Je déclare ouverte la 48e séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude de la danse au Canada. Pour la première heure, nous accueillons trois groupes différents.
Nous avons premièrement Zab Maboungou, directrice artistique de la Compagnie Danse Nyata Nyata.
[Français]
Nous accueillons également Anik Bissonnette, directrice artistique, et Alix Laurent, directeur général, de l'École supérieure de ballet du Québec.
[Traduction]
Par vidéoconférence, de Vancouver, nous avons Emily Molnar, de Ballet BC.
Nous allons commencer par Zab Maboungou.
Vous avez huit minutes. Chacun des trois groupes aura au maximum huit minutes. Vous avez la parole.
[Français]
Je vais parler en français et un peu en anglais. Je n'ai pas beaucoup de temps, seulement huit minutes.
Merci infiniment à tous les membres fort honorables de ce comité. Je me sens privilégiée d'avoir été invitée. J'apprends que c'est aujourd'hui la dernière réunion du comité. Nous allons donc essayer de mentionner les choses qui comptent.
Pour moi, c'est un peu un pèlerinage d'être ici puisqu'il s'agit de Patrimoine canadien. Il y a 12 ans, en 2003, nous avons créé un programme de formation à Nyata Nyata qui visait principalement à mettre encore plus en avant ce que j'appelle le crédo de la compagnie: les personnes, les arts et les savoirs. Ces trois éléments fondamentaux font partie d'une approche que j'ai adoptée depuis la fondation de la compagnie, en 1987. C'est quelque chose qui m'est apparu comme absolument fondamental, malgré tous les efforts qu'on a faits pour me dire que j'allais vers un endroit très, très difficile à défendre. Cette idée de défendre la formation de la personne au moyen de la défense de l'art a toujours été fondamentale pour moi.
C'est exactement la même chose que nous défendons actuellement. Au cours de ces 12 années, nous avons pu mettre à l'épreuve cette expérience. Je ne croyais vraiment pas pouvoir témoigner moi-même, après 12 ans, de la réussite et, surtout, des résultats qui ont été obtenus grâce à ce programme qui, fondamentalement, opère ce que j'appelle les transferts de savoir culturel qui ne se feraient pas s'il n'y avait l'oeuvre artistique pour les forcer, en témoigner et les mettre à l'épreuve.
C'est ce que nous avons fait en abordant cela d'un point de vue philosophique et technique, dans la mesure où il fallait pouvoir mettre en avant une technique du mouvement qui pouvait opérer ces transferts. Aujourd'hui, il y a des gens formés qui sont sur le marché du travail et qui choisissent, tout en poursuivant leur carrière artistique, de se développer professionnellement dans les arts de la santé, de la réflexion, de la gestion des arts, entre autres.
Sur ce plan, c'est un succès. C'est évidemment ce que je vise à défendre, cette approche de l'art à travers la diversité, mais la diversité véritablement en action, la diversité mobilisatrice des personnes sur place, sur le plan local. Ce programme vise toujours à faire valoir le dynamisme local pour favoriser l'ouverture sur le monde. Ce programme favorise une sorte d'intégration fondamentale de ces deux aspects.
Je vous ai donné un document qui rappelle en huit points non seulement l'importance de la danse, mais également son aspect fondamental. Je ne vais pas passer ces points en revue ici, car vous pourrez consulter ce document.
Cette année, je suis allée au Sénégal et en Angleterre, où j'ai été convoquée pour à peu près la même chose. Il semble que, sur le plan international, on partage les mêmes soucis. On m'a demandé de faire état de l'importance fondamentale de la danse au coeur de sociétés en pleine mouvance, en pleine transformation et en plein changement. Il semble que ce comité ait emprunté la bonne voie et je vous en félicite. On vise à renouveler la réflexion sur la danse et à favoriser plus que jamais son développement et sa pérennité. Il faut consolider ce qui existe déjà, mais également permettre à toute l'émergence d'intervenir et d'être sollicitée.
C'est à peu près tout ce que j'ai à dire. Je ne sais pas si vous avez des questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent du patrimoine canadien, nous vous remercions d'avoir invité l'École supérieure de ballet du Québec à participer à l'examen que vous avez entrepris au sujet de l'importance de la danse. Je suis accompagnée aujourd'hui de M. Alix Laurent, directeur général de notre institution.
L'École supérieure de ballet du Québec est fière d'être ici aujourd'hui pour parler de la danse au Canada, tout particulièrement du rôle stratégique de la formation. En effet, l'école supérieure est la seule institution francophone en Amérique du Nord à offrir une formation en ballet de calibre international, et ce, depuis bientôt un demi-siècle.
En 1952, le Canada accueillait Mme Ludmilla Chiriaeff, une artiste russe formée à Berlin qui allait fonder les Grands Ballets canadiens de Montréal ainsi que l'institution qu'est devenue l'École supérieure de ballet du Québec. Grâce à la passion, à la détermination et à la persévérance de pionnière de Mme Chiriaeff, la danse a pris un essor sans précédent au pays. L'école supérieure accueille environ 130 élèves qui désirent devenir danseurs au sein de son programme professionnel. Parce que notre établissement détient le mandat exclusif au Québec de la formation supérieure en danse classique, ces 130 jeunes proviennent non seulement de Montréal et des différentes régions du Québec, mais également des autres provinces du Canada, des États-Unis, d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Sud. Ils repartent de chez nous en ayant consolidé leur maîtrise des deux langues officielles du Canada, en plus d'avoir acquis des compétences artistiques de très haut niveau.
Notre programme professionnel s'étale sur 10 ans. Nos élèves font de trois à cinq heures de danse par jour, de cinq à six jours par semaine, tout en poursuivant une rigoureuse formation générale. En effet, l'école supérieure est associée à des établissements scolaires dont la réputation n'est plus à faire, notamment le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, qui est de niveau secondaire. Cet établissement est cité dans le guide d'excellence de l'association étudiante de l'Université de Cambridge, lequel répertorie les meilleures écoles du monde.
