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Monsieur le président, messieurs les membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant le comité. Nous espérons que ces discussions offriront des renseignements utiles à l'égard de l'évolution du Fonds de la musique du Canada.
FACTOR est une société privée sans but lucratif fondée il y a plus de 30 ans par des entreprises privées canadiennes du secteur de la radio et de la musique, à l'aide de contributions volontaires de 200 000 $.
En 1986, un partenariat public-privé a été créé lorsque FACTOR a commencé à administrer des fonds gouvernementaux offerts dans le cadre du Programme d'aide au développement de l'enregistrement sonore. Au cours de la dernière année pour laquelle les données sont consignées, FACTOR a reçu 8,4 millions de dollars du Fonds de la musique du Canada du gouvernement du Canada et 11,1 millions de dollars provenant des contributions au titre du développement du contenu canadien que le CRTC oblige les radiodiffuseurs privés à verser, ce qui fait des radiodiffuseurs privés le principal partenaire financier de FACTOR.
Ce modèle de revenus nous permet de compléter les programmes du Fonds de la musique du Canada avec des fonds de radiodiffuseurs privés et d'élaborer des programmes indépendants financés entièrement par des fonds du secteur privé. En 2012-2013, nous avons engagé près de 17 millions de dollars par l'entremise de nos programmes, pour ainsi donner suite à près de 2 000 demandes de financement.
Grâce à l'aide du gouvernement et des radiodiffuseurs, administrée par FACTOR depuis 1982, les entreprises et les artistes du Canada ont connu un succès remarquable, tant au pays qu'à l'étranger. Les entreprises telles que Nettwerk, Maple Music, Arts and Crafts, Paper Bag, Secret City et Justin Time sont particulièrement dignes de mention, comme 604 Records, qui a enregistré le succès de Carly Rae Jepsen, intitulé Call Me Maybe, qui a dépassé 10 millions de téléchargements dans le monde en 2012.
Cette année, FACTOR a appuyé six albums récompensés par un prix Juno et, en 2014, FACTOR a appuyé la réalisation de l'album Throw a Penny in the Wishing Well, de Jennifer Gasoi, qui a remporté le premier prix Grammy jamais accordé à un album canadien pour enfants. Nous sommes fiers de ces réalisations, ainsi que du rôle que FACTOR a joué dans ces enregistrements audio.
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Nonobstant ces réalisations, et le moment où l'industrie de la musique vit de profonds changements, FACTOR a entièrement remanié ses programmes et ses systèmes. Après des consultations avec Patrimoine canadien et l'industrie de la musique en 2012, nous avons lancé le nouveau système au printemps 2013.
Aux fins du nouveau système, nous demandons aux entreprises de l'industrie de la musique de joindre à leurs demandes un état de leurs revenus fondé sur leur exploitation des droits sur les originaux des enregistrements. Ces revenus comprennent toutes les ventes d'enregistrements audio, y compris les ventes de produits numériques et les placements publicitaires et cinématographiques. Nous classons les entreprises en fonction de ces revenus, puis nous les finançons selon leur classement national. Ce système a remplacé le financement accordé seulement d'après les ventes de disques compacts matériels.
Dans le cas des artistes, nous avons établi un classement national fondé sur une note globale tenant compte de 17 critères de succès. Le classement de l'artiste détermine son admissibilité. Par cette approche inclusive, on tente de tenir compte de la façon dont les artistes font leur public et leur carrière aujourd'hui, et de la manière dont ils se positionnent pour obtenir un succès commercial. L'évaluation tient notamment compte des dates des représentations données et des dates réservées pour des représentations, de la popularité dans les médias sociaux, des communiqués de presse, des placements publicitaires et cinématographiques, de la force de l'équipe de mise en marché et des ventes de toutes formes d'enregistrements audio.
Les entreprises et les artistes présentent ensuite une demande de soutien par l'entremise de nos programmes. FACTOR joue un rôle essentiel en offrant une aide financière de départ aux artistes canadiens et aux entreprises de l'industrie de la musique du Canada. FACTOR utilise un système fondé sur le mérite, en vertu duquel les demandes sont évaluées par un réseau national de comités de sélection formé de plus de 1 000 professionnels de l'industrie de la musique.
Notre programme DEMO offre des subventions de 1 500 $ pour l'enregistrement d'un album court ou d'une piste audio de démonstration que peuvent utiliser les artistes pour faire leur promotion et donner un caractère professionnel à leur travail. Tous les artistes peuvent présenter une demande dans le cadre de ce programme, pourvu qu'ils soumettent les documents voulus à notre comité de sélection. En 2012-2013, nous avons financé 215 projets de ce type. En 2013-2014, quelque 279 projets ont reçu un financement grâce à ce programme, une augmentation de 30 %.
Au niveau suivant, nos programmes d'enregistrement audio pleine durée, évalués par un comité de sélection, permettent à de nombreux artistes qui présentent une demande pour la première fois et qui souhaitent réaliser un enregistrement audio pleine durée, de se faire valoir pour obtenir un financement dans le cadre d'un programme qui est également supervisé par un comité de sélection. S'ils sont retenus, les artistes ou les entreprises qui les représentent peuvent obtenir un financement supplémentaire pour des activités de mise en marché, de mise en valeur, de tournée ou d'enregistrement vidéo. En 2012-2013, 131 projets de ce type ont été financés et 141 l'ont été l'année dernière.
Au-delà de ce niveau de financement, nous offrons un soutien complet à des entreprises et des artistes établis, à l'aide d'un programme de financement comprenant des volets pour l'enregistrement audio, la mise en marché et la promotion, la mise en valeur et la tournée, ainsi que les enregistrements vidéo, tant en format traditionnel que numérique. L'aide peut atteindre 150 000 $ par projet, en fonds de contrepartie.
Il convient aussi de souligner que cette aide, comme pour tous les projets d'enregistrement audio, est offerte sous la forme de fonds de contrepartie, à savoir des prêts-subventions, remboursés en fonction de la réussite commerciale des projets. Les remboursements ont été d'environ 20 % en moyenne au cours des dernières années. Dans l'ensemble, FACTOR a approuvé 513 projets d'enregistrement audio en 2013-2014, dont 234 étaient des enregistrements pleine durée. Je souligne que les enregistrements audio peuvent aussi être lancés exclusivement sur une plateforme numérique.
Bien que FACTOR appuie la production d'enregistrements audio à titre d'investissements initiaux totalisant environ 4 millions de dollars par année, la majeure partie du budget global est attribuée à la mise en marché, à la promotion, à la tournée, à la mise en valeur et aux enregistrements vidéo. Une somme de 6,5 millions de dollars est affectée à la mise en marché, près de 3 millions de dollars sont octroyés pour la mise en valeur et 400 000 $ vont à l'enregistrement vidéo, numérique et traditionnel.
Afin d'appuyer l'exportation des oeuvres canadiennes, nous permettons que la moitié de tout budget de mise en marché soit dépensée à l'extérieur du Canada. De plus, 2 des 3 millions de dollars pour la tournée et la mise en valeur sont dépensés dans des marchés internationaux. Ce taux est en hausse parce que FACTOR constate une augmentation de la demande pour les prestations sur scène à l'extérieur du Canada.
Notre financement est pancanadien. En 2012-2013, nous avons offert un soutien à des artistes, des entreprises et des projets dans l'ensemble des provinces et des territoires. En ce qui concerne les demandes présentées et les demandes acceptées, quelque 52 % des projets présentés ont été acceptés à l'échelle nationale. À l'échelle provinciale, la plupart ont obtenu un taux de réussite de l'ordre de 5 %; seuls la Saskatchewan, à 42 % et les territoires, à 22 %, n'ont pas atteint ce taux.
