[Traduction]
La séance est ouverte. Bienvenue à la 17e séance du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 janvier 2020, et les membres seront présents en personne ou par l'application Zoom.
Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre informatif, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
[Traduction]
Je pense que nous avons suffisamment d’expérience de travail dans le contexte actuel pour que je me permette de sauter quelques-unes des consignes de santé.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole. Tous les commentaires des députés doivent être adressés à la présidence. Quand vous avez la parole, parlez lentement et distinctement. Si vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 9 février 2021, le Comité reprend son étude sur les problèmes d’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes, notamment à propos des allégations contre l’ancien chef d’état-major de la Défense, Jonathan Vance.
Nous accueillons aujourd’hui, par vidéoconférence, M. Allan English, capitaine à la retraite des Forces canadiennes, M. Alan Okros, également capitaine à la retraite des Forces canadiennes, et Mme Stéfanie von Hlatky, qui est l'actuelle lieutenante-colonelle honoraire du régiment Princess of Wales.
Vous aurez jusqu’à six minutes chacun pour vos déclarations préliminaires.
Je souhaite d’abord la bienvenue à M. Allan English, qui va commencer sa déclaration préliminaire.
Madame la présidente et membres du Comité, je vous remercie pour cette occasion de vous parler aujourd’hui. Je m’appelle Allan English et j’enseigne l’histoire militaire canadienne au Département d’Histoire de l’Université Queen’s. J’ai également enseigné à des officiers supérieurs au Collège des Forces canadiennes à Toronto. J’ai servi au sein de l’ARC et FAC en tant que navigateur aérien à bord du Hercules C-130 et j’ai été affecté à plusieurs reprises comme instructeur.
Le titre de mon exposé, « La culture ne fait toujours qu’une bouchée de la politique — l'inconduite sexuelle au sein des FAC », vient d’une déclaration d’un ancien juge de la Cour suprême du Canada, Michel Bastarache, en référence aux tentatives de changement de culture à la GRC par la modification de ses politiques. Sa déclaration s’applique tout autant aux FAC qui, pendant plus de trente ans ont essayé de répondre aux inconduites sexuelles en changeant leurs politiques et en ajoutant des formations, sans réussir à mettre en œuvre ce que l’ancienne juge Marie Deschamps mentionne dans son rapport sur les Inconduites sexuelles et le harcèlement sexuel dans les FAC comme étant un nécessaire « changement culturel complet » pour « éliminer les comportements sexuels dommageables et inappropriés au sein des FAC ».
Dans son évaluation du succès de l’Opération Honour devant un comité du Sénat en mai 2018, trois ans après le début de l’opération, la Juge Deschamps a fait ces commentaires, qu’elle a répété durant son témoignage cette semaine: « ... dans les politiques publiques, les changements qu’on y a apportés sont tellement mineurs qu’ils sont presque superficiels. En trois ans, on aurait pu en faire bien davantage… Ce que je constate, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de progrès qui a été fait ».
En août 2015, selon le plan de campagne de l’Opération Honour, le Général Vance a exigé que le Vice-Chef d’état-major complète une stratégie compréhensive avant le 30 septembre 2015. Cependant, aucune stratégie n’a été produite avant 2020. À cause de l’absence d’une stratégie directrice, comme pour l’Opération Minerva — l’un des plans fragmentaires et non coordonnés des FAC — pour mettre en œuvre l’intégration des femmes et pour répondre à la crise des viols dans les années quatre-vingt-dix, ces actions en réponse du rapport de la Juge Deschamps n’étaient ni coordonnées, ni priorisées. Alors que certains changements, tôt dans la mise en œuvre de l’Opération Honour ont été positifs et ont répondu à la priorité initiale de remplir les besoins des victimes, ceux-ci n’ont répondu qu’aux symptômes du problème et n’en traitaient pas l’origine, soit le fait que, pour les femmes, il s'agit d'une culture organisationnelle hostile et irrespectueuse qui les rabaisse.
L’adhésion des hauts gradés est essentielle si l’on veut que le changement culturel désiré réussisse. Pourtant, malgré des déclarations publiques emphatiques promettant d’éliminer les inconduites sexuelles au sein des FAC, nous savons désormais que la hiérarchie n’a pas complètement accepté les conclusions de la Juge Deschamps, à commencer par la réponse à son rapport émanant du Chef d’état-major de l’époque, le Général Tom Lawson, qui a dit: « je n'accepte pas les dires selon lesquels ce type de comportement fait partie de notre culture militaire ».
Récemment, l’ancien Vice-Chef d’état-major, le lieutenant-général Guy Thibault, qui était responsable de superviser l'Opération Honour durant sa première année, a déclaré « Je sais que bien de mes collègues et moi-même avons d’abord eu du mal à croire le portrait dressé par la Juge Deschamps dans son rapport de 2015 sur les inconduites sexuelles, car ses descriptions du milieu de travail dans les Forces canadiennes ne correspondaient pas à notre expérience ».
L’actuel CEM, l’amiral Art MacDonald, aurait également reconnu qu’en tant que haut gradé, il s’était rendu coupable — sans le vouloir — d’avoir perpétué certains problèmes que les forces essayent présentement de résoudre.
Les dernières allégations d’inconduites sexuelles contre le général Vance ne sont pas les premières indications de son rejet des conclusions du rapport de la Juge Deschamps. Sa réaction au « party flight » de décembre 2017 a fait douter de l’engagement des FAC envers l’élimination des inconduites sexuelles.
En réponse aux reportages des médias concernant des comportements inappropriés par des hauts-gradés des FAC à bord du « party flight », Vance a déclaré que ce qui s’est passé à bord de cet avion a peut-être été exagéré. Cette déclaration, combinée à un manque d’action de la part de cadres supérieurs à bord du « party flight », a indiqué à un grand nombre que, deux ans après avoir été mise en œuvre et à peine cinq mois après la phase finale de maintien et de stabilisation de l’Opération Honour, l’initiative des FAC d’éliminer toute forme d’inconduite sexuelle dans ses rangs a échoué.
Si l'on doute encore que les FAC n’acceptent toujours pas entièrement les conclusions de la juge Deschamps, « La voie vers la dignité et le respect: La stratégie des Forces armées canadiennes contre l’inconduite sexuelle », publiée en octobre 2020, ne demande qu’un « rajustement » de la culture des FAC, pas un changement de culture en profondeur.
En conclusion, à moins que les FAC ne poursuivent le changement culturel compréhensif demandé par la juge Deschamps, tout changement produit selon des méthodes bureaucratiques adoptées jusqu’ici seront éphémères et inconséquentes, comme dans le cas de l’Opération Minerva dans les années 1990.
À moins que les FAC s’attaquent aux sources du problème, à leur culture, et non simplement aux symptômes, et tant que ses actions ne feront pas l’objet d’un contrôle externe efficace, elles seront très probablement déçues et rencontreront des problèmes à l’avenir, car les sources de la culture sexualisée et hostile dans les FAC resteront en place.