Nos élèves ont la chance de grandir à Montréal, qui est une véritable métropole culturelle et l'une des capitales internationales de la danse. Cela signifie qu'ils sont au coeur d'un milieu extrêmement stimulant et foisonnant. Ils vivent dans un univers de danse et ils sont en lien constant avec les créateurs les plus remarqués de la planète. Ils ont pour professeurs une vingtaine de pédagogues hors pair ayant fait une grande carrière au sein des compagnies de danse les plus prestigieuses du monde.
Chaque année, de cinq à dix jeunes terminent leur formation supérieure en interprétation de la danse classique. Nos diplômés dansent pour les compagnies canadiennes comme les Grands Ballets canadiens de Montréal, le Ballet national du Canada, l'Alberta Ballet, le Ballet BC et le Ballet-théâtre atlantique du Canada. Nos anciens sont également actifs à l'étranger, entre autres en Allemagne, aux États-Unis, en France et aux Pays-Bas.
Bien sûr, les jeunes qui passent par l'École supérieure de ballet du Québec ne deviennent pas tous des danseurs professionnels. Cependant, je peux vous affirmer que tous, sans exception, gardent en eux un précieux bagage qui leur servira toute leur vie durant. L'apprentissage de la danse classique répond à une logique sans faille. Il est méthodique, structuré et basé sur des principes biomécaniques et articulés autour d'un langage qui ne cesse de se perfectionner depuis plus de 300 ans.
Nos élèves apprennent la rigueur, le respect et la discipline, qui sont des atouts inestimables sur le marché du travail et essentiels dans tous les secteurs d'emploi. D'ailleurs, certains de nos anciens se sont recyclés en de brillants gestionnaires, d'autres font carrière en droit, en médecine ou dans le milieu des communications. Tous ont gagné une mentalité de danseur, c'est-à-dire qu'ils ont pris l'habitude de prendre soin d'eux, de leur corps, de leur tête et de leur coeur, sans parler du naturel altruisme de tous les danseurs puisque ce talent durement appris, ils savent le redonner à la communauté. Ce sont à la fois des artistes complets et des athlètes, des citoyens responsables, des hommes et des femmes éduqués. En effet, la pratique de la danse s'avère un atout contre le décrochage scolaire et elle favorise le développement d'une manière structurée de fonctionner en société. La danse constitue une pratique primordiale pour une société en santé, et ce, même lorsqu'elle représente un loisir, comme c'est le cas pour les enfants et les adultes inscrits dans notre programme récréatif.
Ce programme, qui attire près de 1 000 personnes, génère un peu plus de 20 % de nos revenus. L'école supérieure dispose d'un budget annuel de près de 3,5 millions de dollars, dont moins de la moitié provient du financement public. Notre principal bailleur de fonds est le ministère de la Culture et des Communications du Québec.
De son côté, Patrimoine canadien nous a octroyé l'an dernier 125 000 $, soit 3 % de notre budget. Cette année, la somme a été réduite à 115 000 $. Quels que soient les motifs de ces compressions, ce montant est de toute façon nettement insuffisant pour appuyer la mission d'un établissement de notre envergure, qui est le seul au Québec. Cela nous force à faire des efforts disproportionnés pour parvenir à accomplir notre mission et constitue un des principaux freins pour notre développement. Ce développement est d'ailleurs plus que jamais d'actualité puisque nous avons un projet de rénovations majeures. Nos espaces sont devenus trop exigus et ne répondent plus aux normes internationales. Depuis une trentaine d'années, nous logeons dans la Maison de la danse, un édifice que nous partageons avec les Grands Ballets canadiens de Montréal. Ces derniers vont déménager dans le Quartier des spectacles en 2016. Nous allons saisir cette occasion pour lancer un chantier, afin de nous doter d'installations dignes des plus grandes écoles du monde. Il ne suffit pas de donner aux futurs danseurs professionnels le meilleur enseignement, il faut aussi répondre à leurs besoins en matière d'entraînement dans des aires de repos et de mise en forme adaptés. Il faut aussi avoir des équipements qui sont à la fine pointe de la technologie. Pour ce faire, le soutien financier des gouvernements est plus que nécessaire.
Pour que le secteur de la danse atteigne son plein potentiel au Canada, il est plus qu'urgent de solidifier toutes les étapes de production de notre discipline, en particulier la formation, pour faire en sorte qu'elles soient en prise directe avec le marché du travail. Nous devons assurer à nos diplômés qu'ils pourront travailler ici au terme de leurs études. Il s'agit d'un enjeu criant pour toute une génération de jeunes danseurs. Une solution à envisager serait d'accorder aux compagnies de danse canadiennes un financement spécifique pour qu'elles embauchent strictement des apprentis issus des grandes écoles canadiennes, qui sont de véritables viviers de talent.
J'insiste pour préciser qu'il ne s'agit pas d'un but utopique. Au contraire, je suis la preuve vivante que ce mode de transmission du savoir fonctionne parfaitement puisque j'ai moi-même pu en bénéficier. À 17 ans, je n'étais pas mûre pour la scène professionnelle. Néanmoins, j'ai été repérée par une compagnie qui a pris le temps de peaufiner ma formation à titre d'apprentie, si bien que j'ai dansé partout dans le monde et que je suis devenue première danseuse aux Grands Ballets canadiens. Nous avons la chance au Canada d'avoir un bassin de jeunes danseurs en devenir au potentiel exceptionnel. Aujourd'hui, je souhaite de tout coeur que le Canada leur permette d'avoir droit aux mêmes chances que celles qui m'ont permis de faire une si belle carrière. Enfin, il faut que des générations de jeunes danseurs canadiens continuent d'illuminer de leur grâce les plus belles scènes du pays et du monde. Aidez-nous à former les ambassadeurs du futur.
Je vous remercie de votre précieuse attention.
:
Bonjour. Je suis ravie d'être là. Je remercie le comité de l'intérêt qu'il manifeste et de l'occasion qu'il me donne de parler de la valeur de la danse au Canada.
