:
Je déclare la séance ouverte.
[Français]
Je souhaite la bienvenue aux membres du Comité et aux témoins. Je vous remercie d'être présents aujourd'hui.
[Traduction]
Je vous souhaite la bienvenue à la cinquième réunion du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le mercredi 14 octobre, le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les opérations des Forces armées canadiennes.
La réunion d'aujourd'hui se tient dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 septembre. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre informatif, la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Sur ce, je vais céder la parole au major-général Dany Fortin, chef de cabinet du Commandement des opérations interarmées du Canada.
Je vous demanderais de nous présenter votre équipe, général Fortin. Merci beaucoup.
:
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de l’invitation à parler du rôle que les Forces armées canadiennes ont joué dans l’intervention pangouvernementale relative à la pandémie de COVID-19.
Comme vous l'avez dit, je suis le major-général Dany Fortin. J'occupe présentement le poste de chef de cabinet du Commandement des opérations interarmées du Canada, qui supervise l’exécution des opérations nationales et expéditionnaires.
Je suis accompagné aujourd'hui de la contre-amirale Rebecca Patterson, qui est commandante du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes.
Se joint aussi à moi le brigadier-général Conrad Mialkowski, commandant de la 4e Division du Canada et de la Force opérationnelle interarmées Centre, dont le quartier général se trouve à Toronto.
[Français]
le brigadier-général Gervais Carpentier, commandant de la 2e division du Canada et de la Force opérationnelle interarmées (Est),
[Traduction]
dont le quartier général se trouve à Montréal.
Nous avons participé étroitement à la planification et à l’exécution de l’opération LASER, l’intervention des Forces armées canadiennes en réponse à la pandémie.
En mars dernier, à mesure qu’évoluait la situation de la COVID-19 et qu’elle prenait l’ampleur d’une pandémie mondiale, il y avait beaucoup d’inconnu. Les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale ont rapidement adopté des mesures conçues pour protéger leurs membres et positionner la force de manière à pouvoir répondre efficacement aux priorités du gouvernement du Canada, en étroite collaboration avec nos partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux.
Les Forces armées canadiennes ont procédé à une vaste planification en fonction d’une grande gamme de scénarios, et ont préparé une réponse nationale possible à grande échelle et à long terme aux demandes d’assistance liées à la pandémie en provenance de partout au pays. Or, nous devions aussi être prêts à intervenir en même temps pour aider les Canadiens et Canadiennes aux prises avec des inondations et des feux de forêt au besoin.
Nous nous sommes assurés que des forces opérationnelles polyvalentes soient prêtes à être déployées dans l'une de nos six forces opérationnelles interarmées régionales. Nous avons affecté des ressources de l’Aviation royale canadienne à des rôles précis de soutien, et nous avons mis d’autres ressources en préavis réduit de mouvement. Nous avons rendu disponibles des navires et des équipages sur les deux côtes, et nous avons activé les Rangers canadiens pour répondre aux besoins uniques de nos collectivités isolées.
À l’apogée de la première vague, des milliers de militaires — dont un grand nombre avait l’ordre de rester à la maison — ont été mobilisés dans le cadre de la force opérationnelle interarmées pancanadienne LASER. D’autres étaient dispersées et en attente pour intervenir.
Les Forces armées canadiennes ont fourni un soutien sans faille aux Canadiens et Canadiennes partout au pays pendant cette crise sans précédent. Les Rangers canadiens ont joué un rôle essentiel en vue de renforcer les mesures de santé publique dans les collectivités. Des experts en logistique ont aidé leurs collègues de l’Agence de la santé publique du Canada à renforcer la chaîne d’approvisionnement en équipement de protection individuelle à des fins médicales, et les professionnels de la santé des Forces armées canadiennes ont aidé dans le cadre de la recherche des contacts, entre autres choses.
