La motion est proposée.
Merci à vous aussi, monsieur Baker.
Il y a deux motionnaires. C'est parfait.
Que tous ceux qui sont pour se manifestent.
(La motion est adoptée.)
La présidente: Merci beaucoup. La motion est adoptée.
C'est la fin des travaux du Comité.
Merci à tous. Nous allons maintenant écouter les témoins.
Nos témoins d'aujourd'hui sont la contre-amirale Geneviève Bernatchez, juge-avocate générale, et la colonelle Jill Wry, juge-avocate générale adjointe. Elles seront suivies par le colonel Rakesh Jetly, psychiatre principal et conseiller en santé mentale auprès du Groupe des services de santé des Forces canadiennes, et Mme Kyndra Rotunda, professeure en droit militaire et international à l'Université Chapman.
Je vais d'abord demander à la contre-amirale Bernatchez de faire sa déclaration préliminaire.
:
Merci, madame la présidente. Ma déclaration préliminaire sera brève.
Permettez-moi en tout premier lieu de me présenter. Je suis la contre-amirale Geneviève Bernatchez, juge-avocate générale des Forces armées canadiennes. Je suis la conseillère juridique de la gouverneure générale, du et de son ministère, ainsi que des Forces armées canadiennes pour toutes les questions liées au droit militaire. J'ai aussi le mandat législatif d’exercer mon autorité sur tout ce qui touche à l’administration de la justice militaire au sein des Forces armées canadiennes.
[Français]
Je remercie le Comité de nous avoir invités, mes collègues et moi, à venir témoigner aujourd'hui. J'ai le plaisir d'être accompagnée du colonel Rakesh Jetly, psychiatre principal et conseiller en santé mentale auprès des Forces armées canadiennes, et de la colonelle Jill Wry, juge-avocat général adjointe pour la justice militaire.
[Traduction]
Les gens sont au coeur de tout ce que fait l’équipe de la Défense. La santé et le bien-être des membres des Forces armées canadiennes, notamment leur santé mentale, sont donc une haute priorité pour la Défense. Les soins et le soutien accordés à nos membres sont d'une importance capitale pour le succès opérationnel des Forces armées canadiennes. Le système de justice militaire a justement pour objet de soutenir l’efficacité opérationnelle des Forces armées canadiennes.
En effet, comme la Cour suprême du Canada nous l'a rappelé l'année dernière dans sa décision historique R. c. Stillman, « [le] système de justice militaire est […] conçu pour répondre aux besoins particuliers des troupes ». Il le fait de par son objet qui est de maintenir la discipline, l’efficacité et le moral des Forces armées canadiennes.
Par conséquent, le système de justice militaire reconnaît l’importance de la santé mentale et comporte les mesures de protection nécessaires pour protéger les personnes qui souffrent de troubles mentaux. Par exemple, une personne accusée doit être apte à subir un procès. Par ailleurs, on ne peut pas intenter un procès sommaire contre une personne accusée si elle souffrait de troubles mentaux au moment de l’infraction présumée. La défense de troubles mentaux est disponible. En outre, tous les membres accusés ont accès gratuitement à un avocat de la défense, y compris à une représentation complète en cour martiale.
L’an dernier, la Cour suprême du Canada a également confirmé la légitimité constitutionnelle du système de justice militaire et a affirmé qu’il est « un partenaire à part entière du système de justice civil dans l’administration de la justice ». Cette validation de la légitimité constitutionnelle du système de justice militaire est le résultat de la croissance et de l’évolution constante de ce système. Cette évolution est le fruit de développements législatifs réguliers et périodiques; d’initiatives en matière de politiques; d’examens externes; d’examens indépendants mandatés par la Loi sur la Défense nationale, tel que celui prescrit par le le 16 novembre dernier; de décisions judiciaires; et, surtout, de l’intérêt soutenu du Parlement à l’égard de son évolution.
[Français]
Mis ensemble, ces processus importants contribuent à l'évolution responsable et continue du système de justice militaire du Canada. Cette évolution est importante, nécessaire et positive.
Mon équipe et moi prenons l'évolution du système de justice militaire très au sérieux, afin qu'il puisse continuer de répondre aux normes juridiques et sociales canadiennes et qu'il puisse ultimement servir son but premier, soit de maintenir la discipline, l'efficacité et le moral des Forces armées canadiennes.
Je crois comprendre que le colonel Jetly a également quelques mots d'ouverture pour vous. Je vous remercie, membres du Comité, de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui pour l'aider dans cette importante étude.
Madame la présidente et membres du comité directeur de la Défense nationale, je suis le chef de la psychiatrie des Forces armées canadiennes, ou FAC. Je joue plusieurs rôles clés, y compris celui de conseiller la direction sur les questions de santé mentale. Je suis le clinicien principal en santé mentale des FAC. J'effectue et je facilite beaucoup de recherches sur la santé mentale des militaires, en plus de représenter les FAC au sein des comités internationaux de l'OTAN et au-delà. Je vous remercie de l'intérêt que vous portez au bien-être des hommes et des femmes des Forces armées canadiennes, et plus particulièrement à leur santé mentale.
Comme nous l'avons appris lors de nos recherches de haute qualité, la maladie mentale est courante dans les Forces armées canadiennes, tout comme elle l'est dans la société civile. Nos études, telles que l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes — Santé mentale (version FC) de 2002 et 2013, nous ont permis de comprendre le fardeau de la maladie mentale au sein de notre organisation par rapport à son fardeau sur la population civile. Selon les deux études, le taux de dépression au sein de notre organisation est plus élevé que celui au sein de la population civile. De plus, notre taux de trouble de stress post-traumatique a augmenté considérablement entre 2002 et 2013 — c'était après les conflits en Afghanistan, ce qui n'est pas surprenant. Par exemple, selon l'enquête de 2013, 15,7 % des membres des FAC souffrent d'une dépression permanente, et 11,1 % vivent un stress post-traumatique permanent.
Tout aussi important que ces chiffres bruts, ces études nous en disent aussi long sur la recherche d'aide et les obstacles perçus aux soins et nous aident à comprendre ce que nous appelons « l'écart des besoins en soins ». Alors que nous continuons à faire évoluer nos programmes, nous sommes guidés par ces études et la science dans le but de fournir aux membres des FAC un accès rapide à des soins fondés sur des preuves.
Les obstacles bien connus aux soins incluent le fait que certaines personnes ne savent pas qu'elles sont atteintes d'une maladie mentale pouvant être traitée. Les gens préfèrent aussi souvent être autonomes. Ils s'inquiètent pour leur carrière et, bien sûr, il y a des préjugés associés aux maladies mentales. Les gens craignent d'être perçus comme faibles s'ils reçoivent des soins de santé mentale.
Les programmes que nous avons élaborés sont conçus expressément pour contrer ces obstacles aux soins. Par exemple, le programme En route vers la préparation mentale vise à sensibiliser nos membres, à leur apprendre des capacités d'adaptation, à réduire les préjugés et à accroître la recherche d'aide. Le terme « traumatismes liés au stress opérationnel » légitime concrètement les dommages psychologiques au même rang que les dommages physiques.
