Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, chers collègues, je suis très heureux de prendre part aux travaux de ce comité sur la santé des personnes LGBTQ+. Je tiens à vous féliciter de mener ce travail de concertation et de consultation.
Avant de commencer mon propos, laissez-moi me présenter rapidement.
D’abord, sur le plan personnel, je suis un homme gai et cisgenre. Ensuite, au plan professionnel, puisque c’est à ce titre que je participe aux travaux du Comité, je suis sociologue, membre du Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales et les discriminations — le CREMIS —, où je coordonne les activités d’un groupe de travail sur le genre et la diversité sexuelle. Je suis également agent de planification et de recherche à la Direction régionale de santé publique de Montréal.
Mon expertise professionnelle et scientifique porte principalement sur les hommes gais, bisexuels et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, cisgenres et transgenres. Pour faire court, je vais utiliser l'acronyme gbHARSAH. Je m'intéresse aux conditions et aux situations de ces hommes en contexte urbain principalement. C'est donc avant tout à partir de cette expertise que je vais m'exprimer aujourd'hui.
Comme introduction à ma présentation, je voudrais préciser le cadre théorique dans lequel se situent mes réflexions, c’est-à-dire l’analyse relative aux inégalités sociales de santé. Cette analyse permet de saisir d’un même mouvement les dimensions systémiques et les réalités communautaires et individuelles des déterminants sociaux de la santé. Si l’on considère la santé des personnes LGBTQ+, l’analyse relative aux inégalités sociales souligne l’importance d’une approche holistique de la santé, afin de comprendre pourquoi les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont structurellement en moins bonne santé que la population générale sur le plan de la santé physique, de la santé mentale ou de la prévalence des infections transmissibles sexuellement et par le sang, ou ITSS.
Pour la suite de ma présentation, je vais décliner les différentes barrières à la santé rencontrées par les personnes LGBTQ+ telles qu’elles apparaissent tant dans la littérature scientifique que dans ma pratique professionnelle.
Au Québec, les difficultés de santé des personnes LGBTQ+ sont diversement documentées. Pour les HARSAH, on dispose de nombreuses études, quantitatives et qualitatives, principalement liées à l’épidémie de VIH/sida. Par contre, pour les lesbiennes, les bisexuels, les personnes trans et les autres personnes de la diversité sexuelle, les données sont malheureusement plus restreintes, souvent moins précises, et relèvent pour la plupart des constats de terrain des organismes communautaires. On bénéficie cependant de suffisamment de recul pour dégager quelques enseignements utiles sur les différentes barrières auxquelles les personnes LGBTQ+ font face dans la reconnaissance de leurs problèmes de santé.
Mon premier point concerne les barrières qui s’établissent au niveau systémique ou structurel.
Au Canada, comme dans plusieurs pays développés, les personnes LGBTQ+ ont pratiquement obtenu un traitement d’égalité devant la loi. Je dis « pratiquement », car il reste des droits à obtenir, en particulier pour les personnes trans au Québec. Cependant, l’égalité juridique n’est pas l’égalité réelle. Autrement dit, la reconnaissance des couples de même sexe ou la mise en place de politiques de lutte contre l’homophobie sont des acquis indiscutables, mais sont encore souvent en décalage avec l’expérience de nombreuses personnes LGBTQ+.
Dans une société où l’hétérosexualité demeure la norme sociale dominante, le vécu et le développement des jeunes LGBTQ+ en particulier restent fortement imprégnés de sentiments de honte et, malheureusement, aussi d'injures, de brimades et de violences. Ces dimensions, qui affectent profondément l’estime de soi, expliquent en grande partie le haut taux de tentatives de suicide chez les personnes LGBTQ+, mais aussi plus largement la prévalence élevée des difficultés de santé mentale, notamment de l'anxiété, du mal-être et une mauvaise image corporelle. Dire cela n’est pas faire un constat d’impuissance. Nos sociétés évoluent et peuvent encore évoluer grâce à la visibilité accrue de la diversité sexuelle et de genre et à la multiplication de modèles positifs, mais aussi grâce au travail des alliés et aux innovations dans le domaine de l’éducation.
Mon second point porte sur les barrières à la santé LGBTQ+ dans le système de santé.
Au cours des dernières années, de nombreux progrès et innovations ont été déployés, le plus souvent en réponse à l’urgence de l’épidémie de sida. Ces acquis sont une source d’enseignements très importante. Cependant, ils souffrent de deux limites principales.
Premièrement, les services existants cantonnent généralement la santé des minorités sexuelles à la santé sexuelle ou à la lutte contre les ITSS. Deuxièmement, ces services sont d’abord et avant tout adaptés, à quelques exceptions près, aux personnes gaies et bisexuelles et les autres HARSAH cisgenres.
