[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui pour discuter du rôle que joue Santé Canada en vue d'optimiser la qualité, innocuité et l'efficacité des médicaments utilisés pour soigner les maladies rares et afin de rendre ces médicaments accessibles aux Canadiens.
Je suis ravie d'être accompagnée par le Dr John Patrick Stewart et Mme Karen Reynolds, qui oeuvrent également à Santé Canada.
[Traduction]
Une maladie rare est une condition mortelle ou débilitante, ou une affection chronique grave qui ne touche qu'un nombre restreint de patients. Il n'existe aucune norme internationale pour définir une maladie rare. Bon nombre des définitions englobent la prévalence ou l'incidence de la maladie visée. À Santé Canada, nous avons adopté une définition de la maladie rare qui s'apparente à celle utilisée dans l'Union européenne, à savoir une maladie touchant moins de 5 Canadiens sur 10 000. Certaines de ces maladies sont considérées comme rarissimes et peuvent toucher moins de 10 Canadiens.
Toutefois, bien que le nombre de Canadiens atteints d'une maladie rare soit bas, il existe des milliers de telles maladies et on estime qu'elles touchent un Canadien sur 12.
Bon nombre de ces maladies sont génétiques et apparaissent dès la naissance ou la petite enfance. Elles peuvent mener à une espérance de vie raccourcie, diminuer la qualité de vie et imposer des défis considérables aux patients, aux soignants et au système de santé.
Je crois comprendre que vous entendrez parler directement des patients touchés par des maladies rares. Vous les entendrez relater de façon concrète les difficultés qu'ils vivent pour obtenir un diagnostic précis, ce qui peut prendre des années et nécessiter le concours de plusieurs spécialistes.
J'aimerais maintenant vous expliquer le rôle que joue Santé Canada dans l'accessibilité aux traitements médicamenteux pour les maladies rares aux Canadiens dans le besoin. Nous sommes conscients des défis associés à la conception et à la mise en marché des médicaments utilisés pour soigner des maladies rares, que les Canadiens appellent communément les médicaments orphelins. Parmi ces défis, il y a le manque ou l'absence d'information sur l'histoire naturelle de la maladie et les petites populations de patients, ce qui complique la tenue d'essais cliniques normalement nécessaires dans le cadre de la mise au point de médicaments.
Santé Canada surveille les tests réalisés sur les nouveaux médicaments dans le cadre des essais cliniques, ainsi que leur autorisation finale aux fins de vente, et assure le suivi après la commercialisation des médicaments au Canada, dont ceux utilisés pour soigner les maladies rares. Les essais cliniques offrent une bonne occasion pour les patients atteints d'une maladie rare d'accéder aux traitements pour les maladies rares et de contribuer à soutenir la recherche afin de mieux comprendre leur maladie et les bienfaits thérapeutiques potentiels des nouvelles thérapies.
Santé Canada examine les demandes d'essais cliniques rapidement et efficacement, et prodigue des conseils scientifiques gratuits aux fabricants de médicaments sur l'élaboration d'essais cliniques au sein des petites populations de patients. Une fois qu'un essai clinique est autorisé par Santé Canada, il est inclus dans la Base de données sur les essais cliniques de Santé Canada. Cette base de données a pour but d'aider les patients et leurs fournisseurs de soins primaires à trouver les essais offerts, de même que d'appuyer le recrutement des patients atteints d'une maladie rare.
Une fois qu'un fabricant de médicaments dispose de suffisamment de données probantes sur l'innocuité et l'efficacité d'un médicament, il peut demander une autorisation de mise en marché au Canada. Santé Canada délivre des autorisations de mise en marché pour les médicaments à l'issue d'une évaluation du dossier complet d'information visant à faire la preuve que le médicament est sûr, efficace et de grande qualité, que les bienfaits compenseront les risques et que ces derniers peuvent être gérés. Une fois le médicament mis en marché, nous continuons le suivi afin de surveiller son profil d'innocuité.
Les médicaments destinés à soigner des maladies graves ou qui représentent une menace pour la vie, comme un grand nombre de maladies rares, sont accélérés dans le cadre du processus d'examen réglementaire et reçoivent un statut prioritaire ou une approbation conditionnelle. Ces moyens accélérés fournissent un accès précoce à de nouveaux médicaments prometteurs pour des patients atteints de maladies rares.
Toutefois, une autorisation de mise en marché ne garantira pas en soi la disponibilité du médicament. Le système de santé au Canada est complexe et fait entrer en jeu de multiples intervenants, lesquels ont tous un rôle distinct à jouer dans la planification et la prestation de services de soins de santé. Le rôle du décideur que joue Santé Canada dans l'approbation d'un médicament est distinct des rôles que jouent ceux qui prennent les décisions relatives au rapport coût-efficacité, à l'établissement des coûts et aux remboursements.
Malheureusement, bon nombre de médicaments pour les maladies rares sont très coûteux. Santé Canada, tout en admettant et en protégeant son rôle distinct, doit travailler avec tous ses partenaires et les intervenants clés afin d'améliorer l'accès aux médicaments utilisés pour soigner des maladies rares en encourageant la mise au point et l'accessibilité de produits sûrs et efficaces.
Santé Canada reçoit des demandes et approuve les médicaments utilisés pour soigner les maladies rares. À l'heure actuelle, de 30 à 40 % des médicaments approuvés au Canada, de même que dans les marchés internationaux comme les États-Unis et l'Europe, sont utilisés pour soigner ces maladies. Une récente recherche du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés révèle que 9 des 10 médicaments orphelins les plus vendus sont offerts au Canada. En 2017, 16 des 36 nouveaux médicaments que nous avons autorisés au Canada sont classés comme médicaments orphelins en Europe ou aux États-Unis. La plupart de ces médicaments ont été examinés au moyen d'un processus réglementaire accéléré.
Les médicaments qui ne sont pas mis en marché au Canada peuvent être accessibles par l'entremise du Programme d'accès spécial, ou PAS, de Santé Canada. Ce programme fournit un accès, à titre exceptionnel et au cas par cas, à des médicaments non approuvés pour les praticiens qui traitent des conditions graves ou mortelles lorsque les traitements traditionnels ont échoué, ne conviennent pas ou ne sont pas accessibles. Environ 30 % des médicaments autorisés au titre du PAS sont utilisés pour soigner des maladies rares.
Nous devons toutefois en faire davantage. De nombreux pays ont adopté des lois particulières pour encourager la mise au point de médicaments utilisés pour soigner des maladies rares. Des lois en matière de médicaments orphelins ont été adoptées dans l'Union européenne et aux États-Unis afin de soutenir la mise au point de médicaments dont la mise en marché ne serait pas rentable autrement.
