Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la quatrième réunion du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 14 octobre, le Comité se réunit aujourd’hui pour étudier les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les opérations des Forces armées canadiennes.
Nous avons déjà tenu une réunion en format hybride, donc les mêmes règles s’appliqueront.
Veuillez garder à l’esprit que ceux d’entre nous qui assistent en personne à la réunion, y compris moi-même, doivent respecter les règles de santé publique en vigueur à l’heure actuelle.
Lorsque vous ne parlez pas, veuillez mettre votre micro en sourdine. En ce qui concerne la liste des intervenants, le greffier et moi-même ferons tout notre possible pour maintenir l’ordre des interventions de tous les membres.
Je voudrais commencer par souhaiter la bienvenue à nos témoins de ce matin.
Je suis très reconnaissante que vous ayez pu vous joindre à nous ce matin. Je vais probablement céder la parole au major-général Trevor Cadieu et lui demander de présenter les membres de son équipe. Ensuite, il pourra prononcer ses remarques liminaires.
De plus, Troy Crosby, qui est le sous-ministre adjoint, Groupe des matériels, se joindra à nous pour la seconde moitié de cette réunion, vers midi. Quand il arrivera en ligne, nous ferons une petite pause. Nous le présenterons aux participants et nous continuerons ensuite nos travaux.
[Français]
Je souhaite la bienvenue au Mgén Trevor Cadieu.
[Traduction]
J'aimerais vous céder la parole pour que vous puissiez présenter votre équipe.
:
Madame la présidente, je vous remercie de nous avoir invités à discuter du rôle du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes dans la réponse de l'ensemble du gouvernement à l'évolution de la situation de la COVID-19 et de ses effets sur les opérations nationales et internationales.
[Traduction]
Madame la présidente, je suis accompagné aujourd’hui du major-général Marc Bilodeau, médecin général des Forces armées canadiennes, et de la contre-amirale Rebecca Patterson, commandante du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes. Comme vous l’avez mentionné, Troy Crosby, sous-ministre adjoint du Groupe des matériels, se joindra à nous durant la seconde heure de cette rencontre.
Depuis le début de cette pandémie, qui a coûté la vie à des milliers de précieux Canadiens ainsi qu’à plus d’un million de personnes dans le monde, notre devoir le plus sacré dans les Forces armées canadiennes a été de nous mobiliser pour ce qui a été et doit continuer d’être une défense nationale contre la COVID-19.
À partir de février, alors que nous nous efforcions tous de mieux comprendre cette maladie et les menaces qu’elle représente, les Forces armées canadiennes se sont déployées en soutien aux Affaires mondiales et à l’Agence de la santé publique sous la rubrique opération Globe, mission que nous avons mise en place pour rapatrier des Canadiens de Chine, du Japon et des États-Unis. Dans le cadre de cette opération, le personnel médical des Services de santé des Forces canadiennes a contrôlé et préparé les voyageurs pour leur voyage, et leur a fourni des soins de compassion en vol et après le vol. À leur arrivée au Canada, les Forces armées canadiennes, en coordination avec l’Agence de la santé publique du Canada et la Croix-Rouge, ont facilité la mise en quarantaine de près de 1 000 Canadiens à la Base des Forces canadiennes Trenton en fournissant l’hébergement, le transport, les services alimentaires et le soutien aux tâches générales. Environ 300 membres des Forces armées canadiennes ont soutenu l’opération Globe.
Alors que notre pays s’organisait pour retarder et atténuer les effets de la COVID-19, le chef d’état-major de la Défense a donné des instructions pour protéger la force et se préparer à une éventuelle réponse nationale à grande échelle et durable connue sous le nom d’opération Laser, mission critique des Forces armées canadiennes qui se poursuit aujourd’hui.
Afin de préparer les Forces armées canadiennes, nous avons dispersé le personnel, limité les déplacements et les engagements, et temporairement contracté notre position de force globale afin de privilégier le soutien aux Canadiens. Sous la direction du major-général Fortin, nous avons mis sur pied l’opération Laser, formidable équipe de 24 000 membres des Forces armées canadiennes — Force régulière, Force de réserve, Rangers canadiens et civils — postés partout au pays et prêts à répondre aux demandes d’aide des Forces armées canadiennes.
Vous connaissez le travail inlassable des hommes et des femmes des Forces armées canadiennes dans 54 établissements de soins de longue durée au Québec et en Ontario. Après avoir suivi un programme de formation et d’orientation ciblé, ces membres ont dû agir de manière décisive pour former des équipes de soins civiles renforcées et se rendre rapidement dans les établissements les plus durement touchés par la COVID-19. Dans le cadre de leurs fonctions, nos coéquipiers ont observé les problèmes liés à la fourniture de soins aux résidents de certains établissements.
Comme vous pouvez vous y attendre des Forces armées canadiennes, ces membres en uniforme ont immédiatement fait part de leurs constatations tout en prenant des mesures correctives immédiates sur le terrain aux côtés de leurs collègues civils afin de fournir des soins dans la dignité. Cet effort a mobilisé près de 2 000 membres des Forces armées canadiennes, dont beaucoup se sont donnés sans compter pour mieux protéger nos Canadiens les plus vulnérables dans certains de leurs moments les plus sombres.
Par ailleurs, les Forces armées canadiennes ont eu l’honneur d’apporter leur soutien à d’autres Canadiens au cours de cette année très difficile. À titre d’exemple, des centaines de Rangers canadiens ont renforcé les mesures de santé publique dans les communautés nordiques et éloignées, tout en facilitant l’acheminement de l’aide humanitaire. Parallèlement, les experts en logistique du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes ont aidé l’Agence de la santé publique à renforcer sa chaîne d’approvisionnement médical en participant à la réception, à l’entreposage et à la distribution d’équipements de protection individuelle et de matériel médical à la grandeur du pays.
Alors que la protection des Canadiens était et restera notre priorité absolue, les Forces armées canadiennes ont également été en mesure de projeter des avions et des équipages en soutien au Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires afin de fournir du matériel médical et de l’aide humanitaire à de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes l’été dernier. Cet effort a été salué tant par les Nations unies que par nos plus proches alliés.
De plus, bien que certaines formations et activités aient été interrompues pour assurer la sécurité de notre personnel pendant cette pandémie, votre armée continue d'être active dans des opérations à l'étranger. En fait, près de 2 000 soldats sont déployés pour soutenir les alliés du Canada dans le monde.
