[Français]
Merci. Je suis la vice-présidente principale du secteur du renouvellement de la main-d'oeuvre et du milieu de travail.
[Traduction]
Avant de commencer, je voudrais présenter un peu le contexte de la discussion, parce que je sais que vous vous intéressez particulièrement à certaines questions clés. Je pense qu'il est important de signaler que l'ensemble de notre travail de gestion des ressources humaines dans la fonction publique s'inscrit dans le cadre du nouveau régime créé par l'adoption de la Loi sur la modernisation de la fonction publique, qui est entrée en vigueur en 2003.
Alors qu'est-ce que cela veut dire dans les faits? Cela veut dire que les administrateurs généraux de tous nos ministères et organismes, ainsi que leurs gestionnaires hiérarchiques, assument désormais la responsabilité principale de la gestion de leurs ressources humaines car cela concerne leurs activités. La mise en place de ce nouveau régime a donc entraîné une véritable mutation dans les responsabilités, ce qui comprend les responsabilités relatives au recrutement, à la dotation, à l'équité en matière d'emploi et aux langues officielles. Les gestionnaires assument donc de lourdes responsabilités et doivent avoir une certaine visibilité à cet égard afin de s'attaquer aux éventuels problèmes.
Le rôle de l'Agence de la fonction publique du Canada, qui est un organisme central, est de guider, d'appuyer et de superviser les ministères fédéraux pour vérifier qu'ils assument bien leurs responsabilités dans la gestion de leurs effectifs. C'est un rôle très très important parce que la fonction publique fédérale est l'entreprise et l'employeur le plus important et le plus complexe au Canada.
[Français]
Notre travail à l'agence est influencé par le fait que le monde d'aujourd'hui est de plus en plus complexe et interconnecté. Comme vous le savez, la fonction publique, comme tous les employeurs, est aux prises avec des défis d'ordre démographique et un marché du travail très concurrentiel.
[Traduction]
Ces pressions ont conduit le greffier du Conseil privé, M. Kevin Lynch, qui est aussi le chef de la fonction publique, à accorder la priorité au renouvellement.
Nous sommes conscients que les nouveaux arrivés sur le marché du travail aujourd'hui recherchent une expérience professionnelle enrichissante, pas seulement un emploi à vie. Nous explorons donc les possibilités d'embaucher plus de personnes qui sont à mi-chemin dans leur carrière, de participer à plus d'échanges, de faire une meilleure planification de la diversité et de la relève dans la fonction publique.
Je vais décrire brièvement les quatre priorités liées au renouvellement, car c'est là-dessus que s'articuleront nos réponses à vos questions sur des sujets précis.
La première est la planification intégrée.
[Français]
Je peux dire que pour nous, la planification intégrée est vraiment fondamentale. C'est ce qui nous permet, à la base, de gérer les ressources humaines avec succès.
[Traduction]
En termes simples, il s'agit de faire correspondre les activités d'une organisation aux besoins en termes d'effectifs, en faisant une réflexion et une bonne planification, ce qui permet alors d'élaborer de meilleures stratégies de recrutement et de développement.
La deuxième priorité du renouvellement est le recrutement.
[Français]
Il doit nous permettre d'assurer le renouvellement et le maintien des capacités à tous les niveaux et de continuer à attirer les gens à tous les niveaux de la fonction publique.
[Traduction]
La troisième priorité est le perfectionnement des employés. Il s'agit d'un engagement qui favorise le leadership à tous les niveaux et garantit que les employés font un travail stimulant dans un milieu favorable.
Notre dernière priorité est l'infrastructure habilitante. Cela veut dire que nous travaillons fort en vue d'établir les systèmes et processus adéquats, qui permettront d'assurer que la planification, le recrutement et le perfectionnement dont j'ai parlés se fassent efficacement.
Je viens de décrire le contexte dans lequel nous fonctionnons — notre terrain de jeu, si l'on veut. Mais il est caractérisé par un milieu en constante évolution, où les administrateurs généraux disposent de pouvoirs considérables dans la gestion de leur personnel.
Je voudrais maintenant vous parler un peu plus en détail des questions que vous avez identifiées après avoir entendu d'autres témoins à votre comité.
La question du taux de roulement du personnel vous a vraiment frappé comme digne d'attention et vous voulez l'examiner de plus près. Cette question est complexe, et nous savons par exemple que les tendances identifiées par la Commission de la fonction publique et d'autres organisations nous apprennent que nous devons faire une analyse plus approfondie et accorder davantage d'attention à ces questions. À titre de présidente de la Commission de la fonction publique, Maria Barrados a déclaré quand elle a comparu devant votre comité l'automne dernier que les données utilisées par son organisation au sujet du roulement du personnel sont « plutôt approximatives », et que des travaux sont en cours pour clarifier et uniformiser les termes comme mobilité, roulement, personnel temporaire, et autres types et descriptions.
Selon notre compréhension, les données utilisées par la Commission de la fonction publique englobent toutes les opérations de dotation, y compris l'embauche de nouveaux employés; les reclassifications; les mutations latérales, c'est-à-dire les déplacements de personnel au même niveau sans promotion; les promotions; les nominations intérimaires; et les modifications de la durée des fonctions.
