:
Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux de commencer, étant donné que j'ai plein de belles choses à vous dire, notamment au sujet des questions qui vous concernent.
Tout d'abord, j'aimerais remercier le Comité de m'avoir invité aujourd'hui à discuter du Budget supplémentaire des dépenses (B) 2019-2020. Comme vous l'avez dit, c'est la première fois que j'ai l'occasion de comparaître devant votre comité. J'en suis très honoré.
J'ai la chance d'être accompagné de fonctionnaires très solides, qui sont appuyés par des équipes tout aussi solides du Secrétariat du Conseil du Trésor. À ma gauche se trouve M. Glenn Purves, secrétaire adjoint du Secteur de la gestion des dépenses. À ma droite se trouve Mme Karen Cahill, secrétaire adjointe et dirigeante principale des finances. Un peu plus à ma gauche se trouve Mme Marcia Santiago, directrice exécutive, Stratégies et prévisions des dépenses. Comme vous vous en doutez, ces trois personnes vont se faire un devoir de répondre à toutes les questions que vous trouverez pertinentes concernant cet enjeu très important. Je parle ici de la gestion financière rigoureuse et efficace des dépenses et des investissements du gouvernement canadien.
[Traduction]
Au total, monsieur le président, le budget dont nous parlerons représente un total de 5,6 milliards de dollars de dépenses budgétaires prévues. Sur ce montant, je vous rappelle qu'un montant de 1,8 milliard de dollars est déjà autorisé par ce qu'on appelle des lois existantes. Ainsi, avec ce Budget supplémentaire des dépenses, le gouvernement demande l'autorisation de 3,8 milliards de dollars en dépenses votées supplémentaires.
Ces nouveaux plans de dépenses permettront au gouvernement de continuer de respecter ses engagements envers les Canadiens dans divers secteurs importants. Il s'agit notamment d'investissements importants pour promouvoir la réconciliation avec les peuples autochtones, appuyer les hommes et les femmes dévoués des Forces armées canadiennes et collaborer avec nos partenaires dans l'ensemble du pays pour lutter contre les changements climatiques.
[Français]
Conformément à l'engagement que nous avons pris dans le budget de 2019, un financement totalisant 919 millions de dollars, qui a été accordé à Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, servira à radier les prêts consentis aux collectivités des Premières Nations et des Inuits ainsi qu'à la Nation métisse pour les négociations entourant les revendications territoriales globales. Ces prêts ont été accordés pour faire en sorte que les peuples autochtones du Canada aient les ressources nécessaires pour leur permettre de participer aux négociations quant aux revendications territoriales, et ce, d'une manière significative et équitable.
Dans bien des cas, cependant, la négociation de ces traités modernes, qui est tellement importante dans le contexte que nous connaissons aujourd'hui, a été beaucoup plus longue et ardue que prévu. En outre, ces prêts sont devenus un lourd fardeau pour de trop nombreuses collectivités. Dans certains cas, ces prêts s'élevaient à des dizaines de millions de dollars. Pour les petites communautés, cela représentait donc un obstacle considérable au développement économique et social.
Ces dettes seront donc annulées, et les collectivités qui ont remboursé des prêts dans le passé seront remboursées.
[Traduction]
Un montant supplémentaire de 588,3 millions de dollars sera affecté à Services aux Autochtones Canada. Ces fonds sont nécessaires pour appuyer les efforts continus visant à répondre au besoin fondamental d'améliorer les services à l’enfance et à la famille pour les Autochtones, ce qui est absolument essentiel, notamment en élargissant les programmes de prévention et d'intervention précoce. Comme le Comité en conviendra, j'en suis certain, la transformation de ces services est absolument cruciale pour la réconciliation et l'autodétermination, pour corriger les injustices du passé et avancer dans la bonne direction. Elle est encore plus essentielle pour la nouvelle génération d'enfants autochtones. Rappelons-nous que moins de 8 % des enfants canadiens de moins de 14 ans sont des Autochtones, mais que les enfants autochtones représentent plus de 52 % des enfants placés en famille d'accueil dans des résidences privées.
Un montant supplémentaire de 232 millions de dollars affecté à Services aux Autochtones Canada servira à poursuivre la mise en oeuvre du principe de Jordan. Ces fonds contribueront à garantir que les enfants autochtones d’un bout à l’autre du Canada ont accès aux mêmes services spécialisés en soins de santé, en éducation et en services sociaux que tout autre enfant du pays.
