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Merci beaucoup. Je remercie le Comité de m'avoir donné cette occasion.
Je représente l'Association des infirmières et infirmiers du Canada et 139 000 infirmières et infirmiers autorisés. Je suis infirmière autorisée et infirmière-conseillère principale auprès de notre association.
Notre mémoire ainsi que mon exposé d'aujourd'hui viennent rejoindre les positions d'autres organisations nationales d'infirmiers, qui représentent collectivement plus de 400 000 infirmiers au Canada.
Comme vous le savez, le Canada est le seul pays développé doté d'un régime d'assurance-maladie universel qui exclut une couverture universelle des médicaments d'ordonnance.
Au stade où vous en êtes dans vos consultations, vous connaissez bien les problèmes qui ont donné lieu à l'appel à un programme national d'assurance-médicaments. Vous avez recueilli des estimations fiables quant aux besoins et aux coûts. L'Association des infirmières et infirmiers du Canada se fie aux mêmes données, experts et études examinées par des pairs pour étayer ses recommandations.
Nous avons aujourd'hui le plaisir de témoigner à titre de professionnels des soins infirmiers. De notre point de vue, nous qui oeuvrons dans le domaine des soins actifs, à long terme et communautaires, les inégalités en matière d'accès aux médicaments d'ordonnance sont évidentes.
Nous travaillons chaque jour auprès des patients, de leur famille et de leurs aidants. Chaque jour, ces gens doivent décider s'il faut remplir une ordonnance ou acheter d'autres articles de nécessité, comme de la nourriture. Nous voyons des Canadiens vulnérables souffrant de maladies chroniques, pris dans un engrenage qui ne leur permet pas de se procurer les médicaments dont ils ont besoin pour assurer leur santé et, par conséquent, se retrouvent dans des cliniques et aux urgences, où il faut leur administrer des soins urgents et complexes. Les problèmes qu'on vous a décrits sont bien réels.
Nous savons que les Canadiens paient plus cher leurs médicaments d'ordonnance que les citoyens d'autres pays comparables. Plus on avance, plus les Canadiens dépensent sur les médicaments d'ordonnance et en reçoivent moins. Les économies considérables réalisées pourraient servir à combler d'autres lacunes en matière de soins de santé, tels que la promotion de la santé, les soins à domicile ou les soins palliatifs, et la vaste majorité des Canadiens seraient en faveur d'un programme national de médicaments d'ordonnance. C'est ce que veulent les Canadiens.
Ce qu'il nous faut maintenant, c'est du leadership de la part de nos dirigeants politiques.
La mission de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada vise notamment la promotion d'un système public de soins de santé. Ainsi, nous croyons que chaque Canadien devrait avoir accès en temps opportun à des médicaments d'ordonnance sûrs, efficaces et à prix abordable, et qu'aucun citoyen n'en devrait être privé en raison de son incapacité de payer.
Aujourd'hui, je vous souligne cinq recommandations tirées de notre mémoire qui décrivent le rôle du gouvernement fédéral, bailleur de fonds et cinquième fournisseur le plus grand de services de soins de santé au Canada, en partenariat avec les provinces et territoires, pour mettre en oeuvre une stratégie équitable pancanadienne visant les médicaments d'ordonnance.
Premièrement, l'Association des infirmières et infirmiers du Canada recommande une couverture de médicaments d'ordonnance qui soit exhaustive, universelle, publique et abordable et qui tienne compte des besoins et non de la capacité de payer.
Moins de 50 % des Canadiens bénéficient d'un régime public d'assurance-médicaments qui couvre les médicaments d'ordonnance habituels, tandis que presque 100 % des citoyens bénéficient d'une telle couverture dans quasi tous les pays semblables. Comme vous l'avez entendu, jusqu'à un Canadien sur cinq a déclaré ne pas avoir pris ses médicaments tels que prescrits par souci du coût. On voit donc augmenter le risque de problèmes et de complications de santé, ce qui coûte plus cher globalement au régime de soins de santé.
Deuxièmement, le Canada a besoin d'information et de mécanismes pour appuyer des pratiques de prescription adéquates. Le gouvernement devrait encourager la mise en oeuvre de Choisir avec soin et réserver une partie des crédits attribués à l'Inforoute Santé du Canada pour cibler les ordonnances électroniques.
De plus, le gouvernement fédéral pourrait mettre à jour la Loi sur les aliments et drogues et son règlement afin de permettre aux infirmiers praticiens de distribuer des échantillons de médicaments, à l'instar des médecins, des pharmaciens, des dentistes et des vétérinaires.
Ainsi, un médicament qui est contre-indiqué pour un patient est une dépense inutile qui coûte cher et qui peut également entraîner des effets secondaires nécessitant d'autres médicaments. Au Canada, les personnes âgées à qui on prescrit de nombreux médicaments sont bien souvent celles qui présentent le risque plus élevé d'abus de médicaments. Compte tenu de notre population vieillissante, nos pratiques en matière de prescription doivent être alignées sur les stratégies pour le bien-être des personnes âgées du Canada afin de limiter l'utilisation de médicaments multiples et d'encourager le respect des lignes directrices en matière de pratiques exemplaires.