En 2016, Santé Canada a lancé l'Initiative d'examen réglementaire des médicaments et du matériel médical, un effort majeur visant à améliorer la disponibilité des médicaments d'ordonnance et faciliter leur accès, y compris les médicaments utilisés pour soigner les maladies rares. Voilà qui a représenté une initiative de financement importante dans le budget de 2017.
Nous comprenons les besoins et les défis particuliers des Canadiens atteints de maladies rares et nous nous sommes engagés à améliorer l'accès aux médicaments qui traitent ces maladies. L'Initiative d'examen réglementaire des médicaments et du matériel médical rendra le processus réglementaire plus efficace et mieux en mesure de répondre aux besoins du système de soins de santé. Cela contribuera aussi à faire en sorte que les patients aient accès à de nouveaux médicaments importants approuvés par Santé Canada.
Nous le ferons grâce à une collaboration étroite avec les organes d'évaluation des technologies de la santé afin de réduire le délai entre les approbations de Santé Canada et les recommandations de remboursement. Nous collaborerons aussi avec nos organes d'évaluation des technologies de la santé pour prodiguer des conseils parallèles à l'intention de l'industrie de la conception d'essais cliniques à un stade précoce de développement.
Nous prendrons en compte les besoins du système de soins de santé dans la prise de décisions au sujet des médicaments auxquels Santé Canada devrait accorder la priorité, et utiliserons des preuves concrètes nouvelles et existantes pour appuyer la prise de décisions réglementaires dans l'ensemble du cycle de vie du médicament.
Nous déterminerons le meilleur moyen d'incorporer les commentaires des patients dans le processus d'approbation réglementaire. Santé Canada admet la valeur de l'information recueillie auprès des patients en tant qu'utilisateurs directs des produits. Cela est particulièrement vrai pour les maladies rares, vu la quantité d'information restreinte disponible et le fait que les patients et/ou leurs soignants peuvent s'avérer des spécialistes de leur propre maladie.
En outre, Santé Canada renouvelle et modernise le PAS afin de mieux répondre aux besoins des médecins et des patients. Des améliorations ont déjà été apportées afin de fournir une aide accrue aux médecins, et d'autres changements sont à venir, dont un nouveau système électronique qui simplifiera les demandes effectuées dans le cadre du PAS.
En plus de contribuer à accompagner les parties intéressées dans leur utilisation du cadre réglementaire, l'approche réglementaire du Canada à l'égard des maladies rares est décrite sur Canada.ca.
Selon l'écho entendu de la part des nombreux intervenants, la reconnaissance du statut d'orphelin de ces produits est importante. Nous désignons maintenant les médicaments qui sont considérés comme orphelins dans le rapport annuel de Santé Canada intitulé Autorisations de nouveaux médicaments par Santé Canada, dont nous avons amené des copies à votre intention.
Nous avons suffisamment de souplesse en vertu de nos politiques et règlements actuels pour relever les défis que posent les médicaments utilisés pour soigner les maladies rares et les rendre accessibles au Canada. Notre examen réglementaire continu nous permet de poursuivre la modernisation de notre approche réglementaire afin de contribuer à fournir aux patients canadiens les médicaments dont ils ont besoin.
[Français]
Maintenant plus que jamais, l'amélioration de l'abordabilité, de l'accessibilité et de l'utilisation de médicaments d'ordonnance figure au sommet des priorités conjointes de Santé Canada et de ses partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux dans leurs efforts visant à mieux répondre aux besoins de la population canadienne.
:
En un mot: oui. Le Programme d'accès spécial existe depuis déjà longtemps, et comme je l'ai déjà mentionné, il doit y avoir un dialogue avec le médecin; c'est le médecin qui doit déterminer quelle thérapie constitue le meilleur choix pour le patient.
Il soumet une demande; elle est évaluée selon les critères du programme, puis elle est autorisée. Il peut, parfois, y avoir des problèmes de documentation ou de manque de documentation, de sorte qu'il faut approfondir le dialogue. Faute de réponse, la demande peut être annulée. Si le dialogue avec le médecin mène à conclure qu'il ne s'agit pas de la meilleure thérapie possible, elle peut être retirée.
Dans les faits, les refus formels constituent 0,3 % des cas. L'an dernier, il y a eu 13 000 demandes dans le cadre du Programme d'accès spécial et seules 48 ont été rejetées, c'est donc très rare.
Concernant votre question sur l'amélioration du processus, nous avons entrepris d'analyser dans quelles circonstances les demandes sont refusées et comment nous pourrions améliorer le processus. Depuis un an ou deux, nous avons même de nouvelles ressources dotées de compétences cliniques, de sorte que nous avons désormais un pharmacien clinique qui travaille dans le système de santé en plus de travailler pour Santé Canada. Avant tout refus, cette personne ou une autre aux compétences similaires communiquera avec le médecin pour avoir un dialogue avec lui. Cette nouvelle façon de faire a fait baisser la proportion des refus de 1,5 % à 0,3 %, il y a donc une conversation.
Vous avez mentionné l'exemple de médicaments contre des problèmes de peau causés par la larva migrans. Nous ne pouvons parler de ces cas particuliers, parce que l'information est confidentielle, mais je vous dirai simplement que l'un des critères à respecter consiste à expliquer, dans la demande, en quoi le problème est grave et menace la vie du patient, puis à fournir de la documentation sur son utilisation, son innocuité et son efficacité.
Il peut arriver que ces renseignements ne soient pas clairs dans la demande. Il y a certaines conditions, comme des maladies infectieuses, des conditions invalidantes ou des circonstances pouvant menacer la vie qui nécessitent un dialogue, puisqu'il faut déterminer si le problème est grave et menace la vie de la personne pour que le médicament soit approuvé.
Je pense que la mise en place de ces nouvelles communications cliniques contribuera beaucoup à éviter les situations où le problème tient surtout à la clarté de l'information entre les administrateurs du programme et le praticien.
Pour ce qui est des autres améliorations en vue, il y a une communication. Nous sommes allés chercher de l'expertise clinique. Nous avons resserré la collaboration entre les directions et les bureaux chargés d'approuver les médicaments. Vous mentionnez le cas des médicaments offerts dans le cadre du programme depuis longtemps, un sujet qui nous préoccupe aussi et sur lequel nous sommes en dialogue avec des gens de l'industrie pour comprendre pourquoi ces médicaments ne sont pas accessibles. Est-ce parce qu'ils sont offerts en trop faible volume ou pour des raisons commerciales? Nous mettons en place divers incitatifs afin de convaincre les entreprises dont un médicament est inscrit au programme depuis si longtemps de faire les démarches nécessaires pour le commercialiser.
