:
Pour commencer, je tiens à vous remercier de me permettre de m'exprimer devant le comité aujourd'hui.
Au cours des 28 années que j'ai passées dans l'industrie de la musique, j'ai eu la chance de voir l'industrie sous bien des angles. J'ai passé 12 ans à travailler pour la grande maison de disque Universal Music. J'ai également passé 12 ans à la tête de ma propre maison de disque indépendante, Curve Music, et je possède ma propre maison de gérance d'artistes, Cerberus Artist Management.
J'ai également été le premier directeur exécutif du Radio Starmaker Fund à ses débuts, en 2001. J'ai ainsi participé à la création du fonds, ainsi qu'à son administration les premières années. Plus récemment, j'ai été vice-président et gestionnaire général de FACTOR, la Foundation to Assist Canadian Talent on Recordings, mais je suis depuis retourné à mes propres entreprises.
Je suis donc très bien placé pour vous parler en long et en large de la nécessité de financer les arts et la culture, compte tenu du climat de plus en plus difficile dans lequel évoluent les artistes et les entreprises du domaine de la musique. Je serai bien sûr heureux de répondre à toutes les questions que vous voudrez me poser, mais je juge essentiel de vous présenter un peu plus en détail la conjoncture difficile de l'industrie de la musique, particulièrement dans le paysage numérique actuel.
Bien que l'apparition de services payants de webdiffusion de la musique semble limiter un peu le problème des téléchargements illégaux et rendre la musique accessible à bien de gens de façon immédiate, elle crée divers autres enjeux, dont le principal est de faire chuter la valeur d'une chanson et d'un enregistrement à quelques sous à peine.
Lorsque les grandes maisons de disque ont commencé à élargir l'accès à leurs catalogues et aux nouveautés aux services de diffusion en continu comme Pandora et Spotify, elles ont négocié d'énormes avances, de l'ordre de millions de dollars, en leur faveur. Bien que ces grandes maisons de disque génèrent toujours le même profit net par écoute, contrairement à une maison de disques ou à un artiste indépendant, ni les maisons de disque indépendantes, ni les artistes ont vu la couleur de l'argent promis par les services de diffusion et dépendent uniquement des maigres paiements par flux de diffusion.
Par exemple, un artiste avec qui j'ai déjà travaillé, du nom de Peter Katz, qui avait signé des contrats à la fois avec ma maison de disques et avec ma maison de gérance d'artistes de 2007 à 2011, m'a montré ses états financiers pour les six derniers mois de diffusion de son plus récent album, Still Mind Still. Entre septembre 2013 et février 2014, l'album de Peter Katz a été écouté 7 794 fois au moyen de divers services de diffusion. Il a reçu un grand total de 47,96 $ pour cela. Compte tenu du fait que l'album comporte 11 chansons, Peter a été payé 0,0006 ¢ par chanson de son album ou 0,006 ¢ pour l'album au complet. Comparez cela, si vous le voulez, aux 9,99 $ qu'il obtiendrait pour un album ou aux 0,99 ¢ qu'il obtiendrait pour une chanson sur iTunes.
Pour ce qui est de l'édition, comme Peter est compositeur, il a écrit toutes les chansons de l'album. Tous ridicules ces chiffres soient-ils pour Peter, le compositeur qui n'aurait écrit que l'une des chansons de cet album n'aurait obtenu que 0,00006 ¢ du service de webdiffusion en droits d'auteur sur cet album. Vous comprenez bien que non seulement il est extrêmement difficile pour un auteur-compositeur-interprète de gagner sa vie de sa musique, mais que c'est pratiquement impossible pour la personne qui n'est que compositrice. À 0,006 ¢ par album, il faudrait diffuser des millions d'albums ne serait-ce que pour gagner sa vie décemment, faute de quoi on ne peut tout simplement pas vivre de sa musique de nos jours, et c'est la réalité de la plupart des artistes.
On peut également prendre l'exemple de David Lowery, du groupe américain Cracker, qui a publié ouvertement sur sa page Facebook le montant des redevances qu'il a reçu de la webradio Pandora pour ses chansons. Il a reçu 16,89 $ pour plus d'un million de diffusions de la chanson phare du groupe de 1991, « Low », au cours des trois derniers mois de 2012. Lowery ne possède que 40 % des droits d'auteur de cette chanson, donc si l'on tient compte des autres auteurs, on obtient un grand total de 42,23 $ payés par Pandora à l'ensemble des auteurs. C'est gênant.
Il faut creuser la question et essayer d'adopter une loi afin de veiller à ce que les artistes, les maisons de disque et les compositeurs soient payés équitablement pour l'utilisation de leur musique par des services numériques. C'est d'autant plus urgent que ces services font probablement déjà des millions de dollars de profits, ou cela ne saurait tarder.
Comme les artistes ne peuvent pratiquement plus compter sur les ventes de musique pour gagner leur vie, les tournées deviennent l'une des rares façons de faire progresser leur carrière et d'en vivre. Il est essentiel d'appuyer les tournées nationales et internationales. En fait, il y a très peu de spectacles qui permettent aux artistes de gagner leur vie grâce à une tournée au Canada seulement.
Le plan, pour un artiste en tournée, doit comprendre tous les pays et territoires du monde, il doit en cibler le plus possible pour se bâtir une carrière viable, axée sur les tournées et la vente de musique. Les campagnes de promotion internationales et les tournées coûtent extrêmement cher. De même, si les coûts d'enregistrement diminuent, les coûts liés à la promotion des albums ne diminuent pas. N'importe quelle maison de disque ou artiste indépendant vous diront qu'ils doivent considérer le monde entier comme leur marché cible et doivent prévoir des tournées et des campagnes de promotion pour eux-mêmes et leur carrière à l'échelle internationale.
Il faut trouver de nouveaux modèles de financement pour que les artistes et les maisons de disque puissent faire la promotion de leurs produits, au Canada comme à l'étranger. Il faut également bonifier les fonds destinés aux artistes prêts à exporter leur travail pour les aider à faire des tournées internationales. Enfin, il est essentiel de mettre à la disposition des missions commerciales culturelles du financement pour les artistes et les entreprises, afin qu'ils puissent présenter leur matériel à l'étranger.
