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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
Je vais parler un certain temps, puis le reste du panel prendra la relève pour que vous n’ayez pas l’impression après 12 minutes que ma déclaration n’en finit plus.
Je m’appelle Michael Hennessy; monsieur le président, comme vous nous avez présentés aux fins du compte rendu, je ne le ferai pas de nouveau.
Permettez-moi quelques brèves observations générales avant d’aborder certains points précis plus en profondeur. Tout d’abord, grâce au soutien et à la collaboration du gouvernement, nous avons aujourd’hui au Canada une industrie cinématographique de renommée mondiale. Je tiens donc à vous remercier d’entrée de jeu de cet appui, et je remercie tout particulièrement , de son engagement sans faille envers notre secteur.
Nous sommes conscients que le gouvernement saisit très bien l’importance cruciale de l’industrie du long métrage pour contribuer à définir le Canada en tant que nation et à faire connaître les récits des différentes collectivités régionales et de plus en plus des cybercommunautés.
Par ailleurs, le cinéma et le contenu audiovisuel en général peuvent aussi contribuer directement à l’économie nationale par la création d’emplois dans des domaines hautement spécialisés, les capitaux étrangers qu’ils attirent et les exportations qu’ils permettent. De plus, ils peuvent avoir un effet indirect en rehaussant l’image de marque du pays sur la scène internationale.
La politique canadienne du long métrage adoptée par le gouvernement en 2000 affirme clairement que « le cinéma est important ». En outre, votre comité l’a réitéré en 2005, soit la dernière fois qu’il s’est penché sur l’industrie du long métrage. Cela étant dit, nous savons que vous ne cherchez pas à remettre en question l’importance ou la pertinence de l’industrie du long métrage pour les Canadiens, l’économie du pays et l’identité nationale, et nous vous en sommes très reconnaissants. Ce n’est pas là la question. Le but de l’exercice consiste plutôt à explorer les meilleurs moyens de parvenir aux grands objectifs.
Mark.
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Il importe de bien saisir d’emblée ce que nous entendons par long métrage. Un long métrage est un film scénarisé, développé, produit et mis en marché dans le but d’être présenté au cinéma d’abord — c’est-à-dire au grand écran —, même si nous reconnaissons que c’est plus souvent au moyen d’une multitude d’autres plates-formes et en particulier de la télévision que nous le regardons.
Le long métrage est une forme unique de contenu audiovisuel. Il est conçu pour être regardé de façon linéaire et sans interruption, ce qui incite l’auditoire à s’identifier aux personnages et à s’immerger dans le récit. C’est en somme une forme distincte de narration.
Le long métrage a d’autres caractéristiques qu’il importe aussi de souligner. Tout d’abord, c’est coûteux à produire, surtout si vous avez l’intention de vous mesurer avec succès aux meilleurs dans le domaine. Ensuite, la concurrence — en particulier au Canada anglais — est absolument féroce. Compte tenu de ce point et de divers autres facteurs, le long métrage canadien est une entreprise qui présente un risque très élevé pour tous les participants.
Sans la générosité et le soutien constant de tous les ordres de gouvernement, notre industrie cinématographique ne serait que l’ombre de ce que nous avons bâti au Canada ces 50 dernières années. À mon avis, nous avons raison d’être fiers et de nous réjouir des récents succès que nous avons connus à Cannes et de l’importance mondiale qu’a acquise le Festival international du film de Toronto. J’avancerais cependant qu’ensemble nous pouvons et devrions faire mieux.
Nous pouvons et devrions développer notre industrie cinématographique et, ce faisant, multiplier les possibilités d’emploi pour les Canadiens et en particulier les jeunes dans cet important secteur créatif; nous pouvons et devrions faire en sorte que l’industrie contribue davantage à l’économie et à la prospérité du pays; bien honnêtement, nous pouvons et devrions le crier sur les toits pour que tout le Canada, voire le monde entier, le sache.
L’industrie du long métrage au Canada est un secteur d’activité de taille considérable. Elle comporte deux secteurs distincts. D’une part, il y a la production cinématographique canadienne, soit les longs métrages certifiés comme canadiens par le BCPAC ou le CRTC. Ce secteur englobe également les films réalisés dans le contexte de l’un des nombreux traités de coproduction du Canada. D’autre part, il y a la production étrangère et les services de production, c’est-à-dire la production cinématographique faite au Canada par des producteurs travaillant pour le compte de sociétés étrangères qui détiennent les droits d’auteur des films réalisés. Ces sociétés étrangères sont bien souvent des studios de Hollywood, mais ce n’est pas toujours le cas.
La production cinématographique canadienne s’élevait, à elle seule, à 376 millions de dollars en 2013–2014. Ce volume d’activité a soutenu 8 100 équivalents temps plein. Au cours du même exercice, la production étrangère et les services de production se chiffraient à 857 millions de dollars et soutenaient un peu plus de 18 000 équivalents temps plein. Toutefois, ces données ne révèlent qu’une bien petite partie de la réalité. Quand nous regardons l’ensemble de la chaîne de valeur du cinéma et de la télévision — ce qui s’étend certes au-delà du domaine du long métrage proprement dit —, les chiffres sont impressionnants. Ce secteur contribue 20,4 milliards de dollars au PIB canadien et génère 262 000 équivalents temps plein. Il procure 12,8 milliards de dollars en revenu du travail pour les Canadiens et 5,5 milliards de dollars en recettes fiscales pour les divers Trésors publics et élève la valeur des exportations de 2,4 milliards de dollars.
Paul.
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Monsieur le président, l’idée de regarder un film évoque automatiquement celle d’aller au cinéma du coin, et c’est encore là que les gens peuvent le mieux en ressentir le pouvoir fascinant. Néanmoins, de nos jours, c’est surtout à la maison que les Canadiens regardent des films, et les progrès technologiques au fil du temps ne font qu’améliorer cette expérience.
La télévision a longtemps été le principal moyen de présenter les films canadiens à un vaste public. Or, comme d’autres témoins vous l’ont dit, les créneaux consacrés aux films canadiens dans la grille horaire ont diminué avec le temps à mesure que les télédiffuseurs privés ont fait plus de place aux séries dramatiques et que CBC/Radio-Canada a délaissé la présentation de films pour des motifs stratégiques liés à des réductions de son financement. En d’autres mots, malgré de nombreux changements dont nous parlerons plus tard pour accroître l’efficacité, l’avenir de l’industrie cinématographique sera précaire, et les avantages qui en découlent seront compromis sans une forte présence sur les ondes de notre télédiffuseur, parce que c’est sur le grand écran plat à la maison que la grande majorité des consommateurs continueront de regarder des films.
Monsieur le président, la place dominante au grand écran attribuée aux films de studios étrangers — en particulier ceux de Hollywood — limite énormément la présentation des films canadiens au cinéma du coin, et ce, depuis les origines du septième art. Nous faisons maintenant face à une menace semblable sur les ondes de notre télédiffuseur, car les Canadiens n’auront accès qu’à des films étrangers, si aucune préférence ou priorité n’est accordée aux productions canadiennes à la télévision. Il n’y a pas lieu de répéter cette erreur; et nous ne voulons et ne devrions jamais interdire l’accès aux meilleurs films de toute provenance. Il est possible de jouir du meilleur des deux mondes.
Il est impérieux de trouver dans notre trousse d’outils stratégiques des moyens efficaces d’inciter les télédiffuseurs canadiens du secteur privé et CBC/Radio-Canada à participer davantage au financement de films canadiens, à en mettre à l’horaire au moment où les Canadiens sont le plus susceptibles de les regarder et à en faire activement la promotion.
