Bienvenue à la troisième séance du Comité permanent de la défense nationale. Conformément à l'article 81(4) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 14 octobre, nous nous réunissons aujourd'hui pour étudier le Budget principal des dépenses de 2020-2021.
Avant de commencer, je voudrais respectueusement demander une minute de silence pour le caporal Choi, qui a été tué au cours d'un accident d'entraînement le week-end dernier.
[On observe un moment de silence.]
La présidente: J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Aujourd'hui, nous accueillons l'honorable Harjit Sajjan, C.P., député et ministre de la Défense nationale.
Nous recevons également les représentants du ministère de la Défense nationale suivants: Jody Thomas, sous-ministre; lieutenant-général Mike Rouleau, vice-chef d'état-major de la Défense; Cheri Crosby, sous-ministre adjointe, directrice générale des finances, Finances; Troy Crosby, sous-ministre adjoint, Groupe des matériels; Geneviève Bernatchez, juge-avocate générale, Forces armées canadiennes. Enfin, nous accueillons la représentante du Centre de la sécurité des télécommunications: Shelly Bruce, chef.
Je voudrais inviter les témoins à commencer leurs déclarations.
Merci beaucoup.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier tout le monde d'avoir observé un moment de silence.
Avant de commencer, je tiens à souligner la grande perte du caporal James Choi lors d'un exercice d'entraînement à Wainwright, en Alberta. J'offre mes plus sincères condoléances à sa famille, et je précise que l'ensemble de notre équipe de la Défense soutiendra les membres de sa famille pendant cette période difficile. Nous avons lancé une enquête pour déterminer comment cette tragédie est survenue et mieux comprendre ce que nous pouvons faire pour éviter qu'elle ne se reproduise.
Madame la présidente, puisque vous avez déjà présenté toute mon équipe, je vais simplement aller de l'avant maintenant. Nous sommes tous ici pour répondre à vos questions.
Comme vous le savez, l'Équipe de la Défense doit être prête à faire des prévisions, à s'adapter et à agir dans le contexte actuel en ce qui a trait à la sécurité. C'est pour cette raison que nous avons procédé à un investissement historique dans la Défense nationale et les Forces armées canadiennes dans le cadre de notre politique de défense « Protection, Sécurité, Engagement », un investissement qui permettra d'accroître les dépenses de plus 70 % du début de l'exercice financier de 2016-2017 à l'aboutissement de la politique. La somme de 23,3 milliards de dollars que nous demandons permettra de soutenir nos membres tout en faisant avancer l'atteinte des grands objectifs du Canada en matière de sécurité et en appuyant l'économie canadienne, ce qui constitue une mesure essentielle pendant que le Canada poursuit sa lutte contre la COVID-19.
Au cours de l'exercice de 2020-2021, le budget de la Défense aura des retombées positives sur l'économie puisqu'il apportera une contribution de 15,2 milliards de dollars au PIB et créera 283 000 emplois.
Lorsque nous avons déposé ce budget des dépenses pour la première fois, en février, la pandémie de COVID-19 était encore naissante. Bien que le budget des dépenses ne prévoie aucun financement particulier lié à la COVID-19, la pandémie a ajouté un degré supplémentaire de complexité à un contexte de menaces déjà difficile à gérer.
Dès le début de la pandémie, l'Équipe de la Défense a contribué de façon importante à la réponse pangouvernementale du Canada. Le Centre de la sécurité des télécommunications a collaboré avec le gouvernement, les entreprises et nos établissements de soins de santé dans le but de sécuriser nos réseaux et notre cyberinfrastructure pendant que les employés partout dans le monde commençaient à travailler à distance. Ce printemps, lorsque des Canadiens étaient bloqués à l'étranger en raison de la COVID-19, l'opération Globe des Forces armées canadiennes a permis de les rapatrier au Canada et d'assurer leur santé et leur sécurité.
Dans le cadre de l'opération Laser, des milliers de membres des Forces armées canadiennes ont apporté leur soutien aux Canadiens, dont 1 700 militaires qui se sont exposés à des risques pour aider à prendre soin des personnes vulnérables dans 54 établissements de soins de longue durée au Québec et en Ontario. Nous avons accompli tout cela en continuant de répondre aux besoins du Canada en matière de sécurité, tant au pays qu'à l'étranger.
