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Je déclare la séance ouverte. Je vous souhaite la bienvenue à la huitième séance du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Conformément à l'ordre de renvoi adopté le samedi 11 avril 2020, nous étudions la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
Avant de commencer, j'aimerais annoncer notre horaire de la semaine prochaine. Nous nous réunirons d'abord le lundi 4 mai, à 14 heures, pendant deux heures. Notre deuxième séance de la semaine aura lieu le vendredi, de 11 heures à 13 heures, heure normale de l'Est.
J'aimerais d'abord faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité, bien que je sois certain que la plupart des membres du Comité commencent à bien connaître la procédure.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Quand vous êtes prêt à parler, vous pouvez soit cliquer sur l'icône de microphone ou activer votre microphone en appuyant sur la barre d'espacement. Dès que vous cessez d'appuyer sur la barre d'espacement, votre micro s'éteint. Lorsque vous parlez, je vous prie de vous exprimer lentement et clairement, de faire attention à votre prononciation. Cela aidera beaucoup nos interprètes.
J'aimerais aussi vous expliquer les lignes directrices concernant les canaux d'interprétation. Je l'ai déjà expliqué plusieurs fois, mais je précise aux nouveaux membres du Comité que s'ils comptent s'exprimer principalement en anglais, ils doivent cliquer sur « anglais » vis-à-vis l'icône d'interprétation, au bas de l'écran. S'ils souhaitent s'exprimer principalement en français, ils doivent cliquer sur « français ». Si vous comptez alterner entre l'anglais et le français, je vous prie de vous arrêter un instant avant de changer de langue pour permettre aux interprètes de changer de canaux, après quoi vous pourrez vous exprimer dans la langue de votre choix.
Avant de commencer, j'aimerais que tout le monde clique sur l'icône de réseau dans le coin supérieur droit de l'écran, puis sur « gallery view ». Vous pourrez alors voir tous les participants à la séance d'aujourd'hui en vidéo.
Je demanderais maintenant à M. Whalen de bien vouloir nous présenter son exposé, bien que nous soyons légèrement en retard. Je vous prierais d'être le plus bref et concis possible dans vos observations pour laisser le plus de temps possible pour les questions des membres du Comité.
Monsieur Whalen, la parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord remercier tous les membres du Comité de me fournir l'occasion d'être ici aujourd'hui pour vous parler du rôle de LuminUltra dans la fourniture d'outils diagnostiques essentiels pour le dépistage de la COVID-19.
Je tenterai d'être le plus bref possible, pour nous laisser amplement de temps pour les questions, mais j'aimerais vous toucher quelques mots de l'histoire de LuminUltra.
Nous sommes une entreprise de biologie moléculaire qui produit des tests diagnostiques essentiellement pour l'analyse des micro-organismes dans l'eau. Tout comme les personnes, les réseaux d'eau potable peuvent devenir malades. Ils peuvent être infectés par différents types de microbes, et nous fournissons des outils aux entreprises essentielles du monde afin qu'elles puissent appliquer les traitements et les techniques de gestion sans lesquels il en coûterait des centaines de milliards de dollars par année à l'économie mondiale.
Nous sommes fiers d'avoir nos bureaux ici, à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Nous avons des installations dans six pays du monde, soit le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas et l'Australie.
Nous sommes une entreprise de propriété canadienne à 100 %, partagée entre moi-même et XVP Water Partners, à Toronto. Nous sommes en affaires depuis une vingtaine d'années, mais nos tous débuts remontent à 1995. J'ai eu la chance de faire partie des trois fondateurs de l'entreprise à titre de technicien en laboratoire alors que j'étais encore à l'école secondaire.
Aujourd'hui, nous avons presque 100 employés, dont la grande majorité travaille ici, au Canada. Je vous dirais que jusqu'à tout récemment, très peu de Canadiens connaissaient l'existence de notre entreprise, puisqu'elle a toujours beaucoup misé sur l'international. Nous vendons principalement nos produits au secteur privé, d'entreprise à entreprise, dans plus de 80 pays du monde. Notre clientèle se compose en grande partie d'entreprises figurant à la liste de Fortune 500. Ces entreprises sont en affaires pour fournir des services essentiels, et nous sommes déterminés à nous assurer de pouvoir continuer de répondre à leurs besoins, tout en assurant la sécurité de notre personnel, qui est importante pour nous. Nous avons une équipe très novatrice et très compétente, qui a pris l'habitude d'innover au fil des ans. C'est même la culture de l'innovation qui nous a permis de nous joindre à la bataille contre la COVID-19, à partir du 20 mars dernier, quand le a lancé un appel à l'action aux entreprises. Nous y avons répondu très rapidement, par la porte de devant.
Nous savions que nous avions des compétences qui pourraient servir en matière de dépistage et nous avons saisi l'occasion pour communiquer avec l'Agence de la santé publique du Canada. Nous avons eu des discussions très détaillées, en profondeur, avec des gens de Winnipeg et nous nous sommes rendu compte que nous pourrions fournir certains des réactifs chimiques nécessaires pour permettre le dépistage au Canada. Ainsi, nous nous sommes engagés à fournir au gouvernement du Canada des réactifs pour 25 millions de tests de dépistage de la COVID-19 au cours de la prochaine année. En date d'aujourd'hui, nous avons déjà envoyé un million de tests aux laboratoires de santé provinciaux du Canada depuis nos installations de Fredericton.
La prochaine étape, toutefois, comme nous gardons toujours le regard vers l'avenir, sera de travailler avec les divers organismes gouvernementaux, dont ISDE, le CNRC et l'APECA, afin d'accroître cette production au-delà de ces simples réactifs chimiques et de trouver une solution plus détaillée pour le dépistage de la COVID-19. Nous sommes également à l'affût des possibilités afin de permettre le dépistage hors du contexte clinique aussi, pour nous assurer que les environnements dans lesquels nous vivons, nous travaillons et nous jouons sont sécuritaires dans le contexte du déconfinement qui s'amorce progressivement.
