[Traduction]
La séance est ouverte.
Bienvenue à la 22e réunion du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier 2021. Les membres seront présents en personne ou sur la plateforme Zoom. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, je signale que la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
[Traduction]
Veuillez m'aviser immédiatement de toute interruption du service d'interprétation. Nous prendrons alors les dispositions nécessaires pour que l'interprétation puisse être rétablie avant de reprendre nos travaux. Veuillez attendre que je vous donne la parole avant d'intervenir. Si vous êtes en vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour désactiver la sourdine.
Je vous rappelle que toutes les interventions des députés doivent être faites par l'entremise de la présidence. Assurez-vous de parler lentement et clairement. Lorsque vous n'avez pas la parole, veuillez mettre votre micro en sourdine. Le greffier et moi-même verrons à tenir à jour une liste unique des intervenants, qu'ils participent à la séance virtuellement ou en personne.
Avant de présenter nos témoins pour aujourd'hui, il y a deux éléments que je souhaite porter à l'attention du Comité.
Je veux d'abord vous indiquer que le légiste parlementaire a terminé son examen des documents demandés dans l'ordonnance de communication émise par notre comité le lundi 8 mars dernier.
J'aimerais vous lire un passage de la lettre que nous avons reçue du légiste ce matin même:
Pendant notre examen, nous avons constaté que certains documents renferment des renseignements personnels à caractère confidentiel qui ne sont pas expressément visés par les critères établis dans l'ordre adopté par le Comité quant aux informations à censurer. Nous avons surligné ces renseignements en jaune pour permettre au Comité de les caviarder, s'il le désire, avant de distribuer les documents ou de les rendre publics.
En fait, nous pouvons soit autoriser le légiste à les caviarder lui-même, soit les distribuer tels quels en faisant une mise en garde quant au caractère confidentiel de certains renseignements se retrouvant dans ces documents. Est-ce que quelqu'un a une préférence marquée?
À vous la parole, madame Gallant.
:
J'ai l'impression que c'est ainsi que s'exprime la volonté du Comité. Nous allons donc demander au légiste de ne pas caviarder ces portions. Les documents intacts seront distribués aux membres du Comité qui devront reconnaître que les passages surlignés sont confidentiels et les traiter en conséquence.
C'est la décision que je vais communiquer au légiste parlementaire, et vous devriez sans doute recevoir les documents en question d'ici la fin de la journée.
Mon autre point concerne l'ordre adopté par la Chambre hier soir pour la comparution d'un témoin le 6 avril prochain. Nous prenons actuellement les dispositions nécessaires à cette fin. Ne prévoyez donc rien à votre horaire pour le 6 avril; nous vous communiquerons tous les détails dès que possible.
Je suggérerais également que nous tenions notre séance du comité directeur le même jour. Plutôt que de nous réunir à deux occasions différentes, nous pourrions faire tout ce que nous avons à faire le 6 avril en tenant également notre réunion du comité directeur. Y a-t-il des commentaires à ce sujet?
À vous la parole, monsieur Bezan.
:
Vous avez raison, monsieur Garrison.
Nous allons tenir notre réunion du comité directeur après.
Y a-t-il d'autres interventions à ce sujet?
Merci. Nous avons maintenant une ébauche de plan pour les semaines à venir.
Merci à nos témoins de leur participation à notre séance d'aujourd'hui et de la patience dont ils ont fait montre pendant que nous devions régler ces quelques détails.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 9 février 2021, le Comité reprend son étude sur les problèmes d'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes, y compris les allégations à l'endroit de l'ancien chef d'état-major de la défense Jonathan Vance.
Nous accueillons aujourd'hui par vidéoconférence Mme Janine Sherman, sous-secrétaire du Cabinet, Personnel supérieur et renouvellement de la fonction publique, au Bureau du Conseil privé; et M. Bernie Boland, lieutenant-colonel à la retraite. Bienvenue à tous les deux.