Par contre, les Canadiens et Canadiennes se souviennent surtout du soutien que nous avons offert aux établissements de soins de longue durée. En avril, le gouvernement du Canada a reçu des demandes d’aide pour gérer la situation qui se détériorait dans les établissements de soins de longue durée des provinces du Québec et de l’Ontario.
D'avril à juin 2020, les Forces armées canadiennes ont déployé au total environ 1 700 membres du personnel de soutien médical et non médical pour aider les établissements de soins de longue durée touchés, qui avaient été désignés par les autorités provinciales. Ces membres, dont un grand nombre faisait partie du personnel médical des Forces armées canadiennes, ont reçu une formation adéquate et avait accès à l'équipement de protection individuelle de qualité médicale. Ils ont ainsi été en mesure de mener cette mission militaire hors norme, afin de soutenir efficacement et en toute sécurité une population particulièrement vulnérable. Cet effort a aidé à endiguer la crise et à stabiliser la situation dans 54 établissements en tout: 47 dans la région du Grand Montréal et sept dans la région du Grand Toronto.
Ces membres des Forces armées canadiennes ont incarné un altruisme exceptionnel; ils ont été honorés de travailler aux côtés des travailleurs de la santé dévoués et de contribuer à sauver de nombreuses vies.
Les dirigeants ont l'obligation ultime envers les troupes qu'ils dirigent de veiller à ce qu'elles soient protégées le mieux possible. Comme je l'ai déjà mentionné, toutes nos troupes ont reçu un équipement de protection invididuelle de qualité médicale approuvé et ont été formées sur la façon de l'utiliser. Néanmoins, 55 membres des Forces armées canadiennes — 41 au Québec et 14 en Ontario— qui travaillaient dans des établissements de soins de longue durée ont contracté la COVID-19. Tous se sont rétablis et aucun n'a eu besoin de soins hospitaliers.
Nous avons également reconnu que ce déploiement pouvait affecter nos membres aussi bien mentalement que physiquement. Nous avons donc mobilisé les services de soutien à la santé mentale pendant le déploiement afin de garantir l'accès à un soutien adéquat à ceux qui en avaient besoin.
Comme il a été mentionné précédemment au Comité par le major-général Cadieu, les membres des Forces armées canadiennes affectés aux établissements de soins de longue durée avaient l’obligation de signaler leurs constatations et de prendre des mesures correctrices immédiates, en collaboration avec leurs collègues civils, pour fournir des soins dans la dignité et éviter de devenir eux-mêmes des vecteurs de la menace.
Permettez-moi de terminer en reconnaissant que nous avons beaucoup appris au cours des derniers mois, tout comme les Canadiens et Canadiennes. La sécurité, le bien-être et la résilience du personnel des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale demeurent notre principale préoccupation. Les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale se tiennent prêts à soutenir les Canadiens et Canadiennes aux côtés de leurs collègues des autres ministères et organismes. Nous avons intégré les leçons de la première vague. Nous avons depuis acheté de plus grandes quantités d’équipement de protection individuelle et nous sommes en train de nous doter d'une capacité de dépistage.
Aujourd'hui, nos officiers de liaison interagissent avec nos homologues fédéraux, provinciaux et territoriaux pour nous assurer d’avoir une connaissance commune de la situation et d’anticiper la planification d’urgence du gouvernement. Les membres des Forces armées canadiennes appuient actuellement l’Agence de la santé publique du Canada dans la planification de la distribution des vaccins contre la COVID-19. Les Forces armées canadiennes ont repris avec prudence le recrutement et l’instruction, de manière distribuée et dans les établissements des Forces armées canadiennes au pays, en adhérant strictement aux mesures de protection de la santé.
Le chef d’état-major et la sous-ministre ont donné des directives au ministère de la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes pour l’adoption de mesures robustes d’atténuation des risques, afin de protéger les forces et de les préparer à mener des opérations en appui au pays.
Madame la présidente, mesdames et messieurs, nous attendons vos questions.