Nous sommes résolus à être des partenaires fiables et de bons citoyens du monde. C'est la raison pour laquelle ce budget des dépenses comprend une contribution à l'OTAN de 160,3 millions de dollars. Cela dit, il n'est possible d'assurer la sécurité au pays et à l'étranger que si nous disposons d'une équipe de la Défense diversifiée, inclusive et solide. C'est pour cette raison que nous prenons des mesures délibérées et décisives en vue d'éliminer les comportements haineux et préjudiciables.
En juin, des dirigeants de la Défense et moi-même avons rencontré nos réseaux et groupes consultatifs pour tenir une table ronde sur la lutte contre le racisme et la discrimination, afin de mieux comprendre leurs expériences et déterminer comment nous pouvons éliminer les obstacles et les préjugés. Ces obstacles et ces préjugés au sein de notre institution sont à l'origine d'un racisme systémique contre lequel il faut lutter, et c'est ce que nous faisons. En juillet, les Forces armées canadiennes ont publié une politique sur la conduite haineuse. L'Armée, la Marine et la Force aérienne ont donné suite à cette politique en donnant des ordres visant à aider les membres à cerner les conduites haineuses dans les rangs et à les gérer. Ces ordres viennent renforcer le message selon lequel l'intolérance et la haine n'ont pas leur place au sein des Forces armées canadiennes. Si vous avez des points de vue haineux, je peux vous assurer que nous vous trouverons et que nous prendrons des mesures à votre égard.
En outre, nous reconnaissons que nous devons en faire plus pour que les Forces armées canadiennes deviennent plus inclusives envers les femmes et pour éliminer la discrimination fondée sur le sexe, le harcèlement et l'inconduite sexuelle. Toute l'Équipe de la Défense continuera d'investir pour créer un milieu de travail sécuritaire, inclusif et accueillant pour tous nos membres. C'est la raison pour laquelle ce budget des dépenses comprend près de 10,5 milliards de dollars de financement et d'autorisations législatives qui permettront de rémunérer nos membres et de prendre soin d'eux tout au long de leur emploi et après.
La mise en place d'une équipe de la Défense solide et diversifiée permet également au Canada de rester à l'avant-garde sur le plan de l'innovation. Nos scientifiques et nos chercheurs se sont employés à mettre au point des solutions aux problèmes posés par la COVID-19 au Canada; ils ont notamment contribué à l'élaboration d'un calculateur des risques liés à la COVID-19, lequel a été transmis à nos partenaires fédéraux, provinciaux et territoriaux ainsi qu'à l'Organisation mondiale de la Santé. De plus, dans le cadre de notre programme Innovation pour la défense, l'excellence et la sécurité, aussi connu sous le nom de programme IDEeS, des innovateurs des quatre coins du Canada travaillent ensemble afin de nous aider à résoudre quelques-unes des principales difficultés liées à la COVID-19 auxquelles nous faisons face.
Ces investissements dans l'innovation ne permettent pas seulement d'appuyer le ministère de la Défense et les Forces armées canadiennes. Ils sont essentiels pour aider à stimuler l'économie canadienne et à assurer des emplois aux Canadiens de la classe moyenne partout au pays. À elles seules, les Forces armées canadiennes emploient près de 100 000 personnes au sein de la Force régulière et de la Force de réserve, et elles continuent de recruter en ce moment.
Il y a également environ 25 000 employés de la Défense nationale qui travaillent dans des collectivités de l'ensemble du pays. Notre politique de défense « Protection, Sécurité, Engagement » permet de générer des milliards de dollars de retombées économiques qui bénéficieront à des millions de Canadiens et à leur famille dans les années à venir. Parmi les investissements énoncés dans cette politique, une somme de 108,6 milliards de dollars servira à financer des projets et des programmes pour la période de 2020-2021 à 2024-2025. Ces investissements apporteront une contribution au PIB de plus de 85 milliards de dollars, et nous aideront à assurer de bons emplois stables aux Canadiens de la classe moyenne. Ces investissements contribueront aussi à soutenir en moyenne des centaines de milliers d'emplois par an au cours des cinq prochaines années. Les 5 milliards de dollars prévus dans le budget qui seront consacrés à nos navires, à nos aéronefs et à nos véhicules terrestres ne profiteront pas seulement aux entreprises qui remporteront les appels d'offres. Ces contrats permettront de créer et de préserver des milliers d'emplois et de réinvestir un montant équivalent dans les collectivités de notre pays.
