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J'aimerais remercier le comité et le président d'avoir invité Statistique Canada à comparaître aujourd'hui afin de vous faire part des résultats du recensement de 2006 sur les peuples autochtones, soit sur les premières nations, les Métis et les Inuits.
Ma collègue Cathy Connors m'accompagne aujourd'hui. Elle est la directrice adjointe du programme de statistiques sur les Autochtones à Statistique Canada. Nous serons ravies de répondre à vos questions à la fin de notre présentation.
Je vais suivre les diapositives. J'en suis à la page deux. La présentation abordera les thèmes suivants: la croissance et la diversité de la population autochtone, d'après les résultats de 2006 -- où elle vit, sa structure par âge. Le recensement est une mine de renseignements sur les langues autochtones et les langues en général. Je vous donnerai donc des statistiques là-dessus. De plus, j'aborderai les conditions liées au logement. Je vous communiquerai également des renseignements sur l'éducation et des caractéristiques sur la main-d'oeuvre dans la population autochtone. Je conclurai ma présentation en vous faisant part de la prochaine diffusion des données de Statistique Canada plus tard cette année.
Malheureusement, le sujet est bien trop vaste pour qu'on puisse l'aborder en détail en si peu de temps. Cet après-midi, je m'emploierai à présenter les tendances moyennes pour illustrer certains aspects clés. Ces renseignements sont maintenant pour la plupart à la disposition des chercheurs et des utilisateurs des données afin qu'ils puissent examiner plus en profondeur ces sujets.
Avant de vous parler des tendances, j'aimerais vous parler des concepts. Statistique Canada recourt à quatre concepts pour identifier les Autochtones. Ces concepts se retrouvent dans des questions précises du questionnaire du recensement. Le premier concept est celui de l'ascendance autochtone. Il se retrouve dans une question sur l'origine ethnique formulée comme suit: « Quelles étaient les origines ethniques ou culturelles des ancêtres de cette personne? » Le deuxième concept est celui de l'identité autochtone. Il se retrouve dans les questions suivantes: « Cette personne est-elle un Autochtone, c'est-à-dire un Indien de l'Amérique du Nord, un Métis ou un Inuit? » Le troisième concept vise à découvrir s'il s'agit d'un Indien visé par un traité ou d'un Indien inscrit au sens de la Loi sur les Indiens du Canada. Le dernier concept tente de découvrir si cette personne est membre d'une bande indienne ou d'une première nation.
Les utilisateurs des données peuvent avoir recours à divers concepts ou à une combinaison de concepts, en fonction de l'information qu'ils souhaitent glaner. Aux fins de la présentation, je mettrai surtout l'accent sur l'identité autochtone. Cette question inclut les gens qui ont dit qu'ils étaient des Autochtones, des Indiens inscrits ou des membres d'une bande indienne ou d'une première nation.
Le concept de l'identité autochtone répond aux besoins de données d'un nombre important d'utilisateurs au Canada. Nous l'avons appris grâce aux consultations approfondies que nous menons auprès des gouvernements, des organisations autochtones et des utilisateurs de données. Ce concept est basé sur une auto-identification. La question a été posée systématiquement depuis le recensement de 1996 et couvre les trois groupes autochtones mentionnés dans la Constitution du Canada.
Le recensement est la source la plus exhaustive de renseignements démographiques et socio-économiques sur les peuples autochtones du Canada. Il permet de fournir des renseignements sur les divers groupes autochtones et collectivités au Canada, ainsi que d'établir des comparaisons avec la population non autochtone.
Les données du recensement font l'objet de nombreux processus et vérifications afin de se conformer aux normes élevées de Statistique Canada en matière de qualité des données. Malgré tous les efforts que nous déployons, certaines personnes ne sont pas recensées. Par exemple, en 2001, on a estimé qu'environ 3 p. 100 de la population totale n'avait pas été recensée.
Pour ce qui est du recensement des réserves et établissements indiens en 2006, il y avait 22 « réserves partiellement dénombrées » pour lesquelles nous ne disposons d'aucune donnée de recensement. Il y en avait 30 en 2001 et 77 en 1996.