Merci.
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Madame la présidente, je vais céder la parole à mon collègue le général Mialkowski dans une seconde. Avant, permettez-moi de vous dire que de manière générale, nous avons adopté des mesures très rigoureuses pour nous protéger et éviter de devenir des vecteurs de propagation, comme indiqué précédemment. Avec l'application d'un nombre accru de mesures de santé publique, nous avons de l'équipement de protection individuelle en quantité suffisante pour mener nos activités de formation en toute sécurité.
À la base de Petawawa, un nombre important de troupes se sont préparées et ont été déployées dans le cadre d'opérations. Le général Mialkowski peut nous en dire plus à ce sujet. Il est clair que nous faisons les choses différemment selon les régions du pays. Nous ayons repris les activités d'instruction, certes, mais tout n'a pas repris. Nous avons pris les mesures nécessaires pour veiller à le faire en toute sécurité. Les choses qui peuvent être réparties se font par ce processus. Les groupes sont plus petits, et la formation collective — la formation en groupe — se fait avec l'application extrêmement rigoureuse des mesures de santé publique.
La clé, dans l'application de tout ensemble de mesures ou de conditions, c'est toujours un leadership solide à tous les échelons. Les dirigeants sont très conscients des mesures à prendre pour protéger les troupes et veiller à ce que nous soyons prêts à l'action.
Je cède la parole au général Mialkowski, si vous le permettez.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Tout d'abord, je remercie tous les témoins d'être ici, et je tiens à leur dire que nous leur sommes reconnaissants du rôle qu'ils jouent dans les forces.
La pandémie a été éprouvante pour tout le monde, et ils n'y font pas exception. Je tiens à ce qu'ils sachent que le but de mes questions est de m'informer sur les opérations qui sont menées, et non de juger les décisions qui sont prises.
Certains de mes concitoyens qui travaillent dans le milieu de la santé sont inquiets. En ce moment, dans ma région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, on enregistre le plus haut taux de contamination à la COVID-19, et cela ne va pas en s'améliorant du tout. Nous avons déjà dépassé le nombre de cas déclarés à Montréal hier. Le système de santé tient à grand- peine, et il y a beaucoup de personnes en régions éloignées qui se questionnent. Elles sont inquiètes, et cela est tout à fait normal.
J'aimerais connaître un peu plus les étapes qui aboutissent à l'intervention des forces armées dans le milieu de la santé. Qui en fait la demande? À qui est-elle formulée? Comment est-elle transmise?
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Je vous remercie de votre question, monsieur Brunelle-Duceppe. Je me permettrai de répondre en français.
Comme il a été mentionné, la pandémie est, et a été, extrêmement éprouvante pour tout le monde, partout au pays.
Je vais vous donner un aperçu du processus. Qu'elles soient provinciales ou territoriales, les autorités expriment leurs besoins au sein de leur propre système. Dans les provinces, dont la province de Québec, ces demandes doivent être formulées de façon à être acheminées au niveau fédéral, à Sécurité publique Canada.
Ces demandes font l'objet de discussions au niveau fédéral, entre les responsables de Sécurité publique Canada et de la Défense nationale. Suivant la décision de notre ministre et, bien entendu, suivant l'avis du chef d'état-major de la défense, qui est chargé de fournir les meilleurs conseils possible en matière d'utilisation de la force militaire, les demandes seront acceptées, s'il y a lieu.
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Je vous remercie de votre question, monsieur Brunelle-Duceppe.
J'aimerais préciser qu'à la suite de notre expérience du printemps et de l'été derniers, nous avons poursuivi — bien que d'une façon extrêmement progressive et prudente — les activités d'entraînement et de génération de forces en vue de nos activités ou de nos opérations à l'étranger. Nous avons maintenu notre capacité afin d'être prêts à répondre aux différents besoins des Canadiens.
