:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je m'appelle Gordon Peeling et je suis le président et chef de la direction de l'Association minière du Canada.
[Traduction]
Je suis accompagné de M. Pierre Gratton, vice-président, Développement durable.
Nous sommes heureux d'être ici pour discuter du projet de loi , Loi constituant le tribunal des revendications particulières. L'Association minière du Canada appuie cette mesure législative et l'accord politique connexe intervenu entre le gouvernement du Canada et l'Assemblée des Premières Nations.
Je tiens à féliciter ces derniers pour l'élaboration du projet de loi et de l'accord politique. Nous encourageons le gouvernement à appuyer ce type de démarches prises avec les premières nations afin de favoriser l'établissement d'un dialogue constructif et d'obtenir des résultats concrets.
L'industrie minière offre des débouchés très intéressants aux premières nations, puisque nous contribuons grandement à la création d'emplois, au développement des affaires et à l'amélioration de l'instruction et des niveaux de compétences chez les Autochtones. Notre secteur peut accomplir bien davantage s'il dispose du cadre stratégique public adéquat.
Le projet de loi et l'accord politique constituent un bon pas en avant, mais le gouvernement fédéral doit accompagner cette initiative d'un plan de mise en oeuvre efficace et de progrès dans d'autres domaines.
Voici quelques données factuelles concernant notre industrie et les premières nations, les Inuits et les Métis.
L'industrie minière est le secteur qui emploie le plus d'Autochtones, soit le double de la moyenne nationale. Certaines mines comptent de 30 à 40 p. 100 d'Autochtones dans leur effectif, et d'autres en emploient encore davantage. Il s'agit d'emplois bien rémunérés. Le revenu moyen des Autochtones travaillant dans les mines est deux fois supérieur au revenu moyen national des Autochtones. Les achats effectués auprès d'entreprises autochtones sont également élevés. En à peine cinq ans, par exemple, les mines Diavik Diamond ont acheté pour plus d'un milliard de dollars en biens et services à des entreprises appartenant à des Autochtones. Il en a été de même pour Cameco et Syncrude, mais sur une période plus longue.
Voilà ce qu'il en est actuellement; mais regardons vers l'avenir. Il existe au Canada 1 200 communautés autochtones situées dans un rayon de 200 kilomètres autour de mines en exploitation et 2 100 terrains de prospection. Pour notre industrie, qui connaît une grave pénurie de main-d'oeuvre et une croissance extraordinaire, les premières nations sont déterminantes pour notre avenir. Les jeunes Autochtones sont le groupe qui croît le plus rapidement au pays. En s'efforçant d'améliorer l'accès à la formation et à l'éducation, l'industrie minière peut appuyer les investissements du gouvernement fédéral dans ces domaines. Elle peut également jouer un rôle de premier plan dans le développement économique et social des collectivités des premières nations. De nombreux obstacles demeurent, cependant.
Les activités d'exploitation et de prospection minières sont de plus en plus entreprises sur les terres traditionnelles des Autochtones. Dans de nombreuses régions du Canada, des revendications territoriales restent irrésolues. Dans ces circonstances, il est beaucoup plus difficile pour l'industrie de négocier des ententes avec les communautés autochtones, de s'y retrouver dans les dédales de la réglementation et de mettre en oeuvre de nouveaux projets.
Ces conditions sous-jacentes nuisent parfois à la conclusion d'ententes, à la formation de partenariats et à l'exploitation conjointe. Rien d'étonnant à ce que de nombreuses premières nations considèrent que leur appui et leur intérêt à l'égard du développement des ressources naturelles sur leurs terres traditionnelles passent par le respect et la reconnaissance de leurs droits et la garantie de la propriété de ces terres. Il suffit de voir les négociations relatives aux pipelines et les controverses que des projets ont suscitées récemment dans certaines communautés des premières nations pour constater ce qui arrive lorsque les droits ne sont pas reconnus et que les revendications territoriales ne sont pas réglées.
Des conflits comme ceux-là ne profitent à personne — ni aux premières nations, ni à l'industrie, ni aux gouvernements. L'intérêt collectif des premières nations dans le secteur minier réside dans la collaboration et l'entente qui s'établissent entre elles et l'industrie, comme avec Diavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, l'exploitant de Voisey's Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador, le secteur des sables bitumineux de l'Alberta, Cameco, en Saskatchewan, les mines de Victor et Musselwhite, en Ontario, et de nombreuses exploitations ailleurs au Canada. Ces réalisations sont le fruit du dialogue et du respect. Et ce ne sont ni l'intervention des tribunaux ni les conflits, en somme celui qu'on a vu entre la première nation Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (KI) et le prospecteur minier Platinex, qui feront avancer les choses.
Nous encourageons le gouvernement à reconnaître les droits et les intérêts des premières nations et à agir en conséquence. Le projet de loi est un pas énorme dans cette direction, qui aura pour effet d'améliorer le processus. Nous ne pouvons plus attendre. Nous devons agir maintenant pour régler les revendications territoriales.
