:
Merci, madame la présidente.
Nous sommes très heureux de vous présenter un résumé de notre rapport de mai 2008 qui a été déposé à la Chambre des communes le 6 mai. Je tiens à présenter mes excuses aux députés qui font également partie du comité des comptes publics, puisque c'est la deuxième fois qu'ils vont entendre cet exposé. Je suis accompagnée des vérificateurs généraux adjoints Ronnie Campbell, Doug Timmins et Mark Watters.
Ce rapport examine diverses questions qui touchent les Canadiens. Nous présentons aussi un aperçu de notre pratique d'examen spécial des sociétés d'État et, pour la première fois, les principales constatations d'examens spéciaux récents.
[Français]
Dans un rapport d'examen spécial, nous qualifions de lacune importante toute faiblesse majeure des principaux systèmes et pratiques d'une société, qui pourrait nuire à sa capacité de protéger et de contrôler ses actifs ou de les gérer de manière efficiente, économique ou efficace.
Depuis la parution de notre dernier rapport sur les sociétés d'État, en 2000, nous avons constaté une diminution marquée du nombre de sociétés qui présentent une lacune importante.
Nous sommes satisfaits de ces résultats. Nous espérons que les parlementaires trouveront utiles les résumés annuels de nos principales constatations.
Passons maintenant aux résultats de nos vérifications de gestion et, pour commencer, à la gestion des frais imposés par le gouvernement au public ou à l'industrie.
[Traduction]
En 2006-2007, les ministères et les organismes fédéraux ont déclaré des recettes d'environ 1,9 milliards de dollars provenant des frais perçus pour une vaste gamme de services, allant de la délivrance de passeports à celle de licences de fabrication de produits pharmaceutiques. Les frais imposés pour un bien, un service ou pour l'utilisation d'une installation doivent être calculés en fonction des coûts engagés par le ministère ou l'organisation. Nous avons constaté que Parcs Canada est un exemple à suivre en matière de gestion des frais. Ces frais d'entrée sont établis en fonction de tous les coûts engagés pour permettre l'accès de ses lieux au public.
Par contre, nous avons constaté que certaines organisations fédérales ne tiennent pas compte comme il se doit de tous leurs coûts, et que d'autre part, d'autres ne les connaissent pas. De plus, le montant total des frais perçus par le gouvernement pour un service ne devrait pas dépasser le coût de la prestation de ce service. Toutefois, à Affaires étrangères et Commerce international Canada, nous avons constaté que pendant un certain nombre d'années, les frais perçus pour les services consulaires, compris dans le coût d'un passeport, dépassaient les coûts des activités décrites dans les documents approuvés par le Conseil du Trésor.
[Français]
L'une de nos vérifications portait sur le soutien fourni par le ministère de la Défense nationale aux Forces canadiennes en Afghanistan. Nous avons constaté que le ministère de la Défense nationale était parvenu à livrer aux troupes en Afghanistan l'équipement et les fournitures dont elles avaient besoin. Par contre, il y a eu des retards dans l'acheminement des fournitures.
Nous avons aussi constaté que l'entretien de certains biens d'équipement importants était difficile en raison du manque de pièces de rechange.
De plus, le système d'approvisionnement ne fournissait pas assez d'information pour déterminer si les articles commandés étaient arrivés et où ils se trouvaient. On avait ainsi perdu la trace de certains articles nécessaires aux opérations.
Jusqu'ici les militaires ont réussi à s'adapter, de sorte qu'il n'y a pas eu de conséquences graves sur les opérations. Toutefois, si les problèmes que nous avons relevés persistaient, les Forces canadiennes pourraient avoir de plus en plus de mal à soutenir la mission.
[Traduction]
Dans un autre chapitre du rapport, nous examinons la gestions par Transports Canada de la transition à la nouvelle approche de surveillance de la sécurité du transport aérien exigée par l'Organisation de l'aviation civile internationale. Pour répondre à cette exigence, Transports Canada évaluera plutôt les systèmes de sécurité mis en place par les entreprises aéronautiques elles-mêmes, au lieu d'axer ses efforts sur des activités de surveillance traditionnelle telles que les inspections et les vérifications. Transports Canada a le mérite d'être la première autorité de l'aviation civile au monde à adopter un règlement en vue de mettre en oeuvre la nouvelle approche. Toutefois, nous avons constaté des lacunes à plusieurs égards.