Merci.
:
Mesdames et messieurs les parlementaires, distingués invités, Québecor Média tient à remercier les membres du comité de lui offrir l'occasion de partager son expérience et d'échanger sur les enjeux touchant le financement de l'industrie canadienne de la musique.
Je m'appelle Serge Sasseville et je suis vice-président principal des Affaires corporatives et institutionnelles de Québecor Média. J'ai aussi eu le privilège d'occuper auparavant le poste de président du secteur de la musique au sein du Groupe Archambault, où j'avais comme responsabilité, notamment, la supervision de l'ensemble des activités du secteur musical.
Je suis accompagné de mon collègue Christian Breton, qui est vice-président du secteur de la musique du Groupe Archambault.
Qu'il s'agisse de Québecor ou d'Archambault, notre passion pour la musique ne date pas d'hier.
Québecor a fait ses premiers pas dans le domaine de la musique en 1976 en achetant la compagnie Distribution Trans-Canada, un des plus importants distributeurs de disques au Québec, qui avait commencé ses activités en 1958. Puis, en 1986, Québecor a fait son entrée dans la production et la vente au détail de disques en achetant Kébec-Disque. En 1995, notre présence dans le domaine musical a pris une nouvelle dimension avec l'acquisition d'Archambault.
Fondée en 1896, l'entreprise Archambault se spécialisait à l'origine dans la vente de partitions et d'instruments de musique. Au fil des décennies, elle a étendu ses activités pour y inclure la production, la distribution et la vente de disques, entre autres produits culturels.
C'est le regroupement de toutes ces forces qui fait aujourd'hui de Québecor Média et Groupe Archambault le plus important distributeur de disques indépendant au Canada, par l'entremise de Distribution Select. Cela en fait aussi le plus important détaillant de musique dans l'Est du Canada, par l'entremise des magasins Archambault et de leurs sites de vente en ligne. Cela en fait aussi la plus importante maison de disques au Québec, en l'occurrence Musicor, qui regroupe des artistes tels que Marie-Mai, Kaïn, Bruno Pelletier, Marie-Élaine Thibert et Francis Cabrel. Cela en fait aussi un joueur important en matière de production de spectacles musicaux de tous genres, par l'entremise de Musicor Spectacles.
Enfin, nous ne pouvons passer sous silence le rôle que joue notre diffuseur, TVA, pour faire connaître de nouveaux artistes et faire valoir le patrimoine musical québécois en diffusant des émissions comme Star Académie et La Voix, dont la finale, plus tôt ce mois-ci, a attiré plus de 2,7 millions de téléspectateurs et a permis de recueillir une part de marché de plus de 60 %.
Bref, Québecor Média est aujourd'hui un joueur incontournable du secteur musical au Canada.
Malgré tous les succès remportés par nos artistes, il n'en demeure pas moins que l'industrie de la musique, que ce soit au Québec ou, plus généralement, au Canada, reste grandement dépendante de l'apport de fonds publics.
À cet égard, nous tenons d'ailleurs à saluer la décision de l'actuel gouvernement de rendre permanentes les sommes attribuées au Fonds de la musique du Canada. Comme je vous le disais, ces sommes sont malheureusement encore essentielles au maintien de l'industrie musicale canadienne. Je dis bien « malheureusement », parce que le souhait de Québecor est que l'industrie musicale canadienne arrive un jour à se débarrasser des béquilles de l'aide publique et à former des joueurs assez solides pour voler de leurs propres ailes et faire concurrence aux joueurs étrangers. Hélas, il semble que ce jour ne soit pas encore arrivé.
Au contraire, les joueurs canadiens doivent désormais faire face à des joueurs mondiaux qui sont plus puissants que jamais. Bien sûr, je fais ici allusion à Apple et aux autres plateformes internationales de vente numérique qui occupent de plus en plus de place dans le paysage musical canadien, créant de nouveaux enjeux pour les acteurs locaux.
L'enjeu le plus criant, selon nous, est la discrimination en matière de prix dont sont victimes les détaillants de musique canadiens face à des détaillants comme iTunes, du fait que ces derniers ne sont pas tenus de facturer la taxe de vente. Prenons l'exemple d'une artiste comme Marie-Mai, dont les albums sont produits par notre maison de disques, Musicor, distribués par notre entreprise Distribution Select et vendus notamment dans nos magasins Archambault, ceux en brique et en béton. Si un Canadien souhaite se procurer une pièce de Marie-Mai, il a le choix de l'acheter sur iTunes au coût de 1,29 $, sans taxes, ou sur un site canadien, par exemple notre site archambault.ca, pour 1,29 $ plus les taxes, c'est-à-dire 1,48 $. On parle ici de 19 ¢ de plus. De toute évidence, il s'agit d'une concurrence artificiellement tendancieuse au détriment des détaillants canadiens, tant numériques que physiques.
À terme, dans un marché qui est hautement concurrentiel et où les marges sont infimes, un tel désavantage ne peut que mener à la disparition des détaillants canadiens et à la consolidation de l'industrie autour de joueurs étrangers, avec toutes les pertes d'emplois et de revenus fiscaux que cela risque d'entraîner.
Au-delà des répercussions financières, il est impensable pour Québecor Média de laisser la vente de musique filer dans des mains étrangères uniquement, et ce, pour la simple et bonne raison qu'à notre avis, les détaillants canadiens et québécois seront toujours plus en mesure de mettre en valeur nos artistes que les détaillants d'autres pays. En effet, ces derniers n'ont pas nécessairement les mêmes priorités ou les mêmes intérêts.
Le jour où le Canada perdra complètement le contrôle des plateformes qui diffusent de la musique canadienne, notre pays perdra aussi le contrôle du positionnement de sa musique et de ses artistes. Il ne faut pas être devin pour comprendre les conséquences catastrophiques qui en découleront pour nos artistes et pour une industrie qui, selon une étude de PricewaterhouseCoopers commandée par Music Canada, fait vivre environ 4 000 personnes et génère des revenus annuels de près de 400 millions de dollars.
Par ailleurs, c'est une chose pour un artiste canadien que ses oeuvres soient disponibles sur iTunes ou sur toute autre plateforme numérique, mais encore faut-il que ses albums occupent la place requise sur les pages d'accueil pour que les consommateurs les achètent.