Dans l'ensemble, je veux simplement vous dire que je suis immensément fier de notre équipe et de l'équipe de l'Agence de la santé publique du Canada, qui a travaillé d'arrache-pied des heures durant et a multiplié les conversations avec nous. Nous adorons travailler avec cette équipe, et c'est vraiment une réalisation commune que d'avoir réussi à franchir aussi rapidement tous ces goulots d'étranglement grâce à la collaboration.
Encore une fois, je vous remercie de me fournir l'occasion d'être ici aujourd'hui et j'ai hâte de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci. Je vous remercie de m'avoir invité à participer à la réunion d'aujourd'hui pour vous parler de mon entreprise, Spartan Bioscience. C'est un honneur de m'adresser à vous, honorables députés membres du comité des opérations gouvernementales.
Je suis président-directeur général de Spartan Bioscience. C'est moi qui suis responsable d'établir la stratégie de l'entreprise et de diriger sa mise en œuvre. Je suis titulaire d'un diplôme de médecine de l'Université d'Ottawa et je suis spécialisé en microbiologie et en maladies infectieuses.
J'ai fondé Spartan Bioscience il y a 15 ans, avec pour mission de rendre la puissance des tests d'ADN accessibles à tous. J'ai un proche qui a reçu un diagnostic de leucémie. Il a fallu des semaines avant qu'il ne reçoive les résultats de son test d'ADN du laboratoire pour pouvoir commencer à recevoir un médicament susceptible de lui sauver la vie. Cela m'a donné l'idée de sortir les analyseurs d'ADN des laboratoires pour que chacun puisse les utiliser, un peu comme on tient pour acquis maintenant qu'on peut tester sa glycémie à l'aide d'un glucomètre de chez soi. Notre vision consiste à faire la même chose pour les tests d'ADN.
C'est avec cette mission en tête que nous avons fait de Spartan une entreprise de biotechnologie de pointe. Nous avons mis au point le plus petit analyseur d'ADN au monde. Notre technologie a reçu l'approbation de la FDA et de Santé Canada, puis a été validée par diverses organisations spécialisées, comme les Centers for Disease Control et la clinique Mayo. Notre technologie a aussi fait l'objet de publications dans de prestigieux journaux médicaux, dont The Lancet et le New England Journal of Medicine, un des plus grands journaux médicaux. Nous croyons que nos tests rapides, précis, abordables et portables rendront l'analyse d'ADN accessible à tous à des fins aussi diversifiées que le dépistage des maladies infectieuses, la médecine de précision, l'analyse de la salubrité de l'eau et des aliments et les diagnostics vétérinaires.
Avant la pandémie de COVID-19, nous appliquions déjà notre technologie dans divers domaines. L'un des premiers tests que nous avons réalisés était un test de médecine de précision utilisé par des cardiologues lorsqu'ils administrent un médicament qu'on appelle le Plavix. Il s'agit du deuxième médicament le plus vendu de tous les temps après le Lipitor. Ce médicament ne s'active pas comme il faut chez 30 % des patients, parce qu'ils sont porteurs d'une mutation qui empêche leur foie d'activer le promédicament et fait beaucoup augmenter leur risque de complications cardiaques. Grâce à notre test rapide, les cardiologues peuvent aider leurs patients à éviter ces effets secondaires. Un autre de nos tests permet de faire un repérage génétique précoce de la maladie d'Alzheimer et d'identifier 20 % des personnes porteuses de mutations génétiques susceptibles d'augmenter leur risque d'avoir la maladie.
Enfin, nous appliquons aussi notre technologie aux tests environnementaux, nous l'utilisons pour tester le système d'eau potable de divers édifices pour y repérer la bactérie Légionella. Cette bactérie peut contaminer les systèmes d'eau potable, y compris dans des édifices à bureaux comme ici, à Ottawa. Ainsi, une personne qui respire de l'eau contaminée par cette bactérie peut contracter la maladie des légionnaires, une forme sévère de pneumonie qui tue 10 % des personnes infectées. Notre test est désormais l'un des meilleurs tests au monde pour cela, et il est utilisé par les CDC, le département d'État de New York et diverses entreprises de la liste Fortune 500.
Tous les tests que je viens de nommer se font à partir du même appareil de la taille d'une tasse de café qu'on appelle le cube Spartan. Je vais faire l'analogie avec une machine à café Keurig: une fois qu'on a la machine, on peut l'utiliser pour différents types de dosettes.
Toute cette expérience en R-D au cours des 15 dernières années nous a permis de répondre à l'appel visant à augmenter le nombre de tests de dépistage de la COVID-19. Avec l'appui du gouvernement du Canada et du programme de soutien à l'innovation technologique, nous avons rapidement réussi à adapter le test de dépistage de la COVID-19 validé par le CNRC et à l'intégrer à notre plateforme déjà validée.
Pour vous donner une idée de la vitesse à laquelle tout cela a pu se faire, le 20 mars dernier, le gouvernement canadien a reconnu notre compétence pour l'aider à lutter contre cette pandémie et a signé une lettre d'intention avec nous. Le lendemain, le 21 mars, nous avons conclu une entente avec le gouvernement de l'Ontario et signé un contrat pour la production de 900 000 tests. Ensuite, le 11 avril, nous avons reçu l'approbation de Santé Canada pour notre test de dépistage de la COVID-19 et avons immédiatement commencé à faire parvenir des tests à nos partenaires fédéraux et provinciaux.