Pour l'avenir, nous reconnaissons qu'une unité, une détermination et des sacrifices supplémentaires seront nécessaires pour que nous puissions tous finir par l'emporter dans cette lutte contre la COVID. Les Forces armées canadiennes restent prêtes à s'investir aux côtés d'autres ministères, de ses partenaires et des Canadiens. Nous avons des officiers de liaison qui travaillent en soutien d'autres ministères afin de rationaliser les communications, nous faisons partie intégrante de tous les plans d'urgence du gouvernement et nous maintenons une force robuste prête à intervenir, composée d'éléments des forces maritimes, terrestres et aériennes.
Nos équipes sont à nouveau pleinement intégrées à l'Agence de la santé publique du Canada, où nous travaillons avec optimisme et enthousiasme dans le cadre du groupe de travail pour le déploiement du vaccin contre la COVID-19. Plus précisément, les Forces armées canadiennes participent à l'élaboration d'un plan de soutien logistique. Nous participons à l'établissement d'un centre opérationnel national qui supervisera la distribution du vaccin, et le chef d’état-major sera prêt à donner des conseils sur la meilleure façon d'utiliser les ressources des Forces armées canadiennes pour le déploiement effectif du vaccin dans les semaines et les mois à venir.
Enfin, je conclurai en reconnaissant que nous — comme la plupart des Canadiens — avons appris à mieux fonctionner pendant cette pandémie, et que nous appliquons les dures leçons tirées de nos opérations pour renforcer notre résilience, nous développer et nous améliorer grâce à ces expériences. Notre chef d’état-major de la Défense et notre sous-ministre ont demandé que nous affinions continuellement notre compréhension et notre application des mesures de santé publique afin de nous protéger nous-mêmes et de protéger nos proches et nos communautés.
De plus, nous mobilisons des soutiens médicaux et de santé mentale pour améliorer le bien-être des troupes des Forces armées canadiennes. Nous travaillons continuellement à renforcer nos stocks d'équipements de protection individuelle et nous développons des stratégies innovantes d'atténuation des risques pour réduire le risque de transmission communautaire lors des opérations de soutien au Canada.
[Français]
Madame la présidente, mesdames et messieurs, nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Merci à tous les témoins. Je suis du même avis que madame la présidente et je vous remercie pour les services que vous avez rendus au Canada.
Major-général Cadieu, nombre de nos alliés et partenaires disposent d'organisations nationales pour les aider à réagir aux catastrophes. Les États-Unis disposent, par exemple, de la Federal Emergency Management Agency. Au Canada, nous comptons maintenant beaucoup sur l'armée.
Parce que les pandémies et les problèmes environnementaux comme les inondations et les incendies deviendront monnaie courante, est-ce que les militaires réfléchissent et planifient à long terme pour s'organiser sur la durée avec la formation dont ils auront besoin pour faire face, d'une part, aux interventions étrangères et, d'autre part, aux interventions qu'ils devront faire au Canada? Ces interventions sont de nature totalement différente et n'ont pas les mêmes coûts.
Avez-vous réfléchi à la manière dont nous utiliserions notre Force de réserve et notre Force régulière pour faire face à cette situation en permanence?
:
Vous avez tout à fait raison. Pour que les Forces armées canadiennes puissent maintenir leur avance et être prêtes à répondre aux nouvelles menaces, nos membres doivent continuellement se former aux différents types de milieux dans lesquels ils pourraient être déployés. Au départ, lorsque nous connaissions peu cette maladie, il était nécessaire de contracter la force et de privilégier le soutien que nous apportions aux Canadiens. Au fil du temps, à mesure que nous avons mieux compris la COVID-19, nous avons pu lancer ou relancer un certain nombre d’activités de formation et d’opérations.
En termes généraux, notre chef d’état-major de la Défense et notre sous-ministre ont formulé un certain nombre de principes directeurs, si vous voulez, qui doivent être mis en place à mesure que nos responsables de la mise sur pied des forces et nos différents secteurs se réengagent dans la formation. Par exemple, il est absolument essentiel que nos coéquipiers respectent les mesures de santé publique et qu’ils aient à leur disposition des masques non médicaux et des équipements de protection individuelle si cela est nécessaire. Ils doivent être correctement formés à l’utilisation des équipements de protection individuelle. Nous veillons à ce qu’il y ait une période d’intégration pour tous les membres des Forces armées canadiennes et le personnel du ministère de la Défense nationale avant qu’ils ne reviennent travailler, afin qu’ils puissent visualiser le milieu dans lequel ils vont se trouver, tout en nous assurant que nous respectons la latitude dont certains de nos coéquipiers ont besoin pour travailler depuis leur domicile.
La dernière chose que je dirais est que, au fur et à mesure que nous nous déployons à nouveau sur le terrain pour effectuer notre entraînement aux manœuvres, nous sommes obligés de faire preuve d’imagination, d’innovation, sur la façon de le faire en toute sécurité pour maintenir une distance physique, par exemple, et une hygiène rigoureuse. Nous devons accorder une grande attention aux détails et faire preuve d’un leadership et d’une cohésion solides au sein de toutes nos équipes.
:
Madame la présidente, je remercie le député de sa question.
[Traduction]
Je vais commencer à répondre à cette question et je céderai ensuite la parole à l’amirale Patterson pour voir si elle souhaite s’étendre sur ce sujet.
Ce que je dirais catégoriquement, c’est que tout au long de l’opération Laser, les dirigeantes et les membres féminins des Forces armées canadiennes ont occupé une place importante dans absolument tous les aspects de l’intervention des forces, qu’il s’agisse du déploiement dans les établissements de soins de longue durée ou de la prestation de conseils aux autres ministères. Les Rangers canadiens, composés de femmes et d’hommes, ont débarqué dans nos collectivités pour aider les Canadiens vulnérables dans leurs moments difficiles.
Je ne vois pas d’élément de force utilisé dans le cadre de l’opération Laser où la présence des femmes n’a pas été mise en évidence.
Je vais céder la parole à l’amirale Patterson pour voir si elle souhaite apporter des précisions à ce sujet.
:
Madame la présidente, je remercie le député de sa question.
