalisé l'année dernière, il s'agit ici d'éviter de proposer des changements pour qu'au fond rien ne change.
L'adaptation aux défis courants et anticipés exige en effet de l'industrie canadienne du long métrage qu'elle s'interroge sur ses fondements et les mécanismes qui la gouvernent. Cela dit, nous ne croyons pas que de nouvelles règles plus contraignantes à l'endroit des diffuseurs canadiens, ou encore l'ajout de nouveaux fonds publics sans contrepartie d'un nouvel équilibre des risques d'affaires, puissent faire partie des solutions à considérer.
Historiquement, l'industrie canadienne du long métrage a permis aux créateurs, aux cinéastes, aux artistes et aux artisans de refléter la culture et les valeurs de notre pays en bâtissant un répertoire riche, diversifié et unique. Cette contribution fondamentale s'est construite en majeure partie grâce aux politiques et au financement mis en place au fil du temps par les gouvernements fédéral et provinciaux. Bien entendu, nous en avons retenu plusieurs bénéfices, dont ceux d'une cinématographie abondante et d'une industrie générant des retombées économiques indispensables.
Ces acquis doivent maintenant être consolidés et augmentés pour tirer avantage de la conjoncture numérique actuelle. Pour ce faire, nous avons relevé quatre changements ou ajustements structurels à considérer, sous la prémisse générale d'un rapprochement plus soutenu et marqué entre le cinéma et le public canadien. Autrement dit, nous voulons faire en sorte que les consommateurs soient le point de départ de toute transformation de l'industrie.
Le premier changement touche aux assises financières et aux risques d'affaires des entreprises. Le temps est venu, nous semble-t-il, de revoir la répartition du risque entre les producteurs, qui encourent très peu de risques, et les distributeurs, qui sont toujours exposés financièrement. Nous saluons d'ailleurs la récente initiative qu'a eue Téléfilm Canada de revoir la pondération des facteurs financiers et des facteurs qualitatifs dans le cadre de l'analyse de la performance des longs métrages. À cet égard, nous serions en faveur d'une pondération qui accorderait une nette prédominance aux critères financiers. Cela permettrait de tenir compte de la hauteur réelle des risques d'affaires assumés par les entreprises tout en créant des incitatifs plus déterminants au recours à des fonds privés.
Le second changement vise la sélection des longs métrages à produire et à financer. Le processus actuel est dominé par les agences d'État. Au cours des dernières années, ces agences ont accordé une importance disproportionnée au cinéma d'auteur par rapport au cinéma grand public. Il faudrait davantage se préoccuper du cinéma populaire qui génère les revenus autonomes essentiels à la survie de nombreux pans de l'industrie. Dans cette perspective, il est approprié que la voix des distributeurs, des diffuseurs et des exploitants de salles soit davantage entendue.
La réussite du long métrage repose sur l'implication en amont de tous les éléments de la chaîne de valeur. À terme, le mode de sélection doit être « débureaucratisé » et reposer sur des systèmes d'enveloppes comparables par rapport à ce qui fait maintenant le succès du Fonds des médias du Canada. En vertu de ce dernier, c'est le marché, et non la bureaucratie, qui détermine les émissions à produire.
Le troisième changement concerne la distribution et aborde la situation particulière du marché francophone. En 2012, notre filiale TVA Films a été contrainte de renoncer à ses activités de distribution dans les salles en raison de leur rentabilité négative et du niveau exagéré de concentration entre les mains d'un quasi-monopole. Mais, au-delà de la nécessité d'introduire et de maintenir une concurrence plus dynamique dans le marché francophone, nous sommes d'avis que la contrainte de la projection en salle doit être progressivement éliminée pour rejoindre les publics là où ils se trouvent.
Aux États-Unis, Netflix et YouTube, notamment, ont annoncé la production de films qui seront d'abord projetés sur leurs plateformes respectives. Il faut que la commercialisation et le plan de distribution d'un long métrage ne soient plus emprisonnés dans une formule du one size fits all.
Elles doivent en effet s'ajuster aux façons les plus efficaces et rentables d'exploiter des oeuvres. Par exemple, en certaines circonstances, la projection simultanée en salle et sur les plateformes numériques favoriserait l'atteinte des publics qui se trouvent dans des régions éloignées des grands centres. En ce sens, l'innovation et l'expérimentation sont de plus en plus des valeurs incontournables.
Le dernier changement vise la coproduction internationale et l'exportation. Fièrement, le Canada a déjà pris des mesures concrètes pour favoriser les échanges internationaux, notamment par l'entremise de traités de coproduction. Ces mesures sont efficaces et peuvent êtres assouplies pour éviter certains effets pervers comme l'inflation des coûts. Notre industrie et nos entreprises devraient également être encouragées à rechercher des partenariats stratégiques et financiers qui soient moins à la pièce et plus globaux avec leurs vis-à-vis étrangers.
En conclusion, l'industrie canadienne du long métrage fait face à des défis majeurs qui ne peuvent être résolus par des changements mineurs. Nous devons revoir chacune des conditions d'exploitation et nous assurer qu'elles mobilisent et responsabilisent l'ensemble des acteurs au profit du public canadien et de notre cinématographie dans son ensemble.
Je vous remercie.