[Français]
À l'agence, nous avons des données sur ce que nous appelons la mobilité interne, c'est-à-dire les mutations latérales et les promotions.
[Traduction]
La Commission de la fonction publique a identifié une certaine tendance et nous avons aussi observé cette même tendance, mais peut-être pas au même degré, parce que, bien sûr, nous mesurons une réalité légèrement différente quand il s'agit des déplacements internes. Il est également très important de signaler que le roulement actuel des employés dans la fonction publique n'est pas plus élevé aujourd'hui qu'il l'était dans les années 1990. Chose certaine, pour mieux comprendre la situation, plus de recherches et d'analyses sont nécessaires.
Nous savons qu'un certain roulement interne peut être sain pour un ministère, lorsqu'il résulte d'une planification efficace des RH, qui doit mettre l'accent à la fois sur les besoins organisationnels d'un ministère et le perfectionnement des employés.
[Français]
Comme je l'ai mentionné plus tôt, c'est aux administrateurs généraux qu'incombe la responsabilité de la planification intégrée des activités et des ressources humaines.
[Traduction]
Un aspect de cette planification comprend le besoin d'une organisation de compter des employés très spécialisés et expérimentés, ainsi qu'une bonne proportion d'employés généralistes ayant une diversité d'expérience.
Cette réalité, combinée aux préférences personnelles et aux aspirations professionnelles des employés, aura un impact sur le roulement au sein même de l'organisation.
[Français]
Une gestion du rendement constante et efficace ainsi qu'une discussion entre les employés et leur gestionnaire au sujet de la planification de carrière et de l'apprentissage sont essentielles pour gérer le plus possible le roulement. Il y a encore beaucoup de travail à cet égard.
[Traduction]
Nous savons aussi que le nombre grandissant de départs à la retraite ouvre la porte aux promotions et aux mutations, ou encore au perfectionnement d'autres employés. Un seul départ à la retraite peut entraîner plusieurs promotions ou déploiements, car l'employé qui prend sa retraite doit lui-même être remplacé, et le remplaçant doit à son tour être remplacé à son poste. Une planification efficace de la relève est primordiale pour gérer cette situation.
D'autres types de roulement interne sont nécessaires pour appuyer la mise en oeuvre de plusieurs politiques gouvernementales liées à la gestion de la main-d'oeuvre de la fonction publique.
[Français]
Par exemple, des employés peuvent quitter leurs fonctions de façon temporaire pour suivre une formation en langue seconde ou s'acquitter de leurs obligations en tant que réservistes. Déposé à la Chambre des communes cette semaine, le projet de loi C-40 vise à accroître la protection de l'emploi des réservistes lorsqu'ils s'absentent de leur poste civil.
[Traduction]
Des gens peuvent aussi être en congé temporaire pour élever leurs enfants dans le cadre d'un congé de maternité, parental, d'adoption ou d'un congé pour les soins et l'éducation d'enfants d'âge préscolaire; pour prendre soins de parents âgés, pour poursuivre des études; ou pour prendre un congé autorémunéré.
Dans tous les exemples ci-dessus, des solutions de dotation temporaire doivent être envisagées pour s'assurer que les fonctions de la personne absente soient comblées. Cela peut donner des occasions de perfectionnement à d'autres employés, notamment par des nominations intérimaires; ou bien cela peut permettre à l'organisation de faire appel à un employé pour une période déterminée; ou encore, un étudiant pourrait prendre la relève temporairement. Une autre option consiste à embaucher un employé occasionnel, ou peut-être serait-il préférable de procéder par affectation spéciale d'un employé semi-retraité. Toutes ces options sont possibles si le ministère en a sous-pesé les conséquences à l'aide d'une planification des ressources humaines efficaces et en fonction des besoins opérationnels.
Je dois aussi mentionner que certaines mutations sont prévues dans le cadre de perfectionnement en gestion précis et centralisé. Les participants sont alors affectés à des tâches précises, peut-être pendant une courte période, pour apprendre certaines habiletés particulières et acquérir une expérience dans un domaine précis. Comme les intéressés font partie d'un programme spécial pour lequel ils ont été choisis, ils peuvent cheminer dans le système un peu plus rapidement grâce à une série d'affectations.
Certains ministères ont mis sur pied des programmes de perfectionnement semblables pour répondre à leurs besoins précis. Ces programmes permettent généralement d'atteindre très bien les objectifs en matière d'équité et aident à rendre la fonction publique plus représentative de l'ensemble de la population canadienne. En effet, ces objectifs sont pris en compte très explicitement durant l'élaboration de ces programmes.
[Français]
La planification ne peut être parfaite. Une absence temporaire peut devenir permanente, ce qui demande alors la dotation du poste de façon permanente. Dans certains cas où le roulement interne n'est pas planifié où entraîne une pénurie ou un manque ponctuel, cela nous indique peut-être un problème plus profond que nous devons aborder: une pénurie de main-d'oeuvre dans un domaine particulier à la fonction publique, par exemple, ce qui semble être le cas pour la collectivité des ressources humaines.
À ce chapitre, l'agence et la collectivité des ressources humaines font montre de leadership en tenant des processus de recrutement collectif, qui peuvent servir à tous les ministères pour combler des postes vacants et pour remplacer des employés partant à la retraite.