L'accès à l'espace promotionnel sur les plateformes numériques est très difficile à obtenir. Malheureusement, la promotion sur ces plateformes ne fait actuellement l'objet d'aucun programme d'aide. Il est donc grandement temps, selon nous, que les programmes d'aide publique soient adaptés pour faire face à la réalité de la promotion dans l'ère numérique.
Aussi, nous aimerions voir des sommes être débloquées pour permettre de numériser les plus vieux enregistrements de notre patrimoine musical, comme on le fait actuellement pour la littérature et le cinéma, de façon à rendre ces oeuvres accessibles sur les nouvelles plateformes numériques, assurant ainsi qu'elles seront disponibles pour les générations à venir.
En terminant, permettez-nous d'émettre un dernier commentaire plus particulier, à propos cette fois du programme VEM de Patrimoine canadien.
Nous déplorons, au nom de plusieurs artistes et producteurs qui nous en ont fait part, le fait que les artistes dont la maison de disques touche des sommes du VEM ne soient pas admissibles au programme d'aide à la tournée de Musicaction, même lorsque leurs spectacles ne sont pas produits par leur maison de disques.
Pour plusieurs artistes, qu'ils soient déjà bien établis ou qu'ils fassent partie de la relève, c'est un choix déchirant que de devoir choisir entre recevoir de l'argent pour faire des spectacles et signer avec une maison de disques plus importante susceptible d'investir davantage de ressources dans leurs albums. Cette situation a un effet particulièrement plus pervers pour les artistes de la relève, qui se voient cantonnés dans des maisons de disques plus petites, alors qu'on devrait plutôt leur permettre d'atteindre les ligues majeures.
En conclusion, nous croyons que la question principale à laquelle le comité doit répondre est la suivante: comment doit-on structurer l'aide gouvernementale afin de permettre aux acteurs de l'industrie de la musique de tirer leur épingle du jeu sur un échiquier mondial numérique de plus en plus contrôlé par des géants internationaux?
Les suggestions que nous vous avons humblement présentées aujourd'hui vont dans ce sens.
Je vous remercie de votre attention. Nous sommes disponibles pour répondre à vos questions.
:
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à témoigner au nom du Prix de musique Polaris.
Je sais qu'il est écrit dans les documents préparatoires de ne pas passer trop de temps à nous décrire et de passer directement au vif du sujet, mais si vous me le permettez, j'aimerais mentionner ceci:
Nous sommes une organisation sans but lucratif qui honore, célèbre et récompense chaque année la créativité et la diversité de la production phonographique canadienne, en valorisant et en promouvant des albums faisant preuve d'une grande intégrité artistique, et ce, sans considération pour le genre musical, l'entourage professionnel ou les chiffres de vente. La sélection est confiée à un jury composé de plus de 200 critiques de musique triés sur le volet. On trouve parmi les gagnants des éditions précédentes Arcade Fire, Feist, Caribou, Karkwa, Patrick Watson, Godspeed You! Black Emperor et Owen Pallett. Bien d'autres artistes ont été mis en nomination, dont Metric, Neil Young, Ron Sexsmith, Tegan and Sara, K'naan, Sarah Harmer et Kathleen Edwards. Je voulais lancer quelques autres noms d'artistes, comme les deux autres témoins avant moi.
Notre jury comprend des représentants des médias de toutes les régions du Canada, mais personne qui gagne sa vie en tant que musicien ou du travail de musiciens. Nous nous sommes inspirés à la fois du Giller Prize, pour les oeuvres littéraires du Canada, et du Barclaycard Mercury Prize, au Royaume-Uni, pour l'album de l'année. Il s'agit d'un prix récompensant strictement la qualité du principal travail artistique de l'oeuvre phonoartistique: l'album. Nous en sommes à notre neuvième année.
Nous sommes basés à Toronto, où notre gala annuel se tient chaque mois de septembre. La saison Polaris commence en juin, où une liste de 40 titres est publiée. La courte liste des 10 albums retenus est annoncée en juillet. Nous choisissons 11 critiques de notre jury élargi pour choisir le gagnant le soir de notre gala de septembre. Il se tiendra cette année le 22 septembre, et vous y êtes tous invités.
Notre prix est qualifié de « prestigieux » par le New York Times et la BBC. Le Chicago Tribune considère notre prix le « plus grand honneur de la musique au Canada ». Le Globe and Mail affirme que le Prix Polaris « compte sur la scène internationale ». Mais tout le crédit que Polaris en retire doit vraiment être rendu aux artistes eux-mêmes. Ils créent des oeuvres artistiques de calibre mondial.
Vous avez déjà entendu beaucoup de choses dans le cadre de cet examen, et je suis sûr que vous allez entendre bien d'autres voix vous dire à quel point nos artistes connaissent du succès commercial dans le monde. Polaris est avant tout là pour célébrer la qualité de nos oeuvres musicales d'une manière qui attire l'attention du monde entier. Les Canadiens ont la réputation d'innover et d'explorer dans presque tous les genres musicaux. Je pense à des finalistes comme Drake et son producteur, Noah 40 Shebib, en hip hop, à Cirkut, en musique pop, ou encore à Owen Pallett, le premier récipiendaire du Prix Polaris, et à un autre gagnant, Will Butler d'Arcade Fire, qui a récemment été mis en nomination pour la meilleure trame sonore originale aux Oscars. Le Canada est connu pour la beauté naturelle de ses paysages et ses ressources, pour ses acteurs, ses auteurs, sa politesse et maintenant plus que jamais, pour l'excellence de ses musiciens, partout dans le monde.
Nous croyons que c'est en partie grâce à notre appui politique de longue date à la culture musicale et aux musiciens, directement et indirectement, de sources comme FACTOR, le Conseil du Canada, le Fonds RadioStar et divers mécanismes d'aide aux talents que nos diffuseurs doivent adopter sous le régime du CRTC, sans mentionner les exigences de contenu canadien. C'est grâce à tout cela que nos artistes peuvent survivre à côté du mammouth culturel qui vit au sud de notre frontière et créer des oeuvres inspirantes qui survivent à l'épreuve du temps.