Merci.
Je suis professeure en études politiques et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur le genre, la sécurité et les forces armées à l'Université Queen’s.
Je commencerai par une question: une grande organisation comme les Forces armées canadiennes peut-elle transformer sa culture en cinq ans, guidée par un examen externe et animée par un ordre visant à éradiquer l’inconduite sexuelle dans ses rangs? Cela peut sembler impossible, mais à bien des égards, l’armée, en tant qu’organisation globale, pourrait être mieux adaptée que la plupart des autres organisations lorsqu’il est question de s’adapter rapidement face à l’adversité. Le personnel des FAC est formé pour prendre et pour exécuter des décisions dans des environnements complexes.
Alors pourquoi cette réputation d’excellence opérationnelle ne se perpétue-t-elle pas sur le plan organisationnel? C’est parce que la culture militaire peut avoir des conséquences involontaires, qu’elle peut aussi être exploitée par des prédateurs et qu’elle peut être idéalisée et rendue intouchable par des routines, des traditions et des structures de commandement rigidement hiérarchisées.
À l’heure actuelle, les chefs militaires doivent reprendre contact avec le rapport de la responsable de l’examen externe, également connu sous le nom de rapport Deschamps, et réfléchir avec plus d’audace à la mise en œuvre complète de ses recommandations. Cinq ans ne suffisent peut-être pas pour mettre en œuvre un changement culturel profond et transformateur, mais c’est certainement assez long pour révéler les lacunes de l’approche actuelle.
À cette fin, j’ai choisi quatre enjeux spécifiques à aborder avec vous aujourd’hui. Premièrement, il faudrait apporter une plus grande attention aux abus de pouvoir. Je fais ici référence à une dynamique sociale qui est liée à l’inconduite sexuelle dans des relations professionnelles très asymétriques. Ce type de pression implicite ou explicite est beaucoup plus endémique et ancré dans la culture que ce qui est actuellement reconnu.
Bien que le Sondage sur l’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes ait fourni des données utiles, il est nécessaire d’examiner plus en profondeur la manière dont l’inconduite sexuelle est en interaction avec le consentement dans les relations professionnelles asymétriques. Le fait qu’une femme, ou toute personne harcelée, ne s’exprime pas contre un comportement inapproprié ne signifie pas que ce comportement est le bienvenu ou que la personne donne son consentement. Il existe de nombreuses raisons légitimes de se plier à ces interactions non souhaitées et de garder le silence, dont beaucoup sont exposées dans le rapport Deschamps.
Les personnes de rang subalterne ou se trouvant dans des conditions d’emploi précaires craignent pour leur emploi, et elles peuvent craindre d’autres types de conséquences au travail, comme le fait de ne pas être crues par leurs pairs ou d’être socialement ostracisées pour s’être exprimées. Une autre raison de ne pas dénoncer est de ne pas faire confiance au processus de dénonciation ou de ne pas croire que vous obtiendrez un résultat équitable. L’étape suivante consiste à avoir ce discours plus nuancé sur le consentement et aussi sur le consentement lorsque des dynamiques de pouvoir sont en jeu. Certaines de ces dynamiques de pouvoir sont inhérentes à la culture militaire et d’autres concernent le grade et se traduisent par des abus de pouvoir. Ces deux types de dynamique de pouvoir ont un impact disproportionné sur les femmes.
La formation dans le cadre de l’opération Honour devrait être améliorée afin d’utiliser les données des sondages de Statistique Canada pour adapter le contenu aux personnes qui suivent la formation. Les informations présentées dans la formation devraient être personnalisées pour indiquer clairement que l’inconduite sexuelle touche des amis et des collègues des forces armées. Les membres des forces armées devraient s’engager et s’entraîner à des scénarios difficiles, afin de savoir quand et comment intervenir. Le ressentiment des militaires, principalement des hommes, qui ont le sentiment d’être injustement visés par l’opération Honour, est fréquent et regrettable. En même temps, la formation est trop axée sur l’auteur des faits, alors qu’elle pourrait aborder la culture militaire, la masculinité militarisée, la sous-représentation des femmes, le consentement, les besoins des victimes/survivants, l’autonomisation des témoins dans le cadre de petites séances interactives dirigées par une personne qui peut parler de manière authentique du sujet. Des experts externes peuvent apporter leur aide à cet égard, ne serait-ce que pour assurer une procédure d’examen par les pairs des matériels de formation.
S’agissant du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle, le CIIS, l’une des recommandations les plus discutées de la REE était la nécessité d’une ligne hiérarchique en dehors de la chaîne de commandement, d’où la création de ce centre en tant qu’organe indépendant. Il existe une tension inhérente au travail du CIIS en raison de la nature de son mandat: d’une part, le CIIS doit tenir les FAC responsables, mais il doit également avoir de bonnes relations de travail avec les FAC, y compris avec la chaîne de commandement, ce qui pourrait nuire à la perception de l’indépendance du CIIS. Un examen et une surveillance constants du CIIS, à la fois par le biais d’auto-évaluations internes et d’audits externes, pourraient être nécessaires, car la préservation de l’indépendance du CIIS face à son mandat croissant est primordiale.
Enfin, « La voie vers la dignité et le respect » est une approche prometteuse, car elle met la culture et le climat au premier plan, faisant ainsi du changement culturel l’affaire de tous.
Bien qu’il soit logique que ce document définisse la culture et le climat, ainsi qu’une série d’indicateurs, il devrait accorder plus d’attention à la description du problème en question, soit l’inconduite sexuelle et ses liens avec la culture et le climat. Essentiellement, l’ampleur du problème doit être clairement définie avant de se lancer dans les solutions.
Un changement de culture doit se traduire par un partage des responsabilités en matière d’inconduite sexuelle. Le pourcentage de membres des FAC qui ont été témoins d’abus sexuels est assez effarant, mais combien de personnes interviennent, prennent la parole, font des signalements? Si une personne ne commet pas d’inconduite sexuelle, cela ne signifie pas qu’elle accomplit son devoir avec honneur. Le standard de performance est bien plus élevé que cela si vous voulez atteindre la tolérance zéro. C’est la notion de responsabilité collective qui devrait être soulignée avec plus de force tout au long du document, car tout le monde peut faire mieux sur ce plan.
Il ne s’agit pas de l’obligation de rendre des comptes, mais d’une norme de conduite quotidienne. Le défi à relever ne consiste pas simplement à savoir comment éradiquer l’inconduite sexuelle au sein de l’armée, mais à identifier des mesures positives pour créer une culture d’égalité pour les femmes au sein des FAC, une culture centrée sur le respect de tous et toutes.
Merci.
:
Merci, madame la présidente.
Je vous parle de Toronto, le territoire traditionnel des Mississaugas de Credit, des Chippewas et des Wendats.