Sans l'aide gouvernementale reçue à ce jour, tant du gouvernement fédéral que du gouvernement provincial du premier ministre Ford, nous n'aurions pas pu créer nos tests rapides, pas plus que nous ne serions en position d'accélérer la production pour contribuer à répondre aux besoins du Canada en matière de tests.
Nous sommes une fière entreprise canadienne. Nous sommes ravis que notre technologie joue un rôle important dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 au Canada. Le test de dépistage de la COVID-19 que nous avons conçu sera idéal pour l'utilisation en contexte décentralisé, comme dans les communautés éloignées, les communautés autochtones, potentiellement dans les aéroports, aux frontières, dans des cabinets de médecins, dans des pharmacies ou des cliniques.
Maintenant que notre test est prêt à l'utilisation, nous travaillons jour et nuit afin d'accélérer la production pour le rendre plus accessible aux Canadiens. Nos fournisseurs ont déployé des efforts extraordinaires, et nous avons la chance qu'ils se trouvent ici même, à Ottawa, de sorte que nous ne sommes pas limités par les interdictions d'exportation ni par les pénuries d'écouvillons ou d'autres choses du genre. À ce jour, nous avons déjà réussi à expédier des milliers de trousses de dépistage, et nous avons déjà planifié l'expédition de centaines de milliers de tests par semaine d'ici juillet.
Les dernières semaines ne ressemblent à rien que notre entreprise ait jamais vécu auparavant. Les choses progressent à un rythme incroyable. Je dois féliciter le , le , le premier ministre Ford et le premier ministre Legault, ainsi que leurs fonctionnaires de nous avoir aidés à parcourir tout ce chemin si vite.
Merci.
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Je vous remercie de cette question, monsieur McCauley.
Nous sommes en affaires depuis 20 ans, essentiellement, et comme nous avons surtout misé sur l'international jusqu'à maintenant, nous avons une chaîne d'approvisionnement assez étendue dans le monde. Habituellement, la grande majorité de nos intrants sont de source nord-américaine. Nous achetons principalement du Canada et des États-Unis, mais nous achetons aussi certaines choses en Asie et dans certaines régions de l'Europe. Nous n'avons pas eu de grands problèmes à maintenir notre chaîne d'approvisionnement jusqu'à maintenant, mais nous travaillons avec nos partenaires gouvernementaux, comme ISDE et le CNRC, afin d'essayer le plus possible de ramener notre chaîne d'approvisionnement à l'intérieur des frontières canadiennes. Nous suivons un programme activement avec eux exactement pour cela.
Je présume que pour répondre à votre question simplement, je vous dirais que nous n'avons pas eu de graves problèmes jusqu'à maintenant pour nous approvisionner en toutes sortes de choses, mais personne n'a de boule de cristal, et c'est la raison pour laquelle nous essayons de ramener notre approvisionnement à l'intérieur de nos frontières, idéalement jusqu'à 100 %.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Bienvenue à nos témoins.
Monsieur Whalen, je sais par votre nom de famille que vous êtes originaire du Nouveau-Brunswick. Je suis heureux de vous voir et je vous remercie d'être des nôtres.
Monsieur Lem, nous avons eu l'occasion de nous croiser à quelques reprises au cours des dernières années, et je me réjouis de voir que votre entreprise et vous-même êtes prêts à relever le défi.
Monsieur le président, au risque de susciter le mécontentement de mes collègues de l'autre côté de cette allée virtuelle, je tiens à souligner le travail de nos professionnels de l'approvisionnement qui ont su travailler avec des gens comme les deux témoins que nous accueillons aujourd'hui. Je sais que tous ont redoublé d'efforts pour nous permettre d'acquérir ces fournitures essentielles, comme les écouvillons et les produits chimiques pour les réactifs alors que nous nous apprêtons comme il se doit à augmenter la cadence des tests de dépistage.
C'est sur cet aspect que va porter ma première question que j'adresse à nos deux témoins. Je leur serais reconnaissant de bien vouloir y répondre brièvement.
Je vais la poser d'abord à M. Whalen. Dans l'état actuel des choses, qu'est-ce qui pourrait selon vous être problématique du point de vue de l'approvisionnement si l'on veut intensifier les efforts de dépistage?
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Je vous remercie beaucoup.
Monsieur Lem, votre trousse est fort intéressante à voir. Ce serait bien de rendre ces tests disponibles aux points chauds, comme les frontières, les maisons pour personnes âgées et d'autres lieux. Si j'ai bien compris, vous essayez de le faire comme test d'autodiagnostic.
Vous avez déjà répondu à l'une de mes questions, qui visait à savoir si vous avez déjà fait de tels tests dans le cas de la COVID-19. Je veux simplement m'assurer d'une chose. Faites-vous seulement les trousses ou faites-vous également les analyses, que ce soit pour l'ADN ou la COVID-19?
Bonjour, monsieur Whalen et monsieur Lem. J'ai beaucoup aimé vos exposés.
Il y a de 36 à 37 millions de Canadiens, et nous savons qu'il s'agit d'un processus permanent. En effet, tout au long de notre vie, nous aurons probablement besoin de cet équipement pour mener des tests.
Selon vous, quelle quantité d'équipements et de trousses sera nécessaire pour desservir le Canada, du moins pendant la période actuelle?
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Il vous reste très peu de temps, monsieur Redekopp. Je vais vous arrêter là pour que je puisse remercier nos témoins.
Monsieur Whalen et monsieur Lem, vos témoignages ont été fascinants et extrêmement utiles pour notre comité.
Monsieur Lem, je crois savoir que vous devez nous quitter maintenant, car vous devez assister à une autre réunion.
Monsieur Whalen, vous nous avez fait savoir que vous êtes disposé à rester pendant encore 10 ou 15 minutes, alors, veuillez demeurer en ligne. Je ne sais pas si nous aurons le temps de vous poser d'autres questions, mais vous pouvez certes quitter la réunion lorsque le temps sera venu pour vous de partir.
