:
Je déclare la séance ouverte.
Je vais commencer par annoncer que M. Warkentin est à nouveau père. Il vient d’avoir une belle petite fille, née le jour de la fête des pères. Comme il est absent aujourd’hui, il sera remplacé par M. Merrifield. J’espère que vous serez à la hauteur, monsieur.
Nous recevons aujourd’hui deux groupes de témoins. Nous avons décidé de diviser la séance en deux parties et d’inviter aussi les Travaux publics. Nous avons eu l’impression qu’il ne suffisait pas de vous inviter, messieurs, sans donner aux Travaux publics la possibilité de répondre ou de nous parler de certaines des questions que vous soulèverez.
Nous avons, du Canadian Business Information Technology Network, Mike O’Neil, président, et Jeff Lynt, directeur. Nous avons aussi David MacDonald, qui témoignera à titre personnel.
Nous accordons d’ordinaire une dizaine de minutes à nos témoins pour présenter un exposé. Je ne sais pas s’il y aura un exposé au nom du Réseau et un autre de M. MacDonald.
Comptez-vous présenter aussi un exposé, monsieur MacDonald?
:
Je voudrais remercier le comité, ses membres et tous ceux qui sont présents de nous avoir permis de prendre la parole aujourd’hui.
Je m’appelle Mike O’Neil. Je suis le président de CABiNET, organisme sans but lucratif qui représente une vingtaine d’entreprises de services professionnels d'informatique établies surtout dans la région de la capitale nationale. Notre chiffre d’affaires total est évalué à plus de 100 millions de dollars, et nous comptons environ un millier de sous-traitants et d’employés.
Permettez-moi d’examiner les enjeux. De quoi parlons-nous aujourd’hui? Tout d’abord, de la capacité du gouvernement du Canada de trouver des moyens rentables de répondre à ses besoins, du contrôle exercé par le gouvernement du Canada sur ses projets et initiatives d’informatique, de l’existence même de nombreuses PME qui, à ce jour, ont fourni des services loyaux et économiques au gouvernement du Canada, de l’innovation, de la souplesse et de l’esprit d’entreprise, qui sont à la veille de disparaître à cause du modèle d’acquisition proposé, et enfin de la stabilité financière et de la sécurité d’emploi d’environ 5 000 professionnels de l’informatique hautement qualifiés.
À l’heure actuelle, le gouvernement du Canada achète des biens consistant principalement en matériel informatique, en logiciels et services de transmission de données. Il achète aussi des services professionnels d’informatique pour l’entretien des produits, le développement de l’architecture, le soutien opérationnel, etc. Ces deux types d’achats sont tout à fait distincts dans le processus d’acquisition.
Les PME ont jusqu’ici obtenu entre 65 et 70 p. 100 de la valeur des contrats de services professionnels d'informatique de l’administration fédérale. La valeur totale des contrats attribués par le gouvernement fédéral pour ce genre de services a récemment été estimée à 600 millions de dollars par an. Les PME ont remporté la grande majorité de ces contrats grâce à leur capacité de répondre aux besoins du gouvernement fédéral, à leurs connaissances et compétences, à leurs frais généraux peu élevés, à leur souplesse et à leurs solutions innovatrices.
Le gouvernement a déjà essayé de regrouper des contrats pour réaliser de grands projets d’informatique. Dans la plupart des cas, ces contrats n’ont pas répondu aux attentes, ont donné lieu à des dépassements de coûts et sont devenus ingérables. On en trouve des exemples dans le registre des armes à feu et la Voie de communication protégée.
Quand le gouvernement a conclu des marchés de services par petites tranches « gérables », les projets ont le plus souvent été menés à bien. Les inconvénients du regroupement de contrats ont été bien expliqués dans les rapports du Bureau du vérificateur général et du Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
La nouvelle idée géniale du gouvernement est d’avoir des projets encore plus gros. Ses raisons? Réaliser des économies et parer au vieillissement de son effectif. Nous tenons à dire clairement que nous ne sommes pas contre l’Initiative des services partagés. Toutefois, nous nous opposons catégoriquement au regroupement des services professionnels d'informatique avec les biens génériques tels que les services de transmission de données. De plus, nous nous opposons d’une façon générale au regroupement des marchés de services professionnels d'informatique.
Que propose le gouvernement? Nous croyons, en nous basant sur une demande d’information parue en décembre 2007 sur le système électronique fédéral d’appel d’offres MERX, sur des exposés présentés par M. Steven Poole, président-directeur général de la Direction générale des services d’infotechnologie à TPSGC, et sur une modification de la demande d’information parue le vendredi 6 juin, que le gouvernement a l’intention de regrouper les services professionnels d'informatique et les biens pour produire quatre contrats de base, dont chacun pourrait valoir plus d’un milliard de dollars par an pour une période pouvant atteindre 20 ans.
Plus c’est gros, mieux c’est. Cette approche simpliste des problèmes n’a aucun sens et ne peut avoir été conçue que par des gens qui ne dépensent pas leur propre argent. C’est un non-sens sur le plan financier.
Comme vous le savez, le prix des produits dans le monde de l’informatique a énormément baissé ces dernières années. En 15 ans, le coût des services de transmission de données et du matériel informatique a diminué au point de n’être plus qu’une fraction de ce qu’il était. Le fait pour le gouvernement du Canada de prétendre qu’il peut économiser à long terme en achetant des produits pour une période de 15 à 20 ans défie toutes les prédictions des analystes de l’industrie. Interrogé à ce sujet, M. Poole a répondu que le gouvernement trouverait des « moyens de négocier » avec le soumissionnaire retenu pour résoudre le problème. Nous croyons qu’un engagement aussi long de la part du gouvernement est parfaitement insensé.