Je vous parle au nom de deux organisations. Je suis la directrice artistique de Ballet BC, et cette année, j'ai aussi été nommée directrice artistique de la danse au Banff Centre for the Arts. Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de l'excellence en danse au Canada et de Ballet BC.
Je vais d'abord vous parler un peu de moi, car je suis un fier produit du système de formation canadien et que j'ai pu avoir une belle carrière internationale en tant que danseuse professionnelle. Je suis danseuse, chorégraphe et enseignante. Je suis membre du Centre de ressources et transition pour danseurs et de la Canadian Alliance of Dance Artists, je fais partie du conseil d'administration du Conseil des arts de la Colombie-Britannique et je suis maintenant la directrice artistique de deux des plus importantes organisations canadiennes de danse.
J'ai quitté ma Saskatchewan natale à l'âge de 10 ans pour étudier à l'École nationale de Ballet, à Toronto. À ma graduation, à l'âge de 16 ans, j'ai été invitée à danser avec le Ballet national du Canada. L'étape suivante de ma carrière a été d'accepter l'invitation de danser en solo avec le ballet de Francfort pour le chorégraphe de réputation mondiale William Forsythe. Quand j'ai travaillé en Europe, non seulement j'ai été exposée à diverses compagnies de danse, formes et pratiques artistiques, mais j'ai aussi eu le privilège de me produire partout dans le monde pour des publics de cultures très variées. Pendant ces années, j'ai rencontré de nombreux artistes canadiens suivant un cheminement semblable au mien, ce qui prouve que nous avons au Canada une formation en danse de calibre mondial.
En 1998, j'ai ressenti une forte envie de revenir au Canada pour m'intégrer plus directement dans le milieu de la danse au Canada. C'est ainsi que je suis venue à Vancouver, où j'ai été première danseuse pendant quatre ans à Ballet BC, puis danseuse indépendante, chorégraphe et enseignante pendant sept ans. En 2009, je suis devenue la directrice artistique de Ballet BC.
Ballet BC a été fondée en1986. C'est une compagnie de ballet contemporain reconnue internationalement. Elle est une chef de file en création, en production et en enseignement de la danse contemporaine tournée vers le monde. L'une de nos grandes priorités est de soutenir les artistes canadiens. Cependant, il est aussi important d'inclure des talents de l'étranger dans notre programmation, car c'est ainsi que nous pouvons offrir la diversité et l'éventail de spectacles de danse contemporaine que nos spectateurs et intervenants appuient avec enthousiasme.
Les spectacles de Ballet BC se déroulent toute l'année dans l'une des plus grandes salles au Canada, soit le théâtre Queen Elizabeth de Vancouver. Nos bureaux et studios se trouvent dans le Scotiabank Dance Centre — le seul édifice polyvalent destiné à la danse au Canada. Nous faisons avec fierté des tournées provinciales, nationales et internationales. Par exemple, en juin, Ballet BC sera la première compagnie canadienne à débuter le prestigieux festival de danse Jacob's Pillow, au Massachusetts, qui en est maintenant à sa 83e saison. Compte tenu des spectacles chez nous et à l'étranger ainsi que des programmes de sensibilisation et d'éducation, plus de 25 000 personnes font l'expérience de Ballet BC chaque saison.
En tant qu'outil de communication non verbal, la danse exprime le pluralisme complexe de la culture canadienne pour des spectateurs de tous les horizons. La capacité des artistes du domaine de la danse de représenter des histoires canadiennes est extrêmement précieuse. La danse est un langage mondial qui transcende toutes les frontières et qui contribue à définir notre identité culturelle, en tant que Canadiens. La danse est une forme d'art des plus essentielles; elle est viscérale, elle stimule la réflexion et est transformatrice.
Dans sa composition, Ballet BC est le reflet de la multiplicité de la société canadienne et de l'histoire de l'immigration au Canada. Nous employons en ce moment 18 artistes aux talents uniques, 4 apprentis et 14 solistes, dont le sens artistique et l'habileté technique sont exceptionnels. La plupart des compagnies de danse canadiennes engagent pour leur corps de ballet des danseurs qui travaillent en groupe avant d'acquérir l'expérience nécessaire pour assumer des rôles de solistes. Ballet BC se démarque en raison des rudes exigences de son répertoire contemporain, lequel exige des compétences spécialisées de haut niveau. Par conséquent, quand je reçois des danseurs en audition, je recherche un degré élevé d'excellence et un grand sens artistique, en plus d'un ensemble très précis de compétences.
À Ballet BC, pour nous assurer de toujours avoir des talents d'ici qui répondent à nos critères d'exécution rigoureux, nous travaillons de façon proactive à soutenir les danseurs canadiens au moyen de plusieurs initiatives permanentes. Entre autres, nous avons une compagnie d'apprentis pour jeunes danseurs canadiens, une alliance officielle avec le programme de danse Arts Umbrella de Vancouver, des ateliers avec des chorégraphes invités et un programme estival intensif de danse pour les étudiants préprofessionnels. Je réalise régulièrement des auditions à Montréal, Toronto et Vancouver et je m'assure d'entretenir des liens étroits avec les écoles pour demeurer au fait des danseurs canadiens qui pourraient représenter de bons choix pour Ballet BC.
Nous sommes fiers que 11 de nos 14 danseurs à temps plein soient des Canadiens, mais il est souvent difficile de trouver des danseurs canadiens qui possèdent la bonne combinaison d'habiletés techniques et de sens artistique pour répondre à nos besoins. Je tiens à souligner qu'en présence de deux danseurs comparables, à une audition, je vais toujours choisir le danseur canadien. Mais il n'en a pas toujours été ainsi, et il nous arrive d'embaucher des danseurs de l'étranger.
À cette fin, nous devons faire une demande au Programme des travailleurs étrangers temporaires pour obtenir les permis de travail nécessaires. Les talents étrangers auxquels Ballet BC fait appel ne sont pas que des danseurs. Il y a aussi des chorégraphes et collaborateurs en visite ainsi que notre directeur général. Je souligne que plusieurs de ces employés cherchent en ce moment à obtenir le statut de résident permanent.