[Traduction]
Je pense que vous avez tout à fait raison de dire que les Rangers canadiens ont joué un rôle important dans l’intervention des Forces armées canadiennes pour aider les Canadiens tout au long de cette pandémie.
Vous avez fait allusion en particulier au soutien des Rangers canadiens dans la province de Québec. Bien sûr, nous mobilisons les Rangers dans les régions du Nunavik et de la Basse-Côte-Nord, entre autres, pour fournir un soutien logistique essentiel, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et participer à l’établissement de sites de dépistage. C’est essentiellement ce que nous avons vu aussi dans d’autres régions du Canada.
Lors de la première vague de cette pandémie, les Rangers canadiens ont été déployés dans un certain nombre de leurs collectivités locales. Ils ont pu contribuer à renforcer certains des messages relatifs aux mesures de santé publique et nous donner une meilleure idée des besoins de ces collectivités afin que nous puissions mieux aider les Canadiens.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens vraiment à commencer par exprimer ma gratitude de la part des néo-démocrates, au nom de l'ensemble des Canadiens, envers les Forces armées canadiennes pour le rôle qu'elles jouent pendant cette pandémie, afin d'entretenir nos relations internationales et d'aider nos autorités nationales.
J'aimerais parler encore un peu des ressources. J'ai souvent exprimé devant ce comité que le budget opérationnel des Forces armées canadiennes suffit à peine, compte tenu du taux d'inflation observé au Canada, pour assurer la poursuite de l'ensemble de leurs activités. Cette année, il y a même bien des activités extraordinaires qui s'y sont ajoutées.
À la connaissance de nos témoins, les Forces armées canadiennes ont-elles reçu du financement supplémentaire pour s'acquitter des devoirs supplémentaires qui leur ont été confiés pendant cette pandémie?
:
Madame la présidente, je demanderai à mes collègues de compléter ma réponse.
Bien sûr, quand les membres des Forces armées canadiennes ont été déployés dans ces résidences, ils ont été mobilisés par le Canada et les Canadiens pour de bonnes raisons. Il est évident que la situation était grave dans les centres de soins de longue durée.
Ce qu'ils ont découvert dans bien des résidences... Je fais là des généralisations, mais je dois souligner que la situation était différente d'une résidence à l'autre, elle n'était pas exactement la même dans toutes les 50-quelque résidences où les Forces armées canadiennes ont été fièrement déployées aux côtés de nos collègues civils.
Dans certaines résidences, par exemple, les militaires ont constaté que les politiques sur la prévention et le contrôle des infections n'étaient pas respectées. Dans certains cas, ils ont découvert que le personnel n'avait pas la formation requise ou qu'il manquait de fournitures médicales. Ils ont observé des déficiences dans l'infrastructure de soins de longue durée. Il y avait des problèmes de qualité des soins offerts aux Canadiens ou aux résidants vulnérables de certaines résidences. Bien sûr, il y avait un taux élevé de contamination du personnel, de sorte que dans certains centres de soins de longue durée, le niveau d'absentéisme est venu exacerber les conditions existantes.
J'aimerais demander au médecin général s'il a quelque chose à ajouter, après quoi nous passerons le relais à la commandante du Groupe des Services de santé.
:
Les Forces armées canadiennes avaient établi au départ avec les provinces visées un protocole de transition s'appuyant sur une série de critères convenus en prévision du départ de nos effectifs.
Pour que nos équipes quittent ces établissements, il fallait d'abord et avant tout que les ministères provinciaux responsables de la santé et des soins de longue durée évaluent la situation et nous indiquent que le soutien des forces armées n'était plus nécessaire. Il y avait aussi d'autres critères à remplir. Ainsi, nous devions notamment être convaincus que l'établissement était tout à fait apte à gérer la situation à l'interne; que les mesures de prévention et contrôle des infections dont j'ai parlé avaient bel et bien été mises en place; et qu'il y avait suffisamment d'employés en poste pour faire le travail. Un échange de documents ou de lettres entre la province et les Forces armées canadiennes devait ensuite permettre d'officialiser ces critères de transition.
Pour répondre plus directement à la question, disons que les Forces canadiennes ont quitté ces établissements dans bien des cas à la demande de la province concernée, et qu'elles en ont alors confié la responsabilité aux gestionnaires en place.
On vous parlera sans doute par exemple de l'intervention de la Croix-Rouge canadienne au Québec. Les effectifs de la Croix-Rouge ont été dépêchés pour offrir du soutien dans des établissements autres que ceux où les Forces armées canadiennes étaient déployées.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens moi aussi à remercier chaleureusement les militaires canadiens. Vous êtes là pour nous protéger, un rôle toujours difficile et dangereux qui l'est encore plus dans des situations comme celle que nous connaissons actuellement. Je vous prie donc de remercier vos troupes en notre nom.
Je veux aussi remercier M. Robillard qui a posé la première question que j'allais vous adresser. Je m'intéressais en effet moi aussi aux Rangers qui, comme vous le savez, offrent des services essentiels que personne d'autre, dans bien des cas, ne pourrait offrir. Un grand merci donc aux Rangers canadiens pour leur travail dans l'Arctique et dans le Nord.
Mes autres questions s'appuient sur l'excellent travail de recherche effectué par les gens de la Bibliothèque du Parlement. Madame Dumont pourrait peut-être d'ailleurs leur faire part de ma gratitude pour le travail exceptionnel et professionnel qu'ils accomplissent sans cesse pour les comités et les députés.
Major-général, je ne sais pas si vous pourriez faire le point avec nous sur notre mission en Lettonie, dans la mesure où les considérations liées à la sécurité vous le permettent évidemment, en nous indiquant si des ajustements ont dû y être apportés en raison de la pandémie.
:
Nous vous sommes également reconnaissants pour le soutien exprimé à l'endroit des membres des Forces armées canadiennes, et nous serons ravis de faire le message.
Comme je l'indiquais dans mes observations préliminaires, au début de la pandémie, alors que nous tentions d'en apprendre davantage sur cette maladie qui frappait le Canada et le reste du monde, le chef d'état-major de la défense a décidé de limiter temporairement le déploiement des Forces armées canadiennes à l'échelle planétaire.
Vous voulez savoir ce qu'il en est de notre mission en Lettonie, connue sous le nom d'opération Reassurance. Comme vous le savez, nous avons déployé là-bas un groupement tactique de présence avancée renforcée.