Or, les problèmes de santé des personnes LGBTQ+ découlent très largement de leurs difficultés à être reconnues et reçues dans le système de santé comme des individus ayant des défis et des besoins spécifiques. C'est une réalité plus marquée pour les personnes LBTQ que pour les gbHARSAH. Le système de santé, en particulier au Québec, peine encore trop souvent à s'adapter à cette réalité pour les raisons suivantes.
D'abord, la population concernée est souvent perçue comme très minoritaire par les décideurs. C'est peut-être vrai dans certains contextes, mais cela n'empêche pas de mettre en place des approches et des politiques inclusives. Ensuite, les besoins de santé exprimés par les communautés LGBTQ+ n'apparaissent malheureusement pas toujours prioritaires en contexte de restrictions budgétaires. Enfin, les autorités de la santé n'ont pas toujours une perception adéquate des besoins de santé. À défaut d'études et de données disponibles, comme je le disais en introduction, certains groupes de la population sont malheureusement encore mis de côté. Or, l'expérience montre, notamment à Montréal, que l'adaptation des services peut faire l'objet d'une collaboration étroite entre les communautés concernées, les organismes qui les représentent et les services de santé.
Le troisième niveau de barrières pour la santé LGBT dont je voulais parler aujourd'hui découle directement du précédent, puisqu'il concerne les pratiques professionnelles.
Trop souvent, les personnes LGBTQ+ font des demandes aux services de santé, mais sont aux prises avec des difficultés ou vivent des expériences négatives ou arbitraires. Ces difficultés peuvent être de plusieurs ordres.
Premièrement, il y a des pratiques discriminantes ou stigmatisantes, car cela existe encore, malheureusement. Deuxièmement, des intervenants ou des professionnels de santé, parce qu'ils ne s'estiment pas assez formés, orientent les patients vers d'autres confrères ou consœurs, ce qui occasionne parfois des délais d'attente injustifiés. Enfin, plus généralement, il est difficile d'accéder à un intervenant ou à un professionnel de la santé ouvert et accueillant, soit pour des raisons d'éloignement géographique et de barrières financières, soit parce que ces professionnels sont déjà surchargés.
Le dernier niveau de barrières dont je veux parler concerne les personnes elles-mêmes. Prendre soin de soi et de sa santé est une pratique éminemment sociale et culturelle. Le genre et l'orientation sexuelle, mais aussi la couleur de peau, le niveau d'éducation, le niveau de revenus ou l'insertion communautaire jouent des rôles clés dans tous ces processus. Pourquoi? C'est parce que prendre conscience qu'on a des besoins particuliers et légitimes en matière de santé en tant que personne LGBTQ+ nécessite une aisance avec soi-même, une connaissance de son corps, une capacité réflexive et un désir de prendre soin de soi qui se développent aussi dans les interactions avec les autres membres de sa communauté d'appartenance et avec le système de santé. Le passage du besoin de santé perçu au recours effectif aux soins de santé s'inscrit dans ce schéma relationnel de la même manière que le maintien dans les soins, la poursuite de son traitement ou le suivi médical.
Après avoir dressé rapidement le constat de ces différentes barrières, je voudrais terminer ma présentation en pointant un certain nombre de pistes de solution qui proviennent principalement de mon expérience professionnelle. D'emblée, je précise que le succès de ces pistes de solution s'appuie sur trois conditions gagnantes: la concertation intersectorielle, la reconnaissance de l'expertise des communautés concernées et la prise en compte de la diversité des besoins de santé des personnes LGBTQ+.
La première piste d'amélioration concerne les parcours de santé.
Le premier enjeu lié au parcours de santé a trait à la navigation. À Montréal, les recherches auprès des gbHARSAH ont bien démontré qu'au-delà des services spécialisés ou adaptés, la clé se situe aussi dans la capacité des hommes concernés de naviguer dans le système de santé. Accéder au dépistage régulier des ITSS est une bonne chose, mais il faudrait aussi que cette porte d'entrée permette d'être orienté, si nécessaire, vers des services en santé mentale et en dépendance, ou à des ressources communautaires pour briser l'isolement. La logique des vases clos conditionne encore trop souvent le recours aux soins. Mettre en place des outils de navigation, par exemple une cartographie des services en ligne, faciliterait la vie des personnes concernées et le travail des professionnels de la santé.
Le deuxième enjeu relatif au parcours de santé est que les besoins de santé des membres des communautés LGBTQ+ varient selon les identités et au cours de la vie. Par exemple, les aînés LGBTQ+ ont besoin de services en tant qu'aînés, mais aussi en tant que personnes LGBTQ+. Une approche intégrée permettrait de prendre cela en compte adéquatement.
