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Je déclare la séance ouverte.
Nous allons poursuivre aujourd'hui nos audiences sur le .
Avant de donner la parole aux invités que nous recevons aujourd'hui, j'aurais quelques observations à formuler. D'abord, je tiens à remercier Mme Crowder d'avoir occupé le fauteuil, lundi, en mon absence.
Une autre observation générale avant de commencer : avant la pause, nous avons discuté des témoins et du programme du comité, et nous avons convenu de fixer les travaux jusqu'au congé de Pâques, qui fait deux semaines, en prévoyant la première réunion par la suite. Évidemment, on pouvait craindre de se retrouver en pleine campagne électorale. Maintenant, il semble que ce ne sera pas le cas.
Je ne ferai pas d'observations sur cette question-là, mais il semble que nous allons mener nos travaux plus longtemps que prévu; par conséquent, j'espère que, durant la prochaine semaine, nous allons pouvoir réunir les membres du sous-comité pour discuter du programme pour l'avenir, après le congé de Pâques — de la manière dont nous allons nous y prendre pour accueillir tous les témoins appelés à se prononcer sur le projet de loi .
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En présumant que nous serons ici après le congé de Pâques, je crois que nous allons aller de l'avant et planifier quelque peu les travaux à venir.
Cela dit, je veux remercier nos témoins d'être là aujourd'hui: le grand chef adjoint Glen Hare et Eliza Montour de l'Union of Ontario Indians, et Luke Hunter, qui représente la nation Nishnawbe Aski. Nous attendons également le grand chef Denise Stonefish, de l'Association of Iroquois and Allied Indians. Elle n'est pas encore arrivée. Je crois savoir qu'elle doit arriver à Ottawa cet après-midi; nous espérons donc qu'elle arrivera à temps.
Je demanderais aux témoins de présenter une courte déclaration puis, comme le veut l'usage, nous allons poser des questions.
Je donnerai d'abord la parole au grand chef adjoint Glen Hare. Je vous invite à nous présenter une déclaration de cinq minutes. Je vous demande de vous en tenir à cinq minutes, mais je ne vais pas vous couper la parole.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Nous apprécions l'occasion qui nous est donnée de vous adresser la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Glen Hare. Je suis membre de la première nation M'chigeeng. C'est dans l'île Manitoulin; ce coin béni de Dieu. De même, j'ai déjà été chef de notre communauté — pendant 14 années consécutives — et j'ai exercé trois mandats à titre de conseiller. Maintenant, je suis le grand chef adjoint. Nous en sommes à mi-chemin de notre mandat de trois ans à l'union.
Nous sommes venus applaudir et appuyer ce projet de loi historique. Nous souhaitons tout de même formuler certaines recommandations à ce sujet; nous espérons que vous allez comprendre que nous sommes venus l'améliorer et le renforcer, et que tout sera pris de manière positive.
Je vais passer directement aux recommandations.
Premièrement, nous souhaitons que le paragraphe 6(2) du projet de loi soit amendé pour que le Tribunal des revendications particulières soit composé de non-spécialistes et de personnes détenant une formation juridique et une expertise en la matière, ainsi que de juges de juridiction supérieure. Une telle composition a plus de chances de représenter correctement nos communautés des premières nations, étant donné que les juges de juridiction supérieure membres d'une première nation ne sont pas nombreux.
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Pour faciliter l'instauration d'un processus équitable et l'établissement d'un système d'une plus grande cohésion par rapport à nos formes traditionnelles de gouvernance, le paragraphe 11(2) devrait être amendé pour énoncer qu'une audience sera tenue devant un groupe d'experts composé de trois personnes, afin de mettre en oeuvre une approche décisionnelle reposant sur le consensus. Nous nous opposons catégoriquement à l'idée qu'une seule personne puisse avoir le pouvoir décisionnel final et sommes d'avis qu'une approche décisionnelle reposant sur le consensus concorde davantage avec nos formes traditionnelles de gouvernance.
Par conséquent, nous recommandons que ce soit une commission composée de trois personnes qui instruise la question et rende la décision.
Il faudrait modifier le en y supprimant le paragraphe 12(3) afin d'éviter de surtaxer les ressources financières des premières nations. De même, à nos yeux, accorder des dépens à la charge d'une première nation revendicatrice constitue une autre forme de déni de justice. Ce ne sont pas les premières nations qui sont responsables du long retard accumulé dans le traitement des revendications; nous recommandons donc la suppression du paragraphe 12(3) pour que les premières nations n'aient pas à faire littéralement les frais de cette injustice.
De même, il faudrait supprimer le paragraphe 13(2) du projet de loi pour éviter que les premières nations revendicatrices ne soient pénalisées du fait que le Canada n'a pas réglé en temps opportun des revendications particulières. Le même raisonnement s'applique au paragraphe 12(3). Les premières nations ne devraient pas être tenues responsables des injustices commises du fait que l'honneur de la Couronne n'a pas été préservé.
Il faudrait supprimer également les alinéas 15(1)d) et 15(1)g), étant donné que la Couronne et les premières nations ne s'entendent pas pour dire si les exceptions qui sont énumérées constituent ou non des droits issus d'un traité. Il appartient au Tribunal des revendications particulières de déterminer ce qui constitue un droit issu d'un traité et de garder à l'esprit la possibilité qu'un droit de récolte des premières nations puisse constituer à l'avenir le fondement d'une revendication particulière.
Nous proposerons la mise sur pied d'un groupe de travail fédéral-provincial ayant pour mandat d'harmoniser le processus de règlement des revendications particulières, plus précisément de régler la question du retour ou de l'ajout des terres au profit des premières nations.
Il faudrait modifier le de manière à y ajouter un paragraphe 15(5) :
Le ministre examinera le paragraphe (4), trois ans après la date d'entrée en vigueur, et les exceptions qui y sont énumérées afin de déterminer si l'indemnisation sera toujours limitée à l'indemnisation pécunière.
Il faudrait modifier le paragraphe 20(1) de manière à y inclure les principes de justice actuels en matière d'indemnisation, étant donné que la règle concernant une indemnisation équitable pourrait empêcher une revendication des premières nations de cadrer avec le régime proposé.
Il faudrait aussi modifier le paragraphe 21(1) de manière à y inclure une disposition relative au droit de premier refus de la première nation qui a été reconnue comme ayant fait l'objet d'une disposition illégale de ses terres.
Étant donné les questions de compétence ayant trait aux revendications particulières, la nation Nishnawbe recommande la mise sur pied d'un groupe de travail fédéral-provincial chargé d'harmoniser le processus de règlement des revendications particulières, vu qu'il est improbable que la province, plus précisément l'Ontario, choisisse de devenir partie tel qu'énoncé au paragraphe 23(2).
Voilà nos recommandations. Encore une fois, nous serons là pour répondre à vos questions plus tard.
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Bonjour à tous. Je m'appelle Luke Hunter. Je suis directeur de la recherche de la nation Nishnawbe Aski. Je suis très heureux de pouvoir m'adresser à vous au sujet du projet de loi .
Premièrement, j'aimerais dresser un bref portrait de l'organisation que je représente. La nation Nishnawbe Aski représente 49 premières nations situées sur le territoire visé par le traité de la Baie James et le segment ontarien du traité no 5. Le traité de la Baie James, aussi appelé traité no 9, a été conclu en 1905-1906. Il comporte des adhésions remontant à 1929-1930.
Le traité s'applique à un territoire représentant les deux tiers de l'Ontario, soit plus de 200 000 milles carrés, entre la hauteur des terres et la Baie James et la Baie d'Hudson, la frontière du Québec du côté est et le Manitoba du côté ouest.
Le traité no 9 soulève des questions compliquées, pour deux raisons. Premièrement, la province de l'Ontario a signé le traité en question et a apporté une contribution majeure à sa rédaction et à son exécution. C'est le seul parmi les traités numérotés du Canada, qui sont au nombre de 11 et qui ont tous été conclus entre 1871 et 1930, dont l'élaboration des conditions et les négociations avec les premières nations ont été marquées par une pleine participation du gouvernement provincial.