Maintenant, chers collègues, nous allons faire une pause pour permettre à notre prochain témoin de s'installer.
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Je vous remercie, monsieur le président. Je suis ravi de m'adresser au Comité aujourd'hui.
Je tiens premièrement à féliciter le gouvernement du Canada d'avoir rapidement mis sur pied des programmes durant cette crise sans précédent de la COVID-19. Cette pandémie est terrible pour les personnes infectées et leurs familles, bien sûr, et elle est débilitante financièrement pour bon nombre de particuliers et d'entreprises.
J'aimerais parler un peu aujourd'hui de la mesure dans laquelle cette situation a eu une incidence sur notre organisation de recherche. Nous faisons face à une réalité bouleversante et dure en ce qui concerne nos citoyens les plus vulnérables, particulièrement nos frêles personnes âgées dans les établissements de soins de longue durée. À mon humble avis, il est essentiel que le Comité et l'ensemble des Canadiens tirent des leçons de cette pandémie mondiale et qu'ils se préparent à mieux affronter dans l'avenir d'autres maladies infectieuses comme la COVID qui, bien évidemment, nous toucheront encore.
Je tiens à mentionner que Santé Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, le bureau de la vice-première ministre, de nombreux ministres, des employés et l'ensemble de la fonction publique, y compris les Forces armées canadiennes, qui prêtent main-forte dans nos établissements de soins de longue durée, se sont rendus disponibles et ont été réactifs, du moins lors des démarches que le Réseau universitaire de santé a eu l'occasion de faire. Il en a été de même pour nos députés et leur personnel.
À mon avis, nous devons nous concentrer sur la protection des populations les plus à risque et des fournisseurs de soins qui, comme nous le savons, éprouvent des difficultés à obtenir de l'équipement de protection individuelle, ainsi que sur la chaîne d'approvisionnement et l'écosystème de recherche très fragiles. Il ne fait aucun doute qu'il y aura un nouvel ordre mondial en ce qui a trait aux soins de santé et à la santé après la pandémie. Cela nous amène à nous pencher sur un nouveau modèle de financement et sur la structure qui existe pour financer les soins de santé d'un océan à l'autre. Depuis un certain nombre d'années, les coûts des soins de santé sont supérieurs au financement octroyé. Pour ce qui est des répercussions de cette situation sur l'ensemble des soins, elles sont très grandes durant cette pandémie pour les personnes frêles et celles qui vivent dans des milieux protégés.
Nous devons également nous pencher, selon moi, sur un nouveau contrat social entre Ottawa et les provinces et les territoires en vue de l'adoption d'une approche pancanadienne après la pandémie. Nous savons qu'il est fort probable que nous ayons à faire face à d'autres vagues de cette maladie dans un avenir pas très lointain. J'encourage le Comité à mobiliser les fournisseurs de soins et, de façon plus importante, les consommateurs et les familles ainsi que les trois ordres de gouvernement avec lesquels nous travaillons durant cette pandémie, notamment les municipalités, qui sont essentielles pour la santé publique. Les établissements de soins de longue durée et les établissements de soins collectifs doivent être examinés attentivement et ils doivent bien comprendre la voie à suivre.
Il faudrait aussi nous demander quels problèmes sont clairement définis, parmi ceux que nous essayons de régler, et pourquoi nous travaillons à les régler dans un certain ordre. À mon avis, il faut se pencher sur les Canadiens frêles et vulnérables et leurs sous-groupes. Ensuite, il faut se pencher sur la chaîne d'approvisionnement et l'absence de production au Canada d'équipement de protection individuelle, de médicaments et de respirateurs, ainsi que sur un certain nombre d'autres problèmes liés à l'accès et à la constitution de stocks suffisants. Je me suis rendu compte, et cela m'a étonné, que l'une des choses qui m'empêchent de dormir la nuit durant cette pandémie, en tant que président-directeur général du plus grand centre hospitalier au Canada où il s'effectue le plus de recherches, le Réseau universitaire de santé, est en fait la production et l'obtention d'écouvillons. Il ne s'agit pas de la technologie la plus avancée, mais elle est extrêmement importante durant une pandémie.
Je vais terminer en parlant du très fragile écosystème de recherche en milieu hospitalier et de la vulnérabilité des personnes qui en font partie. Ce sont tous des gens qui vivent une situation très précaire... Je ne parle pas des chercheurs principaux, mais plutôt de leur personnel, de leurs adjoints de recherche, des étudiants diplômés, des infirmières chercheuses et des boursiers de recherches postdoctorales. Le financement pour leurs travaux de recherche est encore plus précaire. La majorité des fonds proviennent de tierces parties, de fondations et de l'industrie, qui ont toutes été durement frappées de diverses façons par la situation actuelle. Le financement s'est tari, ce qui pourrait engendrer la perte d'une main-d'œuvre hautement qualifiée à un moment où nous avons besoin de nos chercheurs plus que jamais.
Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie les membres du Comité.
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Oui, nous avons remarqué beaucoup de changements. Un certain nombre d'organismes, d'établissements privés et de fondations ont fait savoir qu'ils ne seraient pas en mesure de continuer de respecter leurs engagements en matière de financement de la recherche. D'autres ont demandé d'interrompre le financement, car leur situation financière est incertaine.
Pour l'ensemble de nos fondations hospitalières et universitaires, les rendements des investissements sont bien entendu largement en péril. C'est ce que nous constatons souvent en examinant les revenus d'investissement, qui sont, nous le savons, durement touchés, bien plus qu'en 2008, lors du coup dur précédent qu'a subi le financement de la recherche.