Malgré la décision du chef d'état-major de la défense de limiter notre présence à l'étranger, il a été convenu, à la lumière des recommandations formulées par ses conseillers médicaux, que le Canada pourrait poursuivre sans véritable contrainte sa mission en Lettonie. Tout au long de la crise, les Forces armées canadiennes ont donc sans cesse offert leur soutien dans le cadre du groupement tactique de présence avancée renforcée tout en respectant les directives émises par les autorités lettonnes de la santé publique.
Nous avons dû limiter nos activités de façon un peu plus marquée dans d'autres endroits comme l'Irak, par exemple, où la pandémie était hors contrôle. Il y a également d'autres facteurs, comme la situation géopolitique et les risques pour la sécurité en Irak, qui nous ont obligés à revoir notre position dans la région.
Parmi les missions où nous avons dû limiter le déploiement de nos forces, je pourrais aussi vous donner l'exemple de l'Ukraine. C'était encore là en raison d'une propagation effrénée de la COVID-19 et des autres difficultés que connaît ce pays.
Toutes les fois que cela était possible, nous avons intensifié notre collaboration, nos opérations et nos activités de formation pour appuyer nos alliés.
L'une des choses dont j'ai toujours été fier, c'est la façon dont les Forces armées canadiennes se sont engagées sur la voie de la préparation mentale. Lors du déploiement en Afghanistan, nous avions le programme En route vers la préparation mentale.
La semaine dernière, j'ai été un peu inquiet lorsque j'ai lu, dans les médias, le récit de la majore Karoline Martin, qui a travaillé dans les établissements de soins de longue durée en Ontario. Elle a témoigné devant la Commission. Elle a décrit la consternation des membres des Forces armées canadiennes lorsqu'ils sont entrés dans certains de ces établissements et ont constaté les conditions déplorables et les mauvais soins auxquels étaient assujettis les résidents, qui sont aussi nos proches, dans ces établissements.
Le programme En route vers la préparation mentale sera-t-il à nouveau offert à nos militaires, ainsi qu'aux militaires qui ont travaillé dans les établissements de soins de longue durée et qui sont toujours atterrés par leur expérience, mais qui sont également prêts à retourner dans ces établissements au besoin?
:
Je vais d'abord répondre à cette question du point de vue de la chaîne de commandement, et je demanderai ensuite au médecin général de parler des soutiens médicaux précis qui sont mobilisés pour nos membres.
Nous reconnaissons tous certainement que les membres des Forces armées canadiennes sont souvent déployés dans des environnements très difficiles à l'étranger dans le cadre de certaines de nos opérations internationales et aussi, de temps en temps, ici au Canada. C'est la raison pour laquelle la force militaire de dernier recours est mobilisée.
La situation des établissements de soins de longue durée a été particulièrement difficile parce que, manifestement, nous sommes d'abord et avant tout des Canadiens, et nous n'aimons pas voir nos concitoyens souffrir. C'est pourquoi nous nous déployons, en priorité, à l'appui de ces Canadiens vulnérables.
Voici donc ce que nous tentons de faire, de manière proactive, pour préparer mentalement les membres des Forces armées canadiennes à ce type d'opération. Tout d'abord, nous nous efforçons toujours, à tous les échelons, de déstigmatiser la maladie mentale, afin de veiller à ce que les membres des Forces armées canadiennes sachent que, tout d'abord, ils vont se retrouver dans des environnements difficiles et que s'ils font face à des difficultés, ils peuvent en faire part à leur chaîne de commandement.
Le leadership et la cohésion sont des facteurs importants à cet égard. Vous avez parlé du programme En route vers la préparation mentale, qui aide à mieux visualiser cet environnement pour veiller à ce que des mesures de contrôle de l'excitation et différentes techniques soient mises en œuvre pour les membres des Forces armées canadiennes lorsqu'ils opèrent dans ces environnements.
Je vais maintenant donner la parole à notre médecin général, qui vous parlera de certains des soutiens médicaux et psychologiques qui sont offerts aux membres des Forces armées canadiennes.
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De toute évidence, la prévention est un élément clé en matière de santé mentale, surtout lorsque les militaires sont exposés à des situations difficiles comme c'est le cas dans un établissement de soins de longue durée. C'était un élément essentiel de la préparation de nos troupes, et le programme En route vers la préparation mentale, qui existe depuis de nombreuses années, a été adapté aux besoins spécifiques des militaires qui ont été déployés dans les établissements de soins de longue durée.
Nous avons donc pu veiller à ce qu'un environnement précis soit visé, ce qui nous a permis d'offrir une préparation personnalisée à nos militaires. Lors du déploiement lui-même, des travailleurs sociaux ont été déployés et mis à la disposition de tous nos militaires déployés dans les établissements de soins de longue durée, et ce, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les unités ont également déployé des aumôniers qui faisaient partie de l'équipe de soutien, en quelque sorte, et qui ont aidé à relever certains des défis auxquels nos militaires auraient pu être confrontés. Manifestement, nos membres ont pu continuer à profiter de notre soutien téléphonique 24 heures sur 24, sept jours sur sept pendant cette période, ainsi que de notre programme de soutien par les pairs, le programme SSBSO, et nous avons pu leur fournir le soin et le soutien dont ils avaient besoin pendant la mission.
Après la mission, nous avons mis en œuvre un autre programme En route vers la préparation mentale pour fermer la boucle de la partie de la mission qui concerne la prévention. Nous avons ensuite lancé un processus de dépistage après le déploiement, grâce auquel nous pourrons repérer tout militaire qui n'aurait pas été pris en charge pendant le déploiement ou immédiatement après. Ces interventions sont habituellement effectuées de trois à six mois après le déploiement.
Tout cela fait partie de notre approche permanente de dépistage et d'identification précoces des militaires qui pourraient souffrir de problèmes de santé mentale. En outre, nous menons une étude pour tenter de cerner les défis auxquels nos militaires ont été confrontés et auxquels ils sont toujours confrontés, dans le but d'apprendre comment nous pouvons mieux les préparer à de futures missions semblables à celle-ci.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais d'abord remercier nos témoins, notre équipe d'officiers supérieurs des Forces canadiennes, d'être avec nous aujourd'hui et de leur service distingué. Par leur entremise, j'aimerais également remercier les femmes et les hommes en uniforme qui servent à leurs côtés, avec une reconnaissance particulière pour le travail que font les Forces canadiennes pour nous aider à traverser la pandémie.