Donc, bien que nous ayons amélioré notre recensement de ces réserves, il reste encore des problèmes de qualité des données pour certaines réserves individuelles.
Les données pour des collectivités de premières nations ne peuvent être divulguées pour deux raisons principales. D'abord, la population de la collectivité ou de la réserve peut être trop petite et on ne peut divulguer ces renseignements pour des raisons de confidentialité. Ensuite, les données de la collectivité ne sont peut-être pas conformes aux normes de qualité qui s'appliquent à toutes les données du recensement au niveau des collectivités.
Nous travaillons à l'heure actuelle avec nos collègues du ministère des Affaires indiennes et d'autres partenaires afin de mieux comprendre la qualité des données que nous avons pour les réserves individuelles.
J'aimerais aussi souligner que je vais vous montrer des données au cours de la présentation. Je vais vous faire part des changements dans les pourcentages et les proportions entre les recensements, dont nous avons tenu compte pour les réserves partiellement dénombrées à l'égard desquelles nous ne disposons d'aucune donnée. Autrement dit, nous incluons uniquement les réserves qui ont participé, par exemple, à la fois au recensement de 2001 et à celui de 2006 lorsque je fais des comparaisons entre ces deux périodes.
En 2006, 1,2 million de personnes ont déclaré avoir une identité autochtone — la courte ligne rose dans le tableau — par rapport à 1,7 million de personnes qui ont déclaré avoir une origine autochtone, la longue ligne bleue. Au fil du temps, nous avons décelé une augmentation constante de gens déclarant avoir une identité ou une origine autochtones. Ces augmentations peuvent être attribuées aux changements démographiques des dernières années. Il y a eu notamment un taux de natalité plus élevé. On peut également lier cette modification à des facteurs non démographiques comme, par exemple, l'augmentation du nombre des personnes qui décident de se déclarer comme étant des Autochtones. Cela peut également être attribuable au fait que nous posons les questions autrement.
Nous reconnaissons que la population autochtone est diversifiée et que les conditions varient en fonction des régions et des groupes. Dans la mesure du possible, nous fournirons des renseignements propres au groupe.
Il y avait près de 700 000 membres des premières nations au Canada en 2006. Ils représentent 60 p. 100 de la population autochtone.
J'aimerais souligner que j'utiliserai les mots « premières nations » et « Indiens d'Amérique du Nord » de manière interchangeable.
Le plus grand groupe, composé de 565 000 personnes, était celui des premières nations ou des Indiens d'Amérique du Nord qui se déclaraient Indiens inscrits ou visés par un traité. Les premières nations ou Indiens d'Amérique du Nord qui ne se déclaraient pas Indiens inscrits ou visés par un traité étaient au nombre de 133 000. Le deuxième groupe en importance était celui des Métis, avec 390 000. En 2006, ils représentaient environ le tiers de la population autochtone totale. Les Inuits, au nombre de 50 000, représentaient environ 4 p. 100 de la population autochtone. Les 34 000 personnes restantes étaient des gens qui disaient appartenir à plus d'un groupe autochtone.
Sur ces trois groupes autochtones, la plus grande augmentation de population entre 2001 et 2006 a été observée chez les Métis, avec un taux de croissance de l'ordre de 33 p. 100. Cette hausse est peut-être attribuable à des facteurs démographiques, mais plus probablement à l'augmentation du nombre des personnes qui se déclarent Métis. Les premières nations ou Indiens d'Amérique du Nord qui ne se disaient pas des Indiens inscrits venaient au deuxième rang au chapitre de la croissance, avec un taux de 28 p. 100. Le nombre d'Inuits a augmenté de 12 p. 100. Puis, le nombre des membres des premières nations se déclarant Indiens inscrits a crû de 12 p. 100. Au cours de cette période de cinq ans, la croissance de la population non autochtone a été beaucoup plus faible.
En 2001, la plupart des Autochtones habitaient en Ontario et dans l'Ouest. Bien que la plupart vivent en Ontario, ils ne représentent qu'une petite partie de la population provinciale, soit 2 p. 100. Par ailleurs, les Autochtones comptent pour 85 p. 100 de la population du Nunavut, qui est presque entièrement inuite. Les Autochtones représentent 50 p. 100 de la population des Territoires du Nord-Ouest, 25 p. 100 de celle du Yukon et 15 p. 100 de celle du Manitoba et de la Saskatchewan.