Par exemple, seulement un an après l'attribution du contrat pour les véhicules blindés d'appui tactique, le projet a permis de conclure des contrats de sous-traitance avec plus de 30 entreprises canadiennes et de soutenir plus de 400 emplois. Une économie forte du XXIe siècle doit toutefois comprendre des investissements visant à lutter contre l'autre menace la plus grave de notre génération, c'est-à-dire le changement climatique. C'est pour cette raison que nous déployons des efforts considérables pour écologiser les activités de la Défense.
Puisque nous sommes le ministère qui possède le plus important portefeuille d'infrastructures et que nous disposons de plus de 20 000 immeubles, le ministère de la Défense nationale produit près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du gouvernement fédéral. Grâce à nos investissements dans des initiatives vertes, nous avons déjà réduit nos émissions de plus de 30 % par rapport aux niveaux de 2005, et nous sommes en bonne voie d'atteindre une réduction de 40 % d'ici 2025, soit cinq ans avant nos objectifs initiaux.
L'écologisation de la Défense vise également à maintenir un avantage concurrentiel et à stimuler la croissance économique. À Halifax, nous avons récemment terminé la construction d'un nouvel établissement d'instruction navale qui, grâce à sa conception moderne et écologique, permettra de réaliser des économies d'énergie dans les années à venir. De plus, la collectivité locale a pu profiter des 160 emplois créés pendant sa construction. La somme de 26,1 millions de dollars prévue dans le budget des dépenses nous aidera à poursuivre la modernisation de l'infrastructure essentielle de la Défense nationale, tout en créant des emplois et en contribuant aux efforts du gouvernement en vue d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Le budget des dépenses continuera d'appuyer le travail important qu'accomplit l'Équipe de la Défense en vue d'aider les Canadiens à mieux reconstruire notre économie. Ces investissements dans le domaine de la défense nous permettront de défendre les Canadiens, de stimuler notre économie et de faire avancer notre société.
En approuvant ces investissements, vous aidez l'Équipe de la Défense à poursuivre son travail essentiel visant à favoriser la paix et la prospérité collectives.
Merci beaucoup. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier le ministre et tous les fonctionnaires du ministère qui assistent à la séance d'aujourd'hui.
Au nom de tous les membres conservateurs du Comité, je tiens moi aussi à présenter mes condoléances à la famille du caporal James Choi, à ses amis et, bien sûr, à toute la famille des Forces armées canadiennes pour cette perte tragique.
Monsieur le ministre, je suis heureux que vous ayez parlé de l'Opération LASER et de la réponse des Forces armées canadiennes à la pandémie de COVID-19.
Ma question est la suivante: vous préparez-vous à déployer de nouveau des effectifs, alors que la deuxième vague continue de prendre de l'ampleur, et recevez-vous des demandes de la part de provinces qui envisagent la possibilité d'avoir besoin de l'aide des Forces armées canadiennes pendant cette pandémie?
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Bezan. C'est une question vraiment importante.
C'est une dimension que nous avons examinée dès le début de la pandémie: non seulement il était nécessaire de nous préparer d'avance, mais nous avons également examiné les différents stades qui allaient survenir. Étant donné qu'une deuxième vague était possible — et nous l'affrontons maintenant —, nous avons planifié notre réponse en conséquence.
Nous avons estimé qu'il n'était pas nécessaire de prévoir les niveaux d'intervention que nous avions assurés initialement, mais nous avons, en fait, mis en œuvre des mesures d'intervention partout au pays pour être en mesure de répondre aux besoins que nous avions exposés auparavant, en nous assurant que nous prévenons la propagation de cette horrible maladie, en faisant en sorte de soutenir les communautés vulnérables et en veillant en même temps à ce que nous puissions fournir un soutien logistique là où il est nécessaire.