Nous avons connu du succès l'an dernier. Trois des dix principaux médicaments réclamés dans le cadre du programme depuis des années ont finalement reçu une approbation pour la commercialisation au Canada, ce qui aidera beaucoup les pharmaciens, les médecins et les hôpitaux. Nous poursuivons notre travail en ce sens.
L'autre difficulté que vous avez mentionnée, c'est qu'il y a des patients devant prendre longtemps des médicaments visés par le programme. Encore une fois, nous nous penchons sur la question et nous sommes en train de revoir nos façons de faire dans les cas où il est probable qu'il y ait des demandes répétées, afin que la période d'autorisation soit prolongée.
Cela dit, ce programme vise à donner accès à des thérapies non approuvées, qui n'ont pas fait l'objet d'une évaluation officielle de l'organisme de réglementation chargée d'en évaluer l'innocuité, la qualité et l'efficacité. Certains de ces médicaments sont bien connus, d'autres moins, donc l'hésitation à accorder une approbation pour une longue période vient surtout du fait que la situation peut varier beaucoup de l'un à l'autre. Nous ne les connaissons pas aussi bien que les médicaments approuvés pour la commercialisation au Canada.
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Je tiens d'abord et avant tout à remercier vivement le Comité de tenir cette étude spéciale et de nous avoir invitées de nouveau à y contribuer. Nous sommes ravies que vous vous penchiez ainsi, pour la toute première fois, sur le sort des Canadiens atteints d'une maladie rare. C'est tout un coup de pouce pour nous.
Je tiens à remercier tout spécialement Ben Lobb — en espérant qu'il soit présent — ainsi que John Oliver, membre d'office du Comité, pour le leadership dont ils ont fait montre afin que cette étude puisse se réaliser.
Pour ceux parmi vous qui êtes des professionnels de la santé, et je sais qu'il y en a quelques-uns, nos propos devraient faire écho à ce que vous avez déjà pu entendre dans vos circonscriptions et vos cabinets respectifs concernant les impacts directs des maladies rares.
Nous nous réjouissons notamment de la manière dont vous avez formulé la question. Quels sont les obstacles et les difficultés, mais également les pistes de solution? Je crois que c'est vraiment ce qui nous intéresse tous au premier chef.
Nous sommes également heureuses d'avoir pu assister à l'exposé de Santé Canada. Nous allons tenter d'aller un peu plus loin par rapport à ce que vous avez déjà pu entendre et aux questions pertinentes que vous avez été à même de poser.
Comme vous l'avez vous-même bien établi, il s'agit d'une composante de notre système de santé canadien que nous négligeons depuis trop longtemps déjà. Nul besoin de vous répéter encore une fois que les maladies rares affectent directement près de trois millions de Canadiens, sans compter leurs proches. Les deux tiers des Canadiens touchés sont des enfants. La plupart de ces maladies sont débilitantes, ce qui rend d'autant plus importante la lutte qu'on leur livre. Il s'agit de maladies chroniques dont bon nombre peuvent être mortelles si elles ne sont pas diagnostiquées et traitées rapidement.
Il faut bien sûr se réjouir des grandes améliorations apportées pour ce qui est de l'établissement du diagnostic. En outre, les traitements accessibles vont être de plus en plus nombreux. Nous avons réalisé en juin dernier un sondage dont nous pourrons vous soumettre les résultats détaillés sous peu. Je peux toutefois vous dire d'ores et déjà que 80 % des personnes atteintes d'une maladie rare ont indiqué très clairement éprouver de la difficulté à avoir accès aux médicaments dont elles ont besoin. Je crois d'ailleurs que Maureen, qui m'accompagnait également lors de ma dernière comparution, va vous parler des obstacles qu'elle a dû surmonter pour obtenir un diagnostic et des traitements pour sa maladie rare.
Notre organisation s'emploie depuis de nombreuses années à abattre ces obstacles. C'est notamment dans ce contexte que nous avons lancé en 2015 la stratégie canadienne sur les maladies rares. Nous étions d'ailleurs très heureux de pouvoir faire ce lancement ici même au Parlement en bénéficiant ainsi de l'appui des députés.
L'un des objectifs principaux — que je vais répéter, car je ne m'attends pas à ce que vous vous en souveniez — réside en fait dans l'accès à des thérapies prometteuses. Nous sommes ravies d'être des vôtres aujourd'hui pour parler de quelques-unes des difficultés auxquelles se heurtent les patients souhaitant avoir accès à ces thérapies de même que pour vous adresser quelques recommandations, notamment quant aux mesures à prendre par le gouvernement fédéral pour faciliter cet accès.
Avant d'aller plus loin, je vais céder la parole à Maureen Smith. Non seulement Maureen est-elle atteinte d'une maladie rare, mais elle est aussi secrétaire de notre conseil d'administration depuis de nombreuses années. Elle va vous faire part de son expérience personnelle.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant vous, aujourd'hui.
Comme l'a dit Mme Wong-Rieger, je m'appelle Maureen Smith, une Canadienne atteinte d'une maladie rare. Celle-ci a été diagnostiquée alors que j'avais huit ans, après quatre ans de tests et de visites chez des spécialistes.
Depuis les cinq dernières décennies, l'accès aux traitements et aux médicaments joue un rôle déterminant dans ma vie.
Au cours des 10 dernières années, en tant que bénévole de l'Organisation canadienne des maladies rares et de nombreux autres groupes et comités consultatifs, j'ai entendu les témoignages de plusieurs Canadiens atteints de maladies rares. J'ai aussi pu prendre connaissance des difficultés auxquelles font face les autres parties intéressées.
Je suis ravie de vous parler de ma perspective en tant que patiente.
[Traduction]
J'ai longtemps réfléchi au message que je souhaitais vous transmettre aujourd'hui. Voici donc ce que j'aimerais vous dire.
Lorsque vous êtes atteint d'une maladie rare, vous vivez une grande incertitude du point de vue médical, et il n'y a souvent rien à y faire. J'ai pour ma part participé au premier essai clinique tenu au Canada pour une maladie extrêmement rare. Nous étions quatre enfants et j'étais la seule fille. Cette incertitude vous suit pendant toute votre vie. Trop souvent, même avec les meilleures intentions du monde, on ne peut rien y changer.
Lorsque cette incertitude s'ajoute aux difficultés d'accès aux traitements, vous vous retrouvez avec une préoccupation de plus. Si vous avez la chance qu'il existe bel et bien un traitement, vous vous demandez sans cesse si vous allez pouvoir y avoir accès. Si vous pouvez effectivement l'obtenir, vous vous mettez à craindre qu'on vous le retire.