[Traduction]
La fonction publique travaille également à renforcer certaines collectivités fonctionnelles grâce à des stratégies destinées au développement des capacités, à la formation et au perfectionnement professionnel, et ce, dans chacun des domaines d'intérêt.
À présent, il nous est évident que des recherches et des analyses plus poussées sont nécessaires pour mieux comprendre les causes du roulement du personnel, tant d'un ministère à l'autre qu'au sein d'un même ministère. Grâce à nos efforts continus pour renouveler et moderniser la fonction publique, je peux vous assurer que nous y réfléchissons sérieusement.
En terminant, je réitère que la fonction publique, avec le soutien de l'Agence, prend d'importantes mesures en vue de se renouveler et de se maintenir. Le leadership dans le système est mis à profit pour traiter des réalités concernant les données démographiques, le travail de plus en plus complexe et la bonne gestion des personnes, réalités que nous devons surmonter pour devenir une fonction publique performante et viable.
La gestion du roulement interne doit être traitée dans le cadre de nos efforts pour faire progresser les priorités du renouvellement, soit la planification, le recrutement, le perfectionnement du personnel et la simplification de l'infrastructure des RH.
Cela met fin à mon exposé.
[Français]
C'est avec plaisir que je vais maintenant répondre à vos questions.
Merci, madame.
:
Ce sont des questions très importantes que vous soulevez.
La première chose que je dirais à propos de nos taux de roulement, comme je l'ai déjà dit, c'est que nos données démontrent qu'ils ne sont pas plus élevés qu'ils étaient dans les années 90 pour ce qui est de la tendance. C'est donc une tendance réelle.
Comme vous dites, les attentes peuvent varier, et les gens cherchent toujours à se valoriser et à avancer, et c'est une chose dont nous devons être très, très, conscients lorsque nous les aidons à gérer leurs carrières.
Vous pouvez vous retrouver avec des personnes diverses ayant des antécédents différents. Vous pouvez vous retrouver avec des gens qui sont très spécialisés et qui peuvent passer toute leur carrière dans un ministère où elles pourront avancer. Il faut qu'elles vivent ce genre de chose, qu'elles travaillent avec de bons gestionnaires qui tiennent compte des besoins du service autant que des aspirations des personnes; et il faut qu'il y ait un véritable dialogue en ce sens, et on espère que la personne aura le sentiment de pouvoir avancer et bouger.
Je reviens donc à cette question fondamentale: est-ce que chaque employé est bien encadré par un supérieur qui songe justement au genre de choses que vous avez signalées, qui encouragera les gens à faire leur propre chemin? Il faut donc que la base soit bien couverte.
Vous avez ensuite parler du fait qu'il y a beaucoup de roulement. Et en particulier dans certaines catégories professionnelles, où vous trouverez souvent plus de généralistes ou de compétences transférables qui sont en forte demande dans tous les ministères — et aussi dans le secteur privé — et pour cela, nous devons concevoir de bonnes stratégies. Par exemple, parmi les groupes qui sont en forte demande, il y a les professionnels des ressources humaines, les professionnels des communications et les professionnels des services financiers. Vous le comprenez sûrement, la fonction publique a grand besoin de ces compétences, et c'est également le cas à l'extérieur. Quand vous avez des groupes professionnels qui sont très en demande et qu'on ne trouve pas au même moment nécessairement assez de diplômés dans ces domaines où ils pourront acquérir de l'expérience et remplacer ceux qui partent, il va y avoir beaucoup de mouvements dans le système parce que ces personnes sont très en demande.
Ce que nous avons fait, par exemple, avec le milieu des ressources humaines — et les services financiers y travaillent aussi — c'est qu'on dit, d'accord, c'est une compétence qui est très en demande. Comment allons-nous alors collaborer avec ce milieu pour former des capacités, par exemple, donner une formation particulière à ces gens pour qu'ils soient préparés pour le bon niveau et leur donner un cheminement de carrière, et les gérer comme s'ils faisaient partie d'un milieu, afin qu'ils aient le sentiment d'avoir une carrière dans le système même s'ils sont très en demande?
Le fait est qu'il faut toujours équilibrer les nécessités du service, c'est-à-dire faire en sorte qu'on fasse le travail, et aussi s'assurer que les gens vont réussir à long terme. Il faut passer assez de temps à un certain niveau pour être compétent et en mesure de desservir le public, ou le client à l'interne qu'on a dans l'administration fédérale. Je dis toujours que c'est la raison pour laquelle cette discussion est si importante. Vous pouvez dire à l'employé: ce serait probablement une bonne chose que de passer quelques années à ce niveau avant de monter plus haut. Et si vous travaillez étroitement avec les gens, ce cheminement peut être bon pour eux, il peut être productif, et les gens voient qu'il y a de l'avancement. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de cas où certains éléments seront promus plus vite. Vous comprenez ce que je veux dire? Et qu'il sera dans leur intérêt à eux d'avancer.
Mais je reviens au fait qu'il s'agit de réalités. Nous devons les gérer et leur porter toute notre attention et vraiment travailler un à un — avec tous les gestionnaires et tous les employés — pour bien gérer le mouvement au sein de la fonction publique. Quelles sont les meilleures solutions?