La mise à jour de la loi fédérale permettra aux infirmiers praticiens d'offrir aux patients des échantillons. C'est une mesure simple, sans frais, que pourrait prendre le gouvernement en vue d'améliorer l'accès et la sécurité. Je serais heureuse de vous en parler davantage plus tard.
Troisièmement, l'Association des infirmières et infirmiers du Canada recommande l'adoption de stratégies d'achat, comme l'achat collectif, afin de réduire le coût des médicaments. Le Canada a réalisé certains progrès dans ce domaine dans tous les territoires et provinces, y compris le Québec, et le gouvernement fédéral est membre de l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, l'APP.
Les provinces et territoires collaborent afin de réduire le prix des médicaments génériques d'usage courant à 18 % du prix des médicaments de marque, mais il reste d'autres mesures d'efficacité à prendre.
Quatrièmement, notre association recommande la création d'un seul formulaire pharmaceutique pancanadien afin d'éliminer les inégalités entre les provinces et les territoires au chapitre de la disponibilité et du coût des médicaments, et de réduire les frais administratifs liés au maintien de 13 différents formulaires. Notre régime actuel donne lieu à des variations considérables quant au nombre et au type de médicaments bénéficiant d'une couverture, et à la période qui s'écoule entre l'approbation réglementaire des nouveaux médicaments et leur ajout au formulaire pharmaceutique.
De plus, on retrouve de nombreuses différences dans les formulaires pharmaceutiques des régimes d'assurance maladie privés. Un formulaire pancanadien éliminerait les inégalités régionales en matière de prescriptions et de prix des médicaments et offrirait des consignes claires aux sociétés pharmaceutiques pendant le processus d'inscription au formulaire, afin qu'elles puissent déterminer les recettes auxquelles elles pourront s'attendre.
Cinquièmement, notre association recommande aux gouvernements d'adopter un régime obligatoire de substitution par des médicaments génériques, en permettant toutefois aux patients d'acheter le médicament plus cher et de payer la différence et aux professionnels d'interdire la substitution sur l'ordonnance pour des raisons médicales.
Plusieurs pays, dont la Norvège et la Suède, ont comme pratique la substitution obligatoire par des médicaments génériques. Les médecins et les infirmiers praticiens sont obligés de prescrire l'équivalent le moins cher à moins qu'il n'existe des raisons médicales impérieuses de prescrire le médicament plus cher. Les pharmacies sont aussi tenues d'informer les patients s'il existe un médicament générique meilleur marché. Si les patients ne veulent pas de la version générique, ils sont obligés de payer la différence. Lorsqu'il faut éviter les médicaments génériques pour des raisons médicales, les médecins et infirmiers praticiens peuvent interdire la substitution sur l'ordonnance.
Notre mémoire contient également des recommandations portant sur un approvisionnement stable en médicaments cliniquement sûrs et économiques et une stratégie concernant les médicaments contre les maladies rares, dont ont parlé d'autres témoins.
L'Association des infirmières et infirmiers du Canada vous transmet ces recommandations aujourd'hui afin de vous aider dans le cadre de l'élaboration d'une stratégie pharmaceutique exhaustive, universelle, publique, abordable et pancanadienne. En adoptant ces recommandations, le Comité permanent sera en mesure de contribuer à l'amélioration de la santé et des soins et à une meilleure rentabilisation, et ce, pour le compte de tous les Canadiens.
Merci.
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Merci à vous, monsieur le président, et merci au Comité de nous avoir invités aujourd'hui.
Je m'appelle Perry Eisenschmid. Je suis chef de la direction de l'Association des pharmaciens du Canada. Je suis accompagné par mon collègue, Phil Emberley, notre directeur des Affaires professionnelles, qui est également pharmacien ici à Ottawa.
Nous sommes venus aujourd'hui au nom des 40 000 pharmaciens du Canada. Les pharmaciens voient tous les jours les conséquences pour les patients qui n'ont pas les moyens de se procurer leurs médicaments. Ces pharmaciens ne font pas seulement qu'offrir des conseils aux patients pour les aider à suivre leur traitement médicamenteux, ils sont également ceux qui doivent transmettre la nouvelle dévastatrice aux patients qu'ils n'ont aucune couverture.
Bref, les pharmaciens sont les professionnels de la santé qui sont les plus concernés par votre étude. Nous, qui côtoyons des patients confrontés tous les jours à une couverture insuffisante pour leurs médicaments d'ordonnance, nous qui en constatons l'impact négatif, voulons participer au dialogue sur un régime national d'assurance-médicaments.
Notre premier souci, c'est de nous assurer que les patients ont accès aux médicaments dont ils ont besoin et qui leur conviennent. Nous devons avant tout accorder la priorité aux bénéfices pour la santé et aux besoins des patients. Le fait d'investir en amont dans les médicaments et services nécessaires est non seulement salutaire pour les patients, mais assure également la viabilité de notre régime de soins de santé.
Du point de vue de notre association, le statu quo n'est point acceptable. Soyons clairs: notre association est tout à fait pour un régime d'assurance-médicaments pancanadien dans lequel le gouvernement fédéral joue un rôle pour s'assurer que tous les Canadiens ont accès aux médicaments dont ils ont besoin, quels que soient leurs revenus.