Par ailleurs, nous continuons de travailler avec les trois conseils de recherches et la Fondation canadienne pour l'innovation, ce qui est encourageant. Cependant, en ce qui concerne la recherche financée par l'industrie, compte tenu des répercussions sur les revenus de l'industrie et ses sources de revenus, nous observons également une interruption de ce financement.
Dans un avenir très rapproché, dans les deux prochaines semaines, si nous ne mettons pas en place une meilleure structure et une meilleure stratégie, il risque d'y avoir entre 10 000 et 15 000 mises à pied dans le milieu de la recherche au Canada.
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Soyons clairs: ce n'est plus notre produit. Thornhill Medical, une entreprise issue du Réseau universitaire de santé, s'est entendue, d'après ce que je sais, avec les acheteurs.
Un certain nombre de fournisseurs, par exemple, ont offert des plans de respirateurs en source ouverte. Je vais parler d'un de ces fournisseurs dont je suis au courant, mais je suis certain qu'il y en a beaucoup d'autres.
En Irlande, une entreprise a fourni des plans en source ouverte. Bon nombre d'entre vous ont entendu parler de Medtronic, une multinationale qui fabrique des respirateurs. Cette entreprise a offert en source ouverte les plans d'un de ses appareils les plus anciens et les plus simples et elle a levé certaines obligations relatives à la propriété intellectuelle aux fins de la production durant la pandémie.
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Il y a eu de grandes difficultés. Comme nous le savons, un très petit nombre des produits les plus courants ont continué d'être fabriqués en Amérique du Nord, alors nous avons tenté de nous approvisionner à l'étranger, à l'instar d'autres pays dans le monde.
En collaboration avec le gouvernement du Canada, nous avions commandé un très grand nombre de masques et d'autres fournitures, que nous n'avons malheureusement pas reçus. Nous avions commandé 100 millions de masques.
Malheureusement, nous n'avons pas reçu les grosses commandes placées à l'étranger. Le transport aux États-Unis a légèrement compliqué la situation, je crois. On s'attendait à ce que les commandes soient expédiées au Canada, mais, à un moment donné, le gouvernement américain a apporté des changements en ce qui a trait aux produits qu'il était disposé à expédier dans d'autres pays.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Smith, je vous remercie beaucoup pour votre exposé. Je vous souhaite une bonne Journée nationale des médecins, ainsi qu'à tous vos collègues, qui font un travail exceptionnel partout au pays durant cette période critique. Vous transmettrez le message de notre part.
Le gouvernement du Canada, précisément le , a annoncé la semaine dernière un financement de 1,1 milliard de dollars pour la mise au point d'un vaccin, des essais cliniques et des tests à l'échelle du pays. Avez-vous eu l'occasion de vous entretenir avec des fonctionnaires au sujet de cette annonce et de la façon dont les fonds seront versés à des organismes comme le Réseau universitaire de santé?
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Oui, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec des députés, des représentants des trois conseils de recherches et des chercheurs au sein du gouvernement du Canada. Un certain nombre de chercheurs ont eu la chance de recevoir déjà des fonds de la part du gouvernement canadien pour des recherches liées à la COVID. Nous avons dû en fait cesser la majorité de nos recherches lorsque la COVID a fait son apparition et nous avons dû immédiatement nous préparer à entreprendre des recherches sur la COVID en raison de la pandémie.
Nos chercheurs, qui sont des personnes très travaillantes, ont soulevé des questions importantes d'ordre scientifique motivées par la recherche appliquée et la curiosité. L'une des questions les plus urgentes aux yeux de nos chercheurs en virologie et en immunologie est la création d'un vaccin.
Je suis très encouragé par les investissements, mais aussi par le nombre de partenariats qui se créent un peu partout au pays. La recherche peut souvent être perçue comme un travail solitaire. Je dois dire que je n'ai jamais vu notre nation, ou honnêtement nos scientifiques, être aussi unie sur les questions importantes et sur la collaboration à l'échelle du pays et du monde avec les esprits les plus brillants dans le cadre de la science ouverte, sur la collaboration en temps réel.
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C'est formidable. Merci beaucoup pour la réponse.
Nos témoins précédents, M. Lem et M. Whalen, ont parlé de collaboration et de coopération exemplaires avec le gouvernement fédéral, en particulier avec l'Agence de la santé publique du Canada; Innovation, Sciences et Développement économique; de même que Services publics et Approvisionnement Canada.
Pouvez-vous parler de la façon dont vous pouvez travailler avec ces ministères? Pouvez-vous dire à quel point ils sont utiles dans le travail que vous faites actuellement, notamment celui que vous accomplissez en collaboration avec des entreprises du secteur privé?
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Oui, la réponse a été très rapide. Je vais citer notre avocat, qui a dit que dans toute sa carrière, il n'a jamais vu les choses se faire aussi rapidement dans un autre dossier entre différents ordres de gouvernement, des administrations municipales et le secteur privé. Les gens se sont véritablement retroussé les manches et ils ont vraiment fait de leur mieux, tant dans la recherche que face aux défis dans la chaîne d'approvisionnement.
L'ASPC s'est elle aussi montrée très accessible et disponible. C'est en grande partie attribuable à nos médecins hygiénistes en chef, mais aussi à une sensibilisation directe. Je sais que l'ASPC s'est beaucoup activée pour obtenir les réactifs, notamment pour le dépistage.
Personnellement, si je me fie à mes collègues virologues et immunologues, je crois que nous allons faire du dépistage et du traçage à très grande échelle. Je sais que le Dr Naylor préside un comité national qui examinera la question dans son ensemble.
J'ai été encouragé de voir aujourd'hui que la Corée du Sud a eu sa première journée sans nouveau cas. Je pense qu'il y a beaucoup à apprendre à l'échelle internationale en regardant, premièrement, les pays où la pandémie a frappé plus tôt et, deuxièmement, les pays qui en sortent maintenant et ce qui s'est révélé le plus efficace.