En planifiant la transition, le ministère n'a pas évalué en bonne et due forme les risques liés à la transition, ni prévu les coûts de la gestion de la transition. Il n'a pas non plus mesuré l'incidence qu'aurait le fait de déplacer ses ressources des activités de surveillance traditionnelle aux activités menées selon la nouvelle approche. Au cours de la première étape de la transition, soixante-quatorze compagnies aériennes et entreprises de maintenance d'avions ont été touchées. La gestion du reste du processus de transition sera plus complexe parce qu'elle touchera plus de deux mille petites entreprises. Nous espérons que nos recommandations aideront Transports Canada à mener à la transition à terme avec succès.
[Français]
Dans ce rapport, nous avons aussi examiné le Programme des services à l'enfance et à la famille des premières nations d'Affaires indiennes et du Nord Canada. La politique fédérale stipule que les services offerts aux enfants des premières nations vivant dans les réserves doivent respecter les normes provinciales, être raisonnablement comparables à ceux offerts aux enfants vivant à l'extérieur des réserves et être adaptés à leur culture. Le financement des services doit correspondre aux exigences de la politique.
Nous avons constaté que le ministère ne tient pas suffisamment compte de ces exigences au moment d'établir les niveaux de financement des organismes des premières nations qui fournissent des services d'aide à l'enfance dans les réserves.
La formule de financement du ministère a été établie en 1988. Elle n'a pas été substantiellement modifiée depuis afin de tenir compte des différences dans les lois provinciales et de l'évolution des services d'aide à l'enfance. De plus, cette formule suppose que tous les organismes des premières nations prennent en charge le même pourcentage d'enfants et que ces enfants ont tous des besoins semblables.
En réalité, les besoins des enfants pris en charge par les organismes des premières nations varient considérablement. La formule de financement est désuète, ce qui veut dire que certains enfants et leurs familles ne reçoivent pas les services dont ils ont besoin.
[Traduction]
Passons maintenant à l'organisme fédéral responsable de la surveillance des maladies infectieuses qui a été créé en 2004: l'Agence de la santé publique du Canada.
En matière de santé publique, une intervention éclairée et rapide, fondée sur une surveillance efficace, peut aider à prévenir ou à contrôler les éclosions, à réduire le fardeau économique causé par les maladies infectieuses et, en fin de compte, à sauver des vies. Nous avons constaté que même si l'Agence a mis en place des systèmes de surveillance, des faiblesses subsistent relativement à certains aspects de cette surveillance depuis notre dernière vérification sur le sujet en 2002. Ainsi, sauf en Ontario, l'Agence n'a aucun accord ou protocole officiel de partage des données avec les provinces et les territoires. Des accords en bonne et due forme l'aideraient à recevoir des données complètes et exactes, en temps opportun, et donc à intervenir plus efficacement en cas d'éclosions de maladies.
[Français]
La conservation des résidences officielles a aussi fait l'objet d'une vérification.
Les résidences officielles sont plus qu'un logement offert aux hauts dirigeants du pays. Elles font partie du patrimoine du Canada et doivent être préservées.
Nous avons constaté que même si la Commission de la capitale nationale a amélioré l'état de la plupart des résidences officielles au cours des dernières années, des travaux additionnels s'imposent à Rideau Hall.
Cependant, la résidence du premier ministre au 24, promenade Sussex n'a pas fait l'objet de rénovations majeures depuis une cinquantaine d'années.
La Commission de la capitale nationale estime que la réfection exigerait un accès complet à la résidence pendant une période de 12 à 15 mois. La Commission de la capitale nationale a un plan de réfection. Le fait de reporter ces travaux entraînerait probablement une détérioration accrue et une augmentation des coûts.
[Traduction]
J'aimerais maintenant aborder le chapitre portant sur l'Agence des services frontaliers du Canada. Depuis sa création en 2003, l'Agence est habilitée à détenir ou à renvoyer toute personne qui entre illégalement au Canada ou qui représente une menace pour la sécurité des Canadiens. Nous avons constaté que l'Agence a réalisé des progrès dans certains secteurs. Toutefois, elle a besoin de meilleurs processus pour gérer les détentions et les renvois et ce, afin de s'assurer que les personnes visées sont traitées de manière uniforme. L'Agence ne fait pas le suivi de ses décisions touchant les détentions et les renvois dans l'ensemble du pays pour s'assurer qu'elles sont uniformes. Nous avons aussi constaté que ses données et son niveau d'analyse à l'échelle nationale ne sont pas suffisantes pour lui permettre de gérer les détentions et les renvois.