Je vais d'abord citer un jugement récent dans une affaire mettant en cause une première nation et une entreprise de mise en valeur de ressources naturelles. Il s'agit d'un différend à propos de terres et de ressources.
Aux paragraphes 79 et 80 de son arrêt, en date du 28 juillet 2006, M. le juge G.P. Smith a qualifié la relation particulière qui existe entre les premières nations et la terre en accordant une injonction à la communauté de premières nations qui a pour nom Kitchenuhmaykoosib Inninuwug, appelé couramment « KI ».
Je cite...
Un tort irréparable pourrait être causé à la communauté KI non seulement parce qu'elle perdrait une bande de terre précieuse dans le règlement de sa revendication touchant ses DFIT, mais — fait plus important encore —, elle perdrait peut-être une bande de terre qui est importante d'un point de vue culturel et spirituel. Or, aucuns dommages-intérêts ne sauraient compenser une telle perte au sein de la communauté KI.
Il est capital d'envisager la nature de la perte éventuelle du point de vue autochtone. Dans le contexte, on ne saurait trop insister sur la relation entre les peuples autochtones et la terre. La terre est l'essence même de leur être. C'est leur coeur, leur âme même. Aucune somme d'argent ne saurait compenser une telle perte. L'identité, la spiritualité, les lois, les traditions, la culture et les droits des communautés autochtones sont liés à la terre et en découlent. C'est un point de vue qui est étranger aux personnes qui ne sont pas autochtones. Souvent, ces dernières ont de la difficulté à le comprendre.
Bon nombre des revendications de la nation Nishnawbe Aski portent sur la façon dont le traité a été établi. Par exemple, il était entendu que la disposition relative à la réserve allait de pair avec l'idée que rien ne viendrait nuire à la récolte faite sur les territoires traditionnels. Le tribunal prendra-t-il en considération l'histoire orale entourant la fabrication du traité et les promesses verbales des commissaires au traité?
Le tribunal qui est proposé semble être mieux placé pour régler les problèmes qu'éprouve actuellement le gouvernement, c'est-à-dire l'arrérage dans le traitement des revendications territoriales, que pour s'attacher aux préoccupations des premières nations. Le tribunal proposé ne peut envisager que bon nombre des revendications de la nation Nishnawbe Aski proviennent de l'établissement du traité lui-même, ce que viennent confirmer l'histoire orale et les promesses notées dans le journal personnel des commissaires au traité.
Le tribunal se penchera seulement sur les affaires mettant en jeu des questions découlant de la Loi sur les Indiens, par exemple les manquements du gouvernement fédéral entourant l'administration et la gestion des terres et autres éléments d'actif des premières nations, y compris les fonds de fiducie, et les cas de transgression de la Loi sur les Indiens. Citons par exemple les terres expropriées ou cédées illégalement, l'aménagement de couloirs ferroviaires et routiers, l'exploitation du bois et la mise en valeur d'autres éléments d'actif de la bande.
Le tribunal peut se pencher sur les affaires où il est question d'une redéfinition arbitraire des limites de réserve de la part de la province dans les années suivant l'établissement des traités et attribuable aux intérêts d'une tierce partie, ou encore à la création d'un parc provincial ou fédéral englobant entièrement une réserve, même si la promesse avait été faite aux premières nations que les membres pouvaient continuer à vivre comme ils l'avaient fait, eux et leurs ancêtres.
Depuis 2001, la nation Nishnawbe Aski fait les recherches sur les revendications relatives aux droits fonciers et aux traités, et, de ce fait, sur le travail fait par la province de l'Ontario pour les régler. En quoi le tribunal proposé aidera-t-il la nation Nishnawbe Aski, étant donné que l'Ontario a décidé de ne pas devenir une partie à l'affaire et a choisi de faire fi du tribunal simplement?
L'enquête sur l'affaire d'Ipperwash en Ontario a abouti à la recommandation selon laquelle on devrait créer en Ontario une commission qui aiderait le Canada, l'Ontario et les premières nations à négocier des accords et des revendications territoriales. Comment le Canada travaillera-t-il de concert avec l'Ontario pour s'assurer d'harmoniser le processus fédéral de règlement des revendications particulières, le travail du tribunal et le travail de la CÉTO?
Il n'est pas dit dans le projet de loi sur le Tribunal des revendications particulières où les premières nations trouveront les fonds pour saisir le tribunal d'une revendication. Les premières nations vont-elles recevoir des fonds afin de pouvoir présenter leurs revendications au tribunal?
Le fait que le tribunal puisse accorder des dépens soulève une préoccupation. À ce sujet, voir par exemple le paragraphe 12(3) du projet de loi, qui se lit comme suit:
Les règles du Tribunal relatives aux dépens sont conformes à celles de la Cour fédérale, sous réserve des modifications que le Tribunal estime indiquées.
De façon générale, les dépens découlent de l'affaire en cause. Autrement dit, le perdant prend en charge les frais du gagnant. Les premières nations devront-elles assumer les frais du Canada si le tribunal rejette leur revendication?
D'après la version actuelle du projet de loi, une fois qu'un tribunal a statué au sujet d'une revendication, l'affaire est considérée comme réglée une fois pour toutes; par conséquent, là où il est question d'une revendication de nature foncière, le Canada est considéré comme étant libéré de son obligation juridique une fois rendue la décision du tribunal. Essentiellement, ça a le même effet que la politique d'extinction du titre ancestral qui se retrouve dans l'actuelle politique relative aux revendications particulières. Aucune première nation n'acceptera jamais de présenter à un tribunal une revendication particulière d'ordre foncier. À sa comparution devant le comité, le gouvernement du Canada a parlé de premières nations qui, au moyen des sommes d'argent versées par une tierce partie à la suite du règlement d'une revendication, se porteraient acquéreurs de terres qui seraient converties en terres de réserve. Or, rien n'est prévu dans ce projet de loi pour que cela se fasse, autrement que l'accord politique qui a été conclu entre le ministre et l'APN.
Voilà mes observations sur le projet de loi. J'ai soulevé des questions et des lacunes graves à son sujet.
Merci.
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Merci de l'occasion que vous m'offrez.
L'Association of Iroquois and Allied Indians est d'abord et avant tout un organisme politique qui a été créé en 1969 pour représenter ses membres auprès de tout ordre de gouvernement touchant leur bien-être. L'association représente actuellement huit nations dont le total combiné de membres s'élève à quelque 20 000 personnes. Cela comprend la première nation de Batchewana, la première nation de Caldwell, la nation Delaware, la première nation de Hiawatha, les Mississaugas de New Credit, les Mohawks de la baie de Quinte, la nation Oneida de la Thames et les Mohawks de Wahta.
Encore une fois, l'association représente les membres auprès des instances politiques et analyse les politiques gouvernementales pour eux. Elle s'engage à protéger, à défendre et à accroître les droits inhérents de ses nations membres.
Premièrement, nous souhaitons signaler que nous sommes déçus de l'Assemblée des premières nations et de sa décision de soumettre ce projet de loi pour étude au Parlement. L'AIAI est d'avis que l'APN n'est pas habilitée à poser un tel acte et souhaite que ce fait soit reconnu. À nos yeux, il y a une fonction de consultation importante qui n'a pas été exercée. L'APN était mandatée du fait des résolutions 08/2007 et 23/2007, que j'ai incluses dans notre documentation.
Les deux résolutions évoquent un mandat où il est question de défendre un nouveau processus de règlement des revendications particulières, mais elles n'accordent nullement à l'APN l'autorisation de prendre des décisions au nom des premières nations, l'autorisation d'accepter d'élaborer le processus et/ou l'autorisation de remettre pour étude au Parlement des projets de loi d'une telle importance.