Ce n'est un secret pour personne et d'autres l'ont mentionné avant moi: les ventes d'albums diminuent. Pourtant, l'album est toujours la pierre angulaire de la présence publique et commerciale de la plupart des artistes. L'album est le noyau de toutes les autres activités qui permettent à nos musiciens de gagner leur vie: les tournées, les produits dérivés, les subventions, l'édition, les redevances et les droits d'auteurs. C'est pourquoi Polaris choisit de célébrer l'album avant tout. C'est le summum de la créativité phonoartistique et ce dans quoi les artistes s'investissent généralement le plus.
Il y a beaucoup d'effets positifs à figurer à la liste de présélection ou à la liste des finalistes, dont le plus évident est la hausse impressionnante des ventes et des écoutes numériques, bien souvent des mois après que les activités de promotion entourant le lancement de l'album soient terminées. Les artistes en retirent une visibilité accrue dans les médias internationaux, des contrats plus payants et plus d'offres de publicité. Mais ce n'est pas seulement pour ces avantages que nous estimons important qu'il y ait des célébrations de la musique comme la nôtre dans l'écosystème musical. Les célébrations et les prix sont source de motivation pour les artistes, ils stimulent la production artistique elle-même. À notre grande surprise et pour notre plus grand plaisir, nous entendons de temps en temps des artistes ou leurs gérants dire qu'ils se sont forcés pour produire de meilleurs albums dans l'espoir d'obtenir une nomination au Prix Polaris. En cette époque où les ventes fondent, nous sommes une source de motivation pour que les artistes enregistrent leurs oeuvres. Nous favorisons l'innovation et l'excellence.
Nous croyons que les politiques et les programmes gouvernementaux actuels relatifs à l'industrie musicale canadienne permettent à nos artistes d'exceller dans l'art d'être eux-mêmes et de raconter des histoires canadiennes qui font leur bout de chemin dans le monde entier. Beaucoup d'articles positifs ont été publiés dans les médias américains et britanniques sur Polaris. J'aimerais résumer deux idées qui reviennent souvent: 1- Le Canada produit de la musique extraordinaire; 2- L'appui du gouvernement canadien à la musique est incroyable. Pour nous, le lien de cause à effet est tangible: un financement accessible et le fait d'oser appuyer les artistes les plus audacieux font de nous des leaders de la musique dans le monde. Cela crée véritablement la perception que le Canada est un chef de file dans le monde de la musique.
S'il y a une observation que nous pouvons faire, c'est que notre prix, comme d'autres célébrations et prix de la musique, sont jugés sur la base de critères un peu différents lorsque vient le temps de les financer. On a souvent tendance à nous coincer dans d'autres catégories de développement comme les conférences et les festivals, et nous ne sommes pas toujours admissibles à d'autres fonds parce que nous ne sommes pas titulaires de droits. Il y aurait lieu de revoir les critères afin d'établir un barème différent et plus pertinent pour les prix et les célébrations de la musique, ce qui serait plus efficace dans notre catégorie.
J'aimerais également vous glisser un mot sur l'éducation musicale. Nous coordonnons toutes nos activités de bienfaisance avec l'organisme MusiCompte, qui donne des instruments aux écoles qui n'ont plus les moyens d'en acheter pour leurs élèves. Nous croyons que l'excellence que nous venons de décrire commence par une éducation musicale dès les premières années de la vie. Ses avantages sur le développement de l'enfant sont bien documentés, mais nous croyons qu'il ne faudrait pas négliger le développement de la musique canadienne. Nous appuyons vivement tout effort visant à nous doter d'une stratégie musicale nationale au coeur de laquelle on trouverait l'éducation musicale.
Encore une fois, je vous remercie beaucoup d'avoir invité Polaris à se joindre à cette discussion, avec toutes les autres personnes ici présentes, et c'est avec plaisir que je vais répondre à toutes vos questions.
:
Bonjour à tous. Je vous remercie beaucoup d'être ici.
C'est une étude que tout le monde entreprend avec beaucoup de bonne foi. Il est merveilleux d'entendre les témoignages d'autant de gens sur une industrie aussi importante. Dans mon esprit et dans celui de plusieurs d'entre nous, cette industrie revêt une dimension patrimoniale. Je crois que le groupe de témoins d'aujourd'hui reflète bien cela. Leurs expériences se situent aux deux extrêmes.
Il y a des gens qui ont vécu les belles années dont a parlé M. Boughen, alors qu'on retrouvait partout des magasins de disques vinyles. Les présentoirs étaient incroyables et mettaient en avant-plan notamment les albums des Bee Gees. C'était une époque où les gens achetaient de la musique parce que c'était la seule source de divertissement qu'ils contrôlaient.
Ensuite est apparu le magnétoscope, et voilà qu'on s'est mis à contrôler d'une certaine façon ce que l'on voulait écouter, car on n'avait plus besoin d'avoir une table tournante qui faisait jouer les vinyles.
Je fais allusion aux deux sandwichs de l'enjeu: l'aspect culturel et l'aspect industriel.
Monsieur Hetherman, dans votre témoignage, vous avez souligné à quel point il était devenu complexe pour un artiste de vivre de son art.
Monsieur Jordan, vous avez fait partie de ceux qui ont permis de galvaniser la notion du « son canadien ». Tous les artistes qui ont reçu des prix de votre organisme étaient des créateurs très pertinents. Ils brisaient vraiment les frontières artistiques, et c'était excellent.
Il y a également ici des représentants d'une entreprise qui a décidé de se concentrer, d'aller chercher du talent, de le faire croître et de l'exploiter à l'échelle internationale. Ces gens parlent souvent de Marie-Mai, à juste titre. C'est certainement le plus bel exemple de réussite de Star Académie. Encore dimanche soir, on l'a vue et c'était fantastique. Nous avons pu assister à un moment de jonction entre la musique anglophone d'origine montréalaise, avec Adam Cohen, et celle de Marie-Mai.
Je vous félicite tous pour ce que vous faites. Vous le faites bien et c'est absolument crucial. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous voulons entendre vos commentaires.