C'est le message que je voulais vous communiquer aujourd'hui. C'est l'un des aspects les plus difficiles avec lesquels les patients doivent composer. Une grande partie de cette incertitude demeure inévitable, mais j'ose espérer que vous trouverez un moyen d'alléger ce fardeau pour les Canadiens atteints d'une maladie rare ainsi que pour leurs proches.
:
Je vais essayer de faire un survol de tout cela. À la lumière des questions que je vous ai entendu poser tout à l'heure, je constate que les membres du Comité sont très au fait des principaux défis à surmonter. Je vais donc m'abstenir de vous les exposer tous encore une fois, mais je veux tout de même insister sur quelques-uns de ces enjeux.
Nous souscrivons à l'approche réglementaire adoptée par Santé Canada pour ce qui est des médicaments orphelins. On les a regroupés. Reste quand même qu'un cadre réglementaire distinct pour ces médicaments permettrait de bénéficier de soutien et d'avantages supplémentaires pour l'accès à ces thérapies au Canada. Il s'agit à nos yeux d'une considération cruciale, mais nous appuyons tout de même les mesures prises par le ministère.
La principale difficulté, et je crois que Cathy vous en a parlé également, vient du fait que l'approbation de ces médicaments ne signifie pas qu'ils deviendront automatiquement accessibles, car l'accès est en grande partie tributaire du régime de remboursement. Nous estimons certes qu'une meilleure harmonisation du processus d'examen entre Santé Canada et les agences d'évaluation des technologies de la santé pourrait permettre de réduire les délais. En toute franchise, nous craignons fort que le processus d'évaluation des technologies de la santé en usage au Canada par l'entremise de l'ACMTS et de l'INESSS ne convienne pas vraiment dans le cas des maladies rares.
Dans l'état actuel des choses, la majorité des médicaments qui sont soumis à ce processus sont en fait... Au départ, ces médicaments n'étaient pas refusés. On refuse maintenant de les approuver parce que l'on considère qu'ils ne sont pas rentables. Ils ne satisfont pas aux normes de rentabilité établies pour les médicaments plus courants. Vous avez déjà indiqué pouvoir comprendre les nombreuses difficultés associées à l'établissement du prix des médicaments, à l'incertitude qui règne et aux avantages à long terme de ces médicaments. C'est en fonction de ces deux paramètres que l'ACMTS et l'INESSS ont recommandé que des médicaments ne soient pas approuvés ou encore que l'on réduise leur prix pour ce faire, parfois dans une proportion pouvant atteindre 97 %.
Comme le soulignait le Dr Stewart, il n'est alors pas question de seulement quelques mois supplémentaires pour que ces médicaments deviennent accessibles. Il faut parfois compter jusqu'à deux ans, voire quatre ans, pour que ce prix soit négocié. C'est une véritable tragédie. Pendant ce temps-là, les patients atteints d'une maladie débilitante mettant leur vie en danger voient leur condition se détériorer à un point tel que le médicament ne sera plus efficace dans leur cas ou que leurs chances de survie deviendront nulles. C'est loin d'être une bonne chose.
Nous avons demandé à des patients de nous dire ce qui était pire pour eux entre l'absence d'un médicament ou l'impossibilité d'avoir accès à un médicament qui existe. Vous pouvez vous imaginer quelle a été leur réponse. Il est parfois pire de ne pas pouvoir avoir accès à un médicament qui pourrait améliorer votre état, et c'est ce qui arrive malheureusement.
Nous voulons nous assurer que l'on investisse davantage dans l'évaluation de ces médicaments, mais nous avons besoin à cette fin d'un processus distinct d'évaluation des technologies de la santé, comme c'est le cas au Royaume-Uni, en France et depuis peu en Australie. Il faut également que nous prenions conscience du fait qu'il nous faut faire les choses différemment. Encore là, nous croyons que le gouvernement fédéral pourrait grandement contribuer à faire progresser ce dossier.
Nous tenons à préciser, comme on vous l'a déjà indiqué, que le processus du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés et la réglementation applicable sont en fait... Nous n'en doutons aucunement, car les entreprises concernées nous en ont parlé. Cela minera grandement leur capacité de rendre disponibles ces médicaments en temps utile. Nous n'y aurons plus accès. Nous ne serons plus parmi les pays les mieux nantis à ce chapitre. Il n'y a plus d'essais cliniques qui s'effectueront au Canada, car aucune entreprise ne voudra venir dans un pays où les prix sont établis différemment qu'ailleurs dans le monde, et où il lui sera impossible de lancer son médicament assez rapidement. Nous savons que la plupart des patients qui participent à un essai clinique ne se voient pas retirer le médicament par la suite. Les entreprises doivent désormais envisager une période de deux à quatre ans pendant laquelle ils devront payer pour les médicaments du patient. Je ne pense pas que cela va les intéresser. Elles ne voudront pas non plus venir dans un pays où les prix sont établis d'une manière qui les défavorise. Je ne veux pas dire par là que nous ne devons pas négocier de nouveaux prix, mais nous ne pouvons pas le faire différemment des autres pays du monde.
Nous souhaiterions que le gouvernement revoie le mode de fonctionnement du CEPMB. Nous sommes de tout coeur favorables à une réduction du prix des médicaments. Nous convenons parfaitement qu'il est nécessaire de s'assurer que le Canada ne paie pas davantage que les autres pays. Nous ne pouvons toutefois pas procéder d'une manière différente qu'ailleurs dans le monde pour parvenir à ce résultat. Il s'agira d'un contre-incitatif direct pour les entreprises qui songeraient à venir au Canada.
Je suis désolée, mais j'articule tout cela au fur et à mesure.
:
Monsieur le président et honorables membres du Comité permanent de la santé, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de vous parler des obstacles qui entravent l'accès à la thérapie. Nous sommes ravis d'avoir enfin l'occasion de nous attaquer à ce problème, mais nous y voyons un risque croissant pour l'avenir. Nous nous sommes réjouis d'entendre les progrès réalisés par Santé Canada, mais nous tenons également à vous montrer aujourd'hui qu'il y a tout lieu de s'inquiéter encore davantage pour la suite des choses compte tenu de quelques-uns des enjeux auxquels nous sommes confrontés, même dans le cadre plutôt limité de notre expérience.
Je suis devant vous aujourd'hui pour représenter les Canadiens et les Canadiennes atteints de la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Je voulais que Carol Skinner, une jeune femme qui milite en faveur des Canadiens vivant avec la SLA, m'accompagne aujourd'hui. Vous êtes d'ailleurs nombreux à l'avoir déjà rencontrée. Elle vous prie d'excuser son absence, mais les motifs qui justifient celle-ci témoignent parfaitement bien de quelques-unes des difficultés associées à des maladies rares comme la SLA.