Les télédiffuseurs canadiens n’investissent pas autant qu’ils l’ont déjà fait dans les longs métrages canadiens en grande partie en raison des risques financiers que cela comporte. CBC/Radio-Canada a le mandat de présenter et de faire valoir un contenu et des récits typiquement canadiens, et le film est l’un des principaux véhicules de ces récits au Canada. Toutefois, la part de la grille horaire de ce télédiffuseur qu’occupent les films canadiens est on ne peut plus minime. Nous ne pouvons pas nous empêcher de voir dans la perte de la diffusion le samedi soir de Hockey Night in Canada l’occasion par excellence pour ce télédiffuseur de présenter des films canadiens. Nous appuierons donc sans réserve toute recommandation que fera le comité en vue d’accorder à CBC/Radio-Canada des ressources supplémentaires pour ce faire et ainsi contribuer au développement, à la production et à la présentation de films canadiens, en particulier de films de langue anglaise.
Pour ce qui est des télédiffuseurs privés, nous sommes d’accord avec les témoins qui ont suggéré que le CRTC doit créer une catégorie distincte concernant ce qu’il appelle les ÉIN ou les émissions d’intérêt national pour garantir un financement et une promotion convenables des longs métrages canadiens. Le moment est opportun, puisque le CRTC a décidé le 12 mars de revoir sa politique. Cependant, nous croyons aussi préférable de commencer par tendre la carotte que d’avoir recours au bâton.
L’ACPM a présenté récemment au Fonds des médias du Canada une proposition visant l’intégration à son cadre existant d’une nouvelle mesure incitative à l’essai pour trois ans. Nous en avons d’abord discuté avec des télédiffuseurs clés, et cette proposition a été fortement appuyée. Nous espérons que le FMC l’acceptera et la mettra en oeuvre cette année.
À notre avis, cette mesure incitative constituerait un complément efficace du Fonds du long métrage du Canada et permettrait aux producteurs et aux télédiffuseurs de collaborer chaque année à un certain nombre de films canadiens. Ces films sortiraient d’abord dans les cinémas, comme c’est le cas normalement, mais ils ne tarderaient pas à être offerts en vue d’une diffusion à la télévision, soit la plate-forme sur laquelle la très grande majorité des Canadiens regardent typiquement les films canadiens.
Une collaboration plus étroite sur ce plan permettrait également de coordonner des stratégies de promotion pour les marchés du cinéma et de la télévision, ce qui permettrait d’atteindre le plus grand nombre de spectateurs possible dans ces deux marchés.
Jennifer.
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Il y a en réalité trois programmes fédéraux essentiels qui soutiennent l’industrie du long métrage. Il y a deux programmes de crédit d’impôt — l’un pour le contenu canadien et l’autre pour les services de production — et celui que nous avons déjà mentionné, soit le Fonds du long métrage du Canada, qui est administré par Téléfilm Canada. Dans l’ensemble, nous croyons que ces programmes fédéraux donnent de très bons résultats; mais ils ne sont évidemment pas parfaits. Nous pouvons les améliorer et en accroître l’efficacité et le rendement.
L’ACPM a accueilli avec bonheur les changements positifs que Mme Carolle Brabant et son équipe, à Téléfilm, ont apportés au Fonds du long métrage du Canada ces dernières années. Obligé de composer avec une réduction de son crédit parlementaire il y a trois ans, Téléfilm a trimé dur pour rendre son programme plus efficace et a fait plusieurs changements pour y arriver.
À notre avis, Téléfilm fonctionne bien et est efficace, mais il peut et devrait en faire plus. Il peut favoriser la production de plus de films et, en conséquence, stimuler la croissance de l’emploi. Il peut aussi mettre davantage l’accent sur les activités de mise en marché et de promotion. Toutefois, il y a des limites à ce qu’il peut accomplir avec les ressources à sa disposition à l’heure actuelle. Par conséquent, même si nous essayons d’éliminer le déficit fédéral, nous prions le comité d’envisager de recommander l’augmentation du crédit parlementaire de Téléfilm à tout le moins au niveau où il se trouvait avant sa réduction. S’il dispose de plus de ressources, Téléfilm peut en faire plus et en fera plus.
J’aimerais maintenant traiter des programmes de crédit d’impôt. Depuis que nous avons institué ces programmes au Canada, des mesures fiscales semblables ont vu le jour dans de nombreux États américains et d’autres pays. Ce seul fait atteste l’efficacité de tels programmes. Reste que les programmes en place ne sont pas parfaits. Nous croyons que des modifications assez mineures sur deux plans en particulier permettraient d’en améliorer l’efficacité et le rendement.
Premièrement, comme vous le savez sans doute, toute forme d’assistance publique est à l’heure actuelle prise en compte dans le calcul des crédits d’impôt fédéraux. C’est ce que nous appelons la « dilution », et cela réduit la valeur nette de tout crédit d’impôt dont bénéficient les producteurs, de même que la taille de leurs budgets. Si nous éliminons la dilution, nous croyons que les ressources supplémentaires en résultant pourraient servir à renforcer la compétitivité du contenu canadien et à développer la capacité des entreprises, ce qui mènerait à la création de plus d’emplois.
Deuxièmement, la nature et la conception mêmes de ces crédits en diminuent la valeur pour les producteurs, parce que ces derniers doivent emprunter auprès d’institutions financières en attendant que l’Agence du revenu du Canada leur en verse le montant. Or, la complexité des modalités en place, conjuguée à des doubles emplois sur le plan des vérifications et des approbations nécessaires, entraîne directement des retards dans les versements. À l’effet de la dilution s’ajoute donc une nouvelle réduction de la valeur nette des crédits pour les producteurs en raison des frais de montage du financement provisoire auquel ces derniers sont contraints d’avoir recours et des frais d’intérêts que leur facturent les banques à cet égard. Il s’agit là d’une inefficacité des programmes.
Nous serions donc tout à fait favorables à une recommandation qui encouragerait les ministères du Patrimoine canadien et des Finances à confier à un petit groupe de travail constitué de représentants des secteurs public et privé la mission de trouver une solution efficace à ce problème et à la mettre ensuite en oeuvre le plus rapidement possible.
Il y a un autre aspect de la situation d’ensemble que j’aimerais soulever avant de passer à la question de la promotion, car il me semble qu’il faut faire quelque chose à son sujet pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts pour tous les intéressés, et c’est la bureaucratie. Il faut faire quelque chose pour réduire les formalités administratives. Nous trouvons étrange qu’un producteur doive présenter les mêmes renseignements quatre ou cinq fois pour un projet donné à diverses autorités gouvernementales qui ont toutes leurs propres modalités, formulaires et exigences de vérification et de compte rendu. Il y a sûrement moyen de réduire ce genre de gaspillage sans compromettre la bonne gouvernance et la reddition de comptes.
Nous sommes prêts à collaborer avec les institutions et les responsables des programmes fédéraux clés pour trouver une solution aux formalités administratives. Je crois que le comité peut aider à faire en sorte que cela se produise en présentant une recommandation au gouvernement à ce propos.
L’intervention gouvernementale à l’appui de notre industrie ces 50 dernières années visait surtout l’offre. Quand on veut développer un secteur tout nouveau ou encore très jeune, il est parfaitement logique de centrer ses efforts sur la création de produits. Toutefois, la situation a beaucoup évolué en 50 ans. Nous avons aujourd’hui une industrie dont la capacité de production de longs métrages s’établit à 1,2 milliard de dollars.
Le monde des médias change par contre rapidement, et les modèles de gestion traditionnels s’en trouvent bouleversés. De nouvelles technologies, reposant en grande partie sur Internet et le sans-fil, ont fait abonder les options à la disposition du consommateur pour avoir accès aux oeuvres cinématographiques. Les Canadiens, comme les gens de tous les pays d’avant-garde d’ailleurs, ne sont plus des spectateurs passifs. Ils s’impliquent beaucoup et décident ce qu’ils veulent regarder, et quand et comment ils le regardent. Le paradigme audiovisuel entier se transforme d’un prototype axé sur l’offre en un prototype qui est, très nettement, beaucoup plus centré sur la demande et contrôlé par les clients.