La Loi constituant le tribunal des revendications particulières est une bonne mesure à prendre pour régler certaines revendications, car elle pourrait permettre d'accélérer le processus. On peut réaliser de réels progrès si l'on investit judicieusement et met en oeuvre l'accord politique efficacement et en temps opportun. Cela ne veut pas dire que le travail soit terminé pour autant. Le règlement des revendications territoriales globales qui ne sont pas couvertes par ce projet de loi peut prendre des dizaines d'années. Dans les régions très intéressantes pour le secteur minier, comme les Territoires du Nord-Ouest, il est urgent de régler les revendications territoriales globales, comme celles des Delcho et des Akaticho.
J'aimerais également aborder une question connexe, celle du devoir de consultation de l'État. Même si notre industrie reconnaît qu'il faut consulter et satisfaire les communautés autochtones, elle ne peut se substituer à l'État. Des projets de prospection et d'exploitation minières ont été retardés ou menacés parce que l'État n'avait pas rempli ses devoirs de consultation.
La Cour suprême du Canada a clairement statué que l'État doit consulter les Autochtones lorsque les droits de ces derniers risquent d'être enfreints. Le gouvernement doit accomplir son devoir et clarifier et mettre en oeuvre ses obligations de consultation afin d'offrir à l'industrie et aux premières nations des garanties en matière de développement des ressources.
L'Association minière du Canada sait qu'elle doit également faire sa part. Son conseil d'administration a adopté une ébauche de politique où il établit les engagements de l'industrie envers les Autochtones dans le cadre de son initiative « Vers le développement minier durable ». Nous consultons actuellement les premières nations, les Inuits et les Métis, et des organisations de toutes les régions du pays à ce sujet.
Nous bénéficions du soutien d'un comité consultatif national, constitué de représentants de l'Assemblée des Premières Nations, d'organisations inuites et métisses, de mouvements syndicaux, du Réseau canadien de l'environnement, des municipalités minières et du secteur financier. Ces dernières années, ce comité a mis l'accent sur les relations avec les Autochtones.
En outre, comme ceux qui ont participé à la Journée minière sur la Colline l'an dernier le savent probablement, l'Association minière du Canada a signé une lettre d'intention conjointement avec l'Assemblée des Premières Nations afin d'instaurer un partenariat pour régler les problèmes préoccupant les deux parties. Cette lettre mènera à la signature d'un protocole d'entente entre les deux organisations et permettra aux premières nations de participer davantage aux activités de l'industrie minière au Canada. Les deux parties souhaitent terminer en juin la négociation de ce protocole d'entente.
L'Association minière a signé cette lettre d'intention notamment en réaction au programme « Défi aux entreprises minières du Canada » de l'Assemblée des Premières Nations, qui vise la création de partenariats avec les entreprises canadiennes afin d'augmenter les investissements, les contrats et les occasions d'emploi pour les premières nations. Avec le protocole d'entente, la lettre permettra de renforcer l'initiative « Vers le développement minier durable » de l'Association minière du Canada.
Ce nouveau partenariat aurait été inconcevable pour les deux organisations il y a 10 ans. Cela montre à quel point les temps ont changé et comment nous évoluons. Il faut que les gouvernements progressent avec nous.
J'aimerais, pour terminer, réitérer notre appui à l'égard du projet de loi C-30 et de l'accord politique. L'établissement d'un tribunal des revendications particulières en vertu de cette mesure législative et l'engagement du gouvernement à régler les questions soulignées dans l'accord politique connexe sont, à notre avis, un pas dans la bonne direction — un pas absolument essentiel. Ces démarches constituent un précédent important pour les initiatives législatives et stratégiques à venir. Nous vous exhortons à adopter rapidement ce projet de loi, sans toutefois perdre de vue les nombreuses autres questions importantes que j'ai soulevées aujourd'hui, dont certaines peuvent être réglées dans le cadre de l'accord politique.
Merci beaucoup.
:
Je vais faire un commentaire de nature très générale.
Notre association met tout en oeuvre pour entretenir des relations harmonieuses avec les Autochtones; le rapprochement avec les communautés est d'ailleurs un volet majeur de notre initiative intitulée « Vers le développement minier durable ». Quand nous nous installons sur des territoires, nous avons déjà consulté les premières nations, les Inuits ou les Métis qui en sont propriétaires, ou qui en revendiquent la propriété ou l'utilisation traditionnelle.
Le projet de loi C-30, en dissipant rapidement les inquiétudes par rapport aux revendications particulières, pourrait contribuer à remédier aux difficultés associées à ce genre de situations. Donc, si on fait bien notre travail, parce que le gouvernement a bien fait le sien, et que ces questions ont été réglées entre le gouvernement et les premières nations, ce sera plus facile pour tout le monde. On se retrouve parfois coincés entre l'arbre et l'écorce quand une des parties est lésée. C'est par notre entremise qu'on veut faire passer des messages au gouvernement fédéral.
Ce n'est peut-être pas le cas dans la situation présente, mais normalement, quand l'association procède aux consultations qui s'imposent et que l'industrie fait de même, il n'est pas nécessaire de recourir aux tribunaux. Pour ce qui est de l'obligation du gouvernement de consulter les parties intéressées, il y a déjà plusieurs lois à cet égard, et elles existaient bien avant que la Cour suprême ne rende ses décisions. Je crois que tous les ordres de gouvernement, tant aux niveaux provincial et territorial que fédéral, ont du mal à déterminer la façon exacte dont l'État va s'acquitter de sa responsabilité de procéder à des consultations. Si les choses ne semblent pas avoir été faites selon les règles de l'art, on pourrait se trouver dans des situations très problématiques.