Carol souffre d'une maladie terminale qui mine sa mobilité, ses capacités et son indépendance. Pour que Carol puisse comparaître devant vous aujourd'hui, il aurait fallu que son auxiliaire personnelle se rende chez elle encore plus tôt qu'à l'habitude pour l'aider dans une routine quotidienne que la plupart d'entre nous tenons pour acquise. Elle a en effet besoin de soutien pour se brosser les dents, faire sa toilette personnelle et s'habiller, autant de tâches qui seraient rendues encore plus difficiles par le fait que la présente séance a lieu tôt le matin, alors que ses muscles ne réagissent pas nécessairement aussi bien que plus tard dans la journée.
L'époux de Carol, Travis, aurait dû s'absenter du travail pour l'aider physiquement à se rendre jusqu'ici, ce qui aurait entraîné une perte de revenu pour une famille qui doit déjà composer avec les coûts élevés d'une maladie onéreuse. L'exemple de Carol montre bien que la SLA, une maladie neurodégénérative terminale, change non seulement la vie des 3 000 Canadiens qui ont reçu un diagnostic semblable, mais aussi celle de bien d'autres personnes. Les dommages émotionnels, physiques et financiers sont énormes.
Chaque année, un millier de Canadiens reçoivent un tel diagnostic et doivent amorcer de concert avec leurs proches un cheminement les confrontant à une maladie qui, en l'espace de deux à cinq ans, va les priver de leur capacité de manger, de parler, de se déplacer et même de respirer en causant la mort de leurs motoneurones.
La maladie est d'origine génétique pour seulement de 5 à 10 % des personnes atteintes. Dans les familles concernées, la maladie frappe des gens de toutes les générations. Nous avons tous une chance sur 400 de recevoir un jour un diagnostic de SLA.
Étant donné qu'il n'y a à peu près pas d'options thérapeutiques possibles, les malades en proie au découragement se tournent vers n'importe quelle solution pouvant leur procurer une lueur d'espoir, y compris celles les exposant à de grands risques et pouvant drainer leurs ressources financières. C'est ensuite notre système de santé qui en fait les frais lorsque les choses tournent mal.
Dans ce contexte, je vous invite à profiter du reste de mon exposé pour tenter de vous mettre dans la peau d'une personne paralysée par la SLA. Je vous prie donc d'essayer de demeurer assis sans bouger un seul muscle d'ici à ce que j'ai terminé de parler.
Nous avons plusieurs recommandations à vous soumettre pour améliorer l'accès aux thérapies.
Il faut dans un premier temps créer un environnement faisant du Canada un pays de choix pour la mise en oeuvre de nouvelles thérapies tout au long du spectre allant des efforts de recherche et développement jusqu'au processus d'approbation et de remboursement, en passant par les essais cliniques et la présentation de nouveaux médicaments. Il faut par ailleurs veiller à que ces processus et ces échéanciers soient mieux coordonnés et davantage rationalisés tout en assurant une plus grande transparence de la démarche de telle sorte que les patients puissent avoir accès aux médicaments aussi bien avant leur mise en marché qu'après celle-ci. Nous vous exhortons en outre de collaborer avec les provinces et les territoires de manière à aplanir les disparités qui font actuellement en sorte que la capacité d'accès varie d'une région à l'autre au pays.
Nos recommandations sont fondées sur des principes d'équité, d'accès en temps utile, d'abordabilité et de partenariat avec les patients. Tous les Canadiens devraient bénéficier de la même capacité d'accès à des traitements de grande qualité convenant à leurs besoins particuliers.
Pour ce qui est de l'accès en temps utile, aucun Canadien ne devrait avoir à attendre indûment pour obtenir les traitements que son état nécessite. Les gens que je représente n'ont pas les moyens d'attendre. En outre, chacun devrait pouvoir se payer le traitement et les dispositifs nécessaires pour l'administrer. Il faut par ailleurs établir un partenariat véritable avec les patients. Ce partenariat doit s'appuyer sur de bonnes bases et contribuer à améliorer le sort du patient. Il faut surtout que l'ensemble du processus soit transparent.
En notre qualité de membres de l'Organisation canadienne des maladies rares, nous appuyons sans réserve les revendications en faveur d'une mobilisation poussée des intervenants et d'une stratégie pour la gestion des maladies rares. Ces recommandations et ces principes directeurs sont l'aboutissement des expériences vécues récemment au sein de notre communauté ainsi que de notre engagement auprès d'organisations comme l'OCMR et la Coalition canadienne des organismes de bienfaisance en santé.
J'aimerais vous communiquer certains obstacles récents auxquels ont fait face des Canadiens qui souffrent de la SLA.
Certains d'entre vous ont rencontré Norm. Sa situation illustre l'absence d'un processus uniforme pour les essais cliniques et l'accès préalable à la mise en marché, ce qui entraîne des coûts sur les plans physique et émotionnel, ainsi que des coûts liés au système. Norm a participé à un essai clinique qui n'a entraîné aucun effet indésirable. À la fin de l'essai clinique, la société était prête à lui fournir le médicament, mais il fallait d'abord présenter une demande de prolongation ouverte à Santé Canada. Le processus d'approbation a pris six semaines.
Même si cela ne nous semble pas très long, une telle période peut faire la différence entre la capacité de parler ou de bouger les mains. Malheureusement pour Norm, pendant l'interruption de son traitement, la maladie a progressé et il a subi une perte de capacité fonctionnelle, ce qui a directement causé deux chutes graves. Les blessures causées par ces chutes ont nécessité une hospitalisation et notamment des épidurales, afin de soulager la douleur causée par la blessure au dos.
Enfin, après avoir dû servir d'agent de liaison actif entre les deux décideurs qui ne communiquaient pas directement entre eux, Norm a réussi à obtenir une prolongation ouverte. Lorsque la thérapie ne cause aucune inquiétude liée à la sécurité, ce type de retard et d'inefficacité réglementaire est inacceptable. Cela crée de l'incertitude et nuit injustement et inutilement à l'accès aux traitements.
En comparaison, aux États-Unis, lorsque la FDA approuve un essai clinique, tant et aussi longtemps qu'il n'y a aucun problème lié à la sécurité, cette prolongation ouverte est immédiatement accordée à la fin du protocole d'essai clinique. Ce processus évite d'avoir une interruption potentielle du traitement, comme celle vécue par Norm qui a entraîné une blessure et une perte de capacité fonctionnelle. Dans le cas de Norm, cette perte de capacité fonctionnelle est irréversible.