Nous offrons aussi une subvention annuelle de 360 000 $ à un réseau de coordonnateurs régionaux. Ceux-ci offrent aux artistes de leur région des conseils pour profiter des programmes de FACTOR.
FACTOR appuie aussi de nombreuses activités collectives ayant pour but de souligner nos réalisations, d'améliorer le potentiel des artistes et des entreprises à l'égard des marchés national et étrangers et de subventionner les dépenses pour le développement des affaires. Dans le cadre du Fonds de la musique du Canada, nous administrons quatre programmes d'initiatives collectives, ayant chacun un objectif particulier.
Le volet le plus important concerne les prix et les conférences d'envergure, tels que la cérémonie des Junos, la Semaine de la musique canadienne, North by Northeast, Polaris, M pour Montréal, POP Montréal, Shed Island à Calgary, Halifax Pop Explosion, le festival autochtone Manito Ahbee à Winnipeg, Break Out West et de très nombreux autres, partout au pays, y compris au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces projets reçoivent aussi une aide financière substantielle à même les contributions des radiodiffuseurs pour le développement du contenu canadien.
Les autres volets comprennent une aide pour la mise en marché sur les plates-formes numériques, la mise en valeur pour l'exportation et la mise en valeur des minorités de langue officielle.
Nous offrons aussi un fonds de commandite de 450 000 $ qui soutient financièrement plus de 60 événements de moindre envergure chaque année, lesquels ne sont pas admissibles aux initiatives collectives et sont financés exclusivement par des radiodiffuseurs privés. Parmi les bénéficiaires, mentionnons la Lunenburg Folk Harbour Society, le Festival des arts Alianait du Nunavut, l'Interstellar Rodeo à Edmonton et Musicfest Canada, un concours national pour les jeunes artistes qui font partie d'ensembles classiques ou jazz, et de chorales.
Le personnel de FACTOR poursuit sa collaboration avec les partenaires du gouvernement fédéral afin d'améliorer les programmes et les services de l'organisation. Peu importe où vivent les artistes au Canada, nous leur offrons aujourd'hui des programmes pour les aider à chaque étape de leur carrière. En définitive, notre travail consiste à aider l'industrie à se consacrer à ce qu'elle fait de mieux, c'est-à-dire créer, mettre en marché et exporter de l'excellente musique canadienne. Cette musique canadienne constitue l'une de nos meilleures exportations, en plus d'être une grande source de fierté pour tous les Canadiens.
C'est un grand honneur pour nous que d'être chargés d'un rôle aussi important, afin de veiller à ce que cet imposant héritage se perpétue pendant de nombreuses années.
Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous recevoir ce matin. Je suis Pierre Rodrigue, vice-président, Communications et marketing chez Bell Média. C'est toutefois en ma qualité de président du conseil d'administration de Musicaction que je me présente devant vous aujourd'hui. Je suis accompagné de Louise Chenail, directrice générale de Musicaction.
Comme vous le savez, la Fondation Musicaction est un gestionnaire de programmes d'aide financière visant à soutenir le développement de l'industrie canadienne indépendante de la musique francophone. Musicaction gère également le Fonds RadioStar, mais ma présentation d'aujourd'hui ne portera que sur les deux volets du Fonds de la musique du Canada que nous administrons et qui constituent un complément au volet « Entrepreneurs de la musique » , qui est géré directement par le ministère du Patrimoine canadien.
Avant de vous rendre compte des cinq principaux mandats de la fondation, j'aimerais faire état de quelques éléments relatifs à la structure et à la gouvernance de notre organisme.
Le premier élément est le partenariat public-privé sur lequel repose la fondation. Par ses sources de revenus, Musicaction est depuis 30 ans un véritable partenariat public-privé. Depuis 2002, le ministère du Patrimoine canadien contribue, à hauteur de 6 millions de dollars par année, à la gestion des volets « Nouvelles oeuvres musicales » et « Initiatives collectives ». Ce financement important est complété par les contributions des radiodiffuseurs privés, qui s'élèvent à 2,5 millions de dollars.
Le deuxième élément est la composition et le rôle du conseil d'administration. Notre conseil d'administration est composé de représentants des radiodiffuseurs, de l'industrie musicale, mais aussi — et c'est là un des éléments qui nous différencie de FACTOR — de représentants de la Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec. Concrètement, l'expertise liée à ces représentants du secteur de la musique est mise à profit, entre autres dans le cadre de la révision en continu des programmes. Par ailleurs, consciente des risques de conflits d'intérêts potentiels, la fondation a élaboré des politiques de gouvernance et d'éthique strictes, entre autres relativement à son processus d'acceptation des demandes.
Le troisième élément est la politique de visibilité de la fondation. Musicaction a une politique détaillée relativement aux obligations de reproduction des mots « Symbole Canada », de la phrase de reconnaissance de l'appui du ministère du Patrimoine canadien et de son propre logo. Cette politique prévoit des sanctions en cas de défaut et s'accompagne d'une procédure de vérification rigoureuse.
Le quatrième élément est le financement par projet. À travers ses différents programmes, la fondation met de l'avant uniquement du financement par projet et aucunement du financement global d'entreprises.
Je vais vous présenter maintenant les cinq principaux mandats de Musicaction.
Les deux premiers mandats de la fondation se réalisent essentiellement à travers le volet « Nouvelles oeuvres musicales » et ses sept programmes. Le premier mandat est de soutenir la production et la commercialisation d'un contenu musical francophone. Cette mission prend d'abord forme à travers les programmes « Production d'un album » et « Production de titres », qui sont paramétrés afin de garantir un accès, tant aux entrepreneurs intermédiaires qui ont fait leurs preuves, appelés « producteurs reconnus », qu'aux entreprises émergentes et aux artistes autoproducteurs, par l'entremise d'un processus compétitif de sélection par un jury.
Ces deux modes d'approbation distincts sont garants d'un accès pour tous, mais également de la qualité des projets appuyés et de la grande diversité musicale. Sous ces deux programmes, c'est la production de 110 albums et de 15 projets de production de titres que nous appuyons annuellement. Plus de 385 auteurs ou compositeurs reçoivent également une aide pour leur participation à la production de ces contenus.
Ce premier mandat se concrétise par la suite par le programme de commercialisation nationale, qui soutient la mise en marché et la promotion des enregistrements sonores, la production d'images et les activités scéniques. Alors que la production représente annuellement 31 % des engagements au chapitre des nouvelles oeuvres musicales, soit 2 millions de dollars, c'est 46 % des engagements sous ce volet qui sont attribués à la commercialisation nationale. Ce mandat de commercialisation est complété par trois autres programmes, à savoir la commercialisation internationale, le démarchage et la gérance.
Enfin, le deuxième mandat sous le volet des nouvelles oeuvres est le développement et le renouvellement de la musique francophone. Musicaction met de l'avant des programmes et des paramètres favorisant les artistes en début de carrière. Le premier jalon de cette mission est le programme de soutien à l'émergence, qui vise la professionnalisation et l'intégration à l'industrie musicale des artistes en tout début de carrière.
Annuellement, c'est une quinzaine d'artistes que nous aidons. Dans ses autres programmes, la fondation a également mis en place des critères qui priorisent les artistes émergents. Annuellement, sous le volet « Nouvelles oeuvres musicales », ce sont 210 demandeurs distincts, exclusion faite des auteurs-compositeurs, qui bénéficient de notre appui. Le nombre de bénéficiaires ainsi que leur éclectisme, soit les artistes, les producteurs de disques ou de spectacles, les maisons de disques, les gérants, les éditeurs, les distributeurs et les associations du secteur musical, confirment qu'il y a dans le respect de la qualité, de la diversité et du renouvellement de la discipline une voie d'accès au financement pour tous les acteurs de l'industrie musicale.