Nous avons toujours cru comprendre que l'APN travaillerait de concert avec le gouvernement du Canada à l'élaboration d'un nouveau processus de règlement des revendications particulières, mais que, avant tout acte significatif à cet égard, par exemple la remise pour étude d'un projet de loi, les premières nations auraient la possibilité d'examiner le texte de loi en question. Or, cette consultation importante n'a jamais eu lieu, et l'association est catégorique: l'APN aurait dû mener une telle consultation, et elle n'était nullement mandatée pour aller de l'avant comme elle l'a fait.
Lorsque l'APN a adopté la résolution 50/2007, qui figure dans la documentation, les chefs de l'AIAI et/ou leurs représentants s'y sont opposés. Il s'agit d'une nouvelle résolution qui encourageait les premières nations à examiner le projet de loi et à transmettre leurs observations à la Couronne et au comité parlementaire des affaires autochtones. Les premières nations auraient dû être consultées avant que le projet de loi ne soit soumis au Parlement. Au point où nous en sommes rendus, la seule option des premières nations consiste à être consultée ici même, dans le cadre des travaux de votre comité, ce qui veut dire que notre capacité de décider nous a été retirée. Nous sommes maintenant à la merci du processus parlementaire.
Quant à l'importance des terres, disons que les Canadiens le voient depuis des années et des décennies même, les peuples de premières nations travaillent et se battent pour que leurs terres leur soient remises. Parfois, elles recourent aux options créées par le gouvernement canadien, d'autres fois, elles s'en remettent aux tactiques déplorables que sont les barricades et les manifestations. Nous nous battons pour nos terres parce qu'elles représentent un élément important de notre mode de vie et de la survie physique, mentale, affective et spirituelle de nos gens. Les Canadiens n'ont peut-être jamais pleinement saisi le lien qui existe entre les premières nations et leur terre. Cette importance de la terre aux yeux des premières nations est telle qu'il est difficile de la traduire en mots.
L'anthropologue Keith Basso décrit ce qui arrive lorsque les peuples sont privés de leurs liens avec la terre :
du fait d'être privé de ces liens...
... il est question des liens avec les lieux — nous...
... dérivons, littéralement disloqués, dans un milieu étranger que nous ne comprenons pas et que nous apprécions encore moins... l'esprit du lieu peut se manifester de manière pressante et puissante, et les éléments souvent subtils qui le caractérisent — aussi subtiles peut-être que l'absence d'une odeur dans l'air ou les possibilités de voir une partie suffisante du ciel — émergent dans la conscience. C'est à ce moment-là que nous nous rendons compte que l'attachement au lieu ne peut être autre chose que profond et que, là où un attachement de ce genre est menacé, nous pouvons nous sentir menacés nous aussi. Les lieux, nous nous en apercevons, se situent tout autant en nous que nous nous situons en eux...
Keith Basso exprime joliment le lien profond que nous ressentons, nous membres des premières nations, avec notre terre, et c'est un élément intégral de notre identité.
Bon, voici mes observations au sujet du . L'association croit comprendre que, s'il est adopté, le projet de loi C-30 privera les peuples des premières nations du lien qu'ils ont avec la terre et les lieux qui sont les leurs. L'aspect le plus dommageable du projet de loi C-30 touche la réparation pécuniaire et non pas la terre. L'AIAI croit savoir qu'il y a un processus de négociation initiale qui présente de faibles possibilités d'aboutir à un règlement touchant notamment les terres. Toutefois, nous croyons savoir aussi que c'est très peu probable.
En cas d'échec des négociations, ce qui adviendra certainement dans la plupart des cas, le tribunal indépendant sera chargé de déterminer le bien-fondé de la revendication. Or, le tribunal n'est pas habilité à accorder une indemnité sous forme de terres. Le paragraphe 20(1) du expose les fondements et les limites des décisions rendues en matière de réparation. C'est dans ce paragraphe que le législateur affirme que le tribunal peut seulement accorder une indemnité pécuniaire et que l'indemnité en question ne saurait dépasser 150 millions de dollars, mais que le tribunal ne peut accorder de dommages-intérêts exemplaires ou punitifs, notamment sur le plan culturel ou spirituel.
Non seulement le processus n'a rien à voir avec la terre, mais, en plus, il n'a rien à voir avec les choses que la terre nourrit, par exemple la culture et la spiritualité. Ce sont là des aspects importants du mode de vie des premières nations, aspects qui sont exclus des facteurs qui entrent en jeu.
L'AIAI ne souhaite pas appuyer un processus de règlement des revendications foncières particulières qui n'est pas vraiment apte à remettre les terres aux communautés. Nos communautés ne se soucient pas de l'argent, même si nous concédons le fait que l'argent joue un rôle dans le règlement des revendications foncières.
Au coeur même des revendications foncières, il y a la terre et notre lien avec la terre. C'est ce que nous aimerions que le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord ait à l'esprit en examinant le , Loi constituant le Tribunal des revendications particulières, loi qui ne permet pas vraiment de régler les revendications foncières d'une façon qui fasse honneur au lien que nous avons avec la terre.
Nous vous faisons part de nos observations au comité en espérant que ces graves préoccupations ne tomberont pas dans l'oreille d'un sourd. L'association recommande le retrait du .
Merci.
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Pour répondre à votre question à propos du mémoire du grand chef Stonefish, oui, nous allons le recevoir. Quant à M. Hunter, à ma connaissance, il n'a pas présenté de mémoire à proprement parler. L'exposé qu'il a présenté aujourd'hui fera partie de la transcription de la séance. C'est ce qui nous est laissé, j'imagine, avec l'exposé que vous avez présenté aujourd'hui.
Je tiens simplement à rappeler aux membres du comité que certains des témoins que nous allons accueillir cette semaine et la semaine prochaine ont reçu il y a très peu de temps l'invitation que nous leur avons lancée. Les gens doivent jongler avec leur horaire. Nous apprécions les efforts que déploient les gens pour venir présenter un témoignage, pour préparer un exposé. Si, en plus, ils ont pu rédiger un mémoire, c'est merveilleux, mais je soupçonne que, au cours des quelques semaines à venir, nous allons peut-être entendre plus d'un témoin qui présentera ses observations de vive voix sans toutefois nous les remettre par écrit, pour la raison que je viens d'évoquer.
De toute manière, merci des exposés que vous avez présentés.
Nous allons ouvrir maintenant la séance de questions. Essentiellement, au premier tour, les membres du comité qui posent les questions disposent de sept minutes, c'est-à-dire que nous comptons sept minutes au total pour les questions posées et les réponses que vous donnez. Je couperai court assez rapidement aux questions-réponses après sept minutes, pour que les membres du comité soient plus nombreux à pouvoir poser des questions. Après le premier tour, où chacun des partis pourra prendre la parole, il y aura un deuxième et un troisième tour où les questions-réponses dureront cinq minutes, plutôt que sept minutes dans le cas du premier tour.
Je commencerai par Todd Russell, du Parti libéral.
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Bonjour. Je vous remercie tous d'être venus témoigner devant le comité. Je tiens certes à vous féliciter des exposés que vous avez présentés.
Ma question s'adresse à l'Union of Ontario Indians, représentée par le grand chef adjoint Hare: j'apprécie certes le fait que vous ayez ventilé certaines des modifications que vous souhaitez voir apporter au projet de loi et expliquer le bien-fondé de la chose. Il est certain que cela nous simplifie beaucoup la tâche dans la mesure où nous décidons d'aller dans cette direction particulière.
De même, je sais gré à M. Hunter et au grand chef Stonefish des observations qu'ils ont présentées.
Une des premières questions que j'ai soulevées auprès du ministre au moment où celui-ci a témoigné devant le comité à propos du , c'est la question de la terre et des interdictions touchant certaines des étapes prévues dans la Loi sur le règlement des revendications particulières — le tribunal saisi d'une revendication ne peut accorder qu'une indemnité pécuniaire. Le ministre a répondu essentiellement ceci: écoutez, le gouvernement fédéral ne possède pas beaucoup de terre et ce qu'il possède est si minuscule que ça n'aurait pas vraiment un grand impact sur la chose, puisque nous ne pouvons accorder d'indemnité sous forme de terre; nous ne sommes pas habilités à le faire.