Comme je l'ai mentionné, et les premières nations nous le rappelleront sans doute, nous ne pouvons pas servir d'intermédiaires au nom de la Couronne. Nous ne pouvons pas assumer la responsabilité et le devoir de l'État de consulter les parties intéressées, à tout le moins, pas au sens propre du terme. Nous intervenons à un autre niveau.
Alors, si le projet de loi C-30 peut permettre de régler ces questions rapidement, on risquera moins d'être aux prises avec une situation comme celle dans laquelle se trouvent Platinex et la première nation KI. La loi actuelle ne permet pas de remédier aux problèmes qui sont au coeur de cette affaire.
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Je crois que l'industrie s'inquiète du fait que le gouvernement ne dispose pas de politiques uniformes dans l'ensemble de ses ministères pour régir la façon dont il va s'acquitter de sa responsabilité de mener des consultations. C'est le cas au fédéral, de même que dans les provinces.
Nous savons que des directives seront sans doute établies sous peu et que différents intervenants du gouvernement ont probablement déjà une bonne idée de la façon dont ils doivent procéder. On aimerait savoir quand on fait affaire, par exemple, avec le ministère des Pêches et des Océans, notamment pour des questions liées à la gestion de l'habitat du poisson, quelles sont ses responsabilités en matière de consultation et comment il doit s'y prendre.
Je crois que c'est à cet égard qu'il faudrait plus de lignes directrices. L'industrie réclame plus d'information, mais nous ne sommes évidemment pas les seuls. Cela nous permettrait également de mieux comprendre le cadre dans lequel nous devons travailler. On risquerait ainsi moins de détourner l'attention des enjeux ou des occasions qu'on aura cernés grâce à l'exploration ou au développement, au profit des besoins de ceux qui saisissent l'occasion de se prononcer.
Je ne jette pas du tout le blâme sur les premières nations. Tant mieux si le développement leur fournit l'occasion de faire valoir leur point de vue, particulièrement pour les dossiers qui traînent depuis des années, voire des décennies. Cela nous place cependant dans une situation très peu enviable.
De notre côté, pour ce qui est du développement minier durable, nous tentons d'uniformiser dans l'ensemble de l'industrie nos pratiques de consultation et de collaboration avec les premières nations. Même si notre association ne compte qu'une trentaine d'entreprises de production à part entière, en plus d'une quarantaine d'autres qui fournissent des services à notre industrie, nous nous devons de normaliser nos processus. Cela fait d'ailleurs partie de notre mission, qui s'avère plutôt difficile. Nous espérons que notre partenariat avec l'Assemblée des Premières Nations nous permettra d'y arriver.
Notre position n'est pas tout à fait solide, non plus, dans le cadre de ce processus. Comme je l'ai mentionné, le projet de loi C-30 pourrait permettre aux différents intervenants d'obtenir des résultats beaucoup plus positifs.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup d'être venu témoigner devant nous aujourd'hui. J'ai apprécié votre intervention, ainsi que certains des documents auxquels mes collègues ont fait référence.
Comme vous l'avez indiqué, Platinex ne fait pas partie de votre association, et je ne suis pas certaine que le projet de loi C-30 aurait permis de régler certains des différends qui l'opposent à la première nation KI, parce que j'ai l'impression que la province a un grand rôle à jouer dans cette affaire.
Cela m'amène au point que j'aimerais aborder. Le projet de loi touche deux éléments clés, le premier étant la participation volontaire des gouvernements provinciaux au processus de consultation. Donc, le gouvernement d'une province pourrait décider de ne pas participer aux consultations dans des cas comme celui qui occupe la première nation KI, où des revendications particulières sont en jeu.
Le deuxième se trouve au paragraphe 22(1), l'avis au tiers. Je crois que vous ne l'avez pas sous les yeux, alors je vais le lire pour vous :
Lorsqu'il estime qu'une décision peut avoir des répercussions importantes sur les intérêts d'une province, d'une première nation ou d'une personne, le tribunal en avise les intéressés. Les parties peuvent présenter leurs observations sur l'identité des intéressés.
Je ne suis pas convaincue, à la lumière de ce paragraphe, qu'une entreprise dont les intérêts pourraient être compromis par une revendication particulière aurait la possibilité de formuler des observations. Mais, à votre avis, dans quelles circonstances une société minière pourrait vouloir intervenir dans le cadre du traitement judiciaire de revendications particulières?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux pour vos témoignages d'aujourd'hui.
