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Bonjour. Je m'appelle Ake Blomqvist. Je suis professeur auxiliaire de recherche à l'Université Carleton et coauteur du document publié par l'Institut C.D. Howe intitulé
Feasible Pharmacare in the Federation, dont nous avons remis un exemplaire au Comité. Je suis chercheur à temps partiel sur les politiques de santé à l'Institut C.D. Howe, mais je témoigne aussi aujourd'hui au nom de l'autre coauteur du document, Colin Busby, qui est directeur associé de la recherche à l'Institut. Il est responsable des travaux sur les soins de santé et il était censé faire l'exposé, mais il ne peut pas être présent en raison d'une maladie très grave et soudaine dans sa famille, alors je vais présenter l'exposé en son nom également.
Cela fait environ 35 ans que j'écris au sujet de la politique canadienne en matière de santé et j'appuie largement le point de vue énoncé dans le document, c'est-à-dire que la mesure la plus constructive que le gouvernement fédéral peut prendre à l'égard d'un régime d'assurance-médicaments, c'est se concentrer sur ce qu'il peut faire de façon indépendante pour appuyer les réformes qui sont en cours dans les provinces.
Nous ne pensons pas qu'il serait utile à cette étape-ci d'essayer de créer un régime universel à payeur unique. Bien entendu, nous croyons qu'un trop grand nombre de Canadiens affirment ne pas remplir leurs ordonnances ou ne pas mener à bien leurs traitements pour des raisons financières et nous sommes d'avis que les prix des médicaments au Canada demeurent encore très élevés par rapport aux normes internationales. En outre, il existe des problèmes importants en ce qui a trait à la qualité des prescriptions dans diverses régions. Nous croyons que la création d'un régime national d'assurance-médicaments pour régler ces problèmes donnerait lieu à de sérieuses difficultés.
Il ne serait pas judicieux de créer un régime distinct géré par le gouvernement fédéral, à notre avis, car cela nuirait à la gestion intégrée de l'ensemble du système de soins de santé et ne favoriserait pas les décisions rentables en ce qui concerne les médicaments et les intrants. Par exemple, un régime fédéral d'assurance-médicaments ne pourrait pas avoir une incidence sur la manière dont les médecins prescrivent les médicaments, un élément qui a d'importantes répercussions sur les coûts et l'efficacité de tout régime d'assurance-médicaments.
Nous sommes également d'avis que l'approche selon laquelle les transferts seraient conditionnels n'est pas judicieuse. Amener les provinces à mettre sur pied des régimes publics à payeur unique donnerait lieu selon nous à un affrontement entre le fédéral et les provinces au sujet des fonds. Ce qui compliquerait les choses, c'est le fait que les régimes publics d'assurance-médicaments qui existent dans diverses provinces sont très différents les uns des autres.
Au lieu de fournir de gros efforts pour réformer notre système public-privé, nous estimons que le gouvernement fédéral devrait travailler avec les provinces pour continuer à faire avancer les programmes d'assurance-médicaments que plusieurs d'entre elles ont déjà commencé à mettre en place. Au bout du compte, nous croyons que les réformes provinciales devraient mener à une sorte de programme d'assurance-médicaments universel au Canada.
Plus précisément, nous préconisons une stratégie qui comporte plusieurs volets. Il y a des mesures que le gouvernement fédéral peut prendre de façon indépendante sur le plan national pour faire baisser le coût des médicaments au Canada. Il faudrait le féliciter de s'être joint à l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, mais il pourrait en faire plus et assumer un rôle de leadership au sein de cette alliance. Il pourrait aussi faire en sorte que des compagnies d'assurance privées fassent partie de l'Alliance pour qu'elles négocient conjointement avec les régimes publics.
Le gouvernement fédéral pourrait aussi modifier les règles selon lesquelles le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés réglemente les prix. Il pourrait le faire en adoptant le modèle de prix fondé sur la valeur.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral peut travailler de concert avec les provinces pour renforcer l'usage des formulaires pharmaceutiques utilisés par les régimes publics et renforcer l'utilisation des évaluations économiques dans le cadre de la conception de ces formulaires.
Troisièmement, le gouvernement fédéral peut demander aux provinces, comme nous le proposons, de faire en sorte que chaque citoyen bénéficie d'un régime par défaut prévoyant un plafond pour le pourcentage du revenu qu'une famille doit consacrer aux médicaments. Le gouvernement fédéral pourrait appliquer cette idée de la même façon qu'il applique l'idée de la tarification du carbone, c'est-à-dire en fixant une norme minimale raisonnable pour les régimes provinciaux et en offrant un soutien financier partiel aux provinces qui respectent cette norme.
En résumé, nous croyons qu'il y a plusieurs façons dont le gouvernement fédéral peut accélérer les processus de réforme des régimes d'assurance-médicaments qui sont déjà en cours dans les provinces. Nous croyons que cette approche est beaucoup plus susceptible d'entraîner des progrès considérables que l'approche de la réforme radicale que de nombreuses personnes préconisent.
Le Canada ne s'est pas bien classé dernièrement à l'échelle internationale en ce qui concerne le rendement de son système de soins de santé. À mon avis, un grand nombre des lacunes de notre système actuel est attribuable à tout le moins en partie à notre modèle complexe de répartition des compétences en matière de santé entre le gouvernement fédéral et les provinces. Nous estimons que les relations fédérales-provinciales dans le domaine des soins de santé sont déjà très compliquées, et que le fait de réformer entièrement notre système de financement des médicaments ne ferait qu'amplifier cette complexité.
Je vous remercie.
Je suis directrice du Centre de droit, de politique et d'éthique de la santé de l'Université d'Ottawa. Je vous remercie de prendre le temps de m'écouter aujourd'hui. Je vous remercie également pour le travail que vous effectuez dans le cadre de la présente étude et de façon générale. Mon beau-frère est député en Nouvelle-Zélande, alors je comprends votre réalité.
Je suis tout à fait en désaccord avec le témoin précédent, et je crois que c'est une bonne chose. Peut-être que c'est la raison pour laquelle nous comparaissons en même temps. Je vais vous expliquer pourquoi en effet nous avons besoin d'un régime universel d'assurance-médicaments, pas nécessairement un régime national, mais certainement un régime universel.
Pour aller droit au but, je dirais essentiellement que, dans la plupart des provinces, les régimes qui existent sont calqués sur le modèle américain. Les démunis bénéficient d'une couverture, les travailleurs sont en majorité couverts par un régime d'assurance privé et les aînés sont couverts par le régime provincial. Toutefois, les aînés sont de moins en moins couverts par leur régime provincial, particulièrement ceux qui sont considérés comme étant riches. Ainsi, seuls les aînés à faible revenu sont couverts.
Il y a toujours bien entendu une partie de la population qui ne bénéficie d'aucune assurance-médicaments au Canada. Le pourcentage s'élève à environ 18 %. Cette proportion est constante, et les réformes provinciales ne contribuent pas à la faire diminuer; au contraire, elle augmente. C'est le problème auquel nous sommes confrontés.