J'aimerais d'abord poser une question qui nous ramènera à des discussions antérieures sur la formation. J'aimerais d'abord m'adresser au major-général Cadieu.
Dans quelle mesure la formation à l'intervention en cas de pandémie fait-elle partie du programme actuel de formation des Forces canadiennes, depuis les premières étapes, c'est-à-dire la formation de base, jusqu'à la formation plus avancée des grades supérieurs? Dans la mesure où il y a des lacunes, comment envisageriez-vous le renforcement de cette formation?
:
Bonjour, madame la présidente.
J'aimerais remercier les témoins de leurs déclarations, et j'aimerais certainement remercier aussi tous les hommes et les femmes membres de nos Forces armées canadiennes. J'ai la chance d'avoir une base militaire dans ma circonscription, c'est-à-dire Simcoe—Grey. À la base de Borden, j'ai l'occasion de remercier bon nombre d'entre eux en personne.
J'ai quelques questions au sujet de la base. Le 5 avril, The Globe and Mail a indiqué que la base des Forces canadiennes de Borden serait le quartier général de la force interarmées centrale de lutte contre la COVID-19.
Le ministre m'a informé un peu plus tard. J'aurais aimé que ce soit plus tôt, car j'entendais toutes sortes d'inquiétudes de la part des résidants locaux au sujet des militaires qui semblaient arriver dans une petite ville. Les gens étaient stressés par la pandémie et se demandaient ce que cela signifiait. Peut-être que la prochaine fois, les ministères pourraient communiquer avec le député local et le prévenir un peu à l'avance. Ce serait certainement apprécié.
Selon les médias, environ 400 militaires étaient en poste à la base de Borden pour l'opération Laser. Quel était leur nombre réel?
J'ai une question subsidiaire, si vous permettez. Je suis sûr que vous appliquiez des protocoles d'isolement dans cette base. Pourriez-vous en dire un peu plus à leur sujet?
Après notre conversation de tout à l'heure, je trouve qu'il est fantastique que votre partenariat avec les hôpitaux locaux dure depuis 20 ans. Deux de ces établissements se trouveraient dans notre circonscription hospitalière: le Centre régional de santé Royal Victoria et l'hôpital Stevenson Memorial, qui collaborent étroitement. Première question: Les tient-on au courant de l'évolution de la situation à mesure que nous mettons en place un personnel militaire plus nombreux? Deuxième question: Faites-vous des ouvertures également aux municipalités locales?
Je sais de source sûre que la municipalité d'Angus en fait partie, et qu'elle accueillera un centre de dépistage de la COVID. La base en possède-t-elle un pour votre personnel ou les soldats? Sinon, collaborez-vous avec d'autres acteurs pour faire avancer ces dossiers?
:
Merci, madame la présidente.
Major-général Cadieu, major-général Bilodeau, contre-amirale Patterson, monsieur Crosby, merci beaucoup d'être venus témoigner et répondre à nos questions.
Ma circonscription d'Etobicoke-Centre pleure la mort de 42 résidents, qui ont succombé à la COVID-19 au centre de soins de longue durée d'Eatonville. Ce bilan est accablant, mais il aurait pu être beaucoup plus lourd, n'eût été le déploiement des Forces armées canadiennes venus prendre soin de mes électeurs.
En leur nom, je remercie d'abord les Forces armées canadiennes d'avoir servi dans nos établissements de soins de longue durée, particulièrement et par votre entremise, si c'est possible, les militaires qui ont pris soin de mes électeurs d'Etobicoke-Centre et qui leur ont sauvé la vie.
J'ai d'autres motifs pour vous remercier. En mai, les Forces armées canadiennes ont rédigé un rapport décrivant les conditions horribles et la maltraitance qui existaient dans les centres de soins de longue durée de l'Ontario où elles avaient été affectées. Les allégations terribles que renferme ce rapport devraient, d'après moi, alerter chaque Canadien. Les exemples de mauvais traitements et de sévices décrits ou racontés par les soldats prêtés à ces établissements sont, d'après moi, simplement inacceptables, et je pense que tous les Canadiens sont de mon avis.
Comme nous nous focalisons à juste titre sur les chiffres et les statistiques ainsi que sur certains événements, il importe également de ne pas oublier que chaque victime était une personne humaine, un concitoyen, une mère, un père, un frère, une sœur, un Canadien qui méritait un meilleur sort.
Votre rapport nous a conduits, quatre autres députés et moi-même, qui représentons des circonscriptions de l'Ontario où les forces armées ont servi dans des établissements de soins de longue durée, à écrire aux premiers ministres Ford et , pour réclamer un certain nombre de mesures, notamment l'édiction de normes nationales pour ces établissements. Beaucoup d'autres membres de notre caucus se sont joints à nous. Dans le discours du Trône, le gouvernement a annoncé qu'il collaborerait avec les provinces précisément à cette fin, des normes nationales pour les établissements de soins de longue durée.
Au nom de ma communauté, je remercie les Forces armées canadiennes d'avoir pris soin de mes électeurs et de leur avoir sauvé la vie, d'avoir pris note de ce qu'elles ont découvert. Cela a permis d'éveiller les consciences, ce qui a conduit à la prise de mesures et amené le gouvernement à promettre des normes nationales. Quand ces normes seront devenues réalité, je suis convaincu que ça changera le sort des personnes âgées des générations à venir.
Je vous remercie, vous et tous les membres des Forces armées canadiennes qui ont participé à l'opération Laser.
Pourriez-vous nous décrire certaines des conditions les plus inquiétantes que les Forces armées canadiennes ont mises au jour dans ces établissements?
:
Seulement pour ajouter des précisions aux propos du général Cadieu, aucun problème n'était propre à tous les établissements ontariens. Globalement, le problème touchait le respect des politiques visant à assurer des soins convenables aux résidents les plus vulnérables. Bien sûr, notre rapport, comme vous le savez, cite des exemples très précis, qui, en général, concernent le respect des politiques.