Notre association croit que tout régime d'assurance-médicaments pancanadien doit avoir quatre grandes priorités: premièrement, s'assurer que tous les Canadiens peuvent se procurer les médicaments dont ils ont besoin; deuxièmement, mettre les Canadiens à l'abri de difficultés financières indues; troisièmement, garantir aux patients l'accès à un approvisionnement stable en médicaments cliniquement prouvés et bon marché; quatrièmement, offrir l'accès à la pleine gamme de services pharmacologiques.
Nous sommes ici pour transmettre deux messages au Comité. Le premier, c'est que le Comité devrait examiner les solutions progressives et à long terme. Le deuxième, c'est l'importance des soins qui font partie de l'assurance-médicaments.
Votre comité a recueilli les témoignages de personnes qui ont des avis différents quant à la façon d'aider les Canadiens qui ne bénéficient pas d'une couverture ou dont l'assurance est insuffisante. Nous sommes tous d'accord que le Canada pourrait offrir un meilleur accès aux médicaments d'ordonnance. Il reste à savoir, cependant, comment on doit procéder.
De façon générale, la discussion a reposé sur la présomption voulant qu'il y a deux seules façons d'aborder le problème: créer un nouveau régime national d'assurance-médicaments, ou faire fond sur le système actuel afin de le rendre plus équitable et efficace. Nous ne sommes pas d'accord. L'un n'exclut pas forcément l'autre.
Nous savons que les Canadiens ne veulent pas que leurs amis, leur famille ou leurs voisins aient à choisir entre payer le loyer et s'acheter des médicaments. Nous sommes également d'accord qu'il faudra du temps pour concevoir et mettre en oeuvre un nouveau régime national d'assurance-médicaments qui remplacerait tous les régimes publics et privés. En attendant, de nombreux Canadiens continueraient à être privés des médicaments dont ils ont besoin.
C'est la raison pour laquelle nous recommandons à la fois des mesures immédiates pour améliorer l'accès des Canadiens aux médicaments, ainsi que des mesures s'inscrivant dans une approche à plus long terme. Notre recherche fournit au Comité diverses possibilités pratiques et abordables afin d'améliorer le régime actuel, ce qui permettrait d'aider immédiatement les Canadiens qui passent actuellement entre les mailles du filet.
À long terme, il sera important de reconnaître que tous les modèles présentent des forces et des faiblesses. Quelle que soit l'approche retenue par le Canada, nous devrions être conscients des risques possibles. C'est d'autant plus important lorsqu'il est question d'accès et des meilleurs résultats possible pour la santé, et nous devrions trouver des façons d'atténuer les risques. Au final, nous devons nous assurer que les pharmaciens puissent donner aux patients le meilleur traitement médicamenteux pour leur santé.
Voilà ce qui m'amène notre deuxième recommandation, qui est l'aspect soin de l'assurance-médicaments. Il est certes essentiel de gérer les coûts, mais ce n'est qu'un élément. Un régime d'assurance-médicaments efficace doit non seulement combler les lacunes de la couverture accordée aux patients, mais également régler les problèmes d'accès aux services qui permettent d'offrir une pharmacothérapie sûre et efficace aux patients. En tant qu'experts dans le domaine pharmacologique, les pharmaciens savent que le fonctionnement de tout régime futur repose sur des considérations importantes, que le régime soit public ou privé, afin que les Canadiens tirent les meilleurs avantages possible de leurs médicaments d'ordonnance sur le plan de la santé.
Quel que soit votre point de vue, il demeure que les médicaments ne représentent que 15,7 % des dépenses totales dans le domaine de la santé au Canada. Un traitement médicamenteux indiqué, suivi à la lettre, est une intervention à forte valeur, à coût faible et bénéfique sur le plan de la santé, surtout si on le compare à d'autres interventions qui coûtent cher, comme la chirurgie et les visites aux urgences.
Les médicaments d'ordonnance sont un outil puissant et perfectionné. Ils permettent de sauver des vies lorsqu'ils sont utilisés à bon escient, mais leur abus peut mener à des problèmes de santé et même à la mort. Tout régime d'assurance-médicaments a comme élément clé la gestion et le plafonnement des frais associés aux médicaments, mais l'heure est venue de voir plus grand. Ne serait-il pas mieux d'investir afin de s'assurer dans un premier temps que tous les Canadiens ont les médicaments indiqués, et ensuite que nos citoyens peuvent bénéficier facilement d'une surveillance et d'une gestion efficaces de leurs médicaments?
Un plan à long terme pour l'assurance-médicaments doit mettre l'accent sur la santé des Canadiens pendant toute leur vie, et non seulement lorsqu'ils sont à la pharmacie pour acheter leurs médicaments. Une approche holistique, qui reconnaît la valeur d'une pharmacothérapie indiquée, peut nous aider à réaliser des économies dans l'ensemble du régime de soins de santé, tout en offrant des soins axés sur le patient qui soient viables. Il faut s'assurer que les Canadiens puissent se procurer les médicaments qui améliorent leur santé, ce qui veut dire que les Canadiens pourront bénéficier des conseils et de la surveillance des experts incontestés dans le domaine des médicaments. Les 40 000 pharmaciens qui travaillent dans les collectivités et les hôpitaux du pays se consacrent pendant de nombreuses années, à l'université et au travail, à l'étude exclusive de la façon dont les médicaments agissent et des conditions dans lesquelles ils n'ont et n'ont pas l'effet souhaité.
