:
Madame la présidente, messieurs et mesdames du comité, merci beaucoup. Mme Marleau vous a informé que M. Young ne peut pas, pour cause de maladie, être ici. Il s'en excuse.
[Traduction]
Cependant, vu votre intérêt et la raison même de la tenue de la réunion, M. Young a pensé que nous devrions procéder comme prévu, pour permettre d'entamer un dialogue avec le nouveau directeur parlementaire du budget.
[Français]
M. Young m'a demandé de faire quelques remarques d'ouverture très brèves. Ensuite, je donnerai la parole à mon collègue Kevin Page.
Nous vous remercions de cette occasion de témoigner devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Comme nous vous l'avions indiqué, Kevin Page, le tout premier titulaire du poste de directeur parlementaire du budget au Canada, est à mes côtés ce matin.
Comme vous le savez, le Parlement a donné un cadre législatif à ces nouvelles fonctions et il a créé le poste de DPB au sein de la Bibliothèque du Parlement. Le titulaire du poste respectera donc le mandat établi de la bibliothèque, qui est de fournir aux parlementaires de l'information et des connaissances qui fassent autorité et qui soient dignes de foi, impartiales et indépendantes.
[Traduction]
Pour la Bibliothèque du Parlement, et, à notre avis, pour vous aussi, en tant que parlementaires, il importait de créer le poste de directeur parlementaire pour donner au Parlement de nouveaux moyens d'obliger le gouvernement à rendre des comptes. À titre de comité chargé des opérations gouvernementales et des approvisionnements, nous croyons que vous pouvez contribuer fortement à faire du directeur parlementaire du budget un instrument efficace du Parlement, un instrument qui complémente les ressources déjà à la disposition des parlementaires sans pour autant les concurrencer dans le travail qu'elles font pour faciliter la compréhension de la situation financière du gouvernement.
Il est d'une importance primordiale que le directeur parlementaire du budget ajoute de la valeur à votre travail. Pour cette raison, nous savons que nous pourrions bénéficier énormément de vos idées et de vos observations lorsque nous commencerons à instaurer de nouveaux services par l'intermédiaire du DPB.
[Français]
De fait, nous aimerions proposer d'étudier la possibilité d'une démarche consultative comme élément essentiel du travail que fera la bibliothèque pour façonner ces nouvelles fonctions, de manière à assurer un service efficace aux parlementaires.
Un dialogue informel suivi avec des membres de votre comité nous aidera à régler les questions qui se poseront sans doute à mesure que la prestation de nos nouveaux services précisera l'interprétation des dispositions législatives et les ancrera dans le quotidien. De quoi les parlementaires ont-ils besoin au juste? Comment faut-il faire la part des demandes en compétition les unes avec les autres et établir des priorités? Qui donc serait mieux placé pour répondre à ces questions que les clients qui reçoivent nos services? J'ose espérer que vous en conviendrez.
[Traduction]
Kevin Page, l'homme qui a accepté de relever le défi d'être le premier directeur parlementaire du budget du Canada s'est joint à l'équipe de la Bibliothèque du Parlement juste après Pâques. Des exemplaires de son curriculum vitae sont disponibles, je crois, pour ceux d'entre vous qui n'en auraient pas encore pris connaissance.
Kevin appartient à un très petit groupe de personnes qui possèdent une expérience des volets pertinents de politique et prévision financières et d'analyses des dépenses au sein de chacun des trois organismes centraux chargés de questions économiques. Cette vaste perspective sera un atout considérable pour les parlementaires et certainement, au besoin, pour le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
[Français]
Vous verrez, Kevin est une jeune personne qui aime les gens, a un bon sens de l'humour et une réputation qui n'est plus à faire.
[Traduction]
On me dit que le téléphone de Kevin n'arrête pas de sonner, et à l'autre bout de la ligne attendent plusieurs professionnels talentueux et désireux de travailler avec lui. C'est là une excellente nouvelle pour le Parlement.
[Français]
C'est aussi une occasion incroyable pour nous d'accroître la capacité de recherche de la bibliothèque et la valeur des services que nous fournissons déjà aux parlementaires.
[Traduction]
Je vous remercie de nous avoir invité aujourd'hui.
[Français]
Je cède donc à l'instant la parole à mon collègue Kevin Page.
:
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je suis heureux d'avoir le privilège de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je profite de l'occasion pour remercier le bibliothécaire parlementaire, M. William Young, qui est malade aujourd'hui, de tous les efforts qu'il a déployés afin que le poste soit créé, pour que la Bibliothèque du Parlement soit mieux en mesure de servir le Parlement et, également M. Allan Darling, haut fonctionnaire maintenant à la retraite, qui a travaillé avec diligence en collaboration avec le bibliothécaire parlementaire pour que ce poste devienne réalité.
[Français]
Dans mes observations préliminaires, j'aimerais vous expliquer de quelle façon je conçois mon travail comme directeur parlementaire du budget. J'ai quatre messages à vous livrer. Ce sont les mêmes que j'ai livrés récemment au Comité mixte permanent de la Bibliothèque du Parlement, au Comité permanent des finances nationales du Sénat du Canada et au Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes.
[Traduction]
J'ai quatre messages à vous livrer aujourd'hui. Premièrement, c'est un honneur et un privilège que de servir le Parlement. Deuxièmement, cette occasion est importante et se présente au bon moment pour élaborer le rôle du directeur parlementaire du budget. Troisièmement, l'acte de construire est un long processus. Quatrièmement, nous franchissons aujourd'hui une étape importante qui marque le début du processus de consultation.
J'ai l'honneur d'être le premier à occuper le poste de directeur parlementaire du budget au Canada et d'être un fonctionnaire indépendant au sein de la Bibliothèque du Parlement, une institution qui, comme la présidente l'a fait remarquer, possède une longue histoire, qui jouit d'un grand prestige au Canada et qui a une tradition de fournir des analyses et de formuler des avis objectifs et non partisans au Parlement.
[Français]
Il est important que les parlementaires soient à l'aise avec moi et m'acceptent comme directeur parlementaire du budget. Pour qu'ils aient confiance en moi, je me dois de fournir des avis impartiaux et professionnels, pour que je sois un fonctionnaire efficace au service du Parlement.