Je pourrais aussi faire observer que nous sommes allés dans des établissements essentiellement en crise, à l'invitation du gouvernement de la province. Nous avons formé un partenariat très étroit avec la direction des établissements et sous sa gouverne ainsi qu'avec le gouvernement. Je peux vous dire que, chaque fois que nous avons signalé un manque de respect des politiques ou de la norme de prestation de soins, tout le monde a volontiers apporté les correctifs nécessaires. Votre question portait aussi sur d'autres problèmes.
Puisqu'il est question de normes de soins, nous étions là, comme vous le savez, pour appuyer les établissements locaux et, en notre qualité de militaires professionnels, accomplir la mission qui nous avait été confiée. De même, en notre qualité de professionnels de la santé, nous sommes tenus de signaler les cas où certains résidents pourraient avoir subi des torts.
Encore une fois, nos quatre grands constats ont été le non-respect des politiques, des effectifs insuffisants ou même une formation insuffisante des soignants de l'établissement et des lacunes infrastructurelles.
Je cède la parole au médecin général, s'il a quelque chose à ajouter.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je suis heureux d'apprendre que ce n'est effectivement pas de normes nationales que nous avons besoin, mais des transferts en santé que les gouvernements provinciaux, dont celui du Québec, demandent depuis si longtemps. Cela dit, je ne ferai pas de politique au Comité. Ce n'est pas dans ce but que nous sommes ici.
Il a fallu prendre beaucoup de décisions difficiles, dans plusieurs domaines, et les Forces armées canadiennes n'ont pas été épargnées à cet égard. Parmi les décisions difficiles que vous avez prises, certaines concernent plusieurs cours importants. Par exemple, des cours sur la progression de carrière ont dû être annulés, reportés ou offerts à un nombre limité de candidats. Cela signifie que moins de soldats, de sous-officiers et d'officiers ont été formés. Or, ceux-ci auraient pu à leur tour former d'autres candidats.
Quel est l'impact de ces retards sur la préparation des forces armées?
:
Madame la présidente, je remercie le député de sa question.
[Traduction]
La pandémie, bien sûr, n'a épargné personne, de façon générale, et beaucoup de nos militaires n'ont pas été épargnés. Nous avons dû faire des choix difficiles, comme vous l'avez dit.
D'abord, pour privilégier la santé de nos soldats, quand le chef d'état-major de la Défense a ordonné aux membres des Forces armées canadiennes de se disperser, nous avons mis en branle ce que nous appelons nos « plans de continuité des opérations », pour mieux comprendre le milieu dans lequel nous étions plongés et la gravité éventuelle de la maladie. À court terme, ça nous a obligés à arrêter ce que nous appelons nos activités de « mise sur pied d'une force » ou d'instruction. Notre appui de l'opération Laser — dans les établissements de soins de longue durée — nous a obligés à suspendre une partie de l'instruction prévue à l'époque.
Pour répondre à votre question sur les répercussions de l'annulation de l'instruction, le perfectionnement professionnel que nous assurons aux membres des Forces armées canadiennes sera dans certains cas retardé. La durée de la pandémie influera sur notre capacité de ramener l'instruction au niveau de rendement qu'elle a déjà eu. Ensuite, il faut aussi, en privilégiant l'instruction, venir au secours des Canadiens désemparés de manière responsable, tout en respectant les mesures de santé publique, les consignes de distanciation sociale, le port de masques non médicaux et d'équipement de protection individuelle. Les Forces armées canadiennes ont besoin de reprendre leurs activités d'instruction, pour être prêtes à répondre non seulement aux menaces sur le territoire national, mais, aussi, à protéger notre pays contre les menaces extérieures.
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Les Forces armées canadiennes collaborent très étroitement avec l'Agence de la santé publique du Canada et d'autres partenaires fédéraux dans le cadre du groupe de travail sur le vaccin anti-COVID-19. Pour cet effort, nous avons déjà mobilisé des membres et des commandants des Forces armées canadiennes.
Actuellement, un certain nombre de nos militaires travaillent, à partir de l'Agence de la santé publique du Canada, à établir un « centre national des opérations » qui sera le point de commandement et de contrôle ou le centre de coordination de la distribution d'un vaccin anti-COVID-19 dans tout le pays, y compris dans le Nord et dans les communautés éloignées. Notre chef d'état-major de la Défense a dépêché certains de ses meilleurs planificateurs pour collaborer avec l'Agence à l'élaboration d'un plan de soutien logistique qui, en fait, sera le plan manœuvrier de la distribution du vaccin dans l'ensemble du pays.
En outre, je crois que la et le président de l'Agence de la santé publique du Canada viendront faire sous peu le point sur le plan de soutien logistique, le plan de distribution qui sera mis en place. Les Forces armées canadiennes, en la matière, et ce sera leur rôle, continueront de collaborer avec l'Agence pour mieux lui faire comprendre leurs éventuels besoins, tandis que notre chef d'état-major de la Défense conseillera la ministre.
Pour répondre à votre sous-question sur les communautés du Nord et les communautés éloignées, notre chef d'état-major de la Défense a bien expliqué que durant la pandémie, nous devrons être prêts à leur fournir l'appui qu'elles réclameront.
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Merci, madame la présidente.
D'abord et avant tout, je dois dire que je suis très heureux du fait que les Forces armées canadiennes s'occuperont de la gestion de la logistique et des chaînes d'approvisionnement en vue de la distribution des vaccins dans l'ensemble du pays. Personne ne peut faire mieux que les Forces armées canadiennes lorsqu'il s'agit de distribuer des biens rapidement et d'une manière fiable. Je vous remercie d'assumer ce rôle de leadership.
Puisque nous avons M. Crosby avec nous, j'aimerais en profiter pour examiner plus en profondeur les répercussions de la COVID sur les chaînes d'approvisionnement des Forces armées canadiennes, les répercussions sur l'approvisionnement en munitions, en bottes, en uniformes et même en papier hygiénique, qui semble encore une fois se faire rare sur les tablettes des magasins. Pourriez-vous nous parler, monsieur Crosby, des conséquences sur les fournisseurs des Forces armées canadiennes et de l'incidence sur l'acquisition des fournitures dont l'armée a besoin.
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Je remercie le Comité d'avoir fait preuve de souplesse en me permettant de me joindre à la réunion plus tard et de me donner l'occasion de m'exprimer au sujet de ces questions importantes.