Le manque de concurrence va aussi faire augmenter les coûts pour les contribuables. Actuellement, lorsqu’une demande de propositions est lancée, de nombreuses entreprises, y compris des PME, peuvent se mettre sur les rangs, sachant que la plupart des évaluations techniques des soumissions sont serrées. Les soumissionnaires savent que le coût sera un facteur déterminant. La concurrence qui en découle a pour effet de réduire les coûts pour les contribuables. En écartant toutes les PME du processus d’appel d’offres, le gouvernement donnera à deux ou trois grandes entreprises d’informatique la liberté de dicter la totalité des prix, situation qui, par le passé, a toujours fait monter et non baisser les prix.
Il est difficile de comprendre pour quelle raison les hauts fonctionnaires tentent d’éliminer la concurrence dans ce cas précis alors que, dans la plupart des secteurs, l’administration fédérale s’emploie à la stimuler pour réduire les coûts, comme dans le secteur de la téléphonie résidentielle.
Par le passé, des tentatives analogues de regroupement des contrats de services professionnels d'informatique ont mené à des dépassements de coûts et à des retards. On peut mentionner comme exemples récents le registre des armes à feu et le système ontarien des services sociaux de la fin des années 1990. Nous pouvons citer bien d’autres exemples.
Nous vous demandons instamment de ne pas vous fier uniquement à notre parole. Considérez aussi ce qu’on dit des responsables tels que la vérificatrice générale du Canada et le vérificateur général de l’Ontario, qui ont tous deux condamné la pratique des gros contrats d’informatique.
Fait intéressant, lorsque le gouvernement canadien a décidé d’établir un système efficace de perception des impôts et, plus particulièrement de la TPS, il a fait appel à un groupe local de PME, qui a mené à bien le projet d’une manière efficace et économique.
Le modèle proposé est en outre un non-sens sur le plan organisationnel. Ses effets négatifs pour le gouvernement du Canada ne se limitent pas aux aspects financiers. Il fera aussi perdre au gouvernement la capacité de profiter de la souplesse et de l’innovation qui caractérisent les PME.
Les PME sont capables d’offrir diverses solutions. Elles ne se bornent pas à un modèle. Elles ne sont pas liées à un système ou à une marque. Elles offrent un cadre stimulant, innovateur et intéressant aux employés et aux sous-traitants. Elles sont à même de mieux servir leurs clients en raison du type d’employés qu’elles attirent. Attribuer un contrat unique à une seule entreprise pour une période pouvant aller jusqu’à 20 ans, c’est étouffer la recherche et l’innovation dans ce secteur.
Permettez-moi maintenant de vous présenter M. Jeff Lynt, qui est président et chef de la direction de l’une des sociétés d’informatique les plus dynamiques de la région d’Ottawa-Gatineau. Son entreprise se spécialise dans la consultation en gestion des services.
Mon nom est Jeff Lynt. Je possède une PME dans la région d’Ottawa-Gatineau. J’habite du côté du Québec et j’emploie une quarantaine de personnes.
Si les changements projetés par le gouvernement entrent en vigueur, je devrai soit remercier une partie de mes employés et de mes sous-traitants, soit me mettre au service d’une grande société. Cela me forcera à réduire les salaires. Toutefois, les précédents indiquent que le coût sera égal ou supérieur pour le gouvernement fédéral. Mon entreprise perdra la capacité d’innover et de proposer de nouvelles solutions à ses clients. Nous serons contraints de suivre le modèle de la grande société. Une fois que celle-ci aura réussi à embaucher suffisamment d’employés, vraisemblablement en pillant nos ressources humaines, elle mettra fin à sa relation contractuelle avec nous. Nous ne pourrons alors plus travailler pour l’administration fédérale dans ce secteur.
Les PME sont le moteur de l’économie. Je n’ai pas inventé cet énoncé. C’est une déclaration que les candidats conservateurs ont faite durant la dernière campagne électorale en se vantant du bilan de leur parti dans le dossier des PME. La dernière proposition du gouvernement n’a pas de sens. En réponse à nos inquiétudes, on nous a dit que les grandes entreprises recevront des « points » dans leur évaluation si elles prévoient sous-traiter auprès des PME. Voilà une offre insultante qui nous rabaisse. En ce moment, les PME répondent aux appels d’offres et gagnent à peu près 70 p. 100 des marchés accordés par l’administration fédérale. Pourquoi se contenteraient-elles de faire de la sous-traitance pour des sociétés qu’elles battent régulièrement dans des appels d’offres ouverts, justes et transparents?
En avril 2006, le nouveau ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, le sénateur Michael Fortier, a affirmé que le gouvernement faciliterait l’accès des PME aux appels d’offres du gouvernement. Je ne pensais vraiment pas que le gouvernement reviendrait sur sa parole et ferait exactement le contraire de ce qu’il avait promis. Mon espoir le plus grand, c’est que les membres conservateurs du comité et le secrétaire parlementaire du ministre de TPSGC annonceront aujourd’hui que ce projet est une erreur et que le gouvernement honorera son engagement envers les PME.
Ma stabilité financière et celle de ma famille sont en jeu. Mon entreprise est menacée. Je vous exhorte à proposer une motion aujourd’hui et à l’envoyer à la Chambre pour demander au gouvernement d’annuler son projet, d’entreprendre de vraies consultations sur cette question et de respecter ses promesses aux PME.
Merci beaucoup.
:
Je m’appelle David MacDonald. Je suis sous-traitant auprès d’une PME qui n’est pas membre de CABiNET et je travaille dans le cadre d’un contrat sans lien avec le gouvernement fédéral.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je suis ici aujourd’hui. C’est simple: le regroupement des contrats de services professionnels en informatique aura un impact direct et majeur sur moi et sur les autres travailleurs de ma profession. La disparition des PME réduira la concurrence pour nos services. Actuellement, plusieurs PME sont en concurrence pour nos services, ce qui nous permet d’obtenir un tarif quotidien qui assure un revenu décent à nos familles. Sans cette concurrence, nos tarifs baisseront obligatoirement, ce qui aura des effets considérables sur mon niveau de vie.