Nous n'avons pas encore apporté un soutien direct aux milieux liés à la COVID, mais nous sommes prêts à fournir non seulement ce soutien, mais aussi un soutien dans l'éventualité d'autres types d'urgences.
:
Toutefois, même si je suis un grand partisan de l'Ukraine et de l'opération Unifier, je crois que nous devons nous préoccuper des établissements de soins de santé et de l'écart, je suppose, entre les soins de santé offerts en Ukraine et ceux que nous recevons ici au Canada, ainsi que de la sécurité des troupes, à mesure que le nombre de cas de COVID augmente là-bas. Je veux maintenant passer à autre chose, car je sais que c'est une situation que vous maîtrisez. Je vous suis reconnaissant, à vous et à tout votre personnel, de veiller à ce que nos troupes soient aussi en sécurité que possible et restent en bonne santé pendant cette période.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, au cours de la dernière législature, nous avons reçu un rapport des Affaires étrangères qui montrait que la Force de réaction rapide n'avait jamais été enregistrée auprès des Nations unies. Au nombre des promesses que nous avons faites à Vancouver, vous avez laissé entendre que nous allions déployer jusqu'à 600 soldats. Le chiffre le plus élevé que nous ayons jamais observé, en vertu du mandat du gouvernement actuel, s'élevait à seulement 192. C'est le nombre que je vois devant moi.
À l'heure actuelle, le nombre de Casques bleus des Nations unies est inférieur à 40, et il est demeuré constant au cours des derniers mois. Nous savons que lorsque vous faites appel à des officiers d'état-major et à des experts militaires, il ne reste plus aucune troupe portant des casques bleus dans le cadre de sa mission. La Force de réaction rapide n'a donc jamais vu le jour. Le a présenté des excuses officielles à ce sujet, même si les députés libéraux ont tenté de bloquer ces excuses. Il s'est officiellement excusé d'avoir induit le Comité en erreur.
Avez-vous complètement abandonné l'ONU? Nous n'observons pas de déploiement de troupes. Nous ne voyons pas de Force de réaction rapide enregistrée. Êtes-vous parvenus à la même conclusion que bon nombre de Canadiens, à savoir que l'ONU n'est tout simplement plus efficace?
:
Si vous le voulez bien, nous allons faire un bref retour en arrière, monsieur Bezan. Vous indiquiez au départ que nous ne devrions pas participer à la mission au Mali. Vous avez ensuite parlé, après votre visite, du travail extraordinaire que tout le monde a fait là-bas. Il ne faut pas s'arrêter aux chiffres lorsqu'on analyse les missions des Nations unies. Nous devons être bien conscients du genre de contribution que nous sommes en mesure d'apporter.
N'oubliez pas non plus ce que je dis depuis le tout début. Nous n'engagerons pas des troupes dans une mission si nous n'estimons pas qu'elle aura véritablement un impact. Pour assurer un tel impact, il faut de la collaboration et du travail. Comme vous le savez, nous avons terminé notre mission au Mali. Nous offrons maintenant de temps à autre un soutien logistique à partir de l'Ouganda sous forme de transport aérien tactique. C'est un rôle extrêmement important, et je vais vous dire pourquoi. Lorsque j'ai visité le siège de l'Union africaine, on nous a notamment demandé de fournir une capacité spécialisée. Ces pays ont les effectifs nécessaires pour mener les différentes missions, mais ont besoin de soutien pour concrétiser le tout. À titre d'exemple, le transport aérien tactique permet non seulement d'offrir du soutien logistique à plusieurs missions, mais aussi de déplacer les troupes dans différentes régions. Quant au soutien additionnel qui est également prévu, nous en sommes encore à déterminer avec les Nations unies non seulement à quelles missions nous devrions prendre part, mais aussi quels devraient en être les échéanciers.