Tout de même, je crois toujours que c'est une question d'importance, et chacun de vos exposés l'a démontré, et je me demande, étant donné la façon dont le projet de loi est structuré et le vocabulaire qu'il comporte, si les premières nations elles-mêmes seront prêtes à s'engager dans le processus, étant donné cet interdit-là, le fait qu'on ne puisse accorder d'indemnités foncières? On ne peut accorder uniquement une indemnité pécuniaire. Les gens seront-ils moins prêts à s'engager dans ce processus? Si le projet de loi est adopté, les gens seront-ils moins enclins à le faire?
Je m'interroge sur l'article 91.24 de la Constitution, selon lequel le gouvernement fédéral a la responsabilité des Indiens et des terres réservées pour les Indiens. Ce ne sont peut-être pas forcément là les limites au sein desquelles les gens évoluent en ce moment ni les limites imposées de par les divers incidents, événements, lois, expropriations et ainsi de suite de l'histoire.
J'aimerais que chacun d'entre vous fasse le point là-dessus. Je veux savoir, pour être plus précis, si vous êtes prêts à vous engager dans cette démarche? Si le projet de loi est adopté, allez-vous vous engager là-dedans? Si les gens ne s'y engagent pas, à quoi bon?
Deuxièmement, qui pourrait être vraiment à l'aise avec l'idée que ce soit une seule personne qui détermine le bien-fondé d'une revendication soumise à un tribunal? Il n'y a qu'un seul juge — pas trois, mais un seul. J'aimerais bien savoir.
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À propos de la question des terres, notre mémoire comporte certaines recommandations, particulièrement en ce qui concerne le paragraphe 21(1).
Voici où nous voulons en venir: comme il y a une question de compétence entre le fédéral et la province, il faut en prendre note. C'est pourquoi nous recommandons la mise sur pied d'un groupe de travail quelconque avec la province, dont les membres vont parler de la question des terres, tout comme cela s'est fait pour l'accord politique conclu entre le gouvernement fédéral et l'APN. C'est une des propositions que nous formulons dans notre mémoire.
L'autre proposition que nous avançons, tout de même, c'est que même si le tribunal accorde une indemnité, les premières nations obtiennent essentiellement le droit de premier refus à l'égard des terres visées. C'est presque comme le fait, pour la Couronne fédérale ou la province, d'avoir un droit acquis sur toutes les bandes de terre au Canada. Nous croyons qu'une première nation revendicatrice pourrait avoir un intérêt acquis dans les terres en question — sans vouloir porter atteinte aux intérêts d'une tierce partie, mais si jamais la terre est offerte sur le marché libre, suivant le principe de la vente de gré à gré, elles peuvent exercer le droit de premier refus. Car ce que nous voyons en ce moment, ce sont des situations où les gens refusent que les premières nations achètent la terre. Alors ces problèmes se posent.
Quant à la question que vous avez posée, est-ce que nous croyons que l'Union of Ontario Indians, nos nations membres, participeraient au processus: oui, je crois que nous participerions encore au processus, même avec l'histoire de la terre. Nous espérons seulement avoir l'occasion plus tard de faire réexaminer cette notion.
C'est une des choses que nous recommandons en rapport avec l'article 15, qu'on y ajoute une disposition, un paragraphe 15(5) qui dit: regardons cela, examinons cela après trois ans, pour voir si nous pouvons privilégier autre chose que l'indemnité pécuniaire.
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Quand nous parlons de la terre, nous ne faisons pas nécessairement la distinction entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. À nos yeux, c'est la terre de la Couronne.
Comme nous le savons tous, dans les communautés que je représente, la nation Nishnawbe Aski, même s'il s'agit d'une terre de la Couronne provinciale, il y a encore de grands segments qui sont disponibles. Par « disponible » j'entends qu'il n'y a pas encore suffisamment de développement. Le développement se fait, mais il reste encore de grandes étendues disponibles. De ce point de vue-là, la terre est disponible; de notre point de vue, pourquoi est-ce que le tribunal ne pourrait-il rendre une telle décision?
Quant au point de vue étroit qui est appliqué aux revendications foncières se rapportant à un traité, à mon avis, peu importe que le titulaire tiers, l'Ontario à l'heure actuelle, aurait son mot à dire sur l'attribution des terres de réserve.
Si on regarde la disposition du traité en matière de réserve, on voit que c'est la Couronne fédérale qui a l'obligation juridique d'établir des terres de réserve. Le gouvernement fédéral peut aller de l'avant et dire à une première nation: « vous avez droit à tant d'acres, nous sommes donc prêts à vous céder cette bande de terre »; que la province ait son mot à dire, même si elle possède... je suppose qu'on présume que ça entre dans sa sphère de responsabilités. Elles disent qu'elles sont propriétaires de la terre, mais je suis assez convaincu qu'on pourrait faire cela.
Quant à la question que vous avez posée au sujet du recours à un tribunal, je crois que là où il s'agit de terres, surtout de grandes étendues de terres... dans notre cas, certaines des revendications foncières se rapportant au traité portent sur de grandes étendues de terres, et je suis assez certain que les premières nations ne voudraient pas risquer de soumettre cela à un tribunal. Si c'est une revendication de moindre envergure touchant les coupes de bois ou une décision judiciaire ou quelques éléments d'actif, oui, c'est un instrument utile.
Je suppose que, pour répondre brièvement, je dirais: oui, mais ce serait minimal. S'il est question de terre, non, c'est trop risqué.
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Je vais essayer de faire vite.
Pour répondre à votre première question, d'abord, j'aimerais affirmer que nous apprécions bel et bien le travail qui se fait entre l'APN et le gouvernement du Canada. Comme je l'ai dit, nous voulons surtout avoir l'occasion d'examiner le projet de loi et de procéder à une certaine analyse à son sujet, de manière à pouvoir peut-être l'appuyer, mais il ne nous a été présenté que le 6 décembre; ça ne nous a tout simplement pas donné beaucoup de temps.
Pour répondre à vos questions, si le projet de loi est adopté, oui, probablement, nos premières nations recourront vraisemblablement au processus, mais, encore une fois, le maximum de 150 millions de dollars soulèvera des préoccupations. Les observations préliminaires que nous avons recueillies portent sur les revendications foncières de plus de 150 millions de dollars et sur la possibilité que le gouvernement confie toutes les revendications au tribunal. Ce sont quelques-unes des préoccupations qui ont été exprimées.
Les premières nations sont-elles à l'aise avec l'idée qu'il n'y ait qu'un juge? Eh bien, je n'en suis pas certaine, mais je vous dirai que, personnellement, non — pas un seul juge. Nous avons toujours affirmé que deux têtes valent mieux qu'une, ou que trois têtes valent mieux qu'une; à mon avis, il devrait probablement y avoir plus d'un juge.
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Je vais essayer de poser des questions précises. J'aurai peut-être le temps d'en poser d'autres quand tout le monde aura eu son tour. Ce que vous dites aujourd'hui est extrêmement important et m'intéresse au plus haut point.
Monsieur Hunter, je viens de l'autre côté du lac Abitibi. Vous et les Algonquins êtes donc nos voisins immédiats. Le Traité n° 9 ne contenait-il pas une façon de régler la question du territoire traditionnel des premières nations qui l'occupaient?
Je vais poser mes questions et je vous laisserai répondre ensuite, monsieur Hunter, ainsi que les autres membres. Mme Stonefish a déjà commencé à répondre.
J'ai vu dans le mémoire du grand chef Glen Hare la recommandation concernant le paragraphe 6(2) que l'on voudrait amender. La Union of Ontario Indians, la nation Anishinabek, va assez loin, au point de dire que le tribunal devrait être composé de personnes non spécialistes, de personnes détenant une formation juridique et une expertise, ainsi que de juges de juridiction supérieure. J'aimerais entendre ce que vous avez à dire à ce sujet. Pourquoi faites-vous une telle recommandation pour amender le paragraphe 6(2)? Si j'ai l'occasion de le faire, j'y reviendrai. J'ai lu vos mémoires et ça m'intéresse beaucoup.