L’autre inquiétude que j’ai, c’est que les grandes sociétés préfèrent embaucher des employés plutôt que de faire appel à des sous-traitants. Cela nous forcera à modifier nos modèles d’affaires. De plus, ceux d’entre nous qui seront obligés de devenir des salariés de ces entreprises, auront un revenu moindre et devront renoncer à leur individualisme pour respecter la politique de leur employeur.
On peut se demander comment cela réduira les coûts de l’administration fédérale. Les demandes de propositions précédentes montrent que les grandes entreprises, même avec leurs propres employés, sont plus coûteuses que les PME et leurs sous-traitants. La raison est simple: elles ont plus de frais généraux et une plus grande responsabilité financière envers leurs actionnaires.
Quelque 5 000 professionnels comme moi seront directement touchés par la décision du gouvernement. Si cela avait du sens sur le plan commercial et présentait un réel avantage économique pour le Canada, j’aurais peut-être hésité à comparaître devant vous aujourd’hui. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’un mauvais plan qui aura des répercussions très négatives pour tout le monde, sauf quelques hauts fonctionnaires qui pourront se vanter d’avoir démoli le secteur des PME d’informatique et contribué à la croissance non méritée de quelques très grosses entreprises.
Je vous remercie.
:
... ce que j’avais commencé.
Nous avons noté dans l’exposé de M. Poole qu’il appelait « partenaires » les futurs gagnants de ces appels d’offres qui se chiffrent en milliards de dollars. Nous préférons considérer le gouvernement comme un « client ». Il y a là une différence fondamentale.
À titre de client, le gouvernement est actuellement le maître d’œuvre des contrats qu’il accorde. M. Poole a reconnu qu’à titre de « partenaire », le gouvernement ne sera pas en mesure de prendre toutes les décisions voulues pour protéger l’intérêt du contribuable en accordant ces contrats monstrueux. Il devra plutôt s’entendre avec le « partenaire » qui aura été retenu par suite de l’appel d’offres.
Nous pensons que cette philosophie est mauvaise de la part du gouvernement fédéral. Nous vous demandons de rappeler à la haute direction de TPSGC que le Parlement exprime la volonté des Canadiens et que lorsqu’un comité parlementaire formule une recommandation, le ministère ne doit pas faire exactement le contraire.
M. Poole ne peut pas plaider l’ignorance: il a déjà témoigné devant le Comité des comptes publics qui a clairement signifié son désaccord avec ces énormes contrats informatiques.
Nous demandons au Comité de forcer le gouvernement à honorer la promesse faite aux électeurs canadiens et à maintenir l’accès direct des PME aux marchés de l’État. Cela devrait nous donner la possibilité d’accroître notre part des marchés publics plutôt que la réduire à zéro.
Nous espérons que vous demanderez au gouvernement de garantir qu’on accordera aux PME la possibilité de soumissionner directement sur les contrats de services professionnels d’informatique de 600 millions de dollars actuellement attribués par le gouvernement fédéral. Les PME ont prouvé qu’elles peuvent travailler efficacement pour leurs clients. Nous avons prouvé que nous sommes capables de bien servir le Canada. Nous avons aussi prouvé que nous pouvons remporter ces contrats dans le cadre de processus concurrentiels. Ne laissez pas le gouvernement nous enlever la possibilité de soumissionner pour ses contrats.
Je vous remercie.
:
Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je voudrais remercier les témoins d’être venus au comité ce matin. J’ai cru comprendre que les invitations ont été envoyées un peu à la dernière minute. J’ai différentes questions à vous poser, si vous voulez bien.
Il y a quelques années, notre comité – comme d’autres comités aussi – a dû faire face à des « tentatives » très semblables de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada visant à regrouper des contrats de matériel de bureau et de services temporaires. Dans les deux cas, nous avons réussi à faire comprendre à tout le monde, et notamment aux responsables des Travaux publics, que ces tentatives nuisent particulièrement aux PME et à l’économie canadienne, ne profitant qu’à quelques rares fournisseurs choisis dans des circonstances que je qualifierais de douteuses ou de contestables. Dans les deux cas, nous avons réussi à éviter que ces regroupements ne se fassent sur une grande échelle, comme cela avait été prévu au départ.
Monsieur Lynt, vous travaillez au niveau local. Vous avez dit que vous vivez du côté du Québec. Vous vous rendez bien compte des difficultés que j’aurais, à titre de député de Hull–Aylmer, si un grand nombre de personnes du secteur des technologies de l’information perdaient leur emploi. Ce matin, je fais un remplacement au pied levé, mais je suppose, ayant lu le compte rendu d’une ou deux des dernières réunions du comité, que la plupart des PME seraient exclues du processus d’appel d’offres parce qu’elles ne pourraient pas satisfaire à certaines conditions. Je suppose également que, parmi ces conditions, il y aurait l’obligation d’avoir des bureaux d’affaires dans plusieurs villes du Canada.
Dites-moi, avez-vous des bureaux ailleurs que dans la région de la capitale nationale?
Monsieur O’Neil, j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt votre exposé. J’ai une question très simple à vous poser. Même si ce processus de regroupement n’est pas encore en place en ce moment, le comité a entendu le témoignage d’un propriétaire d’entreprise, un dénommé Donald Powell, qui dirige la société TPG Technology Consulting Limited.
Je ne sais pas si vous êtes au courant de ce que M. Powell a dit au comité le 10 juin. Il a parlé d’une soumission qu’il avait présentée et à l’égard laquelle on lui avait dit officieusement qu’il était le plus bas soumissionnaire. Il s’attendait donc à obtenir ce contrat. Il soutient qu’il y a eu, disons, des manigances au ministère et que, d’une façon ou d’une autre, par suite d’une série de coïncidences, un fonctionnaire a été exclu du ministère et a été remplacé par un autre, qui a décidé de procéder à un réexamen des soumissions présentées. Selon M. Powell, la notation des soumissions a été modifiée, de sorte que le contrat a été attribué, non à sa société, mais à CGI.