Actuellement, nous observons de longs délais et un manque de transparence dans le processus de réglementation et de remboursement au Canada, ce qui a des répercussions sur l'accès aux patients. En mai 2017, la FDA a approuvé Radicava comme traitement pour la SLA aux États-Unis. Après un lobbying intensif auprès de la société par les patients, la Société canadienne de la SLA et, oui, même par Santé Canada, au bout du compte, en mars 2018 — il a fallu presque une année entière —, la société a décidé de soumettre son médicament au processus réglementaire du Canada. Ce médicament fait actuellement l'objet d'un examen prioritaire. Étant donné le délai de 180 jours, une décision devrait être rendue très bientôt.
Au cours des 17 mois qui ont suivi l'approbation de la FDA, les membres de notre communauté qui pouvaient se le permettre ont utilisé le processus d'importation personnel de Santé Canada. Ils ont donc payé eux-mêmes l'importation du médicament. Cette méthode d'accès n'est pas conforme à la notion d'un accès équitable dans le cadre d'un système universel de soins de santé, et elle a exposé les gens à des risques.
Nous savons également très bien que même si ce médicament reçoit un avis de conformité, ou un AC, assorti de conditions, cela ne signifiera pas que le traitement sera facilement accessible, comme nous l'avons entendu plus tôt aujourd'hui. Nous nous attendons à ce que l'ACMTS, l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé, fournisse peut-être des recommandations en matière de remboursement aux provinces et aux territoires d'ici la fin de l'année, mais il faudra encore attendre après cela pour que des décisions soient prises. Toutefois, sans délai précis et sans transparence dans le processus, les sociétés pourraient décider qu'il est trop risqué d'entrer sur le marché canadien, ce qui signifie que les Canadiens n'auront pas accès à ces nouveaux traitements.
Pendant les 180 jours de la période d'examen prioritaire de Santé Canada, 500 Canadiens sont décédés de la SLA. Combien d'autres décéderont en attendant la décision de l'ACMTS? Ensuite, combien d'autres décéderont pendant qu'ils attendent que le médicament soit accessible par l'entremise d'un programme de médicaments financés par les fonds publics? Les membres de cette communauté mesurent le temps en fonction de la perte de leurs propres capacités fonctionnelles et du nombre d'entre eux qui décéderont pendant ce processus.
Les problèmes liés à l'accès ne sont pas terminés lorsque les gens obtiennent le médicament. En effet, il faut maintenant créer un système dans lequel les patients peuvent recevoir le médicament de façon équitable, peu importe l'endroit où ils vivent ou leurs moyens financiers. Même si de nombreux membres de notre communauté ont été en mesure d'avoir accès à ce médicament par leurs propres moyens, un grand nombre d'entre eux ont des problèmes liés à l'injection du médicament. En effet, ce médicament doit être administré par intraveineuse. Le traitement se fait habituellement 10 jours sur 14, suivis de 14 jours sans médicament, et ce cycle est répété. Les provinces ont différentes politiques et approches liées à la gestion de l'injection du médicament par intraveineuse, et de nombreuses personnes ont dû payer des coûts supplémentaires pour se faire injecter le médicament par intraveineuse dans des cliniques privées ou par du personnel infirmier du secteur privé. Dans certaines provinces, la situation était tellement grave que le système de soins de santé n'appuyait pas l'injection du médicament. Des gens en possession du médicament devaient donc chercher, sur Kijiji, une personne qui acceptait de leur injecter le médicament.
Cela met une population déjà vulnérable et désespérée dans une situation risquée qui pourrait, au bout du compte, entraîner des coûts encore plus élevés pour le système de soins de santé en raison des effets indésirables.
Notre préoccupation pour l'avenir, c'est que même avec le processus de l'APP, qui est conçu pour établir une approche de financement uniforme entre les provinces, nous continuerons d'observer des différences non seulement dans les décisions en matière de remboursement, mais également dans les normes de pratique.
De plus, un nouveau traitement efficace ne peut manifestement pas améliorer les résultats en matière de santé des Canadiens si l'arrivée de ce médicament au Canada est retardée ou si le médicament n'est pas lancé sur le marché canadien. Le Canada, avec sa population relativement petite, doit devenir un joueur compétitif pour attirer les fabricants, afin qu'ils amènent leurs traitements ici à toutes les étapes de la chaîne thérapeutique.
Il y a d'autres traitements pour la SLA à l'horizon. Nous voulons éviter de devoir faire face aux mêmes défis qui se sont posés au cours des 18 derniers mois lorsque ces nouveaux traitements seront disponibles. Nous ne pouvons pas laisser les membres d'une population désespérée et vulnérable sans espoir lorsqu'ils peuvent voir ce traitement juste de l'autre côté de la frontière, mais qu'ils n'ont pas les ressources physiques ou financières nécessaires pour avoir accès à ces médicaments qui pourraient leur sauver la vie.
Chaque année, un millier de Canadiens décèdent de la SLA. Combien d'autres Canadiens décéderont avant que notre système de soins de santé réponde aux besoins des Canadiens qui sont assez malchanceux pour recevoir un diagnostic de SLA?
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Les défis liés à l'accès aux médicaments pour le traitement des maladies rares sont nombreux, comme vous l'avez dit, et ils sont différents d'un pays à l'autre. Comme nous l'avons dit, personne n'a un système idéal.
En ce qui concerne la Nouvelle-Zélande, il faut établir très clairement les faits. Aucun patient atteint d'une maladie rare n'a accès aux médicaments là-bas. Nous connaissons très bien la New Zealand Organization for Rare Disorders, et presque personne n'a accès aux traitements. Par exemple, pour ses deux enfants, l'ancien président n'a jamais eu accès à un médicament qui était facilement accessible en Australie et au Canada. Si vous voulez utiliser la Nouvelle-Zélande comme exemple, cela ne fonctionnera absolument pas dans le cas des maladies rares. Le formulaire de ce pays est très limité. La Nouvelle-Zélande ne peut donc pas servir d'exemple pour établir des comparaisons.
Nous pouvons examiner le cas d'autres pays. Manifestement, certains pays réussissent mieux que d'autres. Une partie de nos recommandations consistera à examiner les pays qui réussissent bien dans ce domaine.
Comment obtenons-nous ces médicaments plus tôt dans le processus? Comment négocions-nous leur prix? Une partie du défi qui se pose en ce qui concerne le prix au Canada, comme vous le savez, c'est que nous avons un marché privé qui ne négocie pas comme une seule entité, comme pourrait le faire le système public. Il s'ensuit qu'il y a une énorme différence entre le prix au privé et le prix dans le système public.