En bref, quelques résultats témoignent de la portée de nos interventions, et ce, malgré les temps extrêmement difficiles que traverse l'industrie musicale. En quatre ans, 20 projets que nous avons soutenus ont reçu une certification et plus de 200 prix ont été remis à des projets et à des artistes que nous avons soutenus. Seulement en 2013, parmi les 20 albums d'artistes canadiens en musique francophone les plus vendus, 11 avaient bénéficié de notre appui.
En 2012-2013, les quelque 25 producteurs reconnus ayant bénéficié de notre soutien ont investi près de 50 millions de dollars dans le secteur.
C'est dire que, grâce au Fonds de la musique du Canada et aux radiodiffuseurs privés, chaque dollar investi par Musicaction a contribué à générer chez ces entreprises plus de 14 $ en revenu autonome.
Maintenant, voyons les trois derniers mandats. Ils ont tous été renforcés ces dernières années par l'octroi de montants supplémentaires par le ministère pour des interventions spécifiques, sous le volet « Initiatives collectives ».
Premièrement, il y a l'appui aux communautés francophones en situation minoritaire. En 2008, Patrimoine canadien a confié à Musicaction la gestion du programme « Vitrines musicales », dont le principal objectif est de stimuler la programmation d'artistes francophones en situation minoritaire dans le cadre d'événements et de tournées d'envergure.
En chiffres, au cours du premier quinquennat de ce programme, il y a eu 70 artistes qui ont été soutenus, plus de 200 vitrines nationales qui ont été présentées et une cinquantaine de tournées nationales et plus de 250 prestations qui ont eu lieu à l'extérieur du pays. Cette présence marquée et en continu sur les scènes d'ici et d'ailleurs aura eu comme résultat probant l'émergence d'un nombre important de jeunes artistes. Citons à cet égard Damien Robitaille, de l'Ontario, ainsi que Radio Radio et Lisa LeBlanc de l'Acadie.
Le deuxième mandat est le développement des marchés numériques. En complément des actions individuelles numériques soutenues, un financement additionnel dédié de la part du ministère du Patrimoine canadien est investi depuis 2010-2011 dans des projets numériques collectifs afin d'accroître le contenu en format numérique disponible, mais également d'accroître sa visibilité parmi l'éventail infini de l'offre disponible et accessible en ligne.
Le spectre des 29 projets financiers est très large. Il va d'une application mobile pour un grand festival avec lien de téléchargement, à l'adaptation et à l'intégration d'une structure de distribution numérique internationale. Bref, ces nouveaux projets de diffusion, de monétisation, de création de contenu original exclusif ont certes contribué à un meilleur positionnement de la musique canadienne francophone sur le Web.
Les rencontres furtives entre les professionnels des technologies de la musique, les activités de présentation de projets, les consultations individuelles d'experts, les consultations collectives et les comités numériques permanents sont autant d'exemples d'initiatives menées par la fondation pour promouvoir le programme et stimuler l'émergence de nouveaux projets. Car, même si les premiers jalons ont été posés pour permettre le dialogue et stimuler les réflexes, beaucoup reste à faire pour optimiser l'offre et occuper l'espace numérique.
Finalement, le troisième mandat sous les Initiatives collectives est le développement des marchés internationaux. Par son appui à la présentation de vitrines, aux activités de réseautage et à la tenue de kiosques collectifs, ce programme a permis de développer de nouveaux partenariats avec plusieurs des plus prestigieux festivals internationaux. Mentionnons les Francofolies de Spa et de La Rochelle, le Printemps de Bourges ou le WOMEX, qui offrent une visibilité accrue auprès de professionnels étrangers.
Au cours des trois premières années d'existence, 203 artistes ont bénéficié de ce programme et 196 vitrines ont été présentées dans 29 événements différents, principalement à l'étranger. Le résultat est l'augmentation de demandes individuelles en matière de commercialisation internationale. Jamais les artistes canadiens n'ont autant circuler en Europe francophone.
En guise de conclusion, voici les quatre constats relativement aux enjeux actuels.
D'abord, il faut investir davantage et mieux ce nouvel écosystème numérique en constante évolution afin d'être plus visible et plus accessible.
Deuxièmement, face à l'émergence de nouveaux modèles d'affaires, les programmes d'aide doivent avoir la souplesse nécessaire pour répondre à une industrie qui est en constante mutation.
Troisièmement, avec l'ouverture des frontières, l'exportation sur les marchés cibles devient une avenue incontournable.
Quatrièmement , en définitive, le défi demeure de s'assurer que les artistes et artisans d'ici peuvent, d'une part, continuer de réaliser des productions de qualité et, d'autre part, avoir les moyens nécessaires pour se démarquer, autant sur le marché canadien que sur les marchés d'exportation cibles, et ce, évidemment, à travers l'univers numérique.
Je vous remercie de votre attention.
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Monsieur le président et membres du comité, je suis François Bissoondoyal, président du conseil d'administration de RadioStar et également directeur, Disques, de l'Équipe Spectra.
Avant de vous présenter un bref historique du Fonds RadioStar, de ses objectifs et de ses résultats étant donné qu'il a été témoin des changements technologiques au chapitre de la consommation de musique canadienne, permettez-moi d'abord de vous remercier de nous avoir invités.
Le Fonds RadioStar a été constitué en 2001. C'est un organisme sans but lucratif qui découle de l'application de la politique de 1998 concernant la radio commerciale du CRTC. Cette politique prévoyait le versement d'une contribution financière de 3 % de la valeur des transactions d'acquisition d'entreprises de radio à un fonds de commercialisation de la culture canadienne.
Visant à promouvoir la culture canadienne de langue française et destiné en priorité aux artistes en développement de carrière, le Fonds RadioStar a été officiellement lancé en août 2001, avant même que le premier impact de l'évolution du comportement du consommateur vers le numérique se soit fait pleinement sentir sur l'industrie de la musique.
Depuis sa création, la Fondation Musicaction est le gestionnaire désigné de RadioStar, sous l'autorité d'un conseil d'administration indépendant et distinct de celui de Musicaction. Le Fonds RadioStar bénéficie donc ainsi d'une expertise qualifiée et de moyens optimaux pour accomplir son mandat.
Par ailleurs, cette double gestion par Musicaction du Fonds RadioStar et des programmes de commercialisation nationale liés au Fonds de la musique du Canada permet, d'une part, de s'assurer de la complémentarité et du véritable effet de levier de l'ensemble de ces programmes et, d'autre part, d'éviter tout dédoublement des dépenses. Ainsi, nous nous assurons que le fonds atteint son objectif d'intervenir à des étapes ultérieures de la commercialisation à celles déjà couvertes par d'autres sources de financement.
Je vais maintenant aborder la question de l'accès au fonds.
Le financement est accessible pour des albums récents et déjà parus ayant atteint un rendement sur le marché. Dans le cas d'une maison de disques reconnue dans le développement de nouveaux artistes, ce financement est accessible un mois avant le lancement, sur la preuve d'un investissement initial effectué dans le projet.
Depuis 20007-2008, le rendement est établi sur l'atteinte des seuils de ventes fixés en fonction de la catégorie musicale et du nombre d'albums en carrière de l'artiste visé. C'est un critère simple et objectif qui a l'avantage d'assurer à la clientèle l'admissibilité de leurs demandes à l'atteinte du seuil de ventes requis, comme en fait foi le taux d'acceptation des projets reçus depuis ce changement, qui avoisine les 99 %. Ce critère permet aux entreprises une souplesse d'agir en investissant au moment le plus opportun pour assurer les meilleures conditions de réussite des projets liés au développement de la carrière des artistes.