Je travaille sur les questions de harcèlement dans les Forces armées canadiennes depuis plus de 40 ans et je constate des points forts et des points faibles dans la version actuelle du film. Les dirigeants de tous les niveaux cherchent à résoudre les problèmes et à faire ce qu’il faut. Les fonctions de soutien qu’apporte le Centre d’intervention en matière d’inconduite sexuelle sont utiles et la stratégie récente, « La voie vers la dignité et le respect », contient quelques idées prometteuses. Mais l’Opération Honour n’a pas eu les résultats escomptés. Pourquoi?
La raison, dont mes deux collègues vous ont parlé, tient à une compréhension incomplète des problèmes qui a conduit à des solutions incomplètes, une mauvaise compréhension qui est sous-tendue par une réticence à évaluer de manière critique certains aspects de l’identité et de la culture des Forces.
Il y a six ans, le général Lawson a déclaré que la culture et les comportements des Forces s’étaient améliorés par rapport aux années 1990. Il avait peut-être raison, mais les Forces n’ont pas évolué au même rythme que la société. Les attentes concernant les normes de conduite en milieu de travail ont continué de se resserrer. Aujourd’hui, les gens ne veulent plus ignorer, soutenir ou accepter des comportements qui n’étaient pas forcément dénoncés dans le passé. Ainsi, même s’il y a eu des progrès au cours des cinq dernières années, l’écart s’est sans doute creusé davantage depuis.
Je noterai ensuite qu’il y a deux ans, de hauts dirigeants ont déclaré qu’ils ne connaissaient pas les causes profondes. Pourtant, des experts externes ont dit, eux, qu’ils les connaissaient, mais on ne les a pas écoutés. Le problème, c’est que la question a été présentée comme une question d’inconduite sexuelle. La description de ce terme met l’accent sur le deuxième mot, en y englobant par exemple les avances sexuelles, les connotations sexuelles, le flirt, etc.
Il se peut bien que des membres des Forces en importunent d’autres avec des avances non voulues, mais cela n’a rien à voir avec le sexe. Si je vous frappe avec une pelle, vous ne direz pas que c’est du jardinage inapproprié. C’est une question de pouvoir. C’est employer un langage sexuellement ou racialement codé pour créer et contrôler des hiérarchies sociales qui dictent ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Mille fois répété, ce supplice de la goutte porte atteinte à l’estime de soi, à l’identité et au sentiment d’appartenance. C’est là que ça fait mal. Ce n’est pas de se sentir mal à l’aise en voyant une image explicite ou en entendant une blague déplacée.
« La voie vers la dignité et le respect » commence à élargir un peu le cadre du problème. Il aura fallu 40 ans, mais c’est un bon premier pas. La stratégie reconnaît qu’il existe des facteurs culturels qui peuvent accroître les cas d’inconduite sexuelle. Mais la porte n’est que très légèrement ouverte. On peut y lire quelques déclarations soigneusement formulées selon lesquelles les stéréotypes sexuels, les conceptions dépassées du guerrier et des effectifs à prédominance masculine peuvent créer une dynamique culturelle néfaste, mais rien de plus. Surtout, rien de concret dans le reste du document pour ne serait-ce qu’aborder ces facteurs.
La principale omission est la réticence persistante à nommer le pouvoir et les masculinités militarisées. Pour cela, il faudrait faire une analyse attentive et critique de la façon dont l’Armée conçoit le soldat, le marin et l’aviateur, sans oublier le chef et le commandant. Nous devons examiner les processus institutionnalisés et systémiques qui façonnent l’identité militaire. Nous devons aussi nous poser la question: quelle part de son identité une personne doit-elle abandonner pour réussir dans les Forces? La plupart de ceux qui dirigent les Forces n’ont pas eu à réfléchir à cette question. Les gauchers savent qu’ils vivent dans un monde de droitiers, mais les droitiers, eux, ne le savent pas. Nous ne nous en rendons pas compte lorsque le monde est construit pour nous.
Les Forces armées canadiennes convenaient à la plupart des hauts gradés et il s’y trouve encore des gens qui ne réalisent pas ou ne voient pas pourquoi elles ne conviennent pas à d’autres. Ces hauts gradés continuent d’utiliser des termes et de tenir des propos qui, selon eux, interpellent l’ensemble des effectifs, mais qui servent en fait à accentuer l’identité dominante, ce qui accroît les hiérarchies sociales et donne à certains le sentiment d’être isolés, ignorés ou non valorisés pour ce qu’ils sont.
« La voie vers la dignité et le respect » indique que des travaux seront effectués pour actualiser le développement professionnel et renforcer les capacités de leadership. Ces deux éléments sont certes nécessaires, mais devraient s’appuyer sur des analyses de l’identité des Forces et des pratiques des masculinités militarisées.
À propos d’analyses, je voudrais vous donner l’exemple du rapport de 2016 de la Commission américaine pour l’égalité des chances qui a trouvé 12 facteurs augmentant le risque de harcèlement sur le lieu de travail. Les Forces canadiennes présentent 10 de ces facteurs et affichent un classement assez élevé pour six d’entre eux: fortes disparités de pouvoir, encouragement à la consommation d’alcool, effectif jeune, utilisation d’un langage grossier, culture dominée par un seul sexe et effectif homogène. Seuls deux de ces facteurs sont abordés dans « La voie vers la dignité et le respect ».
Pour s’attaquer en bonne et due forme aux facteurs institutionnels et systémiques qui créent les conditions où l’on emploie un langage sexualisé pour rabaisser les autres, il est impératif que les Forces cessent de se concentrer sur la personne faible. Si des gens posent des gestes inappropriés et que les incidents sont peu signalés, ce n’est pas parce qu’ils ne connaissent pas la définition de ce qui est inapproprié ou qu’ils ne savent pas comment faire un signalement. Il existe des facteurs sociaux bien ancrés qui ont été créés intentionnellement par les Forces qui donnent lieu à ces conditions.
S’attaquer à ces facteurs signifie remettre en question certains principes fondamentaux de la profession, des facettes qui sont la clé du succès, mais qui créent également des conditions malsaines. L’obéissance à l’autorité, le conformisme normatif et la loyauté envers le groupe sont essentiels, mais peuvent également créer une pression sociale intense qui pousse à s’intégrer, à se conformer et surtout à se taire. Le pouvoir et les hiérarchies sont essentiels pour un commandement efficace, mais il est inacceptable que des individus utilisent le pouvoir social contre d’autres.
Les membres des Forces ont besoin de savoir que leur camarade assurera leurs arrières si les choses dérapent. Mais cela signifie que les gens sont constamment en train de juger les autres pour voir s’ils sont à la hauteur. Et en raison de stéréotypes dépassés, les femmes sont constamment scrutées à la loupe, mises à l’épreuve et forcées de prouver qu’elles peuvent faire le travail.