Avez-vous l’impression que, même si le processus de regroupement n’est pas encore commencé, le ministère, sous la direction du gouvernement actuel, est déjà en train d’attribuer ces contrats beaucoup plus importants?
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie nos témoins d’être venus au comité.
J’ai passé une grande partie de ma vie à m’occuper d’une petite entreprise. Par conséquent, je comprends bien vos inquiétudes au sujet d’injustice réelles ou perçues.
Cela étant dit, je crois que le gouvernement a une obligation évidente. Nous ne sommes pas ici pour choisir des gagnants et des perdants, qu’il s’agisse de grandes sociétés ou de PME. Nous sommes ici pour obtenir un produit ou un service à un bon prix, au nom des contribuables canadiens.
Si vous avez un dossier bien bâti, car il me semble que vous avez d’excellents antécédents, je crois que... En toute franchise, je n’aime pas beaucoup votre façon d’envisager les choses. En vous écoutant, je me rends compte que vous vous plaignez bien plus que vous n’essayez de trouver des solutions. J’aimerais que vous ayez un but plus concret. J’aimerais vous entendre dire: Nos services sont plus économiques pour telle, telle et telle raison.
Je crois que nous avons besoin de renseignements beaucoup plus précis. Nous devons voir des comparaisons de coûts. Je peux vous donner un exemple, monsieur O’Neil. Dans une de vos réponses à la question concernant les services partagés... Votre réponse était vraiment très bonne, mais j’aimerais la situer un peu mieux dans le contexte.
Il y a un certain nombre d’années, nous avions de grandes difficultés parce que les ministères étaient en concurrence les uns avec les autres dans le domaine des technologies de l’information, et particulièrement en communications. Qu’il s’agisse des forces armées, de la police ou des forces de l’ordre, il n’y avait pas de données communes. Autrement dit, les différentes composantes du secteur de la protection ou de la sécurité ne pouvaient même pas bien communiquer entre elles. Les composantes avaient des systèmes différents et des niveaux de communication différents, ce qui fait qu’il n’y avait pas une grande efficacité.
Il avait donc été proposé de les intégrer pour qu’elles puissent mieux communiquer. L’idée a été avancée, et je crois que la transition est en cours. La vérificatrice générale nous a dit que des progrès sensibles ont été réalisés. C’était là un exemple de services partagés qui ont bien marché.
Êtes-vous en train de dire que vous ne vous opposez pas à la plus grande efficacité de l’opération, mais qu’elle vous empêche de présenter les soumissions que vous voulez? Est-ce bien cela?
:
Un certain nombre d’arguments ont été présentés.
Je dois dire que j’ai été vraiment choqué d’entendre M. Kramp dire que nous pleurnichons. Des familles, y compris la mienne, risquent de perdre leur gagne-pain.
La solution que vous évoquez représente exactement ce qu’offrent les PME. Les PME apportent de l’innovation dans l’économie canadienne. Vous avez mentionné que vous avez déjà été à la tête d’une petite entreprise innovatrice.
À un moment donné, Alexander Graham Bell a inventé la téléphonie. Sans cette invention, le monde aurait été très différent. Il était propriétaire d’une petite entreprise à l’époque.
Je note également que plusieurs personnes dans la salle manipulent leur BlackBerry, qui a été inventé par la petite société RIM. Le BlackBerry a changé quelque chose dans cette salle, sinon dans le monde entier, dans le domaine des dispositifs mobiles.
L’innovation a été le moteur de notre économie. Elle a bâti le Canada que nous connaissons. Nous risquons maintenant de détruire cette capacité. N’oublions pas non plus que la région d’Ottawa s’est développée par suite des retombées des réalisations de sociétés dont l’innovation a largement contribué à la croissance de l’économie locale.
Je crois que l’élimination des PME et le fait de ne pas nous permettre de dispenser nos services spécialisés nuiront au Canada. Nous offrons à nos clients des solutions particulières qui représentent exactement ce dont ils ont besoin. Si nous remportons 70 p. 100 des contrats, il est clair que nous mettons à la disposition de nos clients de bonnes solutions à de bons prix. Nous décrochons ces contrats parce que nos clients s’intéressent à nos services et que notre approche leur convient. Nous ne nous bornons pas à un seul modèle. Nous ne mettons pas tout le monde dans le même sac. Nous n’essayons pas d’insérer des chevilles carrées dans des trous ronds, comme le disent souvent les grands intégrateurs.
Pour une raison ou pour une autre, les bureaucrates sont persuadés que les gros contrats sont plus avantageux, ce qui est carrément faux. Ce n’est pas vrai, et ça ne l’a jamais été. Les petites entreprises ont toujours été le moteur de notre économie. C’est aussi simple que cela.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d’être venus au comité aujourd’hui. Nous avons tous jugé ce que vous nous avez dit très intéressant et très important. Je crois que nous devrions tous nous inquiéter des mesures que le gouvernement a prises pour limiter particulièrement les soumissions des PME et les empêcher d’accéder aux 600 millions de dollars de contrats qui ont été mentionnés.
Je trouve cela vraiment dommage. C’est pour nous tous un grand sujet de préoccupation. J’ai entendu dire que nos collègues du Bloc ont l’intention de proposer une motion qui, je crois, méritera d’être appuyée. Les membres du comité ont exprimé leur point de vue, et les témoins ont fait état de leurs préoccupations, que nous devrions tous partager, à mon avis. Ce que le gouvernement fait en ce moment est vraiment insensé.