L'un des autres principes fondamentaux du fonds est, rappelons-le, d'accorder en priorité du financement aux artistes en début de carrière. Les seuils sont donc moindres pour les premiers albums pour faciliter l'accès au fonds. En moyenne, depuis 2007-2008, 65 % des projets financés sont liés à des artistes comptant au plus deux albums en carrière.
Voici d'ailleurs quelques chiffres et quelques résultats qui sont liés au financement octroyé.
Depuis ses débuts jusqu'au dernier exercice en août 2013, le Fonds RadioStar a appuyé les deuxièmes phases de commercialisation de 544 albums. Ces albums sont liés à 371 artistes différents et neuf projets sont liés à des collectifs d'artistes. Plus récemment, depuis la refonte en 2007-2008, 200 albums soutenus et parus entre 2008 et 2012 ont généré des ventes totales d'un peu plus de 2,8 millions d'unités. De ces albums, 22 ont reçu une certification, soit 10 platine et 12 or.
Au-delà des albums et des artistes, en 12 ans, le fonds a soutenu directement les activités de 145 entreprises différentes, soit 121 maisons de disques et 24 producteurs de spectacles distincts et, indirectement, tous les métiers liés à la commercialisation d'un album, que ce soit celui de pisteur radio, du relationniste de presse, de l'agent de spectacles, de la promotion Web, etc. D'ailleurs, sur ce dernier élément, l'analyse des investissements réalisés dans les projets soutenus démontre un net changement dans les stratégies de mise en marché, qui sont désormais davantage orientées sur le mode plus actuel de consommation de la musique.
Sans délaisser pour autant les moyens dits traditionnels liés à la commercialisation de la musique, il faut occuper tous les espaces. Les stratégies mettent aujourd'hui beaucoup plus d'accent sur la promotion Web, notamment sur la production d'images pour l'Internet et sur le soutien à la scène. Depuis trois ans, 45 % des investissements sont dirigés vers ces postes — 25 % vers le Web et 30 % vers la scène —, contre 28 % en 2004-2005.
Pour maintenir la pertinence de ses interventions, le fonds procède à des ajustements continus de ses paramètres en fonction de l'analyse des tendances et des consultations menées auprès de l'industrie.
Par exemple, dès la confirmation des nouveaux revenus découlant de la transaction Bell-Astral et après consultation auprès de représentants de l'industrie, le fonds procédait à l'adoption immédiate, avec l'approbation de son conseil d'administration et du CRTC, d'une série de mesures bonifiant l'aide disponible. Compte tenu du fait que les besoins en promotion sont absolument criants, notamment en raison du contexte de transition de l'industrie vers le numérique, on a décidé d'agir le plus rapidement possible tout en réservant une partie de ces revenus pour prolonger la vie du fonds. C'est une souplesse qui permet également de mettre de l'avant des initiatives alternatives au soutien financier des projets individuels et, donc, au bénéfice de l'ensemble de l'industrie.
Récemment, en 2012, le fonds ajoutait à son programme d'aide à la commercialisation un volet « Projets collectifs ». Ce volet a soutenu la réalisation d'une étude portant sur les habitudes de consommation, le profil sociodémographique, la recherche de nouveautés et le déclenchement d'un processus d'achat de produits musicaux francophones auprès de 5 000 répondants. Les résultats de cette étude ont été traduits en un guide pratique sous la forme d'un site Web accessible à l'ensemble des acteurs de l'industrie.
En terminant, permettez-moi de conclure avec quelques constats relatifs aux enjeux actuels auxquels fait face l'industrie.
Premièrement, la démocratisation des moyens de production a entraîné une abondance de contenus sur le marché. Par conséquent, bien qu'il faille un contenu original et de qualité, pour se démarquer, la mise en marché est plus que jamais le nerf de la guerre.
Deuxièmement, la diversification des canaux de promotion et de distribution, l'augmentation des coûts liés à la mise en marché et la concurrence globale, notamment avec les mégastars, requièrent des budgets de commercialisation de plus en plus importants. Hormis les quelques succès instantanés, le développement de carrières s'effectue sur une période beaucoup plus longue qu'auparavant, sans parler des artistes établis qui doivent pratiquement repartir à zéro ou tâcher de maintenir l'intérêt. Il faut donc investir davantage.
L'enjeu pour nous consiste à assurer un accès équitable au financement en maintenant un juste équilibre entre la demande, les objectifs du fonds et sa capacité financière.
Je vous remercie.
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Je peux commencer par la deuxième question et, pour être bref, je dirais que je suis sûr que nous avons des points faibles.
Permettez-moi de vous parler un peu de l'accès, parce que c'est l'un des thèmes qu'ont soulevés certains. Tout le monde peut avoir accès à FACTOR. Ce n'est pas une chasse gardée pour seulement un groupe de maisons de disques indépendantes qui ont le monopole sur le financement.
Tout artiste, de n'importe où au pays, qui veut lancer sa carrière, peut avoir accès à FACTOR et à une subvention de 1 500 $ pour enregistrer une maquette d'audition ou un disque de courte durée. D'ailleurs, un groupe ou un artiste qui se fait inviter à un festival légitime au Canada peut recevoir un financement allant jusqu'à 5 000 $ pour s'y rendre, peu importe sa réalisation. Nous avons des programmes de débutants pour les artistes partout au pays.
J'ajouterais que la répartition du financement entre les régions est très équitable, et c'est important. Je pense d'ailleurs que quelqu'un a déjà souligné ce fait: alors que 80 % des entreprises musicales se trouvent en Ontario, seulement 59 % de nos approbations sont dirigées sur l'Ontario. Il y a donc une disproportion. Le pourcentage des approbations en Ontario est supérieur — 52 % — et toutes les provinces reçoivent à peu près autant, comme je le disais. Donc, si quelqu'un nous propose un projet, les probabilités de le faire financer sont les mêmes, que cette personne soit à Terre-Neuve, à Victoria ou à Toronto.
Des idées fausses ont circulé, je pense, au sujet de... La dernière chose dont j'ai parlé, et j'en parle dans nos notes d'information, c'est que nous avons été la première organisation à adopter un mode de financement qui n'est pas uniquement fondé sur la vente de CD matériels, qui était l'ancien modèle de décompte des unités. Nous avons maintenant adopté une méthode de mesure de succès commercial d'une entreprise qui tient compte de toutes les formes de distribution, y compris le numérique, et en ce qui concerne l'artiste, nous avons aussi supprimé cette condition singulière. Maintenant, nous avons 17 mesures qui portent sur toutes les activités de l'artiste, y compris les activités numériques, les tournées, les spectacles en direct...
Je pense que notre méthode est extraordinairement solide. S'il faut parler de points faibles, nous ne pouvons pas tout couvrir. Il y en a qui aimerait qu'on puisse, pour citer le président, nous étaler comme du beurre d'arachide et tout couvrir. Ce n'est tout simplement pas possible. Les besoins dépassent parfois nos moyens. Même si d'aucuns diraient peut-être que ce n'est pas forcément une faiblesse, je dirais qu'à force de devoir composer avec ces enjeux, cet aspect devient problématique pour nous.
Votre question me permet de mettre en évidence une différence fondamentale entre le financement de FACTOR et celui de Musicaction quant à la pérennité de l'organisation.
Duncan M. McKie vous a parlé des trois dernières transactions majeures qui sont intervenues au Canada dans l'univers de la radiodiffusion. Vous vous rappellerez que la transaction touchant Standard Radio ne visait aucune station francophone, que celle de CHUM ne visait aucune station francophone et que celle de Bell-Astral, de mémoire, concernait 23 stations francophones sur un portefeuille d'une centaine de stations.