[Traduction]
Comme l'a souligné M. Sabourin, j'ai passé plus de 25 ans au sein de la fonction publique fédérale. J'ai travaillé pendant une bonne partie de ces années pour des organismes centraux au sein desquels j'ai eu l'occasion de participer à la production d'analyses portant sur des questions économiques et financières et sur la gestion des dépenses.
C'est la première fois cependant que j'ai la chance d'agir comme fonctionnaire indépendant au sein de la Bibliothèque du Parlement. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur le fonctionnement du Parlement, mais j'ai hâte de travailler avec vous et pour vous en abordant mes nouvelles fonctions.
[Français]
Je crois que le moment est important et bien choisi pour créer le poste de directeur parlementaire du budget. L'importance de la fonction découle du pouvoir de dépenser du Parlement, une caractéristique fondamentale de la démocratie.
[Traduction]
L'idée de créer le poste de directeur parlementaire du budget a vu le jour parce que les parlementaires ont exprimé un certain nombre de préoccupations importantes au cours des 10 dernières années. Premièrement, ils se sont dits préoccupés par l'ampleur des erreurs sur le plan des prévisions budgétaires car elle nuit aux débats publics et parlementaires sur les choix possibles touchant la politique budgétaire. Deuxièmement, ils estiment qu'il faut en faire davantage pour accroître la responsabilisation et permettre au Parlement d'examiner plus en profondeur les dépenses gouvernementales et les plans de dépenses. Troisièmement, ils se sont dits préoccupés par le fait que les coûts des projets de loi d'initiative parlementaire devraient être évalués plus tôt dans le processus législatif afin qu'il en soit mieux tenu compte dans les prévisions budgétaires.
[Français]
Le mandat du directeur parlementaire de budget est annoncé dans la Loi fédérale sur la responsabilité et il fait maintenant partie de la Loi sur le Parlement du Canada. Il comprend trois volets.
[Traduction]
Premièrement, fournir au Sénat et à la Chambre des communes une analyse objective des tendances de l'économie nationale, de la situation financière du pays et du budget des dépenses du gouvernement. Deuxièmement, effectuer des recherches connexes à la demande d'un comité du Sénat ou de la Chambre des communes. Troisièmement, évaluer le coût des propositions présentées par un membre de l'une ou l'autre chambre ou par un comité.
Le mandat du directeur parlementaire du budget inclut une disposition importante qui lui donne le droit « de prendre connaissance, en temps opportun, de toutes les données financières ou économiques qui sont en la possession d'un ministère et qui sont nécessaires à l'exercice de son mandat ». Cette disposition va permettre d'accroître le budget consenti au directeur ainsi que la capacité d'analyse de son équipe.
[Français]
Je crois que la création du poste de directeur parlementaire du budget se fait à un moment opportun.
La situation économique et financière du Canada reste relativement bonne, selon de nombreux indicateurs macro-économiques. On peut faire valoir qu'il est préférable de créer ce poste lorsque l'économie est relativement forte plutôt que faible.
Nous avons au Parlement un gouvernement minoritaire. Des experts en science politique, comme le professeur Peter Russell, ont fait remarquer que cette situation favorise le débat sur les choix budgétaires ainsi que les négociations et les compromis dans les mesures législatives.
[Traduction]
Dans l'avenir, nous pouvons prévoir la tenue de nombreux débats importants et intéressants. Des débats ont d'ailleurs déjà été entamés, notamment sur l'incidence qu'une économie américaine plus faible aura sur l'économie canadienne et sur la situation financière du Canada, et également sur les pressions qui s'exercent sur le secteur manufacturier pour qu'il s'adapte en fonction de la force du dollar canadien et du prix élevé des produits canadiens qui entrent aux États-Unis. Il y aura des débats importants à plus long terme sur l'augmentation du niveau de vie au Canada, sur le fait que nous devons nous assurer que les revenus augmentent en conséquence, sur le fait que nous devons nous attaquer aux problèmes démographiques liés au vieillissement de la population, sur le fait que nous devons nous assurer que la croissance économique se fait dans le respect d'un environnement durable et sur le fait que nous devons mieux aligner les ressources financières sur les nouvelles priorités dans le cadre d'un équilibre budgétaire.
[Français]
De plus, comme nous le voyons depuis quelques années, les agences et ministères fédéraux lancent toujours des initiatives stimulantes bien inspirées qu'un examen plus poussé du Parlement peut permettre d'améliorer. En pareil cas, le directeur parlementaire du budget devrait se révéler fort utile en fournissant au Parlement des analyses financières faites conformément aux meilleures pratiques en la matière.
[Traduction]
Pour ce qui est du processus d'examen des prévisions budgétaires du gouvernement, en 2003, le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires a recommandé un certain nombre d'améliorations tant pour améliorer la qualité de l'information examinée que l'évaluation que font les parlementaires de cette dernière. Le rapport du comité exhortait également le gouvernement à adopter une approche de la gestion axée sur les résultats. Malgré ces recommandations, de nombreux progrès restent à faire afin de tirer le meilleur parti du processus d'examen des prévisions budgétaires pour aider le Comité et le Parlement, en général, à exercer leur rôle important de surveillance des dépenses ministérielles.
J'estime que le directeur parlementaire du budget permet au Parlement de renforcer sa capacité de demander des comptes au gouvernement en améliorant la connaissance qu'ont les parlementaires du rendement opérationnel et financier du gouvernement, et ce, grâce à des recherches, à des analyses et des conseils ciblés. Cette augmentation de la capacité de diligence raisonnable pourra faciliter la comparaison entre les plans du gouvernement et les meilleures pratiques extérieures en la matière, les objectifs déclarés du gouvernement, les politiques du Conseil du Trésor et les normes auxquelles s'attendent les contribuables.
Il faudra du temps pour créer les capacités nécessaires au soutien du mandat confié au directeur parlementaire du budget. Il faudra plusieurs mois pour créer et intégrer une nouvelle capacité d'analyse au sein de la Bibliothèque du Parlement. Étant donné que le budget 2008 a été déposé et que les comités permanents examinent actuellement le budget des dépenses 2008-2009, le prochain jalon clé dans un cycle budgétaire normal sera la mise à jour économique et financière pour 2008, l'automne prochain suivie des consultations prébudgétaires pour 2009.