Au cours des dernières années, la portée de la pratique des pharmaciens a énormément grandi, ce qui est avantageux à la fois pour les patients et les assureurs. Les services pharmacologiques accrus vont au-delà de la distribution de médicaments d'ordonnance et reposent sur l'accessibilité et l'expertise des pharmaciens pour ce qui est d'offrir une surveillance bien nécessaire dans notre système de soins pharmaceutiques.
Prenons, par exemple, les services d'examen des médicaments offerts par les pharmaciens. Ces services aident à assurer la consommation correcte et le respect de l'ordonnance, deux grands facteurs pour ce qui est de l'obtention des meilleurs résultats en matière de santé et des frais associés au régime d'assurance-médicaments. Dans certains cas, il est question de réduire la consommation de médicaments, et dans d'autres, d'augmenter le nombre de médicaments.
En voici un exemple pratique. La plupart des personnes âgées de plus de 65 ans prennent au moins cinq médicaments. Pour ce qui est de la tranche d'âge des plus de 85 ans, c'est 10 médicaments ou plus à la fois. C'est un défi auquel s'attaque la profession. Nous avons connu le cas d'une dame de 77 ans, vivant à Ottawa, qui prenait pas moins de 32 médicaments différents. Avec l'aide d'un pharmacien, on a pu réduire le nombre de médicaments à 17 en toute sécurité. Grâce aux examens de médicaments, les pharmaciens peuvent travailler avec les patients et les professionnels de la santé afin de trouver les pharmacothérapies optimales pour que les Canadiens prennent les médicaments dont ils ont besoin.
Malheureusement, ces services ne sont pas offerts à tous les Canadiens. Le grand défi, c'est que les services des pharmaciens sont offerts différemment dans le pays, et certains services sont plus complets que d'autres. Un régime d'assurance-médicaments qui reconnaît le rôle des services offerts par les pharmaciens, tels que les examens des médicaments, répondrait à bon nombre des préoccupations qu'a entendues votre comité quant au besoin d'aller au-delà du simple fait de payer pour les médicaments. Il y aurait alors l'aspect soins de l'assurance-médicaments.
Il ne s'agit pas uniquement des examens des médicaments; d'autres avantages découleraient de la diversification des services pharmacologiques. Une étude menée en Ontario a permis de trouver que les soins offerts par un pharmacien peuvent réduire de façon considérable la tension artérielle, atténuant ainsi le risque d'AVC d'environ 30 %. De plus, il faut songer à la façon dont les pharmaciens aident les gens à arrêter de fumer. Les données récentes du programme antitabagisme des pharmaciens en Ontario montrent que 29 % des participants au programme ne fumaient toujours pas au bout d'un an. Il y a également le vaccin contre la grippe, surtout dans le cas des personnes qui sont à risque de souffrir de séquelles: un sondage récent a conclu que 28 % des Canadiens dans ce groupe n'auraient pas été immunisés s'il n'y avait pas eu l'offre pratique de vaccins dans une pharmacie.
Pour terminer, nous aimerions dire au Comité que l'objectif de tout modèle d'assurance-médicaments pancanadien, que ce soit à court ou à long terme, ne devrait pas uniquement viser la réduction des frais, mais également la prestation de soins optimaux. On devrait adopter comme principe la valorisation de chaque dollar dépensé au titre du régime de soins de santé, et non seulement sur les médicaments. Nous devons reconnaître que les dépenses sur les médicaments sont un investissement dans la santé des Canadiens et que la course après des économies à court terme peut parfois mener à des coûts à plus long terme, à la fois pour ce qui est des dépenses dans le domaine de la santé et de la qualité de vie.
Nous savons que le Comité est saisi d'une tâche complexe. Il n'y a pas de réponses ou de solutions simples. Néanmoins, nous encourageons le Comité à se pencher sur les approches à court et à long terme. Nous encourageons également le Comité à s'assurer que les soins font partie de tout régime d'assurance-médicaments. Les services des pharmaciens sont une composante essentielle d'un régime pancanadien.
Merci beaucoup. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous aujourd'hui.
Je suis d'abord et avant tout une chercheuse. J'ai aussi écrit quatre livres et de très nombreux articles axés principalement sur les enjeux liés à la main-d'oeuvre. Pendant 10 ans, j'ai travaillé pour le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, qui s'est uni depuis au syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile pour former Unifor.
Mon travail consistait, entre autres, à mener des recherches sur la négociation des avantages des employés, notamment les régimes d'assurance-médicaments. Je suis à la retraite depuis quatre ans. Je suis membre de l'Association des syndicalistes à la retraite du Canada, que je représente auprès de la Coalition canadienne de la santé.
La Coalition canadienne de la santé (CCS) est un organisme voué au maintien et à l'amélioration du régime national de soins de santé publique. J'ai rédigé récemment le document d'orientation de la CCS intitulé Un régime public universel d'assurance-médicaments pour tous, que vous recevrez bientôt si ce n'est déjà fait.
Aujourd'hui, je vais parler de la portion de la population qui est couverte par des régimes privés offerts par les employeurs et je voudrais contester l'utilisation de cette expression à certains égards.