J'ai aussi une question à vous poser, madame Stonefish. Je comprends que les revendications territoriales soient extrêmement importantes, surtout pour les Iroquois et surtout dans le sud de l'Ontario. Comment croyez-vous que ce projet de loi pourrait améliorer le règlement des revendications territoriales de vos communautés, qui traîne depuis près de 10 ans et dont on ne prévoit pas la fin avant plusieurs années? Ce projet de loi pourrait-il au moins aider à faire avancer le règlement du dossier?
Je vous écoute.
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Je n'ai pas vraiment saisi votre question, mais il me semble que vous êtes en train de dire que le traité n
o 9 comporte des dispositions touchant la façon de s'y prendre pour régler les revendications foncières traditionnelles. Oui, je crois qu'il en comporte; il reste donc à voir ce qu'il en est du projet de loi C-30, au sens strict.
Un des problèmes que me paraît poser le projet de loi C-30 est le suivant: une fois qu'on commence à négocier quoi que ce soit en rapport avec des droits fonciers et que la question est soumise à un tribunal, le tribunal ne peut accorder une indemnité foncière. C'est seulement une indemnité sous forme d'argent. Une fois que le tribunal a rendu sa décision finale, l'État est libéré de toutes obligations juridiques.
Comment peut-on savoir que le gouvernement fédéral ne dira pas un jour: « Nous avons réglé cette question foncière et nous n'avons plus à l'avenir d'obligations juridiques relatives à la terre? » C'est le principal obstacle qui me paraît exister dans le projet de loi.
Oui, au sens strict, en termes généraux, le traité prévoit la possibilité de traiter de gouvernement à gouvernement pour ce qui est de la façon dont nous utilisons nos terres. Mais le projet de loi C-30 ne prévoit pas un tel mécanisme ou une telle possibilité pour les grandes questions relatives aux traités.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus témoigner devant le comité aujourd'hui.
Un certain nombre des recommandations ou préoccupations que vous soulevez sont couvertes dans l'accord politique parallèle et ne figurent donc pas dans le projet de loi à proprement parler. Certaines touchent la nomination des personnes au tribunal et la façon dont cela se fait; la réacquisition de terres et les ajouts aux réserves; le processus des traités, l'idée de regarder les questions qui se situent actuellement en dehors du texte de loi sur les revendications particulières; et les futurs travaux.
Pendant son témoignage, j'ai demandé au ministre précisément comment les gens pouvaient vraiment croire que l'on donnerait suite à un accord politique. Le ministre a affirmé que c'était un engagement politique à réaliser un accord politique. Comme c'est un engagement politique, je dirais que tout ministre qui occupe la fonction voudra y donner suite. Manquer à cette promesse serait très mal avisé.
Je veux parler très brièvement de la question de l'histoire et vous demander jusqu'à quel point l'accord politique vous rassure. Il y a eu un accord politique qui a été conclu sur la question des internats. L'accord en question prévoit un engagement selon lequel le représentant fédéral travaille de concert avec l'APN, qu'il la consultera à propos de la vérité, de la réconciliation et des excuses à présenter. Bien entendu, nous savons que les fonctionnaires travaillent actuellement à la rédaction d'excuses sans la participation de l'APN. L'accord politique remonte à mai 2005.
De même, il y a eu un accord politique entre les premières nations et la Couronne fédérale à propos de la reconnaissance et de la mise en oeuvre de l'autonomie gouvernementale des premières nations. Bien entendu, c'était un élément intrinsèque de l'accord de Kelowna, et nous savons que cet accord n'a pas été honoré.
Il est assez important d'avoir un accord politique parallèle relativement au mode de nomination des membres du tribunal et à la participation des premières nations aux décisions touchant tout autre problème soulevé en rapport avec des revendications particulières. Croyez-vous que le gouvernement en place et les futurs gouvernements respecteront les accords politiques conclus, alors que nous constatons qu'ils les ont constamment reniés dans le passé?
Voilà une déclaration assez catégorique de ma part, mais je crois que, si on demande aux gens d'adhérer au projet de loi , la question de la confiance devient importante, et l'accord politique en question est lié à cela. Je me demande si vous avez des réflexions à ce sujet.
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Oui. C'est là une grande question. Je vais essayer de répondre au mieux.
Premièrement, si vous le permettez, je reviendrai à la question de la commission, la commission composée d'un seul commissaire. Nous ne demandons pas que des membres des premières nations soient spécifiquement inclus. L'idée consiste simplement à susciter diverses réflexions en ayant plus d'une personne qui soit chargée de la décision.
À mes yeux, et aussi à mon point de vue en tant que grand chef adjoint, je dirais que nous appuyons vivement l'APN. Les gens de l'APN défendent notre cause et luttent à nos côtés dans des dossiers comme celui des internats et ainsi de suite. Voyez-vous, nous voulons être dans le coup. Nous ne voulons pas régresser. Enfin, je ne veux pas demander à mes chefs de faire cela. Nous voulons avancer. Le gouvernement qu'il y a, il est là, et nous n'avons pas d'autre choix. Nous devons travailler ensemble. Je me plais à croire que nous défendons bien notre cause. Nous appuyons l'APN par rapport à ce que nous faisons et par rapport à ce qu'elle fait.
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J'imagine, en fait je crois qu'il y a eu un accord politique dans le passé. Vous avez mentionné les internats. J'imagine que la plupart des cas de cette nature ont pour origine notre système de justice ou encore des pressions politiques provenant de groupes d'intérêts, s'il y avait une question à régler ou à soulever.
Oui, j'ai lu les commentaires du ministre au sujet de l'approche parallèle. De même, il n'y a pas que l'accord politique qui existe parallèlement au projet de loi C-30. Il y a aussi le processus de règlement des revendications particulières qui existe au Canada. La Direction générale des revendications particulières aux Affaires indiennes et du Nord joue un rôle énorme pour ce qui est de définir les revendications particulières.
Quant à l'accord politique, il n'y a rien à faire. Il n'a aucun caractère juridique. C'est seulement un instrument que les deux parties ont décidé d'adopter pour s'assurer que le projet de loi C-30 vient compléter le travail qu'ils font par ailleurs. Je sais que le ministre a parlé d'un des plans envisagés pour accélérer le traitement des demandes. Tout de même, quant à savoir s'il faut intégrer au texte de loi bon nombre des propositions qui se trouvent dans l'accord politique, en bref, oui, nous aimerions qu'une majorité d'entre elles figurent dans les attributions du tribunal ou d'une forme quelconque de conseil consultatif national où les premières nations peuvent présenter leurs plaintes.
Un groupe de juges peut décider s'il faut rendre des terres à une première nation. Et ça n'a pas à être des terres forcément; ça pourrait être de l'argent ou l'interprétation d'un traité. C'est notre principale préoccupation en ce qui concerne les revendications foncières. Le fait que notre interprétation du traité diffère de celle du Canada.
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Jusqu'à quel point y croire? En fait, je serai honnête avec vous et je dirai que, du point de vue des premières nations ici, il y aura toujours une part de confiance qui manquera à l'appel; j'imagine que les choses sont ainsi depuis trop longtemps. Il sera difficile de rassurer les gens là-dessus.
Je peux comprendre que le gouvernement change de main, que les gens installés à la table ne sont plus les mêmes d'une fois à l'autre et, espérons-le, que nous arriverons un jour, c'est là un élément de notre travail, à faire comprendre aux parlementaires qui nous sommes en tant que première nation et quel est le rôle que nous jouons au Canada. Peut-être, à ce moment-là, la confiance voulue se manifestera-t-elle?