Je vais vous parler d'une étude en profondeur qui a été menée sur la question. Il s'agit d'une étude effectuée par l'Institute of Clinical Evaluative Sciences de l'Ontario, qui est probablement le meilleur institut de recherche qui existe au pays. Les recherches du Dr Gillian Booth sur l'accès aux médicaments sur ordonnance pour les jeunes et les personnes âgées de moins de 65 ans en Ontario ont démontré que près de 1 000 personnes de ce groupe qui souffrent de diabète meurent chaque année faute de pouvoir se procurer un produit pharmaceutique aussi essentiel que l'insuline, qui, soit dit en passant, a été découverte au Canada. Les médecins Banting et Best sont à l'origine de l'une des plus grandes découvertes canadiennes, et pourtant, nous ne pouvons pas faire en sorte, par l'entremise de nos systèmes de gouvernance et d'assurance, que les gens aient accès à ce médicament fondamental.
Nous savons aussi que le modèle américain est très coûteux. Ake a souligné le fait que nous dépensons beaucoup pour les médicaments par rapport à d'autres pays.
Le juge Emmett Hall, un homme brillant, a dit en 1964 que les médicaments sur ordonnance devraient être couverts et que cela devrait être un des principaux objectifs du Parlement canadien. C'était il y a 52 ans. Il n'a pas proposé qu'ils fassent partie de la couverture de base à l'époque, car il estimait que cela coûterait trop cher et que nous devrions attendre que le coût des médicaments diminue.
Peut-être qu'il n'était pas aussi brillant qu'on le croyait: les prix des médicaments n'ont pas baissé, et c'est pourquoi ils ne sont pas inclus dans un régime à payeur unique. Le gouvernement ne vise pas, dans le cadre d'un effort concerté, à assumer le coût des médicaments.
Nous savons que dans tous les autres pays développés qui se sont dotés d'un régime universel, les médicaments sur ordonnance font partie de la couverture de base. Nous faisons figure d'exception dans le monde parce que ce n'est pas le cas au Canada, alors je ne suis pas du même avis que Ake. Je crois que notre rendement est relativement médiocre en ce moment précisément parce que nous ne faisons pas un bon travail sur le plan de l'assurance-médicaments, des soins communautaires et des soins à domicile, ce qui cause beaucoup d'autres problèmes relativement aux hôpitaux et aux services médicaux.
Que pouvons-nous faire? Je conviens avec Ake qu'il est important de veiller à ne pas alourdir le fardeau des provinces et de respecter les relations fédérales-provinciales ainsi que la Constitution. Il existe deux options selon moi.
La première est d'inclure dans la Loi canadienne sur la santé les produits pharmaceutiques communautaires. Vous allez me dire que cela va coûter les yeux de la tête. Non, pas nécessairement, si on précise dans la Loi que les provinces doivent déterminer par un processus équitable quels médicaments feront partie de la couverture de base. Ce sont elles qui feraient le choix. Par exemple, elles pourraient décider que le remboursement de l'insuline a la priorité sur le remboursement du traitement des oignons. Je peux obtenir ce traitement — en fait mon médecin me l'a prodigué en l'espace de quelques semaines, et ce gratuitement — mais, faute d'insuline, des gens meurent. Il ne fait aucun doute que dans tout système de soins de santé raisonnable c'est une situation inacceptable.
Je crois que si on modifiait la Loi canadienne sur la santé pour inclure les produits pharmaceutiques communautaires et l'exigence que les provinces déterminent dans le cadre d'un processus équitable et transparent ce qui serait couvert ou non. Elles seraient alors libres de décider. Elles pourraient décider de rembourser l'insuline, mais pas les traitements pour les oignons. C'est tout à fait réaliste.
L'autre option est celle de la réforme radicale, j'imagine, c'est-à-dire que le gouvernement prendrait tout cela en main.
Pardonnez-moi, je devrais d'abord mentionner que nous sommes préoccupés actuellement parce que nous bénéficions de régimes d'assurance privés, que nous ne voulons pas perdre. La Loi canadienne sur la santé n'exige pas nécessairement que tout soit financé par l'État. Les provinces exigent actuellement des cotisations, et c'est ce que vous pourriez faire. Vous pourriez financer cela en partie par l'entremise de cotisations au RPC.
Vous pourriez également obtenir du financement auprès des régimes d'assurance privés par l'entremise d'un régime central. Les assureurs privés verseraient essentiellement une cotisation au régime central pour les achats de médicaments. C'est ce qu'a proposé Aidan Hollis de l'Université de Calgary, et j'estime que c'est une très bonne suggestion, que je décris d'ailleurs un peu plus en détail dans mon document.
Enfin, le gouvernement fédéral pourrait prendre tout cela en main. C'est ce qu'on appelle l'approche de la réforme radicale. J'ai un chiffre à vous donner; nous avons fait un calcul un peu improvisé. Pour la somme d'environ 5 milliards de dollars, on pourrait couvrir 150 médicaments essentiels pour tous les Canadiens.
Je pourrais parler un peu de cette proposition, mais voilà les deux options viables. Je pense qu'aucune d'entre elles ne ferait sauter la banque, et elles nous permettraient de rattraper les autres pays concurrentiels et faire en sorte de fournir à la population les soins de santé dont elle a besoin.
Je vous remercie de m'avoir écoutée.
Je m'appelle Mélanie Bourassa Forcier et je suis professeure agrégée à la Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke où je dirige les programmes de maîtrise en droit et politiques de la santé. Je tiens à remercier le Comité pour l'invitation qu'il m'a faite de venir donner mes impressions sur l'élaboration d'un régime national d'assurance-médicaments.
Suis-je pour ou contre un régime national d'assurance-médicaments? Dans les faits, j'adhère aux deux positions qui vous ont été présentées aujourd'hui. Je crois qu'elles peuvent être conciliables dans une certaine mesure. Je suis évidemment en faveur d'un accès pour tous aux médicaments. Toutefois, dans l'éventualité où le gouvernement fédéral ne souhaiterait pas revoir l'assiette fiscale des provinces afin d'assurer leur autonomie dans leur champ de compétence, je suis en faveur d'un accroissement des transferts fiscaux fédéraux vers les provinces. Ces transferts permettraient aux provinces, premièrement, d'assurer à tous un accès aux médicaments, deuxièmement, d'accroître leur couverture respective d'assurances-médicaments et, troisièmement, d'assurer la pérennité de leur régime qui pourrait être menacée par l'arrivée des médicaments biologiques qui sont particulièrement dispendieux.
Par ailleurs, j'ajoute que je suis en faveur d'une augmentation des transferts fédéraux dans le but d'assurer des services de santé qui iraient au-delà de la philosophie archaïque du service médicalement nécessaire comme étant celui qui est hospitalo-médico centré. Il m'apparaît donc important d'élargir la définition de ce qui peut être considéré comme médicalement nécessaire. Je suis également en faveur d'une réduction des dépenses de médicaments. On ne peut être contre la vertu. Toutefois, vous aurez compris que je suis en faveur du respect des champs de compétence fédéral et provinciaux.
Parlons des économies alléguées dans les études contemporaines portant sur la mise en place d'un régime national d'assurance-médicaments — il s'agit essentiellement d'économies mentionnées dans des études contemporaines. Les plus plus anciennes études qui portaient sur le sujet, les rapports Hall, Kirby et Romanow, mettaient l'accent sur la notion d'accès pour tous et non sur les économies pouvant découler de la mise en place d'un système national d'assurance-médicaments. Donc, les économies alléguées dans les études contemporaines portant sur la mise en place d'un régime national d'assurance-médicaments résultent essentiellement — comme Mme Flood l'a mentionné — de l'effet de volume. Nécessairement, un seul grand assureur a un pouvoir de négociation beaucoup plus important qu'une multiplication d'assureurs. Il s'agit des lois du marché.