Ce qui m'anime surtout ce matin, c'est le point nouveau que M. Sasseville a soulevé concernant les taxes qui ne sont pas perçues par les services comme iTunes. Il faudra trouver une manière d'encadrer légalement ce genre de services.
En fait, comme le disaient MM. Jordan et Hetherman, les services comme Deezer sont de plus en plus utilisés. Avant-hier, je naviguais dans mon compte Deezer et on m'a proposé de m'abonner pour la moitié du prix, à 5 $ par mois. À ce prix-là, il n'y a plus un chat qui va acheter un disque. Vous pouvez écouter votre musique tant et aussi longtemps que vous le souhaitez, et c'est même disponible pour les appareils mobiles.
Ma question s'adresse à M. Sasseville.
Vous avez évoqué les enjeux liés au programme VEM. J'aimerais que vous nous rappeliez à tous le choix auquel se trouve confronté un jeune artiste qui envisage la possibilité de signer un contrat avec une grosse étiquette de disques.
:
J'ai été A&R, Artists and Repertoire, pendant près de 20 ans; en d'autres termes, j'étais responsable de trouver des artistes. Si je connaissais la réponse exacte à cette question, je serais millionnaire. Mais je comprends où vous voulez en venir.
Je crois qu'un des facteurs importants, dont j'ai parlé il y a quelques minutes, c'est la tempête parfaite; c'est quelque chose qu'on ne peut pas forcer. Par exemple, vous envoyez une chanson aux stations de radio. Elles commencent à la jouer en ondes en même temps que le vidéoclip est diffusé. Au même moment, 10 000 ou 100 000 jeunes téléchargent la chanson sur YouTube. Vous êtes en nomination pour le prix Polaris ou vous faites des apparitions dans certaines émissions de télévision ou encore, vous êtes en tournée au même moment. C'est très difficile de créer ces occasions, surtout en même temps. C'est parfois même très difficile de créer une seule de ces occasions. Lorsqu'elles se réalisent toutes à un moment donné, en règle générale, on a créé une parfaite tempête musicale qui permet à l'artiste de passer au niveau suivant.
Les gens s'attachent à la musique. Oui, ils achètent encore des disques, mais pas autant qu'avant. Ils achètent 10 000 exemplaires au lieu des 100 000 qu'ils achetaient auparavant. Mais 10 000, c'est mieux que rien. Ces gens paieront peut-être 20 $ pour un billet de spectacle ou pour un t-shirt. Quoi qu'il en soit, les gens adoptent la musique, et tout s'enchaîne. La nouvelle se propage, et l'artiste est ainsi élevé à la plate-forme suivante.
Selon mon expérience, à mes débuts dans le domaine de la musique, je crois qu'un artiste sur 10 connaissait du succès. C'était vos chances, il y a plusieurs années. Maintenant, je crois que les chances sont moins élevées, peut-être qu'une personne sur 45 réussit.
:
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui. Pour être franc, j'ai été surpris de recevoir votre appel, mais je suis heureux de vous présenter mon point de vue sur divers sujets, et je tenterai de respecter les huit minutes qui me sont accordées.
Le premier sujet que j'aimerais aborder — un sujet chaud depuis quelques années —, c'est l'effondrement de l'industrie du disque et ses conséquences sur l'industrie du spectacle. Ce que j'ai constaté, c'est que depuis l'effondrement de l'industrie du disque, les spectacles se sont multipliés plus que jamais, ce qui est étrange parce qu'on entend souvent parler de l'accès gratuit à la musique. Les gens téléchargent la musique et n'achètent plus de disques. Si on se fiait au rapport habituel entre l'offre et la demande, cette tendance donnerait lieu à la diminution de la création musicale. Or, c'est le contraire qui s'est produit. On crée plus de musique. Les gens regardent et écoutent plus de musique, et sortent voir les spectacles. C'est un peu étrange. À mon avis, l'effondrement de l'industrie du disque, c'est l'effondrement de l'industrie des producteurs et non de la musique en soi, et 95 à 99 % des musiciens créent toujours autant.
Pourquoi la musique est-elle de plus en plus populaire? Je dirais que c'est entre autres en raison des nombreux événements, et je vais vous parler aujourd'hui des événements musicaux à but non lucratif, puisque c'est le domaine que je représente. Le RBC Bluesfest est un événement sans but lucratif, tout comme la plupart des festivals au Canada. Il y a une grande différence entre ces événements et les événements à but lucratif. Il y a cinq ou dix ans, le marché a changé, et nous sommes passés des spectacles à ce que j'appelle les événements musicaux de destination. Ce sont des événements musicaux à grande échelle qui attirent les touristes et un grand nombre de personnes dans diverses collectivités.
Je dirais que le Festival de jazz de Montréal, le RBC Bluesfest et le Festival d'été de Québec sont des événements musicaux de destination. Ils ont remporté un énorme succès au cours des 10 dernières années, pour plusieurs raisons. C'est notamment parce qu'ils sont financés en grande partie par le gouvernement, mais aussi parce qu'on s'intéresse beaucoup à la musique et que ces événements entraînent d'énormes répercussions. Nous sommes membres de FEEM, Festivals et événements majeurs du Canada. L'organisme compte 15 membres, et la liste s'allonge, mais les festivals des membres actuels entraînent des retombées économiques de l'ordre de 1,1 milliard de dollars. Ces organisations ont une grande influence.
On pourrait se demander ce qu'ont d'important les événements sans but lucratif et pourquoi ils méritent d'avoir l'appui des divers ordres de gouvernement. Une des principales raisons, c'est que nous encourageons la diffusion de la musique non commerciale. Par exemple, le Festival de jazz de Montréal ou le Festival d'été de Québec dépensent probablement 1 million de dollars pour des événements ouverts. Le public y a accès gratuitement, et ces spectacles sont souvent les plus populaires. Le Festival d'été vend un passeport pour l'événement de 10 jours, donnant accès à quelque 200 spectacles, pour environ 70 $. Pour ce prix, vous pouvez non seulement aller voir Metallica et Bon Jovi, mais aussi des artistes canadiens incroyables, des artistes ethniques et culturels et des artistes de rue. Le festival vend des centaines de milliers de passeports, parce que c'est une très bonne affaire. Il utilise les fonds publics pour réaliser des activités qui laisseront une marque.