Je crois savoir que ce comité est également intéressé par la discussion sur la prévention du suicide au sein des FAC. Malheureusement, des suicides se produisent dans notre société, et les Forces armées canadiennes ne font pas exception. Les chiffres varient selon les sources, mais d'après Statistique Canada, 11 Canadiens se suicident chaque jour, c'est-à-dire environ 4 000 par année. Au Canada, le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes de 15 à 34 ans, et il est trois fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. Le tiers des gens qui se suicident sont âgés de 45 à 59 ans. Un coup d'oeil rapide sur ces chiffres montre que les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes font partie des catégories démographiques à haut risque.
Au sein des Services de santé des Forces canadiennes, nous sommes déterminés à mieux comprendre le suicide afin de mieux gérer et d'atténuer ses risques. Nous communiquons régulièrement avec nos alliés afin de tirer parti de la sagesse collective pour mettre en oeuvre des approches qui nous semblent utiles.
Il est également important de se rappeler que le suicide n'est pas uniquement un problème de santé. Le suicide est un problème complexe et multifactoriel qui implique habituellement un problème de santé mentale, diagnostiqué ou non; un facteur de stress, habituellement interpersonnel; certains facteurs ou traits de personnalité, comme l'impulsivité; et, bien sûr, l'accès à un moyen de se donner la mort.
Je peux m'étendre plus longuement sur le sujet si c'est ce que vous désirez, mais le modèle mentionné offre de nombreux moyens de prévenir le suicide. Au sein des Forces armées canadiennes, nous considérons que la prévention du suicide est une responsabilité collective qui implique les dirigeants, les collègues, les pairs, les prestataires de soins de santé et l'ensemble de la communauté.
En 2009 et en 2016, nous avons convoqué des groupes d'experts sur la prévention du suicide. Nous avons invité des universitaires et des experts militaires du Canada et de nos pays alliés pour nous aider à évaluer et à guider nos efforts dans ce dossier important.
Nous avons récemment apporté des changements qui incluent une collaboration avec l'Association des psychiatres du Canada afin de créer le Guide du clinicien des Forces armées canadiennes sur la prévention du suicide. Il s'agit d'un document exhaustif qui définit l'évaluation du risque et la gestion de la suicidalité. Nous avons adopté l'Échelle d'évaluation de Columbia sur la gravité du risque suicidaire pour normaliser la façon dont nous déterminons un risque élevé de suicide. Nous avons également mis en place une thérapie cognitivo-comportementale du suicide dans le cadre de notre formation à l'échelle du pays. Cette thérapie cognitivo-comportementale vise tout spécialement à s'attaquer aux comportements suicidaires, et pas seulement au trouble de santé mentale sous-jacent.
En mars de cette année, les membres des Forces armées canadiennes, comme tous les Canadiens, et le reste du monde d'ailleurs, ont été confrontés à un facteur de stress sans précédent, la pandémie de COVID-19, qui a eu des répercussions sur nous tous et sur laquelle votre comité a tenu des discussions. Des services de santé mentale ont été accessibles à tous les militaires sans interruption. Dès le début, nos dirigeants ont considéré les soins de santé mentale des membres des Forces armées canadiennes comme une priorité. Nous avons dû faire face à des défis, comme tous les systèmes de santé, car nous devions nous conformer aux politiques locales, municipales et provinciales tout en gérant les risques pour nos patients et notre personnel face à la pandémie.
Les services ont continué et continuent d'être fournis. Partout au pays, des soins en santé mentale sont offerts dans nos cliniques par divers moyens, que ce soit par des évaluations en personne — où patients et médecins portent, comme il se doit, de l'équipement de protection individuelle —, par téléphone, ou en ligne à l'aide de plateformes vidéo. Cette mise en œuvre s'est heurtée à quelques difficultés sur le plan technologique, comme un accès limité au WiFi dans certains de nos bâtiments et des problèmes de compatibilité avec les plateformes commerciales. C'est un aspect que nous continuerons à peaufiner.
Nous pourrons en discuter plus longuement, si vous le souhaitez, mais en tant que membre des Forces armées canadiennes depuis la fin de la guerre froide, je sais que les services de santé que nous fournissons existent non seulement pour soigner les malades et les blessés, mais aussi pour maintenir l'état de préparation opérationnelle pour les situations où l'on attend de nous que nous intervenions et agissions au nom de la population canadienne.
Au cours de cette pandémie, les FAC sont intervenues, au pays et à l'étranger, lorsqu'elles ont été appelées à le faire, et les services de santé ont soutenu les militaires qui participaient à ces opérations.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre aux questions du Comité. J'aimerais également vous informer que ce sera la dernière fois que vous me verrez en uniforme, puisqu'après 31 ans de service, je suis déjà bien engagé dans le processus de transition vers la vie civile qui s'achèvera au début de 2021.
Je vous remercie.
:
Bonjour. Félicitations, colonel Jetly, pour votre retraite. C'est fantastique.
Je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole au sujet du , qui modifierait l'article 98 de la Loi sur la défense nationale en abrogeant l'infraction relative à la mutilation ou à la blessure infligée à soi-même, ce qui empêcherait les Forces armées canadiennes de punir les militaires qui se mutilent ou se blessent dans l'intention de se rendre inapte au service.
Je suis professeure à l'Université Chapman à Orange, en Californie. J'ai aussi été officier du JAG de l'armée. Je dirige actuellement le Chapman's Military and Veterans Law Institute, où des étudiants en droit et de récents diplômés de facultés de droit, sous ma supervision, représentent d'anciens combattants et des militaires dans toutes sortes d'affaires juridiques. J'ai corédigé avec un collègue, Ari Freilich, un court article intitulé « Self-Inflicted Wounds: How Military Regulations Prejudice Service Members », et c'est ce qui a mené à mon invitation à comparaître devant votre comité. Malheureusement, M. Freilich n'a pas pu se joindre à moi en raison d'un conflit d'horaires impossible à dénouer, mais j'ai tenu compte également de ses observations dans mes remarques.
Passons maintenant à notre sujet. D'une part, nous pouvons certainement comprendre pourquoi les forces armées d'un pays seraient tentées de criminaliser la mutilation ou la blessure infligée à soi-même, en particulier la veille d'un combat. Personne, pas même le soldat le plus discipliné et le mieux entraîné, n'a envie de courir calmement vers les mâchoires de la mort. Nous savons qu'il faut énormément de volonté et de courage pour réfréner cet instinct de fuite. Certains pourraient être tentés de conclure, d'ailleurs, que se donner la mort ou se blesser eux-mêmes est préférable à se faire tuer ou blesser par un ennemi.
D'autre part, la criminalisation de la mutilation ou de la blessure infligée à soi-même nuit aux militaires les plus vulnérables. Nous le constatons particulièrement à mesure que notre compréhension du trouble de stress post-traumatique progresse et que le taux de suicide chez les militaires continue de grimper en flèche.