Je n’ai pas vraiment de questions à poser. Les témoins ont peut-être quelque chose à ajouter parce que nous nous soucions tous de la concurrence, surtout quand il est question de petites entreprises d’Ottawa et du Canada qui affrontent de grandes multinationales et des sociétés étrangères. Les grandes sociétés ne créent pas de l’emploi à l’échelle locale, comme les PME de la région. Pourquoi devrions-nous les favoriser par rapport à nos propres PME?
Il est également vrai, madame la présidente, que ces petites entreprises arrivent, avec le temps et un peu d’aide, à devenir de grandes sociétés. Leur effectif passe de 40 à 400 ou 4 000 employés. Ce sont les entreprises qui sont les plus susceptibles d’avoir du succès à l’avenir. Il n’y a pas de doute que nous devons les aider et tout faire, à titre de membres du comité, pour qu’elles obtiennent leur juste part.
Nous parlons ici d’équité et d’accès pour tout le monde. Nous parlons de ne pas limiter les soumissions de ces entreprises. Si elles en ont l’occasion, elles sont tout aussi efficaces et font un aussi bon travail. En fait, elles l’emportent sur les grandes sociétés quand il y a des appels d’offres pour lesquels elles peuvent soumissionner. Leurs réalisations à cet égard sont remarquables. Or il semble que quelqu’un a trouvé un bon moyen d’écarter ces entreprises qui réussissent très bien à nous en donner pour notre argent. Je trouve plutôt choquant qu’on ait jugé bon tout à coup de limiter leur accès. Si nous voulons en avoir pour notre argent, nous devons assurer l’accès à tout le monde, et non le limiter. Je crois que nos témoins ont bien exposé leur dossier. Pour leur part, les membres du comité ont exprimé leur grave préoccupation et ont dit qu’ils sont choqués par ce qui se produit.
Je ne sais pas si les témoins ont autre chose à ajouter. Nous avons une bonne idée de la situation. Il s’agit maintenant de voir ce que le comité peut faire pour y remédier.
S’il reste du temps, les témoins voudront peut-être présenter quelques observations.
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Merci, madame la présidente.
Nous avons reçu beaucoup d'information, ce matin. Je voudrais revenir sur la question de ma collègue, qui vous questionnait sur la façon dont vous avez appris les grands changements technologiques. Je dois vous avouer que lorsque je suis arrivée à ce comité, j'ai posé des questions sur le plan informatique et sur l'évolution de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada au cours des 10 dernières années. Ce genre de débat a eu lieu il y a plusieurs années également, car on voulait favoriser les intégrateurs. On connaît donc les arguments par rapport à cette question.
Ma collègue vous posait une question là-dessus. Le processus semble avoir été accéléré, depuis 2007, pour favoriser les grands intégrateurs. Il y en a très peu sur le marché. Il y a certainement des raisons à cela, et on va l'apprendre tout à l'heure. Vous mentionniez que le 6 juin, il y a eu des modifications majeures aux demandes de renseignements.
En ce qui concerne l'évolution de décembre à juin, TPSGC a fait des démarches dont vous avez eu connaissance, qui ont fait la preuve qu'il était rentable de fonctionner de cette façon, de poursuivre ce plan et de faire des études de rentabilité. Permettez-moi de faire un parallèle avec Citoyenneté et Immigration Canada.
Monsieur Lynt, vous avez parlé du système d'immigration. Au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, où je siégeais auparavant, nous avons eu des demandes répétées pour augmenter les budgets chaque fois qu'on étudiait les crédits. C'est justement l'exemple d'un grand projet où il y a eu des dépassements de coûts, des changements de spécifications et des délais de livraison majeurs. Aujourd'hui, le système n'est toujours pas fonctionnel, alors qu'il devrait être en place depuis plusieurs années.
Pourriez-vous nous parler à nouveau de cette démarche d'information et nous dire comment votre petite entreprise l'a apprise?
:
En neuf mois, on a mis en péril tout un pan de l'industrie touchant les petites et moyennes entreprises. C'est majeur, et je crois qu'il est urgent que le comité étudie la question.
Vous avez également mentionné qu'il y avait d'autres organismes, dont les associations de petites entreprises. On reçoit beaucoup de documentation à nos bureaux. Ce dont je me rappelle, c'est qu'en 2006, il y a eu des rencontres avec la FCEI. Dans la lettre de rétroaction de ses rencontres avec le ministre Fortier, ils étaient, eux aussi, perplexes quant aux intentions du gouvernement fédéral dans plusieurs secteurs. Il y avait le secteur de l'informatique, le secteur de l'ingénierie et le secteur des biens et services. Il était justement question d'approvisionnement. Le gouvernement avait tendance à utiliser d'importants fournisseurs au détriment des bureaux régionaux et des gens en région ayant accès à des contrats fédéraux.
N'avez-vous jamais vu d'étude de rentabilité par rapport à cette démarche ou à ce modèle? La vérificatrice générale s'est plainte à maintes reprises de la gestion des grands projets. Récemment, elle a parlé de son opposition ou de ses réticences quant à la façon d'octroyer ces contrats. Elle a aussi parlé des comptes publics. Je ne sais qu'ajouter, sinon qu'il y a urgence.
Il semble que le processus se fera en plein été, alors que le Parlement ne siégera pas. Cela s'est produit l'été dernier dans le cas d'autres projets, d'autres initiatives majeures du gouvernement.
Je vais m'en tenir à cela. Merci.
:
Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir permis de comparaître devant ce comité pour discuter des activités d'approvisionnement de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.
[Traduction]
Je suis accompagnée de Steven Poole, président-directeur général, et de Maurice Chénier, chef de l’exploitation, de la Direction générale des services d’infotechnologie.
[Français]
Je suis également accompagnée de M. Jérôme Thauvette, directeur général du Secteur de la gestion de l'approvisionnement en services et en technologies de la Direction générale des approvisionnements.