Pour que notre industrie connaisse une longue prospérité, il est indispensable de faire en sorte, à tout le moins, qu’elle puisse maintenir sa capacité de production actuelle et augmenter sa compétitivité, en maximisant l’efficacité du système. Cependant, cela ne suffira pas à long terme. L’industrie, de concert avec le gouvernement, doit commencer, et ce, sans tarder, à mettre davantage l’accent sur la promotion de sa valeur, ce qui suppose plusieurs choses.
Premièrement, il est important que les Canadiens aient pleinement conscience de la valeur de l’industrie et de ce qu’elle produit. En général, les consommateurs ne savent pas quels films sont canadiens ni ce qui a été tourné ici. Ils le devraient, et je suis certain que, si un plus grand nombre d’entre eux le savaient, ils tireraient fierté du fait que ces oeuvres ont été réalisées au Canada, par des concitoyens. Plus de promotion et plus de sensibilisation sous ce rapport auraient en outre l’avantage d’éveiller les gens aux possibilités d’emploi existant dans l’industrie pour la génération montante d’esprits créateurs.
Deuxièmement, la croissance et la réussite de l’industrie dans les années à venir dépendront de plus en plus de l’habileté que nous montrerons à en promouvoir la valeur sur les marchés internationaux, y compris la qualité des services de production qu’elle offre. Pour faire croître notre industrie, nous devons attirer plus de capitaux étrangers, et nous devons vendre plus de contenu canadien à l’extérieur du pays.
Par conséquent, l’affectation de plus de ressources au développement des exportations, afin d’aider les producteurs à grossir leur chiffre d’affaires sur la scène internationale, tant sur les marchés déjà établis que sur les marchés émergents, aiderait beaucoup à stimuler les exportations et à attirer plus de capitaux. Nous croyons que vous pouvez aider sur ce plan, en recommandant aux ministères du Patrimoine canadien et du Commerce international de travailler avec nous à une stratégie internationale de promotion, de commerce et d’exportation et d’affecter les ressources nécessaires à son application.
En conclusion, permettez-moi de dire simplement que nous avons connu beaucoup de succès avec notre industrie du long métrage depuis la fin des années 1960. Cependant, nous pouvons et devrions en faire davantage pour continuer à la développer et créer plus d’emplois pour les Canadiens. Ainsi, nous pouvons et devrions: maximiser les programmes de crédit d’impôt et réduire au strict minimum les manques d’efficacité qui existent à l’heure actuelle, notamment à cause des lourdeurs administratives; inciter les télédiffuseurs à participer davantage au financement et à la promotion des films canadiens; mettre plus d’efforts à promouvoir la valeur de notre industrie auprès des Canadiens et du monde entier; et tirer meilleur parti de notre potentiel d’exportation.
Monsieur le président, madame et messieurs les membres du comité, je dis « nous devrions » et je sais qu’avec votre aide, « nous pouvons » accomplir toutes ces choses.
Nous répondrons avec plaisir à vos questions. Merci.
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Je vous remercie de vos questions. Permettez-moi de répondre à l’une d’elles, puis à l’autre.
Votre première question concerne les émissions d’intérêt national. C’est une catégorie d’émissions que la commission a désignées comme présentant essentiellement des risques élevés et qui sont sous-représentées dans notre système de télédiffusion. Elles sont habituellement coûteuses à produire. Plusieurs genres appartiennent à cette catégorie, dont les émissions dramatiques, évidemment, les émissions pour enfants, ainsi que les documentaires de longue durée. Si je me souviens bien, je crois que les émissions de remises de prix en font partie.
Une voix: Qu’en est-il des films?
M. Marc Séguin: C’est exact, les films remplissent également les conditions requises.
Cela répond à votre première question.
En ce qui concerne votre deuxième question, je précise que nous avons élaboré un programme incitatif que nous avons récemment présenté au Fonds des médias du Canada et qui comporte essentiellement deux composantes. Cette incitation viserait en fin de compte à faire contribuer de nouveau les télédiffuseurs au financement des films canadiens. Notre proposition a deux volets.
Le premier volet consiste à rajuster le seuil minimum de droits de licence à atteindre pour accéder au fonds. Nous avons ajouté ce volet à la proposition parce que nous avons constaté que le seuil de droits de licence qui s’applique aux longs métrages — et, pour éliminer toute ambiguïté, je précise que les longs métrages sont admissibles en vertu des critères établis par le Fonds des médias du Canada… La raison pour laquelle le Fonds des médias du Canada a appuyé un très petit nombre de films dans le passé, c’est que le seuil minimum de droits de licence à atteindre en ce moment est bien trop élevé par rapport à ce qui est payé sur le marché. Voilà le premier volet.
Le deuxième volet consiste à modifier la méthode de calcul employée par le Fonds des médias du Canada pour créer les enveloppes. L’idée sous-tendant ce volet visait essentiellement à égaliser les chances entre le succès qu’un film peut remporter auprès de l’auditoire et celui que peut remporter, disons, une série dramatique télévisuelle. Une série télévisuelle pourrait comprendre 12 épisodes par année — 12 épisodes qui engendrent un auditoire — alors qu’un long métrage n’a qu’une seule chance de captiver les spectateurs. Nous proposons donc qu’un multiplicateur soit employé pour uniformiser les règles de calcul des enveloppes prévues en vertu du fonds.
Désolé, ma réponse était un peu longue.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Séguin, puisque vous parlez le français très couramment, je vais vous poser la question suivante.
Évidemment, j'ai beaucoup apprécié votre commentaire pertinent sur le travail de Téléfilm Canada. Cet organisme a été très innovateur et a pensé « en dehors de la boîte ». Cela se traduit mal et se dit mieux en anglais. On parle de thinking outside the box dans sa manière de soutenir l'industrie.
Vous avez aussi parlé de Radio-Canada/CBC et de soirées pour remplacer, par exemple, Hockey Night in Canada par une « movie night ». À Ottawa, plusieurs de mes collègues députés profitent de ces « movies nights ». C'est vrai qu'il y a une thématique intéressante à cet égard.
Vous avez dit qu'une telle programmation est davantage nécessaire du côté anglophone parce que l'industrie cinématographique au Québec est en santé. Avez-vous le sentiment que le soutien de CBC à l'industrie cinématographique est moins important que celui de Radio-Canada?
:
Je vous remercie beaucoup de votre réponse.
[Français]
J'aimerais aborder un autre sujet.
Nous savons tous que le but de cette étude est de voir comment les technologies ont évolué rapidement. On pense aux nouveaux écrans, aux iPad et au phénomène de la vidéo sur demande, qui s'opposent aux quotas de visibilité que nos pratiques gouvernementales avaient favorisés jusqu'ici.
Vous nous avez fait des recommandations à ce sujet, mais est-il urgent, selon vous, que nous rencontrions certaines personnes? Le temps file et je crains que cette étude ne soit pas aussi complète que la précédente. Y a-t-il des enjeux qui vous apparaissent plus cruciaux que d'autres?
On parle de temps qui changent. La semaine dernière, le CRTC a formulé des changements en ce qui a trait à la télévision. Souvent, les mêmes producteurs sont impliqués. Les termes de l'échange ont été bouleversés. En effet, il existait auparavant un cadre qui établissait comment un producteur faisait affaire avec un diffuseur. Ces changements sont-ils positifs ou négatifs? J'imagine qu'il est très dérangeant pour vous de voir des petits producteurs être exposés à de gros conglomérats de diffuseurs.