Au cours de mes 20 années de pratique du droit militaire et du droit des anciens combattants, dont six en service actif, j'ai appris que les condamnations pour crime de simulation causent des préjudices permanents et des souffrances incommensurables à nos militaires. Cela leur donne un sentiment de honte, les incite à cacher leur détresse, les plonge encore plus profondément dans la dépression et, paradoxalement, les rend plus susceptibles de se suicider. Honteux, ils évitent de demander l'aide dont ils ont besoin. Il n'est pas étonnant que les États-Unis soient aux prises avec une épidémie de suicides parmi les militaires. Le mois dernier, USA Today a rapporté que le taux de suicide chez les militaires est à son niveau le plus élevé en six ans, soit 25,9 par 100 000. D'après ce que j'ai lu, les statistiques sont comparables au Canada: il y a plus de militaires qui se sont suicidés en 10 ans que de militaires qui ont été tués en Afghanistan en 13 ans.
Je vais vous donner quelques exemples concrets. À notre clinique, nous avons eu plusieurs cas où des militaires avaient été sévèrement punis pour avoir tenté de se suicider. Il y a quelques années, un ancien combattant décoré avait été chargé de désamorcer des engins explosifs improvisés durant plusieurs déploiements en zone de guerre. Il prenait des médicaments et avait reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique. Alors qu'il était en déploiement et qu'il s'efforçait de tenir le coup, il s'est fait imposer une prolongation de son tour de service, ce qui signifiait qu'il ne pouvait pas retourner à la maison à la date prévue. Dans un état de détresse, il s'est tiré une balle dans la poitrine. Soumis à un interrogatoire hostile de la part de son commandement durant son hospitalisation dans un établissement psychiatrique, il a admis sans ambages qu'il avait « voulu mourir parce qu'il ne pouvait pas retourner au combat ». Son commandement n'a jamais mis en doute l'authenticité de la tentative de suicide, mais il a considéré sa déclaration comme l'admission d'un crime. Il n'a fait aucune distinction entre la volonté de mourir du militaire à cause de son trouble de stress post-traumatique et une intention frauduleuse de simulation afin de préserver sa propre vie aux dépens des forces armées.
Comme nous l'avons fait valoir dans notre article de la revue de droit, d'autres interdictions concernant la fraude ou le fait de se soustraire à son devoir suffisent déjà à dissuader et à pénaliser les réelles tentatives de simulation. Étant donné l'incompréhension et les préjugés encore largement répandus à l'égard des comportements autodestructeurs liés aux problèmes de santé mentale, les commandements interprètent trop souvent toute infraction dont le principal élément est la mutilation ou la blessure infligée à soi-même comme une occasion de punir les militaires suicidaires et de leur imposer une libération de façon punitive. Cela les dissuade de demander de l'aide, surtout en l'absence de protections juridiques claires visant à prévenir le traitement punitif de personnes dont la conduite est motivée, au moins de manière importante, par une blessure psychologique ou une maladie mentale, qu'elle ait été diagnostiquée ou non avant la tentative.
Un autre de nos clients, un ancien combattant décoré de 21 ans, était sous forte médication en raison de blessures psychologiques diagnostiquées et d'un poignet couvert de cicatrices qu'il s'était ouvert et qui était fixé par quatre agrafes, lorsque le chef de son équipe est venu dans sa chambre de l'aile psychiatrique de l'hôpital afin de le menacer d'un procès en cour martiale pour avoir « tenté de se blesser ou de se tuer ». Il est resté dans un hôpital psychiatrique de l'armée durant cinq semaines avant qu'on lui impose une libération stigmatisante pour inconduite parce qu'il s'était entaillé le poignet avec une lame de rasoir. Il n'avait aucun antécédent disciplinaire. Il a rapidement reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique grave, et il a failli mourir par pendaison à la suite d'une deuxième tentative, mais son frère l'a découvert à temps.
La criminalisation du suicide dans les forces armées va à l'encontre de la jurisprudence dans le domaine civil. Dans le secteur civil, la plupart des États américains avaient décriminalisé les tentatives de suicide à la fin de l'époque de la voiture à cheval. Il y a plus de 50 ans, les rédacteurs du Model Penal Code ont écrit: « Bien que la tentative de suicide soit encore considérée comme [criminelle] dans quelques États, nous pensons qu'il est clair que ce n'est pas un domaine dans lequel le droit pénal peut être efficace et que son intrusion dans de telles tragédies est un abus. »
Les rédacteurs ont également rejeté la criminalisation des mutilations non suicidaires. Aucun tribunal américain n'a sanctionné comme un crime une tentative de suicide depuis 1961. La Cour suprême de la Californie a écrit il y a 30 ans que « toutes les recherches modernes aboutissent à une seule conclusion en ce qui concerne le problème du suicide: la non-pertinence du droit pénal pour le résoudre ». La cour fédérale du neuvième circuit est de cet avis; elle dit qu'il y a un « consensus moderne » dans ce domaine du droit.
Bien qu'elles soient déphasées par rapport au droit moderne, les forces armées continuent néanmoins de punir les tentatives de suicide de leurs militaires. Il n'est guère étonnant que le taux de suicide et de blessures volontaires continue de grimper chez les militaires américains, malgré les mesures punitives prises à ce chapitre.
Ce phénomène entraîne également des dommages collatéraux dans notre système lorsqu'on refuse d'accorder des prestations d'anciens combattants à ceux qui en ont le plus besoin. La plupart des clients que nous représentons à notre institut cherchent à faire relever le niveau de leur libération, car la Veterans Administration exige, pour la plupart des prestations, l'obtention d'une libération honorable ou de niveau général.
La Veterans Administration offre toutes sortes d'avantages, dont une prestation d'études qui paie les droits de scolarité, les manuels, les frais, et même une indemnité de subsistance pour les vétérans qui étudient à temps plein dans un collège ou une université. Cependant, pour recevoir ces prestations, les militaires doivent avoir obtenu une libération de niveau supérieur. Même une infraction mineure peut entraîner une libération à un niveau inférieur et rendre la personne non admissible à la prestation d'études offerte aux États-Unis.
Les militaires qui bénéficient le plus de cette prestation sont ceux qui faisaient partie de groupes professionnels militaires liés au combat: ceux qui maniaient les armes, ceux qui servaient dans les forces spéciales, les experts en déminage, et ainsi de suite. Ces emplois dangereux n'ont pas d'équivalents civils; les militaires qui ont le plus besoin des prestations d'études sont donc ceux qui ont été les plus exposés au combat et ceux qui sont les plus susceptibles de souffrir d'un trouble de stress post-traumatique et de commettre des infractions à la discipline qui semblent aller de pair avec un diagnostic de trouble de stress post-traumatique, des infractions qui, malheureusement, comprennent souvent la simulation.
Pour les raisons que j'ai mentionnées, j'appuie la proposition du Canada de retirer la disposition relative à la mutilation ou à la blessure infligée à soi-même de la définition de simulation. Je serai heureuse de vous fournir tout autre renseignement, à votre demande, et de répondre à vos questions.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de témoigner sur cette question importante.
:
Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que tous les témoins, d'être présents aujourd'hui.
Je remercie tous les militaires au pays pour les services qu'ils rendent au Canada.
Contre-amirale Bernatchez, concernant l'alinéa 98c), j'ai l'impression qu'il faudrait le scinder. La première partie concernerait la période prédéploiement et la période avant le combat pendant lesquelles la personne qui se mutile ou se blesse intentionnellement est accusée d'un acte criminel, puisqu'elle tente de se soustraire à son devoir.