Enfin, une troisième idée très simple pour faciliter les parcours de santé serait de mettre en place des outils visuels comme des affiches ou des dépliants dans les services ou les organismes signalant que les personnes LGBTQ+ sont les bienvenues. Ces marques de considération, souvent discrètes, représentent un signal favorable pour que les personnes concernées se sentent à l'aise de se dévoiler auprès de leur professionnel de la santé.
La seconde piste d'amélioration touche plus directement les professionnels de la santé. Cela concerne évidemment les connaissances, donc la formation initiale et continue, car les outils sont maintenant nombreux pour développer les compétences des professionnels qui reçoivent des patients LGBTQ+. Cela concerne aussi le savoir-être, car, contrairement à une idée reçue, il n'est pas nécessaire d'être un spécialiste de la santé LGBTQ+ pour prendre en charge les patients issus de ces communautés.
Dans la plupart des situations, la disponibilité et l'attention à la personne peuvent suffire à détecter des difficultés et à envisager les options ou une orientation pour la santé. Le fait qu'un patient dévoile son orientation sexuelle ou son identité de genre doit être perçu comme un pas très significatif par les professionnels de la santé.
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Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de la santé. Je vous suis reconnaissant de pouvoir m'adresser à vous ici, sur le territoire traditionnel des Premières Nations algonquines.
Je m'appelle Jody Jollimore, et je suis directeur exécutif du Community-Based Research Centre, ou CBRC. Mon expertise provient de mon travail en prévention du VIH depuis 15 ans, d'une maîtrise en politique publique, mais surtout, du fait que je suis un homme gai qui a vécu, travaillé, et aimé en Nouvelle-Écosse, au Québec et en Colombie-Britannique.
J'ai la chance d'être né à une époque où il fait bon être gai. J'ai grandi avec Will & Grace, Svend Robinson et, en grande partie, avec le mariage gai. Au moment où j'ai commencé à être actif sexuellement, les médicaments ont fait en sorte que les hommes comme moi ne succombaient plus au sida dans la force de l'âge.
Toutefois, malgré les pas de géant accomplis dans le domaine des politiques et des droits de la personne, notre bilan de santé, le bilan de santé de toutes les personnes queers, demeure un des pires au pays.
Mon organisme, le CBRC, a été fondé en 1999 pour faire face au problème du VIH chez les hommes gais en Colombie-Britannique. Même si l'organisme a été fondé par et pour des hommes gais, nous avons fait des efforts pour inclure d'autres hommes des minorités sexuelles, y compris les bisexuels, les queers — cis et trans — et les personnes bispirituelles. Notre enquête nationale Sex Now constitue le plus grand ensemble de données sur cette population et demeure une source importante d'information pour les décideurs et les concepteurs de programmes.
Vous savez, pendant que les gouvernements s'efforçaient de faire fi, ou même pire, d'éradiquer notre population, nous nous employions tranquillement à recueillir des données, à préparer des rapports et à parler de la santé des hommes gais à quiconque prêtait l'oreille. Aujourd'hui, nous nous intéressons davantage à la politique publique, parce que nous sommes conscients que les changements nécessaires sont de nature transformationnelle et structurelle. À titre d'exemple, nous avons établi dernièrement un partenariat avec la Société canadienne du sang pour les aider à modifier leur politique sur les dons de sang des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
Toutefois, avant de parler de politique, je veux vous raconter une histoire qui, je pense, mettra en contexte les difficultés auxquelles la communauté homosexuelle doit faire face.
Un de mes meilleurs amis au secondaire était gai. C'était un très bon ami et un mentor pour moi. Nous avons tous les deux quitter notre village en Nouvelle-Écosse pour poursuivre nos rêves. Toutefois, mon ami avait toujours lutté contre un problème de dépression non diagnostiqué, et la situation a empiré lorsque nous sommes allés vivre en ville. Même s'il était entouré plus que jamais de gens comme lui, il continuait de se sentir seul, déprimé, anxieux, soit des problèmes que connaissent très fréquemment les personnes queers, même dans les grandes villes. Il s'est soigné lui-même en prenant de la drogue et a commencé à consommer du crystal meth. En prenant de la meth, il se sentait bien. Il se sentait désiré et accepté au sein d'un groupe. Il est difficile de savoir s'il utilisait de la meth lorsqu'il a contracté le VIH, mais j'étais avec lui le jour où il a reçu ses résultats. Nous avons pleuré ensemble. Nous savions qu'il allait survivre, parce que des traitements existaient pour le garder en vie, en particulier en Colombie-Britannique. Mon ami a toutefois décidé de ne pas se faire traiter. Il s'est isolé davantage. Il a perdu emplois, appartements, amoureux et amis parce qu'il consommait de la meth.