Vous avez droit à un maximum de six minutes chacun pour nous présenter vos observations préliminaires.
J'aimerais inviter Mme Sherman à commencer.
:
Madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous à nouveau aujourd'hui, à la suite de ma comparution du 19 février en compagnie de la sous-greffière du Conseil privé.
[Français]
Depuis mai 2016, je suis la sous-secrétaire du Cabinet chargée du personnel supérieur et du renouvellement de la fonction publique. Auparavant, j'occupais depuis octobre 2014 le poste de secrétaire adjoint du Cabinet pour le personnel supérieur du Cabinet. En tant que sous-secrétaire du Cabinet, mes responsabilités comprennent la formulation de conseils à l'intention du premier ministre et du Cabinet au sujet des nominations par le gouverneur en conseil, le GEC.
Le Bureau du Conseil privé offre du soutien au gouvernement lorsque surviennent des problèmes concernant les personnes nommées par le GEC. Ainsi, nous offrons des conseils indépendants et impartiaux et du soutien au gouvernement. Lorsqu'il existe des preuves d'une conduite inappropriée de la part d'une personne nommée par le GEC, nous formulons des conseils au gouvernement sur la meilleure façon de résoudre le problème.
[Traduction]
Lors de ma comparution précédente devant le Comité, j'ai estimé qu'il était important de protéger la confidentialité de mes discussions avec l'ancien ombudsman du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes ainsi que l'intégrité du bureau de l'ombudsman et de ses processus. Depuis, le Comité a entendu d'autres témoins qui lui ont présenté de nouveaux éléments d'information.
Compte tenu des précisions déjà fournies par l'ancien ombudsman, je peux confirmer qu'au début mars 2018, le greffier du Conseil privé m'a demandé d'assurer un suivi relativement à une question que l'ombudsman avait soulevée auprès du concernant de possibles allégations d'inconduite mettant en cause le chef d'état-major de la défense. On m'a demandé de faire ce suivi immédiatement, ce que j'ai fait.
Il y a eu par la suite un échange de courriels entre moi et l'ancien ombudsman du ministère de la Défense nationale les 5 et 6 mars. Dans ces courriels, j'ai expliqué que je cherchais à mieux comprendre la nature de la plainte afin de bien conseiller le dans le contexte de son rôle de soutien au et au gouverneur en conseil pour ce qui est des nominations.
J'ai rencontré M. Walbourne le 16 mars. Mes échanges de courriels et ma rencontre avec M. Walbourne ne m'ont pas permis de recueillir de renseignements pouvant me permettre de prendre d'autres mesures.
Pour ce qui est plus précisément de la question visée par l'étude du Comité, étant donné que le Service national des enquêtes des Forces canadiennes a ouvert une enquête, les réponses que je peux vous donner sont limitées, vu la nécessité de respecter l'intégrité du processus d'enquête. Il est essentiel de protéger la confidentialité et l'intégrité de tout processus d'enquête afin que chacun se sente à l'aise de dénoncer en ayant l'assurance que l'on ne portera pas atteinte à sa vie privée.
Je sais que nous convenons tous que tout cas de harcèlement est inacceptable. Chaque situation est unique, mais le droit à un milieu de travail sécuritaire, où les personnes sont traitées avec respect, dignité et équité, s'applique à toute personne travaillant au sein d'un milieu de travail fédéral. Il s'agit d'une priorité fondamentale pour moi dans le contexte des responsabilités qui m'incombent à titre de cadre supérieur de la fonction publique fédérale.
Une fois de plus, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions au meilleur de mes capacités, tout en respectant les limites que j'ai mentionnées. Si le Comité le souhaite, je peux également vous fournir des renseignements de nature générale concernant le rôle du Bureau du Conseil privé dans la gestion des personnes nommées par le gouverneur en conseil.