Je pense que l'ASPC s'est aussi montrée ouverte à la consultation avec nos spécialistes des maladies infectieuses.
À propos de Santé Canada, je tiens tout particulièrement à saluer le sous-ministre, qui a été disponible et accessible, et qui a volontiers tendu la main au milieu.
Je dois dire que, même si on s'empresse de critiquer les hôpitaux pendant des périodes difficiles, et peut-être pas si difficiles, la réponse et la collaboration entre de multiples ordres de gouvernements et des administrations municipales, y compris, en ce qui nous concerne, la Ville de Toronto, ont été sans égales au moment de se retrousser les manches et d'agir.
Cependant, nous sommes très frustrés par certaines choses qui ne se font pas assez vite — ce n'est du ressort d'aucun ordre de gouvernement ni d'aucune municipalité —, notamment l'approvisionnement à l'échelle internationale d'équipement de protection individuelle et d'équipement de dépistage. Je soupçonne que nous courons le même risque pour la production d'un vaccin si, espérons-le, nous pouvons rapidement en avoir un.
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Quand je regarde certains endroits laissés pour compte, en particulier les centres de soins pour aînés et d'autres milieux où on vit regroupé, je n'aime pas vraiment toujours parler d'argent en premier. Je reconnais qu'il faut d'abord de l'argent, mais au cours des dernières années, ce qui était divisé en parts égales entre Ottawa et les provinces ne l'est plus, probablement pour une très bonne raison. Le chiffre exact aujourd'hui fait l'objet d'un grand débat. Certains disent 30 ¢, d'autres 22 ¢. Je vais laisser les experts s'entendre.
Je pense que nous voyons les conséquences de coûts supérieurs au financement. Dans la plupart des systèmes de santé au monde, nous observons une hausse de 4 à 5 % par année, et je vais juste vous donner un exemple. L'année dernière, au Réseau universitaire de santé, nous avons observé une hausse de 0,3 %, ce qui signifie que le système réalise chaque année des économies d'environ 3 %, alors que la population augmente et vieillit dans une proportion de 1,9 %.
À moins de revoir le partage des coûts de ces programmes, je crois que nous continuerons de courir le risque d'affaiblir davantage le système. Ma grande préoccupation, bien entendu, c'est que ceux dont la voix porte le moins, les gens dans les refuges, les sans-abri et les aînés, soient les plus défavorisés dans un système où les ressources se font rares.
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Vous êtes en avance sur ma prochaine question.
Si ma mémoire est bonne, pour la polio, cela a pris 22 ans de recherche à une époque où on n'avait pas la technologie qu'on a aujourd'hui, et cinq essais qui ont mené à des effets plus ou moins agréables.
C'est depuis le SRAS en 2003 que les scientifiques nous avertissent que cela va nous sauter à la figure, tel que vous l'avez dit. Néanmoins, il y a eu des compressions budgétaires dans le domaine des sciences partout dans le le monde. Le Canada fait-il partie des pays qui ont coupé dans la recherche de façon draconienne?
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Je suis heureux de vous revoir, monsieur Green, et merci des services que vous avez rendus. Il est bon de voir un dirigeant d'Hamilton au gouvernement du Canada. Je dirais que c'est une excellente question et une excellente collaboration.
À l'échelle clinique, le réseau Hamilton Health Sciences et le St. Joseph's Health System sont tous les deux très actifs sur la scène provinciale et la scène fédérale. Comme nous le savons, puisque la santé est une compétence provinciale, l'accent est mis sur la province. En matière de coordination des soins, Hamilton donne l'exemple en créant un système de soins intégrés, des soins primaires aux soins palliatifs. Je pense qu'une grande partie de ce que cette maladie nous montrera et nous montre renvoie au manque d'intégration de ces derniers aspects pour les citoyens fragiles et mal logés. C'est un domaine dont Hamilton s'est fait le champion.
Je pense que la collaboration et la recherche représentent l'autre facette de la question. À titre d'exemple, le Réseau universitaire de santé et le Hamilton Regional Laboratory Medicine Program, qui mène ses activités par l'entremise des deux hôpitaux sous la supervision d'Hamilton, collaborent déjà. Ils proposent des idées très créatives, comme celle d'avoir, par l'entremise de notre réseau de laboratoires, nos propres écouvillons, notre propre outil et un certain nombre d'autres technologies et d'analyses de dépistage qui nous éviteraient de dépendre du marché international où, à vrai dire, le Canada est un petit joueur et où nous ne sommes pas toujours les premiers servis. On répond d'abord à ceux qui achètent la plus grande quantité de produits. Malheureusement, la réponse n'a pas été aussi rapide que ce que nous aurions souhaité dans un certain nombre de domaines clés de diagnostic.
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Je pense que la planète entière cherche les mêmes produits au même moment. C'est la principale raison.
Ensuite, je crois que c'est une question de gestion des stocks. Nous pourrions mieux les remplacer. Lorsqu'on a pris connaissance des stocks, je pense que beaucoup de monde, pas seulement au Canada ou en Ontario, ont vu des activités désuètes, des masques périmés et autres choses.
Cela dit, en gestion des stocks, il serait peut-être plus sage de penser à notre façon de renouveler et de remplacer nos produits. Cela s'applique également à des produits complexes comme les respirateurs. Par exemple, le matériel que nous avons acheté dans la foulée du SRAS, il y a 17 ans, n'est plus à la fine pointe de la technologie.
Je pense que nous avons l'occasion de réévaluer notre gestion des stocks et, sans aucun doute, le fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement.
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Je suis parfaitement d'accord. Si vous avez regardé les séances précédentes du Comité, vous savez que j'ai parlé ad nauseam du maintien de la réserve nationale stratégique d'urgence, et je vais continuer.