L'Agence a amélioré le suivi des personnes. Elle a mis sur pied une base de données comprenant 63 000 personnes visées par une mesure de renvoi. Elle sait où se trouvent 22 000 personnes tenues de quitter le Canada. Un nombre croissant de personnes pourraient toujours demeurer illégalement au Canada. La bonne nouvelle, par contre, c'est que l'Agence affecte les ressources dont elle dispose aux personnes qui présentent le plus de risques.
Madame la présidente, ceci termine ma déclaration d'ouverture. Et maintenant, nous serions heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Fraser. J'ai déjà entendu votre exposé, étant donné que je fais partie du Comité des comptes publics.
Merci d'être venue nous rencontrer aujourd'hui.
Je sais que la réunion a pour objet d'étude les propriétés fédérales. Je sais aussi que la présidence nous a permis d'élargir un peu la portée de la discussion. Toutefois, les propriétés fédérales étant le sujet inscrit à l'ordre du jour, je vais commencer par cela — d'ailleurs, mes dernières questions, quand vous avez comparu devant le Comité des comptes publics, portaient là-dessus.
Je vais aborder le deuxième point qui me préoccupe plus tard et parler d'abord des résidence officielles qui, manifestement, sont plus que de simples logements. Elles représentent des symboles très importants, font partie de notre patrimoine et appartiennent à tous les Canadiens.
De manière plus précise, je pense que le 24, promenade Sussex est en train de se détériorer. Vous avez dit que la résidence n'a pas fait l'objet de rénovations majeures depuis cinquante ans. J'ai eu l'occasion, cet hiver, de la visiter. Ce fut une expérience intéressante.
J'aimerais savoir combien coûteraient les travaux s'ils étaient réalisés maintenant, et combien ils coûteraient s'ils étaient reportés. Autrement dit, quelles seraient les conséquences? D'après ce que j'ai entendu dire, l'état de la résidence commence à se détériorer rapidement, et cela vaut pour n'importe quelle maison qui est mal entretenue. Nous disposons de combien de temps pour effectuer les travaux de réfection avant que la résidence ne devienne une source de problèmes majeurs?
:
Merci, madame la présidente. Encore une fois, je souhaite la bienvenue à nos témoins.
J'espère avoir le temps d'aborder la question de la comptabilité d'exercice. Je sais que c'est un sujet qui nous passionne tous, mais elle est essentielle au bon fonctionnement du gouvernement.
J'ai passé en revue les nombreux points soulevés par le Bureau et il y en a un en particulier qui attire mon attention. Je pense qu'il mérite d'être mentionné: l'examen des sociétés d'État. Dans le passé, les Canadiens et les parlementaires n'étaient pas conscients de l'importance des dépenses engagées par les sociétés d'État. Vous dites dans votre rapport qu'il y a une diminution marquée du nombre de sociétés qui présentent une lacune importante. C'est une bonne chose pour tout le monde.
Il reste encore du travail à faire, et il faut surveiller la situation de près, mais à tout le moins, nous sommes conscients que nous devons, en tant que gouvernement — il s'agit manifestement d'une question non partisane, parce que les sociétés d'État relèvent de la responsabilité du gouvernement en général... Je pense qu'il y a une nette amélioration de la situation. Il faut féliciter les ministères et les organismes qui ont tenu compte des critiques formulées dans le passé et accompli des progrès.
Il y a un point qui me préoccupe, et cela concerne l'Agence de la santé publique du Canada — qui est responsable de la surveillance des maladies infectieuses. Encore une fois, on voit un certain parallèle, mais si je sais que dans un rapport antérieur sur la santé et la sécurité du public, vous avez fait état du manque général de communication qui existait entre divers niveaux d'autorité et diverses agences, ce qui avait pour effet de rendre difficile tout travail de collaboration en vue d'atteindre un résultat.
Vous avez relevé encore une fois, dans votre rapport, des faiblesses au niveau de la surveillance et aussi du partage des responsabilités fédérales et provinciales. Je voudrais savoir si ce manque de communication est systémique. Est-ce que le problème se situe au niveau du matériel, des logiciels? Est-ce que les systèmes sont incompatibles? Ou y a-t-il un manque de volonté, de capacité de communiquer entre les divers niveaux d'autorité du gouvernement?
:
Merci, madame la présidente.
Tout comme l'a fait M. Kramp, je tiens à dire que nous sommes heureux de voir que le nombre de sociétés d'État qui présentent une lacune importante a diminué de façon marquée. Ces sociétés occupent une place importante dans notre pays.