:
Madame la présidente, je vous remercie de me donner la possibilité de témoigner devant vous. Je m'appelle Bernie Boland, et je suis lieutenant-colonel à la retraite. J'ai servi dignement dans les Forces armées canadiennes pendant plus de 30 ans. J'ai pris ma retraite le 30 décembre 2020, après 12 années comme ingénieur au sein de la fonction publique.
Je témoigne parce que les responsables du ministère de la Défense nationale (MDN) se sont révélés incapables d'agir d'une manière conforme à tout processus judiciaire indépendant, c'est-à-dire en suivant les règles établies, en défendant l'équité procédurale et en respectant la primauté du droit.
En 2016, j'ai dénoncé des actes répréhensibles et une inconduite lorsqu'une employée que j'avais le privilège de superviser m'a demandé de signaler qu'elle était victime de harcèlement et d'atteinte à ses droits de la personne, le coupable présumé étant un gestionnaire principal de l'ingénierie. Comme j'y suis tenu par mon serment et le Code de valeurs et d'éthique, je l'ai fait. Sa cause est maintenant devant le Tribunal canadien des droits de la personne, en attente d'une décision sur le traitement discriminatoire dont elle a fait l'objet à cause de son âge, de son sexe ainsi que de son origine ethnique, et parce qu'elle est musulmane.
Une fois que j'ai eu signalé les incidents en question, tout a changé dans mon milieu de travail. J'ai été victime de représailles. On m'a dit de me taire, on a fait fi du processus d'application régulière de la loi, et on m'a refusé le droit à l'équité procédurale. Voici les actions que j'ai entreprises jusqu'à maintenant à l'extérieur des cadres du MDN. J'ai adressé à la Cour fédérale une demande de révision judiciaire du rejet de mon grief par le MDN. J'ai avisé le registraire du Tribunal canadien des droits de la personne que je désirais être partie à une audience du Tribunal. J'ai porté plainte auprès du ministère du Travail au sujet de la violation par le MDN de mes droits en vertu du projet de loi . À l'interne, au MDN, j'ai déposé des plaintes et des griefs officiels, toujours sans succès.
J'ai aussi fourni à la sous-ministre une liste détaillée d'exemples de non-application de la procédure régulière, de manquement à l'équité procédurale, de conflits d'intérêts et de partialité des décideurs. Je lui ai également remis, en même temps qu'au , une analyse indépendante, le rapport Lowry, un retraité de la GRC qui mène des enquêtes sur les cas de fraude, qui a confirmé et corroboré la partialité des décideurs, les conflits d'intérêts, le non-respect du cours normal de la loi et les manquements à l'équité procédurale. Ils n'ont pas tenu compte de ce rapport. En revanche, puisque j'avais signalé le harcèlement et les atteintes aux droits de la personne de l'employée que je supervisais, les responsables du MDN ont secrètement fait de moi, dans une présentation formelle à l'intention de la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP), un bouc émissaire, afin d'exonérer les responsables et les coupables. Cette présentation a été effectuée à mon insu, et sans que j'aie l'occasion de me défendre. On me condamnait sans que je puisse me faire représenter.
Après avoir été informé de la présentation secrète du MDN qui faisait de moi un bouc émissaire, j'ai déposé une plainte officielle en alléguant que le directeur général de la Gestion du milieu de travail avait secrètement fait de moi un bouc émissaire; que Troy Crosby, sous-ministre adjoint (Matériels), avait déterminé que le directeur général avait agi de façon appropriée en faisant secrètement de moi un bouc émissaire; et que Jody Thomas, la sous-ministre, a toléré que le MDN me traite en bouc émissaire en secret, considérant qu'il s'agissait d'une conduite appropriée. Sans même enquêter, le ministère n'a pas tenu compte de mes plaintes.
J'ai également déposé un grief et une demande d'examen indépendant par un comité d'éthique relativement à de nombreuses situations de conflits d'intérêts, de parti pris, de refus d'application de la procédure et de privation des droits à l'équité procédurale. Les responsables du MDN les ont rejetées de façon expéditive.