Lorsqu'il n'est pas traité, le VIH se transforme en sida. Même si c'est rare au Canada, cela arrive encore, habituellement seulement aux personnes les plus marginalisées et coupées des soins médicaux. Mon ami est mort du sida à la fin des années 2000, même s'il pouvait avoir accès à des médicaments gratuitement qui lui auraient sauvé la vie. Mon ami n'était pas parmi les plus marginalisés. Il faisait partie des gens privilégiés, comme moi. Je suis blanc, je suis en bonne santé, je suis cisgenre, et je ne suis pas infecté par le VIH. Tout cela fait de moi un être privilégié, et pourtant, selon l'Agence de la santé publique du Canada, le fait que je sois un homme gai signifie que je suis 131 fois plus à risque de contracter le VIH, 20 fois plus à risque de développer un cancer anal associé au VPH et 4 fois plus à risque de suicide.
C'est alarmant. C'est pourtant le portrait d'un homme gai privilégié et en santé. La barre n'est pas très élevée.
J'ai écouté les témoignages de mes collègues que vous avez entendus lors des trois séances précédentes, et j'ai pu assister à votre séance à Montréal au RÉZO. Je pense que les intervenants ont fait un excellent travail pour jeter les bases de cette étude. Vous savez maintenant que notre santé n'est pas très bonne. Nous sommes en déficit sur tous les plans — physique, sexuel et mental. Et c'est seulement ce que les données limitées que nous avons nous révèlent. Si on mettait vraiment à profit les outils de recherche et de collecte de données au sein du gouvernement fédéral, nous en saurions tellement plus.
Parlons donc de ce que le gouvernement fédéral peut faire à ce sujet. Premièrement, mon ami avait des problèmes de santé mentale dont on ne parlait ni à la maison ni à l'école. On a procédé à des investissements en santé mentale dernièrement, mais ils sont modestes, et bien souvent, ils ne s'attaquent pas aux problèmes uniques des personnes queers. La santé mentale a des répercussions sur de nombreux autres aspects de notre santé, et il est beaucoup plus coûteux de traiter le problème que de le prévenir. Traiter coûte presque toujours beaucoup plus cher que prévenir.
Le gouvernement fédéral devrait accroître ses investissements en santé mentale et réserver des fonds pour les minorités sexuelles et de genre. Le fonds pour la santé mentale de l'Agence de la santé publique est un programme qui pourrait être élargi pour inclure les organismes qui mènent des recherches sur les personnes queers, ou avoir pour mandat de cibler les appels de financement de ces organismes.
Il faut aussi s'efforcer de contrer la stigmatisation au pays. Cela nous tue. Cette même stigmatisation, la peur et la honte accentuent les traumatismes et le stress au sein des minorités, et cette même honte et stigmatisation nous empêchent d'avoir accès aux services dont nous avons besoin. Il en résulte donc des hauts taux de VIH et de sida, de toxicomanie, de dépression, d'anxiété et de suicides.
Le gouvernement fédéral peut réduire la stigmatisation de plusieurs façons. La première est l'égalité devant la loi — nous sommes sur la bonne voie, mais il reste encore du travail à faire. Puis il y a le recours abusif au Code criminel pour, notamment, l'usage de substances qui, comme nous sommes à même de le constater, a des répercussions dévastatrices sur les consommateurs de drogues au pays, et également la criminalisation de la non-divulgation du VIH. Ces deux éléments contribuent à stigmatiser nos communautés. Il y a ensuite le rôle du gouvernement fédéral dans l'éducation et la sensibilisation. Le gouvernement parraine des campagnes de marketing social sur la toxicomanie, la lutte contre le racisme et les saines habitudes alimentaires. Il pourrait en faire plus sur la sexualité et le genre. Les initiatives pourraient être financées, sous l'angle de la santé, par Santé Canada, ou, sous l'angle de l'équité, par Femmes et Égalité des genres.
Nous avons aussi besoin de fonds réservés. Les fonds réservés à diverses populations ne manquent pas. Il y a le fonds pour la réduction des méfaits pour les consommateurs de drogues, le fonds pour la santé mentale des Canadiens noirs, ce qui est fantastique, mais nous avons aussi besoin de fonds semblables pour la communauté queer. Nous avons besoin de plus de fonds réservés pour la recherche et les programmes, des fonds pouvant provenir de l'Agence de la santé publique ou des Instituts de recherche en santé du Canada et de leurs centres de santé.
Je sais que le Comité l'a entendu dire à maintes reprises au cours des dernières semaines, mais nous devons agir pour améliorer la collecte et l'utilisation des données au pays. Ce serait une solution rapide, mais nous devons aussi trouver des approches novatrices pour combler les lacunes.