Nous savons tous, je pense, que la majorité de la population profite d'un régime offert par l'employeur. Dans mon rapport, je parle de 66 % de la population, donnée tirée d'un document produit par l'Alliance pancanadienne pharmaceutique. J'ai trouvé d'autres statistiques, mais tous s'entendent pour dire que la majorité de la population est couverte par un régime privé.
Je tiens à soulever trois points. Premièrement, il convient de se demander qui paie pour ces régimes. Deuxièmement, ces régimes sont très coûteux. Troisièmement, les soins offerts sont de piètre qualité.
Premièrement, qui paie la note? On parle souvent des régimes d'assurance-médicaments offerts par les employeurs comme si leur coût était défrayé par ces derniers, parce que ce sont eux qui versent les primes aux compagnies d'assurances. Cependant, ils sont loin d'être les seuls à payer, parce que les employés le font aussi, à la fois directement et indirectement.
Prenons l'exemple des infirmières en Alberta, connu de plusieurs personnes ici présentes. Ces infirmières assument directement 25 % du coût de leur régime d'assurance-maladie au moyen d'une retenue salariale. À Terre-Neuve, les infirmières assument directement 50 % du coût des primes. Même les retraités de la fonction publique fédérale sont en train de voir leur contribution au régime d'assurance-maladie, qui comprend les médicaments, passer de 25 % à 50 % du coût des primes sur une période de quatre ans. Pour d'autres, la contribution est moins directe et se traduit par un salaire plus bas ou une réduction des autres avantages sociaux. Quand les syndicats négocient les avantages sociaux et les salaires, des concessions sont souvent accordées.
Soyons clairs: les employés paient pour leur régime d'assurance-médicaments.
Deuxièmement, les régimes offerts par les employeurs coûtent très cher. Pour commencer, il est impossible de négocier le prix des médicaments. Comme il existe des milliers de régimes, aucun n'a le poids nécessaire pour négocier à la baisse le prix des médicaments auprès des sociétés pharmaceutiques. Par ailleurs, les employeurs n'étant pas en mesure de déterminer l'efficacité relative d'un médicament par rapport à son prix, les régimes couvrent généralement tous les médicaments, indépendamment de leur efficacité ou de leur prix. Cela est coûteux.
On gaspille aussi de l'argent à gérer des milliers de régimes différents. Chacun d'entre eux a ses limites, ses exigences et ses règles de couverture. Il faut vérifier chaque prescription par rapport au régime qui couvre une personne donnée. Les compagnies d'assurances doivent aussi analyser les coûts, fixer les primes, négocier tous les ans ou tous les deux ans l'augmentation des primes avec les employeurs, et chercher de nouveaux clients. De plus, les compagnies d'assurances sont en affaires pour réaliser un profit raisonnable, ce qui n'est pas le cas des régimes publics d'assurance-médicaments. Tout ceci entraîne des coûts supplémentaires.
Au Québec, la RAMQ a comparé les coûts d'administration de son régime public d'assurance-médicaments à celui des régimes privés d'assurance-maladie. Il s'est avéré que les coûts d'administration du régime public d'assurance-médicaments du Québec sont de 2,9 %, soit cinq fois moins que ceux des régimes privés, qui s'élèvent à 14,6 %. D'autres études laissent entendre que l'écart est beaucoup plus significatif. Au chapitre des coûts, les régimes publics d'assurance-médicaments sont plus économiques que les régimes privés.
Je voudrais maintenant parler de la qualité des soins offerts par ces régimes coûteux.
Il est discutable d'affirmer que la majorité de la population est couverte par un régime offert par l'employeur. Il convient de se questionner sur le type de protection offerte, surtout compte tenu du coût élevé qui y est associé. Les problèmes qui se posent concernent notamment la couverture inéquitable et aléatoire offerte par les régimes, l'absence de protection véritablement complète dans la plupart des cas, la détérioration des régimes en raison de la hausse des coûts et le fait que la couverture ne soit pas sûre. Je vais aborder brièvement chacun de ces points.
Quels travailleurs bénéficient d'une couverture offerte par leur employeur? Les employés du secteur public sont plus susceptibles d'être couverts que ceux du secteur privé; les employés à temps plein, plus que ceux à temps partiel; les employés syndiqués, davantage que ceux qui ne le sont pas; les travailleurs âgés, plus que les jeunes. Remarquez bien que rien de tout cela n'est lié aux besoins médicaux. Tout dépend de l'endroit où vous travaillez et de la nature de votre régime d'assurance-médicaments. Il est aléatoire et injuste de fournir des soins de santé à la population de cette façon.
La protection offerte par la plupart des régimes est loin d'être complète. Une étude réalisée en Ontario par Mercer, pour le compte de la Chambre de commerce de l'Ontario, a révélé que seulement 38 % des employeurs offrent un régime d'assurance-médicaments qui couvre 100 % du coût des médicaments. Le reste des employeurs, c'est-à-dire 62 % d'entre eux, ne défraient qu'un pourcentage du coût, par exemple 80 %, 70 % ou 60 %. Autrement dit, à la pharmacie, les employés doivent débourser entre 10 % et 40 % du coût du médicament. Il est important de souligner que cela n'a rien à voir avec leur capacité de payer. Je dirais même que les employés qui ont été en mesure de négocier les meilleurs régimes d'assurance-médicaments et la meilleure couverture sont souvent ceux qui ont un meilleur emploi et un meilleur salaire.