Tout ce que je dirais, c'est que j'aime voir les gens équipés pour réussir, j'aime donc les voir acquérir de la profondeur et de la crédibilité à leur niveau. Et cela peut varier d'un cas à l'autre, mais l'essentiel, c'est que cela fasse partie d'un bon dialogue sur la gestion du rendement et la valorisation professionnelle. Je pense que nous sommes de plus en plus compétents dans ce domaine.
Je vais passer à ma prochaine question.
En fait, ce que je voudrais, c'est une ventilation dans quatre ou cinq domaines. En guise de préface, je dirais que le taux de roulement que nous avons dans le secteur public me renverse. Je n'arrive pas à imaginer comment le gouvernement peut fonctionner avec le taux de roulement que nous avons. Avec tous nos niveaux de gestion qui essaient de trouver du monde pour que chacun puisse s'acquitter de ses responsabilités, avec le roulement élevé que nous avons, je n'arrive tout simplement pas à m'imaginer à quel point c'est mal géré ou à quel point c'est inefficace avec un taux de roulement aussi élevé.
Je vois que le taux est essentiellement d'environ 40 p. 100 maintenant. L'an dernier, il était de 35 p. 100; l'année d'avant, il était de 30 p. 100; l'année avant cela, c'était 23 p. 100; l'année avant, c'était 18 p. 100. Ce que je veux dire, c'est que ça va de mal en pis.
Quand je vois ce genre de roulement, j'ai deux questions. Je veux d'abord une comparaison avec un autre secteur, et j'y viendrai.
Pour ce qui est de toutes ces mutations qui ont lieu, je vais vous donner quatre catégories. Je ne vais certainement pas vous demander de me donner des chiffres, mais j'aimerais un jour avoir des informations là-dessus du ministère. Pour ce qui est de toutes ces mutations qui se font, ou de ce roulement sans fin, quel pourcentage résulte des prises de retraite, quel pourcentage résulte de l'avancement, quel pourcentage résulte de toutes les conditions temporaires que vous avez énumérées — maternité, réservistes, etc. — et quel pourcentage résulte simplement d'une demande de réinstallation?
Si on pouvait isoler ces quatre éléments, on comprendrait un peu mieux. Manifestement, nous avons un autre problème à l'interne qui pourrait être tout simplement l'insatisfaction professionnelle. J'espère que c'est la catégorie la plus petite, mais s'il s'avère que c'est une des grandes catégories, alors là, nous avons de vrais problèmes.
J'aimerais qu'un jour on adresse un rapport au comité sur cette question pour que nous puissions en discuter.
Autre chose, on constate que le taux de roulement est beaucoup plus bas dans nombre de petites localités où nous avons des employés fédéraux que dans les grands centres urbains. Pourquoi? Il faut savoir pourquoi. Est-ce que ça veut dire qu'il faudrait prendre une bonne part des emplois fédéraux qui se sont accumulés dans les grands centres urbains et les répartir entre les localités plus petites? Est-ce la solution? Je ne dis pas que c'est le cas, mais s'il y a un lien entre le faible taux de roulement dans une petite localité par rapport à votre bureaucratie massive, « gonflée », alors là, nous avons un autre problème.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
:
Nous allons commencer avec votre demande concernant la ventilation, car notre expert en statistiques ici me dit que nous pourrons vous fournir ces données plus tard. Nous pouvons vous donner une bonne ventilation pour les diverses catégories. Il se pourrait même qu'on en ait une ou deux de plus.
Je ne sais pas ce qu'on a fait pour l'insatisfaction professionnelle, mais je note ce que vous dites, à savoir que la bonne gestion c'est entre autres s'assurer que les gens aient un travail intéressant et qu'ils veulent rester en place pendant une période raisonnable.
Pour ce qui est des petites localités, oui, je crois que nos chiffres indiquent bien qu'il y a plus de mouvement dans la région de la capitale nationale que dans les autres régions. Je ne sais pas si on a fait des tas d'analyses pour savoir pourquoi, mais dans la région de la capitale nationale, l'une des raisons pour lesquelles il n'y a pas de mouvement, c'est qu'il y a ici beaucoup d'employés appartenant aux cinq plus grands groupes professionnels où il y a beaucoup de mouvements. Aux Ressources humaines, comme je l'ai dit, ça bouge constamment. Les économistes et les cadres bougent beaucoup; ce mouvement est souvent associé à l'avancement et à la planification. Nous avons aussi des programmes de formation pour les exécutifs qui obligent ceux-ci à bouger afin qu'ils puissent acquérir une certaine compétence. Les informaticiens bougent souvent beaucoup dans ce domaine, et c'est aussi le cas des gestionnaires de programme.
Pourquoi bougent-ils beaucoup? C'est parce qu'ils comptent plus de généralistes ou de spécialistes des services ministériels qui sont en forte demande. Ces compétences sont parfaitement transférables entre les services de ministères, ou même entre les ministères. C'est aussi parce que nous éprouvons, comme je l'ai dit, des pénuries dans le marché du travail dans ces domaines, et il sera donc encore plus difficile de garder des gens longtemps dans certains de ces domaines parce que, du fait de cette forte demande, ces personnes pourront plus aisément avancer et se déplacer.