À cet égard, des éléments des Forces armées canadiennes, ou FAC, sont appelés à répondre à une panoplie d'activités potentielles — et ils sont prêts à y répondre. Bien que la possibilité d'incidents naturels tels qu'un incendie, un feu de forêt ou une inondation soit peu probable au cours des prochains mois, cette capacité demeure en vigueur.
Nous avons également tiré plusieurs leçons et retenu les observations que nous avons pu faire au courant du printemps, etnous les avons intégrées dans notre processus de prise de décision et de préparation des forces.
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Je vous remercie de la question, monsieur Brunelle-Duceppe.
Nous avons pu dégager des leçons qui sont à la fois importantes et anodines, comme le fait de nous assurer d'avoir une bonne quantité d'équipements de protection individuelle. Nous avions des stocks, mais nous nous en sommes procuré davantage. Nous continuons à le faire au niveau fédéral, comme le font toutes les autres entités, dont celles à l'échelle provinciale. Nous avons donc davantage de matériel.
Nous avons également mis sur pied un programme de formation axé sur le soutien dans les résidences pour personnes âgées et dans les Centres d'hébergement de soins de longue durée, ou CHSLD. Si nous devions répondre à une demande d'intervention, ce programme pourrait être mis en œuvre au sein de toutes les Forces armées canadiennes.
Nous avons donc un programme sur mesure de sorte que les gens appelés à apporter leur aide puissent non seulement avoir de bonnes compétences médicales, mais qu'ils puissent également être prêts à répondre aux besoins particuliers en matière de soins gériatriques.
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Merci, madame la présidente.
J'ai découvert que si je ne bouge pas la tête et la main, ça semble fonctionner. Laissez-moi essayer cela. Je m'excuse auprès des membres du Comité pour toute réponse involontaire lorsque nous tentions de résoudre les problèmes techniques.
Je tiens également à remercier les témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
J'ai quelques questions concernant l'incidence du pourcentage élevé de services en sous-traitance au MDN durant la pandémie de COVID. Je me rends compte qu'il peut être difficile pour certains de nos témoins de répondre, mais permettez-moi de situer le contexte ici.
Il y a près de cinq ans, j'ai posé des questions sur ces niveaux élevés de sous-traitance et leurs répercussions sur l'état de préparation des forces et la sécurité des installations et de l'équipement, et plus particulièrement le problème des gens qui travaillent pour des entrepreneurs privés qui sont dans une situation d'emploi précaire et sur les pressions qui peuvent être exercées sur eux.
J'ai entendu très clairement de la part de l'Alliance de la fonction publique du Canada et d'autres qu'au début de la pandémie de COVID, lorsque les Forces canadiennes ont mis en place des normes très strictes pour la sécurité et la protection du personnel, ces mêmes normes de protection, et en fait l'EPI, n'étaient pas appliquées par tous les entrepreneurs privés travaillant côte à côte avec des membres des Forces armées canadiennes et des employés civils du MDN.
Je me demande si vous pouvez vous prononcer sur ce problème. Quelles mesures ont été prises pour s'assurer que les entrepreneurs privés respectent les mêmes normes durant la pandémie de la COVID que les membres des Forces armées canadiennes et les employés civils du MDN?
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Merci, madame la présidente.
Je pense que je vais formuler ma réponse sous l'angle des mesures de santé publique.
Des mesures de santé publique s'appliquent aux installations et aux personnes qui y travaillent. Du point de vue des services de santé, nous avons fourni des conseils sur les mesures de santé publique en nous fondant sur les directives et les lignes directrices provinciales, ainsi que sur toute exigence plus restrictive basée sur les directives du chef d'état-major de la défense et du sous-ministre. Toute personne qui travaille à un établissement du MDN est tenue de respecter ces règles.