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C'est un peu une question controversée, et je n'ai pas encore trouvé de réponse, mais le CRTC a commencé, dans une certaine mesure, à parler de programmes-pilotes. Le fait est que si nous voulons soutenir la concurrence dans un environnement de mondialisation, nous devons prendre conscience que presque tous les pays, y compris maintenant les États-Unis, cherchent à réaliser des coproductions. Jennifer travaille justement à une coproduction avec le Royaume-Uni, qui est majoritairement canadienne. Nous devons réfléchir un peu plus attentivement à nos règles concernant l'investissement étranger dans l'industrie.
Nous vivons dans un monde où Internet, les services sur demande et tout le reste façonneront la télévision et les films. On n'a l'intention nulle part de réglementer ce secteur, et si c'est l'avenir de la télédiffusion, nous avons dit implicitement que nous n'avons pas les problèmes liés à l'entrée d'entreprises étrangères et à la concurrence étrangère que nous avions dans le passé.
Comment déterminer la façon de définir le contenu canadien? Peut-être que pour certaines choses, il faut établir un seuil, comme l'a fait le CRTC. Est-il préférable d'attirer l'investissement là où nous aurons des partenaires mondiaux et où nous ferons concurrence à des émissions ou à des films d'une envergure que nous ne pourrions atteindre autrement? Le principe, c'est que 50 % de quelque chose qui est 75 % plus important que ce que nous faisons, ce n'est pas si mal.
Je pense que nous devons nous débarrasser de quelques inquiétudes. Si nous disons — et je dis bien si — qu'il est acceptable de ne pas se soucier de réglementer Netflix ou Google — je ne dis pas que c'est bon ou mauvais —, alors nous sommes moins inquiets que nous ne l'étions au sujet des règles. Nous devons peut-être faire preuve de plus d'ouverture et nous pouvons peut-être, à un certain seuil, nous dire que nous ne nous inquiéterons pas autant de la façon dont nous définissons le contenu canadien au-delà d'un certain point.
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Merci à tous nos témoins d'être là.
Je suis députée de Parkdale—High Park, à Toronto. Notre région compte un grand nombre de cinéastes — dont des producteurs indépendants —, d'acteurs et de musiciens. Je suis également porte-parole de l'opposition officielle en matière d'industrie. Alors, vous comprendrez ma joie de voir que notre industrie cinématographique se porte si bien. Je crois que nous jouons dans la cour des grands et que nous faisons des choses formidables. Je vous remercie donc de tout ce que vous faites.
Nous sommes toujours à la recherche de moyens de progresser, et nous sommes ravis des recommandations que vous formulez pour nous aider à composer avec l'évolution rapide du marché mondial. J'apprécie et j'appuie vos recommandations concernant la CBC. C'est dommage que notre diffuseur national ne promeuve pas les films canadiens avec plus de ferveur, comme Radio-Canada le fait au Québec.
Nous sommes assis à côté du plus grand exportateur culturel du monde, et maintenant, avec l'évolution de la technologie, les films du monde entier deviennent facilement accessibles à tous. Je l'avoue, j'aime effectivement regarder des films étrangers. Je crois que c'est formidable de pouvoir le faire.
Que peut faire le gouvernement fédéral? Vous avez parlé d'un meilleur accès aux subventions, de gains d'efficiences, d'élimination des formalités administratives, etc., mais que pouvons-nous faire de plus en tant que pays? Que peut faire notre gouvernement pour augmenter le contenu canadien, pour mieux réussir dans ce que nous faisons déjà, pour stimuler la production de films, ici, au Canada? Qu'en dites-vous? De toute évidence, vous voudriez que ce soit l'inverse de ce qu'ils ont fait pour les entreprises de télécommunications et les accords commerciaux. Que pouvons-nous faire d'autre, ici, pour nourrir cette créativité toute spéciale qui permet aux films canadiens d'avoir un tel succès? Vous avez parlé de former les jeunes. Que pouvons-nous faire d'autre pour mieux appuyer cet important secteur?
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Oui, l'une des choses sur lesquelles nous avons travaillé à la fois avec le Fonds des médias du Canada et Téléfilm Canada est le projet Vue sur le Canada, qui a un volet dans les deux langues officielles et qui se sert des médias sociaux pour solliciter et mobiliser les jeunes auditoires.
Le FanZone des prix Écrans canadiens est un prix du public, mais il est porté par les jeunes que nous invitons à participer et qui peuvent en outre rencontrer les vedettes. Une bonne partie de ces initiatives met davantage l'accent sur la télévision que sur les films, mais les outils sont tout aussi valables dans chacun des médias. Je ne crois pas que vous pourriez prendre la télévision, par exemple, comme vecteur de prédilection pour joindre les jeunes. Vous devez passer beaucoup plus de temps sur les médias sociaux et aller chercher les jeunes là où ils sont.
Comme le disait Mme Nash, il n'y a rien qui empêche d'améliorer la sensibilisation par le biais de programmes comme Reel Canada, qui visite les écoles et qui parle de cela dans les médias sociaux, ou Vue sur le Canada, ou par le biais de nos prix ou des festivals dont nous parlions. Je crois qu'il est tout à fait possible que nous ayons déjà la brillante idée décisive que vous espérez.
Comme je l'ai promis à M. Dion, j'y réfléchirai au moment de présenter nos conclusions puisqu'il s'agit d'un élément de participation encore mal assuré malgré toutes les initiatives en cours.
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Bonjour à tous. Nous reprenons pour une deuxième heure nos travaux dans le cadre de la 37
e séance du Comité permanent du patrimoine canadien.
Nous procédons actuellement à l'examen de l’industrie canadienne du long métrage.
Au cours de cette deuxième heure, nous accueillons les représentants de trois organismes. Du Conseil des arts du Canada, nous recevons Simon Brault, directeur et chef de la direction, et Youssef El Jai, chef, Service des arts médiatiques. De l'Office national du film, nous recevons Claude Joli-Coeur, commissaire du gouvernement à la cinématographie et président. De Téléfilm Canada, nous recevons Carolle Brabant, directrice générale, Jean-Claude Mahé, directeur, Communications et affaires publiques et Michel Pradier, directeur, Financement des projets.
Chaque groupe dispose d'un maximum de huit minutes.
Nous allons commencer par Simon Brault, du Conseil des arts du Canada. Vous avez huit minutes.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je veux remercier le comité de nous recevoir. Je suis accompagné de Youssef EL Jai, qui est chef du Service des arts médiatiques au Conseil des arts du Canada.
Évidemment, le Conseil des arts du Canada est le plus petit joueur parmi les trois institutions où on retrouve des représentants qui témoignent devant vous cet après-midi. Son intervention dans le domaine du cinéma, et plus particulièrement celui du long métrage, est extrêmement spécifique et extrêmement ciblée et je vais en parler brièvement.
Comme vous le savez, le Conseil des arts du Canada a pour mandat de promouvoir l'appréciation des arts dans la société canadienne et d'appuyer la création artistique. Le rôle du conseil n'est pas simplement de réagir aux demandes soumises par les artistes ou les organismes artistiques, mais aussi d'essayer d'anticiper l'avenir et d'intervenir d'une façon stratégique.
Depuis 1983, le conseil s'est doté d'un Service en arts médiatiques. Quand on parle d'arts médiatiques, on parle de toutes les images en mouvement, ce qui veut donc dire, par exemple, la vidéo et le cinéma. Le Conseil des arts du Canada a une façon de fonctionner extrêmement spécifique, notamment parce que, pour évaluer l'excellence artistique et la faisabilité des propositions qui lui sont soumises, il a recours à un système de jurys par les pairs.