Mes commentaires m’amènent à une question clé. L’objectif premier de l’Opération Honour est un changement de culture amorcé par le leadership. On ne sait pas encore exactement quels sont les aspects de la culture des Forces qu’il faudra modifier et lesquels pourront rester les mêmes. La question centrale pour le comité, c’est de savoir s’il revient uniquement aux dirigeants des Forces d’en décider.
Enfin, à l’instar de mes collègues, je m'exprime sur la base de mon expertise universitaire, mais je tiens à apporter une légère correction. Après 33 ans de service, j’ai pris ma retraite avec le grade de capitaine de vaisseau.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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J’invoque le Règlement, madame la présidente, étant donné qu’il s’agit de la dernière journée prévue pour les témoignages, j’ai quelques questions qui, à mon avis, seront essentielles à la façon dont nous allons passer notre temps avec nos témoins du jour.
Premièrement, avons-nous reçu des conseils relativement à la comparution de l’ombudsman militaire devant le Comité, afin de savoir si l’ancien Chef d’état-major de la Défense a été autorisé à rester en poste lorsque ces allégations contre lui ont été connues?
Deuxièmement, a-t-on une idée si le ministre compte revenir, maintenant qu'un second Chef d’état-major de la défense est, selon les médias, sous enquête depuis plus d’un mois? Encore une fois, le ministre n’a rien fait d’autre que de laisser le Chef d’état-major de la Défense prendre une retraite volontaire.
Je me demande si nous avons des réponses à l'une ou l’autre de ces questions, parce qu'en ce qui me concerne, elles détermineront la façon dont nous allons passer notre temps aujourd’hui.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci à tous les témoins pour leurs témoignages fondamentaux.
Dans vos déclarations, vous avez chacun clairement dit qu’il y a toujours un problème au sein des Forces armées canadiennes à cet égard; que peu de progrès ont été réalisés, pour ne pas dire aucun; que la culture militaire est forte, par définition, et que la politique ne permet pas nécessairement de changer cette culture.
De plus, maintenant que nous constatons que le problème concerne le haut de la pyramide, qu’il ne s’agit pas d’incidents isolés et qu’un plus grand nombre d’agents sont concernés par leurs actions ou par leur silence, nous reconnaissons que ce problème existe depuis 30 ans. parce que la culture militaire commence dès le collège militaire ou dès le grade d'officier subalterne.
Dans la bataille qui la confronte à la culture, la politique est clairement perdante. Ce n’est pas la première fois. Nous avons eu le programme de prévention du harcèlement sexuel et du racisme dans les années 1990, et nous avions lamentablement échoué. Maintenant, nous avons tenté de faire la même chose avec l’Opération Honour sans changer les éléments fondamentaux.
La question que je vous pose à tous est la suivante : comment pouvons-nous changer les éléments culturels fondamentaux? De toute évidence, cela ne peut pas se faire de l’intérieur. De plus, et c’est encore plus important, comment pouvons-nous donner le ton et tenir responsables tous ceux qui pourraient être complices de la perpétuation de la culture parmi les officiers supérieurs?
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Je peux commencer. C’est une excellente question, mais très complexe. Il me semble que c’est un sujet que nous abordons dans certains de mes séminaires.
On peut brièvement répondre ainsi à vos interrogations: les forces armées canadiennes excellent à régler les problèmes à court terme, bien définis. C’est pour cela qu’elles ont été créées, mais comme le roulement au sein de la hiérarchie est important — les chefs changent tous les deux ou trois ans —, il est très difficile de se concentrer sur les problèmes à long terme. C’est pourquoi, à mon avis, les hauts gradés ne sont généralement pas très efficaces pour régler les problèmes à long terme.
En fait, la seule façon d'aboutir dans ce dossier — et je pense que presque tout le monde en a parlé — serait d’avoir un organisme externe, au plein sens du terme, qui obligerait les gens à rendre des comptes, même si la hiérarchie change. Voici, une petite anecdote intéressante. Dans les cinq années qui se sont écoulées entre le lancement de l’Opération Honour et la publication de « La voie vers la dignité et le respect », sept vice-chefs d’état-major de la Défense se sont succédé. Or, l'actuel VCEM a été responsable de la surveillance de l’Opération Honour. Voilà un exemple assez frappant d'une des raisons pour lesquelles cela n’a pas fonctionné.
Pour moi, un organisme externe est essentiel. Un exemple...
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Je vous remercie de la question.
Je vois que vous avez fait vos devoirs. Il est vrai que j'ai fondé Women in International Security Canada, ou WIIS-Canada, il y a maintenant plus de 10 ans. C'est une organisation qui se consacre à la diversité ainsi qu'à l'augmentation de la représentation et de la participation des femmes dans le monde de la sécurité internationale.
Je pense qu'il faut comprendre dans ce contexte et dans ces discussions que les questions de diversité sont intimement liées aux problèmes de culture militaire dont nous discutons aujourd'hui. On le sait tous, c'est vraiment une source de préoccupation pour les Forces armées canadiennes. On l'a vu dans l'énoncé de politique en matière de défense et on l'a vu avec les objectifs de représentation des femmes dans les Forces armées canadiennes, dont ce fameux pourcentage de 25,1 % qui, semble-t-il, ne sera pas atteint.
Somme toute, je pense qu'il est important dans ce contexte de crise de redoubler d'efforts relativement à l'augmentation de la représentation et de l'intégration des femmes. Il est ici question de représentation tant au sein de l'organisation que dans les postes de commandement, qui sont deux volets importants. Il existe des données très fiables sur les effets de la diversité sur la performance organisationnelle et cela s'applique tout autant dans une organisation comme les Forces armées canadiennes. La diversité ne peut que favoriser l'atteinte des objectifs liés au changement de culture au sein des Forces armées canadiennes.
WIIS-Canada mise également beaucoup sur le mentorat, car il est important de donner le soutien nécessaire aux femmes qui sont dans les Forces armées canadiennes et qui vivent des défis tout au long de leur carrière. Il faut adapter ces programmes de mentorat et en concevoir de nouveaux pour que la relève soit forte et qu'elle participe au changement de culture de l'organisation, au lieu de promouvoir une culture du silence où l'assimilation est souvent la stratégie de survie.
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Je vais commencer par dire que l'on s'attarde beaucoup sur le rôle des femmes, mais qu'il ne faut pas non plus se limiter à cela. Je pense qu'il faut aussi s'attarder aux autres groupes qui sont sous-représentés. En matière de diversité, je sais que les Forces armées canadiennes ont beaucoup misé sur la représentation des femmes, mais il y a aussi d'autres groupes qui sont sous-représentés.
Il faut donc continuer à mesurer les progrès sur ce front, lesquels commencent à être encourageants puisque la représentation des femmes est en hausse dans la relève. Je pense aussi que le Canada a un rôle important à jouer comme chef de file international en matière de représentation des femmes chez les hauts gradés. En effet, il s'agit d'une belle occasion de mettre en valeur ce cheminement des femmes au sein de l'organisation, mais aussi de promouvoir un réseautage qui déborde des seules Forces armées canadiennes.