Nous comprenons parfaitement que le but du remaniement du Programme des travailleurs étrangers temporaires réalisé l'année passée était de favoriser l'embauche de travailleurs canadiens et de garantir que les entreprises se conforment aux règles en matière d'emploi. Bien que nous respections la logique qui sous-tend les nouvelles règles et que nous soutenions avec enthousiasme l'idée de donner en premier aux Canadiens la chance de décrocher les emplois offerts au Canada, il n'en reste pas moins que nous consacrons maintenant des milliers de dollars par année aux coûts liés aux demandes et aux permis ainsi qu'aux salaires des danseurs étrangers, supérieurs à ceux de nos danseurs canadiens, afin de respecter les exigences relatives à l'étude d'impact sur le marché du travail qui dicte les salaires.
Outre les coûts, le Programme des travailleurs étrangers temporaires rend difficile l'embauche de danseurs qui excellent en danse contemporaine et qui sont essentiels au maintien de nos normes de haut rendement. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires entrave aussi l'embauche de chorégraphes et de concepteurs étrangers qui apportent une esthétique nouvelle à nos productions. Les Canadiens s'attendent à une présence étrangère et à des normes élevées en matière d'excellence. En danse, l'échange international est courant, et les publics canadiens connaisseurs le savent. En tant que directrice artistique, je crains que ces règles aient une incidence sur les décisions artistiques et produisent un effet très négatif sur la variété et la qualité du travail que nous présentons à nos publics.
J'espère que, grâce aux efforts de l'Assemblée canadienne de la danse, les compagnies de danse pourront se prévaloir du Programme de mobilité internationale. Ce programme correspond mieux au type de travailleurs et d'accords de travail que nous utilisons dans le domaine de la danse et nous assurerait de pouvoir maintenir notre intégrité artistique et la présence mondiale essentielle tout en continuant de soutenir les talents canadiens.
Je vais maintenant parler des aspects économiques de la danse, en ce qui concerne Ballet BC. Notre compagnie est financée par les trois ordres d'administration — la Ville de Vancouver, le Conseil des arts de la Colombie-Britannique et le Conseil des arts du Canada. Les fonds que nous recevons du secteur public représentent 30 % de nos revenus, et les 70 % restants sont des recettes gagnées. Elles viennent de la vente des billets, de fondations, de commandites d'entreprises et de dons individuels.
En 2009, Ballet BC était au bord de la faillite. Nous avons dû mettre à pied les danseurs et le personnel et repenser entièrement la compagnie. Pendant ces difficiles années de restructuration, les administrations qui nous finançaient, y compris le Conseil des arts du Canada, ont continué de soutenir Ballet BC, sachant que parfois, les contractions mènent à la croissance. Non seulement ils ont démontré leur confiance en poursuivant leur soutien financier, mais ils étaient prêts à nous aider en jouant un rôle de consultant. Ils nous ont guidés d'une main de maître à travers les champs de mines financiers et organisationnels jusqu'à ce que notre situation se stabilise. Ballet BC est aujourd'hui une organisation plus forte. Elle a enregistré des surplus au cours de quatre des cinq dernières années et a ajouté plus de 30 nouvelles oeuvres à son répertoire, depuis 2009.
Je tiens à remercier de son aide le Conseil des arts du Canada, dont la présence est vitale pour la santé à long terme du secteur des arts du Canada. Il est très respecté dans le monde entier, et le milieu de la danse au Canada est plus fort grâce à lui. Maintenant que le Conseil des arts du Canada s'achemine vers un nouveau modèle de financement, j'espère que la nouvelle vision continuera de soutenir l'excellence tout en faisant en sorte que le financement public tienne compte davantage de la complexité du processus de création artistique qui se déroule dans les studios et sur les scènes partout au pays.
Je termine en disant que je suis fière d'être canadienne et de diriger une compagnie canadienne qui compte des artistes de partout dans le monde. La danse n'a pas de frontières. C'est un langage universel qui contribue non seulement à l'identité culturelle de notre pays, mais aussi à notre bien-être physique. L'échange créatif d'artistes de la danse et de chorégraphies est au coeur d'une saine écologie mondiale de la danse. Ma carrière et le succès de Ballet BC montrent clairement à quel point la perspective mondiale et la présence d'artistes étrangers comportent des avantages pour l'art, les artistes et les publics canadiens.
Je vous remercie de votre aimable attention.
[Le témoin s'exprime dans sa langue autochtone.]
Premièrement, j'aimerais souligner que nous nous trouvons sur la terre ancestrale de la nation algonquine, et je la remercie de nous fournir l'occasion de nous exprimer au nom de la nation gitxsan.
Deuxièmement, je salue ce comité et je le remercie de me permettre de venir lui parler de ma pratique de la danse.
J'ai grandi dans un petit village de la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique, où j'ai été imprégnée dès mon plus jeune âge des chants et des danses que nous nous transmettons de génération en génération depuis des lunes. C'est cette expérience qui m'a permis d'entrer en relation avec mes souvenirs ancestraux.
Aujourd'hui, en tant que danseuse gitxsan, dans une discipline où s'entrecroisent beaucoup de disciplines artistiques, la danse est le lieu duquel les enseignements gitxsan peuvent prendre vie dans mon corps. Je suis aujourd'hui directrice générale et artistique des Dancers of Damelahamid, où mon travail assure la pérennité de ce qui a toujours revêtu une grande importance pour mes parents et mes grands-parents, comme pour moi aujourd'hui.
Ma grand-mère, la matriarche Irene Harris, a réveillé les chants et les danses de sa lignée après avoir vécu la plus grande partie de sa vie sous l'interdiction de potlatch. Pour cette raison, je chéris la danse, que je vois comme l'héritage le plus précieux de mes ancêtres et pendant toute ma vie, je m'efforcerai de développer cet art à son plein potentiel.