Si l'on considère votre lettre d'intention et le communiqué conjoint de l'Association minière canadienne et de l'Assemblée des Premières Nations, sans compter ce que l'expérience nous a appris, il apparaît évident que vous avez repris à bien des égards ce concept de coopération avec les premières nations pour essayer de trouver un terrain d'entente quelconque, si vous me permettez l'expression. Je fais référence à votre communiqué où il est question de collaboration et de nombreux mois de discussions entre les deux organisations. Le chef Fontaine fait valoir que les premières nations et l'industrie minière sont des partenaires naturels et parle ensuite de collaboration véritable. Vous avez souligné que vous étiez le principal employeur du secteur privé pour les Autochtones. Je pense que nous conviendrons tous que chacun pourra bénéficier des efforts déployés pour offrir de nouvelles perspectives économiques aux gens des premières nations.
Ma question porte sur le premier secteur d'intervention défini dans votre lettre d'intention. On y indique que vous allez plaider conjointement auprès du gouvernement fédéral en faveur d'une politique de consultation fédérale claire, efficace et appropriée. Notre comité s'est penché à maintes reprises sur la question des consultations. Je voudrais savoir ce que vous pensez de l'élaboration d'une politique visant une compréhension cohérente du concept de consultation.
Est-il possible d'envisager de façon réaliste que le gouvernement fédéral, ou toute autre organisation en fait, puisse dégager un consensus relativement à la teneur d'une formule de consultation appropriée? J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Comme je le disais précédemment, vous avez manifestement fait un pas dans la bonne direction et les résultats sont là pour en témoigner. Je ne sais pas si vous parleriez de consultation ou de collaboration, mais j'aimerais connaître votre point de vue.
Merci.
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Je vais d'abord vous parler de la situation idéale, après quoi je vous indiquerai de façon plus détaillée dans quelle mesure le gouvernement est effectivement parvenu à atteindre un niveau approprié pour ce qui est de sa politique de consultation.
D'abord et avant tout, le gouvernement doit reconnaître la nécessité d'établir une politique cohérente. La Cour suprême exige du gouvernement qu'il s'acquitte de ses responsabilités en matière de consultation au nom de la Couronne. Il va de soi que le gouvernement doit avoir une certaine idée de la manière dont il s'y prendra pour remplir ce mandat. La difficulté réside dans la nécessité de concrétiser cette idée de manière uniforme par le truchement de tous les intervenants gouvernementaux qui entreront en contact d'une manière ou d'une autre avec les communautés autochtones de tout le pays. Il semblerait que le gouvernement s'emploie actuellement à élaborer une politique de consultation en ce sens en s'appuyant sur les avis juridiques appropriés. C'est le nombre de cas se retrouvant devant les tribunaux qui nous dira dans quelle mesure cette politique est efficace.
Malheureusement, il est possible que le gouvernement croit qu'il s'acquitte adéquatement de cette responsabilité et que nous consentions un investissement en conséquence, en injectant des millions de dollars dans un processus d'évaluation environnementale, pour nous rendre compte par la suite que le gouvernement fait l'objet de poursuites alléguant un manquement à ses responsabilités.
C'est l'aspect qui est frustrant, car les coûts s'accumulent. C'est ce qui complique beaucoup la situation pour les gens d'affaires, sans compter la partie lésée qui fait valoir que le gouvernement n'a pas assumé adéquatement ses responsabilités. Je pense que le gouvernement doit partir du point de vue qu'il lui est possible de le faire d'une manière qui résistera à toute contestation devant les tribunaux.
Malheureusement, les tribunaux ne nous ont pas donné beaucoup d'indications quant à la forme que devraient nécessairement prendre des consultations appropriées, ce qui complique encore davantage la tâche au gouvernement. Nous nous retrouvons coincés entre l'arbre et l'écorce lorsqu'on constate ou qu'on perçoit que le gouvernement n'a pas été à la hauteur de la tâche. C'est ce qui est particulièrement difficile pour nous.
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Certaines peuvent être de moins de 150 millions de dollars et d'autres, de plus de 150 millions de dollars.
Je pense que le principe de base, c'est que l'industrie veut avoir un certain degré de certitude et de clarté, non seulement sur les grandes revendications particulières, mais aussi sur les revendications globales. Je suis totalement d'accord avec vous au sujet des revendications globales: il faut un mécanisme non seulement pour régler les revendications globales en suspens mais pour que les parties acceptent de négocier et amorcent les négociations. On parle aussi beaucoup de la mise en application des règlements des revendications. Bien souvent, même après la signature d'un traité, les parties sont prises dans un litige à n'en plus finir sur le sens exact d'une disposition ou son intention, par exemple. Je comprends donc le besoin de clarté.
Mais revenons un peu à votre industrie elle-même. Concernant la relation respectueuse que votre organisation essaie d'établir entre l'industrie des mines et des minéraux et les groupes autochtones, on dirait que l'une des questions les plus problématiques, c'est le jalonnement des concessions parce qu'on semble croire dans l'industrie, et peut-être que je me trompe, que le degré de participation des groupes autochtones avant le jalonnement de la concession est bien inférieur à leur engagement après le jalonnement.
Selon le système actuel, on peut prendre un ordinateur, comme vous l'avez dit, et si l'on a une carte de crédit avec une bonne limite, tracer les limites de concessions minières un peu partout. Le temps de le dire, une entreprise, peut-être l'un de vos partenaires, a jalonné 200, 300 ou 400 territoires sur des terres autochtones, des terres faisant l'objet de litige dans certains cas ou même des territoires dont les limites ont déjà été établies par traité. Par exemple, je pense aux Inuits et aux Métis du Labrador, à la nation innue.