Bon an mal an, le Conseil des arts du Canada convoque environ 700 artistes et professionnels de la culture de partout au Canada pour évaluer les projets ou les propositions qui sont soumises par des individus, par des collectifs ou par des organismes. On sait qu'il y a 140 000 artistes professionnels au Canada. On parle de 640 000 emplois dans le secteur des arts et de retombées économiques importantes sur le plan du PIB. Il contribue d'une façon plus directe à la présence des artistes professionnels à cause du travail que fait le Service des arts médiatiques. Il le fait aussi d'une façon indirecte puisque le Conseil des arts du Canada soutient le théâtre, la danse, la chorégraphie, l'écriture et la littérature. Toutes ces activités sont susceptibles de contribuer d'une façon ou d'une autre au développement de l'industrie cinématographique.
Parfois, il s'agit d'une contribution directe et, parfois, d'une contribution indirecte. J'ai dirigé pendant de nombreuses années l'École nationale de théâtre du Canada et on me demandait souvent la raison pour laquelle les acteurs au Canada avaient autant d'impact dans un film. Une des explications est que beaucoup de nos acteurs au cinéma sont aussi présents sur les planches. Au Canada, il n'y a pas cette distinction que l'on retrouve, par exemple, aux États-Unis. Chez nous, des acteurs passent constamment du théâtre subventionné par le Conseil des arts à la télévision et à d'autres formes d'écrans, y compris au cinéma, ce qui comprend les longs métrages.
Un peu plus tôt, j'ai dit que, selon nous, l'expression « arts médiatiques » voulait dire des images en mouvement: cinéma, vidéo, nouveaux médias, créations numériques et ainsi de suite. Le Conseil des arts du Canada soutient le cinéma différemment de ce que fait Téléfilm Canada ou l'ONF. Le conseil joue un rôle complémentaire. Il soutient ce qu'on appelle le « cinéma indépendant », ce qui veut dire un cinéma dont la finalité est essentiellement artistique et qui est réalisé par des artistes qui ont le plein contrôle éditorial sur leurs films. Cela veut dire qu'il n'y a pas d'interventions de nature industrielle. Il n'y a donc pas de producteurs et l'attirail nécessaire qu'on retrouve dans l'industrie du cinéma.
Le Conseil des arts du Canada tient à s'assurer que l'excellence artistique prime toujours. On parle de la quête de l'excellence artistique et de l'originalité des voix des artistes qui proposent des projets au fil des ans. Nous sommes extrêmement heureux de pouvoir dire que beaucoup d'artistes, qui sont devenus des réalisateurs de longs métrages très importants dans l'industrie du cinéma, ont fait leurs premières armes grâce au Conseil des arts du Canada ou ont continué en parallèle à lui demander de l'aide pour réaliser des projets indépendants. D'ailleurs, vous avez pu voir dans le court mémoire qu'on a déposé des noms qui scintillent facilement, comme ceux d'Atom Egoyan, de David Cronenberg, d'Alice Obomsawin et j'en passe.
Le Conseil des arts du Canada intervient pour soutenir la création d'un cinéma indépendant, mais il fait aussi un travail systématique pour s'assurer que la création en matière de cinéma indépendant est bien repérée à l'échelle internationale, notamment dans le cadre de festivals et de biennales. On parle ici d'interventions très ciblées qui permettent de s'assurer que l'intérêt pour la création artistique canadienne se perpétue.
Ce qui a changé dans les dernières années et ce que nous essayons d'entrevoir pour l'avenir, c'est l'accès beaucoup plus grand à des technologies de pointe, soit un genre de démocratisation de l'accès à la technologie pour les artistes. Il y a une prolifération incroyable des canaux de diffusion.
Dans ce contexte où la technologie est accessible et où la créativité est devenue très populaire et très généralisée, l'enjeu consiste à continuer à promouvoir des valeurs élevées en matière de professionnalisme et d'éthique. Comme on le sait, tout le monde peut créer quelque chose, mais pour en arriver à de hauts niveaux de création et de concurrence à l'échelle internationale, il faut y consacrer énormément de temps et d'énergie. Il faut aussi recevoir une appréciation précise à l'égard de ce que l'on propose.
Par ailleurs, je tiens à mentionner que le Conseil des arts du Canada est extrêmement préoccupé par le soutien à la création des cinéastes indépendants autochtones. Nous constatons que ce moyen d'expression est accessible aux artistes autochtones, particulièrement aux sein des nouvelles générations. Cette préoccupation du Conseil des arts a été très marquée au cours des dernières années.
Je suis en fonction au Conseil des arts depuis neuf mois. Au mois de janvier, j'ai annoncé une transformation en profondeur des systèmes de financement du conseil. L'idée est de passer des 142 programmes actuels à moins de dix programmes et de s'assurer que ces programmes couvriront à l'avenir l'ensemble de la création et de la production artistiques, aussi bien au Canada qu'à l'échelle internationale.
Parmi les programmes qui retiennent beaucoup l'attention du conseil à l'heure actuelle, il y a un programme d'art autochtone. Pour la première fois de son histoire, le conseil va mettre en oeuvre un programme totalement consacré à la promotion, la création, la diffusion et les discours critiques sur l'art autochtone. Ce programme sera administré par nos dirigeants et nos employés autochtones. Il s'agira d'un programme international et de jurys autochtones. Nous croyons qu'il est important que le conseil ait une stratégie quand il soutient les artistes à l'échelle internationale. Nous croyons aussi que cette stratégie doit être transparente et claire pour tout le monde.
En ce qui a trait à l'avenir, même si nous jouons un rôle financier modeste au sein de l'écosystème, de l'univers du cinéma et, plus particulièrement, dans celui du long métrage, ce rôle est essentiel. Nous nous assurons en quelque sorte d'être en amont de la création des longs métrages, que ce soit en soutenant directement des réalisateurs ou en s'assurant qu'il y a une infrastructure et un bassin de talents artistiques au Canada. Ce sont des ressources dont l'industrie du film a absolument besoin pour fleurir, se développer et rayonner.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner et à participer à vos travaux.
L'ONF est un producteur et distributeur public d'oeuvres audiovisuelles. Pour nous, les enjeux qui entourent l'avenir de l'industrie du long métrage au Canada sont extrêmement importants.
L'ONF n'intervient pas directement dans le financement de l'industrie du long métrage, qui est un enjeu important sur lequel votre comité se penche. Par contre, l'ONF finance ses propres productions et leur distribution, et il collabore avec des créateurs et artisans de toutes les régions du pays. Il se positionne comme un pôle de création et d'innovation dans l'industrie audiovisuelle internationale.
C'est sur les réalités actuelles et les enjeux de l'industrie du long métrage documentaire que portera mon exposé. Celui-ci comporte les trois parties suivantes, à savoir le rôle que joue l'ONF dans l'industrie du long métrage, la production de longs métrages documentaires au sein de l'ONF et l'accessibilité du public canadien à tous les genres de longs métrages documentaires, ce qui est fondamental.
Ces enjeux sont au coeur de notre mandat. Ils ont un impact direct sur l'ensemble de la production du long métrage au Canada.
J'aimerais vous rappeler le rôle que joue l'ONF et la place qu'il occupe dans l'univers audiovisuel canadien.
L'ONF a été fondé en 1939. Il a donc plus de 75 ans d'existence. Depuis 1939, il produit et distribue des oeuvres audiovisuelles qui montrent la diversité et la richesse de la société canadienne.
L'ONF est une agence culturelle qui relève du portefeuille du ministère du Patrimoine canadien. Notre mandat, tel qu'énoncé dans la Loi sur le cinéma, est de « produire et distribuer des films destinés à faire connaître et comprendre le Canada aux Canadiens et aux autres nations, [...] ».