La deuxième partie, elle, concernerait l'après-déploiement, après que la personne ait été au combat et qu'elle en ait vécu l'horreur et le carnage. Elle souffre alors de problèmes de santé mentale et c'est ce qui peut la pousser à se mutiler. Je ne crois pas que ces deux situations soient équivalentes. Dans le premier cas, la personne cherche à se soustraire à son devoir et, dans le deuxième cas, la personne subit les contrecoups de la participation aux combats.
Pourriez-vous dire ce que vous pensez de la possible modification de l'alinéa 98c)? Quel point de vue différent pourrions-nous adopter?
:
La première chose que je souhaite faire, c'est de manifester ma gratitude pour l'intérêt et les préoccupations exprimés devant le Comité. Assurément, les renseignements que je veux donner aux membres du Comité visent vraiment à étoffer leur compréhension de la loi de la façon la plus juste possible.
Premièrement, je voudrais préciser que l'alinéa 98c) de la Loi sur la défense nationale concerne les situations où un membre se blesse délibérément dans l'intention précise de se soustraire au service. Les exemples bien connus de situations du genre sont les cas où un soldat se tire dans le pied ou se coupe un doigt pour éviter d'être envoyé au front. C'est de cette façon que la Loi sur la défense nationale a été interprétée dans la jurisprudence du droit militaire canadien.
À ce que je sache, la professeure Rotunda pourra donner son avis à ce sujet, contrairement au Uniform Code of Military Justice, qui n'exige pas de preuve de l'intention de se soustraire au service, le Code de discipline militaire canadien, précise expressément cette exigence dans l'alinéa 98c).
Je voudrais également mentionner que certains de nos alliés sont également conscients de la nécessité de répondre à ce genre de situations afin d'assurer que les forces seront prêtes à aller au combat ou à venir en aide à la population au besoin. Il existe des dispositions similaires dans le code de discipline militaire des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie, du Danemark, de l'Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne et de la France, pour ne nommer que ces pays.
Ce qui pourrait être utile à mon avis, ce n'est pas de supprimer l'alinéa 98c) au complet et de ne plus prendre en compte les situations qu'il vise, mais, comme c'est le cas pour d'autres infractions au Code de discipline militaire, d'ajouter une note dans les Ordres et règlements royaux afin de mentionner explicitement l'intention. Je pense à quelque chose comme: « la présente infraction ne concerne pas la personne qui tente de se suicider ou de se blesser pour une raison autre que de se soustraire au service ». Cela clarifierait l'intention du législateur et les situations que l'alinéa ne vise pas et permettrait d'apaiser certaines des inquiétudes, à mon avis.
:
D’abord, la « simulation » est inscrite à l’article 83 de notre United Code of Military Justice. Ce dernier comprend une disposition qui cible toute personne assujettie à ce chapitre du code qui simule une maladie... se mutile ou se blesse intentionnellement dans le but de se soustraire à son travail, à son devoir ou à son service. Donc la question de l’intention est abordée. Ce n’est pas aussi clair que dans la législation canadienne, mais c’est présent.
Une des choses que nous avons découvertes, c’est que, lorsqu’un commandant souhaite punir un militaire, il n’a pas de mal à arriver à la conclusion que l’intention de la personne était de se soustraire à son travail. Les exemples que nous avons montrent que la situation où un militaire, après avoir fait une tentative de suicide, affirme qu’il « ne peut pas retourner au combat » est très différente de celle où une personne dirait « j’ai peur de suivre cette formation ».
Je crois qu’on a exprimé un peu plus tôt l’idée d’être en mesure de faire la distinction avec les cas où une personne en santé et apte a peur, comme tout le monde, et qu’elle se blesse intentionnellement. Il faut être en mesure de faire une distinction avec les personnes qui souffrent de maladies mentales graves. Vous avez parlé de créer deux grilles d’analyse, l’une concernant le prédéploiement et l’autre, l’après-combat. Je crois que faire une distinction entre la personne qui se blesse intentionnellement avant le déploiement et une personne qui le fait après son déploiement est possiblement une bonne façon d’aborder le problème. La seule chose, c’est qu’il faudrait faire bien attention à la façon dont on fait cette distinction, parce que, du côté des États-Unis du moins, beaucoup de gens qui se joignent aux forces armées ont déjà vécu de la violence dans le passé et ils arrivent avec... Certains souffrent déjà de troubles de stress post-traumatique lorsqu’ils se joignent aux forces armées. Même si je crois qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction... J’applaudis le Canada, sincèrement, d’étudier cette question et de réellement tenter de trouver une façon de modifier la loi afin d’arriver aux résultats que nous voudrions obtenir.
Je crois que, dans certains cas, la simulation doit être punie. On ne peut permettre aux gens de laisser une brique tomber sur leur pied la veille de leur marche avec sac à dos parce qu’ils ne veulent pas y participer.
Je ne sais pas si cela répond à votre question. Je peux préciser ma pensée si vous le souhaitez.
:
Je vous remercie de votre question.
Je pourrai demander à ma collègue, la colonelle Wry, de donner plus d'informations sur les statistiques.
Ce qu'on a pu colliger comme statistiques au cours des derniers mois, c'est que ces accusations ont été portées de nombreuses fois pendant la Seconde Guerre mondiale, soit plus de 300 fois. On a donc établi que cette infraction a été fort utilisée.
Depuis les années 2000, il y aurait eu deux accusations émises spécifiquement en vertu de l'alinéa 98c). Dans l'un de ces cas, quelqu'un a été trouvé coupable et l'autre accusation a été retirée.
Ma collègue, la colonelle Wry, a peut-être d'autres précisions à apporter.
:
C’est une excellente question, parce que je travaille en santé mentale depuis 30 ans et que, en particulier depuis 20 ans, j’ai eu à participer à pratiquement toutes les enquêtes sur les cas malheureux de suicides au sein des Forces armées canadiennes et je peux affirmer que, certainement depuis 10 ans, jamais un patient ou sa famille n’a mentionné que c’était la raison pour laquelle la personne n’avait pas été chercher de l’aide. Encore là, on ne peut prouver que quelque chose n’existe pas, c’est scientifiquement impossible.
Je crois qu’il existe des obstacles auxquels il faut s’attaquer. Je crois que je les ai mentionnés. Parmi ces obstacles, on compte la stigmatisation; l’incapacité à reconnaître l’existence d’une maladie mentale, par exemple quelqu’un qui dit quelque chose comme: « J’ai 40 ans et je traîne de la patte, je suis peut-être en dépression, ou pas. » Assurément, se questionner sur ses choix de carrière est tout à fait légitime et cela se produit dans les forces chez tous nos alliés.
Nous ne demandons jamais explicitement aux gens s’ils craignent d’être punis, mais la question que se posent les gens est la suivante: « Si je dis que je souffre d’une maladie mentale ou de tout autre trouble de santé, est-ce que cela aura un impact sur mon employabilité ou sur l’universalité de service? »
Donc, à ma connaissance, l’alinéa 98c) n’a jamais eu d’incidence sur un patient ou un collègue au sein des Forces armées canadiennes. Je suis le haut gradé. Si une telle situation était survenue parmi les agents contractuels ou parmi le personnel en uniforme, j’en aurais probablement été informé. Encore là, cela ne prouve pas que cela n’existe pas. Évidemment, les craintes relatives aux impacts sur la carrière constituent un obstacle valide auquel il faut s’attaquer.