[Français]
Concernant les attentes, les Canadiens ont clairement indiqué à maintes reprises qu'ils s'attendent à ce que tous les niveaux de gouvernement prennent des mesures solides à l'égard de la lutte contre les changements climatiques.
Les plans de dépenses détaillés dans ce budget des dépenses comprennent ainsi un investissement continu dans le Fonds d'incitation à l'action pour le climat du Canada, d'un montant total de 109 millions de dollars, afin d'aider les petites et moyennes entreprises, les municipalités, les universités, les hôpitaux et les écoles à mettre en œuvre leurs projets de réduction du carbone et de la pollution ainsi que leurs projets d'augmentation de l'efficacité énergétique.
Comme le savent sans doute tous les membres du Comité, le Fonds d'incitation à l'action pour le climat est financé par les produits et redevances du système fédéral de tarification de la pollution par le carbone. De plus, conformément à l'engagement pris dans le budget de 2019, le budget des dépenses comprend une contribution de 950 millions de dollars à la Fédération canadienne des municipalités, soit plus du double de la capitalisation de son Fonds municipal vert pour favoriser l'innovation écologique locale dans l'ensemble du pays. Depuis son établissement en 2000, ce fonds a versé 862 millions de dollars pour appuyer plus de 1 300 initiatives en matière de développement durable dans les municipalités partout au Canada, et ce, je le précise, tout en préservant chaque dollar de capital fourni par le gouvernement canadien.
Ce nouvel investissement permettra donc de lancer un certain nombre de nouveaux volets de financement, allant du Fonds d'innovation pour le logement abordable — on sait à quel point le logement au Canada est un enjeu crucial en matière d'abordabilité, de développement économique et de lutte contre la pollution et les émissions des gaz à effet de serre — au Fonds d'accélération de l'écoefficacité communautaire.
[Traduction]
Monsieur le président, les Canadiens s'attendent aussi à ce que les Forces armées canadiennes répondent à l'appel, au besoin, pour assurer la sécurité des Canadiens ici et à l'étranger et pour contribuer à la sécurité mondiale en tant que partenaires dans des missions interarmées à l'étranger.
Voilà l'objectif de la politique de défense du gouvernement du Canada appelée « Protection, Sécurité, Engagement ». Afin que nos forces armées soient équipées pour satisfaire à ces attentes et à ces besoins, le budget que nous présentons comprend une affectation prévue de près de 500 millions de dollars au ministère de la Défense nationale. Ces fonds seront un investissement dans les équipements, les infrastructures et les systèmes de technologie de l'information qui sont des incontournables pour le fonctionnement et le maintien d'une force armée moderne.
Un montant supplémentaire de 128,5 millions de dollars servira à appuyer les opérations actuelles à l'étranger. Plus précisément, cela comprendra le déploiement continu de forces terrestres en Lettonie dans le cadre de la mission de dissuasion de l'OTAN en Europe centrale et orientale, et en Afrique, où des membres de l'Aviation royale du Canada fournissent actuellement, à partir de leur base en Ouganda, un soutien au transport aérien tactique aux opérations de maintien de la paix de l'ONU.
Quant aux points saillants de ce budget des dépenses, je tiens aussi à mentionner un autre poste important, soit la somme de 138 millions de dollars au Bureau de l'infrastructure du Canada. La majeure partie de ce montant, soit 106 millions de dollars, est liée à l'achèvement du projet de corridor du pont Champlain à Montréal qui, comme beaucoup d'entre nous le savent, constitue un lien de transport névralgique emprunté par plus de 60 millions de véhicules chaque année.
[Français]
En conclusion, dans le temps qui m'est alloué, je ne peux donner qu'un aperçu des points saillants du budget des dépenses. Le budget supplémentaire des dépenses et les documents connexes auxquels vous avez accès donnent à tous les parlementaires, et en fait à tous les Canadiens, la possibilité d'aider le gouvernement canadien à agir de manière responsable en allouant les fonds publics à des questions importantes qui comptent pour tous les Canadiens, partout au pays.
Conformément à l'engagement de notre gouvernement d'accroître la transparence à un niveau qui me permet de répondre aux attentes à la fois des Canadiens et des parlementaires, je voudrais signaler que des renseignements supplémentaires substantiels sont aussi affichés en ligne. En fait, ils sont non seulement affichés en ligne, mais ils sont aussi présentés dans un format de plus en plus accessible aux Canadiens. Ainsi, les parlementaires et les Canadiens pourront comprendre les répercussions de nos investissements sur nos familles, sur nos enfants, sur nos aînés, sur nos forces armées, sur nos infrastructures ainsi que sur les peuples autochtones.