[Français]
On peut prévoir qu'il y aura un certain nombre de chevauchements dans le développement du processus de construction. Premièrement, il y aura une étape de consultation des parlementaires par rapport aux priorités et aux résultats possibles, ainsi que des consultations menées auprès des ministères et organismes sur la façon dont ils vont mettre en commun l'information.
[Traduction]
Deuxièmement, il y aura une étape de constitution d'une équipe au cours de laquelle seront recrutés des gens au sein de la Bibliothèque du Parlement pour travailler au service des parlementaires. Troisièmement, il y aura une étape de mise en oeuvre au cours de laquelle des produits et services vont être fournis aux parlementaires.
Au sujet du recrutement de l'équipe, je suis heureux de confirmer que nous avons embauché récemment deux nouveaux adjoints au directeur parlementaire du budget: Sahir Khan, qui va nous donner un coup de main dans le domaine des dépenses et des recettes et qui a commencé à travailler avec nous le 28 avril, et Mostafa Askari, adjoint au directeur parlementaire du budget pour l'analyse économique et financière, qui a commencé à travailler avec nous le 5 mai — la taille de mon bureau a beaucoup augmenté avec ces deux embauches.
[Français]
Étant donné qu'il faut définir le rôle précis du directeur parlementaire du budget, certaines préoccupations ont été soulevées publiquement, notamment en ce qui a trait à l'impartialité des avis fournis et au budget qui sera consacré à cette fonction. Il faut aussi déterminer si le directeur parlementaire du budget fournira des prévisions indépendantes.
[Traduction]
À cet égard, je tiens à souligner que le directeur parlementaire du budget fera les choses suivantes. Premièrement, il poursuivra la tradition de la Bibliothèque du Parlement et fournira des avis indépendants et impartiaux. Deuxièmement, il utilisera toutes les ressources mises à sa disposition de la manière la plus efficace possible, en mettant à profit notamment les ressources actuellement consenties à la Bibliothèque et aux ministères et organismes fédéraux grâce à la fourniture d'information et en ayant recours à des intervenants de l'extérieur intéressés à se mettre au service des Canadiens. Troisièmement, il travaillera en collaboration avec les prévisionnistes du secteur privé pour s'assurer que les parlementaires comprennent et surveillent bien la conjoncture économique et financière, les risques y afférents et les incidences en matière de planification financière et de choix budgétaires.
[Français]
En guise de conclusion, je tiens à vous remercier de m'avoir donné cette occasion importante de commencer le dialogue sur la mise en place du rôle du directeur parlementaire du budget.
[Traduction]
Ce sera pour moi un honneur et un privilège que de vous appuyer dans les efforts que vous déployez pour faire en sorte que les mesures que le Parlement adopte en ce qui a trait aux recettes et aux dépenses soient saines sur le plan financier, répondent aux besoins des Canadiens en fonction des ressources disponibles et soient mises en oeuvre d'une manière efficace et efficiente.
J'ai hâte de connaître les points de vue des parlementaires quant à leurs attentes face à cette fonction et sur la meilleure façon pour nous de les appuyer dans leurs activités.
Merci beaucoup.
:
Merci, madame la présidente.
Merci aux témoins d'être venus ici aujourd'hui. Félicitations, monsieur Page, pour votre nouveau poste.
Il y a deux ou trois choses qui me préoccupent. La première, c'est que nous avons vu qu'il y a vraiment un écart entre ce qu'on nous présente réellement et ce qu'on dit qui est offert. Je suis un peu inquiet à cet égard des contraintes que subit votre bureau, alors que nous avons vu le gouvernement faire campagne sur le thème de la transparence et qu'il y a toutes sortes de choses que nous n'avons tout simplement jamais vues, que ce soit la nomination d'un commissaire aux nominations publiques, les nouvelles règles visant les lobbyistes, le fait que les temps d'accès à l'information ont diminué de façon spectaculaire, c'est-à-dire qu'ils sont environ cinq fois plus courts qu'auparavant, l'abolition de la base de données du SCDAI, et la liste se poursuit.
Dans cet exemple précis, selon la plate-forme électorale du Parti conservateur, il est impossible de faire en sorte qu'un gouvernement rende des comptes si le Parlement ne connaît pas les chiffres exacts concernant la situation des finances publiques. Ce qui, pour moi, pose problème là-dedans, c'est que votre bureau ne sera pas fonctionnel avant la mise à jour budgétaire de l'automne 2009. Il se sera alors écoulé pratiquement trois ans depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement. C'est l'équivalent de trois budgets fédéraux. C'est deux mises à jour budgétaires.
Non seulement il semble que le délai va être très long, mais ce qui me préoccupe réellement, c'est que vous allez faire partie de la Bibliothèque du Parlement. Celle-ci s'acquitte d'une fonction extrêmement importante en fournissant des conseils non partisans au Parlement, mais, dans ce cas-ci, plutôt que d'agir en quelque sorte comme un vérificateur ayant la capacité de contester ce qu'avance le gouvernement et de l'affronter lorsque vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'il dit, vous allez devoir compter sur le ministère des Finances pour vos analyses, tout en faisant partie de la Bibliothèque du Parlement.
Je me demande comment vous allez faire pour pouvoir contester ce qu'avance le gouvernement ou comment vous allez faire pour examiner cette information et être en mesure d'offrir un autre point de vue au Parlement si vous comptez sur le ministère des Finances pour vos analyses et si vous faites partie de la Bibliothèque du Parlement en même temps, bibliothèque dont le rôle a été dans le passé de fournir des renseignements objectifs, et non pas nécessairement de prendre position ou de défendre un point de vue donné, comme le ferait par exemple la vérificatrice générale.
:
Cela dit, je suis content que cette capacité existe maintenant, et il va y avoir beaucoup d'autres budgets et prévisions, ce qui fait que nous pourrons, je l'espère, vous aider à faire votre travail.
Quant à la deuxième partie de votre question, qui portait sur la mesure dans laquelle nous allons utiliser les analyses du ministère des Finances et sur le fait que nous disposions ou non des ressources adéquates pour jouer ce rôle de conseiller et que c'était une bonne chose ou non que nous fassions partie de la Bibliothèque du Parlement à cet égard, évidemment, il s'est écoulé peu de temps depuis la création de mon bureau, monsieur, mais je suis convaincu que nous allons pouvoir nous acquitter de cette fonction de contestation que vous attendez de nous.