Nous avons également des personnes qui font respecter ces règles, qui sont à la porte lorsque les gens entrent dans les établissements. Bien que je ne puisse pas me prononcer sur des cas précis, des types d'entrepreneurs ou des lieux particuliers, il y a eu, tant du point de vue du ministère que des Forces armées canadiennes, des attentes quant au maintien de ces mesures de protection de la santé dans le cadre des conditions d'entrée dans tout établissement de la défense.
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Je vous remercie de la question.
En ce qui concerne l'opération IMPACT, particulièrement nos activités en Irak, en raison d'un changement dans les dynamiques géopolitiques et d'une menace grandissante depuis plusieurs mois, nos forces ont été réduites pour des raisons de protection, mais aussi à cause d'un déclin dans les activités d'entraînement des forces de sécurité irakiennes.
Certaines activités sont en train de reprendre. La plupart des activités de la Force opérationnelle interarmées multinationale de l'opération INHERENT RESOLVE, ou FOIM-OIR, et de la mission de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, ou OTAN, en Irak, dont nous avons le commandement pour quelques jours, se concentrent principalement sur l'entraînement lié à la réforme institutionnelle de la sécurité.
L'environnement stratégique en Irak étant un peu plus complexe, je ne peux pas vous donner une réponse complète là-dessus, mais cela vous donne un peu une indication de la portée de nos activités.
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Bonjour, madame la présidente.
Je remercie le député de la question.
En effet, en raison de la pandémie actuelle, nous avons dû adapter notre façon de mener nos opérations et de nous entraîner. Notre approche est plus locale. Il y a de l'entraînement collectif et de l'entraînement mandaté qui pourrait parfois se faire à l'extérieur de la province, en ce qui nous concerne à l'extérieur de Valcartier, mais nous avons concentré l'essentiel de nos opérations à Valcartier.
En prenant ces mesures, nous pouvons atteindre les objectifs fixés en matière d'entraînement et de formation afin d'être prêts pour le prochain cycle de haute disponibilité de la 2e Deuxième division du Canada dès l'été prochain. Pour répondre à la question, je dirais que nous maintenons un bon nombre d'activités, tout en respectant, évidemment, les mesures de protection sanitaire mises en place par les Forces canadiennes.
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Je voudrais revenir sur la question de la menace pour la santé et la sécurité des Forces canadiennes que représentent les niveaux élevés de sous-traitance. La plupart des gens ne savent probablement pas que la valeur des contrats pour le personnel contractuel correspond environ au tiers du budget total des Forces canadiennes, et précisons qu'il s'agit aussi bien des coûts du personnel des Forces canadiennes que de ceux du MDN. C'est donc environ un tiers de l'ensemble du personnel qui travaille dans le cadre de ces contrats.
En octobre 2020, l'Alliance de la fonction publique du Canada a publié un rapport intitulé « La sécurité d’abord: pour que cesse la privatisation des services à la Défense nationale ». Le rapport fait état, aux pages 24 et 25, de choses très inquiétantes qui se sont produites pendant la pandémie de COVID. Entre autres, les employés des sous-traitants n'ont souvent pas de congés de maladie ou en ont trop peu, ce qui les oblige à choisir entre travailler alors que leur immunité est compromise et qu'ils devraient s'isoler, ou ne pas travailler et être incapables d'acheter de la nourriture et de payer le loyer.
La deuxième préoccupation soulevée est que des employés de sous-traitants ont contacté l'AFPC, en tant que syndicat, et ont dit qu'ils avaient pour instruction de ne pas parler directement au MDN de leurs problèmes de santé et de plutôt s'adresser au sous-traitant. On suppose que le MDN n'a pas été informé de ces problèmes de santé.
Des mesures sont-elles prises pour garantir que les personnes qui travaillent dans le cadre de ces contrats ne sont pas malades? Deuxièmement, les problèmes de santé soulevés par ces travailleurs sont-ils efficacement communiqués au MDN et aux Forces armées canadiennes?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur le major-général, madame la contre-amirale et messieurs les brigadiers-généraux, merci de votre présence ici et des services que vous rendez aux Canadiens.