Nous dépensons 200 000 $ pour la promotion d'artistes locaux. Ce ne sont pas eux qui font vendre les billets pour l'événement, mais ils offrent une grande contribution à la collectivité. Pour les entreprises à but lucratif, l'objectif général consiste à maximiser la valeur pour les actionnaires. Les entreprises à but non lucratif ne font pas cela: elles maximisent la valeur pour les collectivités; c'est la différence entre ces deux types d'entreprises. Nous engageons de nombreux artistes locaux, des artistes non commerciaux, qui se produisent aux côtés d'artistes commerciaux et qui ont accès à un plus grand auditoire.
En fin de compte, la question est la suivante: que doit faire Patrimoine canadien pour appuyer l'industrie du spectacle au Canada? Je dirais qu'il est temps de faire l'inventaire et de savoir où va l'argent. Je crois que les entreprises sans but lucratif ont une grande influence, mais elles doivent également rendre des comptes.
On ne parle donc pas seulement de la musique pour le plaisir. Quelle est l'incidence de ce financement et que fait chaque organisation des fonds reçus? Il faut rendre des comptes sur l'argent que nous recevons et sur les répercussions de nos événements sur la collectivité. Tout cela a également une grande incidence sur le secteur du tourisme et sur l'industrie.
Ce sont les arguments que je voulais faire valoir aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions, et je vous remercie de m'avoir invité.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est un plaisir de m'adresser à vous aujourd'hui, même si j'aurais préféré vous rencontrer en personne. Je vous suis très reconnaissant de m'avoir invité, et je remercie votre comité de tenir compte du point de vue de l'industrie touristique dans le cadre de cette importante étude.
Si vous le permettez, j'aimerais dire quelques mots sur l'organisme que je représente, la Commission canadienne du tourisme, et vous expliquer un peu comment nous intégrons la musique, les festivals et les manifestations culturelles d'ici dans nos initiatives de marketing touristique et pourquoi c'est important.
Je précise d'abord que la Commission canadienne du tourisme est l'organisme national de marketing touristique du Canada. À titre de société d'État, elle dirige l'industrie dans sa promotion du Canada en tant que destination touristique quatre saisons de premier choix.
Nous savons que le voyage et le tourisme forment l'un des secteurs les plus florissants au monde. Il s'agit d'une industrie de 84 milliards de dollars au sein de l'économie canadienne, mais la concurrence est très féroce dans ce marché.
Avec nos initiatives de marketing touristique et nos activités commerciales dans 12 pays, nous en faisons vraiment beaucoup pour attirer les voyageurs étrangers au Canada, ce qui, par ricochet, nous permet de soutenir plus de 170 000 entreprises, surtout des PME, dans les moindres recoins du pays.
Notre modèle repose sur les partenariats. Nous collaborons avec le secteur privé canadien, des hôteliers et des chefs aux centres de ski et à l'industrie culturelle, pour tirer le maximum de chaque dollar et doubler la portée de nos initiatives de marketing. Nous travaillons aussi avec les professionnels de voyages étrangers en établissant des liens entre les acheteurs étrangers et les vendeurs canadiens. Nous avons une division distincte chargée des réunions et des congrès qui s'appelle Événements d'affaires Canada. Sa mission est de promouvoir le pays comme une destination de choix pour tenir des conférences internationales. Nous savons que c'est excellent pour les hôtels, les centres culturels et les restaurants et que cela permet de faire venir des gens très importants au pays. C'est comme un grand voyage de familiarisation avec le Canada. Les voyageurs investissent dans les endroits qu'ils visitent, envoient leurs enfants étudier ici et achètent peut-être même des produits canadiens. Nous savons que les répercussions à long terme sont considérables.
De plus, nous travaillons évidemment avec les intervenants du secteur public, les spécialistes du marketing touristique des provinces et des territoires, afin de maximiser leurs investissements.
Nous avons toujours le regard tourné vers l'avenir, vers un horizon de 5, 10 ou 20 ans, pour savoir sur quels avantages concurrentiels miser. Une des occasions à saisir se rapporte à l'industrie canadienne de la musique et, bien entendu, à certains consommateurs très importants qui aiment vraiment la bonne musique — je pense que c'est le cas de tout le monde —, c'est-à-dire les jeunes.
Nous savons que les jeunes voyageurs forment un marché aussi vaste que lucratif. À l'échelle internationale, on parle de 187 millions de voyageurs, ce qui représente environ 20 % de ceux qui arrivent au Canada. C'est la part de marché qui se développe le plus rapidement.
Au pays, nous mettons l'accent sur les jeunes parce qu'ils présentent un grand potentiel pour le tourisme interne. On compte 5,2 millions de Canadiens âgés de 19 à 29 ans, ce qui représente environ 15 % de la population. Les jeunes Canadiens qui voyagent au pays dépensent environ 1 400 $ lors d'un séjour de 14 nuits, ce qui se compare pratiquement au montant dépensé par les voyageurs étrangers qui parcourent de longues distances.
Les festivals et les manifestations culturelles sont d'importants facteurs de motivation pour les jeunes voyageurs et font donc partie intégrante de la stratégie de développement du tourisme jeunesse mise en oeuvre par la CCT.
Bien qu'elle soit encore en cours d'élaboration et qu'elle dispose seulement d'un financement de démarrage, notre stratégie jeunesse met l'accent sur la promotion des festivals et des manifestations culturelles canadiennes pour attirer cette catégorie de voyageurs. Nous avons formé un conseil sur les jeunes voyageurs, et nous sommes très heureux que Festivals et événements majeurs Canada y soit représenté, car, comme l'a dit M. Monahan, c'est un joueur clé pour nous aider à préparer des plans efficaces visant à favoriser le mouvement du tourisme jeunesse.
Cet été, nous prévoyons déployer deux programmes axés sur les jeunes et la musique pour sensibiliser les personnes influentes. Ces programmes s'articuleront autour du Festival Musique et Arts OSHEAGA de Montréal et du Pemberton Music Festival qui a lieu ici en Colombie-Britannique.