Les pressions exercées sur ces régimes sont proportionnelles à la hausse des coûts. Par conséquent, les employés paient davantage et leur couverture diminue. Les régimes d'avantages sociaux flexibles sont apparus quand je travaillais au Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP). Selon moi, ces régimes ne devraient tout simplement pas être permis. Ils permettent aux travailleurs de choisir un niveau de couverture des médicaments et de payer la prime correspondant à ce niveau. Plus la couverture est élevée, plus la prime coûte cher, et inversement. Vous voyez le genre de dilemme que cela pose. En gros, vous évaluez quels seront vos besoins en matière de médicaments pour les deux ou trois prochaines années, parce que c'est la période habituellement visée par ce genre de régimes. La couverture des médicaments ne devrait pas être fondée sur une approximation de la santé future de votre famille.
J'ai conseillé aux syndicats d'éviter les régimes d'avantages sociaux flexibles, mais ceux-ci ont fait leur place quand même, sous la pression exercée par la hausse du coût des primes, transmise par les employeurs, et par les employés.
Je tiens à parler de la sécurité des régimes offerts par les employeurs pour ceux qui en bénéficient. L'expression « offerts par les employeurs » est très révélatrice. Si vous changez d'emploi ou que vous êtes mis à pied, vous perdez votre régime d'assurance-médicaments. Pendant les 10 années où j'ai travaillé au SCEP, 30 000 travailleurs de l'industrie du papier ont été mis à pied. Le ralentissement sensible des activités de nombreuses papetières, ou leur fermeture, a été attribuable à une baisse de la demande de papier journal et à l'appréciation du dollar canadien. Ces 30 000 travailleurs et leur famille — conjoints et enfants — ont tous perdu leur régime d'assurance-médicaments.
Il ne faut pas oublier que le régime est sujet à des changements chaque fois qu'il est négocié, soit aux deux ou trois ans. Quant aux travailleurs non syndiqués, leur régime peut être modifié en tout temps.
J'ai quelques remarques à formuler pour terminer.
D'après mon expérience, les employeurs ne veulent plus négocier des régimes d'assurance-médicaments pour les employés. Comme moi, ils se demandent pourquoi des employeurs dont l'entreprise fabrique du papier ou des automobiles, ou qui gèrent des services publics municipaux et provinciaux, doivent prendre des décisions qui concernent les médicaments sur ordonnance.
Pourquoi nous trouvons-nous dans cette situation aberrante où des employeurs, et parfois des syndicats, prennent des décisions en matière de santé qui concernent les médicaments sur ordonnance? Ne serait-il pas préférable de confier ces décisions à des professionnels de la santé et à des chercheurs du domaine médical?
Dans sa présentation, Marie-Claude Prémont vous a expliqué très clairement l'erreur qui a été commise par le Québec lorsqu'il a institutionnalisé les régimes offerts par les employeurs et obligé les travailleurs à y participer. La montée en flèche des coûts associés à cette décision devrait certainement nous faire réfléchir sur la réussite des régimes publics universels d'autres pays à maîtriser les coûts par opposition à la précarité du régime québécois.
En résumé, les régimes offerts par les employeurs sont un échec. Ils sont coûteux, inéquitables, inadéquats et incertains. Le problème actuel leur est attribuable en grande partie et ils ne font pas partie de la solution.
Merci.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Je m'appelle Connie Côté et je suis la directrice générale de la Coalition canadienne des organismes de bienfaisance en santé. Comme l'a mentionné M. Webber, je suis accompagnée de Debra Lynkowski, qui est membre de notre conseil d'administration, ainsi que présidente-directrice générale de l'Association pulmonaire du Canada, l'un des 30 organismes qui forment la coalition.
[Français]
D'abord et avant tout, j'aimerais exprimer ma gratitude envers le Parlement pour avoir entamé la discussion sur la question de l'assurance-médicaments et pour avoir pris des mesures en vue d'amorcer la collaboration avec les provinces et les territoires afin d'en arriver à des solutions à ce sujet.
[Traduction]
La Coalition canadienne des organismes de bienfaisance en santé est un organisme géré pour le compte des 30 organismes de bienfaisance en santé et groupes de patients qui en sont membres. Ceux-ci représentent la majorité des Canadiens qui sont aux prises avec des problèmes de santé. Chaque année, nous rejoignons des millions de personnes. Nous travaillons ensemble à l'amélioration de la santé en relevant les lacunes, en observant les tendances, en faisant la promotion de pratiques exemplaires et en améliorant ces dernières, ainsi qu'en finançant des travaux de recherche en santé. Nous croyons en l'importance des partenariats avec les patients et nous donnons à ces derniers des occasions concrètes de participer à la planification, à la prise de décisions et à l'examen de processus, comme le processus d'examen de l'ACMTS. Qui plus est, nous sommes une source d'information fiable. Les Canadiens comptent sur nos membres pour leur fournir des renseignements fondés sur des données probantes et faciles à comprendre à propos de diverses maladies.
Les points de vue dont nous vous faisons part aujourd'hui viennent des patients et des familles avec lesquels nous travaillons quotidiennement. Nous sommes ici pour vous dire que l'accès aux médicaments est un enjeu très important pour les Canadiens.