Pour moi, la danse, les chants et les histoires créent un environnement protecteur devant les limites qui sont imposées à nos peuples autochtones. Dans nos spectacles, non seulement nous tournons-nous vers notre savoir ancestral pour notre propre réconciliation, mais nous le partageons avec les autres et les aidons grâce à l'art.
La danse des Gitxsan est un outil d'éducation. L'espace de guérison créé par cette danse est très puissant pour les Autochtones comme pour tous les Canadiens. Les Dancers of Damelahamid transmettent également leur pratique professionnelle à des élèves d'écoles primaires, secondaires et postsecondaires. Ces ateliers éducatifs sur les danses autochtones sont au coeur des activités de la compagnie. Les élèves en retirent de l'empathie, une appréciation culturelle, de la concentration, de l'agilité, le sens du travail d'équipe et de la discipline. Ce travail vital fait partie du mandat de l'entreprise et montre qu'elle peut induire des changements sociaux grâce à l'art.
La danse des Gitxsan favorise l'avancement des processus de réconciliation en cours. Les Dancers of Damelahamid entretiennent une relation depuis longtemps avec la chorégraphe de Vancouver Karen Jamieson. Sa générosité d'esprit a inspiré divers projets de collaboration depuis plus de 25 ans.
Grâce à ces succès, les Dancers of Damelahamid appuient la nouvelle initiative de financement du Conseil des Arts du Canada intitulée {Ré}conciliation. Ce projet unique favorisera les collaborations artistiques entre des artistes autochtones et des artistes non autochtones, il permettra d'investir dans le pouvoir de l'art et de l'imagination pour inspirer le dialogue, la compréhension et le changement. Cette initiative précède la publication du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada et vise à aider les artistes comme les autres Canadiens à réfléchir à la réparation des injustices historiques pour les réparer. Grâce à cette initiative et au nouveau programme des arts autochtones, le Conseil du Canada tente de mieux reconnaître et d'appuyer le travail des artistes autochtones.
La danse gitxsan favorise la compréhension interculturelle du patrimoine autochtone.
Les Dancers of Damelahamid prévoient présenter leur nouveau spectacle de danse dans le cadre de la tournée Made in BC —Dance on Tour à l'automne 2015. La présence des Dancers of Damelahamid dans ces villages de la Colombie-Britannique est une occasion importante d'ouvrir le dialogue culturel, puisque la majorité des salles visitées n'ont jamais présenté de compagnies de danse autochtones auparavant. Il est temps que des relations se tissent entre les directeurs de salles et les artistes danseurs autochtones.
Les Dancers of Damelahamid produisent le festival annuel de danse des Premières Nations côtières en partenariat avec le Musée d'anthropologie de la UBC, à Vancouver. Ce festival est une célébration des histoires, des chants et des danses des peuples autochtones de la côte nord-ouest. Il présente des danseurs de la Colombie-Britannique, du Yukon et de l'Alaska, de même que des artistes nationaux et internationaux, et montre que ces traditions sont très vivantes, dynamiques et pertinentes encore aujourd'hui. Des artistes invités d'un peu partout au Canada, de même que des groupes internationaux de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, de l'Équateur et du Pérou y sont invités à venir nous présenter leurs traditions, ce qui permet au festival de danse des Premières Nations côtières de se connecter à la communauté internationale de la danse autochtone.
Ce festival reçoit un certain soutien dans le cadre du volet développement du Fonds du Canada pour la présentation des arts du ministère du Patrimoine canadien.
L'incidence de ce festival à l'échelle nationale comme internationale, pour présenter la diversité de la danse autochtone mériterait un financement beaucoup plus important. Le Fonds du Canada pour la présentation des arts devrait prendre les décisions qui s'imposent pour renforcer son aptitude à être inclusif et à appuyer davantage ces formes d'art distinctes.
Merci.
[Le témoin s'exprime dans sa langue autochtone.]
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Bonjour, je remercie le comité de me permettre de m'exprimer aujourd'hui.
J'habite à Mississauga, où je suis directrice artistique et fondatrice de SAMPRADAYA Dance Creations. Cette année, notre compagnie va célébrer son 21e anniversaire. J'ai également fondé, en 1990, la SAMPRADAYA Dance Academy, une organisation d'enseignement de la danse professionnelle. Ce sont deux organisations séparées, qui sont incorporées séparément, deux organisations sans but lucratif indépendantes régies par des conseils d'administration séparés et des employés différents.
Nous sommes une école de danse et un studio de création et de production de danse culturellement diversifiés qui se spécialisent dans une forme de danse classique d'Asie du Sud. Je suis arrivée au Canada il y a 50 ans, et j'ai assisté à un boom vraiment incroyable de l'arc de la danse d'Asie du Sud au Canada depuis 50 ans. Je suis très fière et heureuse de dire que la danse de l'Asie du Sud est reconnue aujourd'hui dans le paysage national comme une forme d'art canadienne, ce qui n'était pas le cas quand je suis arrivée au pays, où c'était perçu comme une forme de danse exotique. Les gens ne savaient pas trop comment la décrire; ils y voyaient une forme de danse folklorique ou d'art ethnique. Je pense qu'au fil des ans, les efforts déployés par plusieurs pionniers de la danse d'Asie du Sud ont permis de démystifier cette forme d'art et de mieux comprendre son importance comme forme d'expression artistique canadienne.
Notre école est située à Mississauga et participe très activement au développement de la danse dans les régions de Peel et de Halton, en Ontario. Notre histoire avec Patrimoine canadien remonte à longtemps. La compagnie de danse SAMPRADAYA Dance Creations a reçu de l'aide du ministère du Patrimoine canadien grâce au Fonds du Canada pour les espaces culturels, qui lui a permis d'améliorer, d'agrandir et de rénover ses studios de danse. Aujourd'hui, nous sommes très heureux de pouvoir vous dire que nous avons un centre de danse de 7 000 pieds carrés, de même qu'un théâtre de marionnettes de 95 sièges, munis d'équipement professionnel d'éclairage et de sonorisation. Tout cela est grâce au Fonds du Canada pour les espaces culturels et aux subventions d'immobilisations de la Fondation Trillium de l'Ontario, qui ont permis de financer le programme d'immobilisations de la compagnie.