Dans la zone grise — je vais l'appeler ainsi —, entre le milieu hyper concurrentiel de la recherche au sein des établissements postsecondaires et le secteur privé, vous avez mentionné Thornhill Medical en tant qu'entreprise de technologies affiliées au Réseau universitaire de santé. Elle a reçu un certain soutien gouvernemental, ou du moins des lettres d'intention.
À ce stade-ci — pendant la crise, la situation d'urgence —, comment les données sont-elles rendues publiques par des établissements publics comme nos universités et nos hôpitaux de manière à ce que toutes les entités des secteurs privé et public puissent librement les consulter? Ce que je crains, c'est que le caractère exclusif de la recherche financée par l'État ralentisse la mise en marché de produits. Pouvez-vous dire ce que vous en pensez?
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Bien sûr. À l'heure actuelle, je dirais que la recherche porte surtout sur l'obtention rapide de résultats et la mise en commun rapide de l'information.
Comme vous le savez, les scientifiques s'organisent eux-mêmes. Ils obtiennent des subventions et publient librement des résultats. Nous nous demandons toujours si nous devons publier nos travaux ou non, pour pouvoir faire breveter les inventions et assurer la prospérité économique des inventeurs et celle de la nation.
À l'heure actuelle, je ne vois pas de chercheur qui ne communique pas entièrement et rapidement l'information. La participation est énorme, comme vous pouvez le voir dans la Twittersphère, que j'ai [Difficultés techniques], carrément des heures après avoir obtenu des résultats, nous voyons des gens publier l'information. Le défi...
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C'est excellent. Merci beaucoup.
Vous avez parlé de la nécessité d'une bonne Réserve nationale de secours. M. Green a parlé de la réserve stratégique, et nous voyons bien que cela ne nous a pas bien servi à l'échelon fédéral. Certaines provinces ont très bien fait. L'Alberta est exemplaire sur ce plan. Est-ce qu'il faudrait confier tout cela aux provinces, d'après vous? Quel devrait être le rôle du gouvernement fédéral?
J'ai aussi une question de suivi. Je reçois quelques commentaires selon lesquels nous nous concentrons sur les enjeux liés au virus et non sur l'EPI comme tel. Tous les plans relatifs à la pandémie que j'ai lus se concentrent davantage sur les vaccins, notamment. Quelle devrait être notre orientation, pour ne pas de nouveau rencontrer ce problème?
Je crois que si la santé continue de relever principalement des provinces, il faut de la collaboration entre le gouvernement fédéral et les provinces, mais j'ai l'impression qu'il est préférable que la réserve soit pondérée en fonction des provinces. En effet, le gouvernement du Canada assume aussi la responsabilité des peuples autochtones et des membres des forces, mais il faut veiller à ce que cela puisse être convenablement géré, que ce soit à l'échelon fédéral ou provincial. Bien que cela relève de la responsabilité du gouvernement du Canada, ce sont quand même souvent les provinces qui s'en chargent.
Je crois qu'il s'agit d'un cas où vous pourriez faire revenir des personnes qui s'y connaissent mieux que moi en matière d'approvisionnement et de réserve en cas de pandémie. Je crois que nous devrions regarder partout dans le monde pour trouver ceux qui se sont mieux tirés d'affaire pendant cette pandémie afin de voir ce que nous pourrions faire de différent pour les imiter.
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Je constate une augmentation du rythme d'inscription des clients. Je dirais que nous n'en sommes pas encore au point où il y a de nombreux essais cliniques — phase 1, phase 2, phase 3 —, mais nous sommes plutôt rendus aux analyses. D'après moi, il y a peu d'études canadiennes qui en sont aux essais randomisés contrôlés avec interventions menant à un vaccin ou à une séroconversion. Il se fait beaucoup plus d'analyses, et j'aimerais que nous allions encore plus loin que cela.
En effet, c'est facile, par exemple dans ma propre institution, avec notre propre comité d'éthique de la recherche. Il y a ce qu'on appelle la Respect Study, qui porte sur les cas de maladie et sur la maladie chez les travailleurs de la santé, l'approbation très rapide d'un CER, le déploiement très rapide, l'inscription très rapide et la participation très rapide du système de laboratoire pour la réalisation des tests.
L'une des difficultés que nous avons, d'après moi, en ce moment, en particulier pour les essais randomisés contrôlés, c'est l'accès aux fournitures, notamment les écouvillons et les réactifs. Habituellement, avec les essais randomisés contrôlés, il y a énormément d'analyses en laboratoire et de collecte de données, et il y a le yin et le yang, ou un peu d'inquiétude, en ce moment, quant à savoir si nous avons suffisamment de matériel pour nos besoins cliniques, car il ne faut pas que les besoins liés à notre recherche enlèvent cela aux Canadiens qui ont besoin des tests à des fins cliniques.
Nous essayons de plus en plus de nous pencher sur le chevauchement. Ceux qui ont besoin des tests à des fins cliniques peuvent aussi s'inscrire aux études de recherche, avec leur consentement.
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Pour les sociétés pharmaceutiques multinationales, il ne fait aucun doute que c'est en grande partie une question de qualité des activités scientifiques, et le Canada joue dans la cour des grands à cet égard. Le Canada dépasse nettement d'autres pays, malgré sa taille, quand il s'agit du leadership et de la tenue d'essais cliniques. Malheureusement, c'est dans la fabrication des produits et dans les services que cette conversion ne s'est pas accomplie; ces gens sont nettement plus compétents que moi en ce qui concerne l'économétrie des sociétés pharmaceutiques et ce qui fait qu'une société pharmaceutique choisit un pays où elle va s'installer. Cela se résume généralement au coût de la main-d'œuvre, aux impôts et aux attraits qu'offrent certains pays.