La moitié des Autochtones habitait dans des régions urbaines en 2006. La population autochtone la plus importante habitait à Winnipeg. Elle se chiffrait à 68 000, représentant 10 p. 100 des habitants de Winnipeg. Edmonton est la ville qui a la deuxième population autochtone en importance au Canada. Les Autochtones représentent une part importante de la population dans plusieurs petits centres urbains, notamment dans l'Ouest, comme à Prince Albert, en Saskatchewan, à Thompson, au Manitoba, et à Prince Rupert, en Colombie-Britannique. Un tiers de la population de chacun de ces centres urbains était autochtone.
Tout comme la population autochtone, la plupart des membres des premières nations habitent en Ontario et dans l'Ouest. Ils représentent 3 p. 100 ou moins de la population de l'Ontario, de l'Alberta, et de la Colombie-Britannique. Cette proportion passe à trois personnes sur dix dans les Territoires du Nord-Ouest, à deux sur dix au Yukon, et à une sur dix au Manitoba et en Saskatchewan.
La proportion de la population vivant dans une réserve en 2006 variait en fonction du concept de recensement, allant de 43 p. 100 pour la population totale qui s'identifiait en tant qu'Indiens de l'Amérique du Nord, que nous appelons également membres des premières nations, à 54 p. 100 pour ceux qui se déclaraient d'ascendance unique en tant que membres d'une première nation ou Indiens d'Amérique du Nord. Tout dépendant de l'information dont ils ont besoin, les utilisateurs pourront avoir recours à ces divers concepts, ou à une combinaison, pour étudier la population vivant dans une réserve.
Si vous voulez voir comment ces proportions ont changé au fil du temps, il faudrait tenir compte des réserves partiellement dénombrées à chaque recensement. Si vous le faites en comparant les recensements de 1996 et de 2006, alors la proportion des gens s'identifiant à une première nation habitant dans une réserve en 2006 serait de l'ordre de 40 p. 100.
Tout comme la population des premières nations, la plupart des gens qui se déclaraient Métis vivaient en Ontario et dans l'Ouest. Entre 2001 et 2006, c'est la population des Métis qui a enregistré la plus forte croissance en Alberta, avec un taux de 22 p. 100, suivie de l'Ontario avec 19 p. 100 et du Manitoba avec 18 p. 100. Ces taux de croissance peuvent être attribuables au nombre de personnes qui décident de s'auto-identifier en tant que Métis, et ne sont peut-être pas tellement liés à des facteurs purement démographiques.
Pour ce qui est de la population inuite, les trois quarts, ou 78 p. 100, vivent dans l'une des quatre régions de l'Inuit Nunaat — « Nunaat » étant le mot inuit pour « terre natale » —, qui s'étend du Labrador jusqu'aux Territoires du Nord-Ouest.
En 2006, environ la moitié des Inuits vivaient au Nunavut; 19 p. 100 au Nunavik; 6 p. 100 dans la région des Inuvialuit; 4 p. 100 au Nunatsiavut; 5 p. 100 dans les régions rurales hors de l'Inuit Nunaat; et 17 p. 100 dans les région urbaines hors de l'inuit Nunaat.
Pour ce qui est de la structure d'âge, la population autochtone demeure beaucoup plus jeune que la population non autochtone. On le voit à la diapositive 14, dans cette pyramide âge/sexe. En 2006, la moitié des Autochtones avaient moins de 25 ans, ce qui se compare à environ un tiers de la population non autochtone. On peut aussi voir les choses selon l'âge médian: c'est-à-dire, le moment où la moitié de la population est plus vieille et l'autre moitié plus jeune. L'âge médian de la population autochtone était de 27 ans en 2006, comparativement à 40 ans pour la population non autochtone. Groupe par groupe, l'âge médian des premières nations était de 25 ans, 20 ans pour les Métis et 22 ans pour les Inuits.