Si on fait un calcul rapide, il y a eu des investissements importants qui se transformeront en avantages tangibles au profit du financement à très long terme de FACTOR, ce dont Musicaction et même RadioStar ne bénéficient pas à la même hauteur. Cela ne change rien aux investissements du gouvernement, mais il n'y a pas, toutes proportions gardées, de fonds de réserve de l'ordre d'une trentaine de millions de dollars même chez Musicaction.
Pourquoi vous dis-je que cela mène à la même réponse? Évidemment, devant une telle réalité financière et étant donné que l'industrie de la musique vit des soubresauts depuis plusieurs années, les programmes ne peuvent pas être coulés dans le ciment et être immuables pendant plusieurs années.
Notre conseil d'administration a eu la sagesse d'instaurer un mécanisme de révision permanente de nos programmes. Il faut résister à la tentation de sauter sur le modèle le plus à la mode. Chaque année, de nouveaux modèles se pointent le nez et nous pourrions être tentés de les adopter, mais nous ne le faisons pas. Nous avons été à l'avant-garde pour ce qui est du numérique.
Chaque année, nous mettons sur pied plusieurs projets pilotes, par exemple dans le domaine de la gérance au plan international. Dans le cas de certains produits commercialisés, nous invitons carrément l'industrie à nous soumettre de nouveaux projets en lui demandant quelle initiative pilote pourrait répondre à des besoins venant de surgir. Évidemment, ce n'est pas un important pourcentage de nos fonds qui y est consacré, mais nous le faisons suffisamment pour pouvoir tester le marché.
Il faut être souple, et ce, en collaboration avec Patrimoine canadien. En théorie, selon nos ententes, Patrimoine canadien pourrait nous dire de garder notre plan d'action et qu'elle nous reverra dans cinq ans, mais ce n'est pas le cas. Nous discutons souvent avec notre organisme subventionnaire. Les radiodiffuseurs jouent le jeu également. Ils pourraient bien faire un chèque en début d'année et s'en laver les mains. Au contraire, les membres du conseil d'administration qui représentent des radiodiffuseurs sont à l'écoute des gens de l'industrie de la musique. Ils participent à des comités de révision et ils adoptent de nouveaux programmes de temps à autre.
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Monsieur le président, membres du comité, merci de l'occasion qui m'est donnée de vous adresser la parole.
Dans mes remarques, je m'efforcerai de résumer les divers thèmes qui se sont dessinés au fil des mois. Un grand nombre des idées qui vous ont été présentées répètent celles qui sont proposées dans notre rapport, Le prochain Big Bang, que j'ai ici avec moi et que divers témoins ont déjà cité à plusieurs reprises.
Ce rapport a été élaboré à peu près dans le même esprit que votre étude, c'est-à-dire dans le but d'encadrer une nouvelle stratégie pour l'industrie de la musique. Ce faisant, nous avons dû tenir compte du contexte de la musique numérique, des tendances des consommateurs, de la découverte musicale et de l'importance croissante des spectacles pour ce qui est des revenus des artistes. Le rapport porte sur plusieurs points de vue recueillis dans le cadre d'entrevues et il présente des chapitres complets auxquels ont contribué des experts du domaine. Ainsi, ce rapport représente l'ensemble de la pensée du milieu dans son sens le plus large.
Nous nous sommes concentrés sur cinq grandes stratégies: l'éducation musicale, l'innovation numérique, le tourisme musical, l'expansion des exportations et les crédits d'impôt interconnectés. Bien entendu, aucun rapport digne de ce nom ne cesse d'évoluer et, depuis la publication de ce rapport en 2013, nous avons poussé et raffiné notre pensée afin d'y inclure la célébration de la musique et le rôle de celle-ci dans les villes et les collectivités.
Mais parlons d'abord de l'éducation musicale. Un grand nombre de témoins ont parlé avec passion de l'importance de l'éducation musicale. En effet, l'éducation musicale permet de développer des compétences comme la pensée critique, le raisonnement spatial, le développement cognitif, la collaboration et la créativité. Une étude du Conseil des technologies de l'information et des communications confirme que les travailleurs des TIC qui ont fait de la musique réussissent mieux dans leurs domaines.
De nombreux témoins ont également affirmé que l'éducation musicale engendre un plus grand respect pour le processus créatif. Un sondage réalisé en 2010 dans des écoles a révélé toutes sortes de lacunes, notamment une pénurie d'enseignants qualifiés, une insuffisance de temps d'enseignement de la musique et un manque de financement pour ces programmes. Entretemps, de nouvelles mesures de compressions visant l'éducation musicale ont été très critiquées à Toronto et à Vancouver. Bref, les appels pour une stratégie d'éducation musicale nationale ont été confirmés et appuyés par des témoins aussi divers que le Prix de musique Polaris, Live Nation et SiriusXM.
Mike Tanner, de North by Northeast, estime que le gouvernement fédéral doit jouer un rôle dans la « création d'un changement culturel et d'une identité nationale fondée sur la musique et l'éducation musicale ». Nous sommes tout à fait d'accord. Le gouvernement fédéral jouit d'une grande autorité et influence, et nous vous encourageons à en user pour collaborer avec des chefs de file dans le secteur de la musique et créer un grand plan en matière d'éducation musicale.
En ce qui concerne l'innovation numérique, les thèmes qui reviennent souvent sont le potentiel de l'environnement numérique et la capacité de s'y adapter. Or, la promesse utopique d'Internet ne s'est pas encore pleinement concrétisée au Canada et ce, en dépit du portrait optimiste qu'en brossent certains. Même si, en 2013, pour la première fois, les revenus issus du numérique ont dépassé ceux du marché physique au Canada, il reste que les ventes du numérique ne compensent toujours pas toutes les ventes physiques perdues. Au Canada, les ventes de musique numérique par habitant sont inférieures de 150 % aux ventes équivalentes aux États-Unis. Malgré l'offre d'excellents nouveaux services numériques au Canada, nous sommes toujours à la remorque des autres marchés musicaux dans le lancement de ces services. Nous ne sommes pas des innovateurs; nous sommes des suiveurs.
Nous commençons à constater une certaine migration vers les nouveaux services numériques qui permettent aux consommateurs d'écouter de la musique n'importe où et n'importe quand, et la structure de revenu suit un modèle de services d'abonnement. Malheureusement, des milliers d'écoutes grâce à ses services ne procurent toujours pas de revenus décents aux artistes et autres intervenants du secteur. Alors qu'auparavant, les créateurs touchaient l'essentiel des revenus, ce sont maintenant des intermédiaires technologiques qui amassent des fortunes mirobolantes. Les intermédiaires s'en prennent souvent aux victimes, les accusant d'être réactionnaires, comme si nous vivions dans un monde antédiluvien où nous devons soit nous adapter, soit disparaître. Comme l'artiste militant David Lowery l'a bien dit, l'ancien patron est remplacé par un nouveau. Le pouvoir et la richesse sont maintenant concentrés entre les mains des intermédiaires, c'est-à-dire des entreprises de technologie qui contrôlent l'accès et la distribution de la musique. Et qu'en est-il des artistes? Lowery affirme que 99 % d'entre eux crèvent de faim et que 1 % seulement s'enrichit.
Selon une étude publiée par la CIMA, un artiste moyen gagne 10 000 $ grâce à sa musique en y consacrant 29 heures par semaine. Ce n'est pas, me semble-t-il, un emploi professionnel à plein temps. Ce n'est pas fameux.