Nos 10 studios de production d'un océan à l'autre contribuent à la vitalité de la création audiovisuelle dans l'ensemble du pays. Après plus de 75 ans d'existence, l'ONF est devenu une référence dans le domaine de l'innovation cinématographique au Canada et une marque cinématographique canadienne des plus réputées à l'échelle internationale.
L'ONF a reçu plus de 5 000 prix et récompenses, 5 Palmes d'or à Cannes, 73 nominations aux Oscars à Hollywood, dont 12 Oscars. C'est une feuille de route impressionnante. C'est donc avec humilité que je dirige maintenant les destinées de cette organisation légendaire.
Notre rôle est de produire des oeuvres qui portent sur de grands enjeux qui, normalement, ne seraient pas abordés dans la production cinématographique canadienne. L'ONF joue vraiment un rôle complémentaire par rapport à l'ensemble du cinéma commercial au Canada. Il permet aux créateurs et artisans d'ici de réaliser des oeuvres qui reflètent une diversité de points de vue et de perspectives sur notre société et d'expérimenter de nouvelles formes narratives et audiovisuelles.
Au fil du temps, les oeuvres produites par l'ONF ont formé l'une des plus importantes collections audiovisuelles au monde. Constituée de plus de 13 000 titres, de 500 000 images et d'une sonothèque considérable, cette collection, dont les débuts remontent au début des années 1940, représente un patrimoine inestimable pour les Canadiens. Un des rôles importants de l'ONF est de préserver cette collection et de la rendre accessible à l'ensemble des Canadiens et au monde entier et, surtout, de la préserver pour les générations futures.
Étant le doyen des institutions culturelles au Canada, l'ONF a été en quelque sorte le berceau du cinéma canadien. Il a eu un impact important sur le développement de cette industrie, et ce, depuis l'après-guerre jusqu'à aujourd'hui. De l'ONF a émergé une tradition cinématographique canadienne exceptionnelle, comme on la connaît maintenant dans toutes ses déclinaisons.
Au moment de sa fondation, l'ONF était situé à Ottawa. En 1956, lorsqu'il a déménagé à Montréal, il a attiré des talents de partout au pays, ce qui a vraiment contribué à l'éclosion de l'industrie du cinéma au Canada.
La création de studios francophones à Montréal a contribué à la naissance du cinéma de fiction au Québec. Il en a découlé des films tels que Mon oncle Antoine, de Claude Jutra. Tous les grands cinéastes québécois et canadiens que nous avons connus au cours des dernières années ont été formés à l'ONF ou sont des successeurs de ces grands cinéastes qui ont commencé leur carrière à l'ONF. Il faut absolument souligner les films mythiques Drylanders, de Don Haldane, et Nobody Waved Goodbye, de Don Owen.
À partir de 1965, l'ONF produit autant des longs métrages de fiction que des longs métrages documentaires et des courts métrages d'animation. À la fin des années 1970, l'ONF a recentré sa production sur le long métrage documentaire parce que l'industrie canadienne du long métrage était devenue assez mature. Il y a eu la création de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne, qui s'appelle maintenant Téléfilm Canada. L'ONF a donc délaissé la fiction pour se concentrer sur le documentaire et l'animation, principalement le long métrage documentaire, qui est ainsi devenu un pilier central de la production de l'ONF, tant du côté anglophone que francophone.
L'ONF a joué un rôle important dans la tradition du documentaire canadien, un genre dont certains ont soutenu qu'il devrait être officiellement reconnu comme une forme d'art national du Canada. Le long métrage documentaire fait la renommée du Canada à travers le monde. À l'heure actuelle, l'ONF concentre sa production sur le documentaire, le film d'animation d'auteur et les oeuvres interactives destinées au nouveaux médias.
Je vais revenir au sujet de votre étude en disant que les oeuvres de l'ONF reflètent la gamme des réalités canadiennes et des expériences d'un océan à l'autre, et ce, grâce à notre implantation partout au pays. Il y a des producteurs dans chaque région du pays et les créateurs et les réalisateurs peuvent refléter leur spécificité.
Nous racontons des histoires sur les gens et les communautés dont les voix sont souvent sous-représentées dans le paysage des médias commerciaux. Nous avons aussi le mandat d'expérimenter des technologies et des approches différentes de narration de l'histoire et de la forme. C'est dans ce cadre que l'ONF s'implique dans l'ensemble de l'industrie du long métrage au Canada, particulièrement celle du long métrage documentaire.
[Traduction]
Comme vous le savez, notre industrie est en pleine mutation. Les médias traditionnels cohabitent avec les médias numériques, les plateformes de diffusion se multiplient, les différents genres et les technologies évoluent rapidement... Bref, tout l'univers audiovisuel se transforme.
Dans l'industrie du long métrage documentaire, le nombre de joueurs a diminué en raison de la convergence des entreprises de production, de la fragmentation des auditoires, de l'érosion des revenus des médias traditionnels et de leur migration vers le numérique.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi. Je remercie les membres du comité de nous avoir invités. Nous sommes ravis d'être ici parmi vous aujourd'hui.
Tout d'abord, j'aimerais ajouter ma voix à celle de Michael Hennessy pour remercier le gouvernement canadien et Mme Shelly Glover du soutien apporté à notre industrie cinématographique canadienne.
Mes commentaires porteront sur trois points. Je ferai d'abord une brève présentation au sujet du rôle de Téléfilm Canada et de son soutien à l'industrie canadienne du cinéma. Je parlerai ensuite de nos succès et des défis qui nous attendent. Je conclurai par nos recommandations pour rendre notre industrie plus forte.
Téléfilm Canada est un organisme culturel fédéral ayant pour mandat de favoriser et de promouvoir le développement de l'industrie audiovisuelle au Canada. Nous jouons un rôle de leader en offrant un soutien financier et en créant des initiatives qui contribuent à la réussite de l'industrie sur les plans culturel, industriel et commercial.
L'an dernier, nous avons financé la production et la mise en marché d'environ 90 longs métrages et le développement de plus de 300 projets, tout en contribuant à promouvoir les talents canadiens dans le cadre de nombreux festivals au Canada et sur la scène internationale, ce qui a représenté un investissement de 92,2 millions de dollars. Téléfilm administre également les programmes de financement du Fonds des médias du Canada, qui totalisaient 354,5 millions de dollars en 2013- 2014. Enfin, nous formulons des recommandations à la concernant la certification de coproductions audiovisuelles régies par des traités.
En 2011, Téléfilm mettait en oeuvre un plan nous incitant à « oser changer ». Selon nos constats, le temps était venu de nous attaquer au prochain grand défi de l'évolution de l'industrie, à savoir celui de stimuler la demande. Depuis lors, nous avons procédé à une refonte de nos programmes, créé un nouvel indice de réussite offrant une mesure plus large et plus juste du succès au-delà des recettes-guichet, accru nos activités de mise en marché pour mettre de l'avant nos talents et nos succès au Canada et dans le monde entier, renforcé les relations avec les intervenants du milieu et fait équipe avec le secteur privé pour assurer la promotion des talents canadiens. Nous sommes convaincus que ces changements assurent à notre industrie un avenir prometteur.
[Traduction]
Les membres du comité auront reçu notre nouveau plan stratégique 2015-2018, « Du talent. À portée de vue », qui mise sur nos succès et qui précise comment nous entendons relever les défis qui nous attendent.
Commençons par nos succès.
En près de 50 ans d'investissements, Téléfilm, de concert avec ses partenaires, a contribué à façonner un paysage favorisant la créativité sur le plan du récit cinématographique. L'histoire de notre industrie au Canada est intimement liée au renforcement de sa capacité de production. Nous avons aujourd'hui atteint un degré de maturité qui nous permet de produire et d'exporter des oeuvres d'une excellente qualité. Comme l'indique la recherche de la CMPA, la production de films canadiens et étrangers en 2013-2014 se chiffrait à 1,4 milliard de dollars et représentait plus de 26 000 emplois à temps plein.