Concernant l'Agence de la santé publique du Canada, nous notons dans le rapport que l'Agence a mis en place des systèmes, et que les provinces fournissent des renseignements sur une base volontaire. Il est évident que l'Agence ne peut tout faire seule. Elle a besoin de la collaboration des provinces, car ce sont elles détiennent l'information sur la santé. Sauf en Ontario, l'Agence n'a aucun accord officiel avec les provinces. C'est quelque chose que nous réclamons depuis 1999. Nous avons effectué une vérification en 1999, une autre en 2002, mais pas nécessairement sur l'Agence, bien entendu, parce qu'elle n'a été créée qu'en 2004.
À notre avis, il est important pour l'Agence s'entende clairement avec les provinces et les territoires sur le genre de données qui doivent être partagées; la façon dont elles doivent être présentées; les normes qui doivent être appliquées; la rapidité avec laquelle l'Agence doit être informée; les personnes qui doivent être avisées; et, en cas d'éclosion, les rôles et les responsabilités de chacun. Il y a partage de données, et je pense que l'Agence va vous dire que cela se fait de manière informelle. Toutefois, nous croyons fermement que la meilleure façon de nous préparer est de conclure un plus grand nombre d'accords officiels, de sorte que si une éclosion majeure survient, nous n'aurons pas à régler ces questions en situation d'urgence.
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D'accord. Parlons de comptabilité d'exercice.
Comme vous le savez, madame Fraser, au fil des ans, cette question est naturellement devenue une priorité du comité des comptes publics et, manifestement, elle l'est également pour le comité des opérations gouvernementales. Je me suis particulièrement réjoui que le comité ait formé un solide groupe de travail et que nous ayons pu produire un rapport unanime dans lequel nous suggérions vivement d'aller de l'avant.
Nous avons remarqué qu'il ne reflète pas exactement chacune de vos demandes et préoccupations, l'idée étant de faire avancer le dossier, de ne pas attendre d'avoir un train complet de mesures, ce qui retarderait l'action pour des détails insignifiants. Nous tenions à ce que le gouvernement passe vraiment à l'action dans ce dossier. Le gouvernement a maintenant répondu au rapport et il laisse entendre qu'il est disposé à aller de l'avant. Il a cerné certains domaines dans lesquels il projette de passer immédiatement à l'action et parle d'un calendrier pour intégrer certains de ces domaines dans les affectations. De toute évidence, vous avez lu notre rapport à ce sujet. Nous y avions également précisé que nous souhaitions travailler en très étroite collaboration avec votre ministère en vue d'évaluer l'évolution du processus de mise en oeuvre.
Êtes-vous disposée, à ce stade-ci, à travailler avec le comité — je m'attendrais à ce que cette volonté soit naturellement là — et avez-vous des observations particulières à nous faire, par exemple que le processus se déroule trop lentement ou trop vite? De toute évidence, vous avez le souci de la perfection, tout comme nous. La réponse du gouvernement vous semble-t-elle raisonnable à ce stade-ci?
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J'ai vraiment craint que la comptabilité d'exercice ne fasse l'objet d'obstruction systématique pendant quelques instants. Donc, je suis très heureux que mon collègue ait réussi à s'en tenir aux dix minutes allouées quand on sait à quel point la question le passionne.
À mon avis, beaucoup de personnes ont été scandalisées par ce qui a été dit au sujet de l'échec du programme des services à la famille des Premières nations. Quiconque a travaillé de près avec ces collectivités sait comme ces pratiques sont courantes. Vous faites ressortir l'obligation imposée aux collectivités de satisfaire aux normes provinciales, sans que le gouvernement fédéral ait l'obligation concurrente de les financer en conséquence. Vous parlez de la formule de financement désuète datant de 1988 en matière de services à l'enfance et à la famille. Idem pour l'éducation, dont la norme de 1988 s'appuie sur des facteurs qui n'existent plus.
L'autre élément qui joue est le plafond de financement établi en 1996, qui a essentiellement laissé les collectivités actuelles aux prises avec un boom des naissances, une augmentation draconienne des coûts de déplacement des collectivités isolées et le fait que, lorsqu'un enfant est intégré dans un système d'éducation provincial ou dans un système provincial, les coûts croissants défrayés par le gouvernement fédéral sont récupérés ailleurs dans les fonds versés aux bandes. Les collectivités perdent actuellement 23 ¢ par dollar de 1996, tout en continuant de devoir s'acquitter de ces obligations.