Évidemment, l'unification des pouvoirs a des avantages: des économies considérables en raison d'un volume d'achat important, une unification des règles, un accès équitable pour l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes. Toutefois, unifier veut aussi dire laisser tomber l'autonomie décisionnelle et, parfois, cette autonomie a un coût. Si elle n'en avait pas, il y a longtemps que nous aurions vu un avantage à nous unir aux États-Unis pour accroître notre volume d'achat de biens variés. Si le gouvernement fédéral n'avait pas tenu à cette autonomie, il y a longtemps que Santé Canada aurait accepté la mise en marché de médicaments ayant fait l'objet d'approbations dans d'autres juridictions plutôt que de procéder à sa propre évaluation sanitaire. Alors oui, il y a un coût à l'autonomie, mais l'autonomie a une valeur.
Ainsi, je suis contre un régime national d'assurance-médicaments qui serait mis en place par le truchement d'une loi fédérale autre que la Loi canadienne sur la santé. D'ailleurs, je souhaite vous rappeler la décision de 2011 de la Cour suprême du Canada concernant le renvoi relatif à la Loi sur les valeurs mobilières. Certains se souviendront que ce renvoi portait sur la constitutionnalité d'une loi qui avait pour objet de créer un régime national complet de réglementation des valeurs mobilières. L'article 9 précisait que cette loi avait pour objectifs de protéger les investisseurs, de favoriser l'existence de marchés des capitaux équitables, efficaces et compétitifs, et de contribuer à l'intégrité et à la stabilité du système financier canadien. Bref, des objectifs louables et difficilement contestables.
Comme la Cour suprême l'a fait remarquer, la loi, telle que libellée, ne visait pas à imposer unilatéralement un régime unifié de réglementation des valeurs mobilières pour l'ensemble du Canada. Elle donnait plutôt aux provinces le libre choix de participer au régime si elles le souhaitaient et quand elles le souhaitaient. La Cour a conclu que la loi était inconstitutionnelle parce qu'elle excédait les pouvoirs du gouvernement fédéral et qu'elle représentait une ingérence dans les champs de compétence provinciaux. Je vous rappelle que cette même cour, dans sa décision concernant l'affaire Eldridge en 1997, a confirmé à nouveau la compétence des provinces en matière de santé.
Toutefois, cette même cour, toujours dans la décision portant sur les valeurs mobilières, a insisté sur la possibilité pour les provinces de collaborer par voie de contrats à la création d'un régime de valeurs mobilières de niveau national.
À mon avis, l'Alliance pancanadienne pharmaceutique est la voie pour atteindre un tel consensus quant à l'offre et à la couverture des médicaments au Canada.
Je conclurai en insistant toutefois sur l'importance pour le gouvernement fédéral de maximiser le développement de ses propres compétences, qui ont une incidence certaine sur les dépenses des Canadiens et des Canadiennes en matière de médicaments.
À mon avis, le gouvernement fédéral devrait ainsi intervenir plus largement dans le domaine de la santé publique. Quant au prix des médicaments brevetés, le gouvernement fédéral a le pouvoir d'intervenir — et nous l'avons mentionné — par l'entremise du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés. Le Conseil est présentement en train de revoir son mandat, mais il importe néanmoins d'agir rapidement, notamment en ce qui concerne la réglementation du prix des médicaments biologiques. Il s'agit également d'éviter des augmentations soudaines du prix des médicaments.
Malheureusement, comme vous le savez, le Conseil n'est pas habilité à régir le prix des médicaments non brevetés. Toutefois, la compétence du gouvernement fédéral en matière de concurrence peut ici entrer en jeu. Le mandat du Bureau de la concurrence est trop limité, à mon avis. Un registre de l'ensemble des fusions et acquisitions au sein de l'industrie pharmaceutique ainsi qu'un examen de l'impact des ententes entre les compagnies pharmaceutiques sur la concurrence au sein du marché pourraient certainement assurer une meilleure compétitivité et des prix plus bas.
Je vous remercie de votre attention.
Je m'appelle Victor Elkins et je suis président du Syndicat des employés d'hôpitaux et vice-président régional pour la Colombie-Britannique. Je siège aussi au conseil exécutif national du SCFP.
Je suis ravi de m'adresser à vous aujourd'hui au nom des 630 000 membres du SCFP de partout au pays, dont 150 000 membres travaillent dans le secteur des soins de santé, dans des hôpitaux, dans des résidences de soins de longue durée et dans des centres de santé communautaires ou fournissent des soins à domicile.
J'aimerais vous expliquer pourquoi les membres du SCFP sont en faveur d'un régime de soins de santé national et pourquoi ils s'opposent entièrement à l'idée de simplement rapiécer le système actuel.
Vous avez déjà entendu de nombreux témoins vous parler des lacunes qui existent dans notre régime actuel d'assurance-médicaments. Les Canadiens paient beaucoup trop cher pour les médicaments sur ordonnance et un trop grand nombre de personnes ne bénéficient d'aucune couverture ou bénéficient d'une couverture qui est tout simplement inadéquate.
Certains ont affirmé que tout ce que nous avons à faire c'est d'élargir le régime actuel pour que chacun bénéficie d'une certaine couverture, que ce soit par un régime public ou privé. Ce type de modèle existe au Québec actuellement, mais un modèle hybride n'est pas la solution, car si nous nous en remettons uniquement aux régimes d'assurance privés, il sera tout simplement impossible de continuer d'assumer les coûts d'une couverture des médicaments. Les régimes privés sont largement inéquitables, inadéquats et inutilement dispendieux.
Examinons en détail chacun de ces points.
Les régimes privés sont fondamentalement inéquitables. Les personnes à faible revenu et qui occupent un emploi précaire sont moins susceptibles de bénéficier d'un régime d'assurance offert par leur employeur. En effet, d'après une analyse effectuée par l'Institut Wellesley, presque tous les employés au Canada dont le revenu annuel s'élève à 100 000 $ ou plus bénéficient d'une couverture des soins de santé, mais parmi ceux qui gagnent 10 000 $ ou moins, seulement 17 % bénéficient d'une couverture. Étant donné que les personnes à faible revenu sont également plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé, comme des maladies cardiovasculaires, la dépression et le diabète, cela signifie que ceux qui sont plus susceptibles d'avoir besoin de médicaments sur ordonnance sont ceux qui bénéficient le moins d'une couverture offerte par leur employeur.
Les travailleurs syndiqués sont également plus susceptibles que les travailleurs non syndiqués d'avoir droit à une couverture. Cependant, malgré les efforts fructueux du SCFP et d'autres syndicats pour obtenir une couverture des médicaments sur ordonnance et d'autres soins de santé pour leurs membres, la solution aux problèmes des médicaments sur ordonnance au Canada ne se trouvera pas à la table de négociation. Bien entendu, nous voulons que nos membres et tous les Canadiens bénéficient d'une bonne couverture des médicaments, mais idéalement, les décisions quant à savoir à quel type de médicaments les gens auront accès ne devraient pas être prises en fonction du résultat des négociations entre les employeurs et les syndicats: il devrait s'agir de décisions prises par les patients et leurs médecins.