Les motifs de leur rejet, comme l'a déclaré le sous-ministre adjoint (Ressources humaines - civils), M. Choi, sont les suivants: « M. Boland évoque le fait qu'il n'a pas eu la possibilité de se défendre. Il convient de souligner que ce sont les parties à la plainte devant la CCDP (le MDN et la plaignante) qui ont droit à l'équité procédurale. Le MDN, en tant que mis en cause dans la plainte devant la Commission, n'a pas la responsabilité de recueillir des renseignements provenant de tous les témoins potentiels: cette responsabilité incombe à l'enquêteur désigné par la CCDP. Il ne s'agit donc pas d'un comportement inopportun. » On ajoute que « la plainte porte sur une seule affaire et ne satisfait pas aux critères d'un incident grave. Elle ne fera pas l'objet d'une enquête. »
On indique plus loin que le document présenté à la CCDP est un document protégé en précisant que: « M. Boland n'a pas de droit d'accès à ce document, et M. Hooey ne pouvait pas raisonnablement savoir que celui-ci pouvait offenser ou causer préjudice, et il ne peut pas non plus être considéré comme “visant” M. Boland. »
La justification de M. Choi est l'expression sans équivoque du fait que les responsables du MDN n'agissent pas de façon juste; n'assument aucunement la responsabilité de veiller à ce que les droits de la personne soient protégés de façon complète et véritable au sein du ministère; et croient convenable de faire des personnes qui dénoncent consciencieusement une inconduite les boucs émissaires secrets de cette inconduite.
En dépit de leur politique de tolérance zéro, les responsables du MDN rejettent unilatéralement et arbitrairement les cas d'inconduite afin de se soustraire à leur obligation de mener une enquête.
Les responsables du MDN considèrent que le secret institutionnel contribue à l'absolution de leur faute.
Depuis 2016, dans le cadre des efforts que je déploie pour être entendu, pour que les processus établis s'appliquent et pour que les règles d'équité procédurale soient respectées, j'ai officiellement pris contact avec de nombreuses personnes, dont le , le , mon député, , la et l'ombudsman.
Malgré mes efforts, les responsables du MDN refusent d'honorer leurs engagements et de respecter la primauté du droit.
Le 1er janvier 2021, le projet de loi et le Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail sont entrés en vigueur. La sous-ministre a confié à M. Choi la responsabilité d'en assurer la coordination et la mise en œuvre. Celui-ci a porté atteinte à mes droits garantis par ce projet de loi en s'opposant à mon droit à la tenue d'une enquête.
Le 3 mars 2021, sur les conseils de mon avocat, j'ai demandé à la de me rétablir dans mes droits et de corriger ce manquement. Je n'ai toujours reçu aucun accusé de réception de sa part.
Merci, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente. Merci aux témoins.
Lieutenant-colonel, je vous remercie de votre service et de votre témoignage, qui met en lumière la culture inquiétante qui règne au sein du ministère de la Défense nationale. Nous pensions que nous n'avions affaire qu'aux Forces armées canadiennes, mais il semble qu'il y ait des tentatives de dissimulation au sein du ministère. Je vous poserai des questions plus tard.
Je veux poser des questions à Mme Janine Sherman d'abord. Bienvenue de nouveau au Comité.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez dit que vous n'aviez pas recueilli de renseignements pouvant vous permettre de prendre d'autres mesures en mars 2018. Je suppose alors que vous aurez beaucoup de latitude pour répondre aux questions que nous vous poserons aujourd'hui, puisque vous n'avez jamais rien trouvé, selon vous, qui justifiait la tenue d'une enquête en 2018.
Pouvez-vous nous dire, madame Sherman, qui exactement au Cabinet du premier ministre a donné les consignes au Bureau du Conseil privé? Vous avez dit que c'était Michael Wernick, le greffier du Conseil privé à l'époque, qui vous avait demandé de rencontrer l'ombudsman.