La réalisatrice canadienne, Astra Taylor, vient de publier un livre intitulé The People's Platform. À titre de décideurs, vous devez absolument le lire. Selon l'auteure, la différence entre l'ancien patron et le nouveau est que le nouveau n'investit pas dans le développement des artistes et ne verse pas des avances. Vous devez absolument lire son livre. Elle est très critique à notre égard, tout comme à l'égard d'autres, mais elle apporte une nouvelle perspective, voire une perspective équilibrée au débat.
La question qui se pose est donc: qu'allons-nous faire et quelle est notre responsabilité collective?
Eh bien, on peut faire en sorte qu'il soit plus facile de lancer et d'exploiter les nouveaux services numériques au Canada. Un grand nombre de témoins ont déjà critiqué la lenteur du processus décisionnel de la Commission du droit d'auteur, qui fait pourtant de son mieux, et l'incertitude de l'encadrement juridique. Dotée d'outils, de personnel et de financements adéquats, la commission pourrait se convertir en bureau de développement commercial.
Le Parlement devrait également autoriser les titulaires de droit et les services numériques à faire affaire en se fondant directement sur les principes du libre marché, plutôt que de les obliger à attendre des années avant d'avoir une décision de la Commission du droit d'auteur et des tribunaux, auxquels on renvoie souvent des décisions de la commission, afin qu'ils décident de la juste valeur marchande d'une transaction. Ce nouvel environnement permettrait aux entreprises de se lancer en affaires en toute certitude et il autoriserait la valorisation juste et équitable des droits pour permettre à tout artiste canadien de vivre de sa musique plutôt que d'en faire un hobby.
Enfin, il y a la question du piratage. Le piratage appuyé par les publicités continue d'être un fléau pour les créateurs. L'environnement numérique semble être rempli de services illégaux qui ne rémunèrent pas les artistes ou titulaires de droits. Un grand nombre d'entre eux paraissent légitimes aux yeux des consommateurs, avalisés comme ils le sont par des intermédiaires et d'autres moteurs de recherche. Toutefois, malgré les prétentions de ces services, leurs résultats de recherche continuent de promouvoir des liens vers des sites illégaux. On a donc l'occasion de lutter contre ce fléau grâce à la coopération internationale.
Maintenant, en ce qui concerne le tourisme musical, d'autres témoins, promoteurs de musique et professionnels du tourisme, ont parlé de façon convaincante de la puissance et du potentiel du tourisme musical pour le Canada. David Goldstein, de l'Association de l'industrie touristique du Canada, a souligné que le Canada est passé du huitième au dix-huitième rang parmi les destinations touristiques internationales de choix.
De plus, il a expliqué que la musique est un élément de motivation pour les voyageurs, car c'est « un produit touristique parmi les plus attrayants au Canada pour stimuler la croissance économique dans toutes les régions du pays ». La Commission canadienne du tourisme, pour sa part, a relevé l'importance des festivals et événements musicaux comme éléments de motivation chez les jeunes voyageurs. Or, ces activités bénéficient directement les artistes et musiciens puisqu'elles contribuent à leur principale source de revenus, c'est-à-dire la prestation musicale sur scène.
Le Bluesfest d'Ottawa a recommandé la tenue d'une étude sur l'incidence économique nationale de la musique en direct. Nous appuyons cette idée à 100 % et nous sommes justement en train d'élaborer une telle étude pour la province de l'Ontario. Toutefois, avec le soutien de Patrimoine canadien, nous serions très heureux de l'étendre à l'ensemble du pays.
En ce qui a trait à l'expansion de l'exportation musicale, il est clair que l'exportation est un élément clé du développement de la carrière de n'importe quel artiste. À cet égard, le rapport Le prochain Big Bang s'appuie largement sur les observations de la CIMA et de FACTOR. La croissance du marché musical international est très bénéfique pour les artistes comme pour les entreprises musicales. C'est sans compter la réputation du Canada, car comme Duncan l'a laissé entendre, nos musiciens et artistes se convertissent en ambassadeurs de la diversité et de la créativité canadiennes. À ce titre, ils font partie de l'image de marque canadienne. Notre rapport recommande l'adoption d'une approche nationale cohérente pour l'exportation de la musique, ainsi que la création d'un fonds pour la mise sur pied d'un bureau national d'exportation.
Enfin, il y a les crédits d'impôt interconnectés. Plusieurs témoins vous ont demandé de mettre à jour le régime de crédits d'impôt. On parle souvent du succès du système de production d'émissions de télévision et de films du Canada, qui est attribuable, en grande partie, à un système de crédits d'impôt stable et robuste pour les entreprises nationales et étrangères.
Les crédits d'impôt sont employés pour soutenir les industries qui consentent des investissements importants en R-D. Or, c'est exactement ce que fait notre secteur. Dans le monde de la musique, le développement des artistes constitue notre R-D, et pour toutes les raisons exprimées tout au long de vos audiences, il est plus difficile que jamais d'obtenir un rendement sur cet investissement.
Je vous exhorte à revoir le cadre actuel des crédits d'impôt et de le mettre à jour en fonction des témoignages que vous avez entendus jusqu'ici, en tenant compte des aspects comme la production, les tournées, les programmes de prix et le développement numérique.
Merci.
Le Radio Starmaker Fund est le pendant anglais de Fonds RadioStar. Nous avons commencé à distribuer des fonds en 2001.
D'une certaine façon, nous avons la vie facile, car nous nous concentrons sur l'aspect commercial du secteur. On m'a confié la tâche de mettre sur pied le fonds en 2001. Les radiodiffuseurs m'ont pressenti car j'étais un avocat spécialisé dans le secteur du divertissement qui représentait exclusivement des artistes. J'avais donc la tâche facile de décider quels étaient les besoins.
Je connaissais de première main les défis qu'affrontaient les artistes, comme le disait Graham. Il y a le mythe de l'artiste à succès qui vit dans le luxe. Il gagne un disque d'or et un Juno, puis il passe sa vie aux Bahamas à boire des cocktails au rhum, et tout baigne. Bien entendu, ce n'est absolument pas la réalité. En fait, les artistes se battent au quotidien. Alan pourra vous le confirmer.
Dès le départ, comme Graham l'a dit, nous nous sommes concentrés sur certains éléments en particulier, notamment les tournées, puisque les tournées nationales et internationales sont si importantes pour la carrière d'un artiste. Nous avons pris cette orientation en 2003. Ayant collaboré avec des groupes depuis des années, je savais exactement combien les tournées internationales coûtent. Je dois rendre à César ce qui appartient à César. Le CRTC avait d'abord prévu de financer les tournées au Canada, mais il nous a tout de suite permis de financer les tournées internationales.
Nous avons actuellement cinq programmes.
Il y a le marketing et les tournées nationales, ce qui représente à peu près la moitié du budget. Nous distribuons 7,5 millions de dollars par année. Comme l'expliquait Duncan, nous nous situons sur la même courbe que FACTOR, car nous nous répartissons les fonds. Nous avons également structuré nos budgets sur des cycles de trois et de sept ans. Nous avons un modèle d'immobilisations de sept ans. Nous dépensons notre argent sur une période de sept ans afin que le secteur puisse compter sur du financement stable et prévisible.
Les cinq programmes sont donc: marketing national, tournée nationale, tournée internationale, marketing international et développement de l'industrie à l'échelle nationale. Par exemple, dans le cadre du Festival international du film de Toronto, nous organisons le Festival Music House, où des artistes canadiens se produisent.
Le volet des tournées engloutit près de 5 millions du budget de 7,5 millions de dollars.