Nous voulons que tous les Canadiens aient accès aux soins de santé nécessaires médicalement, y compris aux produits pharmaceutiques, peu importe où ils travaillent ou qu'ils occupent un emploi ou non. Les médicaments sur ordonnance devraient être offerts au même titre que tout autre traitement recommandé par un médecin. Nous faisons cette recommandation par principe, mais aussi parce qu'on ne pourra pas continuer d'assumer la hausse du coût des médicaments sur ordonnance et qu'on ne pourra pas y remédier sans un régime d'assurance-médicaments national.
Les médicaments sur ordonnance représentent la plus grande part des cotisations payées par les employés, et la hausse du coût des médicaments sur ordonnance alourdit le fardeau qui pèse sur les employeurs et les employés. Le système disparate qui existe actuellement ne pourra pas continuer d'assumer ces coûts. Le problème réside en partie dans le fait que la nature même du système fait en sorte qu'il n'existe aucun mécanisme ou incitatif pour limiter les coûts. Au total, 24 compagnies d'assurance distinctes négocient individuellement avec les grandes sociétés pharmaceutiques le prix de chaque médicament, et le coût de ces médicaments est tout simplement refilé aux employeurs et aux employés, alors rien n'incite à limiter les coûts.
Le système actuel donne aussi la possibilité aux sociétés pharmaceutiques de créer des iniquités au sein de la population canadienne. Par exemple, des preuves indiquent que les baisses de prix exigées par les régimes publics sont compensées par les régimes privés. Au Québec, des documents qui ont fait l'objet de fuites ont permis d'apprendre que, lorsque le régime public négocie une baisse du prix des médicaments génériques, les sociétés pharmaceutiques compensent en faisant payer les régimes privés. Ainsi, le coût moyen assumé par un régime public pour des médicaments génériques diminue de 5,5 %, mais le coût moyen assumé par des régimes privés augmente de 6,4 %.
Les régimes privés sont également plus coûteux en raison des coûts d'administration élevés et de la nécessité de faire des profits pour le compte des actionnaires. En raison de ces deux éléments, il existe un écart considérable entre ce que les Canadiens versent en primes d'assurance aux compagnies privées et les sommes qui leur sont remboursées. En 2011, cet écart atteignait presque 6,8 milliards de dollars.
Cet écart s'accentue avec le temps. Si cet écart entre les primes versées et les sommes remboursées était demeuré le même qu'en 1991, les Canadiens auraient épargné 3,2 milliards de dollars en 2011. L'écart sert à couvrir les frais d'administration et à enrichir les actionnaires, non pas à améliorer la couverture des médicaments pour les Canadiens.
Enfin, à mesure que les coûts augmentent, les régimes privés ne font rien pour les limiter, ils se contentent plutôt de refiler la facture aux travailleurs. Le nombre de régimes qui fixent des plafonds annuels ou un plafond à vie continue d'augmenter. Trente pour cent des employeurs ont fixé un plafond dans le cadre de leurs régimes d'assurance-médicaments. Cela signifie que les personnes qui ont le plus besoin de médicaments sont celles qui atteignent le plafond et qui sont alors forcées de se tourner vers un régime public pour la couverture des médicaments onéreux ou de payer de leur propre poche. De plus en plus d'employés sont maintenant aussi forcés de payer une coassurance ou des frais d'exécution d'ordonnance.
Certains employeurs offrent des régimes comportant différents niveaux de couverture, ce qui signifie que les travailleurs doivent estimer le niveau dont ils auront besoin et donc payer de leur poche s'ils ont eu la malchance de faire une mauvaise estimation. Dans certains cas, les employeurs ont éliminé complètement la couverture pour certains employés ou pour les retraités, comme l'a fait récemment l'entreprise U.S. Steel Canada à l'égard de ses retraités d'Hamilton.
La solution à toutes ces difficultés que vivent les Canadiens, les travailleurs et les employeurs consiste à mettre en place un régime public d'assurance-médicaments qui offre une couverture à tous les Canadiens, peu importe où ils habitent, où ils travaillent, leur âge ou leur revenu.
Cependant, nous craignons que les récents accords commerciaux que le gouvernement canadien a négociés, bien qu'ils n'aient pas encore été ratifiés, restreignent la capacité du gouvernement fédéral de limiter les coûts et d'assurer la sécurité des Canadiens. Le PTP et l'AECG sont des ententes qui pourraient coûter annuellement aux Canadiens entre 850 millions de dollars et 1,6 milliard de dollars en coûts supplémentaires pour les médicaments sur ordonnance. Les provinces seront remboursées pour ces coûts supplémentaires, mais les régimes privés et les Canadiens qui paient de leur poche devront les absorber.
Notre mémoire contient des détails au sujet de nos recommandations, mais je peux vous dire brièvement que le SCFP recommande que le gouvernement fédéral mette sur pied un régime national d'assurance-médicaments qui offre aux Canadiens une couverture équitable et universelle des médicaments sur ordonnance, sans coassurance ni franchise. La gestion et la prestation du programme devraient être assurées par l'État. Nous vous exhortons également à ne pas ratifier le PTP et l'AECG.
Nous vous remercions d'avoir pris le temps de nous écouter. Je suis prête à répondre à vos questions.
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En fait, j'ai dit être favorable à l'intervention du gouvernement fédéral afin de favoriser un accès aux médicaments pour tous. J'ai l'impression que cette intervention, pour qu'elle soit légitime d'un point de vue constitutionnel, doit se faire en vertu de la Loi canadienne sur la santé. Or celle-ci doit être modernisée.
Comme vous l'avez déjà entendu ou lu dans les mémoires qui vous ont été présentés, lorsque la Loi canadienne sur la santé à été adoptée, les médicaments les plus coûteux étaient offerts au sein des centres hospitaliers. Maintenant, nous observons un déplacement de cette situation. La plupart des médicaments, même ceux destinés à traiter des cancers, sont offerts dans un milieu ambulatoire et sont donc exclus de l'application de la Loi canadienne sur la santé.
Évidemment, si le gouvernement fédéral élargit les transferts fiscaux et la définition du terme « médicalement nécessaire », qui figure dans la Loi canadienne sur la santé, des conditions additionnelles devront être incluses à cette loi pour que les provinces puissent obtenir les nouveaux transferts fédéraux. Ces conditions pourraient, par exemple, viser à assurer à tous les résidants de chacune des provinces un accès raisonnable aux médicaments. Grâce à la condition de transférabilité qui est prévue dans la loi, on assurerait une certaine constance dans l'offre de médicaments, ce qu'il est possible de faire par l'entremise de la Loi canadienne sur la santé.
On opterait donc pour un régime flexible et acceptable d'un point de vue constitutionnel. Vous avez certainement pris connaissance des dernières positions de notre ministre de la santé, le Dr Barrette. C'est donc dire que les provinces n'accepteraient pas nécessairement automatiquement d'adhérer aux nouvelles conditions portant sur les médicaments. Il reste que les provinces pourraient à tout le moins bénéficier de transferts fédéraux qui permettraient un élargissement de leur couverture d'assurance-médicaments.
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Je crois que la Cour suprême a affirmé à plusieurs reprises ces derniers temps que les transferts aux provinces assortis de conditions sont acceptables. Comme je l'ai dit, il est tout à fait possible d'inclure les produits pharmaceutiques communautaires dans la Loi canadienne sur la santé et de demander aux provinces de dresser une liste des médicaments essentiels. Il ne s'agit pas de créer un seul long formulaire national.