En tant que sous-ministre adjointe de la Direction générale des approvisionnements, mon travail consiste à acheter des biens et des services au nom des clients faisant partie du ministère et de l'ensemble du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Le travail de M. Poole consiste à fournir des services de technologie de l’information aux autres ministères sur une base facultative et à gérer les services internes de gestion de l’information et de technologie de l’information des Travaux publics.
Pour ce qui est des relations entre nos deux directions générales, la Direction générale des services d’infotechnologie détermine ce dont elle a besoin pour exercer ses fonctions, tandis que la Direction générale des approvisionnements achète les produits et les services requis, comme nous le faisons pour nos clients de l’extérieur du ministère.
Travaux publics prend très au sérieux le rôle des petites et moyennes entreprises dans l’économie et dans les collectivités du Canada. Grâce au Bureau des petites et moyennes entreprises du ministère, nous avons déployé d’importants efforts pour faciliter la tâche aux petites entreprises qui souhaitent décrocher des marchés publics.
Dans les deux années qui se sont écoulées depuis la création des bureaux desservant les PME à l’échelle du pays, les employés du ministère ont eu des contacts avec plus de 30 000 particuliers et entreprises, et le nombre de PME qui se sont inscrites au registre des fournisseurs de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a régulièrement augmenté.
En moyenne, au cours des trois dernières années, 68 p. 100 de tous les contrats attribués par Travaux publics, correspondant à 39 p. 100 de la valeur des contrats, sont allés à des PME. En outre, les PME ont très bien réussi ces derniers mois à se qualifier pour de nouvelles offres à commandes et de nouveaux arrangements en matière d’approvisionnement pour des professionnels en informatique, que nous avons annoncés sur MERX à la fin de l’an dernier.
Ces méthodes d’approvisionnement ont été adoptées à la suite de longues consultations avec le secteur privé et peuvent être utilisées par tous les ministères fédéraux. Plus de 200 entreprises se sont qualifiées, dont environ 72 p. 100 sont des petites et moyennes entreprises comptant 100 employés ou moins. Les entreprises qui ne se sont pas qualifiées au départ pourront se reprendre durant nos mises à jour annuelles.
[Français]
En plus d'offrir des occasions d'affaire aux entreprises canadiennes, TPSGC continue de mettre l'accent sur la modernisation des opérations gouvernementales et d'obtenir le meilleur rapport qualité-prix pour la population canadienne.
Notre initiative de services partagés de technologie de l'information constitue l'une des façons d'y parvenir. Elle comprend l'initiative des services du Réseau d'entreprise du gouvernement, un réseau pangouvernemental permettant de fournir des services comme l'accès au téléphone et à l'Internet, qui réduira les chevauchements et accroîtra l'efficacité des ressources.
Les gouvernements de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et du Québec ont déjà adopté les services partagés, tout comme plusieurs grandes entreprises du secteur privé.
Au cours des deux dernières années, nous avons mené des consultations auprès du secteur privé, y compris des associations représentant les petites entreprises, sur les exigences du contrat relatives au projet.
[Traduction]
Même si la plupart des réactions à ces changements ont été positives, nous avons été informés de certaines préoccupations et avons apporté des modifications en conséquence.
Par exemple, nous avons défini d’une manière plus rigoureuse les services professionnels qui s’inscrivent dans le cadre de la stratégie et en avons éliminé certains. Nous envisageons aussi d’ajouter aux demandes de soumissions des dispositions imposant aux soumissionnaires d’inclure dans leurs propositions un plan de sous-traitance visant les PME. Il faudra quand même que des professionnels des technologies de l’information gèrent et surveillent la mise en œuvre de ces services.
[Français]
Madame la présidente, la demande de propositions n'a pas encore été publiée. Nous continuerons de consulter le secteur privé à cet égard ainsi que pour tous les futurs approvisionnements importants de services de gestion de l'information et de la technologie de l'information.
Toutefois, nous établirons également une structure afin d'élaborer un processus de consultations plus officiel qui inclura les cadres supérieurs du ministère ainsi que notre Bureau des petites et moyennes entreprises. Cette structure nous permettra de nous assurer que nous sommes sur la même longueur d'ondes que le secteur privé.
Madame la présidente, nous sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Merci, madame saint pierre.
[Traduction]
Je vous ai déjà écoutée et je vous écoute maintenant. Je me demande parfois s’il y a à TPSGC le même hiatus que j’ai noté dans d’autres ministères où la haute direction ne sait pas vraiment ce qui se passe. Le secteur privé nous dit qu’il n’est pas consulté. Pour votre part, vous nous dites: « Nous tenons des consultations et nous continuerons à en tenir. »
J’espère que nous pourrons faire le lien parce que je crois qu’il est très important de ne pas écarter les PME qui apportent de l’innovation et constituent vraiment le moteur de l’économie.
Je vous dis cela parce qu’il arrive trop souvent que je constate, à titre de présidente du comité, ce hiatus entre les échelons supérieurs et les gens qui font le travail. Ces gens font-ils vraiment ce que vous pensez qu’ils font?
Je vous accorderai un instant pour répondre à cette question, après quoi je donnerai la parole à M. Proulx. C’est un sujet qui me préoccupe beaucoup car cela fait des années que je note ce problème, partout dans l’administration publique.
Je lui ai posé une question. Elle peut essayer d’y répondre.
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Madame saint pierre, je vous trouve très courageuse de venir nous rencontrer aujourd'hui, compte tenu du dossier et de l'impact qu'il peut avoir sur votre crédibilité.
En aparté, j'ajoute que je ne vous mésestime pas. Au contraire, je vous estime beaucoup. Ce courage vous honore. Toutefois, je me pose certaines questions. Vous dites, à la fin de votre discours de présentation:
[...] nous prévoyons maintenant ajouter aux demandes de soumissions des dispositions obligatoires pour que les soumissionnaires intègrent à leurs propositions un plan de sous-traitance visant les petites et moyennes entreprises.