Il est certain que nous allons examiner avec beaucoup de soin les analyses du ministère des Finances, mais nous n'allons pas nous fier sur celles-ci pour ce qui est de cette fonction de remise en question. Comme vous le savez, en fonction de la nature des éléments de prévision des analyses économiques et budgétaires, il y a beaucoup d'entreprises privées qui peuvent nous venir en aide et qui peuvent examiner la fourchette des prévisions effectuées — la partie inférieure et la partie supérieure — et qui peuvent également nous fournir une analyse approfondie des mesures prises par le ministère des Finances dans le cadre du budget.
Nous pourrions donc faire appel, pour jouer notre rôle de conseiller, à un vaste ensemble de ressources qui existent déjà dans la collectivité à l'heure actuelle. La Bibliothèque du Parlement offre elle-même une partie de ces ressources, qui comme madame la présidente l'a souligné, ont déjà rendu service aux comités.
Nous prévoyons également embaucher du personnel. Nous disposons d'un budget assez important; ce budget n'est pas nécessairement très gros si on le compare à celui du Congressional Budget Office, qui est un système très différent, mais c'est assurément un budget important dans le cadre d'un système britannique. Dans le cadre de ce budget permanent d'environ 2,7 millions de dollars par année, si nous embauchons de très bons analystes, nous pensons être tout à fait en mesure de constituer une bonne fonction de remise en question.
Nous avons déjà procédé à deux embauches prudentes, monsieur, pour les postes de directeur. Nous avons choisi M. Mostafa Askari pour le poste de directeur de l'analyse économique et budgétaire. Mostafa a fait un doctorat à l'Université Queen's. Il a enseigné à Queen's et à Trent. Il a travaillé au Conference Board, organisation du secteur privé, où il a examiné des prévisions portant sur le secteur privé. Dans les années 80, il a participé à l'élaboration des modèles du ministère des Finances. Il a également travaillé au Fonds monétaire international. Il a occupé récemment le poste de directeur de la recherche à Santé Canada, et il s'est occupé de toutes sortes de questions dans le cadre de ses fonctions. Il possède donc beaucoup de connaissances.
Nous avons également embauché Sahir Khan, qui va nous aider à comprendre les éléments des analyses des recettes et des dépenses. M. Khan a suivi une formation en comptabilité et en économie à l'Université Queen's et à l'Université Columbia. Il a passé près de 10 ans à travailler à New York, où les choses bougent beaucoup, alors il a tout à fait l'habitude de s'occuper de questions complexes. Je parle de questions que le comité a déjà examinées, par exemple celles de l'approvisionnement et des biens immobiliers. Il est tout à fait compétent en matière d'analyses financières.
Ainsi, si nous embauchons d'autres personnes qualifiées et les plaçons sous la responsabilité de ces messieurs, nous pourrions offrir pas mal de puissance. Je pense que ce serait utile. C'est notre objectif, monsieur.
:
Je suis entièrement d'accord avec vous. Pour moi, votre rôle consiste à gagner la confiance des Canadiens quant au fait que ce qu'on leur dit est exact. Je sais que c'est l'intention que le gouvernement avait lorsque nous avons proposé l'idée, et le rôle que nous envisageons pour vous n'était certainement pas d'essayer de voir ce qui se passe derrière le rideau et de vous lancer dans des enquêtes absurdes pour le compte de l'opposition.
Pour une bonne part, le budget fédéral est un document qui présente beaucoup d'engagements déjà pris. L'argent du gouvernement fédéral est en grande partie consacrée annuellement à des engagements déjà pris. Il s'agit de transferts aux provinces, de transferts sociaux, de demandes de péréquation et ainsi de suite. Je sais que mon collègue de Ajax--Pickering est content qu'il y ait maintenant des transferts fondés sur le nombre d'habitants dans la province de l'Ontario, que le gouvernement en place a proposé.
Cependant, l'an dernier, il y a eu trois prévisions budgétaires indépendantes, en plus de la prévision du gouvernement fédéral. Je pense que ce nous avons fait, c'est que nous avons créé une réelle ouverture, pour que les Canadiens comprennent comment ces prévisions sont faites, de façon à qu'il n'y ait pas de grosses surprises à la fin de l'année, de chiffres prévus qui deviennent soudainement des chiffres beaucoup plus importants. Nous avons fait en sorte de créer beaucoup plus d'ouverture.
Malheureusement, toutes les prévisions ont été erronées l'an dernier. Elles étaient toutes inférieures à la réalité. Peut-être pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de ça. Est-ce que cela témoigne de la prudence dont on fait preuve lorsqu'on établit ces chiffres, du fait que les analystes sont très prudents lorsqu'ils établissent les chiffres pour s'assurer qu'ils sont exacts? D'une façon ou d'une autre, les chiffres sont inférieurs à la réalité en ce qui concerne le surplus, mais on ne va pas aller dans l'autre sens et se tromper dans les prévisions au point de risquer de créer un déficit.
Est-ce que vous pensez que c'est pour cette raison que les trois entreprises privées qui ont effectué les prévisions et le gouvernement ont prévu un surplus inférieur au surplus que nous avons eu?
:
Merci beaucoup de poser cette question. Pour revenir en arrière, si vous me le permettez, sur la question de la prévision, comme vous l'avez fait remarquer, monsieur, on a apporté beaucoup de changements dans ce domaine, et le processus est beaucoup plus ouvert qu'auparavant. Je pense que c'est le résultat, en réalité, dans certains cas, des pressions effectuées par les parlementaires ainsi que du travail de différents ministres des Finances qui souhaitaient voir plus d'ouverture dans le processus.
Le ministère des Finances utilise maintenant une moyenne d'un certain nombre de prévisions effectuées par les entreprises du secteur privé pour ce qui est de l'économie, et il travaille, comme vous dites, monsieur, avec trois autres organisations qui effectuent des prévisions budgétaires pour faire ses propres prévisions dans le domaine. Le processus est donc passablement différent de ce qu'il était auparavant.
Même dans le cadre de ce processus, cependant, et même en ce qui concerne la dernière mise à jour budgétaire et économique du budget, on a pu constater qu'il y avait un écart passablement grand entre le haut et le bas de la fourchette de prévisions. Je pense que nous vivons une période d'incertitude budgétaire assez grande et qu'elle va se poursuivre.