Si le gouvernement fédéral souhaite créer un seul formulaire national et un seul acheteur national, il lui faudrait obtenir le consentement des provinces, ce qui est une toute autre histoire. Habituellement, nous avons recours à la Loi canadienne sur la santé ou à un transfert assorti de conditions, ce qui donne aux provinces la liberté de concevoir leur régime comme elles le souhaitent. Cela pourrait permettre, par exemple, le transfert des primes d'assurance des régimes privés ou autres au moyen du RPC. Le modèle que vous avez au Québec pourrait fonctionner avec cette approche, pourvu qu'il respecte certaines conditions, à savoir aucun paiement aux points de service et aucun frais pour les médicaments essentiels, comme c'est le cas pour les services fournis par les hôpitaux et les médecins. Cela respecterait l'esprit de la Loi canadienne sur la santé. Je crois que c'est tout à fait possible en vertu de la Constitution.
Si le gouvernement fédéral souhaite gérer un très gros programme fédéral, je crois que c'est possible, mais il faudrait que la participation soit volontaire. Les provinces devraient accepter ou non d'y participer. Étant donné leur situation financière actuelle, je suppose que la plupart d'entre elles choisiraient d'y participer. Peut-être que le Québec en déciderait autrement, mais je pense que la plupart d'entre elles y participeraient. Je crois qu'un tel modèle serait tout à fait acceptable.
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Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose?
[Traduction]
J'aimerais simplement faire un rapprochement.
[Français]
Nous avons créé l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, qui représente chacun des premiers ministres des provinces et, maintenant, le gouvernement fédéral. L'Alliance a notamment comme fonction de négocier le prix des médicaments génériques. Du fait que le Québec ait adhéré à l'Alliance et que ce soit maintenant le cas du gouvernement fédéral également, nous disposons d'un pouvoir de négociation beaucoup plus important. En ce qui concerne le prix des médicaments génériques, l'effet positif du volume peut se refléter dans les prix obtenus dans le cadre de ces négociations.
En ce qui a trait au prix des médicaments novateurs, la négociation de prix plus bas est difficile, ne serait-ce que parce qu'ils sont brevetés. C'est néanmoins possible au moyen d'ententes d'inscription confidentielle. Ces dernières sont de plus en plus fréquemment conclues, notamment par les assureurs privés.
Je suis d'accord avec Mme Flood. Il avait d'ailleurs été suggéré que les assureurs privés se joignent à l'Alliance pour accroître le pouvoir de négociation. Tout en conservant un régime public-privé, hybride, il est possible de susciter l'adhésion des assureurs privés de façon à favoriser une négociation permettant d'obtenir un volume d'achat plus important et, par conséquent, de réduire le prix des médicaments.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie également tous les témoins présents aujourd'hui.
Comme le président l'a souligné à juste titre, nous obtenons sans cesse de nouvelles informations, et mes questions visent à vérifier si vous avez d'autres renseignements à nous donner.
Madame Flood, vous avez dit que les provinces seraient emballées de recevoir plus d'argent en échange d'un genre de programme national d'assurance-médicaments, mais le ministre a très bien dit qu'il n'allait pas augmenter les paiements de transferts. Même les 3 milliards de dollars promis pour les soins palliatifs ne sont pas prévus au budget.
Des témoins crédibles disent très clairement que si nous adoptons un système monopolistique, celui-ci coûterait entre 10 et 14 milliards de dollars dès le premier jour. Nous savons que les compagnies d'assurance privées couvrent une partie considérable du coût des soins de santé au Canada.
Voici l'un des défis. Nous entendons des gens dire qu'ils souhaitent adopter un système à payeur unique, mais le problème n'est pas vraiment défini. Vous avez quelques chiffres. Vous dites que 18 % des Canadiens ne sont pas couverts, mais à quel pourcentage d'entre eux la situation pose-t-elle même un problème? Vous avez parlé des milliers de personnes qui meurent chaque année en Ontario de complications du diabète. Mon père en est mort, mais il avait pourtant une couverture complète qui était excellente. Nous avons du mal à définir le véritable problème. Les chiffres ne sont pas à jour.
Ma question s'adresse aux représentants de l'Institut C.D. Howe, car bon nombre de nos témoins affirment que les chiffres sont très vieux. Certains prétendent qu'ils ne sont même pas assez récents pour être pertinents, compte tenu des changements des dernières années sur les plans de l'emploi et de la couverture.
Avez-vous du mal à trouver des chiffres et des études récents pour appuyer les enquêtes? Le gouvernement fédéral devrait-il mettre à jour ses chiffres avant de prendre toute décision définitive? Je pose la question parce qu'il s'agit d'un programme énorme et que le budget du gouvernement est limité; je pense que le déficit atteint 30 milliards de dollars, mais ce poste budgétaire représenterait à lui seul 14 milliards de dollars.
Commençons par les représentants de C.D. Howe: sur quels chiffres pouvez-vous vous appuyer? Sont-ils récents?
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Je suis d'avis que le principal problème ne concerne pas la mise à jour des données, mais plutôt la façon d'interpréter les réponses des gens aux questions de sondage.
Je suis persuadé que vous avez tous déjà répondu à divers sondages. On vous demande d'indiquer, sur une échelle de zéro à cinq, si vous avez eu de graves difficultés, certaines difficultés, ou quoi que ce soit d'autre. Vous savez à quel point les réponses données à ce genre de questions sont arbitraires.
Je doute qu'il soit si important d'obtenir des données sur le problème. Les provinces pourraient adopter des règles assez simples pour s'assurer que personne n'est incapable, pour des raisons financières, d'obtention les médicaments requis au comptoir.
Un des rares points sur lesquels Colleen et moi sommes d'accord, c'est que chaque province devrait probablement garantir que toute personne peut obtenir des médicaments d'ordonnance sans frais au moment d'exécuter son ordonnance. Nous sommes toutefois en désaccord sur la question de déterminer s'il serait bon, au moment de la déclaration de revenus, de récupérer une partie des paiements qui ont été versés.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être ici aujourd'hui.
J'ai quelques données sous les yeux. Un Canadien sur quatre affirme que lui ou une personne de son ménage n'a pas les moyens de payer ses médicaments prescrits, de sorte que des doses sont sautées ou divisées, et que des prescriptions ne sont pas exécutées. Ces informations proviennent d'une enquête que l'Institut Angus Reid a réalisée l'année dernière, soit en juillet 2015.
En deuxième lieu, il y a chaque année environ 1 Canadien sur 10 qui n'exécute pas du tout ses prescriptions pour une question d'argent. Ce renseignement est tiré d'un article que Michael Law et al. a publié en février 2012 dans le Journal de l'Association médicale canadienne, c'est-à-dire il y a quatre ans.
Enfin, les Canadiens payent 6 milliards de dollars de leur poche par année pour des médicaments d'ordonnance. Ce chiffre représente 22 % de l'ensemble des dépenses pour tous les médicaments. Cette information est tirée d'un article revu par les pairs et assez connu de Pharma 2020, qui a été rédigé en juillet 2015 par quelques éminents économistes canadiens de la santé.