Je sais que le Comité a étudié la question du régime d'assurance-médicaments et présenté des recommandations, mais je veux ajouter mon grain de sel, à savoir qu'il s'agisse de médicaments contre le VIH, de vaccins contre le VPH ou de thérapie hormonale pour les personnes trans, un programme national d'assurance-médicaments faciliterait grandement l'accès aux outils de prévention. À défaut de cela, le gouvernement fédéral a également d'autres façons créatrices de financer les traitements dans les provinces où ils ne sont pas couverts. À titre d'exemple, le financement fédéral a été utilisé pour combler les lacunes dans l'accès au traitement contre l'hépatite C dans les provinces. Le gouvernement fédéral pourrait étendre cette stratégie pour veiller à ce que les personnes queers puissent avoir accès aux médicaments dont ils ont besoin, peu importe où ils habitent.
À mon avis, il s'agit là du rôle du gouvernement fédéral, c'est-à-dire veiller à l'équité et à l'accessibilité pour tous les Canadiens, parce que le fait d'être queer ou de faire partie d'une minorité sexuelle n'a pas de répercussions uniquement sur la communauté en question, mais transcende les races, les groupes ethniques, les religions et les allégeances politiques. Il y a des personnes gaies, lesbiennes, trans et queers dans toutes les communautés au pays, peu importe la circonscription que vous représentez. Pourquoi les personnes queers devraient-elles aller vivre en ville pour pouvoir profiter des soins de santé dont elles ont besoin?
Nos données révèlent que plus une personne habite loin d'un centre urbain, moins elle est susceptible d'aller voir son médecin. Et nous savons que si vous n'allez pas voir votre médecin, vous avez 10 fois moins de chances de passer un test de dépistage du VIH, et encore moins de recevoir les soins dont vous avez besoin.
Je faisais des entrevues en Colombie-Britannique, et après une longue journée, je me suis arrêté dans la petite ville de Castlegar pour acheter un café. C'est là où j'ai rencontré Todd, un être très joyeux, clairement gai et fier de l'être. Je me suis mis en mode chercheur, et j'ai commencé à lui poser des questions. En bon citadin, je lui ai demandé ce qu'il faisait à Castlegar. Il m'a répondu qu'il avait habité dans des villes, à Vancouver et à Calgary, et qu'il était toujours revenu ici. Il considère Castlegar comme son chez-soi et adore y vivre. Je me suis dit que c'est pour cette raison que je fais ce travail. C'est pourquoi cette étude est importante, afin que des gens comme Todd n'aient pas à déménager en ville pour être en sécurité, pour trouver de bons services de santé et se sentir libres de toute discrimination.
Monsieur le président, j'aimerais reprendre une citation avant de conclure:
Au fil de notre histoire, des lois et des politiques adoptées par le gouvernement ont légitimé beaucoup plus que les inégalités. Elles ont légitimé la haine et la violence et ont couvert de honte les personnes ciblées.
Elle est tirée des excuses présentées par le gouvernement aux Canadiens LGBTQ2 en 2017.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, vous avez aujourd'hui l'occasion de corriger certains torts, de changer des lois et des politiques qui continuent de nuire gravement à la santé des personnes queers, trans et bispirituelles. Je vous mets au défi de le faire, et je vous offre le soutien et l'expertise de mon organisme. J'ai hâte de pouvoir discuter avec vous de ce que nous pouvons faire pour rendre nos communautés sécuritaires et saines pour les Canadiens queers.
Merci.
Premièrement, je veux remercier tous les membres du Comité. Je suis très heureux d'être ici. Le fait que nous ayons l'occasion de discuter de ces enjeux ensemble et de nous poser des questions est vraiment important pour la démocratie. Je vous remercie beaucoup de cette occasion qui nous est offerte. Je veux aussi remercier le personnel de soutien qui est présent aujourd'hui ainsi que les interprètes et les autres professionnels langagiers qui me permettent de m'exprimer dans ma langue. Merci beaucoup.
Je m'appelle Joël Xavier. Je suis Franco-Ontarien de naissance, mais Québécois d'adoption. Je suis un homme gai et également une personne trans. Oui, on peut en effet être désigné par deux lettres de l'acronyme. C'est possible. Dans la vie, j'ai la chance d'être à la fois trans et gai. Certains pourraient dire que je suis doublement stigmatisé; moi, je me trouve doublement chanceux. En tant que citoyen canadien, ces enjeux me touchent sur les plans personnel, professionnel et scolaires. Présentement, je siège au conseil d'administration du Conseil québécois LGBT. C'est à ce titre — en tant qu'administrateur, membre du CA — que je vais livrer ma présentation aujourd'hui.
[Traduction]
Vous pourrez ensuite me poser des questions en anglais ou en français, à votre guise.