:
Je vais commencer par ce point.
La transition de l'intention, à l'idéation, à la tentative — qu'il s'agisse d'une tentative sérieuse ou non — puis à l'acte de suicide proprement dit est un peu... Le processus de transition entre ces étapes fait l'objet d'un débat dans les milieux universitaires. Existe-t-il des différences entre les personnes qui multiplient les tentatives de suicide et les personnes qui se sont suicidées? Je pense que c'est la clé.
On ne peut jamais vraiment obtenir un nombre juste et fiable de tentatives et j'ai essayé d'en parler avec vos prédécesseurs. Si quelqu'un fait une overdose le vendredi et se réveille le samedi et continue sa journée, nous ne le saurons jamais.
Selon la politique en matière de rapports d'incidents qui est en place, si quelqu'un dans la chaîne de commandement prend conscience d'une tentative de suicide, il doit remplir un formulaire. Nous recueillons l'information, et la communication entre le dirigeant et l'autorité médicale supérieure sur le terrain vise à assurer la prise en charge de la personne concernée. La chaîne de commandement et l'autorité médicale supérieure, que nous appellerons le « médecin-chef de la base » en raison de mes antécédents militaires, communiqueront parce qu'il arrive parfois que le patron prenne conscience d'un incident ou que la police militaire trouve quelqu'un et il faut que le médecin en soit informé. Cela ne vise qu'à faire en sorte qu'ils sont sur la même longueur d'onde.
L'information est envoyée à notre administration centrale au sein de la direction et nous en assurons le suivi. Nous avons les nombres et je crois que nous avons produit ce document dans un autre dossier. Je ne l'ai pas pour l'instant, mais il vous parvient.
Au bout du compte, nous mettons l'accent sur la prise en charge de la personne. La thérapie cognitivo-comportementale du suicide, que nous avons mise en place ces dernières années et sur laquelle nous offrons des formations partout au Canada, dans les deux langues officielles, se trouve à être un pivot qui suit le milieu universitaire. Dans ma jeunesse et pendant la plus grande partie de ma carrière, lorsqu'une personne était dépressive et suicidaire, on ne ménageait aucun effort pour traiter la dépression afin d'essayer de la soulager. La thérapie cognitivo-comportementale du suicide permet de cibler spécifiquement le comportement suicidaire en donnant au patient la sécurité, les compétences et les mesures de protection nécessaires pour essayer de prévenir ce comportement.
Dans notre système médical, l'approche en matière de tentative de suicide consiste en fait à faire en sorte que la chaîne de commandement soit au courant des ressources disponibles pour les personnes concernées et des services fournis par nos cliniciens, sur une base individuelle, pour les aider à acquérir les compétences nécessaires pour essayer de trouver d'autres solutions que l'automutilation.
:
Je partage tout à fait cette crainte. Nous demandons à nos soldats — et aux militaires en général — de faire certaines choses. Nous nous aventurons en terrain inconnu. En tant que personne qui a assez longtemps... J'étais au Rwanda il y a quelques années et j'ai vu beaucoup de morts et beaucoup de souffrances dans de tels endroits.
Il s'agit d'une approche à deux volets. En route vers la préparation mentale, un programme de sensibilisation, de formation, d'autosoins et d'adaptation, a été fourni aux personnes avant et après le déploiement afin qu'elles disposent d'outils et prennent connaissance des ressources disponibles. Je pense que ma collègue la lieutenante-colonelle Bailey, qui occupe le bureau voisin du mien depuis une dizaine d'années, vous en a parlé. Il s'agit d'un excellent programme que beaucoup de nos alliés empruntent également.
Par ailleurs, dans un esprit de curiosité, certains d'entre nous se sont réunis de façon très opportuniste et ont pensé que ce serait un sujet d'études très important. Nous avons lancé ce que nous appelons une « étude longitudinale à méthodes mixtes » pour étudier les répercussions d'un déploiement. Nous effectuons des enquêtes, faisons remplir des questionnaires et réalisons des entrevues pour cerner les répercussions.
En toute honnêteté, en tant que clinicien-chercheur, je suis très curieux. D'une part, je peux imaginer de jeunes soldats se demander ce qu'ils font dans ce genre de déploiement, car ils ne se sont pas enrôlés pour participer à de telle opération. D'autre part, quelqu'un d'autre pourrait penser qu'il est vraiment bien d'aider les gens dans leur propre pays plutôt qu'à 7 000 miles de là.
Nous avons cette curiosité, qui nous mène à effectuer des enquêtes, à faire remplir des questionnaires et à réaliser des entrevues afin de déterminer les répercussions sur la santé mentale et de savoir si les gens se sentaient bien préparés après la formation, ce qui aura un effet sur les dirigeants.
Nous nous penchons également sur le concept de préjudice moral, qui consiste à déterminer si le fait de voir la mort, la mortalité, la souffrance et l'impuissance entraîne la culpabilité, la honte et d'autres éléments.
C'est une approche à deux volets. D'un point de vue pratique, nous nous occupons absolument d'eux du mieux que nous pouvons, mais nous sommes aussi curieux et nous apprenons. Je pense que beaucoup d'entre nous estiment que de telles opérations nationales se poursuivront. En tant qu'organisation apprenante, nous faisons des recherches pour continuer à faire connaître nos conclusions. Il s'agit de notre autre objectif.
:
Je vous remercie. Je peux peut-être commencer à répondre à la question, puis mon collègue, la colonelle Wry, pourra fournir d'autres informations.
En ce qui concerne le fait que l'alinéa 98c) a été utilisé à deux reprises depuis 2000, il est toujours très difficile, dans tout système de justice, d'expliquer pourquoi un article particulier est utilisé ou non. Par exemple, dans le système de justice militaire, nous savons qu'environ 70 % de toutes les accusations portées se rapportent toutes au même type de catégorie. Elles répondent aux circonstances qui prévalent au moment où elles sont utilisées. Il se peut — et mes propos sont purement spéculatifs — que l'alinéa 98c) ait eu un effet dissuasif sur les personnes qui avaient l'intention spécifique de se blesser pour quitter les Forces canadiennes et les a dissuadés de le faire parce qu'elles savaient que l'infraction existait. Je ne le sais pas; je ne fais que suggérer la possibilité.
L'autre chose que je peux souligner est que, avant d'utiliser l'alinéa 98c), une approche globale serait adoptée pour conseiller ceux qui porteraient les accusations et qui en disposeraient, comme c'est le cas pour la plupart des infractions. Dans de telles circonstances, le commandant consulterait son médecin militaire. La personne est-elle considérée comme une personne qui n'est pas apte à subir un procès ou qui souffre d'un préjudice psychologique?
Il recevra également des conseils juridiques de son conseiller juridique. Est-il approprié ou non de porter des accusations en vertu de cet article précis de la Loi sur la défense nationale? Il faudrait en informer le responsable de la mise en accusation et il y aurait une consultation. Des conseils seraient fournis au responsable de la mise en accusation afin qu'il ne recoure pas à l'accusation de façon inappropriée.
Ma collègue peut possiblement vous fournir d'autres informations.