Au-delà de la négligence à grande échelle observée — et j'estime qu'elle est systémique, qu'elle est programmée —, on ne souhaite tout simplement pas, au sein du gouvernement, dépenser de l'argent pour aider les enfants des Premières nations. Je ne vois pas d'autre explication. Toutefois, il y a aussi absence de normes concernant les règles, la transparence, des normes obligatoires qu'il faut respecter au niveau provincial quand il est question d'enfants. Avez-vous constaté quoi que ce soit qui pourrait servir à combler essentiellement le vide qui entoure l'obligation que doit assumer un organisme fédéral quand il est question d'enfants?
Par ailleurs, en ce qui concerne le détournement des fonds destinés à l'éducation, c'est le gouvernement fédéral qui le fait, non pas la bande.
Je vais vous décrire un exemple qui date de la période où je travaillais à la première nation de Timiskaming, à Notre-Dame-du-Nord, au Québec. Nous avions un enfant qui avait de très lourds besoins spéciaux. Le gouvernement fédéral refusait de verser des fonds pour répondre aux besoins spéciaux d'éducation de la première nation. Cependant, nous avons mis cet enfant accompagné d'un adulte sur un bus et nous l'avons transporté au-delà de la frontière, dans une école publique de l'Ontario et avons payé un adulte pour surveiller l'enfant dans le couloir toute la journée. La province pouvait ensuite facturer au gouvernement fédéral le coût total du service.
Nous avons rencontré le ministre des Affaires indiennes d'alors — celui d'un régime précédent — et nous lui avons demandé s'il ne serait pas beaucoup plus simple de prendre les mêmes fonds et de les affecter à des services d'éducation spécialisés dans notre école de la réserve au Québec, puisque nous pourrions alors engager trois enseignants et probablement répondre aux besoins de six enfants. Tout ce que nous avons obtenu comme réponse, c'est un haussement d'épaules.
Je répète qu'il n'y a pas de reddition de comptes, que les instances de l'éducation au Canada ne sont pas soumises à des normes, à des mesures ciblées auxquelles elles devraient se conformer.
Comment se fait-il qu'en 2008, nous n'avons pas en place au niveau fédéral les normes les plus élémentaires en matière d'éducation et de protection de l'enfance?
:
Merci, madame la présidente.
Je vais aussi changer de sujet. Je voudrais parler du chapitre 7 et de l'Agence des services frontaliers.
D'abord, je voudrais vous remercier de dire bien clairement que l'Agence des services frontaliers s'occupe des personnes qui entrent illégalement au Canada ou qui représentent une menace pour la sécurité. Le public canadien a souvent l'impression que la grande majorité des personnes qui sont renvoyées ou qui devraient l'être sont des gens qui présentent une menace pour la sécurité des Canadiens. Corrigez-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que ce sont surtout des gens entrés ou restés illégalement au Canada qui doivent être renvoyés dans leur pays d'origine. Je vous remercie de faire cette distinction et de la souligner.
Sur la question des renvois, il y a deux éléments. D'abord, vous dites que les personnes ne sont pas traitées de manière uniforme, et j'aimerais bien vous entendre à ce sujet.
Cependant, j'aimerais bien vous entendre aussi sur les délais, c'est-à-dire le temps écoulé entre le moment où l'agence estime qu'il devrait y avoir renvoi et le temps où il y a effectivement renvoi. J'ai l'impression, pour avoir travaillé avec beaucoup de ces gens au fil des ans, que le temps qui s'écoule est très long, parfois même trop long.
Si c'est le cas, pourquoi est-ce ainsi? Il y a peut-être de bonnes raisons à cela, mais il me semble qu'à partir du moment où l'on dit à une famille qu'elle doit partir, la meilleure chose à faire, sauf évidemment pour des considérations humanitaires, c'est de la renvoyer le plus rapidement possible afin qu'elle puisse recommencer sa vie ailleurs.
J'aimerais bien comprendre un peu mieux vos attentes en matière d'uniformité de la manière d'un bout à l'autre du Canada et par rapport aux dates, aux échéances et à tout le processus qui entre en considération.
:
Merci, madame la présidente.
Je voudrais réitérer que la plupart des gens renvoyés du pays ne représentent pas une menace pour les Canadiens. La majorité d'entre eux sont des personnes qui ont demandé le statut de réfugié et dont la demande a été refusée.