Nous pensons que c'est vrai que la plupart des entreprises privées qui ont effectué des prévisions l'an dernier se sont trompées, surtout dans le domaine budgétaire. Si nous revenons sur ce qui s'est passé, cela s'explique probablement par différentes raisons. Je pense qu'ils se sont probablement trompés l'an dernier parce qu'ils n'ont pas pu apprécier correctement la force de l'économie canadienne, surtout du côté des recettes, ainsi que le lien entre la croissance des revenus et les perceptions fiscales. Du côté des recettes, les perceptions fiscales, tant du côté de l'impôt personnel que de celui des sociétés, ont été beaucoup plus importantes qu'on pouvait s'y attendre en fonction de la croissance du revenu observée dans l'économie. Je pense que c'est ce que presque tout le monde n'a pas su prévoir.
Les choses pourraient changer assez rapidement, cependant — par exemple, si l'économie changeait de façon significative, potentiellement, si l'on envisage les choses à plus long terme, en raison de la faiblesse de l'économie américaine. Ainsi, même si tout le monde a fait une erreur dans le même sens l'an dernier, il pourrait y avoir des erreurs dans différents sens à l'avenir, ou des erreurs qui s'équilibreraient davantage.
Pour ce qui est de la prudence dont on fait preuve lorsqu'on effectue les prévisions, il y a eu du changement. Je pense qu'il est clair que, au milieu des années 90, la vision du gouvernement était qu'il fallait faire preuve d'une grande prudence. Nous avons donc constitué des réserves d'urgence d'environ trois milliards de dollars par année pour les prévisions. Nous avons fait preuve de prudence à des degrés divers au fil du temps. Le gouvernement a délibérément choisi de pencher de ce côté. Sur le plan de la planification budgétaire, je pense que c'était faire preuve d'une grande prudence à l'époque.
Je pense aussi que le gouvernement actuel a décidé que, compte tenu des progrès que nous avons réalisés dans la réduction de la dette — en chiffres absolus, c'est une réduction de 100 milliards de dollars au cours des dix dernières années et une réduction de près de la moitié de la dette par rapport au PIB — à l'échelon fédéral, il s'agit d'une amélioration importante. Nous n'avions plus besoin de faire preuve d'autant de prudence. De façon relative, je pense que c'est probablement vrai; nous pouvions probablement être moins prudents sans problème. Cependant, nous voyons aujourd'hui beaucoup d'incertitude au sein de l'économie, surtout chez nos voisins du Sud, et nous sommes préoccupés par les répercussions que cette incertitude pourrait avoir. Mais, de façon générale, les prévisions sont moins prudentes qu'auparavant.
L'erreur n'était donc attribuable qu'à un élément surprenant dans le lien entre le revenu et les perceptions.
:
L'une des choses que nous avons apprises pendant le scandale des commandites, c'est que si l'on fait des dépenses malencontreuses et que les parlementaires n'ont pas de possibilité de vérification ou de contestation, il est possible qu'on fasse beaucoup de dommages avant que quiconque ne puisse demander des comptes au gouvernement. Ce qui finit souvent par se produire, c'est qu'on doit essayer de voir ce qui s'est passé après coup en présentant des demandes d'accès à l'information, et il faut vérifier comment l'argent a été dépensé.
C'est très frustrant pour les membres de l'opposition de voir que, pour certains postes du budget des dépenses, il est clair que le gouvernement possède un pouvoir discrétionnaire de dépenser des sommes importantes et qu'on ne peut demander de comptes à celui-ci pour sa façon de dépenser l'argent.
Dans les budgets 2005-2006 et 2007-2008, par exemple, sous le titre Patrimoine Canada, le fonds « Le Canada en fête! » a été gonflé à 900 p. 100; c'était une anomalie majeure de 30 millions de dollars, pendant une période au cours de laquelle le reste du financement de Patrimoine Canada avait été réduit de 31 millions de dollars, et essayer d'obtenir une réponse quant à savoir pourquoi nous achetions des gâteaux et des ballons partout au pays avec ces 30 millions de dollars, c'était comme s'engager dans un labyrinthe à Patrimoine Canada. On nous répondait que non, que c'était l'argent prévu pour le 400e anniversaire de la ville de Québec, même s'il y avait déjà un poste budgétaire pour le 400e anniversaire de Québec, ou encore que c'était pour ci, pour ça, ou pour autre chose. Mais il était clair que la somme figurait sous le titre « Le Canada en fête! »
Vous pouvez tirer des sonnettes d'alarme, vous pouvez vous adresser aux médias ou vous pouvez essayer d'avoir accès à l'information — quoique, dans ce cas, je vous souhaite bonne chance; de nos jours, tout accès à l'information est reporté dans le temps. Allez-vous jouer un rôle qui nous permettra de demander à la Bibliothèque du Parlement comment l'argent est habituellement dépensé dans le cadre de ce poste budgétaire, ou encore serez-vous un intervenant indépendant qui pourra nous dire si ce poste budgétaire discrétionnaire a été modifié de façon significative ou si c'est pratique courante que des postes budgétaires soient gonflés comme ça?
Si nous ne pouvons pas contester ce que fait le gouvernement — bien souvent, nous ne pouvons le faire qu'après qu'il a dépensé l'argent, et il faut dans ces cas-là vérifier comment il a été dépensé —, des problèmes majeurs peuvent survenir. Comment devons-nous nous y prendre pour travailler avec votre bureau et pour être en mesure de vérifier l'exactitude de ce qui est avancé lorsque le budget des dépenses est publié?
:
Monsieur, c'est une excellente question. Le bureau du directeur parlementaire du budget va essayer de vous offrir le genre de soutien dont vous avez besoin pour vous occuper de certaines de ces questions.
Il y a plusieurs choses que je veux dire en réponse à votre question. La première concerne les pratiques exemplaires concernant le budget des dépenses en général. Et la deuxième sur laquelle j'aimerais revenir, c'est la gestion financière et la possibilité que le gouvernement mette trop l'accent en ce moment sur l'aboutissement du processus, comme vous l'avez mentionné, plutôt que sur le début de celui-ci, ainsi que la façon dont le comité a travaillé sur cette question. Et la troisième chose, qui est en rapport avec la première, c'est vraiment juste l'idée de transparence dans le processus de reddition de comptes en général et le travail qu'a fait le comité dans le passé pour accroître la transparence, ainsi que le travail qu'il fait en ce moment sur la comptabilité d'exercice.