Comme vous le savez, le concept de l'engagement conjoint est extrêmement important. Si nous nous limitons strictement à ce qui a été fait auparavant, la mission ne permettra pas d'améliorer les choses. Le concept de l'engagement conjoint permet de s'assurer que les différents pays peuvent apporter leur contribution sans toutefois être obligés de le faire pendant une période prolongée. C'est dans ce contexte que la rotation annuelle se révèle particulièrement utile. C'est ce que nous nous employons à faire actuellement. Ces choses-là ne se règlent pas d'elles-mêmes avec le temps, et nous ne pouvons pas y arriver nous-mêmes en vase clos. Il doit y avoir collaboration avec les Nations unies et de nombreux autres pays. Nous sommes fiers du travail que nous avons accompli. Nous en avons fait la démonstration au Mali, et nous allons poursuivre dans le même sens pour remplir des mandats semblables.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur le ministre, d'être des nôtres aujourd'hui.
Je veux moi aussi d'abord et avant tout transmettre au nom de mes concitoyens nos plus sincères condoléances à la famille, aux amis et à tous les membres des Forces armées canadiennes à la suite de la mort du caporal James Choi.
Ma circonscription d'Etobicoke Centre déplore le décès de 42 résidents du Eatonville Care Centre, victimes de la COVID-19. C'est une véritable tragédie, mais les pertes auraient été beaucoup plus lourdes encore, n'eût été la contribution des membres des Forces armées canadiennes qui ont été déployés pour s'occuper de ces bénéficiaires vivant des moments particulièrement difficiles.
Au nom de mes commettants et commettantes, je tiens donc à profiter de l'occasion pour remercier, par votre entremise, monsieur le ministre, les Forces armées canadiennes, et tout particulièrement les membres de ces forces qui ont prodigué des soins et sauvé des vies dans ma circonscription d'Etobicoke Centre.
J'en viens à ma question, monsieur le ministre. Pourriez-vous nous en dire davantage sur les mesures prises par les Forces armées canadiennes en réponse à la pandémie de COVID-19 en Ontario?
Merci beaucoup pour cette question concernant la Réserve.
Lorsque nous avons mené notre Examen de la politique de défense auprès des Canadiens, la moitié des échanges portait sur la nécessité de mieux appuyer la Réserve. L'une des mesures les plus importantes que nous avons prises a été d'ajuster la rémunération des membres de la Réserve. Ceux-ci gagnaient en effet moins que les membres des forces régulières. Leur rémunération de base a été majorée, si bien que les réservistes reçoivent désormais autant que les membres des forces régulières.
Nous avons aussi voulu améliorer les infrastructures à la disposition de la Réserve. Il y a un an à peine, nous annoncions ainsi un investissement de 250 millions de dollars dans les infrastructures de la Réserve pour toutes les régions du pays. J'en ai fait l'annonce à Montréal. Nous avons aussi prévu des fonds supplémentaires pour l'achat d'équipement.
En plus de mettre à niveau la rémunération, les infrastructures et le soutien de la Réserve, les Forces armées canadiennes ont aussi cherché à lui confier à nouveau quelques-unes des tâches qui lui incombaient auparavant. À titre d'exemple, on a reconstitué des pelotons de mortiers en s'assurant que la Réserve avait une capacité de déploiement...
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je veux moi aussi commencer par offrir les condoléances des néo-démocrates à la famille du caporal James Choi, ce réserviste de la Colombie-Britannique qui a perdu la vie lors d'un tragique accident survenu lors d'un entraînement à Wainwright.
Je tiens également à prendre un moment pour remercier les quelque 1 700 membres des Forces armées canadiennes qui ont volé au secours des établissements de soins de longue durée pendant la crise de la COVID-19, une situation qu'aucun de nous n'avait anticipée.
Merci, monsieur le ministre, d'être des nôtres aujourd'hui. Merci également d'avoir gardé les voies de communication ouvertes pendant cette période tout à fait particulière que nous vivons.
Comme un vote nous attend à la Chambre, il y a certains sujets que je ne vais pas aborder aujourd'hui. Je pense par exemple aux mesures pour lutter contre le racisme et l'extrémisme au sein des Forces armées canadiennes, aux dispositions à prendre pour améliorer les services en santé mentale et à la grande question consistant à savoir comment nous pouvons demander aux Forces canadiennes d'en faire toujours davantage chaque année alors que le budget consacré à leurs opérations n'est pas augmenté.