Madame l'amirale, je suis heureux de vous revoir. Vous vous êtes jointe à nous la dernière fois pour répondre aux questions. Je dois dire que je ne connais pas beaucoup de personnes qui, après avoir répondu à deux heures de questions à une séance de comité, acceptent de le faire pendant deux heures supplémentaires. Je vous remercie tout particulièrement de vous être jointe à nous aujourd'hui.
À notre dernière réunion, j'ai eu l'occasion de remercier les membres des forces armées de leur participation à l'opération Laser. Encore une fois, je tiens juste brièvement à tous vous remercier de votre dévouement et de celui des hommes et des femmes placés sous votre commandement.
L'un des établissements de soins de longue durée auxquels vous avez prêté main-forte est le centre de soins d'Eatonville dans ma circonscription, Etobicoke-Centre. C'est un des cinq premiers établissements auxquels vous vous êtes rendus en Ontario. Nous pleurons la perte de 42 résidants du centre à cause de la COVID-19.
Je sais que votre présence était essentielle non seulement pour offrir des soins, mais aussi pour sauver des vies, et ma communauté et moi vous en sommes reconnaissants. Je tiens à vous remercier, tout comme les hommes et les femmes placés sous votre commandement.
J'aimerais aussi vous remercier d'avoir documenté ce que vous avez observé dans ces établissements de soins de longue durée, y compris certaines des conditions horribles et, pour être franc, dans certains cas, des pratiques abusives que vous avez révélées, ce qui a mené à beaucoup de militantisme de ma part et de la part d'un certain nombre de mes collègues du caucus. Je réclame des changements dans ces établissements, notamment au moyen de l'adoption de normes nationales.
C'est grâce à la divulgation de ce que vous avez constaté et à votre transparence que ces mesures ont été prises et que d'autres mesures sont prises pour régler ces problèmes. Je vous en suis également reconnaissant, car vous avez changé la situation des aînés pendant — je l'espère et je m'y attends — des années, voire des générations.
[Français]
Ma première question concerne l'opération LASER. Pouvez-vous nous dire combien de membres des Forces canadiennes ont participé à l'opération LASER? Dans combien de domiciles étaient-ils présents? Quelle a été l'influence des Forces canadiennes dans le cadre de l'opération LASER?
:
Madame la présidente, merci. Je m'excuse. La vidéo a figé un instant ici, et j'ai donc raté une partie de la question, mais je suis heureux que mon collègue ait pu y répondre en partie.
Je dirais qu'au plus fort du printemps, une partie des forces armées a été prévenue et était prête à intervenir dans un large éventail de scénarios, comme je l'ai indiqué plus tôt. Au plus fort de l'intervention, nous avons désigné environ 24 000 militaires, dont bon nombre avaient reçu l'ordre de rester à la maison, mais que nous avons nommés pour accomplir des tâches précises. Des avions ont décollé; des navires étaient en mer et des membres du personnel, soit un total de 24 000 militaires, étaient prêts à faire face à un large éventail de scénarios, comme je l'ai dit plus tôt.
De toute évidence, comme vous le savez, on a mobilisé près de 1 700 personnes pour prêter main-forte dans les établissements de soins de longue durée au Québec et en Ontario, ce qui représente la majorité des personnes qui ont contribué à offrir ce niveau de soutien.
:
Je vous remercie de la question.
Il y a eu des répercussions directes et importantes sur les CHSLD et les établissements de soins de longue durée au Québec et en Ontario. Sans aucun doute, la présence de membres des Forces canadiennes dans ces endroits a contribué à sauver des vies alors que la situation était chaotique et que les travailleurs de la santé dans ces milieux étaient complètement débordés.
En ce qui a trait aux autres contributions, il y avait beaucoup d'inconnues relativement à la situation qui avait cours au printemps. C'était une réponse tout à fait appropriée, étant donné ce qui risquait d'arriver, à savoir une demande accrue à la suite d'inondations ou de feux de forêt, comme on a pu le constater.