En ce qui concerne la première chose, c'est-à-dire les pratiques exemplaires concernant le budget des dépenses, je pense qu'il y a trois choses à dire. La première, c'est que le directeur parlementaire du budget doit jouer le rôle qui consiste à s'assurer que vous comprenez l'information qui est fournie. Cette information est assez complexe, et on a probablement déjà dit souvent aux membres du comité qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui puissent vous faire faire le tour du budget fédéral, qui relève de la comptabilité d'exercice, du budget des dépenses, qui est fondé sur les liquidités et qui est réparti dans ce qu'on appelle des activités de programme et des crédits qui sont de nature très horizontale, des comptes publics, qui relèvent aussi de la comptabilité d'exercice, mais qui semblent différents des chiffres du budget des dépenses. Nous allons donc vous aider à passer du point A au point B au point C en vous présentant mieux cette information.
Une autre pratique exemplaire, établie au sein de l'OCDE, c'est la possibilité pour des comités comme le vôtre, qui examinent les crédits, de se pencher sur les changements de grande ampleur. Dans certains cas, ces changements importants sont révélés par de gros chiffres, par exemple des gros chiffres au chapitre des transferts. Si le gouvernement décide de faire quelque chose, de prendre des mesures importantes en ce qui concerne l'équilibre budgétaire au pays, il sera question de gros chiffres. Mais il est également possible, comme vous l'avez dit, monsieur, qu'il y ait des augmentations de 900 p. 100 de petits postes de certains budgets, ce qui pourrait faire retentir certaines sonnettes d'alarme. Vous offrir la possibilité de constater ces changements importants touchant de petits postes budgétaires est assurément quelque chose que nous voudrions envisager, et c'est également une pratique exemplaire de l'OCDE.
Si vous me permettez de passer à l'une des choses que j'ai dites au sujet de la transparence de la reddition de comptes, le travail effectué par votre comité en 2003 a réellement poussé le gouvernement à rendre des comptes de façon plus transparente et transformé tout le système de planification. Jusqu'à ce moment-là, notre démarche de modification du budget des dépenses était celle d'une entreprise, et le comité a effectué des pressions importantes sur le gouvernement en 2003 lorsqu'il y a eu un mouvement important vers une démarche de présentation des activités prévues au budget des dépenses davantage axée sur les activités de programme, presque comme une liste d'épicerie. C'est ce qui fait que le système actuel est beaucoup plus transparent que ce que nous avions auparavant, et ça a été un gros changement.
Je pense cependant que le comité doit continuer d'exercer des pressions sur le gouvernement pour que celui-ci assure une plus grande transparence à cet égard, parce que, même si nous sommes dans la bonne voie, il nous reste encore des progrès à faire. Et cela va rejoindre certaines des choses que vous avez dites, monsieur, par rapport au fait d'examiner certains petits postes budgétaires et de mettre en lumière ces activités particulières pour qu'elles soient visibles et que vous sachiez que ces choses existent et engendrent des changements.
Certains titulaires du poste de contrôleur général se sont penchés sur la question. Nous avons consacré beaucoup d'argent aux rapports de la vérificatrice générale et nous avons prêté attention de façon soutenue à ces rapports, qui se situent très loin dans tout le processus de la gestion financière. La question se pose de savoir si nous devrions consacrer davantage de temps et d'énergie à l'autre partie du processus. Le comité s'est penché sur ce genre de questions. Lorsqu'on se penche sur des choses comme les contrats de cession-bail, on le fait presque en temps réel, au gouvernement. S'assurer d'avoir des pratiques exemplaires au début de ces processus aide beaucoup à prévenir les échecs avant qu'il devienne nécessaire que la vérificatrice générale intervienne et nettoie tout ça. Nous assurer que le comité ait de l'information sur les pratiques exemplaires concernant les nouvelles propositions au moment où elles sont formulées et au moment où vous les remettez en question est quelque chose que nous serions très intéressés à faire, parce que nous pensons que ce serait une bonne pratique.
:
Je ne pense pas que je vais fournir trop de commentaires précis sur le diagnostic de l'affaire des prêts hypothécaires à risque, surtout sur ce qui s'est passé aux États-Unis, et qui a eu des répercussions au Canada également. Je sais que d'autres organisations indépendantes ont comparu devant vous. Le gouverneur de la Banque du Canada, M. Carney, a parlé de cela devant le comité des finances et il a expliqué l'incidence sur le Canada.
Je pense que votre diagnostic est juste, monsieur. Surtout dans les périodes de forte expansion — nous avons vu ça lorsque des bulles se sont formées dans différents secteurs — , nous avons tendance à abaisser notre garde par rapport à notre façon de percevoir le risque, surtout en ce qui concerne les questions relatives à la transparence. Les choses étaient extrêmement complexes, surtout en ce qui concerne ce genre de transactions, et ça a tout simplement dérapé.
Il y a un lien — et je pense que c'est ce que vous dites — entre cela et la façon précise dont nous envisageons la gestion des dépenses du gouvernement. J'ai lu récemment une citation de Léonard de Vinci qui a dit, je crois, que la simplicité est le summum du raffinement.
Nous devons nous demander si nous trouvons que le budget des dépenses est trop complexe. Si vous n'arrivez pas à obtenir de réponse à une question comme celle dont vous avez parlé tout à l'heure, monsieur, c'est-à-dire la question concernant une augmentation d'environ 900 p. 100 d'un poste du budget des crédits votés, c'est quelque chose qui n'est pas si différent que ça de ce qui se passe du côté des prêts hypothécaires à risque.
Qu'est-ce qu'un directeur parlementaire du budget peut faire à cet égard? Je pense que, comme dans le cas du travail que le comité a fait en 2003 pour faire en sorte qu'il ait plus de transparence et plus de simplicité, il s'agit de travailler avec vous à des pratiques exemplaires pour le budget des dépenses. Il s'agit aussi d'effectuer une surveillance attentive, monsieur, dont vous avez parlé tout à l'heure lorsque vous avez posé une question sur les augmentations importantes qu'on voit dans le budget des dépenses de temps à autre, de façon que nous puissions signaler ce phénomène. Je pense que c'est là un rôle fondamental du directeur parlementaire du budget.