Ma question est la suivante: est-ce que l'un d'entre vous doute qu'il y ait actuellement des Canadiens incapables d'exécuter leurs prescriptions pharmaceutiques en raison du coût? Quelqu'un remet-il cela en question?
En doutez-vous, madame Pasma?
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Je revenais sur les questions de M. Carrie.
La meilleure donnée que j'ai entendue au Comité, c'est que, à l'heure actuelle, 10 % des Canadiens n'ont pas d'assurance. Je n'en doute aucunement. Je n'ai aucune difficulté à croire que c'est vrai pour les chômeurs, les personnes à faible revenu, les personnes dont les employeurs n'offrent pas d'assurance avec prestations complémentaires, les employés à temps partiel et les jeunes. J'arrive facilement à croire que 3,5 millions de Canadiens n'auront pas accès à des médicaments s'ils tombent malades aujourd'hui.
Une autre donnée qui a été présentée au Comité, c'est qu'encore 10 % des gens ont une assurance intermittente ou instable. Ils sont peut-être assurés lorsqu'ils travaillent. Ils ont peut-être des quotes-parts ou des franchises élevées. Ainsi, en réalité, 20 % des Canadiens n'ont pas d'assurance régulière, stable et complète pour les médicaments sur ordonnance. Cette affirmation est fondée sur des données récentes que j'ai vues.
Je veux revenir sur ce que vous avez dit, madame Pasma, parce que je veux aussi demander l'avis des autres témoins. Je vais vous lire un extrait du mémoire du SCFP, qui est excellent, soit dit en passant.
On y déclare:
Depuis près de 50 ans, grâce au précieux système de santé publique du Canada, les Canadiens ont pu avoir accès aux soins médicaux dont ils ont besoin, sans frais, peu importe où ils habitent, où ils travaillent ou combien d'argent ils ont. Le système de santé publique du Canada a fourni des soins de grande qualité et offert des résultats concrets aux patients. Les Canadiens sont, à juste titre, fiers de notre système et de ses valeurs d'universalité, d'accessibilité et d'équité.
Cependant, il continue d'y avoir une exception surprenante à ces valeurs — soit l'accès aux médicaments sur ordonnance. Lorsque vous consultez votre médecin et que vous recevez un diagnostic, tous les traitements qui sont jugés « médicalement nécessaires » — comme un plâtre, une intervention chirurgicale, une hospitalisation ou une recommandation vers un spécialiste — sont financés par le réseau public parce qu'ils sont couverts par la Loi canadienne sur la santé. Cependant, lorsque le traitement prescrit est un médicament, il n'y a pas de couverture universelle. L'accès aux médicaments sur ordonnance au Canada est plutôt fondé sur un ensemble de mesures disparates qui varient selon l'endroit où vous vivez, l'endroit où vous travaillez, votre âge et votre revenu.
J'ai une proposition simple à vous faire. La Loi canadienne sur la santé couvre les services médicalement nécessaires. Pourquoi établissons-nous une limite lorsque le traitement prescrit n'est pas de recoudre un doigt, mais plutôt d'aller à la pharmacie pour se procurer des pilules? Ne devrions-nous pas simplement élargir la portée de la Loi canadienne sur la santé pour fournir l'accès aux médicaments sur ordonnance médicalement nécessaires?
Je vous remercie pour vos exposés. Comme d'autres l'ont déjà dit, nous avons appris beaucoup de choses encore aujourd'hui. C'est incroyable à quel point plus nous examinons le dossier, plus il se complexifie.
Sur le plan des données et des statistiques, c'est dommage que nous ayons perdu le sondage détaillé de Statistique Canada et que nous n'ayons pas de données fiables aujourd'hui sur les situations économiques principales que vivent les familles canadiennes. C'est regrettable, mais je suis heureux que le questionnaire détaillé du recensement ait été rétabli.
Ma première question s'adresse à M. Blomqvist.
Différents groupes nous ont parlé de la méthode-choc et de l'approche progressive. Évidemment, vous recommandez l'approche progressive, avec un régime par défaut pour les familles à faible revenu basé sur le pourcentage du revenu du ménage et les coûts des médicaments qui l'excèdent.
Je cite un bref extrait de l'exposé du SCFP: « Notre système disparate actuel permet également aux entreprises pharmaceutiques et aux pharmacies d'opposer des acteurs individuels entre eux. »
En adoptant l'approche progressive, nous allons simplement pérenniser l'inefficacité actuelle du régime canadien et ses coûts.
Je me demandais si vous aviez jeté un coup d'œil à ce qui se passe en Europe. Il existe des modèles de concurrence gérée, en Suède, par exemple. Là-bas, les gens sont obligés d'avoir une assurance privée, mais le marché privé est fortement réglementé. Avez-vous des observations à faire sur un modèle progressif fondé sur un meilleur contrôle du marché privé?
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Je suis favorable à l'option qui est proposée. Par ailleurs, il faut aussi voir s'il est faisable de se baser sur la notion de transférabilité. Si un résidant d'une autre province vient dans notre province, à quoi aurait-il accès? A-t-on le même accès que dans sa province d'origine?
Je crois qu'il faudrait évaluer deux options à cet égard. L'établissement d'une liste de médicaments essentiels évaluée par chacune des provinces est une option.
On avait d'ailleurs fait cela dans un contexte tout à fait différent. Vous vous rappellerez l'engagement de Jean Chrétien envers l'Afrique, alors qu'on avait permis l'exportation de médicaments dans des cas de santé publique. L'OMS avait établi une liste générale de ce que l'on considérait des médicaments essentiels. À mon avis, cela ne devrait pas susciter d'opposition de la part des provinces, dans la mesure où cela résulterait d'un consensus.
En ce qui a trait à l'établissement d'un formulaire national, on y est presque, en fait, par l'exercice du Programme commun d’évaluation des médicaments. Il reste évidement que le Québec n'est pas de la partie, encore une fois, mais nous suivons quand même de plus près ce qui se fait. On n'est donc quand même pas si loin d'un formulaire national, qui n'est pas officiel.
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Lorsqu'il est question de systèmes mixtes publics-privés, le modèle que nous recommandons généralement, c'est d'offrir un régime public par défaut afin que tout le monde soit automatiquement assuré, mais de permettre aux gens qui le souhaitent de choisir un régime privé.
Pour répondre à la question que M. Oliver a posée plus tôt, afin d'avoir droit à une subvention, la personne qui déciderait de ne pas participer au régime public par défaut serait obligée de choisir un régime privé approuvé. Il faudrait que l'approbation comprenne des éléments comme les listes de médicaments à couvrir et l'interdiction de refuser d'assurer quelqu'un en raison de maladies ou de problèmes de santé antérieurs, par exemple.
Nous croyons le principe selon lequel il faut établir, plus clairement qu'à l'heure actuelle, quel ordre de politiciens est responsable de trouver l'équilibre entre le désir de la population d'avoir accès à de bons soins de santé et son désir de ne pas payer des impôts très élevés. Il faut régler cette question.
Le Canada est plongé dans une situation dans laquelle le fardeau de payer les frais d'un système de soins de santé coûteux est placé tantôt sur les épaules des politiciens provinciaux, tantôt sur celles des politiciens fédéraux. Je ne crois pas que les Canadiens soient bien servis par un tel système. Nous soutenons l'imposition de certaines conditions quant aux transferts du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux, mais il faudrait leur donner le plus de flexibilité possible. Par rapport à l'assurance-médicaments, nous approuvons tous le modèle québécois, fondé sur le concept d'un régime public par défaut auquel tout le monde est inscrit à moins de participer à un régime privé approuvé. Le gouvernement du Québec fait respecter certaines règles relatives à ce que le régime privé doit comporter.