En ce qui concerne la chaîne d'approvisionnement, au printemps, le Groupe des matériels a travaillé en très étroite collaboration avec les Forces armées canadiennes pour déterminer nos besoins essentiels en matière de flottes et nos contrats essentiels. Nous avons examiné notre stock de pièces de rechange et déterminé les niveaux d'activité et notre capacité de soutenir les niveaux d'activité prévus à ce moment-là.
Au début, nous avons désigné un nombre réduit de flottes qui étaient importantes pour les opérations en cours et nous avons examiné l'approvisionnement et notre capacité de fournir un soutien sur des périodes de 30, 60 et 90 jours et, à mesure que le temps s'écoulait, sur des périodes plus longues. Diverses approches et différents facteurs ont été pris en considération en ce qui concerne ces flottes. Nous avons été confrontés à des situations intéressantes que nous n'aurions pas pu prévoir.
Je vais vous donner un exemple précis. En ce qui a trait aux véhicules de soutien léger à roues, nous avons constaté que nous prévoyions une pénurie d'une pièce en particulier du cylindre de frein. Fait intéressant, ces cylindres de frein proviennent du nord de l'Italie. Pour éviter que nous soyons mal pris, l'équipe mixte s'est penchée sur les problèmes que nous avions relativement aux cylindres de frein, et elle a mis en place une solution d'ingénierie qui nous a permis d'assurer un approvisionnement ininterrompu pour les pièces en question et de faire en sorte que les véhicules soient disponibles pour les opérations des Forces canadiennes.
Dans d'autres circonstances, lorsqu'il s'agit du transport de pièces et de personnes, la situation est différente. Par exemple, le transport de représentants détachés à l'étranger et même dans une autre province s'est révélé parfois difficile. Dans certains cas, les choses sont encore difficiles lorsqu'il est question de matériel qui provient de l'étranger, mais nous sommes en mesure...
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Je vous remercie, madame la présidente, pour cette question.
Je vais donner une réponse pour deux grandes catégories.
La première catégorie est celle des projets qui progressent en majeure partie grâce au travail effectué dans les bureaux. Au début de la pandémie, il y a eu un léger ralentissement, alors que nous nous adaptions au travail à distance à l'aide de nouvelles technologies.
En général, les projets qui sont liés à l'élaboration d'une demande de propositions, comme le projet de modernisation des véhicules logistiques ou le projet de système d'aéronef télépiloté — pour lesquels des parties considérables des ébauches des demandes de propositions ont été publiées — continuent de progresser. De même, le projet de capacité des futurs chasseurs, pour lequel on a en main les propositions depuis l'été, a été en mesure de progresser.
Étant donné que nous avons affaire à un volume important de renseignements classifiés, cela nous pose des défis. Néanmoins, l'équipe a trouvé des façons très créatives de s'assurer que les projets continuent d'avancer. Il pourrait y avoir des retards de l'ordre de quelques semaines en ce qui concerne l'un ou l'autre de ces projets, mais je n'entrevois pas de retards à long terme.
D'un autre côté, les projets qui en sont au stade de la production posent davantage de difficultés. La question portait sur les projets de construction de certains navires. Nous savons tous qu'il n'est pas facile de respecter les exigences en matière de distanciation physique à bord d'un navire en construction ou d'un sous-marin en cours de réparation et de remise en état. Cependant, il a été remarquable de voir l'industrie de la construction navale trouver des solutions et travailler avec ses employés pour trouver des moyens de continuer les travaux. C'est extraordinaire. Au printemps, le groupe consultatif de l'industrie de la défense tenait des réunions hebdomadaires avec des représentants des chantiers navals. Ces réunions réunissaient 50 participants, qui s'échangeaient d'emblée de l'information sur les meilleurs moyens de s'adapter et de continuer les travaux.
Un autre projet qui en est au stade de la production est le projet d'avions de recherche et de sauvetage. Cet avion est construit en Espagne. Airbus, qui est le fabricant dans ce cas-ci, a réussi de façon phénoménale à respecter l'échéancier original.
Je le répète, assurer le transport en direction et en provenance de l'étranger a représenté un défi. Nous avons délibérément décidé de transférer à Comox une partie des travaux qui devaient originalement être effectués en Espagne, en raison des prochaines vagues de COVID et de la situation incertaine engendrée par la pandémie. Cela nous a retardés un peu, mais je crois que nous sommes en bonne posture maintenant pour continuer d'aller de l'avant avec le projet.
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Comme vous pouvez l'imaginer, les Services de santé des Forces canadiennes ne comptent pas sur des ressources infinies, et c'est la même chose dans la société civile.
Au fil de l'évolution de la pandémie, nous avons dû, bien entendu, nous tenir prêts à intervenir auprès des Canadiens ainsi qu'à continuer de fournir des soins aux membres des Forces armées canadiennes. En outre, nous avons nos propres familles et nous devons concilier nos vies personnelles avec tout le reste.
Depuis le début de la pandémie, nous avons bien entendu fourni des efforts supplémentaires pour établir des priorités en ce qui a trait au travail qui doit être effectué. Nous devons nous assurer de répondre aux besoins des membres des Forces armées canadiennes et à ceux des membres de notre personnel du point de vue des soins.
Nous avons inclus des critères dans nos plans de reprise des activités pour nous assurer que le plus grand nombre de personnes possible puissent travailler à distance, car notre équipe est composée de militaires et de civils, afin de pouvoir continuer à fournir les mêmes soins qu'à l'habitude.
Nous avons examiné d'autres façons de fournir des soins aux membres des Forces armées canadiennes. Nous avons notamment commencé à offrir des soins virtuels, et nous espérons pouvoir continuer à le faire dans l'avenir.
Pour améliorer la résilience, je pense qu'il faut travailler étroitement, en respectant évidemment la distanciation physique, avec le chef d'état-major et essayer de respecter toutes ses priorités.
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Nous sommes fiers de ce partenariat entre le ministère de la Défense nationale, les Forces armées canadiennes et l'Agence de la santé publique pour soutenir le Canada.
Comme vous l'avez mentionné, au début de la pandémie, nous avons travaillé en très étroite collaboration avec l'Agence de la santé publique, en premier lieu pour rapatrier des Canadiens qui se trouvaient en Chine, au Japon et aux États-Unis, et ensuite, pour les opérations de quarantaine à la base des Forces canadiennes de Trenton.