Imaginez les scénarios suivants. Un patient atteint d'une maladie pulmonaire obstructive chronique visite un médecin à maintes reprises. En raison d'exacerbations sévères, le patient revient constamment à la clinique, et il se rend parfois à l'urgence. Le médecin craint que le traitement prescrit ne soit inefficace, jusqu'au jour où le patient lui avoue qu'il utilise son inhalateur une fois par jour seulement au lieu de deux, tel que prescrit. Pourquoi agit-il de la sorte? Parce qu'il n'a pas les moyens de renouveler son ordonnance. Il a donc décidé de réduire le nombre de doses quotidiennes pour faire durer le médicament un peu plus longtemps.
Une jeune femme qui souffre d'arthrite vient d'obtenir son diplôme universitaire. Elle a obtenu un poste de débutante et est impatiente d'entrer sur le marché du travail. Ce qui devrait être un moment excitant de sa vie s'est transformé en cauchemar. Depuis qu'elle a obtenu son diplôme, elle n'est plus admissible au régime d'assurance de ses parents. Pour gérer ses symptômes, elle prend un inhibiteur du TNF alpha qualifié de traitement biologique, qui coûte plus de 1 800 $ par mois. Elle est inscrite au programme de couverture des médicaments onéreux de sa province, mais elle apprend que le médicament dont elle a besoin ne figure pas sur la liste des options de traitement admissibles pour sa maladie. Elle est désemparée. Imaginez un instant que vous ne puissiez pas avoir accès au médicament dont vous avez besoin. Dans le cas de cette jeune femme, la douleur et les symptômes sont devenus insupportables et elle est devenue incapable de travailler. Elle se sent vaincue.
C'est le genre d'histoires que nous entendons tous les jours. Que pouvons-nous donc faire?
La Coalition canadienne des organismes de bienfaisance en santé estime que tous les habitants du Canada doivent avoir accès aux médicaments d'ordonnance de façon équitable et rapide, compte tenu des meilleurs résultats possible pour leur santé et non de leur capacité de payer.
Aujourd'hui, nous allons présenter trois recommandations. Premièrement, le gouvernement du Canada doit mettre sur pied un groupe consultatif afin de créer des normes pancanadiennes exhaustives fondées sur des données probantes en matière d'assurance-médicaments. Deuxièmement, le gouvernement du Canada doit agir en leader et assumer une partie des coûts liés à la mise en oeuvre de ces normes. Troisièmement, les organismes de bienfaisance en santé et les Canadiens qu'ils représentent doivent participer activement à toute consultation fédérale, provinciale et territoriale sur l'assurance-médicaments.
L'accès inéquitable aux médicaments a des répercussions graves et très concrètes sur les patients. Cela veut dire qu'il y a des gens qui n'ont pas les moyens de se procurer les médicaments dont ils ont besoin ou qui n'y ont pas accès. En guise d'exemple, 57 % des diabétiques disent ne pas respecter la thérapie qui leur a été prescrite parce qu'ils n'ont pas les moyens de se procurer les médicaments, les appareils et les fournitures dont ils ont besoin, ce qui peut compromettre leur capacité de gérer leur maladie.
Bien que la majorité des Canadiens bénéficient d'une certaine couverture relative aux médicaments, soit par le biais d'un régime offert par leur employeur, d'une police d'assurance privée ou d'un régime provincial d'assurance-médicaments, nombreux sont ceux qui affirment avoir de la difficulté à se procurer leurs médicaments.
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J'allais vous donner des statistiques convaincantes pour attirer votre attention, mais on en a déjà mentionné aujourd'hui, et je présume que vous avez entendu de nombreuses statistiques au cours des dernières semaines. Je ne crois pas avoir besoin de vous convaincre davantage qu'il ne s'agit pas simplement d'une petite faille dans le système. Je sais que, parfois, c'est ce que l'on pense, ou nous pensons qu'il s'agit de cas isolés.
Puisqu'il est question de patients et de leurs histoires, je peux vous dire que j'ai été vraiment étonnée d'apprendre que, parfois, il faut échouer avec un médicament avant d'obtenir celui dont le patient a véritablement besoin, celui que le médecin souhaitait que le patient prenne au départ. Je trouve cela complètement aberrant. De même, le patient a parfois tout intérêt à demeurer à l'hôpital parce qu'il a plus de chance de recevoir les médicaments dont il a besoin.
Vous connaissez les histoires, vous connaissez les statistiques, alors je ne vais pas les répéter. Je vais parler d'une solution et de ce que notre coalition formée de 30 organismes de bienfaisance en santé... Faire en sorte qu'une trentaine d'organismes de bienfaisance en santé s'entendent sur une solution n'est pas une mince tâche, alors croyez-moi, le fait que nous soyons d'accord indique bien qu'il y a un sérieux problème.
Notre solution est fondée sur des principes. Nous croyons qu'elle doit reposer sur quatre grands principes, à savoir un partenariat avec les patients, la qualité, l'accès équitable et la viabilité.
En ce qui a trait au partenariat avec les patients, nous estimons que les normes nécessaires doivent être élaborées en partenariat avec les patients dans le cadre d'une véritable collaboration, et non d'une façon symbolique, et nous devons nous assurer que les bons patients reçoivent les bons médicaments au bon moment et à bon prix.