Nous mettons également à l'essai dans les marchés de nouveaux concepts d'initiatives jeunesse liés aux festivals de musique et aux concerts, et l'analyse des résultats obtenus sera terminée d'ici la fin du printemps. Nous faisons un peu de recherche dans le domaine.
Nous nous inspirons de l'industrie canadienne de la musique dans le cadre de nos activités de marketing. L'été dernier, nous avons demandé aux Canadiens de nous aider à créer un hymne pour le Canada. Nous avons réalisé la vidéo intitulée 35 millions de regards, qui est une des vidéos de tourisme visionnées le plus souvent dans le monde. La trame sonore est signée par le groupe canadien Yukon Blonde, que nous avons été en mesure de promouvoir au pays et à l'étranger.
Nous mettons l'accent sur un ensemble d'expériences touristiques exceptionnelles, qui sont liées à d'importantes manifestations culturelles, y compris le Stampede de Calgary, le Festival de jazz de Montréal, le Festival de blues du Nouveau-Brunswick et la Fête de la musique celtique du Cap-Breton.
Bref, l'industrie touristique compte vraiment sur la culture et le secteur de la musique pour diversifier l'expérience touristique qu'offre le Canada. Notre pays est réputé pour ses grands espaces et ses belles villes. Nous devons maintenant soutenir davantage la culture, et la musique joue un rôle crucial en la matière.
Nous appuyons grandement cette industrie et nous aimons beaucoup collaborer avec ses intervenants dans le but d'inciter les voyageurs étrangers à se rendre au Canada.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le vice-président, membres du comité, c'est vraiment un plaisir pour moi d'être parmi vous aujourd'hui dans le cadre de cette importante étude. C'est une suggestion qu'a faite le président lors de sa comparution devant le groupe parlementaire du tourisme. Nous apprécions l'occasion qui nous est offerte de discuter avec vous des répercussions de la musique et des festivals de musique sur l'industrie touristique.
[Traduction]
Permettez-moi de me présenter à nouveau. Mon nom est David Goldstein, et je suis président-directeur général de l'Association de l'industrie touristique du Canada. L'AITC représente l'ensemble du secteur canadien du tourisme et des voyages, qui organise d'importants festivals de musique tels que le Festival international de jazz de Montréal, le Bluesfest d'Ottawa, le Festival folklorique de Winnipeg, ainsi que des concerts dans de nombreux bars, restaurants et autres établissements.
Notre secteur génère des revenus annuels de 84 milliards de dollars et emploie plus de 600 000 personnes dans toutes les circonscriptions du pays. Nous vous avons d'ailleurs remis aujourd'hui des renseignements concernant les retombées dans vos circonscriptions respectives. Ce qui est le plus remarquable, c'est que parmi les personnes employées, 204 000 ont moins de 25 ans, ce qui veut dire que notre secteur est celui qui emploie le plus grand nombre de jeunes Canadiens. Avec des revenus de 17,4 milliards de dollars l'année dernière, l'industrie des voyages demeure le plus important secteur d'exportation de services au Canada.
La mission de l'AITC est de rendre le Canada plus concurrentiel sur l'échiquier mondial des destinations touristiques. Plus précisément, nous voulons stimuler le taux de croissance des voyageurs étrangers au pays, qui se situait à 1,5 % en 2012, pour qu'il atteigne le taux moyen de 5 %. Une étude récente de Deloitte révèle qu'une hausse de 1 % des visites internationales se traduit par une hausse générale des exportations de 817 millions de dollars, ce qui veut dire que notre objectif de 5 % équivaudrait à une augmentation de 1,4 milliard de dollars des exportations.
Comment pouvons-nous atteindre ce 5 %? Dans le cadre de la stratégie fédérale en matière de tourisme, l'AITC s'affaire à surmonter les obstacles stratégiques, notamment en ce qui a trait au financement du marketing, à l'accès aux investissements et aux produits touristiques tels que les concerts. Nous nous efforçons également d'attirer chez nous un plus grand nombre de visiteurs, en particulier des Américains, qui sont de grands adeptes des festivals de musique canadiens. D'ailleurs, une récente étude des chiffres sur l'Ontario démontre que près de la moitié des visiteurs américains dans cette province s'y sont rendus pour assister à des manifestations artistiques et culturelles.
Les manifestations culturelles, y compris les concerts et les festivals de musique, sont un attrait majeur pour les touristes en visite au Canada. En 2012, 3,5 millions de visiteurs étrangers ont pris part à une manifestation culturelle. Ils ont dépensé en moyenne 768 $ pendant leur séjour, ce qui signifie que ce genre d'activités injecte au moins 2,6 millions de dollars par année dans notre économie. Tout cela s'ajoute aux dépenses intérieures et à l'effet d'entraînement.
Les membres de votre comité peuvent facilement saisir l'ampleur des avantages économiques d'un grand festival comme le Festival international de jazz de Montréal, qui génère quelque 72 millions de dollars en revenus de tourisme, ou de l'excellent festival de Mark ici à Ottawa. Or, même les festivals de moindre envergure peuvent avoir des retombées considérables. Aussi, les festivals qui prennent de l'ampleur au fil du temps deviennent autant d'occasions de mettre en valeur et de financer la musique canadienne.
Music Canada, dont les représentants ont déjà comparu devant votre comité, affirme que la taille limitée du marché intérieur canadien fait en sorte que c'est à l'étranger que l'on trouve certaines des plus importantes possibilités de croissance et de développement. Le même constat s'applique au secteur canadien du tourisme et des voyages. On observe toutefois une croissance modeste d'un trimestre à l'autre qui dissimule une dépendance très inquiétante envers notre marché intérieur. À l'heure actuelle, 80 % des revenus générés par le secteur des voyages proviennent de Canadiens qui se déplacent à même le pays. Cette proportion se situait à 65 % il y a à peine 10 ans.
Les visiteurs américains sont particulièrement friands de la scène culturelle canadienne. En effet, près de 2,5 millions d'entre eux ont pris part en 2012 à nos différentes manifestations culturelles, une hausse de 13 % par rapport à l'année précédente. Lorsqu'on compare ces données au taux de visite global, qui est seulement de 2,5 %, il devient évident que la musique et la culture sont des éléments importants pour attirer des visiteurs américains.