Comme nous pouvons le voir au point 7.1, à la page 8 du rapport, il existe un système très complexe qui comprend plusieurs instances d'appel de décisions. Cela peut même prendre des années avant que la décision finale de renvoyer quelqu'un du pays soit rendue. Vous avez raison, cela devient de plus en plus difficile. Ces personnes peuvent avoir des familles. Elles sont établies ici. Cela devient très déchirant.
Le processus actuel est en partie basé sur des décisions de la cour. Celle-ci indique que la Charte canadienne des droits et libertés s'applique aux gens qui arrivent au Canada. Ils ont droit à toute une procédure juridique et peuvent en appeler de la décision.
Quant à l'uniformité des décisions, nous avons noté que les différentes régions du pays beaucoup disposent d'une grande flexibilité dans l'application des politiques de l'agence. Cela veut dire qu'un individu peut être détenu dans une région et que, dans les mêmes circonstances, il ne serait pas détenu dans une autre région du pays.
Nous estimons donc qu'on doit donner des directives aux personnes de l'agence pour qu'il y ait plus d'uniformité dans la façon dont les gens sont traités. Nous supposons que la capacité de détention de l'agence peut être un facteur. Certaines régions ont une plus grande capacité de détention, tandis que d'autres ont une capacité très limitée. Évidemment, elles peuvent utiliser les installations des provinces, comme les prisons. Toutefois, nous croyons que, lorsque cette capacité est réduite, les gens ne sont pas détenus. On les laisser aller.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Fraser, c'est toujours un plaisir de vous côtoyer et de vous recevoir. Vous venez d'une belle région, que je connais bien. Dans ma circonscription, les citoyens de Vaudreuil-Soulanges vous admirent beaucoup pour la justesse de vos analyses. En fait, si je vous transmettais la correspondance que je reçois, vous auriez amplement de travail pour les années à venir. Les gens admirent votre franchise.
J'ai connu d'autres ministères, et lorsqu'on parle de comptabilité d'exercice... Lorsqu'on force le gouvernement, en lui imposant des délais ou en adoptant des mesures législatives, il trouve tout d'un coup la recette miracle pour faire les changements qui s'imposent. Nous l'avons vécu, au comité de l'immigration, dans le cas des Canadiens déchus et nous l'avons vécu dans le cas des mesures en adoption internationale pour les droits des enfants adoptés.
J'ai une panoplie de questions. J'ai également un petit faible pour la question de la conservation des arts et des artistes. J'ai lu votre rapport et une chose me préoccupe. Il s'agit des résidences officielles. Dans ces édifices, il y a un patrimoine artistique qui sert à la décoration.
Avez-vous reçu des avis de conservatoires ou de gens qui travaillent à la préservation du patrimoine et des œuvres d'art, à savoir qu'il y aurait un risque d'abîmer des joyaux de notre patrimoine?
:
Je vous remercie et je suis heureux de l'entendre, parce que c'est vraiment très important pour notre relation avec l'Amérique.
Le secrétaire Chertoff a parlé de problèmes à la frontière en janvier et a souligné quelques problèmes qu'il avait avec le Canada et le 49e parallèle. Dans ce document, au sixième paragraphe, il a fait état de 1 512 personnes illégales, disons, des terroristes potentiels, qui se sont présentées à la frontière. C'est un document sur le 49e parallèle.
Nous avons fait quelques recherches pour comprendre... Il semble ridicule que nous ayons un tel problème au Canada, qu'il y ait tant de gens qui veuillent aller aux États-Unis. L'ambassade canadienne m'a dit avoir trouvé 20 personnes sur les 1 500. Ces discours semblent donc assez extrêmes. Tous les autres venaient de la frontière sud.
Il faut vraiment que nous soyons bien au courant des faits à ce sujet, si nous voulons mener la bataille de l'éducation de notre voisin du Sud, qui semble avoir une peur phobique de l'attaque du 11 septembre et de la dynamique qui a changé depuis. Je vous remercie de ce que vous faites et vous en félicite, parce que votre travail va nous pousser à redoubler d'ardeur pour recueillir les données voulues.
Il y a un autre sujet du rapport que j'aimerais aborder, sur la santé publique. Cela me rappelle des souvenirs. J'ai présidé le comité de la santé. Le SRAS aurait dû nous en apprendre plus que n'importe quel autre pays du monde sur les mesures à prendre pour savoir qui est responsable de quoi en cas de pandémie ou quand une situation grave survient. Cela me dérange un peu de voir dans votre rapport que les communications ne sont toujours pas fluides entre les provinces et les territoires et le gouvernement fédéral. Pouvez-vous me dire où les choses bloquent? Je sais que M. Kramp a déjà un peu abordé la question, mais j'en suis sidéré.