Pour moi, il est très clair que les gens qui ont témoigné avant vous et qui nous ont présenté leurs difficultés avaient tout à fait raison en disant qu'on donnera des contrats faramineux à une ou des grosses entreprises, qu'on ne leur donnera que des contrats de sous-traitance et qu'ils devront s'en contenter.
Vous dites encore: « [...] nous établirons également une structure afin d’élaborer un processus de consultation [...] » Or, M. Poole nous a dit qu'il avait tenu des consultations et fait des présentations. Vous comprendrez que la crédibilité en prend un coup.
Qu'avez-vous à répondre à cela?
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Madame la présidente, je vais parler en anglais, car je suis plus à l'aise dans cette langue.
[Traduction]
En 2003, d’importantes études ont été réalisées dans le cadre des travaux du Comité d’examen des dépenses. Ces études ont abouti à de nombreuses conclusions. L’une d’entre elle était que les technologies de l’information pouvaient être mieux gérées dans l’administration publique.
Plusieurs études nous ont permis de procéder à des validations de principes et d’approches afin de confirmer une ligne de conduite générale. Nous sommes actuellement en train de consulter le secteur privé au sujet de cette ligne de conduite.
Différents indices importants, découlant de la recherche, de travaux effectués par des groupes professionnels tels que Gartner et de renseignements provenant d’autres provinces comme la Colombie-Britannique et le Québec – et plus précisément le Centre de services partagés du Québec –, montrent qu’il peut être très avantageux d’adopter ce modèle d’acquisition de biens et de services.
Beaucoup de groupes de réflexion estiment que cette orientation est digne d’intérêt. Nous sommes en train de l’adopter, mais nous essayons de le faire en tenant le plus consultations possibles pour être sûrs d’agir dans l’intérêt des Canadiens. Cette orientation a de nombreux avantages. Nous ne parlons pas seulement d’une efficacité très sensiblement supérieure.
[Français]
Permettez-moi de prendre deux secondes pour vous expliquer de quoi il s'agit.
[Traduction]
En ce qui concerne les services de réseau et de télécommunications, chacun sait qu’en branchant un téléphone ou un ordinateur, on déclenche toutes sortes de processus. Il y a des fils, des boîtes, des commutateurs, du logiciel. Quant tout cela est reproduit dans chaque ministère et organisme fédéral, les dépenses sont vraiment excessives.
Dans certains édifices fédéraux qui abritent plusieurs ministères, on trouve de multiples salles de connexions et d’innombrables ensembles de câblage. Nous n’en avons pas vraiment besoin.
Nous essayons donc d’amener les différents organismes fédéraux à travailler ensemble pour améliorer leurs services informatiques. C’est très complexe.
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Je remercie les témoins d’être venus au comité aujourd’hui. Je voudrais également remercier MM. O’Neil, Lynt et MacDonald qui ont empiété sur le temps qu’ils consacrent à leur entreprise pour comparaître devant nous et nous renseigner sur ce processus.
Tout gouvernement qui arrive au pouvoir, qu’il soit libéral ou conservateur, a l’obligation d’examiner le statu quo pour voir s’il peut être amélioré. Nous avons lancé des demandes d’information, dont trois portaient sur le sujet à l’étude. Ensuite, nous passons à une demande de propositions pour déterminer s’il est possible d’en obtenir davantage pour l’argent des contribuables. Viennent ensuite un processus d’évaluation, un examen et un débat. On avance un peu, puis on se rend compte que le statu quo comporte des problèmes. Tout cela est très bien, mais nous avons l’obligation d’aller au-delà du statu quo pour essayer de mieux utiliser les fonds publics. Si nous n’arrivons pas à trouver les conditions voulues, nous devons procéder à une réévaluation avant d’aller de l’avant.
J’ai toujours considéré que le débat vaut mieux que des entretiens contradictoires avec différents témoins. Par conséquent, si MM. O’Neil, Lynt et MacDonald n’y voient pas d’inconvénients, je vais poser certaines de leurs questions aux représentants de TPSGC.
Cette question s’adresse à M. Poole. Au sujet de la demande d’information du 6 juin, M. O’Neil a dit ceci:
... le gouvernement a l’intention de regrouper les services professionnels d'informatique et les biens pour produire quatre contrats de base, dont chacun pourrait valoir plus d’un milliard de dollars par an pour une période pouvant atteindre 20 ans. Plus c’est gros, mieux c’est. Cette approche simpliste des problèmes n’a aucun sens et ne peut avoir été conçue que par des gens qui ne dépensent pas leur propre argent. C’est un non-sens sur le plan financier.
Madame Saint Pierre, je vous invite à commenter cette déclaration.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie beaucoup d’être venus au comité aujourd’hui.
L’un des problèmes que nous avons au comité, c’est que les gens viennent nous voir et nous servent toutes sortes d’avertissements. Nous devons sonder nos témoins. Souvent, ils arrivent à apaiser nos préoccupations. Parfois, ils n’y parviennent pas.
Les témoins du premier groupe ont dit que le processus de regroupement en cours fera quelques gagnants et peut-être de nombreux perdants. Deux des grands gagnants mentionnés seraient CGI et IBM, qui avait participé à l’offre de TPG. Ces deux grandes sociétés ont été mentionnées parmi les gagnants possibles.
Mme Saint Pierre et moi avons déjà discuté de ce contrat, qui est devenu en quelque sorte un symbole des difficultés que connaissent les PME quand elles essaient de décrocher des contrats.
Lorsque vous êtes venue au comité avec M. Fortier, j’avais interrogé le ministre au sujet des règles de base destinées à assurer l’équité. Nous avions alors abordé la question des surveillants de l’équité. J’ai posé quelques questions très claires et très directes: Est-il obligatoire de faire appel à un surveillant de l’équité? Y a-t-il un seuil financier pour le faire? Le recours aux surveillants est-il discrétionnaire? Dans tous les cas, le ministre a répondu très clairement qu’il est possible, mais non obligatoire, de faire appel à un surveillant de l’équité et qu’il n’y avait pas un seuil financier qui déclenchait automatiquement un tel recours.