:
Oui, à propos des effectifs. Encore une fois, je m'engage à présenter des données précises sur les effectifs. Aux dernières nouvelles, environ 90 % des postes étaient pourvus. La situation est demeurée assez stable au cours des dernières années. Elle est due en grande partie à un taux d'attrition normal. La difficulté vient en partie du fait que beaucoup de cliniciens civils ont un conjoint militaire et doivent déménager lorsque celui-ci est affecté ailleurs.
Les professionnels de la santé mentale sont en grande demande. Le ratio du nombre de fournisseurs de services de santé mentale par rapport au nombre de militaires est l'un des plus élevés de l'OTAN. Nous pouvons donc nous estimer chanceux d'avoir autant de ressources dans ce domaine.
Nous surveillons constamment les listes d'attente. Nous cherchons toujours à améliorer l'efficacité. Nous recevons les listes d'attente régulièrement. Nous avons des points de repère. C'est difficile, parce qu'il n'existe pas vraiment de bons points de repère en matière de liste d'attente pour les services de santé mentale au civil, comme c'est le cas pour les opérations de la hanche ou du genou, par exemple. Mais lorsque les lignes directrices ne sont pas respectées, nous collaborons avec la base pour cerner les raisons et offrir les solutions que nous avons, ce qui, j'espère... En fait, un bon côté de la COVID a été de rendre les gens plus à l'aise avec l'utilisation de la télépsychiatrie et de la télémédecine, qui permettent aux bases plus affligées d'obtenir des services auprès d'autres bases.
Ces options sont couramment utilisées dans le triangle que forment Esquimalt, Vancouver et Comox en Colombie-Britannique, où les psychologues ou psychiatres offrent des services à d'autres bases sans avoir à se déplacer... Nous espérons que ce genre d'arrangements uniformisent un peu les choses, car, comme vous le savez, certaines bases sont situées dans des endroits très isolés alors que d'autres, comme celle d'Halifax, sont à distance de marche d'un centre universitaire.
C'est un travail jamais achevé: le suivi est constant et le problème est continu. En ce moment, nous sommes loin d'être en état de crise. Les choses sont stables. On peut toujours faire mieux, cependant. Je vous fournirai des données précises sur les ressources humaines.
Je veux simplement revenir sur un point, celui concernant [Difficultés techniques] le nombre de cas de simulation. Souvent, le nombre de cas enregistrés est une mesure imparfaite. En effet, lorsque l'on tient compte des cas où la section a aussi été compromise, on se retrouve avec seulement quelques cas qui se sont rendu jusqu'au système de justice militaire.
À notre clinique, nous constatons que, dans la majorité des cas, ce sont des personnes qui ont traversé non pas le processus pénal, mais le processus administratif et qui ont été renvoyées à un grade inférieur, uniquement pour simulation, c'est-à-dire pour avoir simulé une tentative de suicide.
Ces cas n'apparaissent jamais dans le système. Ainsi, de notre côté, le nombre de cas enregistrés n'indique pas vraiment l'ampleur du problème, parce qu'une grande partie de celui-ci se manifeste à un niveau inférieur. Par la suite, les militaires n'arrivent pas à obtenir certaines prestations dont ils ont besoin et qui sont destinées aux anciens combattants. Je ne suis pas certaine de la manière dont les choses fonctionnent au Canada, mais je voulais tout de même offrir cette observation, qui pourrait vous être utile dans votre étude de la situation au Canada.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie également les témoins d'être parmi nous encore une fois aujourd'hui. Merci de votre présence et merci de votre service.
Colonel Jetly, je vous remercie et je vous félicite. Je suis certain que vous vous réjouissez à l'idée de passer au prochain chapitre de votre vie.
En 2016, nous avons publié le Rapport du Comité d'experts sur la prévention du suicide dans les Forces armées canadiennes, une stratégie conjointe de prévention du suicide. On y indique que, pour certains militaires, la période de transition entre la libération des Forces armées canadiennes et l'état d'ancien combattant peut susciter beaucoup de stress et un sentiment de vulnérabilité.
La base des Forces canadiennes Borden située dans Simcoe—Grey, ma circonscription, est l'une des plus grandes sinon la plus grande du pays. Nous constatons que beaucoup de militaires décident, après leur carrière dans les Forces, de s'établir à Wasaga Beach, à Alliston ou à Angus, ou dans une autre localité de la région, ce qui est bien. Assurément, nous voulons trouver une façon de les intégrer sans difficulté à notre collectivité. Au fil des ans, nous avons souvent entendu dire qu'ils semblent avoir du mal à obtenir du soutien en personne, disponible 24 heures par jour, sept jours par semaine, près de chez eux. Je sais que s'ils ont des problèmes de stress ou de santé mentale, par exemple, ils ont un numéro et ils doivent se rendre à Toronto. Toutefois, même pour une personne qui n'est pas stressée avant de partir, il est garanti que conduire à Toronto va s'avérer une source de stress.
Voici ma question. Compte tenu de ce que nous avons entendu et ce dont nous avons discuté, croyez-vous que ce serait une bonne idée d'offrir des services sur place? Je sais qu'il y a un projet d'expansion en cours à l'hôpital d'Alliston, à proximité. Serait-ce une bonne idée de collaborer afin d'offrir des services plus près, pour que ces personnes demeurent dans la collectivité et obtiennent de l'aide durant cette période stressante? Je sais qu'elles se préoccupent aussi des arriérés du ministère des Anciens Combattants. Je crois donc que nous avons le devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour leur venir en aide.
:
La question a de multiples volets. C'est intéressant, car j'ai passé les quatre premières années de ma carrière à Borden et je connais bien Alliston, Angus, Barrie et toute la région. J'ai beaucoup de bons souvenirs de l'endroit.
Tout comme nos alliés, nous sommes de mieux en mieux informés au sujet de la transition. Avec mes collègues, j'ai beaucoup discuté du concept des transitions, au pluriel.
Borden est une base d'entraînement et beaucoup, beaucoup de personnes qui y arrivent viennent de la société civile. La transition vers la vie militaire est difficile. Ces personnes viennent de terminer leur entraînement de base. Elles sont loin de leur famille et elles doivent acquérir des compétences et apprendre leur métier. Durant les quelques premières années, il y a des élèves officiers, des soldats en début de carrière, qui se suicident ou ont des comportements autodestructeurs. Il y a aussi une transition qui s'opère au retour d'un déploiement. La première année qui suit un déploiement comporte un risque accru de difficultés familiales, de comportements autodestructeurs et de maladie mentale. C'est pourquoi nous avons des processus de présélection et de réintégration. Nous avons modifié la manière dont se déroule le retour des militaires après un déploiement.
Il y a aussi, évidemment, la transition vers la vie civile. Peu importe les circonstances, il s'agit d'une période stressante et difficile. Il faut se procurer une nouvelle carte d'assurance-maladie. Il faut faire une foule de choses que l'on n'a jamais faites auparavant, comme trouver un médecin de famille, ce qui cause du stress. Si on ajoute la maladie mentale à une libération pour raisons médicales, le stress ressenti est encore plus grand.
Pour ce qui est des soins de santé offerts dans les hôpitaux locaux, je crois que c'est Stevenson Memorial, si je me souviens bien?
:
Oui, je peux en parler en termes généraux.