Il y a plusieurs années, l'académie a également reçu du soutien du Fonds du Canada pour les espaces culturels pour acheter de l'équipement spécial audiovisuel destiné à la formation en danse. Nous avons également réussi à obtenir des petits montants pour la présentation des arts. Nous ne faisons pas encore partie de CanDance, le réseau canadien des présentateurs de danse.
Aujourd'hui, grâce à tout ce que nous avons réussi à accomplir au cours des 25 dernières années, notre académie est la plus importante organisation de danse classique de l'Asie du Sud-Est au Canada. Nous bénéficions du Fonds du Canada pour la formation dans le secteur des arts du ministère du Patrimoine canadien.
Nos diplômés (34 d'entre eux) travaillent en danse professionnelle au sein de ma compagnie ou comme danseurs indépendants. Ce sont des danseurs recherchés à l'échelle nationale comme internationale. Notre académie offre également le seul cours d'été intensif de formation et de perfectionnement professionnel en danse classique d'Asie du Sud au Canada chaque année, et c'est un aspect très important de ce que nous faisons.
SAMPRADAYA Dance Creations est une compagnie de danse professionnelle. Nous créons et produisons des oeuvres, que nous présentons sur les grandes scènes. C'est un fait très important que je tiens à souligner, parce que nous ne nous produisons plus exclusivement pour notre communauté culturelle. En effet, notre danse est vue dans tout le Canada sur les grandes scènes nationales, et nous faisons également des tournées internationales. Nous sommes considérés comme une compagnie de danse canadienne et non comme une compagnie de danse sud-asiatique du Canada. C'est une distinction importante.
Nous faisons de la création et de la production, et permettons à de nombreux artistes de présenter des spectacles. Au cours des 10 dernières années, notre troupe a élargi son mandat pour devenir une organisation qui se consacre au développement de la danse sud-asiatique. Ainsi, plutôt que de nous contenter de créer et de présenter des spectacles de danse, nous travaillons à favoriser le développement de notre communauté d'artistes de la danse en misant notamment sur des formules spéciales de spectacles, comme la série Horizon, pour les artistes émergents de la nouvelle génération. Notre théâtre offre également une série de représentations mettant en vedette des artistes établis.
Comme nous collaborons étroitement avec de nombreux groupes communautaires de Halton et de Peel dans toutes les disciplines — théâtre, danse, musique, littérature et cinéma —, je me dois de vous dire à quel point le financement obtenu du programme Espaces culturels est essentiel pour qu'une petite organisation comme la nôtre puisse devenir une plaque tournante de l'activité artistique régionale.
J'aurais quelques recommandations à vous faire.
Notre troupe collabore avec de nombreux artistes internationaux de l'Asie du Sud et des États-Unis pour créer des oeuvres qui sont présentées en tournée au Canada comme à l'étranger. Pas plus tard que la semaine dernière, nous célébrions notre 25e anniversaire en présentant une production avec la participation de cinq artistes indiens. Ces artistes ont pu venir au Canada dans le cadre du Programme de mobilité internationale, une aide dont nous avons absolument besoin si nous voulons pouvoir ainsi inviter des artistes étrangers. Nous sommes reconnaissants à Patrimoine canadien de nous permettre d'avoir accès à ce programme, ce qui nous évite d'avoir recours aux études d'impact sur le marché du travail, un processus coûteux, long et complexe. J'exhorte donc Patrimoine canadien à continuer de permettre que des artistes étrangers puissent venir au pays dans le cadre du Programme de mobilité internationale. Il serait également bon que l'on élimine certaines des restrictions qui s'appliquent, car cette collaboration avec des artistes d'ailleurs est cruciale pour nous.
Je vais vous parler des retombées de ces visites au Canada par des artistes d'autres pays. Il s'ensuit des débouchés directs pour les artistes canadiens et les troupes comme la nôtre sur les marchés étrangers, du fait que ces artistes retournent en Inde, pour utiliser cet exemple, y parlent du merveilleux travail que l'on accomplit au Canada, et encouragent les producteurs indiens à présenter nos oeuvres en Inde et dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est. Je ne saurais trop insister sur l'importance de la diffusion du travail des artistes canadiens dans le reste de la planète. J'ajouterais qu'il ne faut pas considérer l'art canadien dans une perspective uniquement eurocentrique. J'estime que le Canada peut compter aujourd'hui sur une communauté très pluraliste dont l'offre artistique est extrêmement diversifiée tant du point de vue du travail interdisciplinaire que des voix qui se font entendre.
J'exhorterais également le Canada...
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Bonjour à tous. Je vous remercie de me fournir l'occasion de vous parler de la danse à Calgary, de la danse jazz et de notre compagnie.
Decidedly Jazz Danceworks (DJD) a été créée en 1984 à l'Université de Calgary. Vicki Adams Willis avait mis sur pied l'un des seuls programmes de danse jazz offerts dans une université canadienne et avait deux finissantes qui souhaitaient pouvoir continuer à se livrer à leur passion sans avoir à déménager. Elles ont convaincu Vicki de se joindre à elles pour lancer une compagnie de danse. Pendant les premières années, DJD était une troupe à temps partiel qui fonctionnait au moyen de subventions pour l'emploi d'été. Elles rêvaient de pouvoir embaucher 10 danseurs 10 mois par année pour qu'ils s'entraînent à temps plein et présentent des spectacles.
En 1987, la compagnie a soumis une demande au Programme de planification de l'emploi, une stratégie canadienne qui n'était pas destinée à ce genre de projet. Malgré tout, la demande bien étayée par une foule de lettres de recommandation de la collectivité a finalement été acceptée. Ce fut la rampe de lancement qui nous a permis de devenir une compagnie de danse à temps plein. Qui aurait pu s'imaginer à l'époque que, 29 ans plus tard, nous travaillerions en partenariat avec la Calgary Foundation pour construire un centre de 43 millions de dollars?