[Traduction]
J'ai hâte que les parlementaires — dont vous êtes les distingués représentants aujourd'hui — aient eu l'occasion d'examiner ce budget des dépenses de manière approfondie, et de répondre à leurs questions, ou aux vôtres, alors que nous travaillons ensemble pour investir afin de satisfaire aux priorités, aux besoins et aux attentes des Canadiens.
[Français]
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
C'est avec plaisir que je répondrai maintenant aux questions.
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Monsieur le ministre, merci beaucoup de vous joindre à nous aujourd'hui. Monsieur Purves, madame Santiago et madame Cahill, bon retour parmi nous.
Je vous souhaite un mandat fructueux à titre de président du Conseil du Trésor. Nous sommes impatients de travailler avec vous pour améliorer la transparence et la surveillance de notre processus de dépenses.
Parlant de transparence, j'aimerais discuter du crédit 10 avec vous. Habituellement, le crédit 10 du Conseil du Trésor s'élevait à environ 3 millions de dollars par année, jusqu'aux deux dernières années, alors qu'il a dépassé de beaucoup le tiers d'un milliard par année, passant à 368 millions de dollars puis à 371 millions, je crois. Évidemment, cela s'ajoute aux 7 milliards de dollars de la caisse noire du crédit 40 et aux 5 milliards de dollars supplémentaires de la caisse noire de l'année dernière, au tableau A2.11.
Je tiens à citer directement ce qu'on lit sur votre page Web. Pour le crédit 10, on indique ce qui suit: « Sous réserve de l’approbation du Conseil du Trésor, pour suppléer à d’autres crédits pour appuyer la mise en œuvre d’initiatives de gestion stratégique entreprises dans la fonction publique du Canada. » J'insiste sur le mot « stratégique ».
Je veux comprendre comment on peut passer de 3 millions, 3 millions et encore 3 millions à plus du tiers d'un milliard de dollars. Prenons l'exemple suivant: dans le budget des dépenses de cette année, au crédit 10, nous avons 3,5 millions de dollars pour l'ARC, qui fonctionne sur un cycle de deux ans. L'an dernier, l'ARC avait un montant non utilisé de 180 millions de dollars. J'essaie donc de comprendre pourquoi le crédit 10 comprend un montant de 3,5 millions de dollars pour un projet à court terme qui n'a rien de stratégique, alors que l'Agence a un montant non utilisé. Elle n'utilise même pas tous les crédits qui ont été approuvés, mais on se retrouve pourtant avec un autre montant au crédit 10.
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Merci beaucoup, monsieur Drouin.
J'aimerais, en passant, souligner votre important travail, de nouveau.
Ici, les mots clés sont « efficacité » et « transparence ». Comme nous le savons très bien, il y a un problème qui remonte au début de la Confédération, je crois. C'est un problème d'alignement entre le processus budgétaire et le processus des budgets de dépenses. Cela fait en sorte qu'il y a un décalage entre les informations auxquelles vous avez accès lorsque vient le temps d'étudier les budgets de dépenses et le dépôt d'un budget annuel, comme celui du .
Ce décalage a été exploré au cours des dernières années, entre autres par le projet pilote dont vous parlez. Nous avons appris des leçons importantes de ce projet pilote. En parallèle à l'apprentissage de ces leçons, nous avons aussi mis en place des mesures significatives pour accroître à la fois l'efficacité et la transparence.
Je mentionne, en passant, la directive sur les résultats qui a été déposée il y a à peine deux ans, en 2017, qui amène plus de transparence, donc plus de capacité pour vous de comprendre ces deux méthodes de travail. Nous l'appelons la méthode d'exercice, pour le ministre des Finances, et la méthode de comptabilité, pour le processus des budgets de dépenses.
[Traduction]
En anglais, on dit « accrual and cash ».
[Français]
Cela crée évidemment des difficultés dans le cadre du travail que vous souhaitez faire comme parlementaires.
Comme vous le savez, nous avons mis en place une base, l'InfoBase du GC. C'est une base extraordinaire que je vous invite à utiliser pleinement. Elle donne des détails de plus en plus transparents et de plus en plus accessibles, non seulement sur les dépenses, mais aussi sur les incidences en matière de gestion de ressources du gouvernement canadien. Nous avons aussi des cadres qui travaillent à la fois sur la planification et les résultats des ministères. D'ailleurs, j'ai déposé hier les résultats ministériels de 87 ministères et agences.