Honnêtement, la raison pour laquelle nous obtenons de si bons prix dans le système public — et nous savons, lorsque nous examinons les prix de ces médicaments, qu'ils sont beaucoup moins élevés que dans de nombreux autres pays —, c'est qu'on peut compenser dans le secteur privé. Si nous souhaitons avoir un système uniforme, un seul système, nous devrons établir un prix pondéré. Nous sommes d'accord.
Nous convenons que les prix peuvent diminuer au Canada, et qu'ils devraient diminuer. Toutefois, nous ne sommes pas d'accord avec ce que suggèrent les réformes réglementaires, c'est-à-dire que nous présentions une proposition de valeur ajoutée avant l'examen de la liste des prix. Encore une fois, ce n'est pas ce que font les autres pays. Cela nous mettrait dans une situation de désavantage.
Nous sommes d'accord. Il faut mieux négocier pour obtenir un prix moins élevé, cela ne fait aucun doute, mais l'une des façons d'y arriver consiste à négocier à titre de pays, dans le cadre d'un régime de médicaments. Nous croyons que cela pourrait nous aider. De plus, il faut certainement faire venir les médicaments plus rapidement et ensuite négocier les prix, comme le font l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, et nous avons observé que l'Australie... ce sont donc quelques modèles à suivre. Nous pensons que le Canada pourrait très bien réussir s'il suit sa méthode tout en reconnaissant que les différences de prix sont liées au fait que notre pays a une composante privée importante.
La façon dont nous voulons faire cela représente une autre paire de manches, et c'est un point que le Dr Hoskins tente de régler dans le régime d'assurance-médicaments, mais honnêtement, ce n'est pas ce qui se passe dans le cas des prix publics pour les médicaments servant à traiter les maladies rares. En effet, nous négocions ces prix très férocement et nous les faisons grandement diminuer. Le problème, c'est qu'il faut de deux à quatre ans pour les négocier. C'est ce qui est tragique. Je crois que nous pouvons avoir un meilleur processus qui pourrait nous permettre d'y arriver beaucoup plus rapidement si nous nous penchons sur les négociations au moment de l'AC, lorsque l'ETS a été faite de façon appropriée.
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Tout d'abord, nous voulons veiller à éviter les obstacles que les réformes proposées au CEPMB pourraient créer, c'est-à-dire décourager les pays de venir ici.
Je crois que nous voulons parler de la création d'un programme national qui nous permettrait d'accueillir tous ces patients. Les chiffres ne sont pas élevés et nous ne serons donc pas en mesure de...
La plupart de ces médicaments doivent arriver dans une clinique spécialisée, et nous avons donc une proposition de stratégie pour les maladies rares qui engloberait également les centres d'excellence. Cela permettrait d'utiliser ce que nous appelons une approche axée sur le cycle de vie. Nous pouvons importer les médicaments. Nous pouvons identifier dès le départ, à l'arrivée de ces médicaments, les patients qui seront immédiatement admissibles — par exemple, ceux qui souffrent de la SLA — et les patients qui ne seront pas admissibles du tout, ensuite mettre sur pied un programme de surveillance pour que les patients aient accès aux médicaments et, au fil du temps, à mesure que nous apprenons des choses des patients qui utilisent le médicament...
Autrefois, nous appelions cela une surveillance postcommercialisation. Comme Cathy l'a dit, dans le cadre du nouveau projet de loi, c'est-à-dire le projet de loi , nous pouvons mettre en oeuvre ces programmes de surveillance postcommercialisation qui peuvent nous enseigner ce que nous voulons savoir.
Nous avons de nombreux outils à notre disposition et bien honnêtement, il n'est pas nécessaire de les inventer. Nous pouvons utiliser certains des programmes modèles que nous avons créés. Le Canada sait comment faire cela. Nous avons déjà ce type de programmes de surveillance pour des médicaments très précis, mais nous voulons être en mesure d'en faire une norme, afin de pouvoir étendre cela à l'échelle nationale, ce que nous ne faisons pas nécessairement très bien, et ne pas attendre deux années supplémentaires de négociations avant de mettre cela en oeuvre.
Nous savons comment y arriver. Nous devons seulement veiller à mettre en oeuvre ce cadre et faire en sorte que les cliniques spécialisées soient également en mesure d'appuyer l'utilisation de ces médicaments et, comme elle l'a dit, leur injection, ainsi que la collecte de toutes les données nécessaires au fur et à mesure, afin de veiller à ce que les médicaments soient utilisés de façon appropriée et, au bout du compte, de rajuster leur prix.
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Nous sommes persuadés que la modernisation des cadres réglementaires a contribué à le rendre possible.
Il faut connaître les obstacles. Parfois, les compagnies s'abstiennent, parce que ce sont de vieux médicaments, dont l'efficacité n'est corroborée par aucun fait nouveau. Si on exige qu'elles présentent des résultats de tests cliniques sur leur efficacité, elles refusent d'en faire pour le Canada, parce qu'elles possèdent 20 années de données probantes obtenues en conditions réelles. Ces données n'ont parfois pas suffi pour leur faire obtenir un avis de conformité.
D'abord, donc, nous devons pouvoir accepter ces données probantes, tout comme le fait la Food and Drug Administration, reconnaître que ces choses-là peuvent arriver.
Ensuite, il faut savoir que, parfois, l'abstention est motivée par l'importance des coûts. Le médicament est maintenant générique. Il rapporte trois fois rien. Encore moins, en fait, à cause des coûts supérieurs à ces revenus. Et il faudrait maintenant que la compagnie verse on ne sait combien pour présenter la demande d'approbation du médicament. Après l'approbation, des compagnies sont enfermées dans un cercle vicieux qui les oblige à demander remboursement à l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. Hé! ce médicament du Programme d'accès spécial est déjà remboursé. Nous voulons maintenant qu'elles versent dans les environs de 70 000 $ pour que nous le réapprouvions. Comme le prix n'est pas négociable, pourquoi accepteraient-elles?
Nous encombrons leur route d'obstacles bureaucratiques inutiles. Une compagnie me talonne pour que je veuille bien amener Santé Canada à accepter son nouveau médicament expérimental qu'elle avait mis au point aux États-Unis pour un essai clinique. À ne pas lui demander de rédiger à son intention un protocole séparé, parce que cinq bébés attendent le traitement. Et à agir sans délai. Je pense plutôt que ça devrait pouvoir se faire, mais nous n'avons pas été en mesure d'imaginer une façon de faire sauter ces obstacles. C'est possible, mais je pense que nous devons nous y prendre d'une manière encore plus constructive.
Je ne rejette pas la faute sur les individus. J'éprouve un immense respect pour tous ceux qui étaient ici, à cette table. Ils collaborent avec nous autant qu'ils le peuvent. Bon sang! nous leur mettons des bâtons dans les roues et nous leur demandons de continuer à avancer.