Ce que nous ne comprenons pas, c'est pourquoi, au Canada, nous croyons que les politiciens provinciaux, qui sont élus par les mêmes citoyens et les mêmes contribuables que les politiciens fédéraux, sont incapables de satisfaire le désir de la population d'avoir accès à un meilleur système de soins de santé sans que cela coûte les yeux de la tête.
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Oui, les provinces ont adopté des approches différentes, et cela contribue au problème. En effet, un large éventail d'approches ont été adoptées à l'échelle du pays, et les conditions changent selon le lieu de résidence. Par exemple, la Colombie-Britannique assure tout le monde, mais presque tous les habitants de cette province doivent payer une quote-part de 30 %, ce qui représente manifestement un obstacle de taille pour les personnes à faible revenu. Cela crée également des problèmes liés à l'accessibilité.
Il faut préciser que le Québec — et c'est tout à son honneur — a un régime de médicaments d'ordonnance universel. Nous n'aimons pas nécessairement tous les détails de ce modèle, mais la province l'a adopté. Toutefois, encore une fois, les gens doivent payer une quote-part importante aux points de service. Selon moi, c'est le problème de fond. Peu importe le modèle de système de soins de santé ou le programme national d'assurance-médicaments utilisé, il faut veiller à ce que les contraintes financières n'empêchent pas les gens d'avoir accès aux médicaments dont ils ont besoin.
Je ne suis pas d'accord avec Ake lorsqu'il affirme qu'on peut y arriver en optant tout simplement pour le statu quo. La grande réforme liée à la concurrence dirigée, même dans les modèles dont il parle, a nécessité, dans une large mesure, l'intervention du gouvernement. Par exemple, aux Pays-Bas, on a réglementé les sociétés d'assurance-maladie privées, afin qu'elles se fassent concurrence. Le régime privé d'assurance-maladie est en fait le régime public. Tout le monde y participe, et tout est rajusté en fonction des risques. La cotisation de chaque participant est calculée en fonction de ses moyens et il réclame selon ses besoins. Les participants paient une très petite quote-part — ou même aucune — pour leurs médicaments aux points de service. On est très loin du statu quo.
Le modèle Obamacare présente les mêmes caractéristiques. Il a fait des progrès, mais pas seulement en maintenant le statu quo. Au fil des années, il a grugé un peu les marges, par exemple en ajoutant des prestations pour les enfants de moins de cinq ans, etc., mais il n'a pris aucune mesure durable pour couvrir les gens qui n'ont pas d'assurance-maladie privée.
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Depuis l'adhésion du Québec à l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, il n'y a pas nécessairement eu plus de négociations qui ont poussé à la baisse le prix des médicaments génériques. Nous avons suivi le cours des négociations prévues. Toutefois, depuis cette adhésion du Québec, de plus en plus d'ententes d'inscription avec des compagnies novatrices ont été conclues. Évidemment, ces ententes sont conclues avec les différents représentants des différentes provinces qui participent à l'Alliance. Maintenant, le Québec conclut ce genre d'ententes, qui font en sorte qu'il y a davantage de médicaments inscrits sur la liste des médicaments remboursables. Sans entente, ces médicaments n'auraient pas été inscrits en raison de leur caractère coût-efficacité négatif.
Lorsqu'on utilise les années de vie ajustées par la qualité, les AVAQ, un mécanisme économique pour déterminer quels médicaments sont remboursables, souvent, on en arrive à la conclusion qu'un médicament trop cher par rapport à l'efficacité accrue qu'il apporte sur le marché ne devrait pas être remboursé.
Je vais profiter de l'occasion pour amener un élément en ce qui concerne les AVAQ.
On a beaucoup parlé de l'accès aux médicaments pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Au Québec, il y a eu plusieurs menaces de recours. Le gouvernement du Québec utilise les AVAQ, et on allègue que c'est inéquitable pour les personnes âgées. Vous comprendrez que, lorsqu'on utilise les AVAQ, on utilise le nombre d'années de vie gagnées et la qualité de vie augmentée à la suite de l'administration du médicament. Nécessairement, plus on est âgé, moins on a d'années de vie gagnées et l'amélioration de la qualité de vie est moindre. Donc, le ratio coût-efficacité pourra se retrouver réduit du fait de l'utilisation des AVAQ, ce qui limite, selon les allégations des représentants des personnes âgées, l'accès de ces personnes aux médicaments.
C'est un élément qu'il faut prendre en considération, lorsqu'on veut pousser l'utilisation du value based pour l'inscription des médicaments.
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Selon moi, si les provinces le souhaitaient, elles pourraient négocier avec les sociétés pharmaceutiques beaucoup plus férocement qu'elles le font maintenant et obtenir de meilleurs prix. Toutefois, il est utile d'avoir un régime universel auquel tout le monde contribue, car cela évite de déplacer les coûts du secteur public au secteur privé. Dans ce cas-là, la mission du gouvernement est clairement énoncée; il achète des produits pharmaceutiques pour son système de soins de santé.
Mon mari a dirigé PHARMAC en Nouvelle-Zélande. Il était premier dirigeant de l'organisme avant que je l'importe au Canada. Il est tout près si vous avez besoin de lui.
Il m'a donné l'exemple suivant: en 2013, la Nouvelle-Zélande payait 2,4 ¢ comparativement aux 62,5 ¢ payés par l'Ontario pour la simvastatine, un médicament qui fait baisser le taux de cholestérol. Ce prix a été obtenu à la suite de négociations très serrées; il s'agissait essentiellement de négociations commerciales. Le régime d'assurance public de la Nouvelle-Zélande négocie férocement, tout comme les OSSI aux États-Unis. En effet, les OSSI américaines ne paient pas du tout les prix indiqués sur la liste. Ces prix font l'objet de négociations serrées, afin d'obtenir des accords commerciaux qui assurent des prix très bas.
Au Canada, on s'est essentiellement contenté de subventionner indirectement les sociétés pharmaceutiques. Cela revient au point que vous faisiez valoir, car nous pensons que nous créons des emplois. Si nous souhaitons subventionner les sociétés pharmaceutiques, nous devrions le faire de façon transparente et ouverte, et non par l'entremise des prix élevés que les patients doivent payer aux points de service. Nous pouvons leur accorder des transferts si nous jugeons que c'est important, mais comme nous le faisons pour les sociétés d'automobiles, etc. Ces subventions ne devraient pas être cachées dans des prix élevés que les gens doivent payer pour obtenir les soins de santé dont ils ont besoin.
Nous pouvons faire beaucoup mieux que cela. Nous pourrions même utiliser un modèle canadien, si c'est ce que les provinces souhaitent. Je crois que c'est tout à fait acceptable. Autrement, les provinces pourraient le faire par elles-mêmes, mais cela pourrait créer un problème de surenchère si certaines provinces signaient un accord entre elles. Il faudrait exercer une surveillance pour s'assurer que les sociétés pharmaceutiques ne cherchent pas à tirer profit de cette situation. La meilleure façon de fonctionner consisterait à adopter une approche canadienne, mais il faudrait que les provinces signent une entente volontaire.