Nous avons ensuite travaillé très étroitement avec l'Agence de la santé publique pour faciliter la livraison au Canada, l'entreposage et la distribution aux Canadiens de fournitures médicales et de l'équipement de protection individuelle. Actuellement, comme je l'ai expliqué, nous travaillons en étroite collaboration avec l'Agence de la santé publique sur la stratégie relative à la distribution du vaccin.
Je tiens à apporter une précision à ce sujet. Les Forces armées canadiennes contribuent à l'élaboration d'un plan de soutien logistique pour la distribution du vaccin. Il reste encore à déterminer le rôle que les Forces armées canadiennes vont jouer, ou éventuellement jouer, dans la distribution du vaccin. En ce moment, le travail consiste à cerner les besoins des Canadiens, des provinces, des territoires et des différentes administrations.
Une fois que l'Agence de la santé publique, avec le soutien des Forces armées canadiennes, aura déterminé ces besoins, nous nous attendons à ce qu'on demande peut-être l'aide des Forces armées canadiennes. Une telle demande sera examinée par le chef d'état-major de la Défense.
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Madame la présidente, je vous remercie beaucoup pour cette question, car, comme vous le savez, je suis également championne de la Défense pour les femmes.
Cela dit, j'aimerais vous fournir des renseignements au sujet de la participation des femmes à l'opération Laser. Je vais utiliser comme exemple les services de santé, car, à l'heure actuelle, nous comptons à peu près autant d'hommes que de femmes dans les 18 groupes professionnels au sein des services de santé.
Tout au long de l'opération Laser, environ 1 772 militaires, de la Force régulière et de la réserve, participaient activement à tous les aspects de l'opération ou se tenaient prêts à être déployés. De ce nombre, plus de 700 étaient des femmes. En ce qui a trait au travail effectué dans les centres de soins de longue durée, parmi les membres du personnel des services de santé qui ont été déployés — à savoir environ 729 — 393 étaient des femmes. Voilà un bon exemple de l'intégration des femmes dans les opérations, que ce soit au Canada ou à l'étranger, comme le major-général Cadieu l'a mentionné, tant dans des postes de direction que dans notre équipe au sein de l'armée, de la marine ou de la force aérienne, en tant que membres clés. Dans le cadre de l'opération Laser, nous avons intégré les femmes dans tous les aspects.
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Notre chef d'état-major de la défense prend la santé des militaires très au sérieux — c'est ce que nous appelons la « protection des forces ». Qu'il déploie des membres des Forces armées canadiennes, ou FAC, dans des opérations de combat ou dans des établissements de soins de longue durée pour venir en aide aux Canadiens vulnérables, il est très directif pour veiller à ce qu'ils aient l'équipement de sécurité dont ils ont besoin.
Le déploiement des FAC dans les établissements de soins de longue durée ne faisait pas exception. Le chef d'état-major a donné des directives sans équivoque: tous les militaires qui entrent dans ces établissements doivent avoir les EPI de qualité médicale dont ils ont besoin pour la tâche, et recevoir une formation adéquate sur leur utilisation.
Tous les membres des Forces armées canadiennes sans exception qui sont allés dans ces établissements ont reçu du matériel certifié soit par l'Agence de la santé publique du Canada, soit par l'équipe des services de santé des FAC, qui ont vérifié que l'équipement était conforme aux normes médicales.
Je sais qu'un lot de gants en nitrile était périmé — je peux au besoin m'en remettre à notre médecin général à ce sujet. Il fallait les certifier avant de les distribuer aux militaires. C'est arrivé seulement après que nos services de santé et notre personnel médical aient établi que le matériel était encore conforme à toutes les normes sanitaires.
Je laisse la parole au médecin général, s'il souhaite en dire plus là-dessus.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je veux simplement remercier tous nos témoins pour leurs réponses très exhaustives et éclairées. Par ailleurs, merci de protéger tous les membres de la force régulière de ma circonscription, qui est l'ensemble du Yukon. Ils ont leur propre bureau et des entrées distinctes dans l'édifice.
J'ai une question en deux volets. Elle s'adresse à l'amirale Patterson. J'aimerais m'attarder plus particulièrement aux besoins des femmes.
Tout d'abord, pouvez-vous mentionner des défis uniques aux femmes qui sont attribuables à la COVID? Quelles mesures ont été prises pour y remédier?
En deuxième lieu, vous n'êtes pas sans savoir que nos militaires actifs ne représentent que la moitié de l'équation. Il faut aussi tenir compte de leur famille, comme vous l'avez dit. Je suis ravi que vous en ayez parlé. Il y a aussi de grands défis à relever pour les femmes, les enfants et les hommes qui doivent rester à la maison, notamment sur le plan de la santé mentale. Y a-t-il des défis particuliers pour les femmes qui restent à la maison? Ont-elles accès à des services ou à des mesures d'adaptation?
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, messieurs, je veux vous remercier de votre présence aujourd'hui et de votre travail exceptionnel, qui est si nécessaire. C'est la première chose que je veux vous dire avant de vous dire « à la prochaine ».
Je crois que les Forces armées canadiennes sont principalement intervenues dans les grands centres, lors de l'opération Laser. Ma région, qui est au Lac-Saint-Jean, est relativement éloignée et elle est l'une de celles qui ont le taux de contamination le plus élevé au Québec et au Canada, en ce moment. Pour l'instant, notre système de santé, les CHSLD, les hôpitaux et les résidences privées tiennent le coup. Or, la plupart de ces endroits sont à plus d'une heure d'une base militaire, où il n'y a pas d'unité de réserve.
Les Forces armées canadiennes ont-elles un plan pour se déployer rapidement dans ces régions plus rurales, si on leur en fait la demande?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier la contre-amirale Patterson d'avoir mis en lumière le rôle que jouent les familles des militaires canadiens dans tout ce qu'ils font, en partenariat avec les FAC.
Je voudrais poser une question précise à propos de l'incidence de la COVID sur le recrutement au sein des Forces canadiennes et de la Réserve. Je sais que nous avons eu du mal à atteindre les objectifs de recrutement, et je soupçonne que la COVID présente certains défis à cet égard.
Par ailleurs, je pense que la crise économique générale offrira également des occasions à mesure que le taux de chômage augmentera, si nous arrivons à informer les Canadiens des possibilités qui se présentent dans les Forces canadiennes.
J'aimerais donc que vous me parliez des répercussions de la COVID sur le recrutement.