Cela dit, je vais concentrer mes questions sur le rôle des femmes au sein des forces militaires canadiennes.
Comme vous le savez sans doute, monsieur le ministre, nous apprenions la semaine dernière que les Forces canadiennes n'arrivent pas à atteindre les objectifs établis pour ce qui est du nombre de femmes dans leurs rangs. Quatre ans après le début du programme qui aurait dû voir la proportion de femmes passer, suivant ces objectifs, de 15 % à 19 %, nous notons une augmentation de moins de 1 %.
Pour atteindre l'objectif de 25 % d'ici 2026, il faudrait que l'on double le nombre de femmes recrutées chaque année et qu'environ la moitié des recrues soit des femmes.
Pouvez-vous me dire quelles mesures spéciales sont prises pour accroître le nombre de femmes recrutées au sein des forces militaires canadiennes? En l'absence de telles mesures, il sera en effet impossible d'atteindre nos objectifs.
:
Monsieur Garrison, je vous remercie de la question.
Quant au budget des opérations, je peux vous assurer que toutes les opérations ont un financement séparé. Lorsqu'on fait appel aux Forces armées canadiennes, nous nous assurons toujours d'avoir les fonds nécessaires afin que les forces puissent faire leur travail.
Vous avez tout à fait raison pour ce qui est du recrutement des femmes. Nous devons en faire plus, et nous nous appliquons. L'objectif de 25 % n'avait pas de délai fixe ni de date butoir. Nous voulons continuer dans ce sens.
Nous avons fait des progrès considérables. Nous en sommes maintenant à une participation de 16,1 % de femmes dans les Forces armées canadiennes. Nous avons enregistré des hausses depuis 2015-2016, lorsque nous avions environ 979 femmes dans nos rangs. En 2016-2017, nous avions 1 300 femmes, et ensuite 1 400 et 1 700 respectivement pour les deux exercices suivants; pour l'exercice en cours, nous prévoyons 1 800 femmes.
Les choses s'améliorent. Nous ne sommes pas satisfaits non plus. Nous aimerions que les chiffres montent davantage, mais comme vous le savez, puisque vous l'avez souligné dans le passé, il faut aussi songer à la rétention. Comment offrir les soutiens nécessaires?
Nous offrons le soutien indiqué, mais pour ce faire, il y avait un facteur extrêmement important. L'opération Honour et La voie vers la dignité et le respect étaient deux outils, entre autres, qui ont servi à changer la culture au sein des Forces armées canadiennes.
Du bon travail se fait. Nous ne sommes pas satisfaits des progrès réalisés, et nous ne devrions pas l'être jusqu'à ce que nous ayons réalisé l'objectif de la mission. J'ai eu droit à une séance d'information récemment de la part du commandant de l'armée qui étudiait un nouvel uniforme et s'assurait que l'uniforme avait fait l'objet d'une analyse comparative entre les sexes, afin que l'uniforme convienne à tous.
Je vais m'exprimer ainsi: nous nous servons de connaissances scientifiques dans notre travail. Au chapitre du recrutement, nous avons financé un projet IDeeS pour analyser nos données en vue d'améliorer non seulement nos efforts de recrutement, mais également l'aiguillage des femmes vers les divers métiers, afin d'améliorer la rétention.
Nous mettons en place tous les soutiens et les ressources nécessaires pour améliorer notre rendement. Nous ne sommes effectivement pas satisfaits de ce qui a été accompli jusqu'à maintenant, mais j'aimerais également saluer les efforts considérables qui ont été consacrés par les dirigeants des Forces armées canadiennes.
:
J'aimerais bien que l'on puisse prendre le règlement presque immédiatement, mais nous nous sommes également engagés à consulter les victimes afin que le règlement soit efficace. C'est l'un de nos engagements et nous devons être sûrs de bien le faire.