Je voudrais aborder la question de certaines choses que nous voyons sur le terrain, par opposition — comme vous y avez fait référence — à la façon dont fonctionne la politique.
J'ai dans mon comté une merveilleuse petite communauté, Peawanuck, qui est aussi l'une des plus isolées. En raison de son isolement, elle dépend d'une génératrice diesel et, bien sûr, comme tout le monde le sait, les prix de l'essence ont explosé. On paie l'électricité probablement deux ou trois fois plus cher que la moyenne provinciale. Donc, en tout temps, dans cette communauté, il y a peut-être 25 p. 100 de la population qui risque de se faire couper le courant, soit parce que le réseau n'est pas assez puissant, soit parce qu'on n'a pas les moyens de payer.
Sur le plan fédéral, il y aura des fonds pour réaliser une étude. Nous en tiendrons donc une, qui montrera qu'il est en fait extraordinairement facile d'accéder à l'énergie éolienne là-bas. Ensuite, on soumettra une proposition en vue de la construction d'éoliennes — pour pouvoir faire sortir cette collectivité d'une situation qui la paralyse —, mais il n'y aura pas d'argent.
J'ai travaillé dans une autre communauté où, en février, il y a eu un incendie à cause duquel trois familles se sont retrouvées sans abri. Deux d'entre elles ont emménagé chez des parents et l'autre, dans un hangar, faute d'argent; aucun logement n'avait été construit en une vingtaine d'années, et il n'y avait aucun plan en ce sens.
Ma communauté d'Attawapiskat compte 400 enfants, mais il n'y a aucune école, et pas d'argent à cette fin non plus.
Toutefois, j'examine les rapports de l'an dernier, et je constate que le gouvernement fédéral — le ministère des Affaires indiennes — a remis 109 millions de dollars de son budget d'immobilisations au Conseil du Trésor. Ces bureaucrates touchent des primes, il me semble, pour ne pas avoir fait leur travail. Mais ces communautés éprouvent un besoin criant de financement. Il y a d'innombrables rapports sur le sujet; et pourtant, chaque année, les bureaucrates retournent des montants phénoménaux que les Canadiens s'attendent à ce qu'on dépense.
Je sais que cela n'entrait pas dans la portée de votre étude, mais je ne connais personne d'autre qui ait le pouvoir de remédier à la situation. Si on demande à un ministre, il haussera les épaules. Et ce sera la même chose pour un bureaucrate. Il semble y avoir une inertie incroyable face au fait que l'argent est retiré à ces communautés année après année, et va ensuite dans n'importe quoi, dans des baisses d'impôt ou autre.
Y a-t-il quelque chose que vous pourriez faire, en tant que vérificatrice générale, pour examiner comment l'argent est dépensé et pourquoi il ne l'est pas?
:
Merci, madame la présidente.
Merci à Mme Fraser. Toutes mes excuses d'avoir raté la première partie de votre exposé; j'avais un engagement ailleurs.
Je croyais que nous consacrerions l'essentiel de notre temps aujourd'hui à la question de la conservation des résidences officielles fédérales, mais je tiendrai pour acquis que mes collègues ont abordé toutes les questions à ce sujet.
Je vais passer au chapitre 4, qui concerne les services à l'enfance et à la famille du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Au paragraphe 23, vous soulignez que la formule de financement date de 1988, et j'ai soulevé la question auprès de M. Campbell, l'autre jour. C'est une formule de financement qui date de 20 ans et, d'après ce que j'ai compris, elle est fondée sur une prise en charge d'environ 6 p. 100. Et d'après le rapport — bien que je ne l'aie pas devant les yeux en ce moment — j'ai cru comprendre que dans la réalité, le pourcentage correspondant aux besoins varie entre 0 et 28 p. 100.
Je pense qu'il est important que les Canadiens comprennent, et aient confiance dans le fait que votre ministère et autres agissent de manière avisée dans leur façon de dépenser l'argent des contribuables. Il s'agit là d'une préoccupation. Mais l'autre élément qui me paraît manquant, ici, c'est le souci de trouver un moyen de reproduire le plus possible l'expérience de ces communautés où la prise en charge est inférieure à 6 p. 100, non seulement pour économiser de l'argent, mais aussi pour améliorer les vies des enfants dans les réserves.