En ce qui concerne les langues, le recensement a relevé plus de 60 langues autochtones parlées au Canada. En 2001 comme en 2006, environ 30 p. 100 des Autochtones canadiens pouvaient tenir une conversation dans une langue autochtone. Proportion plus élevée dans les réserves que hors réserve, c'est-à-dire 51 p.100 par rapport à 12 p. 100.
La langue des Inuits, l'inuktitut, est la langue autochtone qui se porte le mieux même si son utilisation baisse légèrement. Environ les deux tiers des Inuits ont déclaré l'inuktitut comme langue maternelle en 2006. Environ la moitié la parlaient régulièrement à la maison, et environ sept Inuits sur dix se disaient capables de parler leur langue.
Les trois ou quatre prochaines diapositives traitent brièvement des conditions de logement, de la scolarité et de la main-d'oeuvre.
Pour ce qui est des conditions de logement, en dépit de certaines améliorations au cours de la dernière décennie, les Inuits, dont la plupart vivent dans le Nord, et les gens des premières nations dans les réserves vivaient dans les logements les plus surpeuplés du pays. « Surpeuplé » est défini par le recensement comme étant une situation où il y a plus d'une personne par pièce. Et par « pièce », nous entendons les principales pièces du logement.
La mesure dans laquelle les gens disent vivre dans une maison nécessitant des réparations majeures est un autre indicateur de logement. De manière générale, une proportion plus élevée de groupes autochtones disaient vivre dans une maison nécessitant des réparations majeures que ce n'est le cas avec la population non autochtone. Les Inuits et les gens des premières nations dans les réserves sont plus susceptibles de déclarer qu'ils vivent dans une maison nécessitant des réparations majeures. Contrairement au surpeuplement des logements, la nécessité de réparations majeures ne s'est pas améliorée pour ces deux groupes au cours de la dernière décennie.
Le recensement nous permet aussi de recueillir des informations sur les niveaux de scolarité. Ce tableau donne un aperçu de certains niveaux de scolarité tant pour la population autochtone que pour la population non autochtone âgée de 25 à 64 ans. Comparativement à la population non autochtone, il y avait un écart considérable entre la proportion de la population autochtone détenant des grades universitaires, 8 p. 100 par rapport à 23 p. 100. Par contre, une proportion légèrement plus élevée d'Autochtones détenait un diplôme d'apprentissage ou un certificat de métier que la population non autochtone, 14 p. 100 par rapport à 12 p. 100. Bien sûr, cette information peut faire l'objet d'une analyse plus détaillée selon les divers groupes autochtones.
Enfin, pour ce qui est de la situation de l'emploi au moment du recensement, celui de 2006 fait état de gains légers dans le taux d'emploi pour tous les groupes autochtones, mais il subsiste un écart par rapport au taux d'emploi des non-Autochtones. Les gens des premières nations dans les réserves et les Inuits présentaient les taux d'emploi les plus bas en 2001 et en 2006, comparativement aux autres groupes autochtones et à la population non autochtone.
Voilà ce qui conclut mon exposé. De nouvelles informations sur la population autochtone paraîtront cette année. À l'automne 2008, nous allons publier les résultats de deux enquêtes sur les Autochtones qui ont été menées dans la foulée du recensement de 2006. Ces deux enquêtes avaient pour objet de réunir des informations sur les gens des premières nations qui vivent hors réserve, les Métis et les Inuits. L'Enquête sur les enfants autochtones est un nouveau sondage qui réunit des informations sur les enfants âgés de zéro à cinq ans. L'Enquête auprès des peuples autochtones fournira des informations sur la population âgée de 6 à 14 ans et de plus de 15 ans. De même, à l'automne, nous allons publier les données de l'Enquête sur la population active, et pour la première fois, nous aurons des données nationales sur l'état du marché du travail pour la population autochtone, à l'exclusion des réserves.
Voilà ce qui conclut mon exposé. Je vous remercie.
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Je vais m'adresser à vous en français.
Comme Dan, je voudrais d'abord vous remercier de nous avoir invités à nous joindre à nos collègues de Statistique Canada pour parler du recensement de 2006.