À sa 31e année d'existence, DJD dispose maintenant d'un budget annuel de fonctionnement allant de 2 à 2,5 millions de dollars. Cinquante pour cent des sommes que nous dépensons vont directement à des gens: danseurs, personnel administratif, professeurs, musiciens, designers et techniciens de scène.
DJD a comme objectif fondamental de permettre à des danseurs de travailler. Nous souhaitons ainsi faire travailler de 8 à 12 danseurs à temps plein pendant une période de 32 à 42 semaines. Nous investissons dans leur formation et leur perfectionnement. Malheureusement, nous avons dû au cours des cinq dernières années réduire la taille de notre troupe et le nombre de semaines de travail. C'est directement attribuable au fait que notre budget de fonctionnement n'augmente pas, alors que nos frais d'exploitation ne cessent de grimper.
Comme nous devons composer avec une pénurie chronique de danseurs masculins, il nous arrive souvent d'embaucher des Américains, des Cubains, des Jamaïcains et des Brésiliens. Nous avions ainsi un danseur brésilien pour la saison qui vient de prendre fin. Étant donné que notre style est unique, il est rare que nous puissions embaucher un danseur dont le niveau est supérieur à celui d' « apprenti » selon nos critères. Il faut savoir que, suivant ces critères, un apprenti est quelqu'un qui s'entraîne depuis des années, qui a fait de la danse professionnelle et qui, bien souvent, a une formation postsecondaire en danse. Nous devons offrir à ces danseurs ce que Service Canada considère être le salaire courant. En 2014, c'était 17 $ l'heure. Cette année, lorsque nous avons amorcé le processus pour renouveler son permis de travail, le salaire courant était établi à 25 $ l'heure, une hausse draconienne totalement injustifiée, si on considère les salaires versés par notre troupe ainsi que par l'Alberta Ballet et les autres compagnies de danse auprès desquelles nous avons fait des vérifications.
Nous pourrions montrer que les données utilisées étaient inexactes, mais le processus ne nous permet pas de contester le salaire courant établi. Si nous ne sommes pas en mesure de verser un tel salaire, notre demande est rejetée. Il va donc nous manquer un danseur masculin pour la prochaine saison et nous aurons perdu les investissements consentis pour former ce danseur brésilien.
J'aimerais parler brièvement des salaires de nos danseurs et danseuses. Précisons d'abord et avant tout que nous avons pour principe de fixer le salaire de tous nos employés en fonction de ce que nous versons à un danseur. La rémunération de nos danseurs est établie à partir de comparaisons avec trois ou quatre autres compagnies de danse contemporaine au Canada. Dans une ville comme Calgary, vous pouvez vous imaginer à quel point il est difficile de combler certains de nos postes en marketing et développement avec des enveloppes salariales aussi réduites.
Malheureusement, les gens à la recherche de salaires élevés ne vont pas choisir le secteur des arts. Nos apprentis touchent 595 $ par semaine, soit 17 $ l'heure, ce qui donne un salaire net à la quinzaine de 978 $. Pour un danseur possédant cinq années d'expérience, nous versons 22 $ l'heure, soit 770 $ par semaine pour un salaire net à la quinzaine de 1 223 $. Nous assumons tous les frais associés aux assurances pour les soins de santé, les soins dentaires et l'invalidité à court terme.
Vous pouvez comprendre qu'il est plus que difficile pour nos danseurs de joindre les deux bouts dans une ville comme Calgary où le loyer moyen d'un appartement de deux chambres atteint 1 409 $. Dans le contexte actuel de nos frais d'exploitation qui augmentent, contrairement à nos subventions de fonctionnement qui diminuent même dans certains cas, sans compter les levées de fonds de plus en plus difficiles depuis 2008, il nous est impossible de hausser les salaires de façon significative.
Comme vous le savez peut-être, le jazz est une forme d'expression artistique résolument nord-américaine. La danse jazz a vu le jour en Amérique du Nord à la faveur de la fusion de formes artistiques européennes et de traditions africaines de chant et de danse que les esclaves ont amenées avec eux. DJD invite le public et les étudiants à voir comment le jazz peut façonner les mouvements et les sensations, à explorer les liens entre expression personnelle et collaboration, et à bouger eux-mêmes.
Nous nous efforçons de rendre la danse accessible à tous, c'est-à-dire aussi bien au danseur professionnel qu'au grand public. Nous y parvenons en présentant des spectacles mais également, ce qui est tout aussi important, par le truchement de l'éducation et du rayonnement communautaire. Nous offrons des cours pour les gens de tous les niveaux et de toutes les catégories d'âge, de 2 à 90 ans. Nous sommes actifs au sein du système scolaire. Nous travaillons avec des écoles pour élèves ayant des besoins particuliers et d'autres groupes spéciaux comme les gens souffrant de la maladie de Parkinson et les femmes tentant de s'affranchir de problèmes de dépendance.
DJD offre l'un des seuls programmes de formation professionnelle en danse jazz au Canada. À ce titre, je pourrais vous citer Darwin Prioleau de la faculté de danse de SUNY Brockport à New York: « Qui aurait pensé qu'il faudrait que je me rende jusqu'à Calgary (Alberta) au Canada?... C'est le seul endroit en Amérique du Nord où l'on enseigne le jazz authentique. »
Cette année, 12 étudiants de différentes régions du Canada ont suivi pendant 32 semaines notre programme de formation professionnelle. Nous avons un partenariat avec l'Université de Calgary et Ryerson, et nous rêvons de pouvoir élargir ce programme, une fois installés dans notre nouveau centre. Nous nous sommes informés des possibilités de financement dans le cadre du Fonds canadien pour la formation dans le secteur des arts, mais il semblerait que ce programme soit déjà fortement sollicité et qu'il y ait peu de chances que l'on puisse accepter de nouvelles demandes.