Oui, les accords et les déclarations politiques sont reniés, et ce n'est pas forcément avec un changement de gouvernement. Ce peut être à n'importe quel moment.
Quant à savoir s'il y a lieu d'intégrer ces éléments aux textes de loi, je crois savoir que la loi confère au gouvernement son mandat ainsi que ses rôles et responsabilités à l'égard de certaines fonctions. Mais qu'en est-il de l'examen et de l'évaluation d'une loi? Au fil des ans, les choses changent. S'il y a un texte de loi qui figure dans les recueils depuis un certain nombre d'années, mais que personne n'y jette vraiment un coup d'oeil, parfois, la loi n'est plus en phase avec l'époque.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais signaler que, après avoir assuré la présidence le temps d'une réunion, Mme Crowder a dû remplir le quota de rhétorique partisane à laquelle elle ne pouvait s'adonner au cours de la dernière réunion. Cela se comprend. Elle a assumé le rôle de façon impartiale; elle mérite donc qu'on la félicite à ce sujet.
Quant à un des points qu'elle a soulevés au sujet des accords politiques, l'accord politique dont il s'agit ici, celui que notre ministre a conclu, a ceci de bon que c'est bel et bien un accord; il y avait bel et bien une page de signature. J'appuie tout à fait cette action de la part de ce ministre, et je sais que nous allons respecter les obligations de l'accord dûment signé.
Maintenant les témoins. Je tiens à dire à tous les témoins présents que j'apprécie qu'ils soient venus comparaître. L'exposé que chacun d'entre vous a présenté était mûrement réfléchi et très intéressant du point de vue duquel vous abordez l'argument. J'apprécie la logique que vous employez. Je ne suis pas toujours d'accord avec les points que vous soulevez; néanmoins, les sentiments que vous exprimez sont sincères.
Peut-être pourrais-je commencer par une question particulière, qui a trait à la terre. Plusieurs fois, plusieurs témoins ont soulevé la question de la terre et le fait que le tribunal ne pourra accorder d'indemnités sous la forme d'un lopin de terre — en partie du fait que, bien entendu, comme je crois on l'a déjà mentionné, ce sont les provinces qui détiennent une bonne part des terres.
Il est facile de le voir: ce serait injuste de demander à ce tribunal d'essayer d'entamer une sorte de négociation foncière. Vraiment, le règlement en argent permet à la première nation d'aller acheter des terres, s'il y en a qui sont disponibles, et sinon, il y a d'autres occasions. C'est vraiment la seule façon de régler la question, à mon avis. Cela m'intéresserait d'entendre quelqu'un proposer une autre façon d'y arriver, si ça existe. Tout de même, compte tenu des terres qui appartiennent à d'autres parties, ce n'est pas une chose que j'entrevois comme étant faisable; l'approche proposée est probablement la seule qui soit.
Quant aux revendications de plus de 150 millions de dollars dont le tribunal en question ne pourrait être saisi, je signalerais aussi que le fait d'écarter du système actuel toutes les petites revendications permettrait au gouvernement du Canada de se concentrer sur la négociation des revendications de très grande envergure, qui, en vérité, représentent moins de 10 p. 100 de l'ensemble des revendications particulières qui existent.
La première question que je poserai directement aux témoins s'adresse à M. Hunter et elle porte sur le nombre de juges. Je crois qu'il a soulevé l'idée de fixer ce nombre à trois. Ma question serait la suivante: étant donné que cela représente une évolution très importante de la façon dont les juges sont nommés et les postes du genre, créés, au Canada, je crois que cela ralentirait le processus. Croyez-vous qu'il vaudrait la peine de ralentir le processus pour inclure un plus grand nombre de juges? Sinon, croyez-vous qu'il vaudrait mieux continuer à n'avoir qu'un juge?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos invités d'être venus aujourd'hui. Il est vraiment important pour moi, en tant que parlementaire, d'entendre vos exposés. De fait, comme il s'agit de discuter de ce projet de loi en particulier, il m'apparaît particulièrement important que votre voix soit entendue. J'apprécie donc vraiment votre intervention.
J'aimerais poser particulièrement une question à la nation Anishinabek, à l'Union of Ontario Indians. Dans votre exposé, au point 1 des préoccupations et recommandations, la dernière phrase se lit comme suit :
La nature juridictionnelle et la fonctionnalité strictes du Tribunal des revendication particulières affecteront la nature sui generis du processus de règlement des revendications particulières et nuiront aux relations entre la Couronne et les Autochtones parce que ledit Tribunal sera comme tout autre tribunal; vu qu'il limite la compétence de la Première nation et ne favorise pas la médiation et la négociation, des éléments qui sont fondamentaux à la réconciliation.
Pouvez-vous simplement élucider ce passage?
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Merci, monsieur le président.
D'abord, merci à chacun des témoins d'être là aujourd'hui.
Je tenais simplement à rassurer le grand chef Stonefish sur un fait: vos préoccupations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd aujourd'hui. J'apprécie que vous fassiez part de vos préoccupations concernant les liens spirituels et les considérations culturelles et spirituelles dont nous devrions tenir compte. Tout de même, je dois vous rappeler — et je ne croyais pas qu'il m'aurait fallu vous le rappeler — que notre capacité d'octroyer des terres est quelque peu limitée. Comme vous l'avez souligné, les terres ne sont pas très disponibles.
J'ai quelques questions à poser au grand chef adjoint. Vous nous avez remis un document de six pages qui comporte neuf recommandations... Ah, y en avait-il dix? J'en ai neuf.
Avez-vous eu l'occasion de discuter officiellement de la question avec l'Assemblée des Premières nations pendant les consultations? Et quelle est la réaction que vous avez obtenue à ce moment-là?
Pour ce qui est de la représentation au sein du tribunal, on se soucie du fait qu'il n'y ait qu'une personne qui siège. J'accepte cela et je respecte cela. Je voudrais souligner que, dans le texte de loi proposé, au paragraphe 12(2), il y a la possibilité de mettre sur pied un comité consultatif pouvant participer à l'établissement des règles du tribunal. De même, à l'alinéa 13(1)c), au sujet des nominations, il est dit que le tribunal tient compte « de la diversité culturelle dans l'élaboration et l'application de ses règles ».
Le projet de loi fait donc voir que nous prenons au sérieux ces considérations culturelles. Je tenais simplement à le souligner.
Pour revenir à vous, grand chef Stonefish, vous avez dit d'abord que l'APN n'était pas mandatée pour vous représenter. Je crois que vous avez employé ces mots-là ou quelque chose du genre. Je peux admettre cela. Je crois savoir toutefois que l'APN est chargée de la responsabilité de consulter les groupes des premières nations. Néanmoins, je vous ai entendu dire à maintes reprises aujourd'hui qu'il n'y a jamais eu consultation, que cela ne s'est jamais fait. Je crois vous avoir entendu dire aussi que vous avez vu ce projet de texte de loi pour la première fois le 6 décembre.
Vous n'avez donc pas participé du tout à l'élaboration de cette ébauche de loi? C'est bien cela?
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D'accord, merci de m'avoir donné cette précision.
Je veux parler brièvement aussi de l'accord politique auquel on a fait allusion plusieurs fois aujourd'hui. Il faudrait souligner que, contrairement à certains des autres accords dont il a été question aujourd'hui, on a déjà commencé à implanter bon nombre des éléments qui figurent dans cet accord. Le travail est déjà en cours pour ce qui est de la réacquisition des terres et des ajouts aux réserves. Le processus des traités est en marche. Même une partie du futur travail énoncé dans le document est déjà en cours.
Il me paraît donc mal fondé de craindre que le gouvernement n'a pas l'intention de donner suite à l'accord politique qui a été conclu. Il existe certainement toutes sortes de raisons de croire que la suite y est déjà donnée.
J'aimerais poser une question au sujet du projet de loi C-30. Nous reconnaissons que le système qui est actuellement employé pour régler les revendications foncières particulières pose un problème. Nous reconnaissons qu'il y a un énorme arrérage. Il semble que le système actuel ne fonctionne pas très bien.