La diversité professionnelle se manifeste dans toute l'équipe de la défense. Sur des questions comme celles-ci, il faut aussi réfléchir à la dynamique de coopération entre les milieux civil et militaire. Ainsi, quand on parle de participation des femmes au monde de la défense, il faut élargir un peu notre champ de vision pour réfléchir à la participation des femmes tant au sein des Forces armées canadiennes que du côté civil de cette grande équipe de la défense, qui comprend notamment tout le personnel du ministère de la Défense.
La représentation et la participation à tous ces niveaux, tant civils que militaires, permettraient de vraiment donner aux femmes dirigeantes la place et la visibilité qu'elles méritent. Cela aurait peut-être dû être fait avant, mais la période de crise que nous vivons suggère que c'est encore plus nécessaire étant donné les prochaines étapes à suivre.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins qui sont avec nous en ce beau vendredi après-midi. Nous discutons d'un sujet très important et qui nous touche tous, surtout ces temps-ci.
Madame von Hlatky, en concluant que le devoir de signalement donne lieu à un sous-signalement des comportements sexuels inappropriés, le Bureau du vérificateur général a recommandé que les forces armées établissent des lignes directrices claires pour leurs membres à propos du règlement prévoyant le signalement aux autorités appropriées.
Dans le Plan de campagne stratégique de l'opération Honneur 2025, on mentionne la publication d'un document faisant partie des directives et ordonnances administratives de la défense, soit « DOAD 9005-1, Intervention sur l'inconduite sexuelle ». Cela s'inscrivait dans un effort visant à reconnaître les besoins des victimes tout en clarifiant le processus de signalement d'incidents d'inconduite sexuelle.
Voici la question qui me préoccupe le plus: à quel point le devoir de signalement donne-t-il lieu à un sous-signalement des comportements sexuels inappropriés dans les Forces armées canadiennes?
D'autres témoins voudront peut-être répondre à la question, mais je suis curieux d'avoir vos commentaires là-dessus, madame von Hlatky.
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J’ai lu la dernière DOAD 9005-1 sur l’inconduite sexuelle et, franchement, je l'ai trouvée très longue. Je trouve qu’il y a des éléments qui se contredisent. L’autre jour, j’ai discuté avec un collègue de l’obligation de signalement. D’un côté, la directive dit qu'il faut faire rapport dans tel cas et, de l'autre, que c'est inutile. Dans telle ou telle situation, il faut signaler et faire rapport, mais dans une autre, il faut divulguer sans faire rapport tout de suite, bien que cela puisse être nécessaire plus tard, parce que quelqu’un, éventuellement membre d'une certaine profession, y sera obligé.
Pour le citoyen moyen, il peut être très difficile de savoir exactement ce qui se passe. Je sais pourquoi les DOAD sont rédigées de cette façon. Elles le sont par des avocats et des bureaucrates pour couvrir toutes les possibilités. Pour le militaire moyen, elles peuvent être très difficiles à déchiffrer.
Pour revenir à la question de la culture, celle-ci est véritablement au cœur de mon argumentation. En fin de compte, peu importe la qualité de vos règles et de vos règlements, ou votre prédisposition favorable envers la notion de signalement. Si, au sein de la culture à laquelle ils appartiennent, les gens sont conscients que toute personne qui signale un incident sera ostracisée, intimidée, harcelée ou que sa carrière prendra fin, alors la qualité et la clarté de des règlements n’ont plus vraiment d’importance, ni l’ouverture dont on peut faire preuve. De nombreuses organisations, dont les FAC, l’ont dit à maintes reprises. C’est pourquoi cela nous ramène au problème fondamental du changement de culture.
Je dois répéter que mes collègues sont un peu plus optimistes que moi au sujet de « La voie vers la dignité et le respect ». Quand on parle de réalignement culturel, c’est qu'on suppose que tout ne va pas si mal. J’ai bien peur que la plupart des gens aient dit que c’était très mauvais. Il faut plus qu’un réalignement. Il faut un changement global. Tant que ce changement n’aura pas été apporté, peu importe le nombre de règles et de règlements concernant les signalements, les gens n'en feront pas. Nous avons reçu de nombreux rapports à ce sujet et nous avons expliqué pourquoi.
La semaine dernière, nous avons entendu le témoignage de la majore Brennan — qui n'était pas un témoignage formel, cependant, mais des déclarations publiques — où elle a fait état, sauf erreur, de ce dont M. English vient de parler, soit qu'il s'agissait à la fois d'inconduite sexuelle et d'abus de pouvoir dans son cas. Mais ce qui m'a le plus troublé, c'est son allégation — et permettez-moi de souligner que nous devrions croire les victimes lorsqu'elles parlent dans des circonstances très dangereuses pour elles — selon laquelle son cas était très bien connu de la haute direction des forces armées.
Lorsque des hauts dirigeants nous disent qu'ils prennent l'affaire au sérieux et qu'ils vont veiller à ce qu'elle ne reste pas sans suite, puis que des victimes nous disent que c'était un secret de polichinelle et qu'il n'y a clairement pas eu de conséquences, je trouve que c'est un gros problème d'essayer de s'attaquer à cela.
Je demanderais à Mme von Hlatky de répondre au témoignage de la majore Brennan.
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Oui, c'est ce que j'ai voulu mettre en lumière dans ma déclaration. Je pense qu'il y a des cas, des scénarios et des situations qui n'ont pas été correctement intégrés dans la formation ou dans la façon dont l'opération Honneur a été présentée et déployée.
Je pense que la dynamique des relations professionnelles asymétriques et de consentement dans ces cas-là n'est pas bien comprise, et que souvent on ne sait pas trop comment réagir à ces genres de relations.
La formation que nous donnons présente certains des cas les plus flagrants d'inconduite sexuelle, et doit montrer l'éventail des situations dans lesquelles ils surviennent, et la façon dont les questions de consentement peuvent se manifester de façon générale.
On met ces scénarios en pratique, on y réfléchit et on a une conversation plus poussée à ce propos, afin de mieux comprendre la complexité du problème, mais on se sentira également mieux outillé pour répondre et pour dénoncer.
Je voulais insister sur cette dynamique particulière parce qu'elle est au cœur des réflexions de ces quelques dernières semaines. Lorsqu'on examine les documents de formation, par exemple — à noter par contre que je n'ai pas accès à tous les documents de formation, en tant qu'expert externe — et qu'on fait la recension des études des chercheurs universitaires et des rapports de recherche sur la question, on comprend qu'il s'agit d'une approche très centrée sur l'agresseur. Nous devons nous attaquer à la complexité de l'inconduite sexuelle et des autres thèmes liés à la culture militaire. Je les ai énumérés dans ma déclaration; inutile de les répéter.