Étant donné que ces personnes se trouvent en plus grand nombre dans la région de la capitale nationale, il est logique qu'il y ait ici plus de mouvement que dans les régions. Souvent, une bonne part de l'administration centrale des ministères se trouve dans la région de la capitale nationale, donc ces groupes gravitent naturellement autour d'ici.
Je ne dispose pas d'information me permettant de vous dire avec certitude pourquoi les gens restent plus longtemps dans les régions. Parce qu'il s'agit de réinstallation, il peut y avoir aussi des raisons d'ordre personnel et familial; dans tous les cas, les gens ont leurs raisons et se fondent sur des critères différents pour choisir leur lieu de travail.
Je suis d'accord pour dire que la diversité dans la réflexion et la représentation au Canada est très importante. Quand on gère et qu'on bâtit une équipe, il faut s'assurer d'avoir un bon mélange non seulement de gens, d'antécédents, de scolarisation et de représentants des groupes visés par l'équité en matière d'emploi, mais aussi des régions du Canada, il faut que notre réflexion s'enrichisse de cette diversité parce que c'est ainsi que nous allons énoncer de meilleures politiques et assurer de meilleurs services.
:
Je suis sûre que c'est quelque chose qu'ils prennent en compte quand ils font leur planification globale.
Je reviens sans cesse à la planification. Pour tout vous dire, depuis que j'exerce mes fonctions actuelles je me rends compte que la planification est essentielle pour s'assurer d'une bonne gestion et pour régler toutes sortes de questions, y compris celle qui vous intéresse.
C'est l'administrateur général qui est responsable de la planification ministérielle, et le point de départ est l'orientation stratégique du ministère: il faut savoir quelle est la mission du ministère, quels sont ses principaux secteurs d'activité, quels sont les besoins dans les différentes régions du Canada, etc. Puis, on passe du général au particulier, si bien que chaque sous-administrateur... C'est à ce niveau que j'interviens, moi, en tant que sous-ministre adjointe. Si je gère la Sécurité de la vieillesse ou tout autre programme, je dois faire cette planification en profondeur pour mon secteur, et je m'attends à ce que tous mes gestionnaires me disent ce qu'il en est, afin que je puisse vraiment donner un bon aperçu de mon secteur, de mes besoins en ressources humaines, financières et tout le reste. Tout cela doit en fait entrer dans le plan global intégré du ministère.
Pour tout vous dire, les questions que vous posez sont les grandes questions que chaque ministère doit aborder. Je serai franche: la planification intégrée est en cours d'évolution et elle s'améliore constamment, mais la plupart des ministères et des administrateurs généraux qui constatent qu'ils ont maintenant les choses bien en main nous disent qu'il leur a fallu deux ou trois années pour changer la dynamique et la façon de dialoguer au ministère et faire en sorte que la planification soit le résultat d'un dialogue ouvert avec les gens, et que c'est seulement après deux ou trois années d'efforts assidus qu'ils commencent à voir d'excellents résultats.
Je vous donne un exemple. Je ne peux pas vous dire ce qu'il en est à RHDC, mais il y a quelques années de cela, l'Agence canadienne d'inspection des aliments qui, comme vous le savez, a reçu une augmentation considérable de son budget en raison de l'importance que prenait au Canada la salubrité des aliments pour qu'elle puisse s'occuper des importants enjeux nationaux. L'administrateur général nous a dit que l'Agence s'est ainsi retrouvée à devoir répondre à une multitude de nouvelles attentes. On a donc commencé à discuter des répercussions qu'entraîneraient ces nouvelles responsabilités et de la façon de recruter le personnel dont on aurait besoin. On s'est rendu compte qu'il faudrait recruter des scientifiques — et ce n'est pas là un défi facile à relever — et qu'il faudrait peut-être faire appel à un hyperspécialiste, car, dans certains cas, il n'y a qu'un expert dans toute l'Amérique du Nord qui ait les connaissances scientifiques voulues.
J'y ai vu un exemple concret d'une équipe de gestionnaires qui a bien cerné le rôle qu'elle devait jouer auprès des Canadiens pour ensuite déterminer le personnel qu'il lui faudrait.
Je dis simplement que cette dynamique est essentielle. L'administrateur doit avoir un plan qu'il doit partager avec ses employés.
:
J'ai parlé de renouvellement. Notre greffier montre vraiment la voie aux administrateurs généraux, et il s'attend vraiment à ce que, avec chaque année, la planification devienne de plus en plus holistique et tienne compte de tous les éléments. La préoccupation que vous soulevez figurerait donc parmi les facteurs à prendre en compte. Quand un ministère compte un grand nombre de bureaux régionaux, il devrait tenir compte de ces diverses composantes — et je suis sûre que cela se fait — pour ce qui est de décider où se fera la formation.
S'agissant de mouvement de personnel — et j'ai travaillé dans huit ou neuf ministères, alors je me fonde ici sur ma propre expérience —, le plus souvent, les mouvements se font à l'intérieur du même ministère, mais il y a aussi certains mouvements entre ministères, si bien que l'investissement qui a été fait... C'est pour cela que j'insiste tellement sur l'importance d'avoir une véritable discussion sur le perfectionnement des employés de chaque service, car on aide ainsi les gens à planifier les investissements.