[Français]
Le Conseil québécois LGBT, à titre de regroupement, représente 35 organismes qui défendent les droits et les intérêts LGBT+ au Québec dans une optique de transformation sociale. Nous avons une approche consultative, ce qui veut dire que nous consultons nos membres et rapportons leurs projets, leurs intérêts et leurs priorités. Nous militons, à l'échelle provinciale, pour les droits et la défense des intérêts. Nous couvrons tout le Québec et une population aussi bien francophone qu'anglophone, ou encore d'une autre langue. Notre perspective est intersectionnelle. Comme mes confrères l’ont dit plus tôt, cela signifie que nous tenons compte de la façon dont les déterminants sociaux et de la santé peuvent être croisés et avoir un impact. C’est important, parce que nous ne sommes pas seulement LGBT: nous sommes aussi des personnes qui ont une vie, un certain âge, un héritage culturel, et ainsi de suite.
Nos consultations et la recherche nous permettent de constater, tout comme vous, sûrement, que la relation entre les personnes LGBT+ et le domaine de la santé ne se porte pas bien. Nous avons de la difficulté à accéder aux soins de santé. Il y a plusieurs causes structurelles et interpersonnelles, ainsi que des causes comme l’éloignement des régions. Comme mes confrères l'ont dit, la plupart des services sont disponibles seulement dans les grands centres urbains. Or nous sommes d’avis qu’il ne faut pas avoir à déménager à Montréal ou à Québec pour recevoir des soins en tant que personnes LGBTQ. Notre population intègre toutes les couches de la société. Nous ne devrions pas être considérés comme des exceptions, des personnes très particulières et difficiles à comprendre. Nous sommes des citoyens comme tout le monde.
Cette perte de confiance ne date pas d’hier. Bien qu’il y ait beaucoup d’avancées du côté des droits et que les gens commencent à s’informer de plus en plus, il y a un manque de recherche en ce qui concerne notamment l’expertise des personnes qui sont elles-mêmes LGBTQ et des acteurs sur le terrain. Il est difficile d’avoir de l’information pour défendre nos droits. Nous sommes d’avis qu’il faut consacrer davantage d’argent à la recherche. Je pense aussi aux hommes, aux femmes et aux personnes non binaires que je connais, qui sont dans la soixantaine et qui transportent avec eux toutes sortes de traumatismes. La difficulté de faire confiance au système de santé est une expérience que nous vivons. Si on nous dit que nous sommes bizarres, qu'il y a en nous quelque chose de mal et qu’on considère notre identité comme une pathologie — ce qui se fait encore au Canada —, il est certain que nous n'allons pas faire confiance au système de santé. Il faut beaucoup de temps et d’efforts pour dénouer ces difficultés. Pour les personnes trans, particulièrement, l’accès aux soins de santé est encore très difficile.
Si vous lisez les mémoires et les témoignages concernant les projets de loi nos 35 et 103, du Québec, vous verrez qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire. Depuis 2009 au Québec, certaines chirurgies affirmatives du genre, pour les personnes trans, sont payées par le gouvernement par l'entremise de la RAMQ. Toutefois, pour avoir accès à ces chirurgies, les personnes trans doivent encore fournir une évaluation psychiatrique et assumer elles-mêmes les frais que cela représente. Or pour obtenir une évaluation psychiatrique afin d’avoir accès à une chirurgie affirmative du genre, il peut en coûter jusqu’à 1 000 $, voire plus. Ce n’est pas le cas pour une personne atteinte d'un cancer qui subit une mastectomie. On ne va pas demander à cette personne de fournir une évaluation psychiatrique. Il y a donc là des inégalités. Il y a aussi des facteurs qui font que le système n’est pas très efficace.
Simplement du côté de la santé générale des personnes trans, on constate dans une étude ontarienne — mais on observe la même chose au Québec — qu’environ 30 % des personnes trans ne consultent toujours pas les services d’urgence, dans le cas d’une urgence médicale, parce qu'elles craignent la discrimination. Par conséquent, nos problèmes de santé s’accumulent parce que nous avons peur des prestataires de soins. Comme nous n'accédons pas à ces soins, notre santé se détériore. Nous finissons par nous rendre à l’hôpital quand nous y sommes vraiment forcés. Cela représente des coûts pour le système. Comme le disaient mes confrères, le fait de ne pas faire de prévention génère des coûts à long terme pour le système.
Nous avons quelques recommandations à faire. Combien de temps me reste-t-il?
Par rapport aux personnes trans, il serait important d'informer le milieu de la santé et de le sensibiliser aux problèmes propres aux personnes LGBTQ+, d'habiliter les personnes LGBTQ+, comme moi, qui ont vécu des difficultés à prendre conscience qu'elles ne sont pas seules et qu'elles ont le droit d'exiger de bons soins de santé, comme tous les Canadiens et les Canadiennes.