Quels critères utilisez-vous dans votre industrie pour que le jalonnement des concessions reste raisonnable? Parce que beaucoup de membres de votre association minière jalonnent des concessions et que vous le voyez comme une étape de l'exploration minière.
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J'aimerais ajouter une chose, moi aussi, pour illustrer l'évolution de l'industrie. Il est de plus en plus courant de nos jours que les entreprises embauchent des agents de liaison avec la collectivité, qui viennent des collectivités où les entreprises veulent s'installer.
Ces personnes font le relais, pour ainsi dire. Elles doivent parfois être prudentes; elles ne veulent pas que les membres de leur collectivité les perçoivent comme des traîtres. Elles jouent un rôle très important, parce qu'elles connaissent le point de vue de leur collectivité et qu'elles peuvent prodiguer des conseils à l'entreprise sur la façon de parler aux aînés et de travailler avec eux, ainsi qu'avec les chefs politiques, les femmes de la collectivité et les jeunes. Ces personnes savent comment procéder pour ne pas contrevenir aux normes de la collectivité. C'est un rôle de plus en plus stratégique dans l'industrie minière.
Il y en a de plus en plus. Au début, je n'en voyais que dans les grandes entreprises comme Diavik, qui mène de grands projets. Il y a un petit projet dans le Nord de l'Ontario, à Lac-des-Îles. C'est une mine de palladium, et elle a un agent de liaison avec la collectivité. C'est de plus en plus commun.
Si vous me le permettez, j'aimerais également réagir à l'idée mentionnée à quelques reprises que ce projet de loi porte sur les revendications particulières. Même si l'industrie ne se préoccupe pas particulièrement des revendications particulières, mais plutôt des grandes revendications globales, selon notre expérience avec les premières nations, il y a de grandes différences quand on s'aventure sur le territoire d'une collectivité qui n'est pas déjà en litige avec le gouvernement fédéral sur quoi que ce soit. Il est alors beaucoup plus facile, dans la pratique, de négocier. Si ces revendications pouvaient se régler rapidement, nous aurions un climat de négociation beaucoup plus hospitalier. Il y a donc d'autres avantages moins tangibles à ce projet de loi, mais tout aussi appréciables.
Je m'appelle Barry Devolin et je préside ce comité. Nous aimerions vous souhaiter la bienvenue parmi nous aujourd'hui.
C'est la vingt-deuxième séance de notre comité sur le projet de loi C-30, Loi constituant le Tribunal des revendications particulières. Nous avons entendu beaucoup de témoins au cours des dernières semaines, et nos audiences tirent à leur fin. Nous sommes très heureux que vous ayez pu vous libérer pour vous entretenir avec nous aujourd'hui.
Nous allons vous donner environ 10 minutes pour présenter un exposé. Je ne sais pas si un seul d'entre vous va prendre les 10 minutes ou si vous allez vous partager le temps. Je vais vous laisser vous battre pour en décider.
Après votre exposé, nous allons faire un tour de table pour vous poser des questions. Nous devrions avoir le temps de faire un tour de table de sept minutes par personne. C'est la première fois que je préside une réunion par vidéoconférence, donc j'espère que tout ira bien.
Messieurs, si vous voulez bien vous présenter et faire votre exposé, nous sommes tout ouïe.
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Très bien. Encore une fois, merci.
Je m'appelle Bill Erasmus, et je suis le chef national des Dénés des Territoires du Nord-Ouest. Notre nation est constituée de 30 communautés allant de Fort Smith, dans le sud, à Aklavik, sur la côte arctique. Je suis également chef régional de l'Assemblée des Premières Nations.
Merci de m'avoir invité à comparaître devant votre comité. Comme vous le savez, il a fallu plusieurs années de travail pour en arriver au projet de loi C-30. Au début des années 1990, je coprésidais le comité de travail mixte qui, à l'origine, avait entrepris la préparation d'un projet de loi. De ce point de vue, j'ai donc acquis une certaine expérience que je peux partager.
Je suis très heureux de voir que nous en sommes maintenant arrivés au point où le projet de loi est prêt à être présenté, et il est accompagné d'une entente politique.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, nous comptons pour environ 2 p. 100 des revendications particulières qui ont été présentées jusqu'à maintenant. Cela est dû au fait que notre peuple prend part à différentes tables. Certains ont participé à des négociations sur les revendications globales, d'autres à des tables de négociation sur l'autonomie gouvernementale, et d'autres encore à des pourparlers sur les traités, et je pense que les gens ont confiance en ces tables. Ainsi, très peu de revendications particulières ont été soumises.
Il est juste de dire que si ces tables particulières ne portaient pas fruits, nous présenterions beaucoup plus de revendications particulières. Je pense qu'il convient de le préciser.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous sommes heureux de voir que ce projet de loi est déposé. Nous savons que nous n'avons pas pu tout y intégrer et, d'après ce que nous avons compris, l'accord politique qui accompagne ce projet de loi doit être interprété en conjonction avec ce dernier. Nous tenons à insister pour que l'accord politique soit laissé le plus ouvert possible, de façon à ce que nous puissions y ajouter des éléments à mesure que nous apprendrons de l'expérience. Donc, à mes yeux, c'est important.