Ma présentation va certainement compléter celle de ma collègue Mme Badets. On va faire de brèves mises au point et insister sur certains éléments de sa présentation. Je vais également vous présenter un compte rendu rapide de nos analyses quand nos principaux produits seront disponibles. En ce qui concerne ces derniers, vous les avez déjà vus, pour la plupart, dans le cadre d'une présentation que nous avons faite ici il y a deux ans environ.
Le premier point que je voudrais porter à votre attention a déjà été soulevé par mon directeur. Nous sommes de très grands utilisateurs des données du recensement. Il y a une raison toute simple à cela: le recensement constitue l'unique source de données comparables dans le cas des populations autochtones du Canada. Depuis le recensement de 1996, la qualité des chiffres émis par Statistique Canada est supérieure à ce qu'elle était auparavant, ce qui nous permet de faire des suivis beaucoup plus efficaces des conditions de vie des populations autochtones.
En ce qui concerne les données de 2006, les analyses en cours au sein de nos unités comprennent d'abord l'accroissement en milieu urbain ainsi que la migration et la mobilité. Je vais vous donner un aperçu des résultats obtenus jusqu'à maintenant à ce sujet. Les résultats des analyses portant sur le niveau de scolarité et les conditions de logement viendront plus tard. Je voudrais aussi mentionner l'indice de développement humain et l'indice du bien-être des collectivités, dont nous avons abondamment parlé lors de notre première visite.
Il faut toujours aborder la question des définitions. Comme l'a souligné ma collègue, il y a plusieurs façons de définir les populations autochtones à partir du recensement. De nos jours, la plupart des ministères fédéraux et Statistique Canada s'entendent sur une définition que je qualifierais d'hybride. En effet, elle fait appel à trois indicateurs: l'inscription au Registre des Indiens, l'identité autochtone et l'appartenance à une bande indienne ou première nation.
Les chiffres des Affaires indiennes et ceux publiés par Statistique Canada diffèrent en ce qui a trait à la façon dont ils sont distribués. Je parle ici des groupes au sein de la population autochtone. Le chiffre total est le même que celui de Statistique Canada, c'est-à-dire 1,172 million d'individus. Statistique Canada parle de trois groupes: premières nations, Métis et Inuits. Aux Affaires indiennes, on préfère le découpage suivant: Indiens inscrits, Indiens sans statut, Métis et Inuits. Ça nous permet de faire un suivi beaucoup plus détaillé des conditions de vie des groupes autochtones.
Le choix d'une définition peut avoir des répercussions majeures sur l'interprétation des données qui suivent, et, par la suite, sur l'interprétation faite par des non-experts. Je vous présente sur la prochaine diapositive un exemple de l'effet du choix des définitions. Le 15 janvier dernier, Statistique Canada diffusait les premiers chiffres sur la population provenant du recensement sur les populations autochtones et mentionnait que 40 p. 100 des membres des premières nations habitaient une réserve en 2006. Il s'agit du bâtonnet que vous voyez à la gauche du graphique. On parlait donc de 40 p. 100 dans les réserves et de 60 p. 100 hors de celles-ci. Cette estimation inclut une population indienne sans statut dont la quasi-totalité, soit 97 p. 100, est située à l'extérieur des réserves. Pour ce qui est des 40 p. 100, ils ont suscité une certaine confusion dans les médias, dans certaines organisations autochtones et, très certainement, au sein d'une partie de la population. Que veulent dire ces chiffres?
On a pu constater que dans les médias, entre autres, ces chiffres étaient interprétés comme le signe d'un exode massif à partir des réserves indiennes. Or, comme je l'ai mentionné lors de ma dernière visite et comme l'indiquent de nouveau les données du recensement de 2006, il n'y a pas d'exode à partir des réserves; les gens ne quittent pas massivement les communautés pour aller vivre en ville. Les trois bulles que vous voyez sur les diagrammes indiquent les soldes migratoires pour la période de 2001 à 2006. Il s'agit, dans les réserves, d'un solde positif de plus de 6 000 individus. Ça signifie que la quantité de gens ayant déménagé pour aller vivre dans les réserves excède de plus de 6 000 individus la quantité de gens les ayant quittées.