D'un point de vue historique, l'une des raisons pour lesquelles il s'agit maintenant d'une stratégie conjointe — et votre collègue qui a posé une question auparavant l'a évoquée avec justesse —, c'est que l'on a pleinement conscience des risques particulièrement grands associés à la transition. La vie au sein des Forces armées canadiennes est très différente. Il s'agit d'un environnement très contrôlé et riche en ressources. Nous avons des collègues, une chaîne de commandement et un système de santé qui offre des soins primaires à tout le monde. La transition vers le monde civil... Le but est que le passage d'un ministère à l'autre se fasse en douceur.
Il y a d'innombrables éléments qui entrent en ligne de compte, et ils concernent... Comme je l'ai dit plus tôt, le suicide est un enjeu complexe. La structure, la vocation, la santé, le déménagement et la réinstallation sont autant de facteurs qui entrent en ligne de compte, mais l'idée est qu'il faut admettre que le simple fait de déménager est une source de stress et que le stress peut accroître les idées suicidaires, surtout chez les personnes malades. Les services de santé sont donc un petit aspect, mais un aspect non négligeable. Nous nous sommes efforcés d'améliorer la transition vers Anciens Combattants Canada, surtout en ce qui concerne la détection des maladies. Au début de ma...
:
Ce n'est pas une question simple, car les chiffres ne disent jamais tout.
Selon la dernière enquête auprès de la population que nous avons fait, en 2013, je crois que la prévalence pour la vie complète était de 11,1 %. Il s'agit de la prévalence pour la vie en entier, peu importe la cause. L'enquête ne précise pas « à cause de l'Afghanistan », par exemple. Cela peut découler d'un traumatisme vécu dans la jeunesse, comme un témoin précédent l'a souligné. Il me semble, et on me corrigera plus tard si je me trompe, que la prévalence sur 12 mois était d'environ 5 %, soit le double de ce que l'enquête de 2002 avait révélé.
N'oublions pas que la dépression a toujours été et sera toujours, comme dans la société civile, le trouble de santé mentale le plus fréquent, le plus prévalent et le plus répandu dans les forces armées, même en temps de guerre. Le trouble de stress post-traumatique varie d'un cas à l'autre, mais les traumatismes... Les militaires dans la plupart des pays — au Canada et aux États-Unis — sont plus susceptibles d'avoir vécu des événements traumatisants dans leur enfance. L'armée attire ce genre de personnes. Donc, la prévalence du trouble de stress post-traumatique pour la vie entière n'est pas nécessairement liée aux opérations militaires, même si celles-ci comptent certainement pour beaucoup.
:
Il existe de nombreuses procédures. Bien sûr, l'un des principaux points de divergence est de savoir s'il faut passer Anciens Combattants. Au fil des ans, le changement très important que nous avons apporté est que nous nous assurons que les personnes qui ont une maladie mentale ou un dommage psychologique diagnostiqués attribuables à leur service militaire ont leurs documents d'assurances d'Anciens Combattants, leur carte d'identité des vétérans, etc., avant leur libération. C'est l'une des choses les plus importantes.
Si une personne connaît son domicile à la libération, nous lui permettons aussi de transférer son dossier à Anciens Combattants au cours des six derniers mois de son service. En fait, nous encourageons presque cette pratique. Tout à l'heure, l'un de vos collègues a parlé de la façon dont les gens ont tendance à passer à la vie civile, par exemple, un militaire posté à Borden pourrait rester dans la région de Barrie.
À Ottawa, il y a la clinique de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel d'Anciens Combattants, et nous avons nos propres cliniques. Pour assurer une transition harmonieuse, il faut trouver aux membres des forces armées un médecin ou un thérapeute au sein du système d'Anciens Combattants alors qu'ils consultent toujours un médecin de famille ou un psychiatre militaire.
Corriger cette lacune est certainement un élément important de la transition. Les Forces armées canadiennes viennent de créer un groupe, un organisme responsable de la transition. Il serait probablement capable de répondre à la question d'un point de vue plus holistique.
Du point de vue de la santé, le groupe de transition tentera essentiellement de s'assurer que les gens continuent à recevoir des soins de santé et ont accès à un médecin de famille. La situation se complique souvent, selon l'endroit où les gens décident de s'établir au moment de leur libération des forces armées. Ils peuvent déménager dans une collectivité éloignée même s'ils ont des besoins en santé, alors il faut tenir compte de ces difficultés.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les témoins de participer de nouveau à la réunion du Comité et à m'excuser des difficultés éprouvées lundi dernier.
Encore une fois, colonel Jetly, toutes mes félicitations. J'ai eu le plaisir de travailler avec vous pendant près de 10 ans. Je repense avec nostalgie à nos déplacements partout au pays, à l'époque où j'étais secrétaire parlementaire. Nous tentions de dialoguer avec les militaires pour examiner leurs blessures et leurs maladies ainsi que les mesures de soutien que les Forces armées canadiennes leur offraient. Certaines de ces conversations étaient difficiles, mais je crois que nous en avons tiré beaucoup de leçons.
Alors que vous pensez quitter les forces armées pour vous tourner vers le secteur privé, quand vous repensez au fait que, depuis plus de 30 ans, vous êtes l'un des principaux psychiatres des Forces armées canadiennes, et que, depuis au moins une décennie, vous êtes leur psychiatre principal... Selon les premières conversations que nous avons eues, je sais qu'il n'y avait même pas de terminologie clinique indiquant ce qu'est le syndrome de stress post-traumatique et la façon dont il se manifeste. Pouvez-vous nous dire comment, depuis que vous avez rejoint les forces armées jusqu'au point où nous en sommes aujourd'hui, la santé mentale a changé du point de vue des traitements et des données scientifiques?
Je sais que nous avons créé le Centre d'excellence au Royal pour aider les militaires en service et les anciens combattants à soigner leur trouble de stress post-traumatique et d'autres traumatismes liés au stress opérationnel. Je me demande si vous pouvez nous dire comment les choses ont changé au cours de la dernière décennie, bien sûr, mais aussi au cours de votre carrière.
:
Parfois, j'ai l'impression de rêver. Au début des années 1990, quand j'étais déployé au Rwanda, la santé mentale n'était qu'une considération secondaire. On ne pensait pas en avoir besoin, mais les gens souffraient quand même, sans parler de toute l'histoire de Roméo Dallaire.
Dans un sens, la santé mentale est le parent pauvre des soins de santé. Fort heureusement pour les Forces armées canadiennes, les dirigeants militaires et une poignée d'âmes brisées, on en est venu à comprendre le caractère important et même essentiel de la santé mentale, et ce, malgré des milliers d'années d'histoire, durant lesquelles les guerres — qu'il s'agisse de la Première Guerre mondiale, de la Deuxième Guerre mondiale, ou autres — ont toujours causé beaucoup plus de blessures psychologiques que physiques. Je pense qu'il s'agit là d'un moment décisif pour les Forces armées canadiennes, et nos alliés nous envient beaucoup le programme de traumatismes liés au stress opérationnel que nous avons su mettre en place.