Vous étiez alors assise à côté du ministre. Je suppose que le ministre connaît ses dossiers et qu’il est appuyé par ses collaborateurs. Toutefois, après un examen approfondi de l’affaire, nous n’avons pas l’impression que ce soit le cas.
Nous avons interrogé M. Shahid Minto, qui était l’ancien agent de gestion des risques, au sujet des surveillants de l’équité. Il a dit que ces surveillants constituent un « sceau d’approbation », que « cela fonctionnait » et que « pour tous les grands projets, il faudrait qu’il y ait une très, très bonne raison pour ne pas en utiliser un ».
D’après ce que nous avons compris, le ministère fait appel à un surveillant de l’équité à partir de 250 millions de dollars. Diriez-vous que ces renseignements sont faux?
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Madame la présidente et monsieur Angus, merci de me donner l'occasion de parler de la politique du
fairness monitor.
[Traduction]
Je vais passer à l’anglais et j’essaierai d’être aussi claire que possible.
Le ministère des Travaux publics a adopté en 2005 un cadre relatif aux surveillants de l’équité. Depuis, nous avons eu recours à ces surveillants dans 23 cas. Les contrats en cause pouvaient être très importants ou relativement petits.
Le cadre établit très clairement qu’il n’est pas obligatoire de faire appel à un surveillant de l’équité. Cela étant dit, il est obligatoire d’envisager de le faire dans le cas des contrats dépassant 250 millions de dollars.
Nous devons, dans le cadre de cet examen, considérer certains critères, comme la nature des besoins, la complexité du processus de sélection, la nature de l’industrie, etc.
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Vous me dites donc que le ministère n’est pas obligé de recourir à un surveillant de l’équité dans le cas d’un contrat de 400 millions de dollars. Je voulais simplement que ce soit consigné au compte rendu parce que nous avons vu dans des documents officiels que le seuil auquel il fallait faire appel à un surveillant était de 250 millions de dollars. Vous venez de nous dire officiellement que ce n’est pas le cas.
Il ne me reste plus beaucoup de temps.
Monsieur Poole, un de mes collègues vous a posé tout à l’heure une question concernant M. Jirka Danek. Vous avez dit qu’il n’était pas actionnaire, ou plutôt qu’il n’était pas le plus grand actionnaire d’une société, même s’il travaille pour les Travaux publics.
Par ailleurs, dans une lettre à TPG datée du 29 mai 2006, vous avez dit que M. Danek détenait le contrôle d’une société publique nommée Avalon Works, qui a fourni des services aux Travaux publics pendant quelques années, qui est un important sous-traitant dans le contrat ETS détenu par TPG et qui tire un pourcentage assez considérable de son revenu de sa collaboration avec TPG.
Pourquoi venez-vous de nous dire que vous ne saviez pas qu’il est un important actionnaire d’une société qui soumissionne pour obtenir des contrats des Travaux publics?
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Vous dites que des recherches démontrent que vous êtes sur la bonne voie. Ces recherches et ces études se fondent sur des documents ou des bases qui ne sont pas liés nécessairement au gouvernement fédéral ou aux petites et moyennes entreprises qui sont venues ici ou qu'on connaît.
Je suis étonnée que vous ayez confiance en ces recherches. Le gouvernement fédéral est un créneau particulier qui est complètement différent de tout ce qu'on peut voir dans le reste de la société. Alors, je mets un gros point d'interrogation.
Monsieur Poole, si on vous demandait d'imposer un moratoire sur ce que vous êtes en train de faire actuellement... Le 19 octobre 2006, des entreprises de fabrication de meubles sont venues nous dire que ce que TPSGC était en train de faire n'était pas tout à fait bon pour elles. En novembre 2006, d'autres personnes se sont aussi plaintes. La semaine dernière, une autre personne est venue nous dire que ça allait mal. Encore aujourd'hui, des entreprises sont menacées de fermeture à cause de votre façon de procéder. Or, vous n'avez pas d'études, vous n'avez rien sur quoi vous appuyer pour nous prouver que la direction que vous prenez est juste, honnête, équitable et correcte.
Monsieur Poole, si on imposait un moratoire pour l'été sur le plan que vous avez adopté et qu'on vous demandait de revenir présenter au comité au mois de septembre ou octobre un plan d'action clair, précis et cohérent pour convaincre les parlementaires que vous êtes sur la bonne voie, auriez-vous le temps, en trois ou quatre mois, de le faire? Cela vous semble clair, mais ce n'est pas écrit.
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Je comprends l’intention. Je crois que la motion était prématurée. Elle a été rédigée en toute bonne foi avant que nous entendions les témoins. Cela étant, je voudrais proposer un compromis qui pourrait marcher. Il correspondrait à ce que M. Angus a dit.
Les témoins nous ont dit qu’un processus de consultation est en place et qu’ils ont prévu un échéancier. Les représentants de TPSGC ont précisé que les consultations auraient lieu en août et en septembre de cette année et que la demande de propositions ne serait pas lancée avant 2009.
Je propose donc que le comité, ayant entendu les témoignages d’aujourd’hui, invite les mêmes témoins et d’autres, selon la volonté du comité, à revenir pour que nous puissions confirmer deux choses: nous voulons, d’une part, avoir l’assurance que des consultations ont eu lieu, avec une participation active et, de l’autre, connaître l’orientation générale du processus de consultation.
Nous voulons être sûrs d’avoir une information adéquate et une représentation raisonnable des deux côtés. Je crois qu’il incombe au comité de faire revenir les témoins après que les consultations auront eu lieu pour s’assurer qu’elles ont été satisfaisantes.