Préférez-vous garder le système tel quel ou encore accepter un projet de loi qui n'est peut-être pas parfait, mais qui a tout au moins le mérite de tenir compte de bon nombre des lacunes qui existent en ce moment? Aimez-vous mieux vivre avec ce qui est déjà là ou aller de l'avant avec une solution imparfaite, mais améliorée par rapport à ce que nous avons en ce moment?
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Bonjour, mesdames et messieurs.
J'ai entendu Mme Stonefish mentionner que les premières nations ne faisaient pas beaucoup confiance aux processus élaborés jusqu'à maintenant. Sur ce point, je la comprends, et je pense qu'elle n'est pas la seule chez les premières nations à penser cela. Il suffit de se rappeler l'entente qui a été signée à Kelowna. Vous étiez probablement présents, d'ailleurs. Cela suffit pour briser la confiance des gens.
Cependant, dans le dossier du tribunal, vous proposez que trois juges forment davantage un conseil arbitral qu'un tribunal. Si vous étiez appelés à travailler avec le ministère pour recommander des juges à partir d'une liste que vous auriez établie en accord avec le ministère, feriez-vous un peu confiance au juge qui serait appelé à décider des causes? Il n'y aurait qu'un seul juge par cause, mais une liste de juges serait établie par les premières nations en collaboration avec le ministère. Cela réglerait-il un peu le manque de confiance et le problème de la crédibilité des juges?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Si vous pouviez juste me faire savoir lorsqu'il me restera environ 20 secondes sur les cinq minutes qui me sont allouées, je l'apprécierais.
Je tiens à remercier tous les témoins d'être venus aujourd'hui. Ils ont présenté d'excellents exposés. Je sais que certains ont reçu un court préavis, ce qui fait qu'il est encore plus difficile de faire traduire le document et d'accomplir tout le reste, mais les exposés m'ont paru très instructifs.
Mme Crowder a commencé à évoquer une chose qui avait été dite, soit que la confiance constitue un élément capital de tous ces processus. Je suis entièrement d'accord. En tant que gouvernement, nous devons cultiver cette relation avec vous, individuellement, car il y a du travail à faire avec vous — plus nous resterons longtemps au gouvernement, plus ce sera le cas. Il est tout aussi important de nouer cette relation de confiance et de continuer à la cultiver. Nous faisons nos premiers pas à cet égard. Je crois que c'est un excellent début.
Il est très important de mettre derrière nous la sombre époque du gouvernement libéral et des promesses auxquelles il a manqué. Il est également important de reconnaître qui sont nos véritables amis. Vous savez, à un moment donné, les itinérants pensaient vraiment que le NPD était leur ami, jusqu'au moment où ce parti s'est mis à voter contre toutes les mesures budgétaires visant à venir en aide aux itinérants.
De fait, j'aimerais commencer par poser une question au grand chef adjoint Hare. Vous avez présenté un exposé très détaillé et, visiblement, vous avez consacré beaucoup de temps à cela et avez bien réfléchi au projet de loi. Croyez-vous que la démarche à laquelle vous vous prêtez aujourd'hui équivaut à une consultation? Croyez-vous que le processus qui a lieu en ce moment même, ici, représente une consultation avec le gouvernement du Canada et que vous avez l'occasion de discuter de vos recommandations — les neuf recommandations auxquelles vous avez mûrement réfléchi — avec l'APN, avant de présenter cela?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je crois qu'il est impératif que notre comité convoque l'APN illico presto. Nous ne pouvons plus écouter ces exposés où les groupes de personnes estiment n'avoir pas eu l'occasion d'être consultés.
Comme le secrétaire parlementaire l'a évoqué, on a versé une somme d'argent considérable pour présenter ce projet de loi. Les gens ont eu l'occasion de consulter. Je veux être en mesure de leur demander ce à quoi ont ressemblé ces consultations. Je ne vois pas comment nous pouvons continuer sans avoir pu nous entretenir avec l'APN d'abord.
Les gens de l'autre côté, qui s'époumonent depuis un an et demi à propos de la consultation, n'y voient plus de problème subitement. Tout à coup, c'est votre processus de consultation.
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Merci, monsieur Storseth.
Comme je l'ai dit au début de la réunion, avant la pause de la semaine dernière, nous avons fixé un programme qui prévoit nos travaux jusqu'au congé de Pâques, ce qui représente une période de trois semaines. Nous en sommes à la première de ces trois semaines.
L'APN a été invitée. Au départ, nous lui avions demandé de venir témoigner au début de notre processus de consultation, tout de suite après le ministre. Les représentants ont dit souhaiter témoigner après que nous aurons entendu certains autres témoins. C'est de cette façon que nous procédons. Je ne crois pas que nous ayons à poursuivre cette conversation aujourd'hui.
En ce moment, l'APN figure toujours dans notre liste d'organismes à inviter. Une des tâches auxquelles je vais m'atteler au sous-comité, au moment où nous nous réunirons la semaine prochaine, c'est de savoir comment nous pouvons nous organiser pour que cela se fasse rapidement, mais ce serait encore après le congé de Pâques.
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J'ai quelques observations de nature éditoriale à formuler. Vous n'avez pas à répondre; je veux seulement que cela soit clair pour le compte rendu.
Si j'ai soulevé la question de l'accord politique — et, visiblement, je dois avoir touché une corde sensible au gouvernement —, c'est surtout qu'il y a des leçons historiques à tirer à ce sujet et que ce ne sont pas forcément que les Conservateurs qui sont en cause. Je n'ai remonté que quelques années dans le temps, mais je suis sûre que, en remontant les décennies, je trouverais toutes sortes d'accords politiques qui ont été reniés par toutes sortes de gouvernements. Si je soulevais la question de l'accord politique, c'était davantage pour dire que, au moment où le prochain gouvernement arrivera, après les élections... l'idée que cela inspirerait confiance aux gens, qu'un accord politique conclu par le gouvernement précédent serait honoré. C'était simplement une opinion.
Je veux revenir un instant à la question de la consultation. Je n'ai pas la définition précise sous la main, mais la Cour suprême a affirmé que la consultation doit être significative, qu'il faut que ce soit bien plus qu'un simple échange de renseignements, que cela ait de la substance, un élément de procédure, et que les premières nations soient à même de participer aux décisions qui les touchent.
Quiconque rédige un projet de loi est quelque peu limité par sa capacité de le présenter au grand public avant qu'il ne soit déposé à la Chambre des communes. Je n'ai pas devant les yeux le mandat qui avait été conféré à l'APN, mais, selon des témoins que nous avons entendus lundi, l'APN s'était fait dire de ne pas faire part des informations avant que le projet de loi ne soit déposé à la Chambre des communes.
Je ne me souviens pas de la date exacte à laquelle il a été déposé, mais je crois que c'était début décembre. Comme il y avait une assemblée spéciale des chefs le 11 décembre et avec d'autres facteurs qui entraient en jeu, il n'était pas possible de procéder à une consultation complète. L'Assemblée des Premières nations était limitée — et je ne saurais parler en son nom, mais, d'après ce que j'ai pu comprendre du processus législatif, elle était limitée — dans ses actions.
Compte tenu de telles limitations, nous sommes maintenant contraints de demander aux gens ce qu'ils aimeraient voir de différent dans ce projet de loi. Je ferais valoir que notre démarche en ce moment même n'équivaut pas à une consultation. Certes, nous entendons le point de vue du témoin, mais par rapport à ce que nous avons entendu de la part des premières nations d'un océan à l'autre — des Inuits et des Métis —, consulter ne revient pas simplement à aller voir les gens pour leur dire: « Eh bien, voici ce que nous concoctons. Qu'en pensez-vous? »
Je me demande si vous pourriez commenter cela. Dans la mesure où nous aurions eu le temps et les ressources nécessaires, à quoi aurait ressemblé un processus de consultation aboutissant à un projet de loi plus intéressant?