Nous savons qu'aux États-Unis, par exemple, les gouvernements des États font en sorte qu'il soit vraiment très intéressant de s'installer dans certaines parties du pays, en particulier pour les très jeunes entreprises en démarrage, et il en est souvent ainsi pour les réactifs et les mesures que nous aimerions avoir soumis à la phase 1 des essais cliniques.
Souvent, c'est un groupe d'enquêteurs remarquables qui découvre quelque chose. Ils sont alors courtisés par des États ayant peut-être pris des mesures plus ambitieuses, par exemple, l'annulation des impôts municipaux, provinciaux et fédéraux pendant une période donnée. Quant au soutien en matière de main-d'œuvre, ces États se rendent très attrayants sur le plan économique. Revenons en arrière. Il y a de nombreuses années, la province de Québec avait déployé des efforts concertés…
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Je crois vraiment que les gens sont disposés à entamer cette discussion. Je reconnais qu'il y a un coût à toutes ces initiatives, et la question est posée: n'est-ce pas la bonne chose à faire, ou qu'est-ce que nous devons renoncer à faire pour plutôt nous concentrer davantage sur une autre initiative?
Je crois que cela nous a démontré que nous ne pouvons plus croire que le Canada est immunisé à cela.
Je crois qu'il y a un autre élément dont nous entendrons parler, comme il se doit, et c'est le risque non seulement pour les patients et parents qui nous sont les plus importants, mais aussi pour nos fournisseurs de soins de première ligne qui ont très peur à cause de cette pandémie. Comme toujours, la preuve nous rattrape; elle n'est pas toujours là pour nous guider.
Je suis désolé que de nombreuses personnes qui travaillent dans le système de la santé aujourd'hui disent comprendre que la science ne dit pas qu'ils ont besoin d'un respirateur N95, mais ils aimeraient une double protection au cas où ce serait nécessaire, de manière à ne pas courir de risques quand ils prennent soin d'un autre Canadien qui a désespérément besoin de leur soutien. En plus de cela, ils doivent avoir la certitude que l'infrastructure est là pour les soutenir, et que ce soutien ne se limite pas à ceux qui fournissent des services directs, mais inclut aussi les héros méconnus qui sont aussi importants, parfois plus: les employés d'entretien, les porteurs, les travailleurs des services alimentaires. Les normes élevées de contrôle des infections des hôpitaux canadiens sont essentielles pour tous.
Je crois que et c'est nécessaire, je suis convaincu que les Canadiens vont exiger cette discussion, en particulier pour ce qui concerne les Canadiens les plus fragiles: nos aînés en établissements de soins de longue durée — 70 % des personnes décédées dans les circonstances actuelles sont les personnes qui ont bâti notre nation. Nous pouvons faire mieux.
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Compte tenu du temps dont nous disposons, je suis prêt à utiliser ce temps si M. MacKinnon veut le partager avec moi.
Merci, monsieur Smith.
Au cours du dernier mois, nous avons entendu parler du développement d'un vaccin, après quoi il va falloir faire des tests, puis il y aura la fabrication de masse, la distribution et l'administration du vaccin. On dit qu'il pourrait falloir entre un an et 18 mois.
J'aimerais que vous fassiez la lumière sur l'échéancier global. Où en sommes-nous dans ce processus, d'après vous, et combien de temps faudra-t-il pour les essais cliniques — phase 1, phase 2 et phase 3?
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J'aimerais vraiment avoir une boule de cristal pour vous répondre. C'est une question très difficile, mais je suis quelque peu encouragé.
Comme vous le savez, il y a eu récemment un essai clinique à l'université d'Oxford, et d'après ce que j'ai pu lire dans les médias populaires, ils ont produit plus d'un million d'échantillons du médicament destiné aux essais. Cela m'encourage dans la mesure où quelqu'un qui produit un échantillon aussi important doit avoir une bonne idée, je l'espère, de l'efficacité de l'intervention grâce à des essais précliniques.
Je reconnais que selon les estimations, il faudrait de 12 à 18 mois, mais là encore, mon éternel optimisme va se manifester, car c'est le milieu scientifique du monde entier qui s'est littéralement arrêté pour se concentrer sur la COVID-19. Je n'ai jamais vu cela de ma vie, et cela va de soi. Le milieu scientifique doit se concentrer là-dessus, sachant les ravages que cette maladie cause, non seulement pour les personnes et les familles, mais pour nos économies. Nous savons que la santé est directement liée à la richesse.
Je crois que nous aurons des occasions qui vont se prolonger. Je crois aussi qu'il pourrait être possible de voir si les phases 1, 2 et 3 traditionnelles des essais doivent se dérouler de façon séquentielle. Il serait possible, avec certaines données préliminaires, d'envisager des essais concurrents après la phase 1, afin de nous assurer de ne pas causer de préjudice à des personnes, bien entendu.
Cela étant, je crois que la dernière partie de cette discussion doit porter sur la propriété et sur le droit de propriété intellectuelle d'un vaccin, comme M. Green l'a mentionné. Je vais laisser aux éthiciens et aux experts-conseils en affaires qui en savent plus que moi établir l'éthique de cela ou de l'ouverture de cette production à l'échelle internationale afin de contrer une pandémie aux proportions sans précédent. Je crois qu'il s'agirait là du résultat souhaité.
En guise de préparation à cela, je crois que chaque pays devrait penser à sa capacité de mettre en place rapidement une installation de production qui répondrait à ses propres besoins, comme j'ai entendu des intervenants antérieurs le dire. Chaque nation souhaite produire pour elle-même en premier, et j'espère que le Canada pense à la façon dont nous produirions un vaccin efficace, qu'il soit inventé ailleurs ou pas, afin de garantir aux Canadiens qu'ils sont parmi les premiers à le recevoir.