Je pense que c'est là que réside la difficulté et, aussi, au moment du remboursement. C'est un problème pour nous. Des compagnies membres... En fait, parlons du médicament Cystagon. La compagnie le présente. Il existe depuis des années. Elle pratique un certain prix, et voilà que nous lui disons : « Il vous faut un avis de conformité pour le médicament, pour que nous le fassions sortir du Programme d'accès spécial ». Elle répond que, pour le faire, elle devra augmenter le prix du médicament. Ensuite, une province — je ne vous dirai pas laquelle, mais je devrais — annonce qu'elle refuse de le rembourser à cause de son prix majoré, parce qu'il était meilleur marché avant ». Il faut maintenant intervenir auprès d'elle pour lui montrer le ridicule de la situation.
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Rien n'est précisément dirigé vers la recherche sur la SLA au Canada. Par le passé, nous avons eu la chance d'obtenir du financement symétrique par l'entremise du Fonds de recherche sur le cerveau du Canada, en partenariat avec la Fondation Brain Canada, mais nous ne l'avons obtenu que grâce au défi du seau d'eau glacée. À part ça, c'est une maladie négligée, qui ne peut pas briser ce cercle vicieux.
Nous comblons des lacunes du système de santé. Dans toutes les provinces, nos sociétés le font dans un esprit de collaboration très poussée, pour fournir lits d'hôpitaux, fauteuils roulants, lève-personnes fixés au plafond, rampes et dispositifs qui permettent aux patients de rester à la maison, où ils reçoivent les meilleurs soins, et à l'extérieur du système de santé.
Pour nous financer, nous faisons appel à la base et nous sommes de retour aux niveaux antérieurs à l'anomalie dont je viens de parler. Nous sommes donc revenus à environ 2 millions de dollars, que nous pouvons diriger vers la recherche. Nous n'avons pas les mêmes possibilités, désormais, que lorsque nous avons obtenu 10 millions de la Fondation Brain Canada. Nos fonds sont limités.
À part ça, nos chercheurs peuvent demander de participer à des programmes comme celui des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC. Mais le petit nombre de nos patients et de nos chercheurs limite beaucoup notre succès auprès de cet organisme. Voilà, encore une fois, la conséquence d'être une maladie négligée. Comment briser ce cercle vicieux quand les modèles de recherche ou l'appui à la recherche se fondent sur la population?
J'irais même jusqu'à dire que la vraie question, alors que nous parlons du financement des tests cliniques, est les registres. L'Institut canadien d'information sur la santé ne descend pas au niveau de la SLA, quand il se penche sur une maladie neurodégénérative. La collecte de données sur la SLA, au Canada, se fait donc par des sociétés comme la mienne, en partenariat avec des organisations financées par des dons et animées par des bénévoles, partout dans le pays. Dans l'Île-du-Prince-Édouard, trois bénévoles appuient les personnes touchées par la SLA dans leur province. Ils essaient d'aider à collecter des données pour la défense de la cause et étoffer l'information sur les tests cliniques. Nous avons besoin d'autres systèmes pour soutenir la lutte contre les maladies rares et les maladies comme la SLA.
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En toute honnêteté, lorsqu'on étudiait ce cadre de réglementation, on n'arrêtait pas de nous promettre qu'il serait soumis et de nous dire que les provinces s'en inquiètent car elles craignent qu'il fera augmenter le nombre de médicaments utilisés pour traiter les maladies rares et qu'elles devront en assumer les coûts, ce qui était tragique.
Nous avons aussi dit notamment que nous voulons pouvoir offrir un appui par l'entremise de la recherche et du développement au pays. C'est ce que ce cadre aurait permis de faire. Nous avons des médicaments pour traiter des maladies rares qui sont couverts au Canada et, avant qu'ils fassent l'objet d'essais cliniques, ils sont rendus ailleurs parce que nous n'offrons pas d'incitatifs pour favoriser ce développement, comme Cathy vous l'a dit et comme Tammy vous le dira.
En bout de ligne, nous ne sommes que des contributeurs nets. Nous n'avons pas d'infrastructure en matière de recherche, mais nous n'avons pas non plus une infrastructure du développement qui... Quand l'Europe a présenté sa Orphan Drug Act en 1999-2000, environ 15 ans après les États-Unis, elle ne l'a pas faite seulement pour servir ses citoyens. Elle l'a faite parce que les fonds pour la recherche et le développement pour les médicaments orphelins étaient versés aux États-Unis. L'Europe avait besoin de ces fonds, et c'est pourquoi elle a élaboré ce cadre. C'était en partie ce que nous espérions. Pouvons-nous soutenir la recherche et le développement au Canada pour que nous ne soyons pas seulement des acheteurs nets, mais aussi des contributeurs nets, et pour que si nous concevons quelques-uns de ces médicaments, une partie des profits soient versés au Canada? Nous ne nous sommes pas retrouvés dans cette situation, si bien que c'est un véritable défi pour nous.
Oui, les défis sont nombreux. Une partie de ce cadre aurait appuyé cela. Il n'allait pas suffisamment loin pour le faire. Nous estimions que c'était un bon point de départ, alors poursuivons le travail. Le Canada faisait aussi savoir au monde entier qu'il est prêt à faire des affaires dans le secteur des médicaments orphelins et des médicaments pour traiter les maladies rares. Venez concevoir des médicaments avec nous ici. Appuyons cette initiative.
Quand le gouvernement actuel nous parle de ce mandat en matière d'innovation, nous rions car d'une part, nous en discutons, mais d'autre part, nous le rejetons du revers de la main, y compris ce qui s'est passé avec les deux réformes de réglementation de la tarification. D'une part, nous disons que nous voulons projeter le Canada au premier plan, que nous voulons encourager l'arrivée d'innovations au pays, mais d'autre part, nous disons qu'il faut ériger d'énormes barrières pour que personne ne veuille venir ici en premier. Vraiment? Vous vouliez que je parle en toute honnêteté.
L'ennui, c'est que je pense qu'il y a de la schizophrénie. Pouvons-nous redresser l'échine? Serons-nous au premier plan? Allons-nous soutenir l'innovation? Allons-nous encourager la recherche et le développement au pays? Allons-nous, oui ou non, encourager l'arrivée de médicaments, mener des essais cliniques et rendre ces médicaments disponibles à la population? D'un côté, nous disons que nous le ferons et nous prenons certaines mesures en ce sens, et d'un autre côté, nous créons sans cesse plus de barrières et compliquons les choses. En bout de ligne, les pauvres patients sont les perdants.