Que ce soit au TIFF, à Sundance, à Berlin, à Cannes, à Venise, ou lors des cérémonies de nos prix Écrans canadiens et de nos Jutra, la visibilité de nos talents n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui. De plus en plus, nous sommes reconnus comme un pays qui produit des talents. Plusieurs réalisateurs canadiens sont de plus en plus sollicités à l'extérieur du Canada. Le New York Times soulignait d'ailleurs le succès de notre industrie, écrivant dans un article que « le Canada est sur une belle lancée, ses films remportant régulièrement des prix ».
Alors, qu'en est-il de nos défis? En voici quelques-uns: les films indépendants occupent moins de temps d'écran et moins d'écrans dans les salles de cinéma commerciales; la plupart des spectateurs regardent des films à la maison, et non en salles; et les distinctions entre les plateformes, les territoires et les fenêtres de diffusion du contenu ont changé. Si l'appétit du marché pour le contenu est grand, le marché est de plus en plus engorgé. Notre plus grand défi est de faire en sorte que nos films soient découverts. Dans un monde où il y a surabondance de contenu, comment attirer les consommateurs canadiens avec nos films inspirants et captivants sur de multiples plateformes? Comment pouvons-nous relever ces défis?
Premièrement, nous devons faire connaître l'excellence du contenu canadien par une promotion efficace de l'industrie et de ses succès directement auprès des consommateurs.
Deuxièmement, il faut favoriser une plus grande innovation dans les pratiques de mise en marché en rejoignant un plus grand nombre de spectateurs.
Nous encourageons l'industrie à trouver des façons inédites d'intéresser davantage les auditoires aux histoires d'ici en expérimentant des stratégies de mise en marché adaptées aux nouvelles attentes des auditoires. Par exemple, Corner Gas: The Movie, qui a été lancé sur une période de trois semaines en décembre, a rejoint plus de 7 millions de téléspectateurs sur de multiples plateformes — grâce à l'appui enthousiaste d'une large communauté d'admirateurs.
Troisièmement, il faut prendre des décisions fondées sur des données pertinentes. Il est essentiel de prendre des décisions éclairées basées sur des recherches à valeur ajoutée.
Quatrièmement, nous devons aider l'industrie à diversifier ses sources de financement en attirant de nouveaux partenaires financiers, ce qui est l'objectif principal du Fonds des talents. Comme les membres du Comité le savent déjà, le Canada a pratiquement inventé la coproduction régie par des traités. Avec des accords conclus avec plus de 50 pays, la coproduction demeure un levier essentiel pour notre industrie.
Téléfilm a une vision très nette de l'avenir: nous voulons que le contenu créatif canadien soit accessible et qu'il soit vu partout. Comme nous l'avons mentionné lors de notre intervention auprès du CRTC, il importe que tous nos mécanismes de soutien fonctionnent ensemble pour financer les initiatives qui s'avèrent nécessaires. Cela signifie prendre des risques sur le plan créatif, expérimenter des stratégies de mise en marché et de promotion, et miser sur des partenariats stratégiques et une volonté commune de l'industrie.
[Français]
Les Canadiens sont naturellement attirés par leurs histoires, et le cinéma est sans doute pour eux la meilleure façon de les découvrir. Aujourd'hui, le succès et l'avenir de notre cinéma m'inspirent plus que jamais.
Les histoires canadiennes sont uniques, et nous devons, en tant qu'investisseurs, télédiffuseurs, distributeurs, exploitants, producteurs et décideurs, veiller à ce que le contenu le plus créatif, le plus novateur, le plus diversifié et de la plus grande qualité possible se retrouve sur les écrans afin que les auditoires puissent le découvrir et le partager.
Comme le disait André Melançon aux jeunes créateurs dans son discours lors de la Soirée des Jutra: « [ ... ] Étonnez-nous, questionnez-nous, bousculez-nous, [ ... ] Faites-nous rêver; c'est essentiel. »
Je vous remercie. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Votre question est très intéressante. Je pense que le vedettariat varie d'un endroit à l'autre au Canada. Force est de constater qu'il est un peu plus développé au Québec.
Je pense que le cas de Denis Villeneuve, qui réalisera le prochain Blade Runner à Hollywood, est très intéressant. En début de carrière, il a reçu une aide du Conseil des arts du Canada, et il a probablement travaillé avec toutes nos institutions. Il a réalisé des films très artistiques, notamment l'importante adaptation d'une pièce écrite par Wajdi Mouawad — donc, quelque chose qui vient du théâtre. Il a collaboré avec des créateurs très inusités; son oeuvre est empreinte d'une voix très originale. Maintenant, il s'en va aux États-Unis pour réaliser la suite du film Blade Runner. Je suis sûr qu'il continuera de produire des films indépendants, parce que c'est un artiste qui essaie de se réinventer constamment.
C'est donc une combinaison de facteurs: il y a le vedettariat, mais encore faut-il favoriser le développement des vrais artistes, ceux qui auront une carrière à long terme. Des cas de ce genre abondent au Canada. C'est très intéressant de voir que les artistes ne travaillent pas en vase clos, parce que notre marché n'est pas assez grand. On ne peut pas être seulement un acteur de cinéma. C'est très difficile. Il faut avoir plusieurs cordes à son arc, ce qui est un atout. De toute évidence, notre système présente un avantage.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, madame Brabant, vous avez fait référence aux propos de M. André Melançon lors du dernier Gala des Jutra.
C'est vraiment fantastique que les représentants des trois organismes soient ici aujourd'hui, et je vous en remercie chaleureusement. De toute évidence, notre système de soutien à la production cinématographique va très bien.
Ce que M. Melançon disait, en faisant référence à ces pères fondateurs du cinéma du Canada français, renvoyait clairement au travail fait par l'ONF et par les différents réalisateurs. Il faisait allusion à lui-même comme la vague d'autrefois qui a certainement créé la matière très concrète du cinéma québécois. Il faisait clairement allusion à vous, à Téléfilm Canada, pour tout le travail qui a été fait par cette consolidation — c'est le mot que je cherchais tout à l'heure. Et quand il a demandé aux jeunes de nous faire vibrer et de nous amener ailleurs, on retourne clairement au Conseil des arts.
Je pense que vous êtes le trio « André Melançon » et qu'il y a une thématique dans votre présence ici parmi nous. C'est très beau et vous devriez faire un gros love-in parce que ça va clairement bien.
Par contre, on a des défis qu'on n'avait pas auparavant. Je pense que si on avait eu ce type de rencontre il y a cinq ans, on aurait dit que les choses vont bien et on continue. Toutefois, à l'heure actuelle, on sait tous qu'il y a une grande concurrence de la part des produits étrangers sur les écrans auxquels ont accès nos consommateurs et, potentiellement, sur ceux auxquels les publics internationaux ont accès. Dans ce contexte, on veut être davantage vus à cet égard.
Dans cette optique, je tiens à faire savoir à mes collègues du comité que j'aimerais qu'on considère produire un rapport intérimaire, parce que je sais que ce sera notre dernière rencontre sur le sujet et j'ai l'impression qu'il va falloir qu'on fasse le point — et on en avait parlé avec M. Dykstra — sur les témoins que nous inviterons à comparaître ultérieurement.
Je voudrais m'assurer que les gens comme vous qui viennent ici sont heureux. Vous êtes heureux d'être ici et nous le sommes également. Toutefois, il n'en demeure pas moins qu'il ne faudrait pas que cela reste lettre morte. Les semaines peuvent être assez chaotiques, alors j'aimerais qu'on en reparle dans une rencontre touchant nos travaux futurs. J'aimerais qu'il y ait un rapport intérimaire parce que je crains qu'on perde le fil de cette étude.