Notre conseil est composé de 10 experts de l'industrie. Nous possédons un niveau extrêmement élevé d'expertise. Nous avons des gens comme Alan et le président d'Universal, Randy Lennox, ainsi que le président de Warner Music, Steve Kane, des directeurs de programme de haut niveau et des radiodiffuseurs. Nous avons également des représentants de labels indépendants, tels que Ric Arboit, président de Nettwerk records. Les décisions sont donc prises par d'excellentes personnes.
Les tournées sont importantes pour les artistes, car les recettes vont directement dans leurs poches. Elles leur permettent de se faire connaître et constituent donc un capital. Les labels ne participent plus au financement des tournées. Les artistes sont livrés à eux-mêmes. C'est pourquoi nous leur faisons des chèques afin qu'ils puissent se faire connaître. Ils font peut-être trois disques, mais en tirent ensuite 15 années de tournée.
Prenez, par exemple, le groupe Sloan, avec qui je collabore. Les membres du groupe ont produit leurs oeuvres à la fin des années 1990. Or, ils sont toujours en tournée et jouent des chansons de ces albums. Comme k.d. lang leur a dit, on produit trois disques et on passe le reste de sa vie à en chanter les chansons. C'est la réalité pour un grand nombre de groupes, et c'est leur gagne-pain...
M. Alan Doyle: S'ils ont de la chance.
Des voix: Oh, oh!
M. Chip Sutherland: Désolé, Alan, mis à part votre carrière solo, couronnée de succès, qui va plus loin...
Mais comment demeurer pertinent à partir de maintenant? Comme je le disais, nous nous concentrons sur le marketing et les tournées. Nous ne faisons pas de disques. Il faut avoir des ventes pour avoir accès au Fonds Starmaker, donc on présume que vous avez déjà produit des disques et des vidéos. Nous essayons d'apporter cet élément supplémentaire afin d'aider les artistes à voler de leurs propres ailes et à se faire connaître sur la scène internationale.
Nous essayons de maintenir un taux de nouveaux artistes de 20 %. Notre moyenne est d'environ 21 %. Nous ne nous contentons pas de donner de l'argent toujours aux mêmes. Chaque année, il y a de nouveaux artistes, ce qui est très encourageant et ce qui veut dire qu'il y a toujours de nouveaux musiciens qui prennent la relève. Nous gérons nos seuils de financement de façon à nous assurer que les niveaux de vente qui donnent accès au fonds demeurent pertinents. Nous approuvons 91 % des demandes, c'est-à-dire que si vous atteignez le seuil d'admission au fonds, vous avez 90 % de chance d'être approuvé, car nous gérons tous les paramètres très prudemment.
Nous continuons à nous concentrer sur les programmes internationaux. Il y a deux ans, nous avons étendu nos initiatives numériques afin de donner une plus grande souplesse aux groupes qui souhaitaient innover du côté numérique. Ils peuvent maintenant obtenir du financement à cet égard. Nous avons maintenu une approche axée sur l'artiste, ce qui veut dire que nous ne jugeons pas les artistes en fonction de l'emplacement de leur entreprise. S'ils gèrent eux-mêmes leur carrière, nous les finançons. S'ils ont signé un contrat avec Universal, nous les finançons également. Et s'ils collaborent avec un label indépendant, comme Nettwerk, cela ne nous empêche pas non plus de les financer. Nous nous intéressons à l'artiste même, et l'ensemble du secteur en profite.
Alan.
Permettez-moi de vous dire que je suis ravi d'être ici. Ce n'est toutefois pas mon décor habituel. Je dois vous l'avouer; cette salle a quelque chose d'impressionnant. Je voudrais également souligner le bon travail des interprètes et des traducteurs derrière la vitre là-bas. Je vais faire de mon mieux pour contenir mon accent terre-neuvien.
En tant qu'artiste, je suis ravi d'être ici car cela me donne l'occasion, devant les membres du comité, de remercier tous les autres groupes qui ont témoigné aujourd'hui, y compris FACTOR, Graham, Neill et les autres car des amis, des collègues et moi-même avons profité de leurs bons offices au fil des ans.
Je dispose de peu de temps, mais je voudrais expliquer pourquoi j'ai été attiré par le Fonds Starmaker. C'est tout simplement parce que le fonds vient appuyer un musicien ou un acteur lorsqu'il en a le plus besoin et dans les situations les plus risquées et les plus coûteuses. On peut passer 5 ou 10 ans à se tailler une carrière pour être reconnu à l'échelle nationale, mais l'étape suivante en est une de taille. Passer de la scène locale à une scène plus importante signifie que les dépenses triplent. Les dépenses et les risques quadruplent quand on passe de la scène d'un théâtre à celle d'un stade sportif. Si l'on souhaite se produire aux États-Unis, en Australie, en Allemagne ou dans un autre pays, pour devenir un artiste de classe internationale, on doit faire face aux plus gros risques et aux plus grosses dépenses de toute sa carrière. Je suis bien placé pour le savoir.
À la fin des années 1990, Great Big Sea a signé un contrat avec Sire Records aux États-Unis. Nous étions très emballés, et nous nous sommes dits: « Bravo, nous avons un contrat aux États-Unis. Nous avons réussi. Essayons de mettre une chanson sur les ondes américaines. » On nous a répondu: « Très bien, mais voici ce qu'il en coûte pour faire jouer une chanson à la radio pour une semaine et demie. » Je ne me souviens pas exactement, mais c'était environ 125 000 $ pour que la chanson passe à la radio, et c'est la partie facile, une fois que le travail a été fait.
C'est à ce moment-là qu'on commence à embaucher des gens à long terme. Si on en arrive à cette étape-là, les gens qui travaillaient pour vous toutes les deux semaines sont soudainement embauchés à temps plein. L'une des choses qui m'a rendu fier quand j'étais avec Great Big Sea, c'était de voir 14 ou 15 personnes dans l'autobus qui payaient leur prêt hypothécaire grâce à nous. C'était formidable.
Le Fonds Starmaker vous vient en aide quand vous en avez le plus besoin.
Comme je l'ai dit, je suis reconnaissant envers les gens et les groupes qui sont représentés ici aujourd'hui. C'est pour cette raison que je suis venu, et je vous remercie de me permettre de répondre à vos questions, si vous en avez, en ce qui concerne mon expérience.
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Bonjour à tous. Je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Je suis le président de la Canadian Music Week. Après 32 ans d'existence, la Canadian Music Week est maintenant le festival musical et médiatique le plus influent au Canada. Tous les ans, nous attirons 3 000 délégués de plus de 32 pays. Le festival permet à 1 000 artistes de se produire sur plus de 60 scènes au coeur de Toronto devant plus de 160 000 fans. Les retombées économiques sont évaluées à 16 millions de dollars par année. En fait, le dernier festival s'est terminé avant-hier. Ainsi, si j'ai l'air un peu fatigué...
La CMW contribue à la formation et à l'épanouissement d'artistes et de professionnels de la musique de demain et fait connaître des artistes canadiens et leurs oeuvres dans le monde entier. Notre slogan est: « Faire venir le monde entier au Canada et livrer la musique canadienne au monde entier ». Parmi ses principales activités, la CMW offre de la formation musicale, organise des concerts, cherche de nouveaux talents pour les faire découvrir, et fait de l'exportation, du commerce international et du tourisme musical.
Au cours des 10 dernières années, les efforts de la CMW ont permis d'augmenter de plus de 500 % le nombre de PDG étrangers de l'industrie de la musique qui viennent au Canada, ce qui s'est traduit par des milliers de dollars de nouveaux débouchés commerciaux dans des pays comme le Japon, l'Australie, la Chine, l'Inde, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l'Asie du Sud-Est, des pays de l'Amérique latine et, bien sûr, les États-Unis.