Les gens interprètent les accroissements spectaculaires du milieu urbain comme étant un reflet des migrations. Or, quand on regarde de plus près le nombre de migrants, on voit que la migration explique moins de 5 p. 100 de l'accroissement observé.
Ça peut paraître un peu banal et, encore une fois, ressembler à une lubie de chercheur enfermé un peu trop longtemps dans son cubicule, mais il reste qu'une mauvaise interprétation des accroissements en milieu urbain, c'est-à-dire de la migration à partir des réserves, voudrait dire que les politiques qui sont élaborées sont orientées de façon à tenir compte de cette fausse réalité, de cette fausse interprétation.
Il faut faire attention en ce qui concerne l'interprétation des accroissements en milieu urbain: ceux-ci ne sont pas liés à la migration. Comme Mme Badets le signale à la page suivante, ils sont imputables, en particulier chez les Métis, à des changements de déclaration d'appartenance d'un recensement à l'autre.
De 1996 à 2006, la population autochtone en milieu urbain a augmenté de 59 p. 100. Cette hausse est de beaucoup supérieure à celle de la population non autochtone, qui se chiffre à 13 p. 100. Bien des gens pensent immédiatement que les Autochtones en milieu urbain ont beaucoup plus d'enfants que les non-Autochtones. Leur taux de fécondité est en effet plus élevé, mais comme je l'ai mentionné plus tôt, ce sont les changements d'appartenance ethnique, et non la migration, qui sont le facteur déterminant des accroissements observés. En fait, des analyses plus détaillées, que j'ai déjà publiées à Statistique Canada, démontrent que dans le cas des Métis, presque les deux tiers de l'accroissement démographique de 1986 à 1996 — et on pourrait même dire de 1986 à 2001 — sont dus à ces changements de déclaration.
Comme je le disais plus tôt, une mauvaise interprétation de l'accroissement en milieu urbain peut faire en sorte qu'on accorde une attention exagérée au phénomène de migration. Elle peut aussi donner lieu à des pressions pour que des changements soient apportés à l'orientation politique même si ceux-ci sont au désavantage des communautés des premières nations et inuites. On a reconnu, à l'aide de l'indice du bien-être des collectivités, que ces communautés étaient parmi les plus désavantagées du Canada sur le plan socioéconomique. Une mauvaise interprétation des accroissements peut donc avoir un impact significatif sur l'orientation des politiques. C'est pourquoi j'ai autant insisté sur la question des définitions.
Pour ce qui est de la qualité des données, ma collègue a souligné qu'une amélioration très marquée avait été observée en ce qui a trait à la participation des communautés, qu'on a appelée « participation collective ». Le nombre de communautés qui ont refusé de participer est passé de 77 en 1996 à 22 en 2006.
Par contre, la couverture individuelle demeure un défi important. En ce qui a trait à la question des petites communautés ou de la qualité de l'information, on n'a pas d'information spécifique dans le cas de 166 réserves indiennes, ce qui représente une proportion importante de l'ensemble des réserves. Par ailleurs, ces 166 communautés indiennes représentent 67 p. 100 des communautés canadiennes au sujet desquelles il y a des problèmes de données. Les réserves indiennes sont donc largement surreprésentées par rapport à l'ensemble des communautés pour lesquelles la qualité pose problème.
En ce qui concerne la réalisation du recensement, le ministère des Affaires indiennes est depuis longtemps un partenaire financier. Pour le cycle 2006-2010, notre ministère fournit en effet 1,2 million de dollars par année. Les négociations concernant le prochain cycle débuteront prochainement. En ce qui a trait à la diffusion prévue des analyses que j'ai mentionnées au début de la présentation, il y aura cet automne une présentation détaillée sur l'accroissement démographique en milieu urbain, la migration et la mobilité, de même que sur l'indice de développement humain. Enfin, au cours de l'hiver 2009, on abordera l'indice du bien-être des collectivités et des analyses beaucoup plus détaillées sur le niveau de scolarité atteint et les conditions de logement. Toutes ces analyses seront présentées lors de notre prochaine conférence portant sur les recherches en matière de politique autochtone, qui aura lieu en mars 2009.
Je vous remercie de votre attention et je serai heureux de répondre à vos questions dans votre langue maternelle.