Cette année, nous avons été extrêmement chanceux en ce qui concerne les inondations et les feux de forêt partout au pays. Nous étions inquiets à la perspective de devoir à la fois répondre à des catastrophes de cet ordre et à une situation qui allait peut-être demander une présence accrue dans toutes sortes d'activités liées à la pandémie.
À la suite de cette expérience au cours de la première vague et alors que la société a recommencé à fonctionner, nous savons qu'il serait approprié de réduire le nombre d'effectifs dans l'immédiat. Nous serons en mesure de les augmenter, si la situation l'exige.
:
Je vous remercie de la question.
Je vais dire quelques mots et, si vous le permettez, je vais ensuite passer la parole à la contre-amirale Patterson ainsi qu'au brigadier-général Carpentier, qui pourront vous donner plus de précisions sur des situations liées au Québec et à ce que nous y avons fait.
D'entrée de jeu, je dirai que nous sommes extrêmement prudents. Le bien-être des troupes et des membres de l'équipe de défense est une priorité cruciale au sein de la Défense. Nous sommes également bien conscients qu'un leadership robuste sur le terrain, bien connecté à la situation et à notre personnel, est souvent la clé dans le cas des défis en santé mentale.
Nous avons un programme pour appuyer nos troupes. Nous nous sommes assurés, lorsque nous avions des gens à déployer dans les CHSLD et les établissements de soins de longue durée en Ontario, d'avoir des gens formés sur le terrain — des travailleurs sociaux et des aumôniers — pour offrir ce soutien rapproché aux troupes déployées.
Je vais maintenant passer la parole à la contre-amirale Patterson.
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Madame la présidente, je vais d'abord parler du déploiement. Nous croyons qu'il faut prévenir les problèmes avant qu'ils ne surviennent. Les Forces armées canadiennes renforcent la résilience mentale de leur personnel tout au long de leur carrière. Nous avons un programme très spécialisé qui s'appelle En route vers la préparation mentale. Avant ce déploiement particulier, nous savions que les membres des Forces armées canadiennes allaient se trouver dans une situation unique, et nous avons adapté le programme en conséquence.
De plus, il était essentiel d'offrir un soutien aux dirigeants et d'observer le personnel pendant le déploiement pour s'assurer de prévoir des cycles réguliers de repos et de travail. En cours de déploiement, nous avions aussi des travailleurs sociaux sur place et des aumôniers ou des pasteurs de notre service pour que les militaires aient du soutien sur les lieux.
Si tout membre des Forces armées canadiennes a besoin de soutien en santé mentale, nous avons encore un système de soins de santé mentale robuste. Il est certain que nous avons dû adapter la prestation de services pendant la COVID, et que nous utilisons des méthodes différentes pour les soins, que ce soit au moyen de soins virtuels ou d'une ligne téléphonique disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept pour que les gens puissent demander de l'aide. Je dirais également que nous travaillons en partenariat avec nos aumôniers pour les aider à fournir des conseils spirituels et ce genre de choses.
En ce qui a trait aux militaires qui ont besoin de traitements, je vous rappelle que l'ensemble des services de soutien en santé mentale sont demeurés en place. Nous fournissons des services aux membres qui en ont besoin, y compris à ceux qui ont participé au déploiement en question.
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En Ontario, quand nous amorcions la transition jusqu'à notre retrait d'un centre de soins de longue durée, un certain nombre de critères établis de concert avec la province s'appliquaient. Il y en avait quatre.
Le premier était vraiment la pièce maîtresse. C'était que le ministère de la Santé et le ministère des Soins de longue durée conviennent qu'il est temps que les Forces canadiennes amorcent la transition vers leur retrait et soient réaffectées vers une autre résidence ou, si la situation générale s'est améliorée au point où nos services ne sont plus requis, que les forces peuvent se retirer et la demande d'aide soit levée.