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La culture actuelle des Forces armées canadiennes est parfois qualifiée de guerrière. Cette culture guerrière est apparue dans les Forces armées canadiennes au début des années 2000, c'est-à-dire lorsque nous avons commencé à collaborer de très près avec les États-Unis en Afghanistan, ainsi qu'après 2005 lorsque le général Rick Hillier est devenu chef d'état-major de la Défense et qu'il a voulu remplacer par une culture guerrière ce qu'il appelait la culture bureaucratique des Forces canadiennes à l'époque.
La culture guerrière qui a été choisie en raison de notre étroite association avec les États-Unis était une culture particulière créée aux États-Unis dans les années 1980 et 1990, une culture fondée sur la culture militaire hypermasculine et sexualisée dont la création avait pour but de bloquer l'entrée des LGBTQ dans l'armée et qui, plus tard, a été déployée contre les femmes.
C'était une culture artificielle, étrangère et hypersexualisée qui, selon les chercheurs américains qui l'avaient étudiée, a contribué à « créer ou à maintenir un environnement culturel où les agressions sexuelles peuvent se produire et se multiplier ».
En important cette culture hypermasculine américaine, nous avons vraiment créé beaucoup de nos problèmes. Je pense que l'une des premières choses à faire dans tout changement de culture serait de revenir à ce que nous avons inscrit dans « Servir avec honneur », notre manuel de la profession des armes en 2003, qui s'appelait quelque chose comme « l'honneur du guerrier ».
Cette nouvelle culture guerrière canadienne en réponse à la crise somalienne devait être fondée sur l'honneur du guerrier, qui l'engageait à utiliser le minimum de force pour atteindre ses objectifs et qui lui imputait la responsabilité à la fois d'accomplir sa mission et de respecter les lois de la guerre. C'est très différent de ce que nous avons aujourd'hui. Je dirais que c'est la première chose à changer.
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L'autre commentaire que je ferais à ce sujet, c'est qu'il faut une culture militaire particulière. Les Canadiens attendent des choses très précises des hommes et des femmes qui assurent leur sécurité. Cela exige des choses très précises. Aucun autre employeur ne connaît la notion de responsabilité illimitée, qui expose son personnel au danger.
Pour ce faire, pour créer ces capacités et la capacité d'endurance dans des circonstances extrêmement pénibles, il faut quelque chose d'unique dont la plupart des employeurs du secteur privé n'ont pas besoin.
La question est de savoir quelle devrait être cette culture. Selon moi, telle est la vraie question à débattre. Encore une fois, les commentaires que nous formulons ici... il y a des tensions dans les forces armées également qui changent avec le temps. Une chose qui est incrustée dans la philosophie militaire est que de très importantes leçons ont été tirées, au prix du sang versé au fil des siècles, des leçons que nous n'oublierons jamais.
Cela a son importance, mais cela peut empêcher les forces militaires d'essayer d'envisager la culture militaire qu'ils doivent bâtir en contexte de sécurité du XXIe siècle, et avec les jeunes Canadiens qui veulent prendre l'uniforme pour servir leur pays.
Ce doit être une culture unique. Le débat, en fait, porte sur ce que devrait être cette culture, ce qu'il faut conserver et ce qu'il faut changer fondamentalement.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Ce que nous avons, ce sont des enquêtes sur des incidents. Nous n'avons pas d'enquêtes sur la façon dont les incidents ont été traités. Nous ne verrons probablement pas plus clair à la fin si nous nous contentons d'enquêter sur des cas d'inconduite individuels. Bien sûr, je respecte la nécessité de procéder de façon indépendante et équitable dans tout cela, mais il y a aussi la question de savoir comment les incidents ont été traités.
Comme nous avons si peu de temps, voire très peu dans mon cas, j'ai une question à poser à Mme von Hlatky.
Je ne vous demande pas de porter un jugement sur la qualification de qui que ce soit, mais il me semble que nous avons raté une occasion lorsque nous avons laissé la générale Whitecross partir à la retraite plutôt que de la nommer à un haut poste de leadership.
Quelle différence cela ferait-il dans l'armée canadienne si une femme commandait l'une des forces ou était le chef d'état-major de la Défense?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui.
Nous avons parlé du ministre de la Défense nationale et de la façon dont il a traité ces allégations au cours des dernières années. Nous ne connaissons pas tous les détails, mais l'une des choses dont nous sommes certains, c'est qu'il aurait probablement pu agir plus vite dans bien des cas. Parce qu'il ne l'a pas fait, je pense que cela a créé un problème au sein des FAC, surtout pour les femmes.
Est-ce que tous les témoins pourraient nous dire un mot de la façon dont nous gardons les femmes dans les forces armées pour qu'elles n'aient pas envie de partir plus vite? De même, comment recrutons-nous les femmes dans les forces armées?
Je pense que nous avons deux gros problèmes ici. Pouvez-vous nous éclairer sur la façon de nous y prendre? Je sais que nous avons parlé tantôt d'avoir une femme comme CEMD, mais ce n'est pas pour tout de suite. Que pouvons-nous faire d'autre pour améliorer l'environnement pour notre personnel féminin des FAC?
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Je serais certainement heureuse d'avoir l'occasion d'examiner comment nous pouvons mieux nous concentrer sur les besoins et les expériences uniques des femmes dans les Forces armées canadiennes. C'est dommage qu'il faille une crise pour attirer davantage l'attention sur cette question.
En général, je pense que c'est la raison pour laquelle on a beaucoup insisté pour intégrer un outil d'analyse comparative entre les sexes plus dans l'élaboration des politiques du gouvernement du Canada, et cela s'applique certainement aux Forces armées canadiennes. Étant donné que les expériences des femmes sont différentes de celles des hommes — nous avons d'ailleurs souligné certains facteurs culturels pour expliquer pourquoi il en est ainsi —, il y a également d'autres raisons pour lesquelles elles peuvent avoir des besoins et des expériences différents.
À chaque étape de la carrière, encore une fois, que ce soit au moment du recrutement ou au moment de la libération et de la transition de la vie militaire à la réinsertion dans la vie civile, les femmes font face à des défis particuliers. Si nous pouvons profiter de cette occasion pour étudier plus à fond ces défis et ces besoins particuliers, je pense que ce serait certainement un pas dans la bonne direction.
En même temps, je ne pense pas que nous devrions présumer que ce qui se passe actuellement — ce dont parlent les médias — est un facteur décisionnel très important pour une femme qui examine ses options de carrière dans l'armée ou qui envisage de s'enrôler dans les Forces armées canadiennes. Il y a une foule de motifs et de raisons pour lesquelles les femmes prennent des décisions au sujet de leur carrière, et cela peut avoir une incidence ou non. Ce n'est certainement qu'une considération parmi bien d'autres.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais, moi aussi, remercier nos témoins de leur expertise, de leur travail et de leur présence ici cet après-midi.