Nous avons cherché pendant des années un processus indépendant qui ferait en sorte que le gouvernement du Canada ne soit plus juge et partie. J'estime que cette loi constitue un progrès considérable à cet égard.
J'ai eu la chance d'être aux Nations Unies lorsque la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée, en septembre dernier. Je pense que nous pouvons affirmer que ce processus fonctionnera conformément aux principes de cette déclaration des Nations Unies, et que cela constitue un appui au processus global.
Encore une fois, cette mesure législative établit une nouvelle relation entre nous et le Canada, et nous espérons vivement que cette démarche est positive. À mes yeux, cette loi et le processus qu'elle prévoit mènent à une nouvelle relation, et je crois qu'on pourra élargir cela à d'autres pratiques, au moment de traiter d'autres lois.
Maintenant, je sais que je dispose de peu de temps. J'aimerais faire deux remarques, et je précise que je suis en faveur de ce projet de loi. Cependant, si vous deviez y apporter des amendements, il y a deux questions que je vous recommanderais d'examiner, dont l'une constitue une préoccupation majeure.
Dès le départ, tout ce processus n'était pas une question d'argent, mais de terres. Nos peuples préféreraient, et de loin, que les terres soient incluses dans le processus pour pouvoir avoir accès à des territoires qu'ils ont perdus, ou qui ne leur appartiennent plus.
L'autre question concerne les grandes revendications, et je suis certain que d'autres personnes vous en ont déjà parlé. Nous sommes fortement préoccupés par le plafond appliqué aux revendications qui s'élèvent à plus de 150 millions de dollars. Beaucoup de ces peuples ont attendu longtemps. C'est une question d'obligations juridiques de la part de la Couronne. Il ne s'agit pas d'une situation où l'on donnerait quelque chose à des gens qui ne le méritent pas.
Nous préférerions nettement que ces revendications plus importantes soient incluses dans le processus global.
Merci, monsieur le président.
Je vais maintenant céder la parole à M. Paulette.
:
[
Note de la rédaction: Le témoin s'exprime dans sa langue.]
[Traduction]
Je voulais vous dire que mon nom est François Paulette. Je suis un ancien chef. Au cours des années 1970, je suis devenu chef à l'âge de 21 ans et, vers 1980, j'ai démissionné de ce poste. J'étais un chef régional, et j'ai participé à un certain nombre de discussions sur les traités et les droits des Autochtones au nord du 60e parallèle. J'ai oeuvré au sein de la Fraternité nationale des Indiens, de la Nation dénée; j'ai participé à l'enquête Berger...
Je tiens à vous préciser que j'ai été impliqué dans une affaire judiciaire, soit Paulette et al. c. la Reine. J'ai revendiqué notre propriété antérieure d'un territoire de plus de 450 000 milles carrés situé dans les Territoires du Nord-Ouest. Ce jugement déterminant nous a ouvert beaucoup de portes pour ce qui est de la discussion sur la manière de régler les revendications en souffrance au nord du 60e parallèle.
Je viens de la région visée par le Traité no 8. J'ai également collaboré à la commission Bourque sur le développement constitutionnel dans les Territoires du Nord-Ouest. J'ai aussi pris part à la Commission du renouvellement de l'APN, et je continue de conseiller les chefs nationaux et de collaborer avec eux.
Tout récemment, j'ai également aidé à protéger des territoires dénés au nord du 60e parallèle, surtout le parc national situé dans les environs du bras oriental du Grand lac des Esclaves. J'ai assisté à un grand nombre de conférences internationales portant sur l'environnement et la protection de la nature.
Par ailleurs, je participe à ce groupe de travail mixte depuis le début. Je dois dire que pour en arriver où nous en sommes aujourd'hui, beaucoup de compromis ont été faits en cours de route, et cette loi qui nous occupe pourrait ne pas correspondre au point où nous étions rendus avec le rapport du groupe de travail, à la fin des années 1990. Les Traités no 8 et no 11 pour les Territoires du Nord-Ouest traitent précisément de notre adhésion à une résolution de non-extinction de nos droits et de non-cession de nos terres dans un esprit de paix et d'amitié, en reconnaissant que nous vivrons côte à côte. Lorsque nos peuples parlent de territoires aujourd'hui, c'est de cela dont il est question. Dans ma langue, il y a une expression selon laquelle nous ne pouvons pas vraiment mettre un prix sur les terres en question.
À nos yeux, le territoire est de la plus haute importance. Il est au centre de notre civilisation et de notre existence. Au nord du 60e parallèle, comme vous le savez, il se fait beaucoup d'exploration, et la première chose que veulent ces grandes entreprises qui vont là-bas, c'est le territoire. Le Canada leur a accordé des permis pour chercher les riches ressources au nord du 60e parallèle.