C'est un investissement que de former un employé. Nous aimerions que les employés que nous formons puissent ensuite travailler pendant une période de temps acceptable et, s'ils passent ensuite à une autre composante de l'organisation, nous pouvons continuer à profiter de leurs compétences et de l'investissement que nous avons fait.
Certes, il y a des mouvements de personnel, mais bien souvent ces mouvements se font à l'intérieur du même ministère, même si dans certains cas les mouvements se font entre ministères. Nous continuons néanmoins à avoir des gens bien formés qui sont capables d'apporter une bonne contribution à la fonction publique. Comme je l'ai dit, le taux de départs dans la fonction publique est moins élevé que dans le secteur privé. Nous avons en fait un taux de conservation de personnel assez élevé dans la fonction publique.
J'aimerais aussi bien faire comprendre que nous sommes conscients des défis, mais je ne dirais pas que nous sommes dans une situation de crise. Le problème est sérieux. Ce sont là des tendances dont nous devons tenir compte. À l'agence, nous disons — et c'est là ce que le greffier nous incite à faire — que cette responsabilité ne relève plus uniquement du service des ressources humaines; il s'agit d'une responsabilité du gestionnaire hiérarchique. C'est au gestionnaire d'assumer la responsabilité de ces facteurs et d'en tenir compte dans sa gestion. Pour que la fonction publique atteigne un niveau de rendement élevé, il faut s'assurer que les fonctionnaires donnent le meilleur d'eux-mêmes et qu'ils aient l'impression de pouvoir avancer professionnellement.
Chaque partie doit y mettre du sien, et il faut discuter de cela. Quand on n'a pas ce genre de dialogue et de discussion, les employés peuvent sentir qu'ils sont sous-utilisés, avoir un sentiment d'insatisfaction et décider d'aller ailleurs. Nous espérons néanmoins les récupérer ailleurs dans le système, mais je reviens aux éléments fondamentaux que sont le bon leadership, la bonne gestion et le développement professionnel. Nous devons poursuivre nos efforts pour que, de plus en plus, ces éléments soient systématiquement pris en compte dans toute la fonction publique.
Pour ma part, j'ai pu compter sur des gens qui m'ont aidée à décider de l'orientation à donner à mon cheminement professionnel, mais j'ai aussi passé pas mal de temps dans chaque emploi pour acquérir de solides compétences au fur et à mesure que je gravissais les échelons. Je suis donc très reconnaissante d'avoir pu avancer ainsi, et j'estime que beaucoup de fonctionnaires ont aussi une bonne expérience mais qu'il y en a d'autres pour qui nous devons faire plus. Le bon gestionnaire sait faire progresser ses employés. Voilà ce qu'il faut faire.
Je suis là comme substitut, mais je trouve le sujet fort intéressant.
Nous n'arrivons pas toujours à comprendre dans quelle mesure ces politiques s'appliquent aux organismes publics sans lien de dépendance avec le gouvernement. Je représente le Nunavut, et nous avons des accords sur les revendications territoriales qui contiennent des exigences particulières relatives à l'embauche d'Inuits. Il semble parfois qu'il ne soit pas clair dans quelle mesure ces politiques s'appliquent, que ce soit à Parcs Canada ou à Postes Canada, par exemple. Plus on est éloigné de l'administration centrale, plus l'interprétation des politiques semble être sélective ou facultative quand il s'agit de recruter.
Nous demandons à ce que les Inuits soient recrutés dans une proportion qui reflète la population dans notre territoire, mais nous avons parfois du mal avec certains ministères fédéraux, qui disent que la politique ne s'applique pas à eux, parce qu'ils prétendent, comme dans le cas de Postes Canada, n'avoir aucun lien de dépendance ou, dans le cas de Parcs Canada, avoir leurs propres lignes directrices.
Il faudrait donc une politique plus claire qui permettrait de savoir ce que vous entendez par ministère ou organisme gouvernemental. La politique s'applique-t-elle aux ministères qui font partie du groupe central? Oui? Quelle est la politique qui s'applique à Parcs Canada, à Postes Canada ou à certains des autres organismes installés chez nous, étant donné qu'on semble créer de plus en plus d'organismes qui sont plus ou moins indépendants?
Aux yeux des gens, ces organismes font toujours partie du gouvernement du Canada, mais dans la pratique, il y a parfois des zones grises, et il semble que chaque organisme ait sa façon de faire. Je le répète, la politique semble être interprétée de façon sélective.
Il s'agit là d'une question bien précise, et cela ne me dérangerait pas que vous me reveniez avec une réponse plus tard.
J'ai une autre toute petite question. J'ai remarqué dans la documentation que la Commission canadienne des droits de la personne assure l'égalité des chances en matière d'emploi aux quatre groupes désignés. Je suppose que vous avez des politiques qui accordent la priorité à ces groupes en matière de recrutement. Recevez-vous des plaintes relativement à ces politiques d'action positive?
:
Je vais vous dire ce que je sais des organismes de service spécial et des sociétés d'État, par opposition aux quelque 70 ministères et organismes auxquels s'appliquent nos politiques, et les membres de mon personnel pourront me corriger si je me trompe. Nous pouvons certainement faire parvenir une page de suivi au comité.