Le deuxième critère était que la résidence elle-même ait les ressources nécessaires pour s'occuper de tous les résidents, y compris de ceux atteints de la COVID, par ses propres moyens et sans l'aide de nos équipes médicales.
Le troisième critère concernait la prévention et le contrôle des infections, le PCI. Il fallait que les procédures de PCI soient non seulement bien connues et mises en place, mais aussi qu'on puisse garantir que les procédures adéquates de PCI — selon l'évaluation de l'autorité médicale civile compétente responsable de l'établissement — fonctionnent et sont en place. Il fallait que nous, les Forces armées canadiennes, l'autorité médicale compétente, le ministère des Soins de longue durée et le ministère de la Santé convenions que cet élément essentiel de la transition était présent.
Enfin, il y avait une évaluation, non seulement de la direction du centre de soins de longue durée, mais aussi de la province, par les ministères de la Santé et des Soins de longue durée. À ce stade de notre transition, l'Ontario avait mis en place un mécanisme de surveillance par le réseau hospitalier local associé à l'établissement de soins de longue durée, et les autorités évaluaient que le personnel avait les compétences requises, puis surtout, qu'il était en nombre suffisant pour prendre soin des résidents.
Du début à la fin de cette collaboration, nous avons fait chaque jour un bilan local, dans la résidence elle-même, avec nos équipes, de concert avec le Centre des opérations d'urgence de la province et le Système de gestion des incidents de l'Ontario pour la COVID-19. Nous avons également effectué des bilans hebdomadaires pour déterminer comment la situation s'améliorait. Le tout s'est conclu par un échange de lettres entre mon bureau et celui du sous-solliciteur général de l'Ontario, puisque c'est lui qui avait la responsabilité de gérer la demande d'aide du début à la fin puis d'en faire rapport à la ministre Jones, solliciteure générale de l'Ontario.
Je peux peut-être céder la parole à mon collègue du Québec pour qu'il vous décrive ce qui s'est passé là-bas.
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Je ne veux pas répéter les différents critères qui doivent être évalués pour faire la transition, que mon collègue vient d'énumérer. Je veux juste réitérer l'importance des liens qui ont été établis avec les centres. Ces critères ont d'abord été évalués par les gestionnaires des centres et notre représentant militaire principal sur le terrain.
Au Québec, un accord a été conclu avec la direction régionale de santé publique, à savoir les Centres intégrés de santé et de services sociaux, ou CISSS, et les Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux, ou CIUSSS, puis avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. Une fois qu'il y a eu accord avec le ministère sur l'évaluation commune de la situation, nous pouvions procéder à la transition, avec l'autorité de mon supérieur à Ottawa.
J'aimerais mentionner que nous avons servi dans 47 CHSLD. La situation s'est améliorée de façon importante au cours de notre mandat. La situation était différente dans les 25 CHSLD où nous nous sommes rendus en premier de celle qui existait dans les 22 CHSLD où nous avons apporté notre aide par la suite, alors que la première vague se résorbait. Il y a eu une amélioration de la situation, et nos partenaires civils ont été capables de continuer à exercer leurs fonctions au sein de ces centres.
Je vais terminer en parlant de la Croix-Rouge, dont les membres sont arrivés après notre départ. Ils ont offert de l'aide dans d'autres centres avec des équipes un peu différentes. Nous avons collaboré à différents stades avec eux. La première étape a été la formation de prédéploiement, qui a été mandatée par le ministère de la Santé et des Services sociaux et offerte par la Croix-Rouge.
En préparation de leur mandat, il y a eu des échanges à mon échelon avec le directeur provincial. Sur le plan tactique, nous avons travaillé avec nos commandants et nos experts en santé sur le terrain pour échanger sur notre expérience ainsi que pour faire part de nos observations et des pratiques exemplaires que nous avions mises en place.