Qui a dit à vous et à M. Wernick d'assurer un suivi relativement aux allégations concernant le général Vance?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je voulais tout d'abord souligner que c'est la Journée lavande aujourd'hui, qui vise à accroître la compréhension de l'épilepsie.
Je remercie les témoins de leur présence. Leurs témoignages sont très utiles. Ils nous aident à mieux comprendre les processus du MDN et permettront de les améliorer.
Madame Sherman, j'ai deux ou trois questions à vous poser, mais je veux m'assurer qu'en y répondant, vous ne dites rien qui puisse compromettre l'enquête en cours.
De façon générale, pourriez-vous nous dire quel est le processus suivi par le BCP lorsqu'une personne nommée par le gouverneur en conseil est visée par des allégations d'inconduite, peu importe la nature?
:
Je serai ravie de vous fournir quelques renseignements généraux sur les processus que nous suivons.
Tout d'abord, je pense que le processus dépend toujours de la nature de la plainte. Notre rôle au Bureau du Conseil privé est de conseiller les décideurs tout au long du processus de plainte qui concerne une personne nommée par le gouverneur en conseil. Comme je l'ai mentionné, chaque situation est unique, et nos conseils doivent tenir compte des particularités de la situation.
Quatre grands principes sous-tendent notre approche. Il s'agit du respect de l'équité procédurale pour toutes les parties; de l'appui aux enquêtes indépendantes, équitables et impartiales; de la protection des renseignements personnels de toutes les personnes concernées, conformément aux cadres législatifs, et notamment, comme je l'ai mentionné, à la Loi sur l'accès à l'information et à la Loi sur la protection des renseignements personnels; et du respect de la confidentialité des conseils que nous fournissons aux ministres et au gouvernement en place.
Globalement, lorsqu'on nous demande de fournir des conseils sur une question liée à la conduite d'une personne nommée par le gouverneur en conseil, nous fondons nos conseils sur les cadres législatifs et politiques qui régissent le bien-être au travail.
Nous pourrions, selon la nature de la question, le cas particulier [Difficultés techniques] un plan d'action qui consisterait en un examen administratif. Il pourrait s'agir d'un renvoi pour enquête par une tierce partie indépendante, ou nous pourrions avoir besoin de renvoyer l'affaire aux autorités policières compétentes, qu'il s'agisse de la police locale, de la GRC ou du SNEFC. Tout dépend de la nature de l'information qui est présentée.
Si une plainte est déposée et qu'elle relève du nouveau Règlement sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail, qui est entré en vigueur en janvier dernier, nous conseillons notre collègue sur la meilleure façon de traiter la plainte dans ce cadre politique et législatif.
Notre rôle consiste en fait à conseiller les décideurs et les responsables qui jouent un rôle à différentes étapes du processus de traitement de la plainte. À l'étape initiale, nous pouvons donner des conseils sur les pratiques exemplaires pour déterminer si une situation décrite dans la plainte correspond au critère de la définition du harcèlement, ce qui est énoncé dans le Code canadien du travail.
Si la partie plaignante, la partie principale, demande une enquête, nous pouvons alors donner des conseils sur la manière d'assurer le respect de la procédure, par exemple en veillant à ce que la partie plaignante et les parties intimées puissent examiner des éléments de l'ébauche de rapport d'une manière qui protège le niveau de confidentialité approprié.
Nous conseillons également les fonctionnaires sur les étapes qui suivent la fin d'une enquête, soit évaluer les résultats et conseiller les décideurs. Nous faisons cela sur la base des résultats de l'enquête.
Ensuite, nous fournissons également des conseils au gouverneur en conseil une fois le processus de plainte terminé. Il peut s'agir de recommander des mesures correctives — formation et perfectionnement, par exemple — ou de recommander la révocation si les conclusions de l'enquête sont telles que la personne nommée a perdu la confiance du gouverneur en conseil.
J'espère que cela répond à votre question.
Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à me joindre à ceux qui ont remercié le lieutenant-colonel à la retraite Bernie Boland d'être venu témoigner. Il a entrepris une tâche pénible en corroborant la culture ambiante des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale, qui, éloignée de la tolérance zéro, semble avoir plutôt été celle d'un aveuglement volontaire à l'égard des plaintes contre l'inconduite sexuelle.
Je le questionnerai à mon prochain tour, mais, maintenant, je tiens à rester avec le Bureau du Conseil privé.
Madame Sherman, permettez-moi d'abord d'affirmer que je ne prends aucun plaisir à vous questionner, mais notre comité avait à peine le choix, puisque le et le ont désigné votre bureau comme enquêteur indépendant. En fait, ils ont dirigé nos questions vers votre bureau. Je préférerais bien plus des explications complètes des ministres responsables.
Voici ma première question: L'ombudsman militaire s'est manifesté à vous en affirmant qu'il avait vu des preuves que [Difficultés techniques] et qu'il fallait une enquête sur le général Vance pour motif d'inconduite sexuelle.
Pourquoi fallait-il que vous en sachiez davantage avant de lancer, pas vous, personnellement, une enquête?
:
Si je peux m'expliquer, je n'ai pas l'intention, dans aucune de mes observations d'aujourd'hui, de discréditer l'ancien ombudsman. En fait, nous avons bien l'intention de respecter sa fonction, son mandat et sa capacité d'encadrer l'auteur de la plainte, de réaliser ses souhaits en matière de confidentialité et de déterminer la suite à donner au dossier.
Mon souci, madame la présidente, était seulement de déterminer si la plainte en question, à ma connaissance, n'avait pas fait l'objet d'une enquête ou d'une décision de faire enquête à ce moment-là, en mars 2018. Comme nous avons à coeur la sécurité et la sûreté du lieu de travail — une responsabilité à nous très importante, fondamentale —, nous voulons nous assurer que la conduite des personnes nommées par le gouverneur en conseil sera examinée, et nous avons essayé d'obtenir des renseignements qui nous auraient aidés à déterminer quelles étaient les mesures à prendre ensuite.
Le rôle du Bureau du Conseil privé et mon rôle, en appuyant le , le et le gouvernement, en ce qui concerne la direction de la conduite des personnes nommées par le gouverneur en conseil, quand surgit un problème en la matière, est de donner des conseils et des renseignements sur la marche à suivre. C'était notre objectif, pour essayer de comprendre les renseignements que l'ombudsman pouvait communiquer sans aller à l'encontre de ses responsabilités tout en protégeant l'anonymat de la personne qui avait porté plainte et formulé une allégation dont nous ne savions rien.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Sherman, j'aimerais revenir là où j'en étais tout à l'heure.
Je me mets à votre place, dans votre rôle au Bureau du Conseil privé. L'ombudsman va voir le pour lui faire part d'une situation sérieuse, c'est-à-dire d'allégations d'agressions sexuelles commises par le général Vance, qui est le grand patron des Forces armées canadiennes. Le ministre dit à l'ombudsman qu'il ne veut pas toucher à cela, que c'est un dossier trop chaud et qu'il ne veut rien savoir. Le ministre vous en fait part. Vous parlez ensuite à l'ombudsman. Vous lui demandez de l'information supplémentaire, mais il dit qu'il ne peut pas vous en fournir, parce qu'il ne veut pas dévoiler l'identité de la victime. Vous décidez alors de fermer le dossier et de ne pas aller plus loin, puisque vous n'avez pas assez d'informations.
Ne jugez-vous pas qu'il s'agit quand même d'une situation extrêmement sérieuse, voire critique? Si l'ombudsman est allé voir le , lequel est ensuite venu vous voir, c'est qu'il a été à même de juger de la crédibilité des allégations, à la lumière des informations qu'il avait obtenues du témoin et de la victime.
J'essaie de comprendre comment on en est venu à fermer le dossier sans aller plus loin.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais me joindre à mon collègue, M. Bagnell, pour souligner que c'est la Journée lavande, qui vise à redoubler nos efforts de sensibilisation à l'épilepsie.