Ce que nous avons fait, c'est bien ancrer le concept, notamment en créant la Médaille du sacrifice, qui est un peu comme la Purple Heart aux États-Unis, quoique celle-ci ne reconnaît pas le trouble de stress post-traumatique. Au Canada, si trois membres sont frappés par un engin explosif improvisé et que le premier meurt, le deuxième perd ses deux jambes et le troisième souffre de stress post-traumatique, tous les trois reçoivent la Médaille du sacrifice. Quiconque s'y connaît en service militaire sait que ce genre de reconnaissance est important. Je pense que c'est important pour le mécanisme de surveillance.
Plus récemment, tout l'intérêt que l'on porte à mieux comprendre la culpabilité, la honte, la colère, le grand concept de blessure morale — qui explique probablement certains des suicides et aussi certaines des résistances aux traitements conventionnels —, tout cela est très important.
Il y a deux grands thèmes qu'on voudra approfondir maintenant. On cherche à mieux comprendre l'aspect biologique de la chose, ce qui se passe dans le cerveau, ce qui se passe dans le corps, l'inflammation, la cardiopathie, le diabète, tous des troubles qui sont plus courants chez les personnes atteintes de troubles mentaux, et pourquoi les soldats atteints de troubles de stress post-traumatique meurent plus jeunes que les autres. Ça va sans dire, mais je pense que le ministère des Anciens Combattants s'intéresse à cela.
Je pense que c'est important. Je pense aussi qu'il est important de tirer profit de la technologie, comme le Fitbit et autres technologies portables; ces technologies nous amèneront au point où nous pourrons créer un système de soins 24 heures sur 24.
Je pense toujours que toute la question de la médecine personnalisée est importante. On s'en approche, mais la période d'essais et erreurs est frustrante pour les médecins et les patients. Il faut arriver au point où l'on comprend un peu mieux quels traitements vont marcher pour quels patients, ce qui nous permettra de commencer par le traitement qui a le plus de chances de succès.
Nous avons fait tellement de progrès que j'ai parfois du mal à y croire. Je me souviens d'avoir fait des présentations à Gagetown où on se moquait presque de moi pour mon approche trop douce et émotive; aujourd'hui, personne ne rit quand il est question de santé mentale.
Je pense que nous avons fait beaucoup de chemin, mais il nous en reste encore beaucoup à faire. J'estime également qu'il y a un autre aspect très important, soit notre travail avec la société civile, comme nos efforts communs avec, entre autres initiatives importantes, Bell et son initiative Cause pour la cause. En effet, je suis convaincu que si les soldats, comme les athlètes, sont capables de parler de leurs propres difficultés en matière de santé mentale, c'est très important pour les enfants et pour la société en général. Si le soldat peut en parler, si les gars les plus forts peuvent en parler, les ados vont se dire qu'ils peuvent en parler aussi. Je pense que nous avons fait beaucoup de progrès.
:
Je vous remercie de votre question. Je vais tenter d'y répondre. Ma collègue pourra ensuite prendre la relève.
Comme je le mentionnais au Comité un peu plus tôt, c'est très difficile pour nous d'expliquer ce qui fait qu'une disposition législative est utilisée ou non.
Je disais, à titre indicatif, que 70 % des infractions sont toujours les mêmes, alors il est très difficile de savoir pourquoi cette disposition est utilisée ou non. Cependant, de façon intuitive, je pourrais mentionner que l'alinéa 98c), qui a pour but très précis de pénaliser une personne ou de s'intéresser à une situation où quelqu'un va s'infliger du mal de façon volontaire pour se soustraire à ses responsabilités relatives à son service, n'a pas eu à être utilisé de façon régulière depuis 2000.
Lors de mon témoignage, plus tôt, je disais que, de 1939 à 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale, cet alinéa — ou son équivalent de l'époque — avait été utilisé plus de 300 fois. On peut donc voir une corrélation entre des périodes d'activités opérationnelles plus élevées et le besoin d'utiliser cet alinéa.
On a également porté à mon attention qu'il existe une multitude d'infractions au sein du Code de discipline militaire qui ne font pas l'objet d'accusations de façon régulière. Le fait de refuser une immunisation est un exemple d'une infraction qui, de façon régulière, ne pénalisera pas la personne. Cela ne veut pas dire qu'on n'a pas besoin de dispositions à cet égard. Cela veut simplement dire qu'à ce moment donné, dans ce contexte, ce n'est pas une infraction nécessairement punie.
:
Quant à la maladie mentale, nous savons qu'elle a toujours existé, mais comme le veut l'adage, on est toujours prêt pour la dernière guerre. En ce moment, on analyse l'insurrection, la contre-insurrection, comment cela se passe en petits groupes sans les unités constituées, quelle retombée cela a sur le plan psychologique.
Il y a aussi l'impact indéniable des blessures physiques, comme les commotions cérébrales et les interactions entre les commotions et ce genre de choses. Chaque mission est différente en ce sens que nous sommes allés... Et je suis là depuis assez longtemps pour être intervenu dans des crises humanitaires effroyables et dans des missions de maintien de la paix, qui sont la source de facteurs de stress uniques — le fait de ne pas pouvoir agir parfois et d'être un témoin impuissant — pour faire ressortir les effets de la guerre.
Chaque mission est différente. Il y a eu le « syndrome du casque bleu », la rage que les gens ressentaient parfois dans le domaine du maintien de la paix. C'était le sentiment de désespoir, d'impuissance qu'un Rwanda peut déclencher chez certains. En Afghanistan, on a vu les deux. On observe parfois le syndrome classique de stress post-traumatique avec la colère, mais on voit aussi de la culpabilité, de la honte et une détresse en particulier qui dure en raison des camarades morts au combat en un nombre auquel nous ne sommes pas habitués en tant que Canadiens.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
Je parle toujours de faire ces grandes études dont vous parlez. Mes collègues les ont faites et elles m'enthousiasment vraiment, mais au bout du compte, c'est à la souffrance de la personne qui vous fait face que vous devez trouver une solution.
Nous essayons de ne pas présumer de ce qu'une personne va vivre, mais nous comprenons les caractéristiques uniques d'une guerre asymétrique. Dans le cas des Talibans, on tombait presque dans le mysticisme dans le sens où, tout d'un coup, ils étaient là.
Le chagrin et la perte d'êtres chers, de collègues, de camarades y contribuent certainement.
:
Oui. C'était très enrichissant. Cela met fin à notre période de questions.
J'aimerais remercier les témoins pour le temps que vous avez pris pour répondre à nos questions. Vous êtes restés avec nous pendant notre première réunion et vous vous êtes de nouveau présentés aujourd'hui. Certains des renseignements que vous nous avez donnés aujourd'hui sont absolument fondamentaux pour notre étude. J'ai appris beaucoup, et les autres membres du Comité aussi, je pense. Nous vous sommes vraiment reconnaissants.
Merci au Comité. J'apprécie l'intérêt que vous portez à ce sujet et l'importance qu'il revêt pour nos hommes et nos femmes en uniforme, qui servent si bien le pays au quotidien.
Merci aux membres du Comité et à nos témoins. Je vous souhaite à tous un joyeux temps des Fêtes, que vous célébriez Noël ou Chanukah. Nous allons tous en avoir besoin cette année. C'est un peu d'espoir à la fin d'une année particulièrement difficile, l'année 2020. Je vous remercie tous pour votre travail.
Là-dessus, la séance est levée.