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J'aimerais revenir sur l'exemple du Québec, car c'est un exemple de système hybride public-privé au Canada. J'aimerais vous citer des extraits d'un article de Marc-André Gagnon:
En 1997, le Québec a créé un système de couverture de médicaments qui oblige les travailleurs à souscrire à un régime de soins de santé privé lorsqu'un tel régime est offert. Les gens qui n'ont pas accès à un régime privé doivent participer au régime public. Ainsi, tous les Québécois sont couverts par un régime d'assurance-médicaments.
Voici ce qu'il dit ensuite:
Quel a été le résultat du modèle hybride adopté par le Québec? La mise en oeuvre du régime a amélioré l'accès aux médicaments, mais en conservant un système fragmenté et fondé sur de multiples régimes publics et privés, le Québec n'a pas développé la capacité institutionnelle nécessaire pour limiter les coûts. Le Canada occupe le deuxième rang en ce qui concerne le prix payé par habitant pour les médicaments sur ordonnance (après les États-Unis), et le Québec est la province où l'on paie le prix le plus élevé par habitant au pays.
Voici un autre extrait:
Il y a 20 ans, le système du Québec représentait un grand pas en avant, mais il n'est certainement pas un modèle à suivre au XXIe siècle. Même s'il a amélioré l'accès aux médicaments sur ordonnance, le système demeure inéquitable, inefficace et non durable, selon un rapport officiel récemment publié par le Commissaire à la santé et au bien-être.
Il poursuit en ces termes:
Les inégalités persistent dans le système du Québec, car le prix des médicaments varie entre les régimes publics et privés (...) En fin de compte, qui paie la note? Les employeurs et les employés paient des cotisations très élevées, ce qui accroît les coûts liés à la main-d'œuvre et diminue la compétitivité des entreprises québécoises.
Et il ajoute ceci: « L'obligation de souscrire à un régime d'assurance privé ne dépend pas du revenu, et les coûts peuvent être assez élevés pour certaines personnes — surtout les travailleurs pauvres. »
Il souligne qu'une étudiante qui travaille à temps partiel lui a dit que sur son revenu mensuel net de 514 $, elle doit payer 190 $ en cotisations au régime d'assurance-médicaments. Il y a également le problème systémique de l'écrémage institutionnel entre les bons et les mauvais risques, c'est-à-dire que les personnes âgées, les gens qui ont recours à l'aide sociale ou les chômeurs doivent participer au régime public, alors que les personnes qui ont un bon emploi — en général des gens plus riches et en meilleure santé — participent à un régime privé.
J'en conclus que nous avons, au Canada, un exemple du modèle hybride dont vous vantiez les mérites, monsieur Blomqvist, mais qu'il ne s'agit pas d'un modèle que nous devrions tenter de reproduire.
Madame Forcier, avez-vous des commentaires à formuler à cet égard?
Je considère que ce n'est pas le modèle hybride qui est problématique, mais ce qui y est inclus. Je trouve que ce modèle voulant que tout le monde est couvert et que tous bénéficient d'une assurance-médicaments doit être suivi. À mon avis, c'est bien qu'il y ait un assureur public et des assureurs privés, pourvu qu'on s'assure qu'il y a une compétitivité positive et efficace entre les assureurs privés et qu'on limite les inégalités et les iniquités entre assurés du secteur public et du secteur privé.
Cela fait des années que j'allègue exactement la même chose que mon collègue Marc-André Gagnon. Toutefois, je n'irai pas jusqu'à dire que le modèle n'est surtout pas un exemple à suivre. Je pense qu'il y a beaucoup de corrections à y apporter. Présentement, c'est le fait que les obligations qui incombent aux assureurs privés en vertu de notre régime soient limitées qui génère plusieurs iniquités, et cela doit être corrigé. Toutefois, je ne suis pas favorable à une réforme complète du système. On doit d'abord y aller avec des modifications graduelles. Si, au final, cela ne fonctionne pas, on aura la réponse à la question de savoir si le système est inefficace, mais pour l'instant, je n'en suis pas du tout convaincue.
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Merci beaucoup. Notre temps est écoulé.
J'aimerais remercier chaleureusement les témoins, car nous avons eu droit à quelques premières aujourd'hui. En effet, nous n'avions jamais parlé de bursite des orteils auparavant. C'était la première fois.
C'est également la première fois, à ma connaissance, monsieur Blomqvist, qu'un témoin pose une question à un membre du Comité, et que ce dernier y répond. C'était très informatif et très utile. Il ne fait aucun doute que j'ai appris beaucoup de choses aujourd'hui.
J'aimerais poser une brève question à M. Elkins.
Dans votre exposé, vous avez dit que près de 94 % des employés qui gagnent plus de 100 000 $ reçoivent des prestations de maladie, comparativement à 32 % de ceux qui gagnent de 10 000 $ à 20 000 $ et à 17 % de ceux qui gagnent 10 000 $ ou moins. Avez-vous observé une tendance? Les employeurs offrent-ils ou ajoutent-ils moins d'indemnités de maladie?
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Merci, monsieur le président.
Je veux encore une fois m'assurer de bien comprendre. Je ne pense pas que le directeur parlementaire du budget vienne ici pour parler d'un sujet précis. Il vient, à notre demande, pour discuter de dossiers et de méthodologie. L'idée est vraiment de lui donner des directives, en le consultant, je suppose, au sujet de l'information qu'il pourra étudier et nous présenter ultérieurement. Si c'est le cas, je pense alors que les analystes ont bien raison.
Quand j'y pense, John, peut-être que la demi-heure devrait venir après. Nous pouvons adopter cette motion, la soumettre au directeur parlementaire du budget, et chacun de nous aura la chance de discuter avec lui de méthodologie et de dossiers. Nous aurions ainsi quelques jours pour voir si nous voulons ajouter quelque chose. La motion me semble très complète, mais il pourrait y avoir une ou deux autres choses que nous voudrions soumettre au directeur.
Après son départ, nous pourrions décider si nous voulons y apporter des modifications, et les lui transmettre.
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Je ne voulais pas vous interrompre, mais je sais que nous allons manquer de temps et je voulais demander aux membres du Comité le nombre de réunions que nous devrions consacrer à l'étude sur les surdoses aux opioïdes.
J'ai essayé d'être aussi précis que possible, et je pense que nous avons conclu à six réunions, mais je pourrais facilement ajouter quatre ou cinq témoins. Je ne voulais pas en inclure trop, car je ne sais pas combien de temps durera cette étude. J'allais dire qu'après avoir discuté avec mes collègues, il semble qu'il nous faudrait au moins quatre séances pour entendre les témoins.
Je vais vous dire comment je vois l'étude. Je ne dis pas que nous devrions prendre le temps de rédiger un long rapport pour résumer les témoignages. Ce que nous devrions faire après avoir entendu les témoins, c'est peut-être consacrer la moitié d'une séance — ou même le faire par écrit —, et dire que le Comité recommande au ministre de prendre les mesures suivantes, qui seraient énumérées. Je ne crois pas que nous ayons besoin d'une longue introduction. Notre but devrait être de donner des recommandations précises et utiles au gouvernement sur ce qu'il devrait envisager de faire pour enrayer la crise.
Si c'est le cas, nous pourrions avoir besoin d'une cinquième séance, ou d'une partie seulement de la cinquième séance.