J'aimerais remercier nos deux témoins, Mme Sherman et le colonel Boland, pour leur service et leur présence aujourd'hui.
Madame Sherman, j'ai eu le privilège de servir au BCP au cours de ma carrière. Puis-je vous demander de revenir en arrière un instant? Les Canadiens qui nous regardent se retrouvent périodiquement submergés d'acronymes à notre comité ou lors d'autres conversations. Nous parlons du MDN, du CEMD, du CPM et du BCP.
En quoi consiste le BCP? En ce moment, pourquoi est-il si important d'avoir une organisation indépendante, professionnelle et impartiale, et un organisme central de planification des politiques, dans le contexte de l'enjeu important et de l'enquête à venir?
:
Je vous remercie de la question, et je m'excuse d'employer trop d'acronymes de manière aléatoire.
En réalité, le Bureau du Conseil privé, ou BCP, est le ministère du Premier ministre. Il nous incombe d'épauler le processus décisionnel du Cabinet qui soutient notre régime gouvernemental. Bien entendu, divers volets du BCP viennent appuyer tout un éventail de processus décisionnels du Cabinet.
Je ne vais pas entrer dans les détails, mais comme vous l'avez dit, nous sommes un service public professionnel et non partisan. Nous pouvons fournir des conseils impartiaux et fondés sur les principes de bonne gouvernance du gouvernement en place. Nous sommes au service de chaque gouvernement qui prend le pouvoir. Nous assurons la continuité relative à la structure et au fonctionnement du gouvernement. Nous conseillons et aidons le gouvernement à gérer et à réaliser les priorités qu'il se fixe en tant que représentant dûment élu des Canadiens.
Notre rôle à cet égard est très important, car il consiste à fournir les conseils et le soutien qui permettront aux systèmes décisionnels du gouvernement de fonctionner efficacement.
:
Merci pour cette question. Elle est vaste, mais je vous remercie. Elle soulève des points très importants.
Nous savons que la gestion du changement est difficile dans n'importe quel contexte, et que le changement de culture est particulièrement ardu.
L'autre partie de mon travail, le renouvellement de la fonction publique, consiste essentiellement à veiller à ce que nous ayons une organisation de la fonction publique qui soit à la hauteur du défi, agile, inclusive et outillée. C'est dans ce cadre que nous envisageons la gestion du changement.
L'une des choses les plus importantes auxquelles je crois est l'engagement des dirigeants, bien sûr, mais surtout celui des personnes concernées. Je pense que c'est important dans le contexte des Forces armées canadiennes. Les voix qui s'expriment maintenant transmettent un message très important. L'un de ces messages — je pense à mon travail en fonction de l'initiative sur les espaces de travail sécuritaires que nous avons réalisée en 2018 — était que vous devez mettre en place les structures et les processus nécessaires, mais vous assurer qu'ils conviennent aux gens. Vous devez comprendre s'il y a des obstacles systémiques à ce que les gens se manifestent et à ce que certaines de ces voix soient entendues. Vous devez aussi vous préparer à cette conversation, agir en fonction des expériences réelles que les gens vivent et essayer de vous assurer qu'il y a un moyen d'ajuster, d'adapter et de fournir les structures et les systèmes qui les soutiennent.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame Sherman, avant de poser ma première question, je voulais réitérer quelque chose que j'avais dit lors de notre dernière réunion de comité. Vous n'étiez pas présente, mais les autres membres du Comité l'étaient.
Au cours de cette réunion, un certain nombre de membres et moi-même n'avons pas ménagé nos efforts pour souligner que, selon nous, les victimes d'agressions et de harcèlement sexuels voudraient que nous parlions de la manière de procéder à l'avenir. C'était dans le contexte d'une discussion que nous tenions au sein du Comité. Je voulais soulever à nouveau ce sujet alors que nous arrivons à la fin de cette réunion, car je pense que cette réunion montre que, en général, nous ne le faisons pas du tout. Je pense que c'est regrettable. Je pense que nous avons tous le devoir de le faire et que nous devrions en faire une priorité à l'avenir.