Quant au projet de loi , il faut se rappeler que nous avons commencé à prendre des mesures avant même qu'il soit adopté. Depuis l'adoption du projet de loi, nous continuons à améliorer nos pratiques afin que le soutien et les mécanismes indiqués soient en place, alors que nous songeons à la rédaction du règlement.
Je vous assure que nous travaillons aussi rapidement que possible. J'ai parlé à la JAG à de nombreuses reprises à ce sujet, mais c'est probablement le texte le plus crucial à rédiger.
Il ne suffit de prendre un règlement et de dire que tout est beau. Le texte doit avoir l'effet voulu, et pour ce faire, nous devons continuellement consulter les victimes afin d'en assurer la teneur.
Je ne peux vous donner une réponse exacte quant à l'échéancier, mais je peux vous garantir que nous allons bien faire le travail.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur le ministre, j'aimerais revenir à la question du rôle des femmes dans les Forces armées canadiennes. Je suis déçu du taux de progrès. Je vous signale qu'en matière de recrutement, si nous continuons d'avancer au taux actuel d'un pourcentage chaque quatre ans, cela veut dire qu'il faudra attendre un autre 30 ans avant que les Forces armées canadiennes atteignent leur but de 25 %, et presque 60 ans avant d'avoir 30 % de femmes. Il est généralement reconnu qu'il faut environ 30 % de femmes pour provoquer un changement dans la culture de n'importe quelle institution.
Je suis également déçu par le progrès réalisé en matière de réglementation; nous l'attendons depuis plus d'un an. Il ne devrait pas prendre plus d'un an pour consulter les victimes. J'aimerais revenir à un autre élément perturbant, à savoir que si nous voulons changer les attitudes au sein des Forces armées canadiennes, il faudra former les futurs dirigeants. Statistique Canada vient de publier un rapport sur les cadets des Collèges royaux militaires de Kingston et de Saint-Jean pour 2019. Ces statistiques indiquent que 15 % des femmes aux collèges ont été victimes de harcèlement ou d'agression sexuels au cours de l'année précédente. Sept étudiants sur dix des collèges militaires ont subi des comportements à caractère sexuel ou en ont été directement témoins. Parmi les témoins de ce comportement, plus de 90 % ont dit ne pas être intervenus parce qu'ils ne se sentaient pas à l'aise de le faire.
Monsieur le ministre, lorsque vous avez parlé devant les médias, vous avez dit que vous prendriez toutes les mesures nécessaires pour corriger ce problème aux collèges royaux militaires. Pouvez-nous nous dire aujourd'hui en quoi consiste les mesures et quand elles seront prises?
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie le ministre de sa présence.
Je veux en profiter pour mentionner quelque chose rapidement. Mon mandat a débuté il y a un peu plus d'un an et je suis très heureux d'être ici, mais deux choses m'ont déçu jusqu'à maintenant. Nous n'en sommes qu'à notre troisième réunion, et j'aurais aimé avoir plus d'occasions de prendre la parole. L'autre chose, c'est que même maintenant, avec nos discussions d'aujourd'hui, on n'a pas encore présenté de budget depuis que j'ai été élu. Ce sont probablement deux de mes déceptions.
J'aimerais revenir sur un sujet. J'en ai parlé lors de notre réunion de mars dernier et, comme vous le savez, Défense nationale Canada et Anciens Combattants Canada ont élaboré une stratégie de prévention du suicide à la fin de 2017. En 2018, il y a eu 15 suicides. En avril, votre ministère a révélé qu'il y avait eu 20 suicides en 2019, le nombre le plus élevé depuis 2014. Pour mettre les choses en perspective, 175 militaires canadiens se sont suicidés depuis 2010, ce qui dépasse le nombre de Canadiens qui ont perdu la vie durant la guerre en Afghanistan de 2001 à 2014, soit 158. Nous savons que nous voulons investir. Nous pensons que c'est tellement important pour la santé mentale, probablement plus que jamais, surtout maintenant puisque la COVID est un problème partout au Canada, et c'est certainement un énorme problème à la base des Forces canadiennes Borden, qui se trouve dans ma circonscription de Simcoe—Grey. Où en sommes-nous en 2020, monsieur le ministre?