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Je crois que nous aurions pu formuler davantage de recommandations de concert avec nos membres.
Je ne veux pas revenir sur l'APN et les délais qu'il y a eu en décembre. Pour tous les gouvernements, même le nôtre — nous formons un gouvernement — c'est Noël. Pendant cette période, personne n'ira siéger à aucune chambre. Nous n'y étions pas en décembre, je crois — pas tous.
Vous avez parlé de consultation. À l'Union of Ontario Indians, il nous faut faire des pieds et des mains pour rassembler nos chefs. Lorsque nous convoquons nos chefs en assemblée, le taux de présence s'élève à 95 p. 100.
Encore une fois, avec les délais qu'il y a eu... Nous nous sommes réunis en assemblée plénière — nous avons eu le temps et les ressources financières pour le faire, j'imagine —, mais, pour répondre à votre question, il appartient à nos chefs d'aller voir leur conseil et d'organiser des assemblées communautaires s'ils le souhaitent, et il appartient aux conseils de traiter de la question et de renvoyer cela devant l'OPT, puis ici.
De décembre à aujourd'hui: ce n'est pas un délai raisonnable. Ce n'est pas un délai raisonnable pour nous. Je ne sais même pas si tous vos gouvernements sont revenus. C'est le temps des fêtes.
C'est une tâche assez importante qui nous est imposée de cette façon, et d'entendre ce membre du comité remettre en question nos positions... Si nous avions peut-être eu plus de temps, nous serions mieux préparés et nous aurions les réponses à vos questions, et le grand chef lui-même serait ici. À mes yeux, l'horaire dans tout cela... J'ai l'impression que ça nous cause du tort, mais nous sommes venus ici pour essayer de travailler avec tout le monde. Je crois que cela aurait été reporté si je n'avais pu être là, si aucun d'entre nous avait pu être là, mais nous sommes là et nous essayons de travailler avec tout le monde. C'est notre but principal.
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Oui, à propos de la question de la consultation, je tiens à souligner que le Canada est un très vaste pays et qu'il nous faut les ressources nécessaires pour effectuer une consultation digne de ce nom.
Quant à l'APN, je sais qu'elle compte un groupe d'études conjoint qui se penche sur diverses questions touchant les revendications foncières. Il me semble que s'il avait reçu les ressources nécessaires, il aurait fait le travail. Mais il y a aussi le délai, j'imagine, qui entre en ligne de compte.
Si je me fie aux commentaires que m'ont faits les chefs que je représente, à la réunion de décembre, bon nombre des chefs ne sont pas au courant de l'existence de l'accord politique; ils ne l'avaient pas en main avant d'assister à la réunion. Il y a donc les délais qui, comme je l'ai dit, posaient un problème.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup à chacun d'entre vous d'avoir pris le temps, moyennant un court préavis, de venir témoigner cet après-midi. Nous l'apprécions vraiment.
Je veux parler de questions particulières qui se rapportent à votre vie quotidienne et qui devraient selon vous figurer dans le projet de loi sur les revendications particulières. Vous avez eu l'occasion de l'examiner. Nous avons beaucoup parlé de questions touchant la consultation, à savoir si les gens ont été consultés ou non.
Nous avons un projet de loi devant les yeux. Chacun d'entre vous a parlé d'aspects positifs du projet de loi qui pourraient aider vos communautés à prendre en charge certaines des revendications particulières que vous avez.
Pour être précis, je me demande quelles sont les revendications particulières dont vous êtes au courant au sein de vos communautés et dont le projet de loi, s'il était adopté, accélérerait le traitement... Présumons simplement qu'il accélère les choses; certains se demandent à quel point. Si cela permettait d'accélérer le traitement des revendications particulières dont vous êtes au courant dans votre vie personnelle et si les dossiers progressaient, jusqu'à quel point cela permettrait-il de corriger la situation dans vos communautés?
Je ne sais pas si l'un d'entre vous peut évoquer des exemples particuliers, des dossiers de revendications particulières dont vous voulez faciliter le traitement.
À ce moment-là, si nous sommes en mesure d'en accélérer le traitement, qu'est-ce que cela signifierait au sein de vos communautés?
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Oui, le projet de loi précise qu'il s'applique uniquement à celles dont la valeur est inférieure à 150 millions de dollars. Les autres continueraient donc de faire l'objet du processus actuel; les gens pourraient donc recourir aux mécanismes déjà en place. Mais j'imagine qu'il s'agit ici d'une situation où les auteurs d'une revendication de moindre envergure auraient la possibilité de se prêter à cette démarche et d'obtenir une décision dans un délai de six ans. Ils auraient donc l'occasion de régler la question plutôt que de devoir attendre pendant des années et des années; ils seraient assurés de voir la question réglée dans les six années qui suivent. Elle pourrait être réglée avant cela même, mais le délai serait de six ans.
Je sais que, dans ma communauté à moi, on a été soulagé d'apprendre qu'il y avait enfin un mécanisme auquel les gens peuvent recourir en sachant avec certitude que, d'ici six ans, leur revendication particulière sera réglée, et cela a été assimilé à un véritable progrès. Parfois, ces choses sont... je ne devrais pas dire que ce sont de petites choses, mais peut-être que, en fait de dollars, il n'est question que de centaines de milliers de dollars. Il y a ces facteurs irritants qui sont en place et qui nuisent vraiment à la capacité de progresser d'une communauté, alors que, dans la mesure où elle recourt à cette démarche-ci, elle peut progresser.
Je ne sais pas si vous connaissez des exemples précis.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais donner suite à la question posée au sujet des consultations, car je crois comprendre qu'il appartient au gouvernement fédéral de mettre en place un processus de consultation. À propos de l'accord politique même, il a été question de l'honneur de la Couronne.
Je m'écarterais du sujet pour un instant afin de m'excuser de la façon dont certains éléments de la dynamique de travail du comité peuvent nuire aux auteurs des exposés, voire être insultants, car ce n'est certainement pas mon intention, cela est sûr.
Quand nous parlons de l'honneur de la Couronne, quand nous parlons d'une obligation fiduciaire, quand nous parlons d'un processus de réconciliation et de partenariat, et de la façon dont nous souhaitons aller de l'avant, je crois que les aspects juridiques de la chose sont vraiment importants. Il s'agit donc de ne pas simplement faire des remarques à l'improviste sur ce que la consultation nous paraît devoir être.
Je voudrais vous demander si vous avez des observations à formuler à propos des aspects juridiques du devoir de consultation recommandés par la Cour suprême du Canada et de la responsabilité du gouvernement fédéral à cet égard, plutôt que de la responsabilité de notre comité ou de l'APN.
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Merci, monsieur le président.
Pour résumer ce que nous essayons d'accomplir au moyen de ce projet de loi, il faudrait peut-être dire que nous essayons de changer le système. Le système qui est en place en ce moment est défaillant. Nous admettons que le gouvernement fédéral est à la fois juge et partie dans les négociations sur les revendications particulières. Le projet de loi ôte le pouvoir de décider au gouvernement et crée un tribunal indépendant chargé de produire les résultats que tout le monde espère voir, ce que de nombreux leaders des premières nations demandent depuis bien des années.
Je crois qu'il nous faut nous rappeler ce fait en débattant de ce projet de loi. Qu'il importe d'entendre les témoins, et je crois que nous avons entendu aujourd'hui de bons témoignages, ce dont les membres du comité ont discuté, je le sais.
Je dois encore revenir au point soulevé plus tôt par Mme Keeper en rapport avec la question des consultations. Bien entendu, elle a utilisé toutes sortes de mots qui me paraissent chargés et que de nombreux politiciens exploitent.
Je pose donc la question: si l'APN ne peut dire « nous avons effectué la consultation », qui peut alors? Ça me semble être une très bonne question pour le groupe de témoins. Si l'Assemblée des premières nations ne peut dire qu'elle a effectué ce qui lui paraît être une consultation, que faire alors du terme « consultation »?