J'aimerais donc savoir si vous auriez la liberté, dans le cadre de votre mandat, de recommander ce genre de suivis au ministère en disant qu'il pourrait modifier sa formule de financement. Mais certainement plus fondamentale encore est la question de trouver des manières de reproduire les expériences positives des communautés des Premières nations qui se rapprochent de 0 p. 100 de prise en charge, au lieu de 27 ou 28 p. 100. Votre mandat vous permet-il ce genre de liberté?
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Puis-je faire une proposition en ce qui concerne vos projets futurs? Cette question, selon moi, constitue une préoccupation majeure. La dernière chose que nous voudrions dire, c'est: « Oh, nous n'y sommes tout simplement pas arrivés ». Comme M. Merrifield l'a dit, c'est extrêmement important pour le public canadien. En tant que parlementaires, nous ne pouvons rendre de plus grand service à nos citoyens que de leur assurer santé, sécurité et protection.
Dans ce cas particulier, nous voulons être amplement certains que nos divers ministères coopèrent et ont un plan efficace pour composer avec une telle situation plutôt que de travailler simplement en vase clos. Nous avons vu des cas où la coopération entre les divers ministères n'avait pas été accrue. C'est une chose que vous pourriez envisager d'évaluer.
Le second point concerne le transport de marchandises militaires. Je suis très chanceux, car j'habite à côté de Trenton qui, bien sûr, est maintenant la capitale canadienne du transport aérien. Par conséquent, non seulement ai-je vu notre nouvel aéronef en activité, mais aussi les plans de grande envergure relativement à l'entreposage, à l'expédition, au contrôle des stocks, à la gestion et à la dotation de personnel. Bien qu'il y ait certaines lacunes sur le plan du contrôle des stocks, en général, c'est excellent; mais tout est envoyé à l'extérieur du pays. Je pense que sur le plan national, nous faisons un excellent travail.
Vous avez mentionné que la majorité de nos problèmes surviennent au point de destination plutôt qu'au point d'origine. Mais si c'est le cas, alors que nous passons à ce rôle de base centralisée bien plus étendue et capable de façon à pouvoir exercer un meilleur contrôle, si nous avons été en mesure d'augmenter ainsi le niveau d'efficacité, j'aimerais que nous puissions nous retrouver, en cours de route, à dire que nous avons maintenant un point de comparaison, et nous demander si nous avons réalisé une amélioration importante. Je crois réellement que nos dépenses d'infrastructure actuelles aideront à répondre à ce besoin, mais ce serait bien de voir que nous avons une certaine forme de documentation là-dessus également.
Merci.
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Merci. C'est bon de vous l'entendre dire.
J'aimerais prendre quelques minutes pour revenir sur la question des rénovations et des coûts connexes. En général, les Canadiens accordent beaucoup d'importance aux chiffres. Je pense que celui qui a particulièrement retenu l'attention, c'est la somme de 10 millions qui sera consacrée à la réfection du 24, promenade Sussex, et vous avez précisé dans votre rapport les travaux qu'il était nécessaire de mener.
Nous parlons ici d'une résidence de 9 000 pieds carrés. Cela équivaut donc à 10 000 $ du pied carré pour remettre en état les systèmes de chauffage, de ventilation, de climatisation, et ainsi de suite. Si nous construisions une nouvelle maison, cela nous en coûterait peut-être 500 $, 700 $ ou, au plus, 1 000 $ du pied carré, mais jamais 10 000 $.
Je me demande si vous, en votre qualité de vérificatrice générale, avez envisagé la possibilité — et je ne parle pas nécessairement du 24, promenade Sussex, mais aussi de la Ferme et de certains autres bâtiments qui n'ont pas été construits pour la qualité de vie à laquelle nous nous attendons aujourd'hui — de construire une nouvelle résidence.
De toute évidence, nous pourrions entretenir l'ancienne pour en faire un musée, mais les coûts de rénovation et d'entretien, d'après mon expérience dans le domaine de la construction, sont beaucoup plus élevés pour remettre en état une résidence officielle habitable qu'un musée. Pour les nouvelles constructions à venir... Bien entendu, il y a certains bâtiments rénovés qui ne pourront jamais être aussi efficaces qu'une nouvelle construction.
Je me demande — et c'est un peu irrévérencieux de ma part, j'en suis conscient, de penser que nous pourrions changer une résidence officielle — à quel point nous pourrions envisager cette possibilité, ne serait-ce que pour des raisons d'efficacité.