Il y a donc beaucoup d'information qui appuie les leçons que nous avons tirées du projet pilote.
Je vous remercie de cette question, madame Vignola.
[Traduction]
Comme le président l'a mentionné, le crédit fait partie des outils qu'on utilise depuis de nombreuses années. Il s'agit d'un crédit essentiel pour la prestation d'initiatives à l'échelle du gouvernement.
Cela varie selon les initiatives qui sont présentées. Prenez les mesures qui sont soutenues: il s'agit de programmes pour les Autochtones et l'apprentissage de la petite enfance et la garde d’enfants. Dans ce cas, il y a les initiatives de modernisation des applications que M. McCauley a mentionnées. Il y a du soutien pour les dommages causés par Phénix qui ont été cernés. Dans ces cas, le Conseil du Trésor donne son autorisation pour appuyer une initiative. Toutefois, nous ne savons pas exactement sous quel crédit cela va se retrouver, car cela varie souvent en fonction de la demande. Il arrive souvent qu'un paiement ou un paiement partiel doive être effectué avant la présentation de la loi de crédit suivante.
Comme pour toute autre initiative, la transparence est assurée. Les parlementaires peuvent ainsi poser les questions qu'ils souhaitent afin d'obtenir plus de renseignements. Étant donné que les attributions proviennent de ce crédit, les données sont publiées en ligne lorsque nous déposons le document budgétaire suivant. Dans ce cas, je crois que M. McCauley a mentionné un montant de 3 à 4 millions de dollars pour l'initiative de modernisation des applications.
L'autre point à souligner concernant cette question est que de nombreux ministères participent à cette initiative. Lorsque les autorisations budgétaires sont accordées pour de nouveaux fonds, elles sont accordées à ces ministères, indépendamment du moment où ils sont par rapport aux projections des crédits inutilisés. Ces projections changent constamment. Il serait donc inapproprié qu'un gouvernement ou un Parlement continue d'approuver des dépenses en se fondant sur des données erronées quant à la situation financière d'un gouvernement.
Nous avons La revue financière, qui fournit des informations en permanence. Ces informations se trouvent aussi dans nos multiples rapports financiers. En somme, il s'agit simplement d'un des nombreux ministères qui participent à cette initiative.
Monsieur Purves, je constate que nous sommes en désaccord sur bien des points. Je dois vous dire que je suis outré par votre intervention au sujet d'allégations prétendument trompeuses.
Je ne crois pas que l'on puisse qualifier d'allégations fausses ou trompeuses mes commentaires quant à l'utilisation d'un crédit 10 gonflé par rapport à son niveau traditionnel de 3 millions de dollars par année. J'espère que vous admettrez avoir peut-être utilisé ce terme à mauvais escient.
Je veux revenir à la question du crédit 10. Il a toujours été de 3 millions de dollars. Je pense que vous avez indiqué à mon collègue, M. Aboultaif, qu'il pouvait être utilisé en situation d'urgence. La dernière crise financière mondiale remonte à 2008. Si je ne m'abuse, les fonds du crédit 10 ont alors été majorés à hauteur d'environ 8 millions de dollars. Je rappelle qu'aucun gouvernement — libéral ou conservateur — n'a déjà utilisé ce crédit dans la mesure où il a été mis à contribution l'an passé et cette année encore.
Dans de telles situations d'urgence, on devrait se servir selon moi des fonds du crédit 5, lequel est établi à cette fin, plutôt que de ceux d'un crédit 10 gonflé. Je vous répète que si le gouvernement tente encore une fois de faire adopter un crédit 10 de 200, 300 ou 380 millions de dollars dans le budget des dépenses du prochain exercice, l'opposition va sans doute chercher à ramener ce crédit à son niveau habituel de 3 millions de dollars.
Il y a par ailleurs des fonds de près de 5 millions de dollars prévus au titre du crédit 5 pour la Fondation Rideau Hall. Le crédit 5 vise à « ... payer des dépenses diverses, urgentes ou imprévues qui n'ont pas autrement été pourvues... » La Fondation Rideau Hall reçoit du financement gouvernemental depuis 8 ou 10 ans. Je me demande donc comment ce montant de 4,9 millions de dollars peut être considéré comme une dépense imprévue et urgente. Cela devrait relever de Patrimoine Canada qui a reporté des fonds de plus de 5 millions de dollars.
Peut-être que Mme Santiago pourrait me répondre directement.