Mais vous avez parfaitement raison : des organismes comme Postes Canada... c'est une société d'État, alors elle régit elle-même ses activités, et nos politiques ne s'appliquent pas. Bien souvent, ces organismes ont des politiques semblables, mais c'est à elles finalement d'en décider.
L'Agence de revenu du Canada est, quant à elle, un organisme de service spécial, qui fait quand même partie du gouvernement du Canada mais qui a un régime de gouvernance à elle.
Je ne vais pas entrer dans les détails techniques, mais en vertu d'une certaine annexe de la Loi sur la gestion des finances publiques, il y a toute une liste de ministères et organismes qui sont considérés comme faisant partie du gouvernement du Canada en tant qu'employeur et qui sont gérés par le Conseil du Trésor en tant qu'employeur. C'est à ce groupe que s'appliquent nos politiques. Ces ministères et organismes doivent appliquer nos politiques, mais ils peuvent décider des processus à mettre en place pour ce faire.
Nous pourrons faire un suivi pour vous, mais vous avez bien raison de dire qu'il y a des différences.
Pour qu'il n'y ait pas de confusion, je tiens à préciser que les plaintes relatives aux droits de la personne, qu'il s'agisse de l'équité en matière d'emploi pour les groupes désignés ou de l'un ou l'autre des motifs prévus par la Loi sur les droits de la personne, vont à la Commission canadienne des droits de la personne et non pas à l'agence. Nous ne recevons pas ces plaintes.
Je précise toutefois que, dans mon secteur, je suis responsable de la politique d'équité en matière d'emploi pour la fonction publique — le grand groupe de ministères dont j'ai parlé — ainsi que de l'obligation d'adaptation, de politiques interdépendantes à certains égards et qui sont très très importantes, surtout dans le contexte actuel où la main-d'oeuvre est de plus en plus diversifiée. Nous nous occupons de ces politiques générales, nous offrons soutien et conseil et nous évaluons le rendement des ministères, mais c'est aux ministères qu'il incombe de rendre compte de leurs résultats pour ce qui est du recrutement efficace parmi les groupes visés par l'équité en matière d'emploi ainsi que pour ce qui est des autres facteurs à prendre en compte dans le recrutement.
Nous respectons de manière générale dans la fonction publique le principe de l'équité en matière d'emploi pour les personnes handicapées, les femmes et les Autochtones, mais nous ne le respectons pas encore assez pour ce qui est des minorités visibles. J'ai participé à deux comités la semaine dernière où j'ai parlé de certaines des questions qui se posent à cet égard.
Dans la pratique, nous devons nous assurer que les administrateurs généraux — d'abord dans leur planification, puis dans la façon de faire le recrutement — font en sorte que leurs effectifs soient représentatifs. Il convient de préciser que, lorsque la planification est vraiment bien faite, on obtient d'excellents résultats pour ce qui est des groupes visés par l'équité en matière d'emploi. Certains des pourcentages pour les programmes de stagiaires en gestion offerts par les organismes centraux sont fantastiques.
Ce sur quoi je veux insister, c'est que, quand on en tient compte, quand on planifie en ce sens et qu'on recherche des gens de talent parmi les groupes désignés, on peut bâtir des équipes très représentatives. Tout cela pour dire, finalement, qu'il faut continuer à y travailler année après année.
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Merci, madame la présidente. Merci, madame Ellis de votre présentation.
Ça me rappelle les années 1990. Je suis également une ancienne fonctionnaire. À cette époque — je ne sais pas si vous vous souvenez de ça —, on parlait de gel d'échelons salariaux. Par conséquent, le seul moyen pour une jeune employée d'avoir de l'avancement était de changer de travail. J'ai travaillé à plusieurs ministères, j'ai occupé plusieurs emplois, pour en arriver à participer aux tables de travail où j'ai rédigé des protocoles d'entente entre différents ministères. Je me suis également occupée de négociations entre la partie syndicale et la partie patronale. Bref, ça a été une belle carrière.
Je visais en fait des postes du côté des professionnels en informatique. Ce qui m'a amenée à quitter la fonction publique, ce n'est pas le manque de travail, c'est principalement le manque de défis ou de reconnaissance des professionnels. En même temps, je ne peux pas passer sous silence les doléances de collègues de travail qui nous offraient un soutien irréprochable et qui, eux, vivaient des problèmes de surcharge de travail. Quand venait le temps d'établir des priorités, certains gestionnaires géraient leur carrière, point à la ligne, et oubliaient les employés sous leur responsabilité.
Au début de la semaine dernière, nous avons reçu le syndicat de la fonction publique, qui est venu nous expliquer les écarts de salaire entre les personnes qui travaillent au service de la paye.
On avait le même problème à l'époque et je me souviens que des employés faisaient tout en leur possible pour nous aider, car on travaillait ensemble. Tout le monde veut avoir sa paye, tout le monde veut avoir des informations, tout le monde veut que tout soit traité à temps, mais les employés sont surchargés et — pour être honnête avec vous — je n'ai jamais eu l'impression que leurs problèmes représentaient un défi pour le ministère.
Je reconnais que chaque ministère a son lot de défis. Les impératifs, les prestations de services sont différents d'un ministère à un autre. Certains sont plus politiques, d'autres plus opérationnels. Certains connaissent des réorganisations. J'en ai connu, des réorganisations, dans ces années-là, c'était effrayant. On a changé le nom du ministère trois fois en trois ans.