Il serait également important d'élaborer des lignes directrices transférables entre les établissements de santé pour les personnes LGBTQ+, mais surtout pour les personnes trans, et de consulter les personnes trans dans l'élaboration de ces lignes directrices. Il serait aussi important de créer un comité-conseil avec des personnes qui ont de l'expertise sur le terrain pour concevoir des lignes directrices et être en communication constante avec les instances du gouvernement.
La dernière chose que je voulais mentionner, mais qui est pourtant très importante, c'est la situation des personnes intersexuées au Canada. Au Canada, il arrive encore que des personnes intersexuées aient des interventions chirurgicales sans leur consentement. Le terme « intersexué » veut dire qu'au moins une dimension du sexe biologique n'est pas conforme aux attentes du système médical concernant ce que devrait être le sexe féminin ou masculin.
Dès la naissance, on pratique souvent des interventions chirurgicales qui ne sont pas nécessaires pour le bon fonctionnement du système uro-génital de l'enfant. On pratique encore quand même ces interventions, au Canada, sans le consentement de ces enfants, qui n'ont pas l’âge de consentir. Ces interventions causent des séquelles assez graves plus tard dans la vie, notamment sur le plan du plaisir. Nous avons tous droit au plaisir et au plaisir sexuel. Aussi, il y a parfois des complications médicales ou relatives à la capacité de reproduction et à la fertilité des gens.
C'est important d'arrêter de pratiquer des interventions chirurgicales sur des personnes intersexuées sans leur consentement. Des personnes intersexuées, il y a en beaucoup. Souvent, on pense que c'est une extrême minorité, mais on dit qu'il y en a autant que de roux. Donc, il y a beaucoup de personnes intersexuées. Je pense que mon temps de parole est presque écoulé.
Je veux vous remercier de votre temps et de votre écoute. J'espère que c'est le début d'une très belle conversation. Je suis très heureux d'être ici, de pouvoir parler dans ma langue et de représenter le Québec. Merci beaucoup, tout le monde.
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Merci, madame Smith-Norris.
En prévision de notre exposé, nous avons lu la transcription des réunions précédentes et, à la lumière des témoignages d'aujourd'hui, nous sommes impressionnées par la profondeur et la rigueur dont toutes les personnes ont fait preuve devant ce comité. Ainsi, nous n'allons pas répéter ce qui a déjà été fourni. Nous allons plutôt nous concentrer sur la valeur fondamentale des centres communautaires ou des agences de services pour les personnes queers, trans et bispirituelles comme points d'accès à une communauté sûre et de soutien, mais aussi à un plus grand continuum de soins de santé.
Nous avons quatre recommandations, que le Comité trouvera aussi dans notre mémoire.
D'abord, la création d'une enveloppe fédérale consacrée exclusivement aux centres communautaires et réseaux pour les personnes LGBTQ2. Comme dans d'autres provinces, il y a eu en Saskatchewan beaucoup de victoires juridiques et politiques ces dernières années grâce à des personnes et à des organismes communautaires engagés. Cela dit, l'expérience des personnes queers en Saskatchewan et à l'échelle des Prairies est unique, mais souvent sous-représentée dans les études et programmes nationaux. Sans compter que le climat politique en Saskatchewan pose des barrières à notre communauté, y compris le soutien famélique fourni par le gouvernement et l'absence de stratégie provinciale, que ce soit en matière d'éducation, de santé ou de services sociaux.
Le soutien offert aux personnes LGBTQ2 dans tous ces secteurs provient en très grande partie de quelques centres communautaires — en fait, il n'y en a que quatre — répartis à l'échelle des trois provinces des Prairies. Fait surprenant, OUTSaskatoon est l'un des centres communautaires pour les personnes LGBTQ2 les plus importants au pays, ce qui découle directement de nos efforts pour servir une vaste communauté tant sur le plan géographique que culturel à partir d'un guichet unique et public. Il s'agit d'un service qui, je le sais, a été demandé par d'autres témoins dans le cadre de la présente étude.
Les centres communautaires fournissent les liens sociaux nécessaires aux personnes isolées. Ils fournissent l'information nécessaire aux personnes qui s'accrochent à des croyances porteuses de division. Ils fournissent le counselling et les soins nécessaires à l'amélioration de la santé mentale, ce qui veut dire la réduction des cas d'anxiété, de dépression et de solitude. Nous constatons ces avantages tous les jours.
Par exemple, l'an dernier, une personne qui s'est d'abord présentée à nos locaux pour du counselling en raison d'une dépression est finalement devenue bénévole chez nous. Elle est aujourd'hui bénévole au centre sans rendez-vous où elle offre du soutien par les pairs à d'autres personnes qui passent par ce qu'elle a vécu.
Nous avons aussi constaté d'énormes progrès au cours de la dernière année dans l'augmentation du nombre de partenariats entre les centres pour les personnes queers, y compris deux rassemblements nationaux de leurs dirigeants, soit un organisé à Saskatoon et l'autre tenu à Ottawa il y a quelques mois à peine.