J'aimerais revenir à la question des chefs nationaux. Dans le projet de loi , vous parlez seulement d'argent. J'estime que cela va à l'encontre de notre principe de discussions sur les terres. Il y a un plafond de 150 millions de dollars. Or, si nous le dépassons, quelles sont les options? Quelles sont les solutions? L'une des choses les plus importantes pour nous est le territoire. Nous devons aborder la question. Il faut que nous soyons honnêtes et francs, car cette discussion sur la législation concerne des parties de traités.
L'autre chose que je dois ajouter, c'est que la participation provinciale est absente de ce processus, et que cela créera assurément beaucoup de... Il faut surtout aborder la question des terres, parce que les peuples au sud du 60e parallèle doivent traiter avec les provinces. Depuis la Convention sur le transfert des ressources naturelles de 1930, le transfert des terres est entre les mains des provinces et, bien souvent, celles-ci ont beaucoup de mal à rendre ces riches ressources de leur territoire. Il faut donc prendre cela en considération.
Je voulais également dire qu'aujourd'hui, nous étudions le projet de loi C-30; mais si nous avions la volonté politique, si le Canada avait la volonté politique nécessaire, nous aurions probablement réglé toutes ces revendications en souffrance. Mais nous devons recourir à la loi pour examiner toutes ces revendications non résolues.
Cela dit, je tiens à remercier le comité de son écoute. Je sais que nous disposons de très peu de temps. J'aimerais tous vous remercier de m'avoir écouté.
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Merci beaucoup, messieurs.
J'aimerais apporter quelques précisions avant que nous ne commencions la période de questions.
D'après ce que j'ai compris, on utilisera le système de traduction. Si une question est posée en français, vous entendrez une traduction en anglais dans votre microphone. Si cela ne fonctionne pas, faites-nous signe, et nous ferons en sorte qu'un des interprètes vienne à la table et traduise ainsi. Voilà pour la première chose.
Ensuite, vous remarquerez qu'aujourd'hui, nous avons un goûter ici, dans la salle. Malheureusement, nous ne pouvons le partager avec vous. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il s'agira d'une collation virtuelle. Mais la bonne, c'est que vous éviterez également les calories. Vous aurez donc cet avantage par rapport à nous.
Nous aurons le temps pour une série de questions. La première intervention va au Parti libéral.
Madame Keeper, vous avez sept minutes.
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J'aimerais simplement ajouter qu'en ce qui concerne le territoire, si l'on devait envisager un amendement, il devrait faire en sorte que la responsabilité incombe au gouvernement fédéral.
Les transactions d'origine concernant le territoire ont été conclues avec la Couronne du chef du Canada, et pas avec les provinces. Le Canada, dans cet exercice, doit assumer un leadership.
Maintenant, on dit que les provinces sont une tierce partie. Ce pourrait ne pas être le cas dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et au Nunavut, mais dans d'autres régions du pays, cela place nos peuples dans une situation fort précaire.
Donc, ce qu'il faut faire, selon moi, c'est charger le gouvernement fédéral de prendre les rennes, avec ses pouvoirs garantis par l'article 91 qui l'emportent sur ceux prévus à l'article 92. C'est ce que je favoriserais, ainsi que de laisser la porte ouverte pour que les peuples puissent choisir les territoires. Et, encore une fois, comme M. Paulette l'a dit tout à l'heure, si la volonté est là, nous pourrons faire preuve de créativité pour mettre au point ces dispositions.
Quant à savoir si le ministre a trop de pouvoir, je pense que l'un des objectifs du groupe de travail mixte était de nous enlever des mains du ministre le plus possible. Le fait d'avoir un tribunal laisse croire que le ministre répondra très vite, ou qu'il agira et interviendra plus rapidement en ce qui concerne les revendications. Autrement dit, il y aura moins de situations où le ministre demeurera silencieux et renverra les questions au tribunal, car on ne souhaite vraiment pas qu'un tribunal en soit saisi.
Merci.
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Ce dont je parlais, c'est du fait que la Constitution canadienne repose sur un ensemble de pouvoirs, et que les pouvoirs du gouvernement fédéral en vertu de l'article 91 l'emportent généralement sur ceux prévus à l'article 92.
S'il était question d'une famille, le gouvernement fédéral serait le parent, et la province, l'enfant. Pour ce qui est de revenir en arrière pour traiter des questions concernant les territoires et les peuples autochtones, le gouvernement fédéral s'en est toujours chargé. Jusqu'à tout récemment, les provinces ne le faisaient jamais.
Donc, je crois qu'étant donné qu'il ne s'agit pas d'un cas canadien normal — par exemple, on ne traite pas avec les Canadiens comme tels, mais plutôt avec les premières nations, dans le contexte d'une relation différente avec le Canada, et différente au sens de la Constitution —, je pense qu'on pourrait élaborer un plaidoyer spécial selon lequel les provinces doivent être impliquées à un certain niveau, comme si elles étaient la Couronne, parce que c'est ainsi qu'elles ont eu les territoires. Et elles doivent traiter avec les peuples autochtones d'une manière juste, équitable et conforme à la Déclaration des Nations-Unies, où il est question de redressement.