J'aimerais revenir brièvement sur les déclarations que le ministre a faites devant le Comité, il y a environ une semaine, et citer quelques-unes de ses déclarations qui je trouve solides et constructives. Le ministre a dit: « Nous devons changer notre culture. Nos actions pour éliminer les comportements insidieux doivent correspondre à nos paroles [...] le temps de la patience est maintenant révolu. Le changement ne se produira pas de lui-même. »
À mon avis, cela nous engage vraiment à agir en établissant un lien fondamental entre le concept de contrôle démocratique des forces armées et les mesures à prendre pour accélérer le changement, pour prendre un tournant décisif, si je puis dire.
Madame von Hlatky, le quatrième point de votre déclaration préliminaire est très clair à ce sujet. Vous avez dit, et je paraphrase un peu, que si une personne ne commet pas d'inconduite sexuelle, cela ne veut pas dire qu'elle s'acquitte de ses fonctions honorablement. Vous dites que la norme de rendement est beaucoup plus élevée si vous voulez atteindre la tolérance zéro.
Le message très intéressant qu'ont fait entendre, cet après midi, les différents partis et les différents témoins, est qu'il y a un élément constructif, mais aussi un élément toxique et négatif dans la culture des FAC. Il ne faut pas oublier non plus que nous avons un système. Les Forces canadiennes sont un système de recrutement, de promotion, de service et de libération. Ce système est en place, et il peut donner des résultats positifs, mais aussi des résultats négatifs si la culture est orientée dans la mauvaise direction.
Il ne faut pas oublier que, même en 2016, un rapport de Statistique Canada a révélé que 27,3 % des femmes sondées dans les divers éléments de service et chez les entrepreneurs militaires ont déclaré avoir été victimes d'agression sexuelle — pas seulement d'inconduite, mais aussi d'agression sexuelle. Le moment est vraiment venu de penser différemment.
Quels sont les incitatifs qui peuvent nous aider à changer la culture beaucoup plus rapidement? Je pense à des choses comme récompenser les gens, même pour des actions plus vastes comme se conduire en champion de l'égalité entre les sexes, en champion des femmes, de la paix et de la sécurité, à tous les niveaux de la hiérarchie. Y a-t-il actuellement, dans le volet ressources humaines du système des Forces canadiennes, des incitatifs suffisants pour récompenser ceux qui veulent faire avancer le programme de façon constructive? Si ce n'est pas le cas, quels types d'éléments devrions-nous élaborer et examiner?
Je m'adresse à vous, madame von Hlatky, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.
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J'en ai parlé brièvement. Ma formation est en psychologie, et je comprends donc ces niveaux interpersonnels.
Je dirais que, d'un point de vue universitaire, il y a certainement des personnes en sociologie qui peuvent appliquer la théorie féministe critique, la théorie raciale critique, analyser et comprendre. C'est du point de vue universitaire.
Il y a des organisations de femmes qui se penchent sur ces questions de harcèlement sexuel et d'agression sexuelle en milieu de travail dans de multiples contextes organisationnels. Elles ont des perspectives et des années d'expérience dans ce domaine, ce qui peut être utile.
J'aimerais également souligner qu'il y a des organisations de la société civile, comme « It's Just 700 », qui se concentrent précisément sur les expériences des femmes dans les Forces armées canadiennes. Leurs points de vue devraient être entendus. Elles parlent aux femmes qui ont servi ou qui servent actuellement. Elles entendent parler d'expériences vécues.
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Je n'ai qu'une brève question à poser à M. Okros, puis je partagerai mon temps de parole.
C'est à propos de ce que vous avez dit dans votre déclaration préliminaire au sujet des choses quotidiennes qui peuvent miner l'identité et le sentiment d'appartenance.
Je sais que nous parlons de formes très évidentes d'inconduite sexuelle, ou même de violence sexuelle ou d'agression sexuelle, mais ce sont vraiment ces interactions quotidiennes qui créent la culture. Ce sont les petites choses qui arrivent aux gens tout au long de leur vie professionnelle.
Ce sont des choses comme une blague indécente qui est racontée devant d'autres personnes pour tenter d'humilier et de diminuer quelqu'un. Si la femme porte plainte, elle est attaquée. On lui a dit qu'elle n'a pas le sens de l'humour.
Il s'agit même de déclarations méprisantes et condescendantes comme « C'est ce que vous croyez », ou d'autres formes de microagressions fondées sur le sexe et de langage tendancieux. D'après ce que vous avez dit, les choses que les gens vivent tous les jours forment vraiment la culture, qui permet ensuite les pires formes d'inconduite sexuelle.
Pouvez-vous nous parler un peu de l'impact sur les femmes, mais aussi sur l'institution, de ce genre de microagressions?
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Au-delà de cela, il y a la question de la création de hiérarchies sociales. Chaque milieu de travail, chaque groupe, a des hiérarchies sociales allant de qui est le plus important à qui est le moins important. Ce sont des choses qui sont généralement contrôlées au moyen de paroles et de références sexualisées ou racialisées.
Comme l'honorable députée l'a mentionné, lorsque les gens font des commentaires narquois, lorsque les femmes font une observation et sont ignorées tandis que leurs collègues masculins disent exactement la même chose et sont applaudis, ce sont les choses qui, jour après jour, signalent qui est important et valorisé et qui ne l'est pas.
Lorsque les gens cherchent à créer ces hiérarchies et à les contrôler en récompensant certaines personnes en fonction de leurs caractéristiques et en attaquant d'autres, c'est ce qui commence à porter atteinte à l'identité et à l'appartenance.
Il est important que nous le reconnaissions. Ce n'est pas propre aux militaires. J'ai essayé d'identifier certaines facettes de l'armée, comme l'importance accordée à la conformité normative, l'obéissance à l'autorité, les différences de grade et les différences de pouvoir. Cela peut accentuer et compliquer la situation.
Comme je l'ai dit, ces choses sont essentielles à l'efficacité opérationnelle, mais ce sont des armes à double tranchant parce qu'elles sont utilisées contre les gens également.
Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins. Vous nous avez beaucoup aidés. J'ai beaucoup apprécié vos commentaires.
Je vais simplement poser quelques questions, car le temps nous manque.
Je vais peut-être commencer par Mme von Hlatky, puis je passerai à Mme English.
Je pense que vous nous avez tous convaincus que la culture est le problème majeur. J'aimerais que vous nous parliez de quelques mesures plus techniques, par exemples des plans d'action, des mesures à prendre en premier lieu.
Que faisons-nous exactement maintenant pour changer la culture qui, selon vous, doit être changée?
C'est ma principale question.
Madame von Hlatky, je ne sais pas quel a été votre travail, mais à la fin de cette réponse, pouvez-vous nous dire si vous avez remarqué cette culture dans d'autres organisations?