Grâce à ces rassemblements, nous avons créé un réseau appelé Enchanté Canada, qui a pour mission de constituer et de maintenir un réseau dynamique de groupes communautaires pour les personnes bispirituelles et de sexualité et de genre divers, dans l'espoir de soutenir le développement de beaucoup plus de centres que ceux actuellement actifs, surtout — et j'insiste là-dessus — dans les régions plus rurales et éloignées où de tels services sont pour ainsi dire absents. De plus, la 2Spirits In Motion Foundation a été créée à titre de milieu sûr où les personnes bispirituelles de partout au pays peuvent obtenir du soutien.
Ces réseaux témoignent tous les deux du rôle central des centres communautaires dans la gamme complète des soins de santé. En effet, on ne peut que souligner leur incidence sur la réduction de la pression exercée sur les fournisseurs de soins primaires.
Les 20 millions de dollars qui figurent dans le dernier budget fédéral pour le renforcement des capacités et les travaux de niveau communautaire des organismes de service pour les Canadiens LGBTQ2+ appuieront le travail déjà en cours pour sauver des vies. Nous recommandons que ces fonds soient distribués par le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres afin de mieux intégrer les volets social, mental et physique de la santé tout en faisant une priorité de la diversité des genres, de la sexualité et de la culture au sein des initiatives à venir partout au pays.
En plus des statistiques alarmantes sur nos communautés, maintes fois exposées et examinées au cours de vos travaux, il faut savoir que les personnes queers, trans et bisprituelles représentent des groupes culturels aussi riches que diversifiés. Nous faisons preuve d'innovation dans nos méthodes de soin. Nous sommes progressistes dans nos pratiques de travail, nos programmes et l'élaboration de nos politiques. Les autres secteurs ont beaucoup à apprendre de la communauté queer, surtout en ce qui a trait aux engagements pertinents en matière d'intersectionnalité, de décolonisation, de lutte contre le racisme, de féminisme et des droits des personnes handicapées, puisque nombre d'organismes pour les personnes LGBTQ2 travaillent dur à l'intégration de ces concepts dans leurs activités quotidiennes.
À OUTSaskatoon, nous avons consacré des années à l'établissement de relations réciproques avec les communautés autochtones, ce qui a été bénéfique pour notre travail et notre centre.
Ainsi, notre deuxième recommandation est de s'engager à œuvrer de façon concrète à la réconciliation et à la décolonisation, ce qui comprend l'intégration de personnes bispirituelles au cœur des organisations qui effectuent ce travail.
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Merci d'avoir réalisé cette recherche préliminaire.
Il y a deux ou trois choses. L'un des obstacles, c'est de parler de son orientation sexuelle à son fournisseur de soins de santé. Comme je l'ai dit, des recherches menées à l'extérieur de Vancouver montrent que dans les petites collectivités du Nord, plus de 60 % des gens ne parlent pas de leur orientation sexuelle à leur fournisseur de soins de santé. Si les personnes n'en parlent pas, elles n'obtiennent pas le type de services dont elles ont besoin, et encore moins les outils de prévention du VIH, parce qu'on ne considère pas qu'elles courent des risques élevés de le contracter.
C'est la première chose. Je pense qu'une bonne manière de résoudre ce problème est de faire en sorte que les fournisseurs de soins de santé acquièrent des compétences culturelles afin de poser les bonnes questions, d'une façon qui semble ouverte.
Il y a également la stigmatisation généralisée. Peu importe l'ouverture et la compétence d'un fournisseur de soins de santé, si la personne estime que sa sexualité ou sa vie sexuelle est inappropriée en raison d'une expérience qu'elle a vécu lorsqu'elle était enfant ou jeune, d'intimidations ou de traumatismes qui, nous le savons, surviennent à un très jeune âge dans la vie des personnes queers, sa capacité à parler de son orientation sexuelle et à vivre librement plus tard en seront affectées. Ces obstacles en amont sont assurément très importants.
Je sais que cet enjeu ne relève pas de la compétence fédérale, mais nous avons un réel problème en matière d'éducation sexuelle dans les écoles de notre pays. Les élèves queers n'apprennent rien au sujet de leur sexualité. Ils apprennent par l'intermédiaire de la pornographie, et ce n'est pas là que nous voulons que les jeunes s'informent sur la sexualité.
En ce qui concerne les autres facteurs en amont liés à la violence ou aux traumatismes subis durant l'enfance, nous devons investir dans les types de programmes permettant aux personnes qui commencent à explorer leur sexualité et qui sont prêtes à prendre ces décisions de parler de leur orientation sexuelle, ou du moins de prendre conscience que leur sexualité présente des risques.