DJD a déménagé dans ses installations actuelles en 1993. Nous payions alors un loyer annuel de 30 000 $ pour une superficie de 9 500 pieds carrés. Depuis, notre loyer a doublé tous les cinq ans. Lorsque le loyer a atteint 140 000 $, ce qui était encore inférieur au prix du marché, nous avions déjà optimisé toutes les perspectives d'augmentation de revenus que pouvaient nous offrir nos cours. Pour éviter d'avoir à mettre la clé dans la porte, il nous fallait absolument régler nos problèmes de locaux et, dans un monde idéal, nous associer à un propriétaire à l'esprit philanthropique.
En 2005, nous avons amorcé les discussions avec la Kahanoff Foundation qui envisageait d'agrandir son centre unique en son genre du fait qu'il louait des locaux à des organisations caritatives à 75 % du prix du marché au centre-ville de Calgary. On nous avait alors invités à participer au projet d'agrandissement. Ce fut une aventure de 10 ans où les embûches n'ont pas manqué. Les projets de cette envergure sont un peu comme un château de cartes; de nombreux partenaires sont nécessaires pour qu'ils se concrétisent, et le soutien de l'un peut être dépendant de celui de l'autre, sans compter qu'il faut composer avec différents exercices budgétaires.
Il y a donc plusieurs variables qui entrent en jeu, mais je suis fière de pouvoir vous dire que le nouveau centre de danse DJD ouvrira ses portes en avril 2016 en ayant respecté son budget et son échéancier. Ce centre de 40 000 pieds carrés servira de porte d'entrée à un édifice de 12 étages. Notre compagnie occupera les cinq premiers étages. On y trouvera sept studios, dont un pouvant se convertir en salle de spectacle de 200 places, un espace communautaire, un local pour la fabrication des costumes et des bureaux pour l'administration. Le centre offrira des espaces beaucoup plus grands à DJD et, ce qui est plus important encore, deviendra un véritable carrefour culturel pour Calgary et un foyer pour la danse.
DJD doit contribuer à l'investissement en capital à hauteur de 26 millions de dollars. Nous avons recueilli jusqu'à maintenant 23 millions de dollars et entamé le sprint final pour trouver les 3 millions qui manquent. À ce sujet, je dois avouer que je m'inquiète un peu des répercussions du ralentissement économique qui touche Calgary.
La planification de notre avenir financier doit essentiellement passer par l'établissement d'un fonds de dotation. La possibilité de subventions publiques égalant leurs contributions dans le cadre du programme Incitatifs aux fonds de dotation est une source de motivation importante pour les donateurs. Nos villes ont besoin d'organisations artistiques fortes et dynamiques. Il nous faut un financement stable pour continuer à faire sentir notre présence dans nos collectivités. Plus souvent qu'autrement, nous sommes de petites organisations qui devons mettre les bouchées doubles avec des ressources très limitées pour accomplir ce que nous faisons.
À titre de directrice exécutive d'une entreprise de 2 millions de dollars ayant un personnel administratif réduit, je peux vous dire qu'il est plus avantageux pour nous de pouvoir compter sur une base stable de fonds d'exploitation que de devoir faire appel à un large éventail de programmes de subventions que nous devons trouver et solliciter en espérant une réponse positive.
À l'approche du 150e anniversaire du Canada que nous devons effectivement prendre le temps de souligner, nous entendons mettre en valeur notre culture et nos arts, car c'est ce qui nous définit en tant que société. Parallèlement à ces célébrations, je vous encouragerais toutefois à manifester concrètement votre engagement à assurer l'avenir de notre secteur en consentant les importants investissements nécessaires pour que nos organisations puissent demeurer saines et dynamiques. Nous devons nous occuper de nos artistes, assurer leur formation et leur fournir de l'emploi.
J'ai eu le plaisir d'entendre récemment Zita Cobb, l'instigatrice de la revitalisation de l'île Fogo à Terre-Neuve, et il y a une de ses observations qui m'a frappée: « La nature et la culture revêtent un caractère essentiel pour la vie humaine. »
Je vous remercie.
Je vais enchaîner là-dessus. Madame Pada, je suis ravie de vous avoir parmi nous aujourd'hui et de savoir que le bharata natyam ainsi que la danse d'Asie du Sud sont désormais reconnus dans le paysage national comme une forme d'art canadienne, comme vous l'avez indiqué.
Pour ma part, c'est grâce à la danse si j'ai pu trouver mon identité culturelle, cet équilibre entre mes racines et mon identité canadienne, bref ce que je suis aujourd'hui. Je sais que vous jouez un grand rôle auprès de nos jeunes dans l'ouest de la région du Grand Toronto.
Vous et Mme Sundstrom avez parlé des difficultés auxquelles vous vous heurtez relativement au Programme des travailleurs étrangers temporaires. Madame Pada, vous avez aussi évoqué le Programme de mobilité internationale et indiqué à quel point il vous avait aidée à faire venir cinq danseurs pour votre dernière production, et tout ce qui s'ensuit.
Je vais me concentrer sur cet aspect, car j'estime que vous avez été claire au sujet du Programme de mobilité internationale. Le gouvernement en fait-il suffisamment pour établir des partenariats internationaux de manière à ce que vous, en tant qu'école et compagnie de danse, puissiez-vous reproduire à l'étranger et être en mesure de faire des tournées?
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Dans ce cas, nous allons traiter de l'article 1 en premier.
(L'article 1 modifié est adopté avec dissidence.)
(L'article 2 est adopté avec dissidence.)
Le président: Le titre est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Un député: Avec dissidence.
Le président: Le projet de loi modifié est-il adopté?
Des députés: D'accord.
Un député: Avec dissidence.
Le président: Le président doit-il faire rapport du projet de loi modifié à la Chambre?
Des députés: D'accord.
Un député: Avec dissidence.
Le président: Le comité doit-il ordonner une réimpression du projet de loi modifié pour l'usage de la Chambre à l'étape du rapport?
Des députés: D'accord.
Un député: Avec dissidence.
Le président: Comme il n'y a plus d'autres points, la séance est levée.