Monsieur English, j'ai trouvé intéressant que vous ayez fait une étude sur l'histoire de l'armée. Quelle était la situation par le passé?
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Merci beaucoup, monsieur Garrison.
Au nom de tous les membres du Comité, j'ai beaucoup appris aujourd'hui.
J'ai beaucoup lu sur le sujet et j'ai beaucoup appris. Je vous suis très reconnaissante d'avoir pris le temps, malgré vos horaires très chargés, de vous joindre à nous aujourd'hui. Vous nous avez donné beaucoup de matière à réflexion. J'espère que cela nous permettra d'améliorer les choses.
Nous allons rester en contact. Peut-être aurons-nous encore besoin de votre aide à l'avenir.
[Français]
Je remercie tous les témoins.
[Traduction]
Je vous souhaite beaucoup de succès.
Mesdames et messieurs les députés, l'ancien ombudsman a demandé la présence de son conseiller juridique mercredi. Cette demande n'a rien d'extraordinaire, mais il faut la permission du Comité.
Quelqu'un s'oppose-t-il à ce qu'on lui permette de venir avec son conseiller juridique?
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Très bien. Je ne fais là aucune critique. Je sais que nous avançons rapidement, mais étant donné que c'est le cas, et que l'ombudsman militaire comparaîtra, j'ai un commentaire et une question.
Comme il relève du ministre de la Défense nationale je suppose que nous lui demanderons s'il a été libéré de tout devoir de réserve pour son témoignage, parce qu'il n'est pas un agent du Parlement, et on a tendance à l'oublier. Il relève du ministre de la Défense nationale. Je ne suis pas certain — et c'est peut-être la première question à lui poser — que nous puissions être sûrs que s'il choisit de répondre ou non aux questions, c'est en se fondant sur ses propres conseils juridiques et non sur les instructions du ministère.
Ma deuxième question est la suivante. Maintenant que nous le convoquons, je crois que nous devrions offrir au ministre la possibilité de revenir devant le Comité, après son témoignage, pour faire toute autre déclaration qu'il souhaiterait faire et apporter toutes les précisions qu'il voudrait apporter sur la situation actuelle concernant le deuxième chef d'état-major de la Défense qui fait l'objet d'une enquête.
Si vous le souhaitez, je pourrais le faire au moyen d'une motion officielle, mais j'aimerais que nous acceptions d'inviter le ministre à répondre après l'audition de ce témoignage. J'espère qu'on sera d'accord pour le faire.
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Madame la présidente, pour répondre à la question de M. Robillard, ce problème continue de prendre de l'ampleur au sein des Forces armées canadiennes. Je crois que le ministre doit maintenant réagir à ce qui s'est passé avec le chef d'état-major de la Défense. Comme M. Garrison l'a fait remarquer, je pense qu'il serait juste de lui permettre de répondre au témoignage que nous entendrons de M. Walbourne la semaine prochaine, et parce que cela mine le moral des Forces armées canadiennes. Je crois que chacun d'entre nous doit être complètement bouleversé par ce qui a été dit ici au cours des cinq ou six dernières semaines.
Les Canadiens méritent des réponses. Nous devons rétablir la confiance de nos hommes et de nos femmes en uniforme, et la seule façon d'y parvenir, c'est d'assurer une certaine transparence, ce qui fait actuellement défaut au gouvernement.
Je suis également d'avis que nous devons convoquer certains de nos principaux commandants militaires, de la Marine, de la Force aérienne, du COIC, de l'Armée de terre, de l'OTAN, du NORAD, nos principaux commandants, pour savoir ce qu'ils savent et pour voir s'ils ont déjà été confrontés à des cas d'inconduite sexuelle. Nous envisageons de remplacer notre CEMD actuel.
Je crois que c'est probablement l'un des dossiers les plus importants que nous allons étudier à ce comité au cours de la présente législature. Je pense qu'il est également de plus en plus évident que c'est une question qui préoccupe de plus en plus les Canadiens et que nous devons rétablir la confiance. La meilleure façon de le faire en tant que parlementaires est d'élargir la portée de cette étude et de l'approfondir davantage.
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Je vous remercie, madame la présidente.
C'est un plaisir pour moi de formuler ces commentaires, monsieur Robillard.
Je suis d'accord jusqu'à un certain point avec MM. Garrison et Bezan. D'après ce que je comprends, la motion qui sera peut-être déposée proposerait que nous entendions le témoignage du tout de suite après avoir entendu celui de l'ancien ombudsman.
Pour ma part, je suggère que nous voyions mercredi prochain ce que nous aurons appris lors de la rencontre avec l'ancien ombudsman. À la suite de cela, nous pourrons prendre une décision. Tout comme MM. Garrison et Bezan, je serai prêt, après la rencontre de mercredi prochain avec l'ancien ombudsman, à voter avec vous pour que le ministre soit invité, si c'est ce que vous voulez. Il est possible que nous voulions inviter d'autres témoins à la suite du témoignage de l'ancien ombudsman.
Voici donc ce que je propose: attendons à mercredi prochain, après le témoignage de l'ancien ombudsman, afin de voir ce qui se passe, puis nous déciderons s'il y a lieu d'inviter le ministre, voire d'autres personnes. En effet, il se peut que nous apprenions d'autres choses mercredi.
En résumé, je suggère que nous reprenions cette discussion après le témoignage de l'ancien ombudsman et que nous prenions alors une décision pour ce qui est d'inviter le ministre ou peut-être d'autres personnes. Ce serait un genre de compromis, mais je pense que cette façon de faire est plus responsable, étant donné que nous ne savons pas ce que nous allons apprendre mercredi. Nous ne savons pas s'il sera nécessaire d'inviter d'autres personnes.
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Merci, madame la présidente.
Tout ce que je propose ici, c'est que nous invitions le ministre à comparaître devant le Comité après le témoignage de l'ombudsman, s'il le souhaite. Je ne propose pas le même jour, comme M. Robillard semblait le laisser entendre. Je pense que c'est l'une des raisons.
La deuxième raison, c'est que nous avons une deuxième question qui a été soulevée en public, à savoir les reportages des médias selon lesquels nous avons un deuxième chef d'état-major de la Défense qui semble faire l'objet d'une enquête depuis un certain temps. Nous ne savons pas trop quand les sanctions ont été prises, s'il y en a eu, ou si la suspension était volontaire. Il s'agit d'une deuxième série de questions que nous n'avions pas au début de nos audiences ou de notre étude. Pour cette raison, j'enverrais cette invitation au ministre aujourd'hui même pour lui laisser le temps de voir s'il veut répondre à ces deux questions.
Quant à savoir s'il y aura d'autres témoins, je suis d'accord avec M. Brunelle-Duceppe pour dire que la question de l'audition d'autres témoins devrait être remise à plus tard. Tout ce que je propose aujourd'hui, c'est qu'on offre cette possibilité au ministre.