Dans cette optique, madame Sherman, je vais vous poser une question qui fait suite à la dernière question de M. Spengemann, à savoir comment vous abordez un changement de culture. À la fin de votre réponse, vous avez parlé de la nécessité de mettre en place certaines structures. Je pense que c'est là que votre temps de parole a pris fin. Pourriez-vous préciser à quels types de structures vous faisiez allusion? Pourriez-vous en donner quelques exemples?
:
Merci pour cette question et pour vos remarques.
Lorsque je parlais de structures, nous avons souvent des politiques, des processus et des cadres qui sont construits et destinés à soutenir l'objectif pour lequel ils ont été élaborés au départ. En particulier, lorsque nous cherchons à apporter des changements et des innovations dans la manière dont nous gérons la fonction publique — et pas seulement dans le contexte des plaintes, du harcèlement et du bien-être au travail —, nous devons nous assurer que ces systèmes restent pertinents et efficaces.
Pour en revenir à la sûreté et à la sécurité du lieu de travail, si les gens ne sont pas à l'aise de se manifester et craignent des représailles, les systèmes que nous avons mis en œuvre ne font pas ce que nous attendons d'eux. Mon commentaire visait vraiment à comprendre pourquoi il en est ainsi.
Vous ne pouvez pas procéder à la gestion du changement... Vous pouvez avoir un objectif, mais vous devez aussi comprendre votre contexte et pourquoi vous n'y arrivez pas. Les systèmes et les structures doivent être adaptés en fonction de l'expérience réelle des personnes qui tentent de les utiliser aux fins pour lesquelles ils ont été conçus. Lorsque cela ne fonctionne pas, nous devons écouter les gens et trouver une meilleure façon de mettre au point et de concevoir les systèmes et les structures.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je voudrais revenir à Mme Sherman. Tout d'abord, je m'adresse directement à vous, et je tiens à préciser qu'aucune de mes questions aujourd'hui n'a pour but de mettre en doute votre intégrité ou vos états de service dans la fonction publique. J'ai le plus grand respect pour ces choses-là. Comme je l'ai dit, je pense qu'il est regrettable que le et le vous aient renvoyé le Comité.
Je pense que ce que votre témoignage révèle aujourd'hui est un parallèle avec la culture du déni et de la déflexion dans les Forces armées canadiennes, et aussi avec cette même culture au sein du ministère de la Défense nationale dont nous a parlé aujourd'hui le colonel Boland. Le parallèle ici semble être que la vie privée de l'accusateur semble nettement l'emporter sur le besoin de répondre efficacement aux plaintes d'inconduite sexuelle.
En ce qui concerne les commentaires de M. Baker selon lesquels le Comité ne cherche pas vraiment à trouver une solution, je ne suis pas d'accord. Ce que j'ai entendu très clairement de la part de ceux qui ont déposé des plaintes officielles, et de beaucoup d'autres qui ne l'ont pas fait, c'est qu'ils veulent savoir que les hauts placés comprennent ce qu'est l'inconduite sexuelle, et qu'ils s'engagent à ce que ces plaintes fassent l'objet de mesures efficaces.
Sans cette confiance, nous nous retrouvons avec un programme comme l'opération HONOUR, qui a échoué précisément parce qu'il ne bénéficiait pas de cette compréhension et de ce soutien au plus haut niveau.
Madame Sherman, permettez-moi de revenir en arrière et de vous demander si, une fois que vous avez signalé au greffier du Conseil privé que vous ne pouviez pas agir — je ne reviendrai pas sur la question de savoir si vous auriez pu le faire —, il y avait une raison pour que le ou le croie qu'une enquête était en cours sur les allégations d'inconduite sexuelle présentées par l'ombudsman militaire.