À un certain moment, les employés ne suivent plus. Vous voulez nous donner l'impression que ça va bien, alors qu'il faut reconnaître que ça ne va pas bien dans tous les ministères. Il faut peut-être, justement, voir la réalité, dire qu'il y a un problème et décider comment on s'y attaque.
C'est pour cela qu'on recherche beaucoup la planification, les plans. Je pense que c'est ce qu'on recherche, comme comité. Il y a une problématique. On veut savoir comment vous faites face à ce défi.
J'ai aussi travaillé en gestion, dans le passé. On veut le meilleur de nos employés. Il y a une phrase que je retiens de mon dernier employeur. Il m'avait dit que son plus beau défi était que je le dépasse. C'est arrivé et on a célébré. C'était une situation qu'on ne retrouve pas dans la fonction publique.
Vous pouvez peut-être nous expliquer quelque chose, simplement. Il y a une différence, une compétition entre les différents ministères. Certains ministères rémunèrent mieux leurs employés pour un travail équivalent. Je l'ai vécu dans les années 1990. On s'arrache les bons employés et on offre parfois de meilleures conditions de travail à certains employés afin de les retenir.
On nous a parlé, mardi, d'une différence de salaire qui peut être d'environ 14 000 $. Le monde de la fonction publique est petit; les gens se parlent. Ils ont des occasions d'échanger de l'information, et ce genre d'information peut nuire au moral et aussi entraîner des situations où les gens s'interrogent pour déterminer si ça vaut le coup de rester ou non. La différence salariale de 14 000 $ par année, je pense qu'elle est réelle. Les gens qui nous ont donné ces exemples les avaient en mains. Connaissez-vous ce problème?
Concrètement, comment pensez-vous résoudre cette situation? Y a-t-il des milieux où vous faites des recherches plus poussées? Faites-vous des enquêtes ou des vérifications dans certains ministères où il y a des problèmes?
Comme les gens nous l'ont dit mardi, ce n'est pas dans tous les ministères qu'on retrouve ce genre de problèmes. Par contre, je pourrais donner comme exemple des bureaux plus opérationnels comme ceux de Service Canada. Je me rappelle qu'à l'époque, les gens disaient que le nombre de législations au sujet desquelles ils devaient intervenir n'avait pas de sens. Comment peut-on ainsi dispenser le service à la clientèle? Service Canada avait de la difficulté à recruter des gens parce que les personnes étaient découragées de devoir interpréter cinq, six ou sept lois, incluant la Loi sur l'immigration. On sait que cela peut avoir un impact important pour la personne qui demande des renseignements.
Peut-être pouvez-vous nous entretenir de ce sujet. Moi, je l'ai personnellement vécu au cours des années 1990. Nous sommes maintenant dans les années 2000, et le même problème existe toujours.
Dans une région comme celle du nord de l'Ontario, nous prenons très au sérieux nos emplois à la fonction publique fédérale ou provinciale. Comme peut en témoigner, et si l'on perd des emplois à la fonction publique dans sa circonscription, on risque fort de ne pas être réélu aux prochaines élections, parce que c'est une question très grave.
Nous constatons une tendance. On peut constater ce phénomène à l'échelle provinciale. Un certain nombre de partis politiques au fil des ans en Ontario ont mené des campagnes dans le nord de l'Ontario au cours desquelles ils ont promis de transférer des emplois de la fonction publique au nord de l'Ontario — « Élisez-nous et nous allons transférer un important ministère » — et cela ne se produit jamais. Cela ne se produit tout simplement pas. Dès que le gouvernement arrive au pouvoir, il se rend compte que les modes de fonctionnement sont tellement enracinés, que cela ne se produit tout simplement pas.
Ensuite, lorsque l'économie ralentit et que les fonctionnaires sont mis à pied, alors en fait l'empire contre-attaque. Il semble que ce sont toujours les régions qui sont les premières à perdre les emplois, et c'est le centre qui les récupère.
Ce qui me préoccupe est d'assurer la répartition équitable des lieux géographiques, dans un premier temps, parce qu'il s'agit d'une question fondamentale de justice et d'accessibilité pour l'ensemble des Canadiens, et dans un deuxième temps, parce que cela est logique sur le plan économique puisqu'il s'agit d'emplois où le roulement est faible et l'engagement est élevé.
Pourtant, à l'heure actuelle, les sous-ministres possèdent un pouvoir considérable. En vertu des changements apportés à la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, les gestionnaires ont beaucoup plus de pouvoirs pour ce qui est de l'embauche.
Il me semble que la décision de transférer des emplois à l'extérieur de ce vaste empire est une décision politique. Elle exige une volonté politique. Cela ne se produit tout simplement parce que le sous-ministre décide un bon jour qu'il faudrait s'assurer de bien représenter Lethbridge. Ce genre de chose ne semble pas fonctionner dans cette structure organisationnelle.
Étant donné que l'on a accordé une responsabilité aussi grande aux sous-ministres — et je ne dis pas qu'il s'agit d'une mauvaise chose — et qu'il ne semble exister aucun mécanisme pour assurer l'équité géographique en ce qui concerne la répartition des emplois, comment pouvons-nous le faire?