Depuis 2002, le nombre d'Américains à avoir passé une nuit au Canada a diminué de 3,5 millions. On a heureusement levé une grande partie des contraintes structurelles du marché américain, et les conditions sont donc idéales pour solliciter à nouveau ce marché. La valeur du dollar canadien se stabilise et demeure inférieure à celle du dollar de nos voisins du Sud, et le nombre d'Américains détenteurs d'un passeport a doublé pour atteindre 120 millions. La frontière s'amincit, l'économie américaine se redresse et ils sont plus nombreux à se rendre à l'étranger.
Ce constat me ramène à la question de départ, à savoir de quelle façon les concerts peuvent contribuer à faire passer à 5 % le taux de croissance du nombre de visiteurs. L'AITC a une approche axée sur l'ensemble du gouvernement pour accroître la compétitivité du Canada sur le plan touristique, notamment en amenant le gouvernement à soutenir davantage la promotion touristique, l'accès au pays et les produits du tourisme. Les festivals de musique s'avèrent un produit touristique parmi les plus attrayants au Canada pour stimuler la croissance économique dans toutes les régions du pays. Par conséquent, l'AITC recommande au Comité d'appuyer le financement des festivals en partenariat avec l'industrie et les autres ordres de gouvernement, le tout dans la perspective plus large d'amener le Canada à renouer avec le marché d'ici 2017. Nous aimerions également ajouter qu'une telle initiative devrait se faire en partenariat avec le secteur privé. Il faudrait entre autres voir à ce que le nombre de visiteurs étrangers au Canada augmente progressivement.
Comme je l'ai dit, je vous suis très reconnaissant de m'avoir donné l'occasion d'être ici. Le président et M. Dykstra se souviennent de mon ancienne carrière dans le domaine de la radiodiffusion alors que je passais beaucoup de temps à comparaître devant le Comité du patrimoine. Il y avait longtemps que je n'avais pas témoigné, et je suis heureux d'être de retour, notamment parce que c'est un sujet d'un grand intérêt non seulement à l'échelle locale, mais également sur la scène nationale.
:
Monsieur Klassen, en tant que député de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country, je vous assure que je ne vais pas vous oublier à Vancouver.
Merci, David. Selon les chiffres que vous nous avez remis, ma circonscription arrive au deuxième rang pour ce qui est des employés qui travaillent dans cette industrie au Canada, tout juste après Niagara Falls. Nous voyons certainement des choses semblables dans le domaine du sport étant donné que nous avons été l'hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2010. Whistler tient beaucoup au tourisme. C'est bien d'avoir de bonnes nouvelles après une suite de discussions qui laissaient peu d'espoir aux musiciens.
Monsieur Monahan, j'aimerais juste vous dire que le cadeau d'anniversaire que nous avons remis à mon fils la semaine dernière est un bracelet pour le Bluesfest d'Ottawa. Les gens présents peuvent donc être certains que c'est un bon produit. Les jeunes adorent cela. Il a 17 ans, et c'est vraiment ce qu'il voulait. C'est donc une bonne chose.
M. Goldstein a parlé de la différence entre les revenus intérieurs et les revenus étrangers. C'est le sujet d'une étude que l'on fait actuellement dans ma circonscription. En fait, des gens que vous connaissez travaillent ensemble là-dessus: Berrett Fisher, le dirigeant de l'Office du tourisme de Whistler, Stuart McLaughlin et moi.
J'aimerais vraiment savoir sur quoi le gouvernement devrait se concentrer selon vous. Devrait-il miser sur les dollars étrangers ou sur les consommateurs du pays à qui l'on doit selon vous, David, 80 % des revenus.
Nous pourrions peut-être commencer avec vous, Greg. Je vous serais reconnaissant de ne prendre qu'environ une minute pour répondre afin que nous puissions faire un tour de table.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Klassen, monsieur Monahan et monsieur Goldstein, de votre présence. Je crois que vous avez apporté une dynamique nécessaire et très intéressante à cette étude car, comme vous l'avez si bien dit, tous ces aspects constituent un tout. Lorsqu'il s'agit d'appuyer nos collectivités, il n'y a pas de cloisonnement, pas d'isolation, puisque tout est interrelié: l'industrie touristique, le jeune qui essaie d'obtenir un emploi dans un parc près de chez lui ou l'artiste — l'artiste de grand talent — qui produit de la musique magnifique.
J'ai un certain nombre de questions et j'espère que vous vous sentirez tous libres de répondre.
Je vais commencer par vous, monsieur Monahan, en ce qui concerne le financement et le soutien. J'ai l'impression que vous aimeriez une assurance en matière de financement, que vous tenez à savoir que, quoi qu'il arrive, il y aura toujours cette base, ce financement assuré à long terme.
J'ai l'impression que vous avez proposé de multiplier les sources de financement pour les événements dont on attend des résultats, et que vous souhaitez, à tout le moins, que les subventions augmentent. Pouvez-vous nous dire dans quelle mesure cela est important pour l'avenir de l'industrie?
[Traduction]
Vous avez parlé de FAME et du rôle important que l’organisme joue en vue d’attirer beaucoup de spectateurs aux grands évènements, de faire venir des artistes dans les collectivités et d’également donner l’occasion aux artistes peu connus de se faire découvrir et de monter sur scène.
[Français]
La semaine dernière, j'ai assisté à un événement organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal, soit le CORIM, où il y a eu une conférence intitulée « L'avenir des festivals à Montréal: renouvellement et rayonnement international ». On est en plein dans le bon sujet.
J'étais le seul député fédéral sur place. J'ai été abordé par le porte-parole du Regroupement des événements majeurs internationaux, le REMI, qui est le pendant québécois de FAME. Ce porte-parole me disait avoir constaté que, d'après le chiffre d'affaires cumulé des membres du REMI, le financement avait diminué de 22 à 18 %, baisse qui est attribuable à la fin du Programme des manifestations touristiques de renom. En 2010, la contribution du fédéral représentait 12,4 %; aujourd'hui, elle n'est que de 4,4 %.
Voyez-vous une incohérence entre l'importance accordée à vos événements et ce retrait du financement fédéral?
Messieurs Klassen, Goldstein et Monahan, vous êtes tous touchés par cela.