:
Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, j'aimerais féliciter M. Page de sa nomination. J'aimerais également remercier les gens de la Bibliothèque du Parlement de l'excellent travail qu'ils font pour nous parlementaires. Je pense que tout le monde est d'accord pour dire que nous ne pourrions certainement pas nous acquitter de nos fonctions de parlementaires si ce n'était d'eux, alors nous les remercions tous du travail qu'ils font au nom du Parlement du Canada.
Monsieur Page, j'ai écouté vos observations, et je pense qu'il y a encore quelques points que vous pourriez peut-être éclaircir pour nous. Vous pourriez peut-être m'aider à comprendre, tout d'abord, la différence entre la fonction de votre bureau et celle du Congressional Budget Office, parce que je pense que votre bureau est un peu inspiré de ce dernier. C'est très important.
L'autre chose, c'est que vous avez abondamment parlé de toute l'idée d'un avis indépendant. J'essaie encore de comprendre comment vous allez faire pour pouvoir donner un avis indépendant. C'est quelque chose de très important aux yeux du comité. Votre fonction pourrait être d'une très grande valeur pour nous tous, puisque le comité s'occupe du budget des dépenses. Cet avis indépendant est extrêmement important pour nous — à titre de parlementaires, bien entendu, mais encore davantage à titre de membres du comité.
Comment pouvez-vous donner un avis indépendant sur les prévisions s'il y a un doute à savoir si votre bureau est entièrement indépendant sur le plan des ressources financières? Je pense que la question des ressources est extrêmement importante.
Nous demandons également comment vous allez faire pour formuler cet avis. S'il ne s'agit que de reprendre un ensemble d'avis, alors cela pose un petit problème. Je pense que nous aimerions que vous nous donniez un avis plus sincère, une vraie évaluation de la situation.
Enfin, vous avez parlé de l'établissement de protocoles et de normes de service. Quand allez-vous discuter avec... Tout d'abord, quand allons-nous voir ces protocoles et normes de service mis en place? Quelle sera la nature de l'interaction que vous aurez avec les parlementaires, et quand commencera-t-elle?
Voilà les questions que je voulais poser. Je vous les pose toutes en même temps, et vous allez pouvoir prendre votre temps pour y répondre.
:
Merci beaucoup, monsieur Silva.
En ce qui concerne le lien entre le bureau du directeur parlementaire du budget et le Congressional Budget Office, je pense qu'il y a des choses que nous pouvons apprendre de la façon dont le Congressional Budget Office fonctionne, mais nous devons tenir compte du fait que celui-ci s'inscrit dans un régime très différent. J'aimerais également souligner — un certain travail a été fait, et je ne sais pas si on vous l'a communiqué — le fait que, avant mon arrivée, la Bibliothèque du Parlement a effectué une étude sur les bureaux du budget oeuvrant dans des milieux semblables en milieu parlementaire et dans le cadre de congrès dans le monde entier.
Ainsi, le Congressional Budget Office est l'un des premiers bureaux du genre à avoir été créés, au milieu des années 70, mais plusieurs autres pays ont créé ce genre de capacité pour appuyer la fonction de surveillance. Il s'agit d'un vaste éventail de pays, entre autres le Royaume-Uni, les Pays-Bas, les Philippines et la Corée. Mais le Congressional Budget Office a été le premier bureau du genre. Il est en activité depuis le milieu des années 70.
L'une des choses qui sont assez impressionnantes par rapport à ce bureau, c'est la qualité des conseils qu'il donne. Les responsables du bureau ont réussi à préserver l'image d'un bureau indépendant qui fournit des conseils d'une grande qualité depuis le début, pratiquement, mais, encore une fois, ce bureau s'inscrit dans le cadre du régime du congrès, qui est très différent du système britannique. Dans le premier, l'exécutif présente un budget, mais les deux chambres du congrès peuvent également présenter des budgets, et il y a ensuite des négociations. Ainsi, dans un régime du genre, il est très important d'être capable de pouvoir présenter un autre budget.
Mon bureau ne vous permettra pas de le faire, pas avec les ressources qui nous sont accordées, mais également pour la bonne et simple raison que nous nous inscrivons dans un système très différent. C'est le gouvernement, l'exécutif, qui présente le budget. Le directeur parlementaire du budget, dans le cadre de cette fonction, va contribuer à une remise en question appropriée des éléments définis dans le mandat, en ce qui concerne surtout les prévisions dont vous avez parlé, mais également les problèmes découlant plus tard du budget des dépenses.
J'ai été nommé pour cinq ans. D'ici cinq ans, si le bureau du directeur parlementaire du budget est assez bien établi pour pouvoir continuer de bien fonctionner pendant plusieurs années, je vais être très fier. Ce serait certainement une grande réalisation.
En ce qui concerne l'indépendance, la signification que nous donnons à ce terme et le lien entre cela et la façon dont nous allons effectuer nos prévisions économiques et budgétaires, en ce moment, je pense que vous pourriez probablement dire — en rapport avec une question posée plus tôt par un autre membre du comité — que nous avons peut-être les meilleures pratiques de l'OCDE à l'heure actuelle en ce qui concerne les prévisions, simplement en ce qui a trait à la transparence des prévisions.
La question qui se pose ensuite, c'est: quel est le rôle du directeur parlementaire du budget? Le problème n'est-il pas déjà réglé? Je pense qu'il faut en revenir à l'importance des prévisions. Les prévisions sont des outils de politique publique très importants, des outils de planification budgétaire très importants, et, malgré le fait que les prévisions budgétaires se font aujourd'hui dans une grande transparence, nous vivons dans un milieu où les risques sont très importants et surtout dans un milieu où il y a beaucoup de risques liés aux côtés négatifs des choses.
Je pense donc que le fait de fournir des conseils de façon indépendante par rapport à ces éléments qui selon nous comportent un risque, aux prévisions budgétaires effectuées et à leurs répercussions potentielles sur les choix et la planification budgétaire — ce serait là des conseils importants. Pour ce qui est des protocoles et du moment où ils seront en place, nous envisageons leur mise en place à l'automne, et nous aimerions les faire approuver par un certain nombre de députés et de sénateurs membres du parti au pouvoir et de l'opposition.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Page, monsieur Sabourin, de vous être joints à nous ce matin. Nous vous sommes reconnaissants de votre témoignage, et encore plus du travail que vous allez faire, ou que vous avez peut-être déjà commencé à faire.