En ce qui concerne la qualité, les Canadiens méritent des services et des pharmacothérapies de grande qualité aptes à combler leurs besoins — comme on l'a répété à maintes reprises aujourd'hui — qui respectent leur choix et qui leur sont prodigués conformément aux connaissances scientifiques et aux recommandations de leur médecin.
Pour ce qui est de l'accès équitable, tous les Canadiens devraient avoir un accès équitable à une vaste gamme de médicaments éprouvés. C'est essentiel. Cela devrait être garanti sans égard au patient, à sa maladie, à son lieu de résidence au Canada ni au contexte de soins.
La viabilité est bien entendu très importante. Nous ne sommes pas naïfs. Nous savons que la mise en oeuvre des normes doit être adéquatement financée et rentable et qu'elle doit se faire dans un système de soins de santé qui est continuellement révisé, évalué et amélioré.
Nous proposons des recommandations précises liées à ces quatre principes directeurs. Ma collègue en a déjà parlé, mais je vais y revenir brièvement.
La Coalition canadienne des organismes de bienfaisance en santé demande au gouvernement du Canada de créer un groupe consultatif multilatéral. J'insiste sur le fait qu'il s'agit d'un groupe multilatéral, car nous croyons que c'est essentiel. Ce groupe aurait pour tâche d'élaborer des normes pancanadiennes exhaustives et fondées sur les faits visant l'assurance-médicaments. Axé sur la collaboration, le groupe formulerait des recommandations en matière de normes, lesquelles viendraient éclairer l'établissement d'une entente viable et équitable entre le fédéral, les provinces et les territoires visant à améliorer l'accès aux pharmacothérapies ainsi que les résultats des soins de santé.
Je le répète, l'adoption de normes permettrait à chaque citoyen d'avoir accès à une couverture pour ses médicaments d'ordonnance, qui seraient prescrits en fonction des meilleures données probantes et du choix du patient et de son médecin, conformément au besoin et non au coût.
Nous recommandons aussi que le gouvernement du Canada agisse en leader. Nous comprenons la question des compétences, mais le gouvernement du Canada est également responsable de la santé et du bien-être des Canadiens, et nous croyons qu'il doit assumer une partie des coûts liés à la mise en oeuvre de ces normes.
Sur le plan pratique, le gouvernement pourrait se montrer responsable et augmenter son investissement dans les régimes d'assurance-médicaments en précisant les exigences qui doivent être respectées pour accroître les paiements de transfert aux provinces et aux territoires.
Enfin, nous demandons que les organismes de bienfaisance en santé et que les Canadiens qu'ils représentent soient des participants actifs aux consultations fédérales, provinciales et territoriales qui auront lieu pour éclairer l'élaboration de ces normes.
Comme ma collègue l'a mentionné, nous représentons des millions de Canadiens et des millions de patients. Ils veulent véritablement avoir voix au chapitre et ils veulent participer. Nous pouvons offrir un point de vue utile dans le cadre de l'élaboration des politiques et d'une réforme. Nous sommes bien placés pour donner et décrire des exemples concrets, mais nous sommes surtout bien placés pour proposer des solutions constructives et novatrices.
Pour terminer, je dirai que nous savons qu'il s'agit d'un enjeu complexe, qu'il y a de nombreux intérêts divergents et qu'il peut s'avérer difficile de créer une véritable collaboration, mais nous avons confiance dans la sagesse collective des membres du Comité et d'un groupe consultatif multilatéral, et nous croyons fermement que si vous utilisez le patient comme boussole, vous ne ferez jamais fausse route.
Je vous remercie. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de leurs discours très intéressants et des informations extrêmement importantes qu'ils nous fournissent dans le cadre de cette étude.
Je n'ai pas encore eu le temps de me présenter. Je suis député de la circonscription de Thérèse-De Blainville. Elle est située au nord de la ville de Montréal, au Québec.
Je vais d'abord m'adresser surtout aux représentants de l'Association des pharmaciens.
Monsieur Eisenschmid, à plusieurs reprises, vous avez mentionné qu'il ne faut pas trop s'attarder au coût des médicaments. Qu'on le veuille ou non, les coûts de la recherche se reflètent dans le coût des médicaments. L'estimation des coûts d'un éventuel système d'assurance-médicaments pancanadien nous montre qu'ils seraient élevés.
J'aimerais vous entendre sur le fait que les pharmacies de détail majorent parfois le prix des médicaments d'ordonnance. J'ai ici des chiffres qui remontent à 2012-2013. Cette marge bénéficiaire représentait 4,2 % des coûts totaux payés par les régimes d'assurance publics pour les médicaments d'ordonnance, soit environ 323 millions de dollars. Donc, les régimes d'assurance publics imposent un plafond au remboursement de la marge bénéficiaire des médicaments d'ordonnance.
Pourquoi les pharmacies de détail majorent-elles le prix des médicaments d'ordonnance? Les régimes privés imposent-ils eux aussi un plafond au remboursement de la marge bénéficiaire?
Selon vous, comment faudrait-il aborder la question du plafonnement de la marge bénéficiaire des médicaments d'ordonnance dans l'éventualité de la création d'un système pancanadien d'assurance-médicaments?