Monsieur Brown était présent quand la même étude a été faite il y a dix ans. Cela a fourni un bon portrait et une bonne photo Polaroïd de l'état de la situation. Aujourd'hui, la différence est, bien sûr, ce qui touche la multiplateforme.
J'ai donc quelques questions pour chacun d'entre vous. Je vais essayer de procéder le plus rapidement possible pour que vous ayez la chance de formuler une opinion à cet égard.
Monsieur Brault, vous avez évoqué toute la dimension orientée vers l'avenir par rapport aux peuples autochtones. Est-ce que vous voyez là une sorte de relais organisé par rapport à l'initiative de Mme Barbeau avec le Wapiconi mobile?
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Merci, monsieur le président.
Ça tombe bien parce qu'on a besoin de nouvelles idées.
Mesdames et messieurs, je vous remercie d'être ici parmi nous aujourd'hui. Je remercie également vos institutions pour ce qu'elles ont fait. On ne peut pas imaginer quel genre d'industrie cinématographique le Canada aurait sans vos trois institutions.
Cela concerne le passé, mais penchons-nous maintenant sur l'avenir. Ma question est la suivante.
Que voudriez-vous voir dans le rapport de ce comité? J'aimerais que vous nous le disiez, car je n'ai rien entendu à ce sujet jusqu'à maintenant. Je trouve que tout ce que vous avez dit est très bien et qu'il n'y a rien à retirer de vos propos. Toutefois, je suis sûr qu'il y a des choses à ajouter.
Mme Brabant a fait une liste de défis très inquiétants. On ne peut pas se contenter de s'inquiéter, il faut relever les défis. Quel rôle vos institutions vont-elles jouer à une époque où les Canadiens, tout comme les autres êtres humains, restent de plus en plus chez eux au lieu d'aller au cinéma? Ils ont accès à une multitude de films, ce qui était inimaginable il y a à peine cinq ou dix ans.
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Pour ma part, je dirais que l'enjeu le plus important est le suivant.
Chaque fois qu'on discute du numérique, je reviens sur cette question. Il faut continuer à croire à la création artistique, à la soutenir et à y investir. La capacité du Canada de briller dans un environnement compétitif est d'abord liée au contenu et à l'originalité des voies. À cet égard, le Canada réussit dans tous les domaines artistiques à être beaucoup plus fort que son poids démographique réel et que son poids économique réel, parce qu'il y a un investissement public en matière de création. La prise de risques est tolérée et encouragée au Canada.
Quand on parle de création, on parle souvent d'acheter du temps pour que les artistes puissent travailler et développer leur savoir-faire et leurs paroles originales. Je pense que la convergence des différents créateurs, à savoir les musiciens, les écrivains, les réalisateurs ou autres, est extrêmement importante au Canada. On sera fort, malgré toute la compétition de contenus symboliques, si on a une création originale, risquée et parfois provocante et parfois dérangeante. À cet égard, je rejoins tout à fait le discours qui a été prononcé lors de la soirée des Jutra. C'est la clé. C'est le rôle du Conseil des arts du Canada. On espère que les gouvernements vont continuer à investir dans le Conseil des arts du Canada. Notre responsabilité est de repérer l'excellence artistique et de la soutenir de façon solide.
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Comme nous l'avons démontré, notre industrie est vibrante et elle contribue largement à la santé économique du Canada. Comme le disaient mes collègues, il faut continuer à la soutenir.
Notre mandat est de promouvoir et de développer l'industrie audiovisuelle. Il faut qu'il y ait des compagnies solides. Ce sont les sociétés de production qui cherchent les talents, qui les reconnaissent, qui les encouragent et qui leur accordent des fonds pour se développer. C'est une industrie de recherche-développement. Donc, on n'a pas un succès du jour au lendemain. Il faut donc maintenir les acquis et continuer à soutenir cette importante industrie.
J'ai entendu plusieurs témoins recommander qu'on redonne à Téléfilm Canada les 10 millions de dollars qu'on lui avait retirés. Je vous assure que je ne les ai pas payés pour qu'ils disent cela.
Nous refusons énormément de projets. Nous menons des activités de promotion, mais il faudrait en mener davantage pour faire connaître ces jeunes talents et ces jeunes entreprises dynamiques. Il y a beaucoup à faire en ce qui concerne la promotion et le travail d'équipe.
Il faudrait également aller chercher les données. J'ai la prétention de penser qu'il est possible d'accomplir ce qui peut se mesurer. Pour cela, il faut avoir accès aux données de visionnement sur les autres plateformes, ce à quoi on n'a pas accès actuellement. On a accès aux données sur la télévision et les salles de cinéma, mais pas aux données de visionnement sur les autres plateformes. Selon moi, c'est un outil excessivement important qui nous permettrait de savoir ce qu'on pourrait faire de plus pour rejoindre les Canadiens.
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Merci, monsieur le président.
C'est intéressant, Carolle, parce que je voulais justement vous poser une question, à vous tous, qui rejoint la dernière partie de votre réponse au sujet de la collaboration. D'une part, vous mettez tous l'accent sur l'industrie cinématographique et, d'autre part, vous recevez tous, du moins en partie, du financement de la part du gouvernement fédéral sous forme de crédits parlementaires.
J'aimerais savoir comment vos trois organisations collaborent pour déterminer où et quand vous devez fournir de l'aide.
Par ailleurs, lorsqu'il y a un conflit entre vos trois organisations, comment faites-vous pour le régler? Ou est-ce une éventualité? Comment prenez-vous des décisions, surtout quand vous devez, tous les trois, faire des recommandations sur la marche à suivre, compte tenu de la nature dynamique et de l'évolution de l'industrie?
Comment êtes-vous en mesure de travailler ensemble en vue d'apporter le type de changement que vous recommandez?
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Tout d'abord, nous faisons partie du même portefeuille, et nous avons un nouveau sous-ministre qui aime bien organiser des réunions à l'échelle du portefeuille sur des questions stratégiques. Je pense que ces discussions sont très utiles pour nous.
Claude et moi venons de commencer. C'est un nouveau travail pour nous. Nous avons beaucoup de conversations. Nous essayons de comprendre quels sont les grands enjeux pour l'avenir de la culture en général et, plus précisément, celui des films. Je crois que c'est très important pour le Canada. Évidemment, le cinéma est une industrie créative et, à cet égard, il faut s'assurer d'avoir constamment le bon bassin de talents et de prendre des mesures pour cultiver ces talents, les garder au pays, leur offrir des possibilités de s'épanouir et en favoriser le rayonnement au Canada et sur la scène internationale. Nous jouons donc nos rôles respectifs dans cet écosystème.
Ce qui est vraiment important, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas de chevauchement entre nos activités, mais plutôt une collaboration réelle et constante. Selon moi, les grandes questions concernant, entre autres, l'ère numérique, l'accès, l'offre et la demande sont tout à fait les mêmes pour l'ensemble des artistes et des organisations que nous appuyons. Nous mettons en commun les pratiques et nous trouvons des moyens de simplifier le tout.
À l'heure actuelle, notre institution est en pleine transformation en vue d'offrir un nombre très limité de programmes, assortis de résultats plus clairs. Cela fera de nous de meilleurs partenaires pour nos collègues et le secteur privé. Parfois, c'est très complexe et, quand un organisme ressemble à une pieuvre géante, il devient très difficile d'établir un partenariat avec lui. Par contre, plus un organisme est simple et clair, plus il devient un partenaire intéressant. C'est ce que nous essayons de faire.