Je dois mentionner le nom de l'un de mes prédécesseurs, M. Charlie Penson, et lui rendre honneur, lui qui a travaillé pendant près d'une décennie pour que votre poste devienne réalité. Vous avez peut-être pris connaissance du travail qu'il a fait. Il est certain que les gens de sa région sont reconnaissants au gouvernement d'avoir finalement fait ce qu'il demandait depuis près de dix ans. Bien sûr, il avait des idées quant au rôle que pourrait jouer le titulaire du poste, et je constate que, dans l'ensemble, vous êtes en train de faire ce qu'il avait en tête.
Je me demandais si vous pourriez juste nous donner un peu d'information par rapport à votre réponse ou à la manière dont vous pourriez nous aider lorsque les différents ministères et organismes, ou même les entreprises privées, nous communiquent des chiffres en ce qui a trait au budget des dépenses. Différents témoins nous présentent toutes sortes de chiffres, et j'ai parfois l'impression que les membres du comité aimeraient savoir d'où ils viennent et s'ils sont fondés. Nous entendons parler dans certains cas de sommes accumulées au chapitre du déficit et aussi du réaménagement des locaux du gouvernement qui doit être fait.
Allez-vous être en mesure d'examiner le budget des dépenses ou d'examiner ces chiffres et de nous dire s'ils sont fondés sur des estimations réellement faites par les entrepreneurs? Que pouvez-vous faire par rapport aux chiffres qu'on nous présente? Allez-vous pouvoir examiner ces chiffres et nous dire s'il y a une marge de manœuvre lorsqu'on nous communique ces chiffres?
Ce que vous avez dit est très intéressant. Il est certain que vous allez avoir un rôle à jouer, et je pense que c'est un rôle très important, à l'échelle macroscopique. Nous examinons les prévisions à long terme, et nous estimons de quelle prudence il faut faire preuve sur le plan financier pendant les bonnes périodes et pendant les périodes difficiles. Cependant, une bonne partie du travail des députés se fait à petite échelle. Ce travail concerne l'utilisation qui est faite des programmes, l'efficacité de ces programmes et le fait qu'on y participe ou non. L'une des choses qui m'ont vraiment frappé depuis que je suis entré en politique fédérale, c'est cette tendance uniforme que j'ai décelée chez les ministères qui consiste à ne pas dépenser l'argent qui leur est alloué.
Lorsque je travaillais au provincial, je participais aux activités de programmes pour les arts, et lorsque nous obtenions de l'argent, tout était dépensé jusqu'au dernier sou. Et si, pour une raison quelconque, un programme ne pouvait utiliser l'argent qui lui était alloué, il y avait toujours quelqu'un d'autre sur la liste à qui le donner.
L'an dernier, Affaires indiennes et du Nord Canada a remis 109 millions de dollars de son budget d'immobilisations. Ce sont 109 millions de dollars qui n'ont pas été dépensés pour les écoles de ma région, où il n'y a pas d'écoles. C'est de l'argent qui n'a pas été dépensé pour le logement. Il serait impossible de soutenir que le besoin n'existait pas.
J'ai trouvé un exemple d'ampleur beaucoup plus réduite en ce qui concerne le programme des musées. Des collectivités désespérées voulaient avoir un musée, et il y a un tout petit peu de financement pour ça un peu partout au Canada. Cependant, nous avons découvert que chaque année environ 25 p. 100 de l'argent qui est réservé à cette fin est tout simplement remis au Conseil du Trésor. Et c'est quelque chose qui n'est jamais vraiment rendu public. Je ne comprends tout simplement pas comment on procède à l'allocation des fonds.
Il existe évidemment un processus de planification qui tient compte de l'ampleur des besoins et du fait que la participation va être beaucoup plus importante. Pourtant, l'argent est tout simplement retourné année après année. C'est comme si c'était un jeu de gobelets très élaboré.
Pensez-vous que votre organisation aurait le rôle à petite échelle de dire « Écoutez, nous allouons des fonds et ne les dépensons pas, alors nous devons soit en informer la population soit réaffecter ces fonds. »
:
Il s'agit d'une importante décision liée au type de modèle d'activité avec laquelle nous sommes aux prises à l'heure actuelle. Comment établir les priorités? Comment travailler avec la Bibliothèque du Parlement? Comment travailler avec la vérificatrice générale, aussi, pour utiliser les ressources de façon optimale?
J'ai discuté à quelques reprises avec la vérificatrice générale, et je m'intéresse beaucoup à la manière dont elle établit de façon très publique ses plans de travail pour les cinq prochaines années. Déjà depuis que nous avons commencé ce tour de table, beaucoup de bonnes idées ont été exprimées qui pourraient devenir des priorités. Cependant, ces priorités exigeront qu'on utilise les ressources réservées au rôle du directeur parlementaire du budget.
Nous allons travailler avec les parlementaires au cours des prochains mois pour déterminer comment ce modèle d'activité pourrait fonctionner, les priorités dont nous entendons parler. Il s'agit aujourd'hui de la quatrième réunion de comité à laquelle je participe. Nous allons élaborer un plan de travail.
L'une des options consisterait à rendre ce plan de travail public, de façon que vous sachiez, par exemple, pour ce qui est du problème dont vous venez de parler, monsieur Angus, que peu de temps après la publication de l'état des comptes publics pour l'exercice suivant, nous allons rédiger un rapport sur les ressources inutilisées, qui sera un produit dont vous pourrez attendre la parution puisqu'il sera permanent. Si nous fournissons ce genre de produit, ce genre de transparence — encore une fois, il s'agit d'un modèle que la vérificatrice générale utilise —, cela va nous permettre de savoir à quoi nous consacrons nos ressources.
Je pense que nous avons un mandat qui a bien été défini. Nous sommes maintenant visés par une loi du Parlement. Nous travaillons dans le cadre de l'analyse économique et financière, du budget des dépenses et de l'établissement des coûts. Il s'agit bien entendu d'un programme très vaste.
Je pense que si nous pouvions travailler à une espèce de plan de travail public — c'est ce que nous faisons sur le plan analytique —, ça vous permettrait de vous faire une bonne idée des choses. Et ce plan de travail évoluera en fonction de vos priorités.