On a pu entendre un grand nombre de chansons canadiennes dans des films et des émissions de télévision. Avec des experts, nous avons organisé des séances de formation en marketing pour l'exportation. Ainsi, on a une meilleure compréhension dans l'industrie du processus d'exportation et des moyens de mieux tirer parti des débouchés à l'exportation.
Avant de diriger la CMW, j'étais musicien de carrière. Vous ne le saviez sans doute pas.
Une voix: Maintenant, c'est un musée ambulant.
Des voix: Oh, oh!
M. Neill Dixon: Vous conviendrez avec moi que cela ne payait pas les factures. Ainsi, je me suis servi de mes talents de gestionnaire en tant qu'agent auprès d'artistes pendant les 16 années qui ont suivi, et j'ai fait de l'édition chez Solid Gold Records, qui était le plus gros label indépendant de l'époque dans les années 1970.
D'entrée de jeu, je pense que FACTOR et Starmaker font un travail remarquable. Si les fonds viennent à manquer, nous devrions maintenir le statu quo, mais il y a beaucoup de projets fort valables qui sont sous-financés. Ma première recommandation est donc de financer davantage FACTOR et les autres initiatives en général.
J'ai constaté une énorme évolution dans le secteur au fil des ans, la technologie ayant des conséquences à la fois positives et négatives. Malheureusement, le monde numérique est mal réglementé, et les auteurs et compositeurs ont constaté que les revenus provenant de la reproduction, de la distribution et de la représentation de leurs oeuvres s'étaient presque taris. Depuis l'an 2000, les redevances habituelles n'ont cessé de diminuer.
Ce phénomène a également eu de profondes répercussions sur la CMW, car on constate une diminution de la présence de représentants de maisons d'édition et d'artistes. Même les multinationales n'y ont pas échappé. Cela nous a forcés à nous mondialiser et, heureusement, nous avons pu tenir le coup pendant ces temps difficiles, où la concurrence internationale était féroce.
Je reviens aux redevances. Quand le gouvernement canadien a refusé de reconnaître l'apparition des médias modernes, des lecteurs MP3, des téléphones intelligents, des clés USB et de tous les autres appareils qui permettent de reproduire des milliers d'oeuvres, il a renoncé à percevoir les droits pour cette nouvelle génération d'appareils, comme le prévoit la loi, ce qui a fait en sorte que des millions d'oeuvres ont été piratées et entreposées, sans indemnisation pour les créateurs. En transformant les droits en une taxe plutôt qu'une redevance, leur perception est devenue difficile et les artistes en ont pâti.
Je recommande deuxièmement que la Loi sur les droits d'auteur soit modernisée à tout prix pour toutes les nouvelles plateformes médiatiques. Cela contribuerait grandement à garantir que les artistes canadiens continuent d'être rémunérés équitablement pour l'utilisation de leurs oeuvres et puissent vivre de leur art, au lieu de demander l'aumône.
Dans le même ordre d'idées, les fournisseurs de services Internet devraient apporter leur contribution car ils touchent des revenus considérables tirés des abonnements, de la publicité et des ventes, et c'est en partie lié au fait que les gens téléchargent et écoutent en continu des chansons. Toutefois, sauf pour un nombre croissant d'écoutes légitimes, une grande partie de la musique transmise par les FSI ne rapporte pratiquement rien aux créateurs.
Et il n'y a pas seulement les FSI. Des services de diffusion en continu comme YouTube permettent aux gens d'écouter n'importe quelle oeuvre musicale gratuitement. Il est vrai qu'ils vendent de la publicité, mais l'essentiel de ces revenus n'est pas redistribué aux détenteurs des droits. Le gouvernement doit intervenir pour protéger nos droits sur Internet.
J'ai une troisième recommandation. Je conviens de l'utilité d'un bureau central pour les exportations. J'ai passé des années à faire la promotion des talents canadiens dans le monde entier, et je l'ai fait seul, alors j'apprécierais un peu d'appui. Au fil des ans, nous avons créé un réseau de festivals internationaux et avons conclu des accords réciproques de développement des exportations avec d'autres pays pour faire mutuellement la promotion de nos artistes. Je dois ajouter qu'il nous faudra la souplesse nécessaire pour prendre des décisions immédiates afin de tirer parti des débouchés.
Enfin, à propos du tourisme musical, je vous dirais qu'environ 20 % de notre auditoire se trouve à l'étranger. Les chiffres sont encore plus élevés pour ce qui est des délégués d'entreprises. Notre festival jouit d'une énorme couverture publicitaire à l'échelle internationale, et si nous avons l'appui nécessaire pour investir dans nos têtes d'affiche, nous aurons le potentiel de devenir l'un des plus grands festivals au monde.
On a beaucoup entendu parler d'Austin et de Nashville. Récemment, j'étais en Allemagne à titre d'invité de la Commission musicale de Berlin à l'occasion de la Semaine berlinoise de la musique. On m'a donné quelques conseils. Après la guerre, la ville n'avait ni industrie musicale ni attraction culturelle et, jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989, la ville était partiellement en ruine et un grand nombre de jeunes l'avaient quittée. Il y avait donc beaucoup de rattrapage à faire. Le gouvernement berlinois a décidé d'appliquer une stratégie en deux volets pour stimuler le secteur culturel et le secteur technologique. Il a tenu compte du fait que la musique était un moyen d'attirer les jeunes adultes et qu'on pourrait compter sur cette main-d'oeuvre. Il serait par la suite plus facile pour les industries de la technologie d'établir leur siège social à Berlin. L'effort a été couronné de succès. Berlin est désormais une métropole dynamique et une plaque tournante culturelle. La ville est maintenant connue comme étant la capitale musicale de l'Europe.
C'est ce que nous souhaitons reproduire à Toronto.
Merci de m'avoir écouté.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je remercie tous les témoins d'être ici parmi nous.
Madame Courtemanche, je vous remercie de la contribution que votre employeur continue de faire, ne serait-ce que par votre présence ici.
Vous nous avez présenté vos deux collègues. Il s'agit d'abord de M. Sutherland, qui travaille avec Feist. C'est, de toute évidence, une artiste qui a apporté beaucoup, tant sur le plan d'un succès commercial que sur celui d'une marque artistique très particulière. Elle a atteint un niveau de popularité exemplaire. En effet, si Mac ou Apple utilise ses chansons dans une publicité, cela donne une dimension à cette trame sonore qui nous habite tous et dont on est très fiers.
Vous êtes aussi accompagné de M. Doyle.
[Traduction]
Monsieur Doyle, il est évident que vous n'êtes plus un débutant et que vous représentez une forme de patrimoine. Il y a cet aspect dont il faut tenir compte. Ce que vous faites est évidemment de la musique populaire, mais elle est très spéciale et unique et reflète tout à fait d'où vous venez, et c'est très important. Vous faites ce métier depuis 21 ans et depuis le début, vous êtes avec la maison Warner.
À l'époque, j'étais chez Sony et j'y suis resté quatre ans. Ce qui me renverse, c'est que nous sommes en présence d'un solide défenseur en la personne de M. Henderson, qui nous dit qu'il faut changer les choses. Il faut que nous nous mobilisions. Je suis ravi de constater que ces sociétés étrangères sont toujours là. Quand je travaillais pour Sony, nous avons investi dans au moins 10 projets, qui étaient tout à fait locaux.
L'argument que nous avons entendu de tous les témoins, c'est que la nouveauté à l'heure actuelle, c'est les services de diffusion en continu. Vous disiez que nous devrions étayer le bureau des droits d'auteur pour accélérer les choses, mais que recommandez-vous à cet égard? Vous savez tous que l'argent que vous touchez, le petit sou que vous touchez ne suffit pas dans un marché réduit, n'est-ce pas?