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Comme vous le savez, le plus gros conflit qui oppose les premières nations et la Couronne porte sur la propriété des terres. On entend souvent dire, dans le système canadien, que les droits des Autochtones sur les terres se sont éteints, et que, sans même avoir été vaincus ou conquis dans une guerre ou un conflit armé, ils ont cédé leurs territoires et leurs droits à la Couronne. C'était la croyance populaire jusqu'à tout récemment. M. Paulette a parlé de l'affaire dans laquelle il a été impliqué au début des années 1970, qui a beaucoup contribué à casser ce mythe, et de l'affaire
Frank Calder, de la Colombie-Britannique.
Notre peuple veut à tout prix reprendre le contrôle de ses terres ancestrales pour assurer le développement de sa propre assise territoriale, sur les plans économique, familial et national. C'est ce dont il a besoin pour survivre. De toute évidence, l'argent est nécessaire pour vivre, mais dans bien des cas, ce n'est pas la solution.
Pour ce qui est des revendications plus importantes... Nous ne devrions pas nous attarder sur cette question puisque toutes les revendications sont égales. Une minuscule parcelle de terre est aussi importante qu'un immense territoire, dépendamment des personnes concernées. Par exemple, il y a des gens qui ont des économies très différentes. On retrouve notamment des chasseurs et des cueilleurs, qui sont attachés à la terre, des pêcheurs qui réclament les terres qu'ils ont perdues, des gens qui vivent le long des rivières, dans les montagnes, et ainsi de suite. Je crois que les revendications doivent toutes être traitées au même titre, peu importe le montant d'argent en jeu.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, la Couronne a des obligations en suspens. Il y a plus de 1 200 revendications différentes en instance devant le gouvernement à l'heure actuelle, et bon nombre d'entre elles sont en attente d'un règlement depuis très longtemps. Beaucoup de gens perçoivent le plafond comme un moyen qu'a trouvé le gouvernement fédéral pour garder le contrôle sur le processus.
Avec l'énorme excédent que nous avons et de la bonne volonté, à mon avis, si vous traitiez la question du plafond différemment, nous pourrions réaliser beaucoup plus de progrès. À long terme, tous en bénéficieront, car le plus rapidement vous réglez ces revendications, le plus stables seront nos communautés, et nous pourrons tous aller de l'avant.
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Je tiens à remercier M. Paulette et le chef Erasmus d'avoir pris le temps de venir ici aujourd'hui.
Chef Erasmus, vous avez indiqué, dans votre déclaration liminaire, que vous agissiez à titre de chef régional pour l'APN et que vous travailliez depuis de nombreuses années, non seulement sur ce dossier particulier, mais aussi sur toute la question du règlement des revendications particulières. Vous avez dit plus tôt que vous étiez heureux de voir que ce projet de loi avait été déposé.
Comme vous le savez sans doute, le gouvernement du Canada n'a pas seulement consulté l'Assemblée des Premières Nations; il lui a demandé d'engager des consultations avec les groupes régionaux des premières nations. Je crois savoir que ces groupes ont donné leur point de vue et ont participé directement à l'élaboration de cette mesure législative. Vous n'êtes pas sans savoir que le processus défini dans le préambule, de même que dans l'article 5, se veut un processus entièrement volontaire. Le préambule se lit comme suit: « que le droit des premières nations de saisir ce tribunal de leurs revendications particulières... ». L'article 5 stipule: « La présente loi n'a d'effet sur les droits de la première nation que si celle-ci choisit de saisir le tribunal d'une revendication particulière... ».
Je crois qu'il convient de le préciser.
Pour ce qui est des amendements que vous avez proposés — et d'autres témoins nous en ont présentés également —, vous avez soulevé le fait que le tribunal ne pouvait accorder qu'une indemnité pécuniaire relativement à une revendication particulière. Vous vous êtes également dit préoccupé par le plafond qui a été fixé à 150 millions de dollars. Si nous retournons en arrière afin d'y inclure des amendements, ne craignez-vous pas de perdre les progrès accomplis jusqu'à maintenant? Vous avez indiqué que le processus est enclenché depuis plusieurs années. Je me demande si vous pouvez nous en parler.
Je ne vous ai pas demandé directement d'apporter des amendements. J'ai bien fait attention de dire que si, dans le cas où vous présenteriez des amendements, ce serait deux éléments à prendre en considération.
Évidemment, il y a le risque de prolonger le processus, surtout compte tenu de la nature précaire du gouvernement minoritaire. Le projet de loi ne sera peut-être pas adopté et mourra au Feuilleton.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai indiqué que le gouvernement fédéral devait prendre les devants avec les provinces et trouver des moyens astucieux pour faire en sorte qu'elles acceptent d'octroyer des terres dans le système.
Nous savons que si une première nation reçoit une indemnité pécuniaire, cela peut ensuite tomber entre les mains des provinces. Je pense que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle important en convainquant les provinces d'attribuer des terres si cela venait à se produire. J'ai formulé des suggestions à cet égard.
Pour ce qui est des revendications plus importantes, à mon avis, le ministre pourrait jouir d'une certaine marge de manoeuvre quant au choix des revendications et aux montants d'argent. Il n'y a rien qui empêche le cabinet, par exemple, d'utiliser son pouvoir pour choisir des dossiers plus importants et les régler rapidement.
Merci.